sweet illusion + naisy

Je suis ivre morte, enfin, je le serais si je n’avais pas pris de cocaïne. La coke annule simplement les effets de l’alcool, mais pas la gueule de bois. Et vous savez quoi? Je m’en fous. Parce que ce soir, je dois faire la part des choses. Après toutes les sagas étranges que la vie m’apporte, je m’éloigne de tout. Je souffre, tout simplement. J’ai le mal du pays, j’ai envie de vomir, j’ai envie de retourner en Angleterre. Mais pour faire quoi? La même chose que ce que je fais ici? Me détruire à petits feux? Me shooter plus d’une fois par jour avec l’argent familial que je laisse sortir comme de l’eau? J’en ai plus rien à faire de la vie. Oui, bien-sûr j’ai rencontré Nate... mais il se lassera de moi, comme tout le monde l’ont fait tôt ou tard. J’émets un petit rictus à cette simple pensée. Tout le monde se lasse de moi. Mes parents, Naxa qui est partie, Nelligan qui ne me supporte qu’à peine, Nate qui se lassera tôt ou tard de mon comportement. Ce soir, j’ai flâné sur la bordure d’un pont, l’adrénaline était à son comble. Maintenant, je marche encore en laissant la voiture à la maison. J’ai mal aux pieds, ils doivent être ensanglantés, mais je sens rien. C’est la cocaïne qui m’enivre, injection après injection. J’ai marché longtemps... Et j’arrive vis-à-vis un panneau qui indique que je suis à Mackay. Je tremble, j’ai froid, mais la coke me réchauffe et me fait vivre l’illusion dans laquelle je suis bien. Je dois avoir l’air d’une clocharde, les poches aux yeux, les vêtements un peu salis par où je suis tombée. J’ai un énorme sac bandoulière avec mon éternel vice, des vêtements et le nécessaire pour survivre, dont mes cartes. Lentement, je m’assois sur le banc d’un parc qui me semble inconnu. J’ai le dos droit, le regard perdu en face de moi et je contemple la nuit, j’admire le silence. Rien ne peut m’atteindre.

Après leur soirée sur le bateau, Nate avait beaucoup pensé à la belle. Ce soir là il avait décidé à l'appeler mais n'arrivait pas à la joindre. Se rappelant de leur rencontre à la plage, il était très inquiet pour elle. Donc il pris son tel, ses clefs sur son comptoir et sortit de son appartement pour partir à la recherche de la jeune femme. Il monta en voiture pour faire le tour de la ville, il roulait lentement, se faisant klaxonner par les gens derrière lui. Pour le moment rien, il s'arrêta près de la plage, et en fit le tour assez rapidement mais aucune trace de la belle. De retour à sa voiture, il s'adossa à sa voiture pour tenter de la rappeler mais sans succès. Où pouvait-elle bien être ?! Il ne savait pas où elle était mais elle ne devait surement pas s'y trouver. Il repris la route et fit les bars et les boites de Bowen, mais aucune trace de Maisy. Il soupira une fois au volant, il ne connaissait pas du tout les environs, mais il mis le moteur en marche et direction la sortie de la ville. Elle devait bien se trouver quelque part tout de même ! Et personne ne la vue ! Nate avait montrer sa photo à tous les videurs et non ils ne la reconnaissait pas. Toujours en roulant doucement, pour bien scruter les environs il roula vers la ville suivante. La nuit qui est tombée ne l'aide pas vraiment, il secoue la tête. Un panneau attire son attention, il est rendu à la ville de Mackay, il ne connait pas du tout, heureusement il a un GPS sur son portable pour retrouver son chemin au retour.
Au loin il aperçoit à ce qui ressemble à un parc, bon soit il peut bien tenter d'aller voir. Il gare la voiture sur le parking et marche sur l'allée. Une silhouette attire son regard, il s'approche d'elle, il reconnait vite Maisy. Nate se met devant la jeune femme "Maisy ... Je t'ai cherché partout, qu'est ce que tu fais ici en pleine nuit", il se met à genoux devant elle pour lui faire face "tu n'es quand même pas venu à pied jusqu'ici?" Il tourne la tête vers le parking mais ne voit aucune autre voiture. Il lui caressa la joue du bout des doigts "qu'est ce que tu as pris ?"

Mon portable était fermé. J’avais une envie inévitable de fuir, fuir la réalité qui comporte son lot de positif, comme de négatif. La ville dans laquelle je résidais n’était qu’un cadavre dans lequel j’errais sans âme. Des sons de pas se faisaient entendre, mais ne m’effrayaient point. Comme si mon corps acceptait peu importe le martyr qui lui serait imposé. Je ne me retournais pas vers lui ou elle, c’était comme si mon corps me l’interdisait. J’étais immobile, le regard perdu au loin. Sa voix, celle de Nate, me semblait familière. Il m’avait cherché. N’étais-je pas qu’un tas d’ennuis? Il avait pigé un numéro dans la mauvaise loterie, ou le mauvais numéro dans la loterie, je ne saurais pas trop dire. Il me demandait ce que je faisais, j’aurais voulu le lui dire, avoir une réponse tangible, mais je l’ignorais moi-même. Je me contentais donc de garder le silence et de hausser les épaules, signe de ma non connaissance le regard vitreux. Je n’avais pas envie de parler, même ma bouche refusait de collaborer pour quelques syllabes. Étais-je seulement venue à pieds? Ma mémoire s’embrumait. Je ne répondais toujours pas, à croire que j’étais devenue un cadavre vivant, un peu comme la ville qui m’accueillait, ce soir. Je devais moi-même chercher les réponses aux questions que Nate me posait, mais je n’avais aucune envie de me les poser. « Oui. » avais-je finalement conclu sous ses yeux physiquement comme mentalement. Sa main frôlait ma joue et bien que sa peau était douce, chaude et réconfortante, le contact avec l’humain me brûlait la peau, ne créant qu’une chaleur importante et majestueuse sur la mienne. Il ne tardait pas à me demander ce que j’avais pris. Une dose de bonheur, un soupçon d’illusion avec une pincée d’évasion : le cocktail parfait en cette nuit aussi sombre que mon âme. Bien que ma capacité d’évasion s’évaporait, mon regard joignait finalement celui de mon interlocuteur pour le questionner sur ses propres interrogations. « Est-ce si important? » Pour lui, ce devait l’être, pour moi, c’était tout le contraire.

La belle ne semblait à peine le voir ni même l’entendre. Il secoua la tête, dans quel état s’était-elle mise ? Elle semblait vraiment ailleurs, pour le moment elle ne le regardait même pas, elle gardait ses yeux droit devant elle.  Il se demandait même si elle avait remarqué sa présence. Il resta là quelques secondes à se demander ce qu’il pourrait faire de plus. Elle semblait dans un état encore plus avancé que lors de leur rencontre à la plage.  Elle sembla enfin s’apercevoir de sa présence, Nate poussa un soupire, elle devait avoir marché des heures pour être arrivé jusque là, et dans son état ce n’était pas forcement le plus raisonnable à faire ! Mais dans son état ce ne devait pas être sa première préoccupation. Le regard de Maisy se posa dans le sien, il cru qu’une décharge électrique passa dans tout son corps, l’état de la jeune femme le touchait en plein cœur, même si il ne se l’avouait pas vraiment mais elle comptait vraiment pour lui , et la voir dans cet état lui faisait vraiment mal. Il lui fit un petit sourire du bord des lèvres "Non ce qui est le plus important c’est l’état dans lequel  tu es"  Il lui passa sa main dans ses cheveux, gardant son regard dans le sien, durant quelques minutes aucun des deux ne brisèrent le silence. Le jeune homme fini enfin par prendre la parole "Qu'est ce qui se passe ?" dit-il tout simplement, on ne se met pas dans un tel état sans raison. Il se redressa et vint s'assoir à côté d'elle sur le banc, et se tourna vers elle. "Maisy .. Je suis là pour toi tu sais" La situation le surpassait complétement, mais la seule chose qu'il pouvait faire c'était de rester présent pour elle. Il n'avait pas traverser toute la ville à sa rechercher pour laisser tomber au premier obstacle. C'était aussi sa manière a lui de lui prouver a quel point il tenait à elle. Souvent il repensait à cette belle soirée qu'ils avaient passés sur le bateau, elle semblait si heureuse et si émerveillée du simple fait de regarder le soleil se coucher, il se rappelait de son regard tout brillant, là assise sur le banc, cette nuit elle semblait comme éteinte, il n'aimait pas du tout cette situation.

« Non ce qui est le plus important c’est l’état dans lequel tu es. » Ils angoissaient tous avec l’état dans lequel j’étais. Mes parents puis maintenant Nate. Je craignais la suite des évènements. Sa main caressait mes cheveux alors que je ne tressaillais même pas. Je le regardais et je détournais le regard, comme si je manquais de force pour uniquement percer ses iris de mon regard. Le silence pouvait sembler lourd, mais pour moi, ce n’était qu’une habitude parmi tant d’autres. Il me demandait ce qui se passait. Ce qui se passait? Je n’en avais pas la moindre idée, ce n’était qu’une simple habitude pour moi de me mettre dans cet état. La raison de ma déchéance était souvent celle de l’inconnu... Je ne peux même pas me supporter moi-même. Je suis une indignation au monde entier, à ceux qui me connaissent et ceux qui ne me connaissent pas, ce n’est qu’une bénédiction divine à eux d’ignorer qui est Maisy Kavanaugh. « Rien. » soufflais-je finalement alors que c’était la réponse qui sonnait le mieux à mes oreilles et à mon cerveau dans ce havre de paradis, ne serait-ce que quelques minutes. Il s’assoyait près de moi en me répétant ce que de nombreuses – trop nombreuses – personnes avaient dit avant lui. Une parole que je ne pouvais plus croire malgré les actes. « Je sais. » avais-je simplement dit presque trop sagement ne m’opposant plus à rien. Je ne m’opposais que très rarement aux gens, ce n’était pas dans ma nature, ni même dans mon éducation. Je voyais bien que Nate semblait mal à l’aise de toute la situation. Je jetais un coup d’œil à mes pieds ensanglantés, mais je ne sentais rien. Je souriais simplement, comme si c’était normal comme situation. « On rentre à la maison, si tu veux? » lui demandais-je sachant que c’était à quelques heures de voiture. Je ne savais pas ce que je voulais dire par maison... Je ne référais pas non plus à cette vie avec mes colocataires, ni à la maison de Naxa... Encore moins chez Nate, je n’y avais jamais mis les pieds. Peut-être n’avais-je simplement plus de chez moi, je n’avais plus de maison. Je regarde autour de moi, un peu désemparée à savoir où était à la maison comme je lui avais mentionné. Est-ce que j’avais envie de rester seule ou non? Je n’en savais trop rien. Le silence me plaisait, la présence de Nate était... présente. Je n’arrivais même pas à la qualifier. Il me questionnait, tout simplement. Peut-être ne comprenait-il pas la chose? « Ou un hôtel... » suggérais-je simplement en haussant les épaules. Nous n’étions certainement pas bien loin d’un hôtel à Mackay, il devait y en avoir des tonnes, contrairement aux filles seules dans des parcs la nuit.

Le contact avec sa main me ramenait avec la réalité. Je le regardais alors qu’il redisait mes mots. « À la maison? » Il ne semblait pas comprendre. Je soupirais en baissant le regard, je ne savais pas non plus ce que c’était à la maison. Lentement, je me recroquevillais sur moi-même en regardant le bout de mes orteils. J’étais confuse par sa confusion. Je cherchais où était à la maison. Je me tournais vers lui en émettant un constat, le premier depuis le tout début. « Je ne sais plus où je suis chez moi. » Une chose était sûre, ce n’était pas dans cet appartement que je partageais en colocation, ce n’était pas non plus chez Naxa... Ce n’était pas non plus dans le palace de mes parents. Le regard dénudé de la moindre ambition, je soupirais doucement. Il vérifiait qu’un hôtel se trouve quelque part près de nous. Je me levais et je le suivais sans rien dire. Mes pieds ensanglantés et endoloris ne m’aidaient point. Alors qu’il prenait une chambre pour la nuit, je me dirigeais vers la salle de bain publique pour mieux m’enfermer dans une cabine et reprendre un peu de cette poudre légère. Elle m’aiderait à atténuer le mal aux pieds qui commençait à se manifester. Je ressortais et je rejoignais Nate pour se rendre à la chambre où il m’indiquait que j’allais dormir dans le lit. Je ne m’y opposais pas. « Ça va aller? » Je haussais les épaules, incertaine. Je retirais mes chaussures laissant voir plus de dommages que ce que je croyais. J’allais dans la salle de bain où j’allais nettoyer mes plaies avec de l’eau. Je n’avais pas de bandages, mais le nettoyage semblait déjà avoir fait du bien. Le contact entre l’eau, l’air et mes blessures m’aurait fait mal normalement. La cocaïne atténuait ces effets, je n’avais qu’une légère chaleur aux pieds. Nate me disait qu’il allait veiller sur moi cette nuit. Je me retournais vers lui les yeux ronds. « Non, tu vas dormir cette nuit. » C’était la première fois que je m’insurgeais de quoi que ce soit. « Tu n’as pas à veiller sur moi. Je suis grande, je peux m’occuper de moi-même. » Je tentais de lui faire un petit sourire pour le rassurer. Je me dirigeais vers la fenêtre où je m’assoyais sur le bord pour observer la nuit en silence. Je voyais bien qu’il se faisait du mauvais sang pour moi. Je ne comprenais pas, je n’en valais pas la peine. « Pourquoi fais-tu tout cela pour moi? » Je lui jetais un coup d’œil puis effrayée par la vérité, mon regard se détournait vers la fenêtre et se perdait dans la vue hallucinante que nous avions ce soir. La coke était un stimulant, c’était bien connu. Je n’allais pas dormir de si tôt. « Tu peux dormir, Nate. Je ne partirai pas. » Comme si ça suffirait à atténuer son angoisse. J’aurais pu lui dire que je venais de consommer de nouveau, mais je ne croyais pas qu’il était nécessaire de le faire, il s’en douterait bien par lui-même.

« C’est vraiment ce que tu penses? J’aurai passé ma soirée à m’inquiéter et à te chercher partout pour rien alors? » Je le regardais alors qu’il semblait s’attrister de mon piteux état. Je le regardais quelques instants, puis je détournais le regard un peu gênée. « Tu m’as cherché toute la soirée? » J’étais soudainement plus timide, pourquoi en faisait-il autant? Avait-il tout appris à mon sujet et malheureusement j’allais être coincée dans toute cette situation. Était-il aussi bien que je pensais qu’il l’était? Ou au contraire, était-ce uniquement pour baiser avec moi et aller clamer tout aux reporters et aux journalistes. Après tout, ce ne serait pas la première fois. Je me montrais un peu plus réservée. « Je ne sais pas... mais d’un autre côté, je me dis que je peux pas te laisser comme ça. » « Tu pourrais très bien le faire. » lui avais-je sagement soufflé. Évidemment qu’il pouvait le faire, je ne comptais plus les amis qui m’avaient laissés seule ou avec une bonne qui tentait de m’aider. Ma vie n’était pas forcément la plus belle ou la plus glamoureuse. « Je n’arriverai pas à dormir... Je m’inquiète pour toi quand tu te mets dans ces états comme ça. » Je relevais le regard vers lui, partagée entre mes propres émotions. La frustration de ne pas être apte à faire quoi que ce soit seule, ou me mettre dans des états. J’ignorais ce qui me fâchait le plus. « Je ne suis pas une enfant. » lui disais-je finalement. Et puis, je me remettais à planer, les idées, ma tête et tout le reste. « Ça me fait vraiment mal de te voir dans cet état, mais je sais bien que je peux pas te changer. » « Je suis désolée. » lui avouais-je platement. Était-ce de vraies excuses ou simplement l’envie de passer à autre chose?  « Maisy, si je fais ça, c’est tout simplement que je tiens à toi. » J’aurais eu envie de lui dire que je savais, j’aurais eu envie de lui dire que ce n’était pas nécessaire. Je m’abstenais. « Tu peux dormir, tu vas être fatigué demain. Je dormirai plus tard. » lui mentais-je finalement. Enfin, techniquement, ce n’était pas totalement un mensonge. Je dormirais bien plus tard cet après-midi, mais pas cette nuit. Ce nouveau stimulant parcourait encore mon être tout entier.

S’il partait du principe que je ne répondais pas au téléphone, il s’inquièterait longtemps et surtout souvent. Je pouvais davantage me montrer active sur les médias sociaux que de prendre mon téléphone pour le faire. Je le regardais baisser les yeux en me disant qu’il avait fait tous les bars et les boîtes de Bowen et ça me faisait flipper d’un côté, mais je trouvais ça aussi très mignon... et je me méfiais aussi. Les gens n’étaient pas que des anges après tout! Il croyait néanmoins jamais me retrouvée et je lui adressais un sourire triste. « Désolée de t’avoir fait cette frayeur. » lui avouais-je simplement. Je n’avais plus l’habitude de faire des comptes rendus ou même aviser mes proches lorsque je sortais. Je croyais être suffisamment âgée pour bien vivre. « Oui en effet, je pourrais, mais le soucis c’est que je ne veux pas. » « Et pourquoi pas? » lui demandais-je toujours le regard perdu au travers de la fenêtre. Il m’expliquait ensuite qu’il comprenait que je n’étais plus une enfant. Il me demandait de l’écouter, mais dans un certain sens, cette envie me manquait un peu. Il voulait m’aider selon ses dires. Il me demandait de lui faire confiance. « Mais te faire confiance pour quoi exactement? » lui demandais-je un peu perdue. Il n’y avait pas de question de confiance, c’était simplement de l’indépendance. « Tant pis je serai fatigué, ce n’est pas bien grave, demain est une petite journée en général. » Je lui faisais un sourire un peu triste, un peu coupable un peu. « Tu peux te reposer, je te promets que je ne partirai pas. » lui soufflais-je finalement. Et c’était vrai, peut-être prendrais-je une douche, allais-je me laver les cheveux surement même. Je me changerais de vêtements, je banderais mes pieds avec peut-être une nouvelle injection. Je le regardais fixer le plafond. « Viens ici... » Sans même m’opposer, je me levais de mon perchoir pour aller le rejoindre sur le lit où je m’installais en tailleur. Je le regardais simplement. J’avais l’impression que les discussions sérieuses arrivaient et je n’aimais pas ça. Je ne supportais plus le sérieux depuis que j’avais quitté l’Angleterre. Viva la fiesta que les Australiens disaient – ou les mexicains, qu’importe...

« Je ne sais pas vraiment à vrai dire. » La cloche et l’idiot, voilà ce que nous étions à l’heure actuelle. Lui ignorait pourquoi il aurait pu me laisser comme ça et moi j’étais cloche de l’être tout simplement. Très peu valorisant pour l’égo, certes, mais au point où nous en étions. Il voulait que je m’ouvre à lui, que je me confie. Il me rappelait qu’il n’était pas là pour me juger et pourtant j’avais l’impression que c’était tout comme. Je me mordillais doucement les lèvres, un peu embêtée. « Mais tout va bien, Nate. » Est-ce que c’était mentir de dire que tout allait bien parce que la cocaïne existait? Il ne méritait pas ça, il ne méritait pas la déchéance la plus totale provenant de ma part. Je le regardais en me disant qu’il méritait beaucoup mieux qu’une vulgaire junkie. Je m’asseyais près de lui alors qu’il référait au coucher de soleil, ce qui m’arrachait un sourire malgré moi, malgré mes yeux creusés. Il questionnait néanmoins mon état actuel, auquel je n’avais pas vraiment de réponse si ce n’était qu’une addiction. « Parce que la vie est plus belle avec de la cocaïne. » C’était ça la vraie réponse, ça et l’addiction. L’envie de toujours en reprendre. « Tu mérites mieux que moi, Nate. » lui confiais-je finalement en toute honnêteté, le cœur emporté ailleurs par la coke. Je détournais le regard en me levant. Je prenais mon sac, prête à quitter cette chambre d’hôtel et je m’exécutais, pieds nus. Le laissant seul avec ses questionnements auxquels je ne voulais pas faire face. Je me rendais à l’accueil pour demander une chambre à mon tour avec ma carte de crédit et je m’enfermais dans une nouvelle chambre, comme Rapunzel du haut de sa tour sans trop savoir si Natanaël me suivait toujours, ce qui m’indifférait un peu, d’ailleurs. Je m’enfermais dans la chambre, puis je m’engouffrais dans la salle de bain pour pleurer. Pleurer la gentillesse de l’homme, pleurer mon addiction, pleurer tout ce que je pouvais pleurer. L’âme en peine, l’âme détruite. La cocaïne était un monde d’illusions et malgré tout ça, je ne demandais que solitude pour mieux me reconstruire. En attendant, j'avais peur.

Alors qu’il ouvrait la porte de la chambre, je me recroquevillais sur moi-même avec la crainte que ce soit quelqu’un d’autre. Que la police vienne m’arrêter pour mes actes illégaux et immoraux. Dès que je voyais son visage, j’étais plus ou moins rassurée poussant le nez contre moi-même. « Je veux juste être près de toi, tu n’as pas besoin de parler si tu ne veux pas. » Il devait avoir raison mais sa proximité me troublait beaucoup trop au travers de mes sanglots. Il restait assis sur la baignoire alors que je me levais, le visage détruit par les larmes pour mieux aller m’installer sur le lit. Je me frottais les pieds qui commençaient à me faire sentir la douleur pour mieux m’allonger. Je me sentais meurtrie. Avec difficulté, je relevais les couvertures du lit en silence pour mieux laisser le sommeil me pénétrer. Je soupirais, je pleurais quelques instants pour laisser place au silence total, si ce n’est qu’une respiration plus lente pour représenter mon sommeil. Je me réveillais quelques heures plus tard, il devait être autour de 5h30, la lumière à l’extérieur était perceptible. Je serrais mes jambes contre mon être. La cocaïne ne m’enivrait plus comme plus tôt, mes pieds me faisaient toujours mal. Je leur adressais un coup d’œil avec une grimace. Nate ne devait pas être bien loin et pourtant je n’éprouvais que culpabilité à son égard.