Flaweurs. - Angus.

Il y a des avantages, à être son propre patron: ne pas se pointer au boulot sans avoir à en subir les conséquences. Rares sont les fois où tu profites de ces privilèges, mais une fois à l'occasion ne fera de mal à personne. Mains dans les poches, tu profites de cet intense soleil qui plombe sur la ville et tu marches sans but précis. La nuit passés n'a pas été de tout repos, et bien que tu ne gardes cette fois-ci aucune trace physique des événements, la douleur est bel et bien là. Tu t'attrapes un café glacé en chemin, question de te rafraîchir à cette heure matinale. C'est en apercevant la vitrine de cette boutique où tu as l'habitude d'aller qu'un sourire se forme sur ton visage. La p'tite fleuriste habituelle est là, derrière son comptoir, qui s'occupe à quelques tâches. En t'informant des heures d'ouverture sur la porte de la boutique, tu en déduis que tu dois être le premier client qu'elle aura, puisque ce n'est ouvert que depuis une quinzaine de minutes. Sans te gêner, tu entres en orientant directement tes pas vers le comptoir où se trouve la demoiselle. Si c'est pas ma fleuriste préférée! Tu lui offres un joli sourire charmeur, tout en t'accoudant à son comptoir. Il fait beau dehors, pas vrai? T'en as rien à foutre de la température, mais peut-être qu'elle si? Alors tu tentes ta chance.

Elle est tenace, la p'tite fleuriste. Tu viens si souvent et jamais encore elle n'a craqué sous tes belles paroles, sous ton charme fou. Parce qu'on s'entend tous pour dire que tu as une belle gueule, non? Si, si. Et la demoiselle est pas mal jolie, d'ailleurs. « Tu dois dire ça à toutes les fleuristes du coin. » Si elle veut croire ça, c'est son problème. Tu hausses les épaules, amusé. Tu peux bien croire ce que tu veux, mais y'a qu'ici que je viens. Et pas juste pour les jolies fleurs. Tu lui fais un clin d'oeil en te retenant de rire. C'est qu'elle est craquante, la p'tite fleuriste. Tu complimentes la température, mais tu t'en fous. Et à voir son expression, elle aussi s'en fou. C'est pas bien compliqué, suffit de changer le sujet. Elle te demande ce qui t'amène ici, cette fois. Tu pousses un sourire, te remettant bien droit devant le comptoir. Y'a une fille qui me plaît tout particulièrement. Je l'ai rencontrée y'a pas si longtemps, mais elle est un peu compliquée et têtue. Alors j'me disais qu'un beau bouquet de fleurs ferait peut-être l'affaire.. Tu hoches les épaules une nouvelle fois en poursuivant : Pourrais-tu me préparer le plus beau bouquet? Laisse-toi aller sur le style, sur les types de fleurs, sur la forme. Je te laisse carte blanche. Tu souris en la regardant, en admirant secrètement cette douce rougeur sur ses joues qui te fait tant rire intérieurement. Elle est mignonne, la p'tite.

Tu la vois s'exaspérer. Au fond de toi, tu sais bien qu'il y a raison à s'exaspérer, mais c'est plus fort que toi. Tu es ainsi fait, un charmeur et gentleman dragueur. Ça ne t'empêche pas d'être gentil, passionné et sincère pour autant... Il n'est pas faux de dire que les gens ne s'arrêtent qu'à la couverture. Tu attends patiemment en admirant les fleurs dans les vitrines, les bouquets déjà préparés, les exemples de corsages, etc. Ça t'impressionne. Tu souris lorsque la fleuriste revient avec un magnifique bouquet dans les mains. «Wow!», t'exclames-tu, admiratif du talent de la jeune femme. Tu souris à sa remarque, sentant sa gêne déguerpir bien loin, tout d'un coup. «C'est parfait comme ça. Je crois qu'elle va aimer...» Tu espères, du moins. Elle te demande le nom de la demoiselle. Merde. Tu n'en n'as pas la moindre idée. C'est pas la première chose que tu demandes à une femme, il faut croire. Et pourtant.. ça devrait. Oups! Tu trouves une excuse bidon pour ne pas avoir à lui donner son nom. T'inquiète, pas besoin de carte! Ma bouche va tout autant faire l'affaire... Si tu vois ce que je veux dire. Tu peux pas t'en empêcher, c'est plus fort que toi. Tu rigoles d'une voix bien rauque, avant de lui payer, même un peu plus que le montant indiqué. Sans lui laisser le temps de te redonner l'argent de trop, tu salues la fleuriste d'un coup de main en t'éloignant pour sortir de la boutique. À la prochaine! Tu t'éclipses de longues minutes, le bouquet à la main, mais demeures derrière la vitrine, dehors, dissimulé dans un angle mort, là où la fleuriste ne peut te voir. Dès qu'elle a le dos tourné et qu'elle semble s'occuper à une autre tâche, tu re-pénètres dans la boutique, jusqu'à son comptoir. Dès qu'elle se tourne, tu lui tend le joli bouquet. Pour vous, mademoiselle, un bouquet tout aussi joli que la demoiselle qui l'a fait. Tu souris en coin, ravi de l'effet de surprise.

Elle te laisse partir sans trop poser de questions. Il faut croire qu'elle doit te trouver exaspérant, à la longue. Tu es client régulier puisque tu achètes un bouquet à toutes les femmes intéressantes que tu fréquentes. Cette fleuriste est plus qu'intéressante. Elle refuse chacun de tes rendez-vous, chacune de tes propositions. Si ça aurait déçu la plupart des hommes, ça te donnait plutôt un boost pour persévérer et peut-être essayer de lui faire changer d'avis. Avec toi, rares sont celles qui te donnent un non comme réponse. « Ohw … merci ! » Ses joues qui virent au rouge te font sourire. S'il y a une chose que tu aimes, c'est bien de les voir dans cet état, toutes souriantes, et heureuses. « Mais … tu sais connais très bien la réponse. » Tu roules des yeux. Évidemment que tu connais la réponse. Sa réponse. Elle te donne toujours la même. Mais tu persistes, puisque tu veux bien la sortir. Tu persistes aussi à croire que la sortir ne pourrait lui faire que du bien. Oui. Je connais la réponse. Je sais que tu vas me dire non, mais que tu as terriblement, irrésistiblement envie de dire oui et de sortir avec moi. Tu retiens un rictus qui se veut menaçant dans ta gorge. Allez. Pourquoi pas une soirée? Juste une soirée. Je suis de très bonne compagnie, t'saura.

La jeune femme se lance dans une tirade exaspérante. Tu ne mérites pas d'être attaqué, accusé de la sorte, alors qu'aucune mauvaise intention ne se cachait derrière ton geste. La fleuriste s'énerve. Heureusement qu'il n'y avait personne d'autre dans la boutique pour l'entendre s'exclamer de la sorte. Et tout cet énervement pour un simple bouquet de fleurs. Et parce que tu l'avais invitée à sortir. Encore. Tu ne sauras jamais si tu avais raison ou pas si tu ne sors pas avec moi, justement... Ce n'est pas le temps de faire des blagues, la jeune femme semble vraiment énervée. Tu rectifies le tir en t'énervant toi aussi un peu, parce que te faire accuser de la sorte, ce n'est vraiment pas agréable. Tu vas respirer un peu, oui? Qui a dit que je te voulais dans mes bras? T'es vachement jolie, t'es mignonne, mais de là à vouloir t'avoir dans mon lit... Certes, tu manques de tact, mais tu es sur la défensive. Elle te parle de trucs tout cons comme la différence d'âge. Tu pousses un soupir d'exaspération, puis roule des yeux. Bérénice. C'est écrit sur ton name tag. Cette fois, tu ne peux retenir ce rictus, tu éclates de rire. Elle pensait avoir le dernier mot? Certainement pas. T'étais ravie de ces fleurs, pourquoi tu t'énerves autant pour une simple invitation, non de dieu...

Peut-être t'es-tu un peu trop énervé contre la jeune femme. Elle ne méritait pas de se faire attaquer de la sorte. Ton impulsivité te pousse parfois à dire des choses que tu devrais taire. La tension retombe d'un cran. Elle te fixe, yeux dans les yeux et tu soutiens son regard. Elle accepte - enfin - ton invitation, que tu as presque envie de crier victoire. Un sourire se forme sur tes lèvres, alors que tu réponds: Tu ne le regretteras pas. Tu entends sonner la cloche de la porte qui s'ouvre, derrière toi. Tu portes une brève attention sur le nouveau client, que Bérénice va aller servir, t'imagines. Ce soir? Je passe te chercher à 20h. Ça t'va? Tu te passes une main dans les cheveux en sentant finalement le client derrière toi s'éloigner pour repasser le pas de la porte, ce qui fait retentir la cloche à nouveau. Tu sors ton téléphone de ta poche pour le tendre à la fleuriste. Tiens, écris-moi ton numéro et ton adresse et j't'enverrai un texto plus tard..

Le client malpoli qui venait d'entrer et de sortir aussi vite que son ombre n'avait pas manqué à l'attention de la fleuriste. Tu hausses les épaules. Il a vu que la plus belle fleuriste du coin était déjà en bonne compagnie. Il a pas osé dire bonjour, il se sentait minable à côté du bel étalon que je suis. La modestie, c'est pour quoi en fait? Vaut mieux prendre les choses à la rigolade, que tu t'dis. Elle adhère à l'heure de rendez-vous, ça devrait lui laisser le temps de retourner chez elle après le boulot et de se préparer. Dieu seul sait pourquoi se pomponner prend autant de temps aux femmes... Vous échangez vos numéros de téléphone, mais tu pousses un soupir à sa remarque, plaisantant bien sûr, mais arborant un air tout à fait sérieux qui risque peut-être de la mettre mal à l'aise. Ou de la décourager. Tu n'en n'es pas à ta première tentative, après tout. Roh. J'pourrai pas t'envoyer des photos coquines incognito. Tu retiens un rictus, puis ajoute rapidement: Et fait pas ta Sainte-Nitouche, je sais que tu meurs d'envie de savoir ce qui se cache derrière tout ça.. Tu arbores un air parfaitement angélique. N'est-ce pas ce que tu es, un ange? Tu rigoles en t'éloignant vers la porte de sortie. À plus tard, princesse. Et sur ce, tu lui fais un clin d'oeil et tu sors.