slowly drifting to you (juliet)

Alors que Nelligan aurait tout simplement pu les laisser manger et boire en paix, en parlant de choses futiles, en s’aimant tout simplement, il préféra poser la question qui le tracassait depuis le début de la déclaration d’amour de Juliet. Bon, cela ne remontait qu’à une heure à peine, mais Nelligan avait beaucoup réfléchi durant cet épisode de leur série télévisée fétiche. À tel point qu’il allait sans doute devoir réécouter l’émission pour comprendre l’évolution de l’histoire. Heureusement que ce n’était que vingt minutes et que les actions n’évoluaient que très lentement entre chaque épisode. Sinon, Juliet aurait bien vite remarqué l’absence d’esprit de Nelligan. Quoique, vues les circonstances, Juliet n’avait probablement pas tout suivi non plus. Ils étaient tous les deux sur leur petit nuage, et honnêtement, il aurait pu regarder les beaux yeux de sa nouvelle petite amie toute la nuit, si cela n’avait pas été trop bizarre comme comportement. Bref, Juliet répondit finalement à la question existentielle de Nelligan, à savoir depuis combien de temps elle éprouvait ces sentiments à son égard. Il hocha la tête en apprenant que c’était depuis son histoire avec Lola. De nombreux mois déjà, donc. Puis, à la fin de son discours, Nelligan fronça les sourcils. « Mais pourquoi ne jamais me l’avoir dit ? Juliet, tu es une femme exceptionnelle … une des meilleures personnes que je connaisse … N’importe qui tomberait amoureux de toi. Jamais je n’aurais fait exception à cette règle. » Depuis tant d’années, je tournais en rond à chercher la femme de ma vie, à chercher celle qui ferait battre mon cœur comme jamais il ne s’était débattu dans ma poitrine auparavant. J’étais resté accroché à Lily-Anaëlle parce qu’elle était la seule à alimenter mon espoir, la seule à ne pas me donner l’impression de tout foirer, de tout gâcher. Cependant, pendant tout ce temps-là, celle qui me faisait sentir le plus confortable et le plus normal était juste à côté de moi, constamment sous mes yeux. Juliet, ma meilleure amie, était celle qui me ferait oublier tout le reste. La rouquine lui avoua qu’elle n’aura jamais pensé qu’il puisse ressentir quoi que ce soit, à cause de Lily-Anaëlle. Nelligan baissa les yeux, hochant la tête. Puis il inspira profondément et regarda la jeune femme de nouveau. « Je comprends. Tu sais … Lily-Anaëlle aura toujours une place importante dans ma vie, même si ce ne sera peut-être plus que dans mon passé … Nous avons vécu tellement de choses, ensemble. Certaines heureuses, d’autres beaucoup moins. Tu sais tout ça, je t’ai cassé les oreilles avec elle, et je m’en excuse maintenant que je sais … que je sais ce que tu ressentais pour moi. » Il sourit, timidement, avant de reprendre, prenant les mains de Juliet dans les siennes. « Mais maintenant je sais qu’elle et moi, c’est de l’histoire ancienne. Elle est avec Zach, elle regarde vers l’avant avec lui et … il est temps que je fasse la même chose de mon côté. Et y’a qu’avec toi que je voudrais tourner la page. Y’a qu’avec toi que je veux débuter un nouveau chapitre. » Avoua-t-il, en toute sincérité.

Les comparaisons que donnaient Juliet à Nelligan faisaient sourire ce dernier. Il n’arrivait toujours pas à croire le temps qu’ils avaient mis tous les deux avant de se trouver. Avant de véritablement se trouver, comme ils devaient le faire. Ils avaient suivi des chemins parfois différents, parfois le même, sans pour autant se rendre compte que c’était côte à côte pour toujours qu’ils devaient avancer. Sans plus jamais dévier de cette route comme ils l’avaient fait tant de fois depuis leur rencontre, espérant sans cesse trouver l’amour ailleurs. Mais l’amour était ici, dans cette pièce. Il s’était certes développé dans l’ancienne chambre de l’homme, mais c’était dans celle-ci qu’ils créeraient de nouveaux souvenirs. Leurs plus beaux souvenirs. « Juliet … pleurs pas ...» Avait lâché Nelligan alors que les larmes coulaient le long des joues de Juliet. Il lui sourit faiblement, doucement, tendrement, relevant la tête de la jeune femme avec son doigt sous son menton. Il planta son regard dans le sien, rapprochant son visage jusqu’à ce que leurs fronts se touchent. Il ferma les yeux. « Ce qu’on a construit est trop fort pour que n’importe quelle tempête nous fasse nous envoler l’un loin de l’autre. » Déclara-t-il, avant de se détacher légèrement d’elle, même si leurs jambes se touchaient encore sur le lit. « Et tu ne seras plus jamais dans l’ombre, ma Juliet, je te le promets. T’auras toujours ta place à côté de moi. C’est avec toi que j’ai de mes plus beaux souvenirs, et je suis certain que de nombreux autres nous attendent encore. » Il sourit, séchant ses larmes en lui souriant doucement. Elle lui révéla alors avoir confiance en lui sans même avoir besoin d’essayer, parce qu’il était ancré en son cœur. Du moins, c’était ce que son geste laissait croire. Nelligan vivait un moment tellement riche en émotions, présentement. Il y avait longtemps que son cœur n’avait pas été autant chamboulé. « J’me sens tellement plus léger, là, enfin. » Comme si l’amour de Juliet avait pansé toutes les blessures du cœur de Nelligan, en de simples baisers. S’il avait su plus tôt que c’était tout ce qu’il fallait pour qu’il soit enfin heureux, libéré de ses tourments. Il espérait que ce n’était pas que la surprise du moment, la nouveauté de leur relation. Il espérait que demain matin, Nelligan se sentirait tout aussi haut dans les nuages. « C’est ma sœur qui sera contente, en tout cas. » Mentionna le jeune homme en rigolant, pensant déjà à la réaction qu’aurait Lexi en apprenant que son frère et sa meilleure amie étaient ensemble. Enfin réunis.

Il secoua la tête quand Juliet lui parla de ses regrets, de ne pas avoir su lui dire plus tôt, de ne pas avoir ouvert les yeux avant maintenant. Lui aussi aurait préféré s’éviter toutes ses peines de cœur, lui aussi aurait préféré comprendre plus rapidement que sa meilleure amie était en fait bien plus que cela ; ça lui aurait évité bien des tracas. Toutefois, maintenant, ils s’étaient trouvés, et c’était la seule chose qui importait, au final. « On a encore toute une vie devant nous, Jules. » Avait dit Nelligan d’un ton doux, serein. Il souriait, parce que ses paroles lui faisaient comprendre qu’il n’avait pas peur de mettre des mots, de mettre une durée sur cette idylle qui deviendrait peut-être sa plus belle histoire d’amour. Celle qu’il pourrait raconter à ses enfants, car l’autre protagoniste serait leur mère. Nelligan n’osait pas encore laisser ses pensées vagabonder aussi loin, mais une chose était certaine : Juliet et lui, c’était peut-être impulsif au premier coup d’œil, mais au fond, ce ne l’était pas réellement. Ils se connaissaient mieux que n’importe qui. Ils savaient comment gérer l’autre. Ils avaient déjà passé de nombreuses journées ensemble sans se quitter. Ils savaient ce que c’était que d’être l’un avec l’autre. Maintenant, il ne suffisait qu’à continuer sur cette voie, avec un peu plus de sentiments et de caresses qu’auparavant. Ça lui semblait être plutôt pas mal, comme avenue. Alors que Nelligan parlait de sa sœur, Juliet s’allongea de nouveau sur lui, glissant ses lèvres dans son cou et disant qu’elle se ferait une joie de le lui annoncer. À ce moment-là, alors que Juliet caressait Nelligan sous son chandail et le couvrait de baiser, le jeune homme avait tout sauf envie de penser à sa sœur. Elle pouvait bien attendre dans un petit coin de sa tête ; là, c’était Juliet qui prenait toute la place, qui le rendait fou, dans le sens le plus positif du terme. Il laissait ses mains parcourir le corps de la jeune femme, redécouvrait sa peau d’une toute autre façon. Nelligan laissait la passion prendre le contrôle sur lui, car il désirait s’abandonner à elle, et elle à lui. Le trentenaire n’aurait pas insisté ou forcé la chose si Juliet avait préféré vivre une soirée tranquille, à un rythme plus lent, mais puisque le désir semblait s’être emparée d’elle aussi, Nelligan ne combattit pas. Il la laissa faire monter sa soif d’elle, et il entreprit de faire monter l’excitation de Juliet aussi, ne respectant plus les barrières de ses vêtements, les retirant même dès que sa position le lui permettait. Nelligan avait envie de Juliet plus que jamais, et maintenant que son corps chaud et nu était plaqué contre le sien, il ne pouvait croire qu’il avait pu être aussi aveugle, aussi longtemps.

Corps nu contre corps nu, ils se regardaient, les yeux brillants de passion et de tendresse. Le cœur de Nelligan battait tellement vite, comme le rythme d’une chanson tube de l’été, et comme de fait il avait l’impression que tout son corps voulait y danser en harmonie avec celui de Juliet. Alors, quand elle lui dit qu’ils s’appartenaient l’un à l’autre et que plus jamais ils ne se quitteraient, Nelligan sentit le courant électrique le traverser, à son apogée de désir envers Juliet. « Pour toujours. » Murmura Nelligan, comme pour compléter les paroles de sa Juliet. Puis, leurs corps ne firent qu’un, tout comme leurs cœurs, tout comme leurs esprits. Nelligan et Juliet valsait sur cette même longueur d’ondes qu’ils avaient mis trop de temps à trouver. Maintenant, ils ne s’en écarteraient plus jamais. Il le savait. Il le sentait. Juliet était tout ce qu’il avait toujours attendu. Un mélange de force, de douceur, d’humour, de tendresse. Et ils partageaient les mêmes intérêts, les mêmes passions. Ils s’intéressaient l’un à l’autre, aux projets de vie qu’ils mettaient de l’avant. Pour la première fois de sa vie amoureuse, Nelligan avait l’impression de former une équipe avec elle, pas d’être dans des camps adversaires, toujours tiraillés entre tout. Ils désiraient la même chose, et ensemble. Le jeune homme s’abandonna donc complètement à ce moment d’intimité certes inattendu, mais ô combien le bienvenue. Alors que sa vie lui avait semblé être un chaos durant les derniers mois, maintenant, tout devenait si clair. Il fit l’amour à Juliet avec toute la passion, toute l’attention et tout l’amour qu’il lui restait. Ce n’était peut-être pas beaucoup, mais il donnait tout ce qu’il avait à donner. Peu à peu, Juliet le reconstruirait. Ensemble, ils se répareraient. Quand Juliet poussa son dernier soupir et que Nelligan avait déjà atteint son plus haut point de plaisir, il laissa le corps de Juliet reprendre des forces, après cette passion inégalée. Il se coucha à côté d’elle, un drap jusqu’à leurs hanches. Le regard plongé dans le sien, il souriait. « Il n’y a rien que je désire que je n’aie pas déjà, là, maintenant. Avec toi. Ce moment, Juliet, il est … parfait. » Elle, elle était parfaite. Pour lui. Pour eux.

Pour compléter les paroles de Nelligan, Juliet ajouta que ce moment était magique, inoubliable. Il venait de la combler et de la persuader qu’elle était indéniablement amoureuse de lui. Dans sa tête et dans son cœur à lui aussi, ce sentiment faisait son bout de chemin. Sa grande ligne droite, même, en sprint. Comme si toute sa vie, Nelligan avait tenté de trouver ce second souffle dont parlent tant les coureurs. Ce second souffle qui leur permet de donner tous les efforts restants afin de les mener jusqu’à la ligne d’arrivée. Sa ligne d’arrivée à lui, c’était une fin de vie aux côtés de Juliet, après un long trajet qu’ils auraient franchi ensemble, à la marche ou à la course, peu importe, tant et aussi longtemps qu’ils avançaient. Toutefois, toujours prisonnier de son tourbillon d’émotions, celles du passé et celles du présent, Nelligan ne voulait pas tout précipiter en avouant son amour pour Juliet, même s’il le sentait grandissant à chaque seconde qui passait. Peut-être serait-ce demain matin, ou dans les prochains jours, la semaine prochaine ou le mois prochain, qui sait, mais Nelligan était persuadé qu’il ressentirait bientôt cette envie irrévocable de lui crier son amour. « Je ne l’oublierai jamais non plus. » Déclara-t-il d’un ton rêveur, même déjà nostalgique de cette première fois si unique entre eux. Il entoura le corps de Juliet de ses bras une fois qu’elle fut redressée, lui laissant juste assez de liberté pour qu’elle attrape une bouchée pour elle, et une pour lui, qu’elle glissa dans sa bouche. Sa bouchée à moitié avalée, Nelligan lança un « Merci ! » peu compréhensible avant de rigoler. Puis, Juliet lâcha un bâillement témoignant de son épuisement. Il était vrai que cette soirée avait été chargée en nouveautés et en émotions. Le jeune homme ne pouvait cacher que lui aussi avait l’esprit qui commençait à s’éteindre. « Est-ce que tu veux qu’on dorme ? Ou qu’on aille se laver avant de se mettre au lit ? » Proposa Nelligan, priant de toutes ses forces pour que, si la deuxième option était sélectionnée, ses colocataires ne reviendraient pas à ce moment précis.