i find only you away -r.

Tu t'étais posé sur un banc. profitant des rayons du soleil. La vie ici t'étais plus agréable que tu ne voulais bien le croire. Même si la maison de tes grands-parents étaient bien trop grande pour toi. Tu avais postulé pour une colocation, mais tu n'avais pas encore eu l'occasion d'avoir une réponse. Tu n'hésiterais pas à relancer la jeune femme, parce que tu ne supporterais pas de vivre seul. La solitude, même si c'était bien quand tu amenais des conquêtes, ce n'était pas pour toi. Elle te rendait triste. Tu ouvris les yeux pour regarder les gens passer. Les uns après les autres, jusqu'à ce qu'une brune attire ton regard. Tu ne sais pas pourquoi tu as choisi l'Australie, au fond, il n'y avait que des visages du passé, tous tes vieux fantômes. Ce n'était pas toujours facile à vivre, mais tu t'y sentais bien. Tu t'étais levé, pressant le pas pour la rattraper parce que tu ne voulais pas la manquer. Tu voulais en avoir le cœur sûr. un. deux. trois. quatre. Dans quatre pas, tu serais à côté d'elle. Dans quatre pas, tu aurais un gros soulagement, ou juste l'air d'un fou qui interpelle les femmes dans la rue. Pour être sûr de faire ton effet, tu savait exactement quoi lui dire. Si c'était elle, elle se retournerait directement. «  Hé toé ! » Elle s'était arrêtée et tu avais franchi le dernier pas qui te séparait d'elle. Tu la prends doucement dans tes bras. C'était tellement bon de voir un visage connu, qui n'était pas un visage australien. «  Tu me reconnais tu pas ? » Elle semblait un peu perplexe, et tu te disais qu'elle s'amusait de toi, qu'elle te faisait marcher. «  Arrêtes de me niaiser ! » Même si tu commençais à avoir un gros doute. T'étais-tu trompé de personne ? Ce n'était pas ta Lou ? Pourtant, elle s'était bien arrêtée.

Tu la sentais se débattre tout doucement, tu relâchais la pression que tu avais sur elle pour la laisser reculer. Tu passais une main dans tes cheveux, en te disant que c'était une blague, ça ne pouvait pas être autre chose. Ou alors tu ne comprenais pas ce qui se passait. Au son de sa voix, tu étais certain que c'était elle. « Enfin Lou, j'ai tant changé que ça ? » C'était une question idiote, mais tu n'avais pas encore réalisé à quel point tu touchais un sujet sensible. Peut-être qu'au fond, c'était toi l'aveugle. Tu ne la quittais pas du regard, ne voyant toujours pas qu'elle ne pouvait pas te fixer comme tu le faisais. Ses yeux bleus étaient toujours aussi beaux, même s'ils étaient fixés. « C'est moi, CJ.. Qui d'autre pourrait te demander si tu niaises, en Australie ? » Tu avais laissé un sourire se dessiner sur ton visage. Ça c'était une question. Tu m'imaginais pas que beaucoup de canadiens se soient exilés à Bowen. C'était une ville sympathique, accueillante et avec un charme fou, mais pas forcément le rêve de tout le monde. Et puis ce n'était pas non plus la ville la plus connue du continent. Elle était un peu loin de l'aéroport, mais la plage en valait le coup. Du moins, pour toi.

Tu la regardais passer sa main devant ses yeux et te montrer que les pupilles étaient fixées, qu'elles ne bougeraient pas, malgré tout les efforts du monde parce qu'elle était aveugle. Tu te sentais coupable d'un coup. Tu étais un idiot, idiot de pas avoir vu ça, idiot de lui avoir posé une telle question. Tu prends une grande inspiration, lui attrapant doucement la main pour la serrer dans la tienne. « Je.. Je n'avais pas réalisé.. Je suis un crétin, Lou ! » Par contre, sa réaction, tu ne l'avais pas anticipée. Elle t'avait sauté au cou pour te tenir fort contre elle, comme si elle avait peur que tu partes une nouvelle fois. Et elle te frappait à l'arrière du crâne, tu eu un sourire amusé. Ça c'était de l'accueil. « Ailloye ! » C'était mérité. Au moins, ça te faisait plaisir. Et puis tu n'avais pas vraiment eu mal. Du chiqué tout ça, mais c'était pour l'amuser. Tu la gardais serrer contre toi, en voulant plus la lâcher non plus. Sept ans c'était vraiment trop long. Il était trop tard maintenant, mais tu commençais à réaliser à quel point tout ce beau monde t'avait manqué. « Chuis content de te retrouver » lui soufflais-tu au creux de l'oreille.

Tu la regardais à nouveau, elle sentirait sûrement ton visage sur le sien qui la fixe un peu avec assistance. Mais tu voulais détailler chaque trait de son visage, voir ce qui avait changé. Mémoriser à nouveau chacune de ses expressions. Sa question était un peu désarçonnante, il n'y avait pas un endroit, mais une cinquantaine, peut-être même voire une centaine d'endroits où tu étais. Tu avais pas mal bougé, travaillant un strict minimum pour t'en sortir. « J'ai pas mal voyagé à vrai dire.. » Tu avais senti ton coeur, ton petit coeur, grossir et exploser en mille morceaux à l'annonce de ton amie. Tu avais été un copain minable. Lou avait traversé de grandes épreuves, et toi tu étais trop occupé à vagabonder pour te soucier des autres. « Oh Lou. Je sais qu'il est trop tard, que sept années sont passées, mais j'aimerais me rattraper. » Tu avais attrapé ses mains, une idée t'était venu en tête et tu savais qu'elle lui ferait plaisir. Après tout, c'était en parti pour ça que vous étiez devenus aussi proche. Tu l'avais entraînée dans le premier café qui se trouvait sur la place. Ils avaient tous un piano, tu ne savais pas trop pourquoi puisque personne en jouait, mais une fois que tu avais aidé Lou à s'installer, tu commençais à reproduire les premières notes de votre chanson.

Tu hochais doucement la tête, elle n'était pas possible. Elle te frappait la seconde d'avant en t'incendiant et celle d'après à vouloir que tu lui contes toute ta vie. Ces filles alors. « Peut-être oui. » Tu avais souri bêtement. Tu avais aussi penser qu'elle ne pourrait plus jamais voir tes grimaces, que vous ne pourriez plus en faire un concours, et ça t'avait miné le moral. Mais ça non plus elle ne pouvait pas le voir. Elle ne remarquerait pas ta mine fatigué et ton air de chien battu, parce que tu t'en voulais d'être parti sans elle. La laissant pour compte derrière toi, comme tous les autres. « Je ne te quittes plus Lou, tu vas m'avoir tellement dans les pattes que c'est toi qui va fuir. » Tu t'en faisais la promesse. Trop de temps s'était écoulé, tu avais raté une partie de sa vie, tu n'avais pas été présent pour son accident. Parce qu'elle n'était pas aveugle quand tu l'as connu, et la voir ainsi maintenant, ça te chamboulait pas mal les idées. Elle était trop importante à tes yeux. « Laisses-moi la finir pour nous. » Tu avais repris quelques notes plus haut, pour relancer le morceau et tu avais fait glisser tes doigts sur les touches pour composer les dernières notes de cette douce mélodie qui était vôtre. Après quoi, tu posais une mains sur les siennes. Restant là, à la fixer. Elle était devenue une belle femme, ta Lou.

Tu avais lâché le piano, ne quittant pas la québécoise des yeux. tu la dévorais plus que tu ne la regardais. « Je n'en doute pas une seconde. » Tu l'imaginais très bien te poursuivre jusqu'au bout du monde, la canne entre les mains, la levant au ciel, et jurant de toutes ses forces que si elle te retrouve, t'es un homme mort. Au moins, ça avait le mérite de t'amuser, et si tes envies de partie avaient été présentes, tu ne les ressentais plus à présent, tout ce qui comptait, c'était le retour de Lou dans ta vie. Tu avais eu un regard surpris à son annonce, ce n'était pas le genre de chose que tu t'attendais à entendre, venant de Lou qui plus est. Mais tu étais touché, parce que tu te souvenais que toi aussi tu aurais été prêt à tout pour ses beaux yeux, avant de fuir. « Je ne savais pas.. » Tu avais écouté ses mots avec une attention particulière. C'était Lou, ton amie depuis toujours, la seule avec qui tu as grandi en dehors de ta famille, et que tu ne voyais pas que deux mois par an, quand tu te la coulais douce en Australie. Tu avais eu un frisson lorsqu'elle caressait ton bras, et tu repris plus doucement, comme un secret, comme si tu avais peur de lui avouer ce que tu allais dire. « Tu sais, Lou, je suis revenu te chercher, avant de venir à Bowen, je suis rentré à la maison, et je ne t'ai pas trouvé.. Je t'ai cherché un peu partout pendant des jours. » Tu était heureux de l'avoir en face de toi, elle t'avait manqué cette petite. Bien qu'elle ait grandi. Tu avais presque eu peur de ne pas la reconnaitre.

Sa réponse te surprit, pas en mal. Mais tout de même, tu devais avouer que ça te faisait plaisir. Tu ne pensais pas qu'après toutes ses années elle viendrait se cacher ici, parce que toi aussi tu y venais. « C'est vrai. » Un constat rien de plus. Elle savait que tu passais tes étés ici, elle aurait pu l'oublier, mais non. Parce qu'elle n'oubliait rien, elle était parfaite en tout point. Même sans voir, tu sentais qu'elle savait la tête de garçon triste et ému que tu pouvais avoir. Elle étais la seule plus ou moins à t'avoir vu dans toutes tes émotions. « Comment pourrais-je ? » Tu avais attrapé ses mains, et dans un mouvement vif tu avais fait un bond, vers elle pour te rapprocher d'elle. Pendant un instant, tu te tenais debout devant la scène, remarquant que ça pouvait être l'épilogue d'une romance parfaite, et ça te donnait envie de vomir. Et l'instant d'après, tu ne voyais plus que le visage de Lou qui se trouvait si proche du tien, que ça te chamboullait. Te foutant le coeur en vrac. Mais tu fermais les yeux une seconde. Puis tu avais lancé dans un murmure. « LouLou » Tu avais insisté sur la deuxième syllabe. Tu l'avais toujours appelé ainsi, au début pour la charrier, parce que tu trouvais ça un peu plus enfantin, et puis vous vous y étiez fait. Elle était ta Loulou, et toi son Jupiter.

Tu l'avais vu ouvrir la bouche, tu te rejouais la scène au ralenti, parce que tu avais souri comme un idiot, pensant entendre des mots doux, comme elle savait le faire. Elle embellissait ton coeur. Mais les mots qui sortirent, furent d'une toute autre catégorie. Un bon coup de massue sur le crâne. « Crisse. Osti de condom de marde. » Tu en aurais presque lâchés ses mains tellement tu étais remué par l'émotion. Tu ne t'attendais pas à ça. Et ça avait fusé d'un coup sans que tu ne contrôles rien. Et avant que tu puisses te reprendre, tu avais senti un tressaillement chez ta Lou. « Enfin, non Lou, c'est pas ce que j'voulais dire. » Tu avais remis ton cerveau en marche, gardant la proximité avec Lou. Le fait d'être aveugle lui donnait un avantage, tu ne pouvais plus lire dans son regard pour voir s'il elle te ment ou non. Et puis, elle n'oserait pas te faire un coup comme ça, pas maintenant. « Ça voudrait dire qu'il aurait 6 ans ? » Tu refaisais les calculs rapidement. Tu étais parti il y a 7 ans. Elle est la seule à t'avoir vu l'été de tes 20 ans, puisqu'après tu n'es pas allé en Australie. Donc si elle était enceinte, cette année, plus les 9 mois de grosses, en sachant que la nuit dont elle faisait allusion, était plus ou moins la veille de ton départ, soit fin juin. Elle avait accouché en mars l'année suivante. Donc 6 ans. « Ou qu'elle bien sûr si c'est une fille. » Tu avais un sourire con sur le visage, si c'était une farce, tu allais bien vite déchanter. Tu serais sûrement soulagé parce que être père, c'était pas du tout, mais pas du tout ton truc. Tu ne voulais pas de famille, puisque tu ne voulais pas te caser.