And you gonna let it burn ¤ Chase

En temps normal, j’suis toujours le premier à être enchanté d’être dans des bars de strip-tease, faut dire que j’en connais quelques unes personnellement si j’peux dire... Avec Josh, on avait les habitudes de rôder partout dans Bowen où il pouvait y avoir de la minette. En revanche, je détestais les feux dans les clubs de strip-tease... Une alarme, un appel placé et on partait en cavale à l’intérieur de l’immeuble où on trouvait un rideau enflammé. Rien de bien affolant à la base jusqu’à ce qu’il grossisse, bien évidemment. Mes collègues commençaient à éteindre le feu de leur côté et sécuriser le périmètre. De mon côté, je m’enfonçais dans toutes les petites salles en alertant les derniers gens présents. Puis, j’tombais sur une blonde qui gueulait littéralement sur un dénommé Buddy. « Mademoiselle, 'faut évacuer. » lui rappelais-je alors que je prenais en parti l’homme sur moi avec l’extincteur. J’éteignais ce qui s’approchait dangereusement de nous et je ne refusais pas l’aide de ... wait, what? Charley Hawkes?! J’échappais un sourire et je trouvais tout de même un moment pour la reluquer. « Sérieux, Hawkes? » Putain... Elle qui était la policière la plus canon avec qui j’avais travaillé en collaboration à Bowen alors que j’étais à Sydney... Elle qui connaissait Joshua et qui était attriquée comme... Une demi strip-teaseuse? J’allais quand même pas lui faire la morale, mais la connaissant je reluquais son derrière avec amusement. «  J’me demandais où t’étais passée et surtout, ce fessier d’enfer... » J’rigole doucement dans ma barbe alors que j’tapote les joues du dénommé Buddy pour tenter de le réveiller, il semble toujours inconscient. « Allez, faut sortir maintenant. » confiais-je à Charley.

« Je vais t’en coller une, tu le sais ça? » « J’suis sensé te payer pour que tu te déshabilles, pas que tu me gifles. » Je lève les yeux vers le ciel alors que je fronce les sourcils. « À moins que ce soit pour une enquête? » que j’lui demande en continuant un fin sourire aux lèvres. J’étais effectivement prêt à payer très cher pour voir la peau de la blonde. Avec son tempérament de feu, je ne tardais pas à porter le dit balourd pour le sortir. Elle refusait toute aide pour qu’on l’examine. « Tu sais que ce sont les procédures qu’on t’examine? » que j’lui lance en levant les yeux au ciel. « Chase Fawkes, ici à Bowen, si je m’y étais attendue, je t’aurais invité à boire un verre plutôt que de te retrouver dans un strip-club en flammes! » « Allez viens-là. » Je la levais pour la serrer quelques secondes contre moi pour mieux la remettre sur ses pieds. « Tu me laisserais t’examiner si je louche pas trop? » que je lui demande avec un demi sourire aux lèvres. « Et m’inviter à boire un verre? T’as pas encore compris que les femmes ne payent pas leurs verres avec moi... Et si t’es sympa et que tu m’laisses t’examiner, je termine mon quart et je t’emmène boire après, belle blonde. » Je lui adressais un clin d’œil alors qu’elle dévisageait toujours cet uniforme qui faisait des ravages. Plus j’y pensais et plus j’me disais que j’devrais porter ça en permanence.

« Fais pas ce genre de promesses! Depuis que t’es tombé sur mon derrière dans cette salle, on dirait que t’es atteint de strabisme! » Je pouffais de rire et je levais les yeux au ciel. « Et tu vas me faire croire que tu jouais à la Sainte Vierge dans ce club de strip-tease? Surtout dans cet accoutrement... Laisse mon strabisme tranquille, belle blonde. » Je lui adressais un clin d’œil moqueur. Évidemment que j’allais observer, je n’allais pas toucher – enfin si, professionnellement parlant seulement. Et j’devais pas être le seul à reluquer Hawkes. Alors qu’elle refusait de se faire examiner, elle se mettait à tousser et je levais les yeux au ciel. Évidemment qu’elle va se faire examiner. Elle acceptait finalement à deux conditions en mettant son doigt sur mon torse. Elle ne voulait pas que je touche à sa poitrine avec autre chose qu’un stéthoscope. Je levais les yeux au ciel. « Sérieux? J’ai quand même de l’éthique. J’regarde, mais je touche pas volontairement. À moins que tu me fasses une crise cardiaque, je compte te réanimer parce que t’es quand même sympa. » Puis la deuxième condition me semblait être une concession évidente. Je me serais vêtu en civil de toute façon. « T’inquiètes pour l’uniforme. Si t’es sympa, j’te ferai peut-être même un strip-tease... Oh wait, la boîte vient de brûler. » J’ris doucement à ma propre blague et je reprends du sérieux. « J’accepte. » On s’assoyait pas trop loin du lieu de l’incendie. J’allais donc chercher les instruments nécessaires pour l’examiner et notamment prendre sa pression, écouter son cœur et prendre ses signes vitaux. « T’es brûlée quelque part? T’as mal? » lui demandais-je, attentif à m’exécuter selon ses réponses.

« Fawkes, je suis serveuse. » Oups. Je la voyais déjà prendre la mouche. Je gardais un petit sourire aux lèvres, légèrement moqueur. « Et un café bien banal, ça ne te disait rien ? » lui demandais-je sans même m’excuser de cette grossière erreur. Néanmoins, ça m’amusait : surtout que c’était à cause de Charley. Pour n’importe qui d’autres, j’aurais présenté mes excuses, mais pas là. Elle ne tardait pas non plus à me qualifier de trop aimable avec toute cette histoire. « Mais tu sais, le strip-tease, je le ferais pas pour les yeux des autres, j’les ferais pour les tiens. » Je lui adressais un clin d’œil qui se voulait enjôleur. Je n’étais pas très doué en danse, mais je trouverais bien le moyen de bouger lascivement le bassin, ça ne devait pas être très compliqué... Enfin, ce n’était pas dit qu’elle accepterait, parce qu’évidemment je ne fais pas ça en public. En attendant, nous nous installions pour l’ausculter. À mon questionnement, elle ne réclamait que de l’eau. J’opinais et je me levais pour lui en ramener deux. L’habitude d’en garder dans tous les camions était toujours très bonne. « Tiens. » lui dis-je en la lui tendant toujours en gardant un œil bienveillant sur elle. Avec sa tâche sur le visage, j’échappais un sourire et je ne tardais pas à la lui essuyer d’un pouce bien adroit. Elle me proposait le Coconut’s de la plage après mon service. Je hochais la tête positivement. « Je t’y retrouve dans deux heures après mes rapports. » Après m’être assuré qu’elle soit entre de bonnes mains, je la laissais repartir vers de nouvelles aventures. De mon côté, je m’installais dans le camion pour commencer les rapports après avoir aidé mes collègues à sécuriser le périmètre et pris en charge la situation.

Après ce quart de travail, je retournais chez moi. Je prenais une douche pour mieux me préparer à cette soirée. Je rejoignais Hawkes au Coconut’s comme convenu à deux heures tapantes plus tard. J’étais à l’heure et je la retrouvais déjà au bar. Je posais rapidement un baiser de politesse sur sa joue pour mieux m’installer près d’elle. « Toujours secouée ? » lui demandais-je sagement en commandant deux verres, un cocktail pour elle et une bière pour moi. J’savais que les femmes adoraient ce genre de choses. « J’ai entendu dire que ton patron s’en sortira sans trop de séquelles. Une bonne nouvelle, j’imagine ? » lui demandais-je, clairement intrigué par toute la situation.

« Marché conclu! » C’était comme ça que ça s’était terminé parce que je savais qu’elle avait sans doute accepté intérieurement. Le Coconut’s était un endroit parfait pour la suite des choses. « Après quelques verres, j’y penserai même plus. » « Moi non plus. » mentais-je finalement assuré. La mémoire eidétique a bien des points positifs, mais apporte également son lot de mauvaises choses. Je me souvenais de chaque visage, de chaque incendie, de chaque victime qui se tramait jusqu’à très tard dans la nuit dans l’espace de ma mémoire. Elle répondait positivement à la question comme quoi son employeur irait bien. « Heureux de voir que ce n’est pas un abruti. » concluais-je sans plus de cérémonie. Je buvais lentement ma bière en la sentant passer tout au long de ma gorge. Le silence se faisait entendre bruyamment. Et elle nous en sortait. « Allez, Fawkes, tu vas me le demander? Je sais que tu meurs d’envie de savoir comment ta policière préférée a fini serveuse dans une boîte de strip-tease. » Un peu surpris par son commentaire, je balbutais quelques mots – ou semblants de mots – dans cette situation. Je me recalmais rapidement en prenant un air sérieux, mais posé et je haussais les épaules. « Y’a bien des choses que j’ai envie de te demander. Mais y’a la politesse, la façon de les demander et plus important encore, si tu as envie d’en parler. » lui dis-je sans réelle expression en haussant les épaules. Oui, ça m’intéressait, elle avait raison. Mais j’étais bien trop gentil pour le demander de façon aussi crue. « Ceci étant dit, la partie de la boîte de strip-tease m’intéresse particulièrement. » soulignais-je avec un léger sourire aux lèvres en prenant une nouvelle gorgée du liquide doré. « Et tu pourras en profiter pour me dire ce que tu fabriques à Bowen, hm? » Je souriais en hochant la tête positivement. Je n’avais rien à cacher. « Tu te souviens de ma sœur, Alana et de mon frère Josh ? » lui demandais-je, intrigué à savoir si elle avait une aussi bonne mémoire que moi.

« Toi d’abord! » « Mais non! Raconte, il y a rien, sinon pas grand chose à dire sur moi. » Lui répondais-je simplement en riant doucement. « Si tu y tiens... » Commentais-je en cherchant quoi dire sur moi. « J’suis bien ici à Bowen depuis plus d’un an maintenant. J’envisage de faire des études de médecine. Toujours célibâtard. Rien à signaler, M’dame. » lui dis-je en me moquant légèrement. Je buvais une gorgée de bière puis je ne tardais pas à rajouter la suite. « Tu sais très bien que parler de moi, c’pas mon fort. Raconte-moi tout, Hawkes. » En fait, parler tout court n’était pas mon fort, Charley le savait. Elle le savait mieux que quiconque que j’étais un connard d’une des pires espèces – pas la pire, mais tout de même. « Oui et non. Joshua est retourné récemment à Sydney, en bon impulsif qu’il est. » avais-je dit en levant les yeux au ciel. Parce que j’étais le jumeau intelligent et non le jumeau con. « Et Alana est toujours dans le coma, depuis un moment déjà. » ajoutais-je avec une pointe de tristesse dans la voix. Un poil de nostalgie devait également s’y trouver. Je n’avais pas vu ma sœur depuis des mois maintenant. Honteusement, ça m’aidait à avancer et ne pas ressasser le passé. « J’ai fui Sydney. » concluais-je finalement sans dire que la cause revenait à Alana et mon paternel qui célébrait bientôt son triste anniversaire de décès. « Mais ça suffit et parle-moi de toi un peu plus. T’es plus intéressante et beaucoup plus canon qu’à Sydney, il s’est passé quoi? » Questionnais-je gentiment.

« Je suis navrée Fawkes. Vraiment. » Je haussais simplement les épaules avec l’esprit vagabond. C’était pas de sa faute, mais j’appréciais son empathie malgré tout. La blonde me traitait de vil flatteur et je riais doucement. On ne changeait pas un homme... Et décidément, elle non plus ne changeait pas alors que je levais les yeux au ciel. « Mais, un peu de peau c’toujours bien. Tu devrais le savoir depuis le temps. » Je n’allais pas pousser la donne plus loin. Puis elle part sur le sujet de la maternité, que j’répète. « La maternité? » J’arque un sourcil, attentif à ce qu’elle allait me raconter. Elle a un gosse. Bordel, les gens changent et c’est vrai. J’fronce les sourcils à ce qu’elle me raconte. « Tu sais que tu serais capable d’avoir un emploi plus... moins... Enfin, qui te laisseraient te vêtir minimalement? » Je la regarde avec plein d’espoir parce que je sais qu’elle est capable de mieux. Elle poursuivait en me disant que c’était chouette et tout le reste. Je fronce les sourcils de plus belle. « Et la question qui tue : Es-tu heureuse dans tout ça? » Cordonnier mal chaussé qui parlait là.

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