I miss you [Perring]

Respire. Respire encore, plus profondément. Toque, aller, toque.
Cinq minutes. Ca faisait cinq minutes qu'elle fixait cette putain de porte sans oser toquer. De quoi est-ce qu'elle avait peur exactement ? Qu'il la rejette, encore. Ouais ça, ça la faisait flipper. A chaque fois qu'elle levait la main pour l'abattre sur cette porte, elle se souvenait du moment où il l'avait laissée seule au pied de cet arbre. Où il était parti. Et elle baissait de nouveau la main. Elle avait pleuré ce jour là, un peu trop, et beaucoup trop bu, à s'en faire vomir, et ça, ça n'arrivait pas souvent. Ce n'était pourtant pas lui qui avait piétiné son cœur mais il fallait croire qu'elle était bien plus sensible qu'il n'y paraissait. Qu'il comptait bien plus qu'elle ne lui disait.
Cette fois, enfin, elle tapa sur la porte, assez fort pour produire un bruit. Peut-être qu'il n'était pas là. Est-ce que ce ne serait pas mieux d'ailleurs ? Non, elle ne pouvait pas reculer éternellement. Il fallait qu'elle le voit parce qu'il lui manquait, et il était là le putain de problème.

Perry avait travaillé assez tard la veille, il avait donc pris son après-midi pour être un peu tranquille et pouvoir décompresser. Petit à petit il devenait plus bosseur mais il ressentait encore le besoin de glander et ne rien faire. Ce n'est pas un jour qu'il changera, il est un meilleur patron maintenant, mais il a encore beaucoup à faire. Et s'il travaille autant c'est aussi parce que son père le pousse et non pas par simple envie. Il était donc seul dans l'appartement, tout le monde ayant trouvé quelque chose à faire ailleurs. Perry renouait avec ses vieilles habitudes de regarder des dessins animés en caleçon en mangeant des céréales, il en avait besoin, c'est comme son pêché mignon. Il entendit qu'on frappait à la porte, ce n'était pas très fort mais il se leva quand même pour aller voir. Il ne se changea pas, tellement de gens l'avaient déjà vu en caleçon qu'il n'était plus à ça près. Il ouvrit donc la porte et fut surpris de voir que c'était Aisling. Il s'arrêta de manger ses céréales et posa le paquet sur la surface plane la plus proche. « salut ! » dit-il simplement ne sachant pas vraiment quoi dire. Leur dernière conversation c'était assez mal fini et il ne pensait pas la revoir avant longtemps.

Il vint lui ouvrir la porte, au moins il était là. Entrain de manger des céréales en caleçon, certes, mais il était là. Elle n'était pas sûre qu'il soit prêt à avoir une discussion sérieuse, là tout de suite. Mais enfin, elle n'était pas sûre d'en avoir le courage non plus. La seule chose qu'elle savait c'est qu'elle voulait le voir. Qu'elle en avait besoin. Elle finit par lever les yeux vers lui, presque timidement.

-Tu...

Elle se mordit la lèvre, avortant sa phrase au dernier moment. Il fallait qu'elle se reprenne, qu'elle s'affirme un peu.

-Je voulais te voir.

Oui, voilà, c'étai juste ça au fond. Juste pour cela qu'elle était venue. Puis, sans lui demander son avis, elle entra, ne voulant pas presque le risque qu'il lui claque la porte au nez. Elle jeta un coup d’œil sur la télé qui faisait du bruit.

-Tu profites que ta fille soit pas là pour regarder les dessins animés ?

Perry remarqua qu'elle n'avait pas l'air très à l'aise et cela se confirma lorsqu'elle lui dit qu'elle voulait le voir. Il se demanda si elle voulait juste le voir, ou bien aussi lui parler ou même autre chose. Il ne savait si elle était au courant pour Maisy, ou bien si elle voulait revenir sur leur dernière conversation. Il décida de mettre toutes ses interrogations de côté tandis qu'elle rentrait dans son appartement. Elle demanda s'il profitait du fait que sa fille ne soit pas là pour regarder des dessins animés. « tu m'as démasqué ! Un jour tu verras ma bat cave et je serai vraiment démasqué. » dit-il pour rire, toujours de bonne humeur. Heureusement qu'il n'est pas Batman sinon Gotham City se porterait encore plus mal ! « tu as quelque chose à me dire ? Ou t'es juste venue comme ça ? » lui demanda-t-il un peu curieux.

Elle esquissa un sourire quand il parla de sa bat cave. Il n'avait certes pas le courage d'un super héros, loin de là, néanmoins il en avait le cœur. Elle l'imaginait parfaitement vouloir sauver la veuve et l'orphelin et recueillir les chatons abandonnés.

-Tu te ferais mal avec tes bat-boomerang.

Il se les prendrait dans la figure, elle en était sûre. Ce n'était pas de sa faute, elle n'arrivait pas à l'imaginer dégourdi. Il finit par lui demander si elle avait quelque chose à lui dire et son regard bleu se fit fuyant. Elle n'y avait pas réellement réfléchi. Elle avait juste comprit qu'elle ne voulait pas, ne pouvait pas se passer de lui. Et elle savait qu'il était fâché, aussi, qu'elle l'avait blessé. Elle s'en voulait, vraiment.

-Je... Je suis désolée pour la dernière fois.

Aisling se moqua de lui en lui disant qu'il se ferait sûrement mal avec son super équipement de super héros, ce qui est probablement vrai. Ce serait plus un super héro comique qu'autre chose, bien loin de la classe d'Iron Man. Il vit ensuite que la demoiselle détournait son regard de lui avant de lui dire qu'elle était désolé pour la dernière fois. Il ne savait pas réellement quoi répondre à ça, il gardait encore un souvenir triste de cette conversation, il avait eu mal mais regrettait aussi d'être parti en la laissant seule. « tu sais c'est du passé maintenant. » lui dit-il, même s'il ne refuserait pas d'être avec elle si elle lui proposerait. Mais au vu de la réponse négative qu'elle lui a donné la dernière fois il s'imagine bien que ça n'arrivera pas.

Le souvenir que lui laissait leur dernière conversation ne semblait pas très agréable. Le contraire aurait été étonnant cela dit. S'il savait comment elle s'en voulait... Mais il le savait pourtant qu'elle ne voulait pas que les autres s'attachent à elle. Il le lui avait déjà reproché plusieurs fois.
Elle se demandait s'il le pensait vraiment, que c'était du passé. Pour elle ça ne l'était pas. Elle ressentait vraiment quelque chose pour lui, quelque chose qu'elle ne savait qualifier, quelque chose qui lui faisait peur. Elle finit par venir se glisser dans ses bras, posant sa tête contre lui.

-J'ai jamais voulu te faire du mal.

Elle se sentait totalement ridicule et vulnérable, surtout vulnérable. Il pourrait faire n'importe quoi, pour se venger, pour lui faire du mal à son tour. Même si c'était quelqu'un de bien, après tout, c'était légitime.

Il avait encore un peu de mal avec ce qu'il s'est passé l'autre fois avec elle. Ce genre de situations ne lui arrivaient jamais et il n'a plus envie que ça lui arrive. L'amour, le couple, ce n'est pas pour lui, il ne veut pas souffrir. La demoiselle vint dans ses bras et il ne la repoussa pas. A vrai dire il était plutôt contente parce que ça lui avait manqué. Elle lui avoua ensuite qu'elle n'avait pas voulu lui faire de mal. « moi non plus mais t'inquiète pas. » il ne voulait pas qu'elle s'en veuille ou quoi que ce soit, elle ne voulait pas, tant pis, il ferait avec. « je suis désolé de t'avoir laissé toute seule. »

Il ne l'avait pas repoussée ! Elle n'aurait jamais imaginé que ça puisse la rendre si heureuse. Elle avait envie, pour une des premières fois de sa vie qu'il la câline pour avoir l'impression que tout était encore comme avant. Et même si au fond elle savait que ce ne serait qu'une impression, ça n'avait pas d'importance.

-Ce n'est pas grave ça...

Elle lui avait brise le cœur alors il pouvait bien l'abandonner au pied d'un arbre, c'était assez légitime. Elle leva les yeux vers lui et vint tendrement l'embrasser sur la joue avant d'enrouler les bras z autour de son cou.

-Tu sais, je crois qu'une fille normale devrait te conseiller de jeter ton dévolue sur des filles plus gentilles, et mignonnes et... qui te méritent.

Mais merde, elle n'était pas une fille normale.

-Mais j'en ai pas particulièrement envie.

Elle n'avait pas envie qu'il se trouve une autre fille, même si elle ne voulait pas lui donner ce qu'il voulait. Elle était incroyablement égoïste, elle le savait, ça lui faisait mal, mais ça lui ferait encore plus mal de le voir roucouler avec une autre.

Peut-être qu'il devrait se trouver quelqu'un d'autre, vouloir être avec quelqu'un d'un peu plus simple qu'Aisling. Quelqu'un avec qui il vivrait tranquillement en riant, sans soucis. Mais ce n'est pas ça qu'il veut, c'est un type simple qui cherche toujours compliqué et qui veut ce qu'il ne peut pas avoir, sinon il aurait déjà été en couple pas mal de fois vu le nombre de prétendants et prétendantes qu'il a eu. « j'veux pas d'une fille gentille qui offre des gâteaux aux gens. J'm'emmerderai ! » lui répondit-il simplement. En plus il ne cherche absolument pas à être en couple, il ne fait pas parti de ces gens qui ont pour objectif de vie d'être en couple, de vivre dans une maison avec un jardin et d'avoir trois enfants. Perry ne regarde pas vers l'avenir, il vit le présent. Même si la demoiselle lui dit qu'elle devrait lui recommander de se trouver quelqu'un d'autre, elle lui confia qu'elle n'en avait pas envie. « tu sais j'pense qu'il faudrait mieux oublier tout ça et passer à autre chose. Tant pis. » dit-il résigné. Il ne voulait pas abandonner, mais elle ne voulait pas être avec lui, il ne pouvait pas non plus la forcer. Il se dit donc que la meilleure chose à faire est d'oublier toute cette histoire et d'être juste des amis ou même plus rien du tout si être amis est trop dur.

Elle sourit alors qu'il lui disait qu'il ne voulait pas d'une fille gentille. Lui pourtant, il était adorable. Comme quoi, c'était réellement les contraires qui s'attiraient. Elle glissa sa main dans ses cheveux pour remettre une de ses mèches derrière son oreille avant de lever ses yeux vers lui.

-C'est bête parce qu'au moins t'aurais quelqu'un pour te faire des gâteaux... Moi j'dirais pas non.

Elle lui sourit, taquine, mentant juste à moitié parce que son ventre comptait beaucoup. Son regard prit presque une teinte triste en l'entendant dire qu'il valait mieux tout oublier et passer à autre chose. Il semblait résigner et elle sentait que ça ne lui faisait pas plaisir. Elle s'en voulait... Elle se rapprocha de lui et posa son front contre le sien.

-Je veux bien oublier...

Elle glissa doucement ses lèvres contre les siennes, venant se blottir un peu plus contre lui.

Perry est assez gourmand alors si quelqu'un cuisine de bon petits plats et des gâteaux pour lui, il ne dira pas non, mais ce n'est pas le genre de vie qu'il souhaite. Il pourrait très bien se payer une cuisinière personnelle mais il préfère vivre simplement dans son appartement avec ses colocs. Il préfère avoir une vie normale même si elle ne le sera jamais vraiment. « j'vais rajouter ce critère alors. » dit-il en souriant. Aisling se rapprocha ensuite de lui en lui disant qu'elle voulait bien oublier, avant de l'embrasser. Ça lui avait manqué pendant le temps où ils ne s'étaient pas vu. Cependant ça ne le réjouissait pas vraiment, peut-être parce qu'il sait qu'il n'y a rien derrière, que ce n'est qu'une façade et qu'il n'aura jamais ce qu'il veut. « mais je crois qu'il vaudrait mieux arrêter tout ça...'fin je veux dire les bisous et le reste. » lui dit-il tristement.

Aisling sourit en voyant Perry sourire et en l'entendant dire qu'il allait rajouter ce critère. Ouais, elle trouvait que c'était une bonne idée, enfin, pour lui.
Le sentant un peu mal, elle se glissa contre lui pour l'embrasser. Avant il le faisait autant qu'elle, peut-être même plus qu'elle. Ca ne la dérangeait pas, elle savait toujours comment ça allait finir quand ils commençaient comme ça, avant. Mais aujourd'hui elle ne le sentait pas répondre à son baiser. Il n'était pas comme avant. Ses mots heurtèrent son oreille avec une violence inimaginable. Levant ses yeux vers lui, elle resta muette quelques instants. Elle essayait de lire dans son regard que c'était une blague, ou quelque chose comme ça, mais non, il avait l'air sérieux et triste. Détournant le regard, elle recula lentement jusqu'à trouver un meuble sur lequel s'appuyer, se sentant presque flageolante. Est-ce que c'était sa façon à lui de se venger ?

-Si tu veux que je sorte de ta vie, dis le.

Tout de suite, pour qu'elle puisse arrêter les frais, pour qu'il ne lui fasse plus de mal. Elle sentit une larme rouler le long de sa joue mais elle resta immobile, attendant juste sa réponse pour savoir si elle devait passer cette porte une dernière fois.

Perry se sentait triste de lui dire ça. Il ne voulait pas le blesser, ni être blessé lui-même, pourtant il ne voyait pas d'autre solution. Il ne voulait plus espérer quelque chose qui n'arriverait jamais. Il ne sait pas même pas s'il sera encore capable de la voir sans avoir mal, parfois il aimerait que la vie soit plus simple, que tout se passe normalement, simplement, avec une fin heureuse, même s'il n'aime pas les films à l'eau de rose. Aisling semblait mal, il voyait une larme coulé et ça lui serrait le cœur de la voir comme ça, à cause de lui. « j'ai pas envie que tu sortes de ma vie. » dit-il avant d'ajouter. « mais j'peux pas t'embrasser en sachant que j'suis pas le seul, en sachant qu'il y en a d'autres avec qui tu partages des trucs comme ça. » il s'arrêta ne voulant pas en dire plus. Au final il ne savait même pas si lui serait capable d'être fidèle, il ne l'a jamais été alors il lui avait peut-être demandé l'autre fois quelque chose que lui serait même pas capable.

Il disait qu'il n'avait pas envie qu'elle sorte de sa vie, mais il la repoussait. Peut-être que c'était légitime parce qu'elle l'avait repoussé la première. Peut-être qu'au fond c'était juste sa faute et qu'il faudrait qu'elle assume maintenant. Elle n'arrivait pas à lever son regard bleu vers lui, fixant le sol avec ces frissons désagréables qui lui parcouraient le dos.

-Je t'ai dit que je ne couchais pas deux fois avec le même homme.

C'était de sa faute si elle s'était attachée, parce qu'il avait réussi à la convaincre, une fois, deux fois... des fois qu'elle ne comptait plus. Elle ne pouvait pas lui dire qu'il était le seul homme avec qui elle avait couché plusieurs fois, elle ne voulait pas lui mentir. Mais ils étaient vraiment peu nombreux.

-Y a pas beaucoup d'homme qui comptent autant pour moi, Perry.

Elle était sincère, pour une fois dans sa vie elle réussissait à avouer à quelqu'un qu'elle tenait à lui, parce qu'il la mettait au pied du mur. Peut-être qu'elle partageait son corps avec d'autres hommes, elle en embrassait d'autres, elle couchait avec d'autres, mais merde, il y en avaient bien peu qui avaient trouvé le chemin de son cœur.