Forget the past | Léo Emerson

Son rire la fit sourire, ce son lui avait manqué venant de Léo. Faut dire qu'elle ne rigolait pas avec grand monde, si ce n'est personne. Elle avait une ou deux amies avec qui elle pouvait rire de la sorte, mais elles ont fini par s'éloigner, comme tous les autres. Faut dire que Grace est mauvaise pour se garder des amis, elle prend des nouvelles, mais ça semble toujours être au mauvais moment. Et au moment où il avait évoqué sa fiancée qui était décédée, elle pensait qu'elle allait le reperdre de nouveau car le sujet était osé. Ça lui ferrait mal de le reperdre une nouvelle fois, bien que ce soit elle qui soit partie.

Pendant qu'elle dansait, sa tête était vide, la nouvelle Grace était bel et bien présente, se fichant des regards des autres si elle pouvait faire plaisir au seul homme qui l'importait en ce moment. Elle se sentait bien à ses côtés, ça lui avait manquée cette sensation. Tout chez lui, lui avait manqué. Mais ça lui faisait aussi peur, l'ange sur son épaule droite lui disait de prendre la fuite avant de faire une bêtise et de regretter après, mais elle ne voulait pas l'écouter, pas cette fois. Elle voulait profiter de ce moment, car elle ne sait pas quand celui-ci se reproduirait. Peut-être jamais ? Après son geste, Grace ne savait pas où se mettre, elle avait l'impression que tout se repassait comme avant, de faire un saut dans le passé et, ça l'effrayait autant que ça la rassurait. Elle croisait le regard de Léo avant de le prendre dans ses bras, elle ne savait pas comment réagir autrement.  La trentenaire n'avait jamais embrassé quelqu'un et ne comptait pas le faire ce soir. Il chamboulait sa tête et ses plans. Après s'être excusée, lui ne comprenait pas. Elle soupirait en serrant un peu plus ses bras puis relevait la tête. « D'être partie sans rien te dire. » Ne donnant pas plus d'explication, elle attendait une réponse voir même un geste, mais il ne faisait rien et ne disait rien. Son sourire avait faiblit, elle s'en voulait, il devait lui en vouloir aussi. Toujours. À la question de ce dernier, son cœur explosait, mordant l'intérieur de ses lèvres parce qu'elle s'en voulait de ne rien répondre. Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire ou dire à l'instant. « Ça dépend … j'ai omis de te demander si tu étais en couple … Je m'éloigne peut-être de la religion, mais je reste contre l'infidélité. » Elle essayait de fuir, indirectement. Il ne se serait pas comporté comme ça avec elle s'il était en couple, c'est impensable. Du moins, elle essayait de se le convaincre, peut-être qu'il voulait la torturer un peu en lui donnant envie mais que finalement, rien n'était faisable. Si elle refusait son baiser, elle gâchait tout, de nouveau. « Je ... » Elle ne savait pas, ses bras se déliaient derrière lui et elle commençait à s'écarter petit à petit de lui.

Il était peut-être en couple, elle n'arrivait pas à déchiffrer cette phrase, cette réaction. Il l'avait fait languir pour la rejeter ensuite, pour lui faire mal. Elle avait mal, son cœur pleurait plus que ses yeux qui restaient presque inexpressif quand il s'en allait. À vrai dire, elle l'avait cherchée, mais ne comprenait pas la réaction de Léo qui lui faisait beaucoup de peine, cette douleur qu'elle ressentait, ça devait être la douleur qu'il avait dû ressentir. Elle se sentait abandonné et délaissée parmi la foule alors que lui, avait juste besoin d'un verre. Elle n'avait rien dit, elle portait ses mains à son cœur en regardant vers le ciel. Ça faisait si longtemps qu'elle attendait ce moment et elle avait réussi à tout gâcher. Soudainement tous les gens qu'elle avait oublié quand elle était en présence de Léo réapparaissait petit à petit et elle se sentait honteuse et gênée, mais ses pieds ne bougeaient pas, elle restait fixée Léo qui s'en allait. Son cœur courait après ses pas qui s'accéléraient. Aoutch. Une larme coulait sur sa joue, elle aurait voulu sortir dehors, mais elle allait être confronté à lui. Lui qui était sans doute regardé par ses collègues. Et elle qui se sentait plus mal que jamais.  

Pendant toutes ses années elle avait essayée de l'effacer de son esprit, mais peu importe combien elle essayait, il finissait toujours par revenir. Grace avait peur de l'amour et ce geste ne faisait que confirmer sa peur, elle s'était trop accroché à Léo et elle ne voulait pas s'en défaire, pas de cette façon. Mais elle devait finir par comprendre que c'était impossible. Lui était la seule personne pour qui elle avait eu ces sentiments, il était celui qui avait fait découvrir un nouveau genre d'amitié à Grace. La femme n'arrivait pas à lui en vouloir, mais son cœur venait de se déchirer, elle avait besoin d'air. Cette destinée qui ne se représentera plus, elle voulait l'oublier. Elle prenait ses affaires puis se dirigeait vers la porte. Il était la personne qu'elle voulait le plus au Monde, mais également celle qu'elle ne pourrait jamais posséder. Passant la porte, son cœur arrêtait de battre le temps qu'elle posait ses yeux sur Léo, elle voulait pleurer, mais ne se donnait pas le droit, elle luttait contre son mal. Grace le regardait, ne sachant pas quoi faire, elle était tremblante. Peut-être qu'il était mieux pour les deux qu'ils ne se revoient pas. Ces retrouvailles n'étaient sans doute qu'un adieu. Elle baissait la tête puis passait devant Léo pour reprendre le chemin vers chez elle, le cœur brisé. Puis finalement, elle craquait, ce n'était plus qu'une larme qui ruisselait sur ses joues mais plusieurs et chacune représentaient une douleur.  

La blonde était passée devant lui, sans même jeter un regard, elle le fuyait de nouveau, ce n'était pas plus mal. Les larmes lui brouillaient la vue, mais elle ne voulait pas les essuyer, elle n'avait le courage de rien faire, juste rentrer chez elle et s'effondrer dans son lit où elle passerait le plus clair partie de son temps à pleurer ce rejet. Grace n'en revenait toujours pas que Léo l'ait abandonné de cette manière au milieu de tout le monde, certains regards étaient peut-être même tournés vers eux pendant qu'il l'avait lâché en plan. Elle pleurerait encore plus aujourd'hui qu'il y a sept ans en arrière, elle était enfin libre de faire ce que bon lui semblait sans se soucier de ce qu'il allait dire Lui, là-haut pourtant elle n'avançait pas. La trentenaire aurait sûrement embrassé quelqu'un d'autre en premier s'ils ne s'étaient pas retrouvés, mais maintenant qu'il avait été face d'elle et qu'elle pensait avoir retrouvé un peu du Léo d'antan, pourquoi ils bloquaient ? Faisant abstraction de ce qu'il y avait autour, elle n'avait pas remarqué que celui-ci suivait ses pas depuis le bar. Ses paroles la surprirent, elle le regardait, honteuse car, elle pleurait comme une enfant alors que de toute évidence, ces deux-ci n'avaient rien à faire ensemble, mais elle ne pouvait retenir ses larmes. Grace le fuyait du regard tout en continuant de marcher, écoutant ce qu'il disait, ce qui lui faisait plus mal encore. S'il n'avait pas réfléchi, c'est qu'il ne voulait pas l'embrasser, s'il avait eu réellement envie et qu'il n'avait pas pensé sur le moment, il l'aurait fait, sans même lui poser de question étrange. « Tu le méritais plus, il y a sept ans ? »  Disait-elle entre deux sanglots, dans tous les cas, si elle n'avait pas fuit, il aurait été son premier baiser et à cette époque, il n'aurait pas ronchonné. Il ne tromperais personne, il entendait quoi par là ? Grace n'avait plus le cœur à vouloir l'embrasser mais il persistait. La jeune femme le regardait en face d'elle cherchant son regard. Elle ne cherchait pas un prince, ce n'est pas parce qu'elle était ancienne sœur qu'elle vivait au Moyen-Âge, elle n'avait aucune image de l'homme idéal en tête. Quand il posait sa main sur la joue de la jeune femme, celle-ci frissonnait de tout son long, elle ne demandait pas de l'affection et de la compassion maintenant, mais elle restait le regarder toujours avec ce même éclat dans les yeux. Elle mettait une de ses mains sur celle de Léo qui se trouvait alors sur sa joue et qui n'arrivait pas à arrêter les larmes qui coulaient des yeux de la blonde. Il l'avait tirée vers elle et, son cœur battait de nouveau la chamade, comme toujours, comme quand il l'avait fait battre dans ce bar. Posant ses mains sur son torse pour essayer de l'arrêter en premier temps, celles-ci glissaient pour aller se mettre derrière la nuque de l'homme. Grace savourait cet instant magique à ses yeux, peut-être que c'est le fait d'avoir attendu ces années qui rendaient ça plus féerique, bien qu'elle imaginait son premier baiser dans d'autres circonstances. Grace aurait préférée que ce moment ne s'arrête pas et qu'il continue pendant des heures. Elle restait contre lui, les yeux pétillants. « Ce n'est pas d'un prince charmant dont j'ai besoin. » Elle venait reposer un doux baiser sur ses lèvres avant de se reculer et défaire les bras de son cou. Ne demandant rien de plus pour ce soir, elle essuyait de nouveau ces larmes. L'embrasser ne voulait pas dire qu'ils s'engageaient dans quoi que ce soit. Un faible sourire à son égard, elle ne savait pas comment s'en aller après ça. Elle ne savait pas si elle voulait le quitter.

C'est la première fois qu'elle gouttait au plaisir d'embrasser quelqu'un, pendant toutes ces années elle s'était interdite cette chose de peur que ça ait trop de signification, mais finalement, elle savait qu'il n'y allait rien de passer de plus. Un simple baiser, son premier baiser, celui que personne n'oublie. Lui qui avait été son unique tentation, elle pouvait enfin l'avoir pendant quelques secondes, juste le temps d'un baiser. Après, elle le libérerait vraiment, il pourrait faire ce qu'il voulait, Grace voulait juste ce moment depuis bien trop longtemps. Reprenant ses esprits, plongeant son regard azur dans les yeux de Léo, un mince sourire aux lèvres et, les joues pourpres. Elle pourrait cocher ça dans sa liste. Grace aurait préférée leurs corps soient encore en contact pour longtemps, lui qui était si irrésistible en cet instant. Mais, il fallait bien que ce rêve s'arrête et, elle avait décidé de s'éloigner d'une distance raisonnable de lui tout en essuyant ses dernières larmes. Certes il n'était pas un prince, mais quelque chose chez lui avait fait battre son cœur, lui avait allumé une lumière, il y a quelques années de ça. Il avait réussi à Grace d'un cocon pour s'ouvrir à autres choses. Et en le voyant ce soir, posté en face d'elle lui rappelait ses sentiments. Que ce serait-il passer si elle avait accepté de l'embrasser ? Elle voulait arrêter de penser au passé, mais une voix lui rappelait toujours que tout venait du passé. « Je ne te force pas à rester avec moi … Tu m'as dit que tu avais des collègues dans ce bar. »  La blonde essayait de ne pas le retenir, de peur de trop espérer en cours de chemin. Rentrer ensemble, elle n'osait pas s'avouer les pensées qui lui avaient traversés l'esprit. Tous les gestes de l'homme pourrait faire craquer Grace en cet instant et le fait qu'il remettait une mèche blonde n'aidait pas la trentenaire à remettre son esprit droit. Mais ils partirent tous les deux en direction de l'appartement de Grace, qui n'osait plus rien dire. Puis cette question qu'elle ne voulait pas entendre, il l'avait dite, il avait osé la poser. Un pincement des lèvres de la part de l'ex-sœur puis un soupir. Comment lui dire ça ? Elle qui n'avait pas de raison précise allait-elle devoir inventer quelque chose pour assouvir la question de Léo ? Elle lui jetait un regard avant de regarder de nouveau devant elle en laissant quelques secondes de silence en plus. « Comment te présenter ça … Le Christ a accomplie 33 miracles, il a été sacrifié à 33 ans. J'ai 33 ans. Donc il était temps pour moi de sacrifier une partie de moi-même pour pouvoir faire ce qui me semble bon. » Le chiffre 33 était un bon âge pour ses changements. Ça n'a pas été fait du jour au lendemain, elle ne s'est pas réveillée le jour de son anniversaire avec une idée de changer, encore aujourd'hui, elle n'avait pas péché.   « Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ? Ne veux-tu pas me voir changer ? » Ces questions auraient pu être des blagues, mais ce n'était pas un rire mais un sourire qu'elle fit après celles-ci. Elle croisant les bras au niveau de la taille, posant son regard sur lui.

Leurs pas se synchronisaient, ils allaient rejoindre l'appartement de Grace, rien de plus, ils allaient se dire au revoir et, ils ne se reverraient pas avant quelques temps, comme ça se produisait toujours. Il avait posé la question qu'elle redoutait le plus et, son cerveau s'emmêlait les pinceaux, ne sachant pas comment le lui dire puisqu'il ne devait pas être un religieux dans l'âme. Son explication était des plus absurdes parce qu'elle n'avait elle-même pas de réponse à cette question, elle avait eu un déclic, comme beaucoup de gens l'ont eu dans la vie. Comme lui était parti après la mort de sa fiancée, elle partait de la religion pour la mort de Christ. Mais sa réponse était pertinente, du moins aux paroles de celui-ci, alors ne put s'empêcher de se retenir de rire. Ce n'était pas la réponse qu'elle aurait donnée, mais c'était une excuse comme une autre et, elle était plus recherchée que ses autres excuses pour fuir. Se postant devant lui à son tour Grace cherchait à savoir pourquoi il se posait autant de questions au sujet de son départ de la religion, de sa prise de conscience. Elle lui avait en partie répondue dans le bar ; elle voulait embrasser une personne sans céder à la tentation, elle voulait boire jusqu'à l'ivresse et ne pas se reprocher quelque chose si elle faisait l'acte avant le mariage. La réponse était si simple à ses oreilles, qu'elle n'avait pas pensée à ce qu'allaient penser les autres. Elle avait trop longtemps pensée aux autres sans penser pour elle, voulant vivre pour elle, pour une fois, juste quelques temps. Il n'est pas important dans sa vie, elle aurait aimée en dire autant, mais ce n'était pas le cas, Léo était une personne des plus importantes dans sa vie, même si elle avait essayé de se le nier pendant plusieurs années, après son départ, elle hésitait à l'appeler, s'excuser, mais il était trop important et, elle savait qu'elle l'avait blessée par son geste. Aujourd'hui, Léo est une personne toute aussi importante. Dans ses bras, Grace se sentait chétive, elle ne savait pas comment réagir. Voulant lui dire ce qu'elle pensait, elle ne pouvait pas le faire maintenant, au risque de le voir partir et ne plus avoir l'occasion de l'embrasser, encore et encore, tant qu'elle le désirait, puisque le désir était bien présent. Elle avait des papillons dans le ventre en s'approchait de nouveau de lui. Elle l'embrassait de nouveau, avec plus de désir qu'elle n'avait jamais pu avoir, plus de fougue qu'elle n'imaginait. Grace avait envie de Léo pour ce soir, il était tout pour elle ce soir. Mais, la blonde devait lui faire comprendre qu'il était plus important dans son cœur que lui ne le pensait. Elle restait dans ses bras, se sentant bien, se sentant désirée. Puis elle se lançait, qu'importe des conséquences de ses paroles. « Je ne veux pas que tu partes ... » Disait-elle doucement, puis sur le même ton, elle avouait enfin. « Tu es plus important dans mon cœur, que ce que tu penses, Léo. » Elle s’agrippait encore un peu à lui, ne voulant pas qu'il prenne la fuite. Lui avait gravé son prénom dans le cœur de la blonde, ça allait être difficile d'effacer sa marque. « Reste. » Ne la laisse pas seule, encore une fois.

Grace se demandait encore pourquoi elle lui avait avoué ça maintenant, pourquoi avait-elle gâcher le seul moment qu'on lui donnait à ses côtés ? Elle était persuadée qu'il allait fuir, car c'est ce qu'elle aurait fait, mais il restait devant elle, avec un rire qui lui fit esquisser un petit sourire un peu stupide. La blonde avait pris son courage à deux mains pour lui avouer une chose pareille, mais il rétorquait encore qu'il allait être personne. Pourquoi il s'obstinait à vouloir enlever Grace de sa vie ? Ça lui faisait un pincement au cœur, mais elle restait toujours souriante, un peu trop innocente pour dire quoi que ce soit. Ayant l'impression que même si elle faisait n'importe quoi, il resterait sur ses positions, la belle blonde ne disait rien. Rien de plus que reste, comme toutes les adolescents auraient pu sortirent à leur premier amour, pourtant Léo semblait vouloir être rien. L'ex-sœur se sentait affreusement bête de dire ça à une personne qui de toute manière, n'en avait rien à faire. Lui ce qu'il voulait, c'était l'embrasser et rien de plus. Du moins, c'est ce qu'il laissait transparaître à ses yeux. Le silence restait la meilleure réponse pour les deux paroles qu'il disait, définitivement. Elle soupirait un peu, en recommençant à marcher. Bien qu'elle voulait donner l'air que tout allait bien, que ce qu'il voulait était correct, le cœur de la blonde se sentait plus fragile. Elle qui a toujours l'impression de battre tout, elle sentait que son cœur devenait mou, que les paroles qu'il lui disait lui tournait dans la tête. Il ne voulait rien ou il ne pouvait rien ? Grace restait sur son interrogation. L'attraction qu'il exerçait sur elle était tellement forte qu'elle ne pouvait pas songer à croiser les bras le reste de la route pour éviter de joindre ses mains à celles de Léo. Elle se détestait de se donner de l'espoir alors qu'elle savait pertinemment qu'il n'allait rien avoir. Rien. Ils venaient de se retrouver, alors elle se questionnait toujours de pourquoi elle réagissait de cette manière, de donner ce qu'il voulait à Léo. Mais en même temps, elle ne s'était jamais sentie aussi bien.  

Arrivés devant la porte, Grace restait interdite quelques secondes toujours en plongeant son regard dans les yeux de son beau. Elle pouvait passer les clés dans la serrure, lui dire de passer une bonne et douce nuit avant de fermer la porte derrière elle. Après tout, c’est ce qu’il semblait vouloir.  C’est ce qu’elle commençait à faire, ouvrant la porte et se mettant sur le pas de celle-ci, se tournant et restant face à Léo, faible sourire aux lèvres. Faut croire qu’il savait s’y faire pour retourner la tête des femmes, Grace se laissait encore embrasser, une dernière fois avant qu’il s’en aille. Posant une main sur la joue de l’homme, elle l’attirait vers elle, se reculant sans pour autant le lâcher ; comme pour lui donner une invitation à entrer. Mais arrêtait brusquement ses pas. Cette première fois-ci. C’était peut-être ce qu’il attendait. Et fallait mieux t-il pas attendre une personne qui l’aimait vraiment pour le faire ? Se dévergonder peut-être, mais éviter de faire n’importe quoi, même si l’envie d’être avec Léo ne partait pas, malgré ses luttes, malgré ce qu’elle voulait se convaincre. Elle s’en mordait encore les lèvres puis passait une main dans ses cheveux. « Passe une douce nuit, Léo. » Disait-elle avec peine, voulant plus, mais ne pouvant rien faire.

Tous ces surnoms, pendant la soirée la faisait fondre, bien qu'elle pense sérieusement qu'il disait ça à toutes les femmes. Après tout, elle n'était rien pour lui, elle n'était qu'une ancienne connaissance, ils s'embrassaient et rien de plus. Grace devait cesser de se dire qu'il pouvait y avoir quelque chose et, est-ce qu'ils sont, au moins, amis ? Est-ce que des amis s'embrassent de cette manière ? Il y avait pleins de questions qui lui traversaient l'esprit. On ne pouvait pas appeler dans la même soirée, ma belle et ma jolie une personne à qui on tenait. Ça dépassait la logique de Grace autant que ça lui écrasait le cœur. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, mais elle ne voulait pas être prise pour une femme sans importance à son égard. Elle ne voulait pas être rien.

Grace lui offrait simplement un faible sourire après ce baiser. Elle était prisonnière entre le fait de vouloir le ramener chez elle et le laisser sur le pas de la porte, mais sa conscience avait fait son boulot, décidant de laisser Léo ici, devant la porte. Peut-être qu'elle gâchait quelque chose, encore une fois, mais comme il l'avait si bien dit, après cette nuit, il ne sera personne, alors elle ne voulait pas perdre de temps avec personne. Grace voulait une personne qui pense à elle, pas une qui pense qu'à s'amuser en la torturant et qui préférait piétiner son cœur. Le bel homme partait finalement, elle attendit quelques secondes avant de commencer à refermer la porte, regrettant presque son geste, sentant qu'il lui manquait quelque chose. Comme s'il avait volé une partie d'elle avant de s'en aller. La blonde commençait déjà à faire demi-tour quand elle senti quelque chose retenir la porte, voyant de nouveau sa tête, elle pensait presque halluciner. Pourtant, c'était lui. Et ses paroles la surprirent encore plus que sa présence. Son cœur avait définitivement explosé. La sainte essayait de se mettre en tête que c'était à cause de l'alcool qu'il parlait comme ça, mais, c'était impossible. Elle buvait ses mots, il la rendait folle et elle aurait pu faire n'importe quoi à cet instant précis, quand il avait fini de parler, encore une fois sa conscience luttait. Rester pure. C'était le plus important ; il ne fallait rien gâcher. Bien que l'occasion ne se représentera plus, sans doute. Que pouvait-elle répondre à ça ? Rien n'allait être beau, sortie de sa bouche, elle était une mauvaise locutrice sans sa tenue de sœur. « J'ai passée une soirée magnifique à tes côtés, même moi j'ai dû mal à imaginer ce qui s'est passée ce soir. Je suis heureuse d'avoir sautée de pas et avoir eu le courage de t'embrasser cette fois-ci, sans prendre mes jambes à mon cou. Il y a quelque chose en moi qui change quand je suis à tes côtés, je … je ne sais pas décrire. Je me sens juste bien. Tu es quelqu'un d'unique Léo, je ne veux pas prendre le risque de te reperdre. »  Alors, elle ne savait pas quoi faire. « Je ne trouverais jamais les mots exactes pour te dire ce que tu es. Et tout le monde a son passé, mon avis ne changera pas sur toi malgré celui-ci. »  Elle soupirait, se sentant vraiment bête sur l'instant. Elle venue l'embrasser une dernière fois sur le coin de la bouche avant de se remettre devant la porte.   « Tu as fait explosé un désir en moi mais, je n'ai pas envie de gâcher ça … Ce truc entre nous. Je ne l'ai jamais ressentie avec une autre personne. »  Pourtant, elle ne pouvait rien faire, elle voulait résister, c'était beaucoup trop tôt. S'ils faillaient quelque chose ce soir, elle avait peur de le perdre pour toujours. « Rentre bien. »  Disait-elle dans un soupir, se détestant pour ses paroles. Au fond, elle voulait qu'il reste.