i hate you, i really hate you

Tallulah était au travail, autant dire l'enfer pour elle, elle se supportait pas ce boulot, ni ses collègues et encore moins son patron qu'elle ne pouvait pas encadrer. Et encore moins depuis qu'il connaissait absolument toute sa vie et toute la vie de Tallulah Winkle ce n'est pas rien. Non pas qu'elle ait une vie absolument passionnante, au contraire, mais quand on dit à tout le monde qu'elle l'est ça pose problème. Elle passe sa vie à mentir, à tout le monde. En premier à son petit ami qu'elle n'aime pas. Bien sûr il est mignon, gentil, attentionné mais ennuyeux à un point ! La demoiselle passe son temps à l'éviter et maintenant elle doit aussi éviter son patron. La demoiselle fait semblant de travailler, repoussant sans cesse l'écriture de son article à plus tard. La finance, c'est une chose qui n'est absolument pas faite pour elle. Déjà parce qu'elle n'y connaît rien et puis parce qu'elle n'arrive pas à gérer son propre budget. Elle s'achète des louboutin alors qu'elle n'en a pas du tout les moyens et que ce sont des chaussures absolument inconfortables. Autant dire qu'elle s'est mise dans un beau merdier et que ça ne s'arrange pas. Voilà Sally qui débarque. Sally c'est une de ses collègues, une peste, mais elle considère toutes ses collègues comme des pestes donc rien de bien étonnant. Elle lui signifie que son article est censé être fini et qu'elle n'a toujours rien écrit comme l'atteste la feuille blanche qu'il y a sur son ordinateur et les millions d'onglets internets avec des vidéos marrantes, boutiques de chaussures, sacs à main, vêtements, photos de beaux mecs torse nu. Tallulah lève les yeux au ciel mais se calme rapidement. « pas de problème. » répond-t-elle avec un sourire hypocrite avant de lancer un regard assassin à Sally dès qu'elle a le dos tourné. Tout va bien aller, elle n'a qu'à faire quelques recherches sur internet et elle trouvera bien quelque chose. Sauf que non ça ne vient pas. Elle voit les gens commencer à partir et elle n'a toujours rien. Il faut absolument que cet article soit fini pour le soir même. Elle finit par commencer à taper quelque chose, mais ça ne va pas, recommence, encore et encore, en tapant de plus en plus fort sur son ordinateur. La demoiselle finit par pondre quelque chose qui n'est pas exceptionnel mais qui fera l'affaire. Tout le monde est déjà parti, il est déjà tard. Elle se dit que le côté positif est qu'elle verra moins James, son petit-ami, ce soir, c'est une sorte de soulagement. Elle espère que son patron n'est pas parti pour pouvoir lui donner son article. Tallulah se dirige donc vers le bureau de celui-ci, son article entre les mains et frappe à la porte.

La journée allait bientôt se finir pour la plupart des employés dans cet immeuble, mais Oli lui en était loin d'avoir fini, notamment à cause de la rubrique financière, sa journaliste, Tallulah, ne faisait pas un travail formidable et il devait à chaque fois rattraper ça. Il pouvait la virer, mais il n'aimait vraiment pas faire ça, si ses parents savaient ça, ils lèveraient les yeux au ciel et le sermonneraient, mais Oli avait vécu assez de choses pour savoir que tout le monde méritait une seconde chance. Oli regardait les prévisualisations des différents magazines à sortir dans le mois, l'entreprise Walter-Bates possède 7 magazines sur des thèmes différents, un sur l'économie, la finance, politique et écologie, un autre culturel, ou encore un féminin, un sportif, un de cuisine, le fameux magazine people et enfin le magazine jeunesse. En bref Oli était assez occupé avec tout ça. L'horloge tournait et son article financier n'était toujours pas là, il devait assurer ses arrières et le commencer lui-même, il s'y connaissait plutôt bien et après tout, il avait l'habitude de passer derrière Tallulah.

Alors qu'il avait commencé un paragraphe, quelqu'un frappa à sa porte, Oli leva les yeux de son ordi et vit par la porte vitré que c'était justement Tallulah. « Tu peux entrer » Il lui adressa un léger sourire, car il était tout de même un type sympa. « Tu sais que faire des heures sup' alors que t'as rien foutu de la journée c'est assez fourbes, ton copain doit croire que tu es une vraie bosseuse, ou alors il doit m'en vouloir de te faire rester si tard. » Il s'étira et tendit la main pour avoir l'article. « Tu veux mon café, il doit encore être à peu près chaud, je n'aime pas ça, mais j'envoie toujours Alice m'en apporter sinon elle reste là à ne rien faire.» Le jeune homme se mit à lire l'article qui n'était pas trop mauvais. « J'ai une question... Qu'est-ce qui te fais rester ici ?  » Il était clair qu'elle n'aimait pas la finance alors pourquoi rester ? Elle pouvait très bien trouver un boulot qui lui plaît, pourquoi la finance quand on n'aime pas ça et qu'en plus qu'on n'est pas si doué ?

Son patron invita Tallulah à entrer dans son bureau. Elle espérait que leur entrevue serait rapide et qu'elle pourrait vite rentrer chez elle, même si ce n'était pas vraiment ce qu'elle voulait. Au final, plus longtemps elle reste loin de son petit-ami, mieux elle se porte. Cependant elle n'a pas non plus envie de rester avec son patron. Ce n'est pas forcément quelqu'un de méchant, elle ne le connaît pas vraiment mais le fait qu'il sache tout de sa vie fait qu'elle n'a pas vraiment envie de lui parler. Elle ne peut pas lui mentir et ça l'agace. Elle entra donc dans le bureau et lui dit d'emblée que c'est assez fourbe de rester si tard et de faire croire que c'est une bosseuse alors qu'elle ne fait absolument rien de ses journées. Ce qu'il peut être exaspérant ! Elle ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel, pourquoi est-il toujours aussi énervant ? « il faut bien que je vous rende mon travail. » dit-elle méprisante. Elle n'allait quand même pas ne rien lui rendre. Déjà qu'il ne la virait pas pour être incompétente, elle ne peut quand même pas rien faire du tout. Monsieur Walter-Bates lui proposa ensuite son café car il n'aime pas ça. « j'ai déjà bu le mien. » dit-elle en déclinant son offre. Comme-ci elle allait boire après lui ! Elle n'a pas envie de prendre ses restes. Il commença à lire son article avant de lui poser une question à laquelle elle se s'attendait pas. Elle ne se laissa pas décontenancer pour autant. Pourquoi est-ce qu'elle continue à faire ce boulot qu'elle n'aime pas ? « honnêtement ? De toute façon je n'ai pas vraiment le choix. L'argent. Pour acheter cette magnifique robe que vous voyez, j'en ai besoin. » lui répondit-elle donc.

Spoiler:

Tout en lisant l'article de Tallulah, Oli hochait la tête doucement, il comprenait bien ce qu'elle disait, ici elle avait un boulot, elle était plutôt bien payé mais franchement la finance c'était son truc.  « Certes, mais t'as pas mauvaise plume... Tu aime la mode pourquoi tu postule pas pour notre magazine de mode ? Peut être qu'avec un sujet qui t’intéresse tu ferai des trucs super... » Oli devenait dingue avec elle, ça l'amusait de ne rien faire et d'être chaque jours à deux doigts de perdre son job et en même temps son salaire. Son équipe dans le magazine de mode était au complet donc ce serait compliqué de l'y engager mais il fallait qu'elle se bouge un peu parce qu'il allait devenir fou, s'il ne l'était pas déjà. « J'ai pas de poste pour l'instant mais postule, impose-toi... Fais quelque chose merde parce que si ça continu comme ça je serai obligé de te renvoyer et bye bye les louboutins et les jolies robes » Il souffla exaspéré et jeta son café, il avait envie d'un verre mais franchement ça ne sera pas elle qui le fera retomber là dedans après 10 de sobriété. Il devait s'occuper de tout éditer avant d'envoyer à l'impression avant d'enfin pouvoir sortir de ces bureaux. « Tu peux partir maintenant... fais ce que tu veux, je dois bosser »

Mr. Walter-Bates n'a pas tord, Tallulah devrait postuler pour un magazine de mode ou au moins essayer de faire un métier qui lui plaît un peu plus. Et au moins elle n'aurait plus un patron aussi désagréable que lui. « le seul petit truc c'est que la mode c'est pire que tout ! Oui j'adore ça mais c'est un monde cruel. Genre le diable s'habille en Prada c'est pas juste de la fiction, c'est vraiment ça ! Alors que dans la finance, même si j'aime pas ça, au moins je suis un peu plus tranquille. » elle est partagée entre sa passion pour la mode et un univers qui ne laisse place qu'aux filles qui font du 34 et 1m80, dont elle ne fait pas partie. Mais sinon, maintenant qu'elle y pense, il y a plein de boulots qu'elle aimerait faire mais elle n'a pas forcément les qualifications pour. Elle a fait une école de journalisme et c'est tout. « vous allez me virer ? » demanda-t-elle tout d'un coup assez triste qu'il l'évoque. Ok elle ne l'aime pas, mais elle ne veut pas perdre son boulot, elle en a besoin et elle ne trouve rien ailleurs, même si elle n'a pas envoyé beaucoup de CV. « vous êtes vraiment très désagréable ! » dit-elle lorsqu'il lui dit qu'elle peut s'en aller. Vraiment, c'est tout ? Il lui dit qu'il va peut-être la virer si elle ne se bouge pas un peu et après, il la fout dehors.