Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: (Lilence) I feel like a monster. Sam 2 Juil 2016 - 0:38
I FEEL
like a monster
Assise derrière mon ordinateur, je préparai convenablement mes vacances pour m’en aller de cette ville pourrie. Il faut dire que j’étais revenue de Paris depuis un mois maintenant et que je ne songeai qu’à mettre les voiles de nouveau. Que dire si ce n’est que j’ai la bougeotte et vu comment le voyage s’était déroulé de manière désastreuse, je ne me sentais pas réellement à ma place ici. Dans cette famille. Mon beau-père –comme je l’appelais le dinosaure- était heureux que je sois ici. Je ne savais pas pourquoi mais le vieil homme m’appréciait contrairement à son ainé et son cadet. Enfin pour Terrence les choses étaient compliquées. On continuait de passer du temps ensembles mais ça ne se limitait qu’au sexe. Oui, je couchais avec lui. Et bien que je sentai une pointe d’attachement au fond de moi, j’étais trop fière pour le reconnaitre. Quant à son petit frère, il n’était pas indispensable à ma vie. Encore ce matin, je lui lançai des céréales sur son costume parfait et il se contentait de m’insulter dans sa langue natale. Débile. Mais avec l’ainé, je ne savais pas encore. Donc, je préparai mes vacances et je prévoyais de l’emmener dans mes bagages. Déjà car je voulais me servir du jet et en plus, ça m’éviterait d’avoir à le retrouver devant ma porte un jour. Imprimant les billets, j’avais rendez-vous avec mon beau-père pour discuter un peu avec lui. Il était certes plus vieux et un peu sénile mais sa compagnie était distrayante. Vêtue d’un pyjama quelconque, je savais que Terrence était rentré ce soir. J’avais prévu d’aller le voir plus tard. Rangeant les billets dans une enveloppe, je me levais de mon siège pour aller dans la suite parentale.
Je frappai avant d’entrer mais ne reçut aucune réponse. J’entrai donc pour… okay, c’est dégoutant. Jeanne, ma mère, était assis au-dessus de son nouveau mari vêtue d’un déshabillé. Mon dieu mais était-il en train de copuler ? Ma mère se tourna vers moi et elle me sourit. Malsain bonjour. Ce n’est que tardivement que j’aperçus l’oreiller. Elle le tenait au-dessus du patriarche de la famille. « Jeanne, non ! » Elle commença à me parler comme une tarée. Elle n’en pouvait plus de ce vieux type qu’elle considérait comme un pervers. Mais de là à le tuer ! Je me ruais sur elle pour la pousser hors du lit et enlevait l’oreiller du dessus du dinosaure qui inspira une bonne goulée d’air frais. Thanks god, he’s not dead. Jeanne se releva. « Qu’est-ce que tu fous Lilas ? Il faut le tuer si on veut avoir le pognon ! » Veuve noire. Elle se jeta sur moi comme une démente pour m’envoyer dans le mur avant de retourner sur le pauvre vieillard qui peinait à retrouver ses esprits et je la vis sortir un objet étincelant. Un des flingues de Terrence sans aucun doute. « Où as-tu trouvé ça ? » La blonde se tourna vers moi. Ma mère. « Tu étais trop occupée à le sauter. Merci pour la distraction. » Elle pointa l’arme sur son époux mais je me jetai sur elle et un coup de feu partit dans l’air. Terrence et le plus jeune avaient déjà perdu leur mère. Ça serait cruel que de leur retirer leur père. Une bataille fit alors rage dans la suite parentale tandis qu’il se redressait sur le lit, abasourdi. Je volais dans un coin de la pièce et ma mère m’assena un violent coup de poing au point de faire craquer mon nez. « MAMAN ! ARRETE ! T’as qu’à divorcer, tu auras la moitié. » Mais elle ne m’écoutait plus. Elle était clairement plus folle que moi. Je lui mis un coup de pied dans le ventre et elle hurla de douleur tandis que je me redressai difficilement. Mais elle pointait son arme sur moi. Sans aucune pitié. Mais je suis sa fille ! Je sais que je ne suis qu’adoptée mais tout de même. Je levai les mains en l’air avant de m’approcher. « Maman, lâche cette arme. Tout de suite. » Le coup partit et je me baissais. Fort heureusement, elle ne sait pas tirer. Je me jetai sur elle pour essayer de lui faire lâcher le revolver. Trois coups et son poignet craqua. Je lui mis un coup de poing dans le visage puis un autre avant de me saisir de l’arme pour la pointer sur elle. « Tu n’oseras pas, me hurla-t-elle, tue-le lui. Il n’est pas de ta famille. » Mais avait-elle perdu l’esprit ? « Je suis désolée Maman. » Une larme coula le long de ma joue et le coup partit faisant voler sa tête en éclat. Du sang atterrit sur mon visage et je me reculai alors, effarée.
Une main me souleva difficilement tandis que je regardai le cadavre encore chaud qui gisait au sol. Légitime défense. C’était de la légitime défense. Le pistolet était un silencieux. Personne n’avait rien entendu. Je me tournai vers mon beau-père qui me releva pour m’emmener dans sa salle de bain personnelle avant de m’asseoir sur le rebord de la baignoire. Etat de choc. J’étais clairement en état de choc. Je venais d’assassiner de sang-froid ma propre mère. Je déglutis tandis que les larmes se mirent à couler sur mon visage ensanglantée. Celui de Jeanne et le mien se mélangeaient. Monsieur Adler essaya de me nettoyer mais j’abaissais sa main. « Allez chercher Terrence. Il saura quoi faire. » Je le soupçonnai d’être au courant des activités de son fils. Il ne demanda pas son reste avant de partir en boitillant chercher son fils tandis que je me cachai dans la baignoire, les mains autour de mes jambes. L’une d’elle tenait toujours l’arme tandis que je regardai dans le vide, sans trop savoir quoi faire. Ma tête se posa sur mes genoux pour inspirer doucement. Puis sans réfléchir, je fondis en larmes.
Invité
Sujet: Re: (Lilence) I feel like a monster. Sam 9 Juil 2016 - 20:00
UN MONSTRE A PARIS you're like a drug that's killing me
la nuit, noire. tu fumes sur le balcon de cette chambre t'ayant toujours appartenu, et que tu n'as jamais aimée. c'est d'ailleurs un lieu très impersonnel, peu d'objets témoignent de ta croissance entre ces murs. une photo de ta mère et toi, inséparables que vous étiez; quelques médailles, tes diplômes, trois posters décrépits représentant respectivement mohammed ali, berlin et radiohead; et pour finir une cible en face de ton lit, des fléchettes dans la table de chevet. la décoration se résume à cela. tu as toujours préféré le grenier, avant que le suicide de ta mère en fasse un lieu où jamais plus tu ne mettras les pieds. tu hais cette maison, chaque pièce te la rappelle. pourquoi alors dors-tu ici ces derniers temps ? tu surveilles la maison, un peu à la manière d'un chien de garde puisqu'elle ne contient qu'un vieillard, un adolescent qui se prend pour un adulte, une petite fille, une femme d'âge mûr et une sociopathe. cette dernière étant cependant tout aussi capable que toi de garder les lieux, mais c'est justement en grande partie pour la voir que tu ne te contentes pas de faire confiance à l'alarme. ensuite, tu surveilles jeanne, ce que tu préfères de loin faire toi-même (on est jamais mieux servi). s'il devait arriver quelque chose à ton père... ton frère et toi êtes d'ores et déjà orphelins de mère, vous n'avez pas besoin de ça. à peine t'es tu allongé dans ton lit, fixant le plafond les yeux pleins de pensées obscures, que la porte s'ouvre d'un coup. personne ne vient jamais dans cette pièce, elle est située à l'opposé de tout dans la maison: choix stratégique d'un gamin qui a toujours été solitaire. tu imagines que c'est lilas, il ne serait pas étonnant qu'elle te rejoigne. et c'est d'ailleurs la seule personne vivant ici qui s'introduirait dans ta chambre en pleine nuit. tu te redresses sur les coudes, t'apprêtant à lâcher l'une des piques dont tu as le secret, pour tomber nez à nez avec ton père. il est rouge, et pas seulement d'avoir eu trop chaud en traversant le couloir. il est rouge comme s'il peinait à respirer, et une brève analyse de sa tenue t'apprend également qu'il est couvert de sang. jeanne, putain. « elle... elle est morte. » tu te lèves vivement et, avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit de plus, tu te jettes presque sur lui pour le prendre dans tes bras. tu n'as pas toi-même pleinement conscience de ton geste, tu l'étreins simplement, avec soulagement. tu as failli à ta tâche, tu devais le protéger, tu devais prendre garde à ce que sa connasse de femme ne tente pas de le tuer dans son sommeil. évidemment, il aurait mieux valu que tu places une caméra dans leur chambre et ne dorme pas de la nuit, mais tu n'étais certainement pas prêt à assister aux prouesses conjugales. rien que d'y songer, tu as la nausée. « terrence, va voir lilas. » il te repousse doucement, tu baisses les yeux sur lui en fronçant les sourcils avant de te précipiter en direction de la chambre parentale. sortant dans le couloir en baillant, ton frère, réveillé par le bruit de ta course ou peut-être simplement levé pour aller boire ou pisser, te barre la route. tu te plantes face à lui et, bien qu'il soit à moitié réveillé seulement, tu l'attrapes par la manche et le plaque au mur à côté de la chambre de rose. « tu ne bouges pas de devant cette porte. » tu le prends par les épaules, ton regard rivé au sien. « tu ne laisses pas la gamine sortir de là, capisce ? » il hoche la tête, perdu, et tu fais signe à votre père d'approcher et de lui expliquer avant de reprendre ta course pour enfin parvenir à ton but. le corps gît au sol, tu ne ressens rien en l'apercevant. ni dégoût, ni peine. peut-être une pointe de satisfaction, vous voilà enfin débarrassés. rapidement désintéressé, tu cherches ta demi-soeur du regard. tu te diriges donc vers la salle de bain adjacente et la découvre dans la baignoire, recroquevillée et en pleurs. tu grimpes à ton tour dans la baignoire, t'installant face à elle. c'est un peu petit pour y tenir à vous deux vu vos tailles respectives, mais cela fera l'affaire. tu t'éclaircis la gorge, pour une fois un peu hésitant. « tu n'as pas à t'en vouloir lilas, tu as sauvé mon père. » ce qui lui vaudra sans doute une reconnaissance à vie de la part de celui-ci et, même si tu ne risques pas de le dire tout haut, de la tienne aussi. ton père et ton frère, c'est tout ce qu'il te reste. vos relations sont loin d'être parfaites, elles sont parfois même difficiles, voire conflictuelles quand ça vous prend, mais vous vous aimez à votre façon et tu ne supporterais de perde aucun d'eux. tu as bien conscience que ton père partira avant vous, tu n'es cependant pas prêt du tout. « écoute moi. si jeanne avait tué mon père, elle serait morte quand même: de mes mains. tu as évité une mort sur deux. » tu soupires imperceptiblement avant de lui relever le visage d'une main, plongeant ton regard dans le sien. « je vais m'occuper du corps et nous débarrasser des preuves. nettoie ton visage, et utilise n'importe quel moyen pour faire disparaître tes vêtements. je me charge du reste, tu n'as pas à t'en faire. » tu en profites pour essuyer ses larmes, n'ajoutant rien. c'est très probablement son premier meurtre, tandis que tu es en au... tu ne sais pas, tu ne comptes pas tes assassinats commandés, ce n'est pas ainsi que tu fonctionnes. ce n'est pas un record à battre pour toi. tu es d'un calme olympien, comme si de rien n'était, comme si votre discussion portait sur le repas du soir ou le voyage que vous aviez l'intention d'entreprendre.
Sujet: Re: (Lilence) I feel like a monster. Jeu 28 Juil 2016 - 15:02
I FEEL
like a monster
A vrai dire, ce n’est pas trop la vue du sang qui me dérange, ni celle de ma mère affalée par terre. Je sais que je devrais être triste. C’est ça le pire. Je le sais. J’en suis consciente et pourtant, je ne le suis pas. Je suis debout devant elle un moment, l’arme à la main comme tétanisée. Est-ce réellement une vie ? Je pense que c’est le pire dans ma vie. C’est de prendre conscience que quelque chose cloche chez toi. Je savais ce que j’étais. Une sociopathe. On m’a décelée trop tard. Seize ans. C’est trop tard. Sans doute à cause du manque de socialisation, du fait que ma mère n’est pas réellement ma mère, qu’on m’a enlevée à ma véritable famille. Aurais-je été normale si je n’avais pas été enlevée ? Si je ne l’avais pas connu ? Puis mes pensées se tournèrent alors vers Rose, ma petite sœur. Qu’allait-elle devenir ? Je devrais me ronger le frein, me dire « c’est mal Lilas » Mais non, rien. Je ne ressens rien. Et ce n’est pas nouveau. Je mets un masque à chaque fois que je sors de ma chambre. Mais tout m’ennuie. Tout le monde m’ennuie. Même mes étreintes avec Terrence. Je sais que lui est attaché à moi. Il ne le montre pas mais il est attaché. Nous avions une relation monogame, plus ou moins basée sur l’attachement bien que très fragile. Je savais que je finirai par le décevoir tôt ou tard.
Comme si mon beau-père savait à quoi je pensais, il m’attrapa par le bras pour me détourner de la vision macabre que j’avais sous les yeux. Il m’entraina dans sa salle de bains luxueuse pour commencer à m’asseoir sur le rebord de la baignoire. Puis, je l’entendis me faire couler de l’eau pour me nettoyer le visage. Un visage maculé à la fois du sang de ma mère et du mien. Les deux mélangés. Je fermai un moment les yeux. Geste paternel, attendrissant, sans doute heureux que je lui ai sauvé la vie. Mais je m’en fichai. Je l’avais fait pour Terrence. Car bien que le vieil homme ne soit rien pour moi, il représentait quelqu’un d’important dans la vie de mon amant. Je ne voulais pas lui retirer le seul parent qu’il avait. Alors, je me suis amputée du mien. Et pourquoi au final ? Terrence allait sans doute de nouveau me traiter comme le monstre que je suis dès qu’il en aurait l’occasion. Car il y avait bel et bien un monstre à Paris. Sauf que ce n’était pas lui. C’était moi. J’annonce alors d’une voix éteinte d’aller le chercher. Je pourrais prévoir sa réaction à l’avance. Mais bon, il était le seul à savoir agir dans ce genre de situations. Puis, je me laisse glisser tout doucement dans la baignoire, l’arme toujours en main.
Les larmes coulent sur ma joue. Je me rends compte que je suis nocive pour tout le monde. Terrence. Rose. Et le vieil homme. Ah et il y a le petit frère aussi. Que vais-je leur apporter ? Nous ne sommes plus liés. Jeanne représentait le tampon, la colle. Et avec sa mort, plus rien. Je sens quelqu’un venir en face de moi. Je sais que c’est lui. Inutile de lever les yeux. Il n’a rien compris. Je ne culpabilise pas. Je ne ressens rien. C’est pour ça que je pleure. Je ne le regarde pas. Mon regard éteint est perdu dans le vide. Je me fiche grandement de ce qu’il pense de moi. En fait, non. Serait-ce ça l’attachement ? Cette relation à la fois fusionnelle et malsaine ? Je fronce les sourcils tandis que je sens ses doigts sous mon menton et je tremble un peu à son contact émettant un mouvement de recul lorsqu’il me force à le regarder. Ne cherche pas Terrence, je ne ressens plus rien. On venait d’appuyer sur le bouton off. « Je ne ressens rien, Ted. Rien. Pas de tristesse et pas de culpabilité. » Je passe alors à ses côtés, les épaules baissées comme vidée par la vie que je venais de prendre. Puis, je me dirige vers le corps pour regarder l’arme que je tiens encore dans la main. J’actionne la détente avant de vider le chargeur sur elle. Je serai capable de le vider sur moi mais soyons honnête, je m’aime bien trop. Je fais alors volte-face pour aller me nettoyer. Je me colle tout habillée sous la douche avant de laisser le sang couler. Cheveux trempés, vêtements inhibés, je les retire. Dommage, je les aimais bien. Puis, j’enfile un pull que j’avais piqué à Terrence, un pantalon de jogging et je saute par la fenêtre vêtements en main. Je me dirige vers le garage mains dans les poches pour prendre un bidon d’essence. Battre le feu par le feu. Je le fais couler sur le petit tas avant de gratter une allumette que je jette. Même plein d’eau, ça prend assez vite. Je m’assois devant avant de fouiller dans les poches du sweat de Terrence et trouver un paquet de cigarettes. J’en allume une. Je sais qu’il n’est pas loin. Je sais qu’il à mes côtés. Je peux sentir sa présence. « Si j’avais un minimum de bon sens, je devrais me jeter dans le feu. Pendant longtemps, j’ai cru que c’était toi le monstre. Faux. C’est moi. » Je me tourne alors vers lui pour tirer sur ma cigarette. « Fuis-moi tant que tu le peux encore, Ted. C’est un conseil. Je sais que tu as de l’affection pour moi. T’es trop fier pour le dire et elle est malsaine. » Je jette le mégot dans le feu pour regarder droit devant moi. « Sauf que moi, je ne sais pas comment on fait. » Et étant incapable de rendre de l'affection à quelqu'un, mieux valait mourir que vivre.