cast the same old shadow (lily-anaëlle et nevaeh)

Woody venait de traverser le petit pont pour la quatrième fois. C’était son quatrième tour du petit lac qui était l’attraction principale de ce parc. Après avoir fermé le dossier de son dernier patient de la journée, le jeune homme avait troqué sa chemise pour des vêtements de sport et était sorti courir. Après une quarantaine de minutes, son ventre gargouillait assez pour le déranger dans son entraînement. Il allait donc faire un dernier tour et rentrer chez lui se faire à manger. Toutefois, alors qu’il passait encore une fois devant le petit banc de parc  qui, jusqu’à ce tour, avait été inoccupé, il reconnut cette fois un visage connu. Il commença déjà à ralentir, même s’il n’était pas encore à la hauteur dudit banc. En marchant finalement, Woody déclara : « Lily-Anaëlle Hadley. » Il enleva ses écouteurs de ses oreilles et s’approcha d’elle, posant ses poings sur les côtés de son corps, reprenant son souffle. Il lui sourit, alors qu’entre eux, il n’y avait sans doute aucune raison de sourire. Surtout avec les stupidités que Woody avait pu dire à propos d’elle à d’autres. Sauf à Felix. Pour Felix, il avait bien voulu mentir quant à la vraie nature de sa relation avec Lily-Anaëlle. Bref, Woody passa son chandail dans son front, lui laissant momentanément une vue sur ses abdominaux mieux travaillés que jamais. Depuis sa rupture d’avec Sara, Woody passait son temps à trois endroits : sa clinique, le gym, et les bars. « J’ai lu à quelque part que t’étais en couple avec un autre ? Je suis vexé, je pensais qu’on avait quelque chose de spécial, toi et moi … » Lâcha-t-il alors, avec un petit air amusé mais aussi étonnamment sérieux. Après tout, Woody n’avait que ça à faire, draguer et se refaire une réputation. Même s’il doutait fortement que sa réputation était à refaire. Et puis, malgré ses antécédents avec Lily-Anaëlle, il était quand même bien partant pour une deuxième ronde.

La journée s'annonçait bien, et le temps était agréable. Suffisamment pour te poser au parc sur un banc et prendre le temps d'apprécier un livre. Tu avais l'impression de ne pas avoir lu depuis une décennie. Tu étais passé à côté de tellement de livres, que tu les dévorais depuis quelques jours. Lorsqu'on t'interpellait, tu n'avais pas reconnu la voix. Tu finissais de lire ta phrase avant de lever les yeux en direction de la dite-personne. Tu pus admirer un torse en sueur, et des plaquettes d'abdos à te rendre folle. C'était sûrement l'effet escompter, le connaissant ça n'aurait pas était étonnant. Et tout à faire de son genre. Il te fallu une bonne minute pour que tu daignes lever les yeux pour regarder son visage. Il devait être aux anges. Et t'avais un sourire un peu con sur les lèvres, un de ceux qui veulent dire que t'as aimé ce que t'as vu. « Woody » C'était bien la dernière personne que tu t'attendais à croiser aujourd'hui. On ne pouvait pas dire que les frères Rutkowski t'avaient réussi. Sa question t'interloquait un peu, ne comprenant pas trop ce qui se passait sous tes yeux. Était-il en train de te draguer ? Ou bien voulait-il t'enfoncer une nouvelle fois ? Tu avais déjà eu ton compte avec lui et tu ne voyais pas ce qu'il pouvait ajouter. « De spécial comme le fait que je sois une fille pathétique et limite folle voire obsédée ? » Tu avais étiré un fin sourire sur ton visage. Et encore, tu avais embelli les choses, dans tes souvenirs, il avait été dur avec toi. C'était lui qui t'avait abordé pour te draguer et te jeter parce que tu lui faisais pitié. Ça faisait juste le deuxième homme qui te disait ça, tu allais finir par le croire.

Un petit sourire rêveur et niais s’était dessiné sur les lèvres de Lily-Anaëlle. Un peu plus et Woody aurait prétendu avoir tellement chaud qu’il ne supportait plus son chandail. Mais non, c’aurait été de pousser un peu trop loin, un peu trop vite. Il laissa donc retomber son t-shirt, enlevant cette vue à Lily-Anaëlle. Ce serait à elle de décider si elle voulait en ravoir, et en voir plus encore, ou pas. Ça n’avait pas été trop difficile de la convaincre la première fois. Certes, maintenant, elle avait quelqu’un d’autre, mais un pion ça se tasse. Restait à savoir si elle saurait passer l’éponge sur ce qui s’était passé entre la première fois et celle-ci. Voilà le défi de Woody. Après les avoir qualifiés de spécial, Lily-Anaëlle haussa légèrement les sourcils, relevant le fait qu’il l’avait presque – ou totalement – traitée de fille pathétique et obsédée. Un sourire en coin, se remémorant ces souvenirs aujourd’hui amusants pour lui, le jeune homme secoua la tête de gauche à droite. Il s’assit à côté d’elle. « J’avoue que j’y suis allé un peu fort. » Il allongea son bras derrière le banc, faisant en sorte que sa main arrivait derrière la nuque de Lily-Anaëlle, sans forcément y toucher. « Je pense que j’ai réagi aussi fortement parce que tu me plaisais beaucoup, et que j’avais peur de la suite des choses. J’ai préféré te repousser, et j’ai été assez con dans ma manière de m’y prendre je te le concède. Mais pour moi, c’était mieux ça que de risquer de te laisser me briser le cœur. » Oh putain, Woody, ta gueule. Il mentait comme il respirait, et il sortait les pires phrases du monde. En même temps, de ce qu’il se souvenait de ses courts jours heureux passés auprès de Lily-Anaëlle, elle gobait tout ce qu’il lui disait. Il ne se doutait pas qu’elle avait quand même appris de ses erreurs, depuis le temps.

Tu avais vu son air songeur. Peut-être ne se souvenait-il pas de ça. Après tu n'étais pas la première qu'il avait jeté comme ça, et si c'était le cas, tu ne serais pas forcément la dernière non plus. Des filles plus névrosées, tu en avais entendu parler. Ce n'était pas une légende inventée pour te rassurer parfois. Il avait pris place face à toi. Et tu le sentais un peu trop proche. Comme si sa présence te troublait. Tu ne quittais pas son regard, reprenant ce qu'il venait de dire. « Un peu fort hein ? » Tu l'avais regardé te jeter sa main. C'était ça. Et tu ne tiquais pas, il ne fallait pas bouger d'un cil, ne pas faire le moindre mouvement qui pourrait trahir tes sentiments. C'était un jeu d'esprit et tu devais arrêter de le perdre, de baisser les bras à la première seconde. Même si tu dois avouer qu'il était fort, qu'il savait choisir ses mots et que s'il n'y avait pas Zach, agissant comme une barrière de protection, tu serais tombé dans ses bras dès le moment où tu avais eu le plaisir de voir ses abdos. « C'est touchant, j'aurais presque pu avoir une larme au coin de l'oeil sur la fin, si j'avais pas réalisé que c'était un très beau discours, mais un peu trop mécanique. T'y mets plus assez de cœur je crois, Rutkoswski. » Tu avais dis ça d'un ton las, comme si tu étais déçue. Tu avais vu ce qu'il pouvait donner, à de trop nombreuses reprises, tu étais un peu habitué à ce genre de tirade.

Contrairement à ce que Woody aurait pu s’imaginer, Lily-Anaëlle ne broncha pas, même pas au contact de sa main qui frôlait son épaule. Elle restait droite, de marbre, le regard rivé sur lui. Ce n’était définitivement plus la jeune femme toute innocente qu’il avait réussi à attirer dans ses filets trop facilement il y avait plus d’un an de cela. Ce n’était plus non plus celle qui s’était enfuie à cause de sa honte après que Woody l’aie publiquement insultée la fois où elle avait attrapé les fesses de Matthew. D’ailleurs, elle ne buvait plus ses paroles, ou de moins pas assez pour se laisser berner par celles-ci. Les mots utilisés avaient beau être bien placés, bien dits, Woody n’arrivait plus à leur donner vie. Lily-Anaëlle n’y croyait pas. Peut-être parce que Woody n’y croyait plus non plus, autant voulait-il faire comme si la dernière année passée avec Sara n’avait pas eu d’impact sur lui. Ça l’avait changé. Pour ne pas perdre la face, toutefois, le jeune homme rigola, feignant de ne pas avoir été atteint par la réaction de Lily-Anaëlle. « Peut-être que je n’y mets pas de cœur parce que j’en ai pas assez envie. » Il avait retourné la situation pour essayer de blesser la jeune femme, encore et encore, plutôt que de se faire du mal à lui-même. « Il n’y a plus de défi, une fois qu’on l’a déjà relevé. » Avait-il ajouté, à son tour las. Pourtant, s’il était revenu vers Lily-Anaëlle, c’était bien pour une raison. Pas seulement pour venir l’insulter gratuitement. Non, Woody avait voulu retenter sa chance, il avait voulu se prouver à lui-même qu’il en serait capable. Ce n’était pas le cas. Woody avait perdu. Tout perdu.

Il semblait surpris de toi. De ta réaction. A quoi s'attendait-il sérieusement ? Il voulait que tu lui tombe dans les bras comme si de rien ? Avec votre passif, tu ne pouvais pas. C'était plus compliqué pour toi que tu ne voulais bien l'admettre. Tu essayais de lutter contre ta nature. Ces mots qu'il t'avait dit plutôt, t'auraient fait craquer sans trop de difficulté. Et tu t'attendais à ce qu'il redouble d'effort. Mais sa réponse fut tout autre. Les mots tendres n'ayant pas marcher, il devait con. Et méchant aussi. Tu ne t'y attendais pas, mais tu aurais dû. Pourtant, tu écoutais chaque mot qu'il te disait, il voulait te blesser et si tu avais été dans un autre état d'esprit, tu le prendrais sûrement à cœur. Là, ça te glissait dessus. Et tu te sentais fière. « Alors, que fais-tu là, Woody ? » Tu ne lui laissais pas le temps de répondre. « Si je ne suis pas un défi, pourquoi venir me parler ? Tu pensais me faire les yeux doux et t'envoyer en l'air ? Parce que je suis peut-être idiote, et naïve, mais je crois que j'ai appris la leçon, surtout avec toi. »  tu avais repris tout aussi calmement que la première fois, ne quittant toujours pas son regard. Le tien se voulait doux, tu n'étais pas méchante et même si tu le voulais, tu ne le pouvais pas. Mais il est vrai que cette question restant en suspens. Que pouvait-il te vouloir ? Qu'avait-il espéré avoir ? Puisque vous n'étiez pas en bons termes, tu aurais même pu te lever pour t'enfuir du parc à toute vitesse, bien qu'il restait une possibilité pour lui de te rattraper. Mais tu étais restée face à lui pour l'affronter. Comme si fuir, était devenu trop facile. Comme si tu avais besoin de mettre les points sur les i, pour t'aider à avancer dans ta vie. Ça te donnait aussi l'occasion pour t'excuser auprès de lui, même si là, ça ne semblait pas être le bon moment pour mettre ça sur le tapis.

Aucun de ses mots n’atteignait Lily-Anaëlle, qui se montrait des plus indifférentes. Trop pour que Woody n’en soit pas lui-même blessé. C’était comme si elle se fichait de lui. Que finalement, elle avait enfin réussi à se défaire des chaînes qu’il s’amusait à resserrer sur elle pour se remonter sa propre estime. Lily-Anaëlle avait pris le contrôle de cette relation malsaine qu’ils entretenaient. Lily-Anaëlle avait reviré la situation de bord, et Woody en sortait perdant. Il ressortirait toujours perdant. Elle lui demanda alors ce qu’il faisait là, dans ce cas—là, que cherchait-il ? Il fronça les sourcils quand elle lui parla de cette leçon qu’il lui avait permis d’apprendre, et avant de pouvoir répondre quoi que ce soit, Nevaeh, sa sœur, sortit de nulle part et se posta devant eux, et lui demanda des explications, elle aussi. Woody se leva d’un bond devant cette intrusion dans leur conversation. « C’est quoi, tu écoutes les conversations des autres, maintenant, Nev’ ? Il est passé où ton fameux « c’est pas d’mes affaires ? » » Lui lança-t-il, haussant le ton. Sa sœur répliqua deux mots qui sous-entendaient que Lily était hors-limite. Qu’il n’avait pas le droit de s’en prendre à elle. « J’ai rien à expliquer, ni à l’une ni à l’autre. » Lâcha-t-il en les regardant toutes les deux. Il s’était rarement senti autant attaqué. Par Lily-Anaëlle, encore, ça allait, mais que sa sœur aussi se ligue contre lui, c’en était trop. Il avait l’impression que depuis sa rupture d’avec Sara, toute la ville de Bowen lui avait tourné son dos. Même s’il arrivait encore à avoir une femme dans ses draps aussi souvent qu’il le voulait, cela ne comblait en rien le vide créé par le fait d’être détesté par tant de monde. Ce monde qui un jour lui appartenait. Maintenant Woody le regardait d’en bas, incapable de l’atteindre. « Ça te fait plaisir, j’imagine, de voir que t’as gagné, après tout ce temps ? » Dit-il en regardant Lily-Anaëlle d’un regard dur, blessé.

Ce dont tu ne t'attendais pas c'était bien de voir débarquer Nevaeh juste devant vous. Elle était sortie de nulle part, apparaissant comme par magie. Elle avait entendu toute la conversation ou presque et tu n'étais pas certaine de tout comprendre. Mais tu avais vu Woody s'emporter. Contre toi, contre elle, et contre le monde entier en fait. « Si tu ne veux rien dire, très bien. » Tu t'étais levé à ton tour, pour te mettre devant lui les bras croisés. « Mais c'est toi qui m'accostes, alors si c'est pour me draguer, passes ton chemin, et si c'est pour me blesser, fais la même chose. » avais-tu dis tout simplement. Tu ne voulais pas être méchante avec lui, au fond, il souffrait comme les autres. Il dégageait une image qui faisait qu'on le repoussait, qu'on avait peur de lui comme s'il était la peste, ou même la mort. Et ce n'était pas sympathique. « Je suis désolée d'avoir été un peu excessive par le passé, et d'avoir eu des propos peut-être méchants. » Tu t'étais un peu pincé les lèvres. Depuis le temps que tu devais le faire. Même si tu n'avais pas du aller plus loin que 't'es méchant Woody' la dernière fois, pour toi, c'était tout de même trop. Tu n'avais jamais prononcé ces mots, sans rigoler. Sans taquiner l'autre. Là tu l'avais pensé. « Mais je n'ai rien à gagner Woody, au contraire, je suis triste pour toi. Triste de voir qu'au lieu de t'ouvrir, tu te refermes et tu t'emportes. Tu pourrais tellement trouver ce que tu cherches, si tu décidais de t'ouvrir. » Tu avais gardé les bras croisés contre toi, le fixant en ne comprenant pas ce qu'il pouvait entendre par "tu avais gagné". Parce que pour toi, rien de tout ça n'était un jeu. Il n'avait rien à te prouver, et tu n'avais rien à lui prouver non plus.

Nevaeh répondit à la question de Woody en lui spécifiant que ça ne comptait que pour Sara, pas pour sa très chère amie Lily. « Oh, ça va, Nev’. Tu sais même pas de quoi tu parles. T’as que sa version de l’histoire, et j’te parie qu’elle a laissé certains détails de côté. » Cracha-t-il en regardant sa sœur d’un regard dur. Lily-Anaëlle s’était levée à son tour, les bras croisés. Ils faisaient un beau trio, là, tous en cercle, les regards plus sombres les uns et les autres. Lily-Anaëlle était bien celle qui s’était le moins emportée dans toute cette histoire. Hadley lui dit que s’il ne voulait rien dire, c’était très bien pour elle, mais que c’était lui qui l’avait accosté. Il pouvait donc bien passer son chemin, surtout si c’était pour la draguer ou la blesser. « Crois-moi, prochaine fois, c’est bien ça que je ferai. » Avoir su que Lily-Anaëlle était devenue aussi peu amusante, il ne se serait jamais arrêté. Même qu’il aurait couru encore plus vite pour éviter cette situation des plus désagréables. Il n'aurait jamais eu à confronter sa sœur, d’ailleurs. Il détestait qu’elle se soit mêlée de cette histoire, parce qu’il était obligé de lui en vouloir, et il n’aimait pas ça. Lily-Anaëlle reprit la parole, s’excusant d’avoir été excessive ou méchante par le passé. Woody détourna le regard, évitant aussi celui de sa sœur. Et elle se disait triste pour lui, ce qui acheva le jeune homme. « T’es qui pour dire que je cherche quoi que ce soit ? Ou que j’pourrais trouver c’que je cherche ? » Ce que cherchait Woody, il ne pourrait jamais l’avoir. « J’ai pas besoin de ta tristesse. J’ai besoin d’la tristesse de personne. » Avait-il dit en regardant Lily, puis sa sœur. Puis il tourna le dos, secouant la tête, n’en revenant pas de ce qui venait de se passer. Il commença à marcher dans le sens inverse, loin d’elles.

Tu avais écouté sans dire un mot et en baissant les yeux, sa conversation avec Nevaeh, jamais tu ne t'étais attendue à ce qu'elle te défende devant lui. Tu avais l'impression de t'imposer dans une relation où tu n'aurais jamais du t’immiscer. Tu te sentais mal, autant pour elle que pour lui, tu ne voulais pas être une cause de dispute entre eux. Même s'il avait tort, elle savait toute l'histoire, même tes cas de folies avec lui, tu ne lui avais rien caché, de toute façon, elle te connaissait, elle saurait que tu avais pu aller un peu trop loin. Après quoi, il revient à toi, à ce que tu viens de lui dire. Lui dire quoi d'ailleurs ? Qu'il était heureux et amoureux avec Sara et que s'il avait été moins con, il pourrait toujours avoir ça. C'était ce que tu pensais, tu ne pouvais pas penser à autre chose parce qu'il n'y avait rien d'autres à dire. Pourtant, tu avais les larmes qui t'étaient montés aux yeux. Il s'était emporté contre toi, contre vous. Avant de vous tourner le dos, et d'avancer, tu avais ouvert la bouche mais incapable de sortir un mot. Alors qu'il avait déjà fait plusieurs pas, tu avais réussi à murmurer deux mots. « Woody.. Je.. » Il était parti. Il avançait vite, et tu n'allais pas lui courir après. S'il ne voulait plus parler, c'était son droit, s'il voulait mal le prendre aussi. Mais lui dire qu'il te rendait triste, ça ne valait pas mieux que lui, au fond. « C'est ma faute, je suis désolée Nev'.. » Tu t'étais tournée vers ton amie, les yeux un peu humide. Trop d'émotions en toi.

Si même sa sœur le traitait d’idiot, alors qu’elle était tout pour lui, avec le reste de la famille, alors Woody était perdu. Il s’était perdu. Aux yeux de Nevaeh, peu importe ses actes, il restait son grand frère, son protecteur, son héros, en quelque sorte. Elle avait souvent pris exemple sur Woody durant les différentes étapes de sa vie. Mais là, si elle était prête à lui dire ces mots qu’elle savait comme des couteaux pour Woody, c’était qu’elle lui tournait le dos, peu à peu. Elle aussi. Comme tous les autres. Alors Woody préférait lui tourner le dos lui-même avant qu’elle ne le fasse complètement. Pour ne pas perdre la face. Lily-Anaëlle n’avait rien répondu aux derniers échanges, elle s’était tut, enfin. Woody secouait la tête de droite à gauche en s’éloignant, ne pouvant pas croire ce qu’il venait d’entendre, autant de la part de sa sœur que de son ancienne fréquentation. D’ailleurs, Nevaeh en rajouta une couche en lui criant que c’était si simple de s’en aller. Il l’avait alors entendue, d’une voix plus basse, parler à Lily-Anaëlle. Il jeta un regard derrière lui pour voir sa sœur étreindre Lily-Anaëlle. Il prit une grande inspiration, essayant de se calmer, mais la colère était trop forte, trop grande, envahissante. D’un coup de pied bien lancé, Woody frappa la poubelle à côté du banc le plus près de lui et l’envoya valser sur la pelouse, dans un bruit sourd. Et, sans se retourner, il quitta le parc d’un pas rapide et, lorsqu’il fut persuadé d’être hors de leur vie, Woody recommença à courir. Du plus vite qu’il le pouvait, dans l’espoir de les fuir. De se fuir.