Tu préfères mon poing ou mon pied ? [CJling]

Elle n'était pas farouche pour un sou, ça tu devais bien l'admettre. Elle avait du cran, ou de la connerie dans la cervelle. En général, on évite de s'en prendre à un mec, quand on est du type féminin, mais elle ne semblait pas avoir froid aux yeux. Elle avait du chien, comme on pourrait le dire. Tu avais esquissé un sourire lorsqu'elle avouait que c'était trop encombrant, en en même temps cacher des gorilles c'est pas une tâche simple, mais soit on est bon, soit on ne l'est pas. Sa remarque te fit sourire de plus belle, et elle se dégageait sans trop de difficulté, tu ne cherchais pas à avoir une emprise sur elle. « Toé, t'es pas gênée d'la face. Aux jours d'astheure, on perd les bonnes manières. » Elle s'appelait Aisling, comme ça. Tu trouvais ça joli, un peu comme le tien. Original. Quasiment inentendu. Ce qui faisait toujours un petit effet quand on l'annonçait pour la première fois. Même si le sien reste assez basique par rapport au tien. « Aisling, quoi alors ? » demandais-tu en arquant un peu les sourcils. Si Nymphette et Princesse n'allaient pas, il fallait bien que tu trouves autre chose. Juste pour la pousser un peu plus. A tes risques et périls. Et clairement plus péril que risque.

Elle ne retint pas son bras alors qu'elle se dégageait ce lui mais ça ne l'empêchait pas de toujours le regarder avec colère. Lui par contre il continuait de sourire et ça lui donnait vraiment des envie de claques dans la gueule. Mais ses mots la prirent au dépourvus. Elle n'avait strictement rien comprit au début de sa phrase.

-Pardon ?

Elle fronça les sourcils, essayant d'analyser ce qu'il venait de raconter. Elle se doutait bien qu'il se plaignait de son comportement mais ça restait tout de même assez obscur.
La blonde avait finit par lâcher son prénom, espérant que ça l'empêche de trouver des surnoms ridicules, mais visiblement il voulait encore en rajouter.

-Juste Aisling.

Ca suffisait, non ? Qu'est-ce qu'il voulait rajouter encore ? Elle croisa les bras sur sa poitrine, l'observant avec méfiance, attendant la prochaine connerie qu'il allait sortir pour pouvoir le frapper.

-Et toi ?

C'était juste de la curiosité en fait. Et puis ça pouvait toujours servir de le savoir, qui sait.

Elle avait du te prendre pour un fou qui marmonne des mots qui ne doivent pas exister dans son vocabulaire. Et tu l'avais dit dans la langue qui était la tienne, le français, sans compter l'accent bien prononcé que tu avais quand tu râlais. Et puis tu avais pris l'habitude de tomber sur des gens qui ne comprenaient pas, et tu n'allais pas t'emmerder à changer de langue pour leur plaisir. « Pardon, mon côté québécois ressort parfois, surtout quand je jure. » ajoutais-tu doucement. Tu avais l'air moins prétentieux. « Juste Aisling, ça me va aussi. » Tu avais souris de plus belle. Ton sourire était une arme, elle impressionne parfois, et d'autre fois, elle apparaissait comme un simple bout de bois. Et autant dire que là, ça payait pas de mine. Avec Aisling, tu voyais bien que ça ne fonctionnait, ce n'était pas la bonne marche à suivre mais tu avais été un peu trop têtu pour le réaliser que maintenant. « T'aimerais bien le savoir hein ? » Tu avais arqué un sourire en coin, ne sachant pas trop quoi dire. Tu faisais un peu moins le malin, t'étais un peu trop sûr de toi, tu devais te calmer un peu. La jouer moins gros con psychopathe. « Cupidon Jupiter. » avais-tu dit doucement. Comme si tu n'avais pas peur pour une fois de le révéler, bien que ça allait sûrement faire rire la Schtroumpffette devant toi, mais ça t'étais bien égal.

Son côté québécois donc ? Au Québec on parlait... on parlait quoi d'ailleurs ? C'était au Canada, alors anglais, non ? Elle fronça les sourcils quelques secondes, réfléchissant intensément avant de se rappeler que ça devait bien être la seule province du Canada où on parlait français.

-J'suis calée qu'en français... français.

De France quoi, celui que sa mère lui avait apprit. Les mots et l'accent de l'inconnu sonnaient donc assez étrangement à ses oreilles.
La blonde se détendit un peu en voyant qu'il ne semblait pas lui trouver un surnom ridicule, et qu'il ne se moquait pas non plus. Son sourire ne l'emballait toujours pas plus que ça mais peut-être qu'elle finirait pas s'y faire, voir par le trouver mignon. Ouais, non, il lui avait bien casser les couilles quand même. Son amorce de réponse la fit arquer un sourcil. Est-ce qu'il voulait vraiment jouer à ça ? Non, en fait il semblait s'être ravisé, lui donnant son vrai prénom. Elle se mordit une seconde la lèvre pour ne pas rire d'ailleurs. Elle s'était toujours promis de ne pas rire du prénom d'autrui.

-Ca a été à l'école ?

Ce n'était pas vraiment moquer, c'était une vraie question et sur ce elle se mit à regarder devant elle, semblant réfléchir quelques secondes.

-Alors Cupidon Jupiter, tu vas continuer à me suivre pendant longtemps ?

Tu ne t'attendais pas à ça. A ce qu'elle parle français. Au moins, ça lui donnait un petit plus, il n'y avait pas énormément de personnes comprenant le français dans ce coin. « C'est déjà pas mal. » avais-tu dis simplement en étirant un fin sourire à sa question. Celle-là, tu ne l'avais pas vu venir. « J'me suis toujours fait appeler CJ, mais quand ils découvraient pourquoi, avec mon nom de famille, on va dire, qu'on m'a pas mal charrié. » Tu avais doucement haussé les épaules. Il n'y avait rien de plus à dire. Aujourd'hui, tu avais pu revoir certaines de ces personnes, et appréciant le karma. Sa question te fit sourire une dernière fois, tu hochais doucement la tête. « Non, je crois que je vais continuer de compter mes pas dans mon coin ! » Tu avais déjà assez cherché les problèmes avec elle. Les relations pouvaient s'améliorer alors tu n'allais pas gâcher cette chance. Tu préférais prendre les devants avant de dire encore quelque chose qui pourrait la pousser à bout.

Aisling se contenta d'acquiescer d'un signe de tête. Elle trouvait aussi que ce n'était pas trop mal de parler français, en plus de l'anglais, et l'espagnol, du russe... Enfin, ce n'était pas le genre de choses dont elle se vantait à la moindre occasion mais elle aimait bien parler étranger, parfois, avec certaines personnes. Sa réponse ne l'étonna pas vraiment. Enfin, elle ne connaissait pas son nom de famille mais rien que son prénom donnait le ton, et elle connaissait les enfants pour avoir vécu quelque chose d'un peu semblable sûrement.

-Les parents ont parfois des idées étranges.

Après tout, tout ça, c'était de leur faute. La blonde arqua un sourcil, un peu décontenancée. Lui qui la collait depuis un bon moment maintenant décidait, d'un coup, quand elle arrêtait de lui taper dessus, de s'en aller. Elle n'arrivait vraiment pas à comprendre sa logique. Enfin, elle n'était pas sûre de le vouloir non plus. Cependant ses ses mots l'avaient un peu interpellée.

-Tu comptes tes pas ? C'est pour danser ça aussi ?

Tu avais hoché la tête pour approuver ses propos. Les parents ne sont pas spécialement conscient que le prénom d'un enfant peut lui être préjudiciable toute une vie. Et toi même tu avais pensé à pourrir ton gosse, juste pour qu'on se moque plus du sien que du tien lors des réunions de familles. Tu étais un monstre. « Ne m'en parle pas. » Les parents avaient parfois des sens de l'humour un peu tordu. Tu pouvais dire que les tiens s'étaient lâchés, mais tu ne leur en voulait plus, tu avais compris l'importance de ton prénom. De ton nom. Tu étais le secret, l'espoir. Le cadeau de l'amour. Alors tu pouvais bien t'appeler Cupidon, ça t'étais bien égal à présent. Tu eu un rire amusé à sa question, tu avais déjà fait quelques pas, mais tu tournais sur toi, pour lui faire face une nouvelle fois, une dernière fois. « Non, ça c'est parce que je suis fou ! » Tu avais dit ça dans un sourire avant de t’éclipser. Tu n'avais rien de plus à faire ici, et puis avec la blonde, c'était un peu mort pour tenter quoique ce soit. Tu allais rentrer la queue entre les jambes, battu par une femme, mais tu te faisais la promesse de la retrouver et de reprendre là où vous vous étiez arrêtés.

Aisling avait esquissé un petit sourire à sa réponse sur les parents. Les siens ce n'était pas une question d'humour douteux, disons que son père avait semble-t-il tenu à ce qu'elle ait un prénom irlandais et ses parents en avaient choisi un assez peu commun. Mais pour son interlocuteur c'était bien pire, enfin, ça devait être plus dur à supporter.

Elle arqua un sourcil, un peu surprise quand il lui répondit qu'il était fou. Qu'il l'admette était assez étrange et même si elle aurait voulu avoir des précisions, il disparu entre les arbres avant qu'elle ne puisse en demander. Secouant la tête, elle fit demi-tour et se dirigea vers un coin peu fréquenté de la forêt pour retourner à ses observations. Cette rencontre avait vraiment été... étrange.