wide awake. ◊ romane.

•• De bon matin, il sort de chez lui en silence. Il n'a jamais été un lève-tard, et ce n'est pas son nouveau départ ici qui y a changé quoi que ce soit. Après un petit déjeuner léger et une bonne douche où il chantonne un air entendu à la radio, il salue brièvement son chien & ferme la porte derrière-lui. Quand il descend dans la rue, il n'est que neuf heures trente. Il aime bien se promener comme ça dans les rues commerçantes de la ville. Il se sent vivant, il aime bien s'imprégner ainsi des odeurs matinales de la ville. Il va en direction du marché, et alors qu'il vient d'acheter quelques fruits, il se retourne un peu trop brusquement en bousculant quelqu'un. Il va s'excuser quand il la reconnait. « Ro... Romane ? » Allez-y, expliquez-lui que c'est le hasard quoi, à des milliers de kilomètres d'ici quoi.

•• Ok ok ok. C'était pas prévu. Pas prévu du tout. Je ne pensais pas revoir Romane un jour, encore moins en ayant fuit l'Angleterre. Je viens m'exiler ici ... et bam, je lui tombe dessus ! Je la dévisage, hésitant entre l'appréhension de sa rancoeur et la joie à l'idée de la voir. Je la suis, pour m'écarter du passage pressé des passants. Ce que je fais là ? Je passe une main sur ma nuque & la frotte un peu avec un sourire amusé. « Eh bien... disons que j'habite à cinq minutes d'ici à pied donc... » Je lui lance un sourire amusé. Je croise les bras et plonge dans son regard chocolat. Elle a toujours les mêmes yeux. Et je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'elle est toujours aussi belle. Voire plus encore. « Mais.. et toi, qu'est-ce que tu fais ici ? Je veux dire.. je t'ai jamais vue, et puis.. Londres... » Je lui signale ainsi mon incompréhension. La croiser n'était pas prévu du tout, et je me retrouve plutôt déstabilisé à ce moment-là, car elle me rappelle un peu ma vie là-bas. Une vie que j'ai pourtant décidé d'oublier en venant jusqu'ici.

•• Deux semaines. En effet, c'est peut-être pour ça qu'on ne s'est jamais croisé. Néanmoins... que vient-elle faire ici ? Pile dans la ville où je suis. Et si elle m'avait suivie ? Non, il faut que j'arrête de paranoyer. Y a pas eu que toi dans sa vie. Avant que je ne puisse l'interroger de nouveau, elle me propose d'aller m'asseoir plus loin. J'acquiesce, souriant comme à mon habitude. Je prends alors les devants et vais rejoindre ledit banc. Puis alors, je me tourne vers elle, observant son joli visage. « Bon alors déjà, comment tu vas toi ? Et... qu'est-ce que tu viens faire si loin de Londres ? » Ouais, ça vaut aussi pour moi. D'ailleurs, elle risque de me demander pourquoi je suis ici moi ici. Elle n'est sans doute pas au courant du départ soudain d'Ambre. Il faut dire qu'une semaine après et je m'exilais déjà. Vivre là-bas était devenu intenable.

•• Elle ne me regarde pas. A-t-elle peur de croiser mes yeux bleus ? De voir quelque chose dans mon regard ? Mais enfin, de quoi a-t-elle peur ? C'est elle qui doit m'en vouloir à mort. Pourtant, je suis plutôt heureux de la revoir, moi. « Oh, d'accord. » réponds-je avec un petit sourire. Pourtant, Londres est un bon endroit pour chanter. M'enfin, ce n'est pas mon domaine, alors. Puis, elle me retourne la question. Forcément. Je plisse un peu les yeux et les détourne pour observer la foule qui se presse dans les rues pour rejoindre le marché. Je garde le silence un long moment. « Non. » Ma voix est calme, lente, et travaillée. « Non, je ne pouvais plus vivre chez moi, Londres m'était devenue invivable. » C'est la vérité. Si elle me demande pourquoi, j'esquiverais la question. Je ne mens pas, mais je ne suis pas prêt à lui révéler là que la fille pour qui je l'ai délaissée m'a subitement quitté.

c'est rien, j'en conviens qu'on ne les voit pas sur les gifs ou l'avatar.

•• Elle ne pose pas de questions. Elle me connaît, oui. Je cherche son regard, un sourire affectueux aux lèvres. Parfois, je repense à la manière dont je l'ai écartée dès qu'Ambre est apparue dans ma vie. Honteux. Tu l'écoutes et hausses un peu les épaules. Ici, comme ailleurs, trouver du boulot là-dedans, c'est pas facile facile. « Oh, c'est bien. Je viendrais t'écouter un de ces soirs. » Non, je ne cherche pas à la draguer. Cela fait bien longtemps qu'elle sait que j'ai toujours eu un faible pour elle. « Moi ? Eh bien... j'ai eu un contrat dans un resto de la vieille ville où je joue plusieurs fois dans la semaine. Parfois le soir, parfois le midi. C'est un resto de luxe, ils me paient assez bien. » je réponds alors simplement, l'étudiant doucement, avec mon habituel calme.

•• Il est vrai qu'avec mes cheveux blonds, mes yeux clairs, et mon accent britannique, on me trouve souvent parfaitement disposé à jouer n'importe où, même dans un restaurant de luxe. « J'y serais. » murmures-tu doucement avec un clin d'oeil, esquissant un sourire plein de malice. Quand j'entends alors sa remarque sur ma paye, je m'en veux un peu d'avoir balancé comme ça que ça suffisait très bien à payer l'appart' que je partage avec un pote à moi. Je baisse les yeux et par instinct, je lui attrape la main. « Je pourrais en toucher un mot au patron tu sais. Il est sympa, et je suis certain qu'il aimerait bien avoir une bonne chanteuse certains soirs. » Je ne rajoute pas le fait que j'adorerais pouvoir entendre sa douce et délicate voix lorsque je joue. Non, c'est pas le moment, et puis ce genre de remarque n'a rien à faire dans notre discussion n'est-ce pas ?

•• Oh non, il en faut plus pour me faire changer en effet. L'altruisme est une de mes plus fières valeurs et il faudra que je sois mourant dans un coin pour penser à ma propre personne avant de penser aux autres. Et encore. « Ça me manque, tu sais. » Elle ne comprend sûrement pas de quoi je parle. Je lâche sa main, remarquant que je la tiens toujours, avant de regarder devant toi, détaillant les gens qui passent avec une mine rêveuse. « De plus être avec toi sur scène. J'aimerais beaucoup... que ça se refasse. » Je me crispe un peu. En fait, peut-être qu'elle, ça ne lui manque pas. Faut pas que j'oublie qu'elle doit toujours me maudire. Ou alors, peut-être était-ce seulement Ambre qu'elle a détesté ? On pourrait dire qu'au moins, ça nous fait un point commun. Mais en fait non. Je l'ai tellement aimée que même après son départ soudain, son abandon sans explications... je n'ai jamais réussi à la détester.

•• Sa réponse tombe. Brusque. Cinglante. Inattendue. Non, qu'elle m'en veuille est normal. Attendu, oui. Mais depuis le début, elle cache bien sa rancoeur, sa colère à mon égard et c'est avec surprise que j'accueille sa soudaine réplique. Je comprends tout à fait le mal que je lui ai fait. Et j'en suis conscient. Je l'ai toujours été d'ailleurs. Je garde le silence si longtemps qu'on pourrait croire que je ne répondrais pas. Puis, je tourne mes yeux clairs vers elle, cherchant son regard. « Je m'en veux beaucoup, tu sais. Des excuses ne suffiront pas. Mais tu sais, être sur scène avec toi m'a manqué, oui. Pas besoin de te le cacher. » Je me mordille la lèvre. Elle va sûrement me mettre une baffe puisque je m'escrime malgré-tout à lui faire comprendre que ça me manque, oui, cette complicité là, mais tant pis. J'ai toujours pris les risques.