fire, fire -r.

Aisling se contenta d’acquiescer d'un signe de tête quand il lui dit qu'on vivait avec. Elle n'en doutait pas. Après tout, l'être humain savait s'adapter à pas mal de situations, c'était certainement pour ça que l'espèce n'était pas encore éteinte.

-Ce n'était pas trop embêtant pour le sport ? Moi j'ai pu me faire dispenser de tout ce qui était course.

Elle parlait rarement de ça et elle n'avait d'ailleurs pas l'intention de s'étendre sur le sujet mais elle avait comme l'impression qu'ils pouvaient un peu se comprendre sur certains sujets. Elle pourrait même peut-être le réconforter un peu.
A son défi, Aisling fit de gros yeux. Elle était sûrement bien incapable de trouver quelque chose sur lui, elle ne savait même pas où chercher.

-Hum, eh bien...

Elle n'allait pourtant pas renoncer si facilement, elle allait au moins tenter.

-Tu as un chat.

Pourquoi pas ? C'était moins improbable que quelque chose sur des potentiels frères ou sœurs.
Le serveur revint assez rapidement, étonnamment, avec leurs plats. Aisling, enchanté, commença par se jeter sur le sien, et ce même si elle se doutait bien qu'elle ne le finirait pas.

Tu aurais aimé, tu avais rêvé chaque fois d'être mis sur le côté en entendant que tu étais dispensé de sport, que tu pouvais te poser dans un coin et ne rien faire pendant deux heures. A l'époque tu étais un garçon assez timide, assez réservé et tu te serais bien passé de toutes les moqueries, de toutes les blagues sur toi des gens qui ne comprenaient pas ce que tu vivais. Des gens qui pensaient que tout n'était que cinéma pour faire l'intéressant.  Si seulement.. « J'étais pas très rapide et c'était compliqué mais ils ne considèrent pas ça comme une vraie maladie, ni comme une gène donc pas de dispense. » Tu haussais doucement les épaules, trouvant toujours ça stupide au fur et à mesure que tu le racontais. Pourtant les TOC sont des troubles du comportement, pour toi c'était une vraie maladie, tu ne prenais pas de plaisir à compter tes pas, tu le faisais parce que tu étais obligé. Maintenant ce chapitre était bien loin derrière toi et tu préférais l'oublier. « Pourquoi t'as été épargnée toi ? » demandais-tu en fronçant les sourcils. Elle paraissait en bonne santé, elle ne t'avait pas donné l'impression d'avoir un quelconque problème si ce n'est son poids, mais en soi, ça ne devait pas être suffisant. Peut-être qu'elle était une très bonne malade, du genre de ceux capable d'augmenter la température de leur corps, de devenir pâle et de vraiment donner l'impression d'être malade. Tu le saurais bien assez vite si elle acceptait de t'en dire toujours plus sur elle. Après tout elle pourrait se sentir trop questionnée et décider d'y mettre un hola. En attendant tu la regardais prendre un air pensif, cherchant quelque chose sur toi, mettant le doigt à côté de la plaque. Tu n'avais pas pu t'empêcher de rire, parce que c'était le genre d'affirmation à laquelle tu t'attendais mais complètement fausse. « Dommage, j'en suis allergique ! » C'était bien connu, enfin tu ne savais pas si c'était une règle prouvé, mais beaucoup de personnes dans ton entourage étaient allergiques aux chats ou aux chiens, toi c'était juste les chats. Tu ignorais la cause de tout ça, mais si tu étais en contact, tu gonflais, devenant rouge pouvant aller jusqu'aux troubles respiratoires. Si elle te voulait du mal, elle avait les moyens maintenant de te torturer. « Bon appétit ! » ajoutais-tu dans un français qui t'était propre, avec ton petit accent de québécois, n'attendant pas forcément à ce qu'elle comprenne mais si elle était maligne, avec l'arrivée des plats ça ne pouvait pas vouloir dire beaucoup de choses. Toi au moins, tu avais un sourire sur le visage, regardant ton plat, prêt à le déguster.

Aisling arqua un sourcil, surprise, quand il lui déclara qu’ils ne considéraient pas ça comme une réelle maladie. Elle avait du mal à concevoir qu’un TOC ne puisse pas faire l’objet d’un certificat médical ou du moins d’une certaine compréhension de la part d’un professeur. Enfin, les professeurs de sport, il y en avait des biens cons parfois, on ne pouvait pas nier ça. A leur décharge, il devait y avoir tellement d’élèves qui essayaient de se faire dispenser tout le temps pour des raisons bidons… Mais enfin, i ne fallait pas plus d’une séance pour voir qu’un TOC n’était pas une raison bidon.

-C’est stupide… Ce n’est pas parce que c’est psychologique que ce n’est pas une vraie maladie.

Autrefois, les maladies psychologiques telles que les TOC n’étaient pas bien reconnues, heureusement cette tendance commençait à changer. La société évoluait en bien, parfois. A sa question, qui était pourtant bien légitime en vue de la déclaration qu’elle venait de faire, Aisling fut un peu mal à l’aise. Elle n’aimait parler de ça. C’était quelque chose que très peu de gens savaient et elle aurait préféré que ça reste ainsi. Mais il lui avait parlé de ses TOC, alors il avait le droit de savoir pour ça aussi. Donnant-donnant.

-J’ai des problèmes de poumons.

Enfin, tout cela n’était pas totalement avéré, disons que c’était assez compliqué mais elle n’avait pas envie de s’étaler là-dessus.
Quand son affirmation tomba à côté de la plaque, Aisling fit une petite moue. Il était allergique aux animaux en plus de tous ses TOC ? C’est que la nature ne l’avait pas gâté…

-Allergique, carrément ? Mais dis-moi, t’as des avantages dans la vie ou c’est comment ?

Non parce que là, elle était à deux doigts de lui demander s’il n’avait pas des cas de cancers dans sa famille. Bon, avoir des TOC et être allergique aux poils de certains animaux, ce n’était pas la fin du monde en soit, mais au quotidien ça devait tout de même être assez handicapant. Lorsque le plat arriva, il lui souhaita un bon appétit, en français, ce qui eut pour effet de la faire sourire. Il avait un accent qu’elle trouvait assez étrange, sa mère ne prenait pas celui-là quand elle lui parlait en français, tentant de lui apprendre un peu les bases de la langue. Mais elle se souvient s’être déjà fait la remarque la première fois qu’ils s’étaient vu et qu’il avait utilisé des mots qui lui étaient inconnus.

-Merci.

La blonde avait répliqué dans la même langue, commençant à dévorer sa nourriture, toute contente de ce qu’elle avait commandé.

-Tu manges souvent asiatique ?

Elle oui, elle passait son temps à commander de la nourriture, alors certes parfois c’était moins sain, mais il y avait des jours où elle essayait d’être raisonnable, dans sa flemme de cuisiner.

Elle semblait surprise de cette nouvelle pourtant tu n'inventais rien. Au Québec, ils n'avaient rien voulu entendre. Peut-être qu'aujourd'hui les choses avaient évolués, mais tu avais aussi appris à vivre avec, choisissant d'exercer un métier dans lequel tu pourrais t'acclimater sans grande difficultés. Après tout, tu n'avais pas fait de grandes études, tu n'avais que ton piano. Tu pourrais être artiste de nuit, mais tu avais réussi l'entretien pour être facteur. Tu aurais aussi pu être serveur, vu que tu l'avais pratiqué dans pas mal d'autres pays. « Si tu peux faire rentrer ça dans la tête d'un médecin alors je te lèves mon chapeau ! » Tu lui fis un grand sourire. « Oh.. Rien de grave ? » demandais-tu un peu surpris. En apparence elle avait l'air si normale, alors qu'au fond derrière tout ça se cachait un problème assez important puisqu'il touchait les poumons. Tu pensais à Théia et son problème de coeur, qui ne se voyait pas plus que celui d'Aisling. « J'ai un beau sourire, ça compte ? Et je sais jouer du piano, en plus d'être un bon cuisinier. » Elle marquait un point, depuis que tu lui parlais de toi tu ne faisais que dénoter les points négatifs. Mais ça ne suffisait pas à faire de toi l'homme que tu étais. Tu avais des qualités, tu étais un grand voyageur, tu avais la main sur le coeur et tu étais prêt à venir en aide à quiconque. Tu étais aussi un clown, toujours à taquiner les autres, à faire des petites blagues. Tu ne te prenais pas la tête et vivait simplement. Mais ça c'était plus quelque chose qui se ressentait, tu ne pouvais pas mettre des mots sur tout ça parce que tu avais du mal à montrer tes émotions, du mal à les exprimer clairement. « A vrai dire je m'occupes souvent de mes repas, comme je te l'ai dit, je sais cuisiner, donc je manges très rarement à l'extérieur. Et toi ? » Il était vraiment rare que tu commandes à manger, ça devait arriver une fois de temps en temps quand tu avais envie d'une bonne pizza et de ne pas te prendre la tête à la faire toi-même de A à Z. Mais sinon, tu prenais un réel plaisir à te mettre derrière les fourneaux, pour réaliser des recettes que tu avais appris lors de tes voyages. Pour te rappeler le goût de tes aventures.

Aisling lui fit un petit sourire à sa réponse concernant le médecin. Elle compatissait réellement. Ca devait déjà être difficile à vivre d'être différent des autres, mais si en plus on ne lui facilitait pas la vie...

-J'essaierais.

Quand il lui demanda si ce n'était rien de grave, pour ses poumons, Aisling se contenta tout d'abord d'un haussement d'épaule. Elle n'aimait pas parler de ça, et même s'il ne semblait pas vouloir insister plus que ça, ça la dérangeait. Surtout que ses problèmes de poumons comportaient beaucoup d'incertitudes, incertitude qu'elle préférait garder plutôt que de confirmer qu'elle avait un réel problème, ou pas du tout en fait.

-Difficile à dire, pour l'instant non.

A l'entente de ses qualités, Aisling prit mine de réfléchir pour savoir si elle allait les valider ou non. A vrai dire, il avait réussi à toucher la corde sensible.

-Tu me fais penser à ma mère.

Ses mots étaient venus tellement spontanément qu'elle n'avait même pas penser à comment il allait les interpréter. Enfin, elle y pensait déjà rarement, mais aujourd'hui encore moins.

-Enfin, dans le bon sens du terme. J'veux dire, elle joue super bien du piano, et mon père de la guitare. Et elle est douée en cuisine aussi. Elle est un peu tout ce que je ne suis pas.

Elle ne savait pas pourquoi elle était devenue comme ça, pourquoi elle avait prit le contre pied de sa mère, elle qui avait toujours été la douceur et la gentillesse incarnée, elle qui était un peu artiste et qui faisait toujours de son mieux pour tenir la maison aussi bien que possible. Et avec le mari et les enfants qu'elle avait, c'était pas gagné.

Sans vraiment savoir pourquoi, elle esquissa un sourire quand il lui dit qu'il mangeait rarement à l'extérieur. Il faisait vraiment petit ménager parfait, un vrai homme à marier, ou à exploiter du moins.

-Je passe mon temps à commander. Je suis une bite en cuisine.

Elle savait faire des pâtes, elle trouvait déjà que ce n'était pas si mal. Mais sinon clairement elle passait plutôt son temps à commander. Parce que rien que bouger ses fesses pour se rendre dans un quelconque restaurant la faisait chier. Le seul repas plus ou moins équilibré était celui du restaurant universitaire le midi.

Tu l'imaginais déjà aller voir un médecin généraliste, le menaçant de lui casser les dents s'ils continuaient tous de ne pas prendre en compte les TOC comme maladie vraiment sérieuse. Ils y en avait des plus graves que les tiens, tu en étais conscient, mais tout de même, le tien pouvait être assez handicapant parfois. Puis elle te parlait de sa santé, un problème de poumons, mais rien de grave, tu te sentais soulagé. Tu te serais trouvé mal si elle avait eu une quelconque détresse et que tu n'aurais pas su comment lui venir en aide. « Tant mieux alors ! » Tu affichais un fin sourire, mangeant un nem. Tu en déposais un dans son assiette, pour tenir ta promesse. « Oh ! » Tu esquissais un sourire, un peu surpris par cet élan de franchise. Tu étais rarement comparé à un autre adulte, parfois un frère ou un cousin mais c'était vraiment rare, alors une mère, jamais. Mais c'était quelque chose de délicat, quelque chose que tu trouvais gentil parce que sa manière de te raconter pourquoi lui donnait un côté plus doux, plus sensible. « Il doit bien y avoir un peu d'elle en toi. » Tu essayais de réfléchir pour toi, mais tu avais du mal à trouver quelque chose puisque toi-même tu ne connaissais pas ton père. Celui que tu pensais être ton père était en réalité ton grand-père donc tu nageais dans le flou de ce côté là. « Mais c'est parce que t'as pas envie de cuisiner ou parce que tu sais pas ? Si c'est le second, ça peut s'apprendre alors que si c'est la première raison, on pourra rien faire pour t'aider. » Après chacun était libre de manger comme il voulait, tu n'allais pas imposer à tout le monde de savoir cuisiner, ni même de cuisiner quelque chose chaque jour de la semaine. Toi quand tu étais vraiment fatigué, tu ne t'embêtais pas et tu commandais une pizza. Pourquoi s'embêter quand on pouvait être servi à domicile ?

Elle esquissa un petit sourire quand il sembla assez content que ce ne soit pas si grave. En même temps la réaction contraire aurait été étonnante. Aisling baissa les yeux vers son assiette quand elle le vit déposé un nem. C'est vrai qu'elle en avait très envie !

-Merci.

En contrepartie, elle déposa un de ses beignet tempura dans l'assiette de Cupidon. De toute façon, elle n'arriverait jamais à tout manger avec l'appétit de moineau qu'elle avait.
Cupidon ne sembla pas mal prendre la comparaison avec sa mère, ouf. A sa remarque, la blonde haussa doucement les épaules.

-Génétiquement, 50%, comme tout le monde.

Ce n'était pas une façon pour Aisling de renier sa mère, elle l'aimait beaucoup. Juste elles étaient toutes les deux très différentes. Peut-être parce qu'Aisling s'était efforcé durant toute sa vie d'être différente de sa mère, pour se démarquer, jusqu'à en être son exact opposé. Si elle allait voir un psy' il lui dirait certainement qu'elle faisait un espèce de complexe.
A sa question, la blonde fut bien obligée de réfléchir quelques minutes. Elle avait bien dû essayer de le faire correctement un jour dans sa vie avant de se dire que ce n'était définitivement pas pour elle. Ou alors c'était de la pure flemme et elle avait réussi à se convaincre qu'elle n'y arrivait pas ?

-En fait, je crois que j'ai essayé pendant un moment et que ça ne rendait jamais comme je voulais, alors j'ai arrêté d'essayer. C'est pas le genre de trucs pour lequel je suis très persévérante.

Au moins, elle pouvait être honnête sur la question.

Sans plus attendre tu avais pu l'écouter te faire une remarque sarcastique sur la génétique. Tu aurais pu te douter qu'elle te sortirait un truc dans le genre mais tu ne la connaissais pas suffisamment pour prévoir. Ça avait au moins eu le don de te faire rire. Elle était un peu bleue dans son genre. « Oui mais en dehors de ça, j'veux dire qu'il doit bien y avoir un truc un commun, peut-être que tu ne l'as juste pas encore trouvé. » Ou alors il n'y avait rien et était-ce vraiment un problème ? Devenons absolument ressembler à nos parents ? Tu n'en étais pas certain, sûrement parce que tu ne saurais jamais si tu ressembles à ton père. En tout cas, toi tu savais l'apprécier pour ce qu'elle était, elle était comme elle était, elle ne se contentait pas d'être l'ombre de ses parents et ça t'allait très bien même si elle avait un peu trop de caractère. « Peut-être que c'est pas ton truc finalement. » Après tout la cuisine demandait beaucoup de patience, d'envie et surtout de persévérance parce qu'il ne fallait pas se laisser abattre au premier échec. Tu en avais connu pas mal de ton côté, tu te rappelles de tes premiers "coq au vin" qui avaient eu des goûts infectes à cause du vin ou parce qu'ils avaient trop cuits. Pourtant aujourd'hui, après des trentaines d'essais, tu pouvais dire que tu maîtrisais assez bien cette recette. « Tu cales ? » demandais-tu en voyant qu'elle n'avait rien avalé depuis presque cinq minutes déjà. Tu refaisais un rapide compte dans ta tête pour essayer de te rappeler de ce qu'elle avait mangé, soit un nem et deux ou trois de ses beignets. Autant dire pas grand chose, mais au moins elle ne mentait pas quand elle disait qu'elle ne mangeait rien. Au moins elle devait être économique sur les livraisons, elle devait avoir de quoi faire trois repas avec une boîte de nouilles et des nems. Mais toi tu n'allais pas te priver, si elle avait fini, tu ne dirais pas non pour manger la fin de son plat, plus par gourmandise qu'autre chose mais tu n'en mangeais pas si souvent que tu pouvais bien en profiter et te faire péter le bide.

Aisling haussa doucement les épaules, ouais, il avait sûrement raison, ou peut-être juste qu'elle ne voulait pas le trouver. Parfois elle avait du mal à se comprendre elle-même. Il était possible qu’elle fasse une petite crise identitaire, ou quelque chose comme ça. Elle se contenta donc de hocher la tête à la remarque de Cupidon.
Elle esquissa un petit sourire alors qu’il lui disait que ce n’était peut-être pas son truc. On pouvait dire ça comme ça. Disons que la cuisine n’était pas quelque chose pour laquelle elle avait envie de se donner du mal.

-Tu as sûrement raison, il va falloir que j’embauche un cuisinier si je veux manger équilibré.

Elle n’avait pas vraiment les moyens, mais l’idée lui plaisait bien tout de même. Parce que pendant qu’il faisait à manger, elle pourrait mater les fesses du cuisinier en toute discrétion. Du coup faudrait qu’elle recrute sur le physique. C’était une idée à creuser.
Aisling s’était ensuite remise à manger, enfin, pas tant. En effet, elle avait mangé le nem que Cupidon lui avait laissé, ainsi que quelques beignets tempura mais il lui en restait encore quelques-uns dans son assiette. A sa question, elle leva les yeux vers lui en esquissant un petit sourire.

-Ouais. Finis si tu veux.

Elle n’avait pas l’intention de le ramener chez elle de toute façon et puis à ses yeux elle se doutait qu’il avait faim. En tout cas assez pour finir son assiette. Son regard dévia que l’extérieur, il faisait vraiment nuit.

-T’habite loin d’ici ?

Une question comme une autre dans la bouche d’Aisling.

« Bon courage alors ! » Tu l'imaginais déjà passer une annonce dans le petit journal. Tu te disais que ça demande serait bien particulière parce qu'il faudrait qu'il soit capable de cuisiner en quantité très très réduite. Ce n'était pas une mince affaire, après si c'était bien payé, il n'y aurait pas trop de difficulté pour la personne en question. Peut-être que tu pourrais l'aider dans sa découverte et dans son apprentissage, mais pour ça faudrait encore qu'elle te supporte parce qu'il serait évident que tu la ferais chier sans arrêt. « Merci. » Tu attrapais son assiette pour la terminer. Autant dire que tu avais un léger mal de ventre, mais rien qui ne sortait vraiment de l'ordinaire. Dans quelques minutes ça passerait, tu péterais à nouveau la forme et tout ça ne sera qu'un mauvais souvenir. « Pas très loin oui et toi ? » Simple question, simple réponse. Peut-être que ça avait un intérêt particulier, en ce qui te concernait tu ne pouvais pas trop dire. Puisque tu avais fini de manger, tu te levais rapidement pour aller au comptoir. « On y va ? » demandais-tu en revenant vers elle après avoir payé la note. Vous aviez fini, pas besoin de rester là plus longtemps que nécessaire. Après quant à savoir ce que vous alliez faire après ou si vos routes vont se séparer, ça restait encore à voir. Peut-être qu'elle en aurait assez vu ou appris sur toi pour la soirée et qu'elle voudrait y mettre fin. Pourtant, toi tu n'avais pas envie que ça s'arrête, pas maintenant. Elle n'est plus aussi froide, aussi méchante qu'elle avait pu l'être lors de votre dernière rencontre. Tu avais envie de te brûler les doigts, de jouer avec le feu alors une fois dehors tu t'approchais d'elle pour l'embrasser, priant pour qu'elle ne te frappe pas.

Aisling laissa Cupidon terminé son assiette et il n'eut pas l'air d'avoir beaucoup de mal à tout engloutir, pas comparé à elle en tout cas. Enfin en même temps, comparé à elle, même un bébé semblait manger beaucoup. Appétit d'Aisling était vraiment une catastrophe, peut-être qu'un jour il faudrait qu'elle consulte pour ça.

-Pas bien loin non plus. En même temps, cette ville n'est pas si grande que ça...

Comparé à la capitale qu'était Wellington en tout cas. Aisling avait parfois l'impression de tourner en rond, enfin, c'était exagéré mais tout de même. Bowen était loin d'être une ville très impressionnante.
Elle le regarda aller payer en fronçant les sourcils, est-ce qu'ils avaient convenus que c'était lui qui l'invitait parce qu'il avait perdu ? Elle se s'en souvenait plus vraiment, mais elle était presque sûre que ce n'était pas le cas.

-J'aurais pu payer ma part.

Aisling était un peu trop chiante pour se laisser inviter sans rien dire, même si sa situation financière n'était pas des plus aisée. Elle acquiesça d'un signe de tête alors qu'il proposait qu'ils s'en aillent. C'est vrai qu'ils n'allaient pas dormir ici, où qu'ils aillent.
Ils se levèrent donc et la blonde franchit le pas de la porte sans trop savoir si elle préférerait se rouler en boule dans son lit ou embêter encore un peu Cupidon. En sortant, elle allait se plaindre, parce qu'elle aimait beaucoup se plaindre, qu'il faisait froid mais il la coupa dans son élan. Elle fut surprise quelques secondes avant de lui rendre son baiser, de la proximité du mur pour le plaqué contre avec un petit sourire amusé.

-Et les baisers tu dois les faire pairs aussi ?

Elle semblait détachée, elle préférait ne pas perdre la face parce qu'elle avait été surprise par son geste. Elle ne s'avouait jamais faible, Aisling.

Elle marquait un point, la ville n'était pas grande, mais pourtant, on pouvait s'y perdre parce que certaines rues se ressemblaient tellement que ça pouvait porter à confusion. Tu avais connu des villes plus grandes où il était impossible de se perdre mais aussi des villages où tu arrivais aussi à te paumer parce qu'il n'y avait aucune organisation, aucune logique. A côté de ça, Bowen semblait être une ville assez normale après tout. Mais elle était assez grande pour que tu t'y sentes à ta place. Tu n'avais pas ce sentiment d'étouffer, de manquer d'air parce que tu voyais toujours la même chose. « Si ça t'gêne t'as qu'à m'rembourser ta part ! » Si elle n'était pas contente, elle pouvait toujours te donner la moitié de l'addition, tu n'y voyais pas d'inconvénient, mais vu ce qu'elle avait mangé, elle ne devrait même pas payer un cinquième de l'addition. D'ailleurs tu n'avais pas vraiment envie de te prendre la tête sur un sujet comme ça. On dit que les bons comptes font les bons amis, mais étiez-vous amis ? Tu ne saurais pas dire ce que vous étiez. Des connaissances, peut-être plus puisque tu avais fini par t'approcher d'elle pour l'embrasser et ça c'était passer tout en douceur, sans un cri, sans un coup mal placé. Toi-même tu avais été un peu surpris et quand le contact s'est rompu, tu retrouvais la Aisling que tu connaissais, un peu cassante, mais pas trop. « Un c'est bien, deux c'est mieux. » ajoutais-tu avec un sourire avant de glisser à nouveau ton visage prêt du sien. Le premier baiser s'était si bien passé, sûrement parce qu'elle ne s'y attendait pas, mais sa question laissait entendre qu'elle ne serait pas contre l'idée de remettre ça. Toi non plus d'ailleurs puisque tu l'embrassais à nouveau. « Et tu sais ce qu'on dit pour trois ? » demandais-tu en souriant.

Aisling hocha doucement la tête quand il lui dit qu'elle pouvait lui rembourser sa part. Si certaines ce serait offusquées, elle, elle était plutôt contente qu'il lui propose.

-Tu me donneras la note.

Les affaires sont les affaires comme on dit. Enfin, bref. La blonde se laissa embrasser. Elle eut un petit sourire quand il lui confia que deux baisers c'était mieux qu'un. Il la cherchait, elle le sentait. Mais elle n'avait pas l'intention de le repousser cette fois non plus, sinon elle se serait déjà éclipsée plus ou moins sournoisement. Elle n'était pas toujours si farouche qu'on pouvait le penser. Cupidon avait dû réussir à l'amadouer, contrairement à l'ange avec des ailes qui pouvaient toujours bien courir pour lui tirer une flèche dans le cœur. Doucement, elle glissa une main dans ses cheveux alors qu'il l'embrassait de nouveau.

-Jamais deux sans trois, non ?

Elle eut un sourire taquin avant de s'enfuir d'entre ses doigts.

-Il fait un peu froid dehors.

Tu lui glisserais la note plus tard, à ce moment là, tu avais autre chose en tête. Tu avais envie d'Aisling, sa façon d'être, de te regarder, de te parler, elle te donnait envie. D'autant plus qu'elle ne te repoussait pas. Elle glissait une main dans tes cheveux et un frisson te parcourait le corps. Ton regard se posait dans le sien le temps de ta question. Sa réponse ne tardait pas à se faire entendre. « Aussi. Mais à trois c'est chez moi. » lançais-tu avec un petit sourire narquois. Tu n'avais pas vraiment eu d'idée pour celui-là. Autant le premier avait été facile, mais pour le trois, tu n'avais pas cherché une longue liste de mot terminant par le son "-oi" qui auraient pu être rigolos à insérer. Tu avais eu courtois en tête mais tu ne voyais pas en quoi un baiser pouvait l'être. Ton sourire s'effaçait à mesure que tu approchais ton visage du sien pour lui prendre ce troisième baiser. Tu te sentais bien à ce moment là, tu te sentais en confiance, tu avais envie de l'aimer pour une nuit. « Un taxi va bientôt arriver. » Tu aimais la technologie, avec le lancement d'Uber, il était assez facile de se faire ramener chez soi. D'ailleurs tu ne savais même pas si elle avait une voiture et si elle voulait rentrer chez elle comme ça. Tu laissais ça de côté, retirant ta veste pour la lui poser sur les épaules. Après tout elle venait de te dire clairement qu'elle avait froid.

Aisling eut un petit sourire à la réponse de Cupidon. Pourquoi pas. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la blonde ne couchait pas avec n'importe qui. Et avant cette soirée, elle n'aurait même pas imaginer l'éventualité de lui laisser faire ce genre de choses.

-C'est une idée intéressante.

Elle ne disait pas non, au fond il avait déjà gagné. Si on partait de l'hypothèse qu'ils avaient été en compétition, mais sur ce coup là, contrairement au billard, c'était pas le cas. Néanmoins, à l'annonce du taxi, Aisling arqua un sourcil, surprise.

-Tu sais, je peux marcher.

Elle n'était pas du genre à jeter l'argent par les fenêtres et même s'il lui arrivait d'être flemmarde sur les bords, elle pouvait prendre sur elle. Elle ne put qu'esquisser un sourire quand il lui mit sa veste sur les épaules. Elle ne pouvait nier que c'était délicat de sa part.

-C'est toi qui va avoir froid maintenant.