We've gotta let go of all of our ghosts -r.

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of all of our ghosts

Les pieds dans le vide, c'était ce qu'elle ressentait dans tout son corps. Le vide. Quelques jours s'étaient écoulés depuis la fête de son équipe sur la plage, depuis qu'Alfie lui avait craché les mots qui l'avait percutée comme jamais. Des mots, ces mots qui ne l'avait pourtant jamais affectée, autrefois. Cette soirée au bar avait tout changé de sa vie à Bowen. Plus rien n'était pareil, maintenant. Alfie l'avait d'abord évitée, avant de la jeter parmi les autres, et que dire de CJ... Jordan ne savait même plus si c'était lui ou elle qui cherchait à éviter l'autre. Ou bien ils étaient simplement trop préoccupés, tous les deux, par leur vie, par leurs malheurs, par quelqu'un d'autre. Jordan avait disparu de la mappe depuis quelques jours. Elle s'était enfermée chez elle, vraiment, pas à l'appartement, et n'avait donné signe de vie à personne. Elle n'allait pas bien et refusait de se l'admettre depuis trop longtemps. Pour elle, c'était le monde qui tournait autour de sa personne qui n'allait pas bien. Qui n'irait jamais bien. Et ce matin, elle avait étouffé. Elle n'en pouvait plus. Elle était partie avec rien d'autre sur elle que son téléphone portable. Jordan avait marché, sans regarder devant elle, se laissant guider par où le destin voudrait bien la mener. C'est au haut d'une falaise, dans une ville voisine à Bowen, qu'elle s'était retrouvée. Assise au bout du rocher, les pieds dans le vide. Elle avait passé la journée à cet endroit, sans bouger. Le temps avait passé sans qu'elle ne s'en rendre compte, elle pouvait à présent voir le soleil descendre et briller d'un orange et d'un rose éclatant. «Rejoins-moi dans 4, 3, 2, 1...» Jordan avait accompagné son texto de sa position géographique. Elle avait posé son téléphone sur le rocher, à ses côtés, et avait remis le capuchon de son kangourou sur sa tête.

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Ton portable vibrait, un message de Naxa, que tu lisais sans plus attendre. « Rejoins-moi dans 4, 3, 2, 1... » Tu n'avais pas eu l'occasion de la voir ou de lui parler depuis l'autre fois. Vous aviez échangé des banalités sans vraiment rentrer en détail dans les conversations qui vous tourmentées. Tu avais bien trop la tête ailleurs pour savoir quoi faire. Tu n'aurais pas été bon pour écouter ses états d'âmes et plutôt que d'être un mauvais ami, tu préférais ne pas en être un du tout. Autant dire que ce n'était pas franchement la bonne marche à suivre, mais tu manquais parfois d'informations sur ce genre de choses. Alors quand tu avais eu son message, tu n'avais pas attendu une seule seconde. Prenant un taxi pour te rendre dans une ville voisine. Mettre ton téléphone en marche pour suivre les indications afin de trouver le bon endroit. Et la regarder au bord de la falaise, cachée sous une capuche pendant quelques minutes. Tu ne bougeais pas, un peu fébrile. La première idée qui t'avait traversé l'esprit c'était qu'elle saute. Et ça te faisait froid dans le dos. « Hey ! » Tu t'avançais doucement vers elle, esquissant un sourire sur le visage. Une fois à côtés d'elle, tu regardait le paysage. C'était beau, paisible et calme. Presque agréable. Un petit coin de paradis même. « Celle de Bowen n'était pas assez haute ? » demandais-tu doucement. Tu parlais à voix basse, presque en chuchotant, comme si tu avais peur de troubler le calme qui y régnait, comme si parler gâcherait tout.

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Parmi toutes les personnes qu'elle aurait pu contacter, qu'elle aurait pu inviter à la rejoindre ici, Jordan avait arrêté son choix sur CJ. En fait, elle n'en avait pas vraiment décidé ainsi. Ça s'était fait naturellement, comme si c'était normal. Elle avait prit son téléphone et machinalement, elle avait sélectionné son numéro. Et dans l'écho du silence, elle avait pu distinguer des pas, les siens. «Hey !» L'homme s'asseya à ses côtés, souriant. Jordan bougea légèrement la tête en sa direction, un sourire en coin, surtout pour l'image. Il était là parce qu'elle le lui avait demandé, et pourtant, elle n'avait pas envie de l'emmerder. «Hey», souffla-t-elle, avant de replonger son regard dans l'horizon. L'image du coucher de soleil au travers des montagnes et des paysages lui faisait du bien. C'était la première fois qu'elle arrivait à apprécier une telle chose, par elle-même. Puis, ça lui faisait surtout voir autre chose que la merde dans laquelle elle vivait depuis des jours. Depuis des années. «Celle de Bowen n'était pas assez haute ?» À vrai dire, elle n'avait jamais porté attention à tous les paysages de Bowen. Ils n'étaient quand même pas très loin de là. «Je ne pourrais pas te dire.» Sa voix ne portait pas son entrain habituel, mais Jordan faisait semblant de tellement de choses depuis son arrivée, elle n'en avait plus envie. «Je ne pense pas rester à Bowen, CJ...» La châtaine ne s'était jamais sentie aussi mal dans sa peau en si peu de temps. C'était et ce serait toujours incomparable à ce qu'elle avait pu ressentir durant tout son adolescence, en Angleterre, mais ce malaise était tout de même important. Plus présent que jamais depuis cette soirée où elle avait été droguée.

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Tu t'installais à côté d'elle, tu avais hésité à poser un baiser sur sa joue. Depuis que tu étais revenu ici, tu avais pris plus tes aises avec les filles de ton entourage. Effectuant plus facilement des gestes affectifs, que tu n'avais pourtant pas l'habitude d'avoir. Mais tu te retenais, même si tu l'appréciais beaucoup, elle n'était pas encore aussi tactile que toi. Elle pouvait te tenir la main, mais si elle commençait à ressentir un truc un peu trop fortement, elle te la lâchait sans hésiter. Tu te contentais d'un petit sourire en coin, en l'écoutant te dire qu'elle ne saurait te dire. Toi-même tu n'en avais aucune idée. Puis elle ouvrit à nouveau la bouche, tu la regardais parler , mais au fur et à mesure qu'elle avançait dans sa révélation, tu sentais ta tête te tourner. Un choc. Tu sentais ton cœur s'arrêter de battre, une seconde, puis deux. Peut-être trois, avant de repartir à toute vitesse. Tu n'en croyais pas tes oreilles. Elle ne pouvait pas partir, elle ne pouvait pas quitter cette ville, elle qui semblait l'apprécier autrefois. Comme si la dernière soirée avait changé la donne. Tu ne comprenais pas ce qui n'allait pas dans sa vie, et tu ne tarderais pas à la découvrir, sûrement. Mais pour le moment, tu n'en resté pas moins surpris. Choqué, bouche-bée. C'était le genre de nouvelle que tu ne t'attendais pas à entendre. « Naxa.. » Tu laissais son prénom résonner avec l'écho. Dans la hauteur que vous aviez pris, vos messages pouvaient rebondir plusieurs fois et donner l'impression de contrôler cet endroit. Tu laissais les secondes défiler, tu cherchais tes mots, tu cherchais quoi lui dire. « Non ! Enfin.. Je.. Pourquoi ? » Tu n'avais plus les idées claires, tout s'embrouillait dans ton esprit. Comme si tu avais l'impression d'avoir une étrangère face à toi. Pourtant, elle était sincère, elle se livrait à toi, livrait ses sentiments en se mettant à nues. Ce que tu appréciais le plus chez elle quand elle le faisait. Mais là, ses mots étaient trop tristes à entendre, trop durs à supporter. Elle avait une si grande place dans ta vie, que tu étais heureux de la retrouver, t'imaginer une vie sans elle, ça te semblait si difficile.

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Elle n'avait pas réellement choisit la falaise, cela avait été instinctif. Jordan avait besoin de reprendre du contrôle sur sa vie, et se retrouver à cette hauteur était l'image parfaite pour illustrer ce besoin. Voir au dessus des nuages noirs, voir plus loin que le bout de son nez. Laisser tomber les pierres qu'elle portait sur son dos, ses géniteurs. «Naxa..» Son prénom lui faisait toujours aussi drôle à entendre. C'était mauvais signe. Jordan commençait à s'habituer de se faire appeler ainsi, comme si sa fausse identité et la vie qu'elle menait ici, prenaient le dessus sur qui elle était vraiment. Elle n'avait jamais eu de difficulté à jouer, jusqu'à aujourd'hui. La châtaine détourna enfin son regard de l'horizon pour le plonger dans celui de CJ. Un regard troublé, envahi par l'incompréhension. Jordan serra ses mâchoires ensemble et déglutit. Elle s'en voulait de le mettre dans un tel état, mais elle ne voyait pas d'autres options. Elle était du genre à fuir ses malheurs plutôt que de les affronter. Elle s'était trop longtemps battue contre ses malheurs de jeunesse, pour finalement en arriver là. «Non ! Enfin.. Je.. Pourquoi ?» Jordan sentait son coeur fondre, lui brûler l'intérieur de la poitrine. Et doucement, les larmes lui montèrent aux yeux. Elle quitta le regard de CJ, cachant sa faiblesse, et replaça le capuchon de son kangourou sur sa tête. Elle était faible, et elle avait honte d'elle-même. «C'est que de la merde, CJ. Que de la merde depuis que j'suis ici. Depuis trop longtemps, en fait.» CJ était celui qui la connaissait le mieux, ici, excepté sa meilleure amie Maisy. L'avantage qu'il avait sur la blonde, c'était qu'il avait un point de vue complètement extérieur sur sa pauvre vie. Il était bien plus sensé que pouvaient l'être Maisy et Naxa réunies. «Cupidon Jupiter Valentine...» débuta Jordan, une première larme coulant doucement le long de sa joue. «Jordan Delhia Aindreis n'est pas mon nom, mais on m'oblige à le porter. Je n'ai pas quitté le Canada pour le plaisir, CJ. Quand on a respectivement quitté le Canada, toi tu es parti pour le meilleur, moi pour le pire. Encore mes géniteurs qui se croient tout permis sur moi alors que j'ai vingt-quatre ans.» Cette fois, les larmes coulaient de plus belle, parce qu'en prononçant ces mots, Jordan réalisait vraiment ce qu'il en était. Elle ne trouvait même plus cela drôle, ni léger. La jeune femme qu'elle était devenue continuait à leur obéir comme si elle avait huit ans, et ça la dégoûtait. «J'ai été forcée de vivre en Australie après un séjour aux États-Unis. Si ça n'avait pas été de toi ou de ma meilleure amie, je ne serais jamais restée ici...» Oui, parce qu'elle s'était permis d'essayer, et elle s'était permis de croire que ce pourrait être agréable. Qu'elle pourrait enfin vivre sa vie comme bon lui chantait, loin de ses parents, l'argent étant la seule chose qui les reliait encore. Le dernier fil, menaçant de céder à tout moment. Et CJ, son ancre, à nouveau à ses côtés pour l'empêcher de sombrer. «Et y'a toutes ces histoires de... ces conneries. Et cette soirée.» La châtaine eut un haut le coeur en repensant à la soirée où on avait déposé de la drogue dans son verre, à son insu. Cette soirée où elle préférait ignorer ce qu'il aurait pu lui arriver. Cette soirée où, toujours, CJ était là pour elle. Et cette soirée où tout était devenu froid, entre Alfie et elle. Si Jordan pensait ne plus avoir de coeur depuis longtemps, celui-ci ne se gênait pas pour prendre de la place, peu à peu.

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Son regard était presque aussi brisé que le tien. Ça te déchirait le cœur de l'imaginer loin de toi maintenant. Tu aurais l'impression de la perdre. Tu la perdais déjà sans vraiment le savoir. Elle, qui avait toujours été un peu comme ta sœur. Et même si ce n'était plus ta sœur au jour d'aujourd'hui, tu trouvais qu'elle avait toujours eu un petit air de ressemblance. Ce qui faisait que tu t'étais attaché à elle beaucoup trop vite, beaucoup trop fort. Tu pensais rattraper tes erreurs avec elle, mais elle ne serait jamais Mégara. Tu avais beau le vouloir très fort, elle était morte, à jamais. Tu la laissais remettre son capuchon sur sa tête, comme si elle se protégeais de toi. Rien n'y ferait, elle ne pourrait pas te cacher grand-chose, tu la connaissais assez bien pour savoir qu'elle se renfermait sur elle, comme si elle avait peur de toi ou de ta réaction. Mais elle n'avait aucune crainte à avoir, peu importe ce qu'elle pourrait dire, tu serais toujours là, à ses côtés. Tu étais son pilier, tu comptais bien le rester des années encore, elle pouvait compter sur toi à chaque instant de sa vie. « Jordan.. » C'était encore une histoire qui te faisait froid dans le dos. Une histoire qui te glaçait le sang. De quel droit osait-il jouer avec elle ainsi ? Parce qu'elle était leur fille, parce qu'elle était née dans leur famille de noble, elle devait se plier à tout ? « Tu n'as aucune raison de te laisser contrôler comme ça ! Si tu veux avoir le contrôle de ta vie, tu dois le prendre. Je sais que t'es d'une famille noble et que t'as merdé. Mais ce n'est pas parce que tu t'appelle Bridgestone, que tu dois leur obéir comme une petite chose. » avais-tu déclaré d'un ton déterminé. Non, il était hors de question que les choses se passent aussi facilement. Tu n'étais pas de ce monde là et tu ne comprenais pas tous les enjeux que ça impliquaient, mais tout de même. Elle avait l'âge de prendre des décisions, de dire non. On ne vivait plus au Moyen-Âge ou à la Renaissance, elle était libre de disposer de sa personne comme elle l'entendait. Tu glissais ta main dans son dos pour l'attirer à toi et la serrer dans tes bras. Elle n'avait pas le droit de pleurer. Elle était bien plus forte que tout ça, que toutes ces conneries. « Tu mérites mieux que ça. Tu mérites de vivre ta vie comme tu l'entends ! Si tu t'appelle Jordan aujourd'hui, profites-en, si tu n'as pas les obligations d'une fille de bourge, j'ai envie de te dire : fonces. » Tu te trompais peut-être. Ce n'était peut-être pas pour ça qu'ils cachaient son identité. Peut-être pour la presse et les ragots, tu n'en savais rien. Rien ne semblait aussi facile, après tout, si elle voulait vivre la vie qu'elle voulait, il lui faudrait sûrement l'accord de ses parents toute sa vie. Ce que tu trouvais désolant. Elle était leur enfant, pas une chose dont ils pouvaient disposer comme une monnaie d'échange parce qu'elle est née dans une famille élevée avec une cuillère d'argent dans la bouche. Et puis elle était encore retournée de toute l'histoire de l'autre soir. C'est vrai qu'il avait été particulièrement intense pour toi aussi. Tu avais eu tellement peur pour elle. Peur que son ami soit le coupable, peur qu'elle trépasse. Tu ne sais pas comment tu aurais réagi si toute cette histoire avait tourné mal. Par chance, elle était en bonne santé, Alfie n'était pas coupable et toi tu avais disparu du tableau, préférant t'effacer. « Ça aurait pu arriver à n'importe qui. Et puis il y avait Alfie, il ne t'aurait pas laissé tomber. » ajoutais-tu doucement. Oui, pour un gars qui avait dit ne pas avoir l'habitude de gérer ça, tu trouvais qu'il avait plutôt bien pris les choses en mains l'autre fois. « J'crois même qu'il t'aime bien. Un peu trop jaloux à mon goût et un peu impulsif quand il a bu mais ça a l'air d'être un mec bien. » Ce n'était peut-être pas le moment de mettre ça sur le tapis, mais tu sentais important de lui préciser. Elle qui mettait toujours du temps à prendre en compte ses sentiments, alors ceux des autres on n'en parle même pas. Tu ignorais ce qu'il en était de son côté à elle, mais tu pouvais presque dire qu'il avait un crush pour elle. Même s'il ne voulait pas se l'avouer.

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La grandeur du monde devant elle, du haut de cette falaise, lui faisait du bien. Il faisait froid, mais Jordan ne ressentait plus que ça maintenant, la froideur. La solitude. CJ prononça son prénom, son faux, celui qu'elle avait l'obligation de porter à tous les jours, mais elle ne bougea pas d'un poil. Elle était figée sur place, les yeux rivés sur l'horizon. «Tu n'as aucune raison de te laisser contrôler comme ça ! Si tu veux avoir le contrôle de ta vie, tu dois le prendre. Je sais que t'es d'une famille noble et que t'as merdé. Mais ce n'est pas parce que tu t'appelle Bridgestone, que tu dois leur obéir comme une petite chose.» Les larmes coulaient sur ses joues, l'anglaise pleurait en silence. Honteuse de se montrer si faible devant CJ. Sa main entra en contact avec son dos, ce qui l'a fit frissonner. Le jeune homme l'attira vers lui, Jordan se laissa guidée avant de se blottir dans ses bras. De longues minutes passèrent avant que la châtaine arrive à prononcer un mot. Elle n'était pas du genre très affective et relationnelle avec les autres. D'ailleurs, celle qui n'avait jamais vraiment sérieusement été en relation avait toujours ignoré pourquoi les gens aimaient autant se serrer dans les bras les uns les autres. Elle limitait ses contacts physiques à certaines personnes, et à certaines situations. Ce soir, Jordan ignorait ses limites, elle passait outre. La douceur de CJ, l'odeur qu'il dégageait lui rappelait de nombreux souvenirs, tous aussi positifs les uns que les autres. C'était le genre de choses auxquelles elle devait s'accrocher, mais qu'il était difficile pour elle d'imaginer. «J'ai voulu le prendre et voilà ce qui est arrivé, CJ. Je les emmerde tellement, si tu savais! Ça me fait presque plaisir de ne plus porter ce nom!» À Bowen, rien ne l'identifiait à ses géniteurs, maintenant. Elle seule, à l'exception de quelques personnes, connaissait son histoire et pouvait les lui rappeler. Jordan caressait le torse de CJ du bout des doigts, les yeux rivés sur ceux-ci. Ça la calmait un peu. «Tu mérites mieux que ça. Tu mérites de vivre ta vie comme tu l'entends ! Si tu t'appelle Jordan aujourd'hui, profites-en, si tu n'as pas les obligations d'une fille de bourge, j'ai envie de te dire : fonces.» Si seulement c'était aussi facile. Jordan ne serait pas ici, dans ses bras et sur le bord d'une falaise, les yeux rougis. Elle n'aurait pas passé les derniers jours complètement seule chez elle et elle ne s'en serait pas autant fait avec sa propre conscience, sa propre existence. «Je pensais le mériter et ils se sont fait l'honneur de me rappeler que non. De me rappeler que j'ai eu le malheur de naître de leur putain d'union et donc, que je devais et devrai leur obéir toute ma vie. Mais c'est pas une vie ça, merde!» Ses maux allaient bien plus loin que ses histoires à Bowen, en fait. «J'dois vivre une vie normale avec l'idée qu'ils peuvent m'appeler ou débarquer du jour au lendemain pour tout annuler, pour me remettre sur le dos que je ne suis pas l'enfant qu'ils auraient voulu avoir et que je leur fait honte.» Ce n'était pas aussi facile que cela le paraissait que de porter un tel nom. Jordan, ou plutôt Naxa, savait pertinnement qu'elle aurait des obligations envers eux et envers l'Angleterre jusqu'à la fin de ses jours. Et cette histoire en boîte, qui s'était plus ou moins bien terminée, elle aurait préféré ne jamais la vivre. Elle avait bousculé sa vie encore plus qu'elle ne l'était. Comme si c'était nécessaire. «Ça aurait pu arriver à n'importe qui. Et puis il y avait Alfie, il ne t'aurait pas laissé tomber.» Jordan soupira. CJ n'avait pas tord, ça aurait pu être n'importe qui. Mais c'était tombé sur elle. Elle fronça les sourcils lorsqu'il prononça le prénom du brun. Alfie était là, certes, mais comment se faisait-il que c'était dans ses bras à lui, à CJ, qu'elle se souvenait avoir été portée jusqu'à chez elle, lui, qui avait veillé sur elle jusqu'au petit matin. Alfie l'ignorait et l'évitait depuis, et la jeune femme ignorait si c'était mieux ainsi. Elle ne savait même pas pourquoi elle réagissait ainsi juste à penser à Bartholomew. «J'crois même qu'il t'aime bien. Un peu trop jaloux à mon goût et un peu impulsif quand il a bu mais ça a l'air d'être un mec bien.» Elle lève le menton vers CJ, plongeant son regard dans le sien. Quoi, il lui vante l'autre alors qu'il est l'une des raisons pour lesquelles elle se retrouve ici, ce soir? Jordan est perdue, elle ne sait plus. Rien. «Je sais pas.» L'envie de parler de lui ne lui tente guère, et pourtant, cela faisait des jours qu'elle espérait avoir un signe de vie de sa part. C'était noir, c'était blanc. Ce n'était surtout pas gris. Ses idées étaient floues et Jordan ne trouvait plus de repères dans celles-ci. Alfie ne devait qu'être celui avec qui elle couche, avec qui elle joue, et pourtant, il semblait prendre une toute autre place dans sa vie. Et ça lui faisait peur, alors elle fuyait.

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Tu l'écoutais parler et tu entendais bien chaque mot qu'elle te disait. Tu étais effaré, comme à chaque fois qu'elle te parlait de sa famille. Tu ne comprenais comment un nom pouvait avoir un tel impact sur une vie. Comment on pouvait autoriser un tel acharnement. Tu n'étais pas né dans une famille importante, tu n'avais pas de sang noble dans les veines et c'était peut-être pour ça que tu avais du mal à comprendre. Mais ce n'était pas une raison pour que ça se passe ainsi. « Il n'existe qu'une seule solution Naxa. » affirmais-tu doucement. Ce n'était pas la meilleure des solutions parce qu'elle serait sûrement douloureuse, mais elle ne devait plus accepter de se faire contrôler ainsi. Elle ne devait plus accepter que les choses se passent ainsi. « Émancipes-toi. Bats-toi pour ta liberté, pour ta vie ! » C'était un peu drastique comme mesure, mais tu étais prêt à l'aiguiller. Prêt à l'épauler aussi. Après tout qu'avait-elle de sa famille pour son nom ? De l'argent. Certes, elle aurait peut-être du mal à vivre sans l'argent de ses parents, mais pour toi, l'argent était une futilité. Il n'était nécessaire que pour manger et avoir un toit. Tu étais prêt à l'héberger chez toi, même si ça ne ferait sûrement pas plaisir à Aino, mais tu l'emmerdais pas mal pour te soucier de ce qu'elle dirait. Jordan comptait tellement pour toi, que tu serais prêt à tout, même à lui verser tes économies. Ce qui ne serait probablement pas suffisant. « N'abandonnes pas tout ça, ne les laisses pas gagner, ils ne méritent pas d'avoir un total contrôle sur toi, tu n'es pas leur objet, tu es leur enfant même s'il faut en venir à la force pour leur faire comprendre. » Tu avais dit ça avec une féroce conviction. Si tu avais pu, tu aurais pris le premier billet d'avion pour te rendre en Angleterre et leur faire face, même si tu n'aurais sûrement pas l'occasion de les approcher. Et même si tu y parvenais, tu te ferais jeter comme un malpropre. Ils n'auraient aucune considération pour tes propos quitte à te rire au nez. Mais tu t'en foutais pas mal, si tu pouvais te faire entendre. Comme tu l'avais fait avec Lennox, pour Lou. Bien que tu avais du empirer les choses pour ton amie. Ce serait sûrement la même chose pour Jordan.

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Les pensées de la jeune femme ne sont plus du tout rationnelles, au point où elle arrive difficilement à percevoir et à comprendre les paroles de son ami. Se battre pour sa vie paraît si simple lorsque c'est CJ qui le dit, alors que pourtant, c'est ce que Jordan fait depuis des années. Depuis toujours, en vrai. Elle se bat depuis qu'elle a comprit que le mode de vie dans lequel elle était forcé de vivre n'était pas le sin. Elle se battait depuis le jour où elle ressentit qu'elle n'appartenait pas autant à sa famille que ce qu'on lui laissait croire. Elle n'avait plus l'énergie de se battre, Jordan voulait pouvoir se poser et vivre sa propre vie comme tout le monde. Elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait jamais vivre comme tout le monde. «N'abandonnes pas tout ça, ne les laisse pas gagner, ils ne méritent pas d'avoir un total contrôle sur toi, tu n'es pas leur objet, tu es leur enfant, même s'il faut en venir à la force pour leur faire comprendre.» Peut-être CJ avait-il raison, peut-être était-elle trop stupide pour le comprendre. Il était tellement convaincant, Jordan voudrait pouvoir le croire, pouvoir se voir aussi forte qu'il la voyait. Elle voudrait avoir une infime partie de sa conviction face à ses parents, elle qui en avait pourtant tellement. Les dernières semaines avaient été bien plus violentes qu'elle ne se l'avouait. Jordan se défit de leur emprise, se levant difficilement, mais sûrement. Elle fit un pas vers l'avant et plongea son regard vers le sol. Il était loin, très loin. Et pourtant, elle ne ressentait rien. Son coeur ne battait pas plus rapidement, elle ne ressentait pas la nervosité s'éprendre de ses membres. «Je sais plus où je m'en vais, CJ.» Elle soupira, doucement. «Je ne sais plus ce que je fais, ce que je suis.» Elle ne voyait plus le but d'être ici, à Bowen, sinon que de s'éviter les sermonts de ses parents, encore et encore. Jordan n'était attachée à rien, ou presque, en Australie. Certes elle avait CJ, et Maisy, et elle avait retrouvé Lou et quelques autres personnes, mais était-ce assez? Elle se demandait à tous les jours qu'est-ce qui serait assez. Qu'est-ce qui pourrait la combler, la rendre heureuse à nouveau. Rien n'y parvenait, depuis des semaines.

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Ton discours avait été enflammé, tu étais convaincu de tes propos. Convaincu que c'était la bonne chose à faire puisqu'il n'y avait pas trente-six solutions. Pourtant son regard était loin, loin de toi, loin de tout. Elle n'avait pas l'air convaincu, elle ne semblait pas croire en toi, ni en tes mots. Elle disait ne plus savoir qui elle était. Peut-être que son changement d'identité lui chamboulait plus l'esprit que tu ne le pensais. « Moi je vais te dire qui tu es Naxa. Tu es une femme forte, avec un caractère de cochon qui ne se laisse pas faire pour un sou. Tu es une dessinatrice hors-paire, tu as de talent pour la mode, j'ai vu tes croquis, tu es passionnée ! » Grâce à son apprentissage, Naxa était capable de beaucoup de choses. Elle était aussi une pianiste hors paire, tu le savais parce que tu l'avais déjà entendu jouer. Tu n'avais pas su jouer avec elle à ce moment là, laissant ça de côté dans ta vie lorsque tu l'avais connu. « Tu n'es pas n'importe qui. Tu sais vivre sans tes parents et même sans leur argent, tu pourrais toujours t'en sortir. Tu es débrouillarde, tu t'accroches toujours même quand l'espoir est mince. Alors tu ne peux pas laisser tomber maintenant, tu ne dois pas baisser les bras. » Tu ne doutais pas une seconde de tes mots. Si elle baissait les bras, tu ne savais pas ce que tu pouvais faire. Si elle voulait avoir le contrôle de sa vie, elle était la seule à pouvoir le prendre. La seule à pouvoir se battre pour. Tout ce que tu pouvais faire c'était lui montrer la voix, l'épauler et la soutenir. Tu regardais le vide toi aussi. Si la falaise n'avait pas été aussi haute, tu aurais sûrement pris le risque de lui attraper la main et de sauter. Mais avec autant de hauteur, si la chute n'était pas bonne, le coccyx serait la première chose touché. Tu ne voulais pas être paralysé ou que ça lui arrive à elle. Il y avait déjà trop de choses dans sa vie pour en ajouter d'autres. « Prenons un break, partons quelques jours, coupons-nous du monde, laisse-moi te changer les idées, » proposais-tu. Il lui fallait quitter la ville un moment, mettre ses soucis derrière elle, penser à autre chose qu'à tout ce merdier.

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À travers toutes ces âmes, s'il y en a bien une qui la faisait sentir bien, c'était CJ. Et même si elle se trouvait dans un état plus que lamentable, désolant même, Jordan appréciait les mots du Canadien, il ne voulait que son bien et il serait prêt à bien des choses pour qu'elle y parvienne. Il était son ancre alors qu'elle dérivait à la mer. «Moi je vais te dire qui tu es Naxa. Tu es une femme forte, avec un caractère de cochon qui ne se laisse pas faire pour un sou. Tu es une dessinatrice hors-paire, tu as de talent pour la mode, j'ai vu tes croquis, tu es passionnée !» CJ réussit à lui décrocher un semblant de sourire en coin, il la connaissait si bien, elle et son caractère de merde. Il l'aimait, malgré son sale caractère qui lui en faisait voir de toutes les couleurs. Jordan pouvait se raccrocher à ses vraies passions, au design et au graphisme, mais c'était bien peu présentement pour la persuader que tout irait pour le mieux. «Tu n'es pas n'importe qui. Tu sais vivre sans tes parents et même sans leur argent, tu pourrais toujours t'en sortir. Tu es débrouillarde, tu t'accroches toujours même quand l'espoir est mince. Alors tu ne peux pas laisser tomber maintenant, tu ne dois pas baisser les bras.» Il l'avait rejoint au bord de la falaise, plongeant son regard dans le vide lui aussi. Jordan inspira lentement, laissant l'air froide entrer dans sa poitrine, ses poumons s'en imprégnant. Elle glissa ses doigts entre ceux de CJ, sans dire un mot. Ce contact initié par la châtaine représentait bien plus que les mots qu'elle aurait pu cracher. C'était un gage qu'elle n'abandonnerait, parce qu'il voyait beaucoup trop de de choses en elle qu'elle n'arrivait pas à voir, mais qui semblaient si inspirantes. «Prenons un break, partons quelques jours, coupons-nous du monde, laisse-moi te changer les idées.» Jordan tourna la tête en direction du brun, qui rejoint rapidement son regard. Elle plongea ses iris dans les siens, serrant inconsciemment sa main dans la sienne. «Ok», souffla-t-elle. «Ok», répéta-t-elle, comme pour se convaincre que c'était une bonne idée et qu'il réussirait à lui refaire voir la lumière. Jordan délaissa la main du brun et passa ses bras sous ceux de CJ, les enlaçant dans son dos. La tête appuyée contre son torse, elle ferma les yeux, se concentrant sur les battements du coeur de son ami. Elle s'accrochait à autre chose qu'au sien, qui s'était refroidi depuis des jours.

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Elle n'avait pas quitté ton regard, elle écoutait chacun de tes mots. Elle avait même souri. Tu avais pu voir dans son regard le soulagement, parce que tu la connaissais, parce que tu en savais suffisamment sur elle. Tu connaissais ce qu'il y avait à savoir, le reste tu t'en foutais, c'était superflus. Tu te surprenais à attendre plus d'elle, comme si son ok n'était pas suffisant, pourtant, il y en avait eu un autre juste après le premier. Tu avais hoché la tête, c'était bon pour elle, c'était aussi bon pour toi. « Ok ! » ajoutais-tu dans un murmure. Tu esquissais un grand sourire. C'était le début d'une nouvelle aventure. Bien sûr, tu ne partirais pas sans en avoir parlé avec Nevaeh, les choses étaient en train de se mettre en place entre vous. Depuis votre conversation à la plage l'autre soir t'avait un peu ouvert les yeux. Pourtant ce n'était pas encore loin d'être gagné, tout pouvait encore basculé, d'un côté comme de l'autre. Votre relation était encore bien trop fragilisée par les extérieurs. Mais Jordan n'était pas n'importe qui, elle était une de tes plus grandes amies, tu lui devais bien ça. Et puis si Nev t'aimait, elle comprendrait. Au fond c'était un peu comme sa relation avec Alfie, si ce n'est que toi tu étais déjà allé plus loin avec Naxa, qu'elle avec Alfie. Tu fixais la chute, pendant des heures avec elle, sans dire un mot de plus, vous n'aviez pas besoin de parler plus pour vous comprendre. Tu pensais à votre voyage, à où vous pourriez aller. Évidemment, ça pourrait être l'Angleterre pour faire face à ses parents, pour les obliger à lui accorder sa liberté. Ou ailleurs, dans un cadre idyllique, pour vraiment profiter de la beauté du monde.

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