You think you’re going mad, so you came to see me to see what a mad person looks like. † Vera

You think you’re going mad, so you came to see me to see what a mad person looks like.
EFFY & VERA

Sa chambre ne ressemblait plus à grand-chose, sinon à un champ de ruines d’alcool et de tristesse. Effy s’enfonçait de plus en plus dans cette spirale infernale et rien ne la décidait plus à sortir de ce qui semblait être une bulle noire jonchée de vêtements, de cadavres de bouteilles, de joints et de cigarettes. La brunette était allongée dans son lit, les draps à moitié retirés, et fumait un joint, le regard rivé sur le plafond. Sur sa table de nuit se cumulaient des pilules colorées et deux bouteilles d’alcool vides. Aussi vides qu’elle. Vêtue d’un short de pyjama délavé et d’un t-shirt trop grand pour elle qui n’était sans doute plus très frais, elle restait là toute la journée. Au moins pensait-elle parfois à aérer, mais c’était tout. Ah, et à prendre sa douche occasionnellement, quand même. Ses cheveux n’étaient plus qu’un nid de nœuds inextricables, son maquillage vieux de trois jours avait coulé un peu partout autour de ses yeux. Elle ne ressemblait clairement à rien. Et le plus effrayant là-dedans, c’est qu’elle n’en avait rien à foutre. Son gsm était perdu quelque part dans la pièce, entre meubles renversés, bouteilles, vêtements sales et autres trucs du genre. De toute manière, elle n’y répondait plus, s’en servant uniquement pour se procurer de la came de temps en temps. Ou pour commander à manger, ce qui se faisait rare. Elle était d’une pâleur à faire peur, elle aurait même fait fuir un mort, et des cernes noirs remplaçaient son maquillage sous ses yeux qui avaient perdu tout leur éclat. Elle mit plusieurs secondes à réaliser qu’on toquait à la porte.

Effy ne réagissait pas. Pour tout dire, son cerveau avait bien compris qu'on toquait à la porte, désormais, mais les connexions n'allaient pas jusqu'à ses jambes pour aller ouvrir cette foutue porte. Elle restait juste allongée dans son environnement malsain, comme si tout ce qui se passait en-dehors d'elle n'était que rêve. Elle commençait réellement à se déconnecter de la réalité. Et ça ne présageait rien de bon. Toutefois, la personne qui s'obstinait contre sa porte finit par entrer. Intriguée, la brunette releva juste la tête. Tiens. C'était Vera. Et la Vera en question ne semblait pas contente du tout en découvrant l'étendue des dégâts.

« Oh. Salut toi. »

Lâcha simplement Effy d'une voix détachée, totalement décontractée. Ce qui détonnait franchement avec le regard affligé que prenait son amie qui peinait à savoir où poser le pied dans ce chaos. Vera semblait ahurie, et Eff' s'assit sur le lit, lui faisant simplement face sans dire quoi que ce soit, l'air parfaitement tranquille. Elle ne savait pas trop ce qu'elle était censée dire, ou ressentir. À croire que tout émotion l'avait quittée. Dis donc, ça n'allait vraiment plus du tout. Mais elle se complaisait dans cet état de déconnexion totale et de délires malsains.

« Tu veux tirer une taffe dessus ? »

Proposa la jeune fille en tendant le joint vers la blonde quand celle-ci l'engueula à ce propos. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à l'engueuler à la fin. Zach aurait réagit pareil que Vera, même cent fois pire. Il l'aurait traînée par la peau du cul dans tout Bowen pour aller lui foutre la gueule dans l'eau de la mer, histoire de lui remettre les idées en place. Et maintenant, c'était Vera qui gueulait. Ce qui était compréhensible, en soi. En fait, le seul qui gueulait pas, c'était Levi. Sauf que Levi, c'était un sujet bien compliqué ces derniers temps. Et elle décrochait complètement de la réalité de toute manière, que pour penser à l'appeler. Devant la mine toujours aussi effarée de Vera, la brune ne put s'empêcher de pouffer de rire. À croire qu'elle n'avait aucune conscience de son état. Pourtant elle savait. C'était juste qu'elle commençait réellement à aimer cet état. Dangereusement.