Sisters are the ones who stay back to wipe your tears (Zoey)

Les deux jeunes femmes continuent de s’observer, non pas de façon malsaine, bien au contraire, mais elles se découvrent juste petit-à-petit au fil des minutes. Si une personne entrait à cet instant précis dans la pièce, elle aurait été bien étonné d’apprendre qu’il y a moins d’une heure de ça, elles ne s’étaient encore jamais vues ni parlées… Lien du sang ou pas, le courant semble vraiment bien penser entre Théia et Zoey et cette dernière se détends un peu plus au fur et à mesure, se demandant toutefois encore si elle se trouve vraiment face à la réalité ou si elle est juste en train de rêver tout ceci, pouvant ainsi s’ôter un poids en racontant tout ou presque ce qu’elle a sur le cœur…
Après que Zoey est interrogée Théia sur les raisons de son départ de chez sa famille, cette dernière les lui explique et Zoey ne peut s’empêcher de sourire face à l’évocation d’études dans le milieu artistique, faisant écho, sans qu’elle ne le sache, au passé de la jeune maman. « Je comprends tout à fait tu sais. Tu fais quoi comme études exactement ? Moi, quand j’étais plus jeune, le lycée où j’ai rencontré Zach, c’était un lycée où presque tout le monde touchait à un art quel qu’il soit ! Il y en avait pour tous les goûts : chant, danse, cinéma, dessin… » Zoey se perdit quelques instants dans ses souvenirs, revoyant ainsi des visages de ses anciens camarades défiler Niki, Kyo, Stacey…. Tant de personnes dont elle n’avait plus de nouvelles à présent puisque chacun avait fait sa vie mais elle restait très nostalgique de sa période au « Dream’s High School ». Elle finit par ajouter avec un nouveau sourire « C’est drôle je trouve qu’à un moment on ait eu le même type d’études… On doit avoir ça dans le sang ! » Elle avait marqué un léger temps d’hésitation avant d’oser prononcer la dernière phrase, réalisant encore tout juste la situation mais bizarrement, elle sentait que Théia ne le prendrait pas mal et en rirait avec elle également.
Puis, lorsque Théia lui confie, comme pour la soulager de tout ce poids, qu’à présent elle est là pour elle, Zoey la regarde à son tour, droit dans les yeux, touchée par ses paroles. Cette situation est tellement hallucinante lorsque l’on y pense. Mais les deux jeunes femmes se comportent juste comme deux sœurs qui se sont perdues de vue quelques temps plus que comme deux jeunes femmes qui viennent juste de se découvrir l’une l’autre. « Et tu sais qu’à présent tu vas pouvoir compter sur moi aussi. » Elle lui fait un clin d’œil complice, espérant, là encore, que Théia ne le prenne pas mal. Après tout, elle a toujours été fille unique et Zach l’était également. Donc non seulement elle ne sait pas trop comment elle doit se comporter avec des frères et sœurs mais encore moins dans un cas de figure pareil…
La discussion s’enchaîne alors tranquillement, les demoiselles continuant d’en apprendre un peu plus l’une sur l’autre. « Oh mais oui, tu es jeune encore en fait ! » ne peut-elle s’empêcher de lui dire alors que Théia lui dit qu’elle est âgée de seulement vingt ans. « Tu as encore toute la vie devant toi ! Enfin, je ne suis pas beaucoup plus âgée en soit moi au final… J’ai vingt-six ans. » Et tout comme Théia, même si ni l’une ni l’autre n’ose le dire, à seulement vingt et vingt-six ans, les deux jeunes femmes ont effectivement eu une vie bien plus remplie que la plupart des gens de leur âge !
Puis, le sujet douloureux de Zach finit par revenir dans la conversation. En se confiant ainsi, Zoey a bien vu qu’elle avait touchée Théia et ne peut s’empêcher à son tour de s’en vouloir un peu de mettre ainsi mal à l’aise la jeune fille. Mais elle n’eut pas le temps de trop tergiverser sur la question. Alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, Théia, avec un grand sourire, lui fit une des plus belles déclarations fraternelles qu’il puisse être aux yeux de Zoey. C’est à son tour d’être touchée par ses mots, ces mots qu’elle n’aurait jamais pensés, ni même espérés entendre un jour d’une quelconque personne que ce soit. Elle la regarde, entre surprise et reconnaissance, elle ne sait plus trop où donner de la tête… Elle finit par lui sourire, timidement, pour la rassurer qu’elle n’ait pas mal pris les choses, bien au contraire et finit enfin par lui répondre : « Je… Je ne sais pas quoi dire après tout ça Théia… Je crois que je pourrai dire n’importe quoi, ça semblerait ridicule après ce que tu viens de me dire toi. » Elle rit légèrement. « Je suis plus que touchée par ce que tu viens de me dire et je ne trouve pas ça stupide du tout, bien au contraire ! Et il est évident que je veux faire partie de ta vie aussi ! Je veux apprendre à te connaître vraiment et rattraper ce temps que certains ont cru bon de nous gâcher… » Elle prononce ces derniers mots avec un ton amer, faisant bien évidemment référence à leur père. Mais elle se radoucit tout aussi vite. Elle regarda Théia avec émotion, les yeux emplis de joie et de curiosité. Elle a beau être la grande sœur – sortie de nulle part – elle ne sait pas trop ce qu’elle doit faire, ce qu’elle doit et peut dire. Elle veut toutefois détendre un peu l’atmosphère face à tant d’émotivité – cette journée aura, en effet, été plus que riche en émotions en tout genre pour les deux demoiselles. Et le plus naturellement du monde, Zoey décida de revenir sur un sujet, qu’elle espère, plus joyeux et lui lance tout-à-trac « Mais on a beaucoup parlé de moi avec tout ça ! Dis-moi, toi, tu as un copain ? » Elle lui sourit tout en s’asseyant en tailleur, position un peu plus confortable sur le canapé.

La réponse de Zoey est un plaisir pour Théia, comme si rien que celle-ci appuyait encore plus la possibilité que toutes les deux soient sœurs. Pourtant, elle n'aurait jamais imaginé son père avoir la moindre fibre artistique par le passé, où alors elle n'en est pas au courant. Quoi qu'il en soit, il semblerait que l'homme aie engendré deux filles toutes deux intéressées par l'art, même si Théia ne sait pas avec précision quelle a été la spécialisation de Zoey. Elle l'écoute lui parler de l'endroit où elle étudiait avant de prendre à son tour la parole pour répondre à sa question. « Et bien justement, je fais des études d'art, section cinéma. Je sais que c'est un peu idéaliste comme rêve, mais j'aimerais vraiment pouvoir mettre en scène mes propres films, comme Christopher Nolan ou Steven Spielberg. Je ne me suis jamais intéressée à toutes ces études de droit, d'architecture, ou je ne sais quoi. Le cinéma, c'est vraiment mon truc. » Un petit sourire étire les lèvres de Théia. Son père ne l'a jamais beaucoup soutenue dans ses projets d'avenir, elle a toujours pensé qu'il ne la trouvait pas à la hauteur par rapport à la fille qu'il voulait. Mais sa tante du coté maternel, au contraire, a toujours été d'un grand soutien moral pour elle. D'ailleurs, il n'est pas rare que Théia fasse la route jusque chez elle pour lui montrer ses quelques réalisations amatrices. Les paroles de Zoey rejoignent les pensées qu'elle a eues quelques minutes plus tôt, et ça la fait rire de bon cœur. « C'est exactement ce que je me disais ! » répond-elle, le regard brillant. Théia est tellement ravie de ce que vient de lui dire Zoey, car ça signifie que peut-être une part d'elle n'hésite plus quant-à la possibilité de leur parenté. Et avoir une sœur, c'était un peu son rêve à Théia. Une personne à qui se confier, avec qui elle pourrait rire, jouer, aller au cinéma, piquer des vêtements. Bon, peut-être qu'elle ne fera pas cette dernière chose avec Zoey, mais elles pourraient au moins passer de meilleurs moments que quand elles étaient encore filles uniques. Elle sourit à nouveau aux paroles de Zoey, et hoche lentement la tête pour lui faire comprendre qu'elle en est bien consciente, de cette présence mutuelle. Zoey semble être une personne tellement gentille, sincère et courageuse, le genre de personne avec qui Théia se sentirait assez en confiance pour réussir à lui parler de tout ce qui lui pèse sur le cœur. Au fond, elle craignait un peu que cette sœur n'aie trop hérité de leur père. La froideur, le coté non-affectueux, sévère, et qu'elle lui ferme directement la porte au nez dès le premier mot prononcé. Il aurait dû rester avec elle, avec sa mère, et ne jamais donner naissance à un deuxième enfant boiteux et déjà orpheline. Théia décide de ne plus penser à son père et de se concentrer une bonne fois pour toute sur Zoey. Après tout, le passé est ce qu'il est, et il ne peut être changé. Elles auraient pu ne jamais se rencontrer, mais elles ont eu la chance de se retrouver par le plus grand des hasards dans ce si grand pays qu'est l'Australie. Théia hausse les épaules quand Zoey lui réplique qu'elle est encore jeune. Effectivement, elle n'a pour le moment vécu que vingt années sur Terre, mais celles-ci lui semblent parfois avoir duré une éternité chacune. « Toute la vie devant moi, j'espère. » Elle esquisse un léger sourire. Même si Théia n'a jamais vraiment été négative par rapport à son état de santé, elle est consciente qu'un rien pourrait arrêter de faire battre son cœur. Elle ne s'attarde pas plus sur le sujet car elle préfère parler d'un sujet plus positif que ces dernières années difficiles qu'elle a vécues, et écoute avec attention les paroles de Zoey. Celle-ci semble avoir été émue par le petit discours de Théia lâché sans y avoir réfléchi, et elle lui offre des mots qui lui vont droit au cœur. Sa dernière phrase lui fait pincer les lèvres, mais elle se contente de hocher la tête sans en rajouter. Leur père, même si il n'est pas un monstre, ne mérite pas d'être un sujet sur lequel on s'éternise. Zoey lui pose ensuite une question qui fait sourire Théia, car celle-ci savait que le sujet du petit copain allait finir par tomber à un moment où un autre.  « Ma vie sentimentale a toujours été très compliquée. J'ai un peu arrêté de m'intéresser aux garçons quand Wallace... » Elle s'interrompt. Théia regarde à terre, réalisant que Zoey ne sait pas pour son meilleur ami. En même temps, personne ne le sait. Théia n'en parle jamais car c'est un sujet qui est difficile à évoquer, encore plus que son problème de santé. « Quand mon meilleur est tombé malade. Je ne restais qu'avec lui, et l'idée d'avoir un petit-copain sonnait plus comme un fardeau pour moi. Mais... il y a un garçon. Enfin, il y a eu. On s'est rencontrés à l'hôpital il y a un an et demi, et on a flirté. Je l'ai abandonné car je devais être là pour Wallace, mais il est ré-apparu il y a quelques jours. » C'est la première fois qu'elle parle de Sam, et Théia ne sait pas comment réagir face à ce sujet. Elle rougit légèrement car les traits du visage de ce garçon ne l'ont jamais laissé indifférente, mais elle sait que rien ne sera plus jamais comme avant avec lui.

Après que Zoey se soit remémorée son époque lycée, non sans nostalgie, ce fut au tour de Théia d’en dévoiler un peu plus sur ses études et ses ambitions. Zoey l’écouta avec attention et non sans une certaine admiration. Pour elle, les arts avaient toujours été sacrés quel qu’ils soient. Elle sourit à la jeune fille qui avaient des étoiles pleins les yeux rien qu’à l’évocation de ces grands noms du cinéma. Ça se voyait, comme elle le disait elle-même, c’était indéniablement "son truc". « Eh bien tu peux être fière de toi, de ta motivation et de ta volonté tu sais.. Il faut beaucoup de courage et de force pour se lancer dans ce milieu, je sais de quoi je parle. » Elle lui fit un clin d’œil avant de reprendre « Sincèrement, je suis de tout cœur avec toi et j’espère que tu arriveras à te faire ta place. C’est un monde tellement à part et à la fois merveilleux… Perso, je n’ai pas continué après le lycée mais c’était plus pour m’occuper de Maëlys avant tout. J’ai commencé des études de droit par correspondance justement. » Elle rit face à ce souvenir. « Mais ce n’était effectivement pas du tout ma tasse de thé ! D’ailleurs en parlant de thé, tu veux autre chose à boire ? Ou même à manger ? » Elle lui sourit de nouveau. Bizarrement ou non en fait, Zoey était de plus en plus à l’aise avec Théia au fil du temps qui s’écoulait. C’est comme si elles s’étaient toujours connues. Le fait qu’elle se soit ainsi livré à elle devait aider considérablement. Si une personne extérieure était entrée à cet instant, il aurait été bien incapable de deviner que les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas il y a de cela moins de deux heures. Mais cela importait peu à Zoey en cet instant précis. Elle se sentait bien en sa compagnie et c’était ça le plus important au fond, non ?
Puis, lorsque Zoey lui fit remarquer qu’elle était encore jeune, Théia répondit simplement qu’elle espérait en effet avoir toute la vie devant elle… Zoey ressentit un pincement au cœur à ses mots. Elle n’avait pas voulu blesser la jeune fille d’une quelconque façon que ce soit, bien au contraire. « Désolée… Je n’ai pas pensé à mal… Ni à lui… » Elle mit sa main sur sa propre poitrine afin de montrer son cœur et reprit : « Dis-moi si tu ne souhaites pas que l’on en parle mais… Quelle est ta maladie exactement ? Tu as un traitement à vie ? » Comme souvent, Zoey faisait preuve d’une grande curiosité mais jamais mal placée, ou tout de moins pas intentionnellement. Elle voulait juste en apprendre le plus possible sur sa sœur et sa maladie semblait malheureusement faire part entière de sa vie. Elle repensait indubitablement à Maëlys par la force des choses mais ce n’était pas aussi douloureux qu’il y paraissait et elle voulait se concentrer sur Théia pour le moment.
Sa sœur finit par lui répondre concernant sa propre vie sentimentale. Zoey l’interrogea du regard lorsqu’elle prononça le nom de Wallace, se demanda qui était ce jeune homme. En effet, elle venait seulement de découvrir l’existence de sa sœur, il était donc logique qu’elle ignorait tout de ses relations amoureuses ou bien même amicales. Elle n’eut toutefois pas le temps de formuler sa question à voix haute aux vues de la réaction de Théia, elle préféra s’en abstenir dans un premier temps. Elle l’écouta donc attentivement, hésitant toutefois quant à sa réponse, ne voulant pas la blesser et sentant qu’elle ne lui disait pas tout. « C’est tout à ton honneur d’avoir été là pour ton ami en tout cas.» Elle sentait que le sujet semblait épineux et avait peur de faire une gaffe. « Je ne veux pas te forcer à m’en parler tu sais ? C’est comme tu le sens… » Elle lui sourit de ce sourire que l’on veut réconfortant. Avant de poursuivre, elle remarqua toutefois que Théia avait légèrement rougit.
Elle finit par reprendre : « Et ce garçon qui est réapparu soudainement, tu as repris contact avec lui ? Tu sais s’il a une copine ? » Zoey lui lança un sourire complice, le genre de sourire qui sous-entends beaucoup de choses sans pour autant ne rien révéler à haute voix. Elle se voulait détendue et incitait à la confidence telle la grande sœur qu’elle était subitement devenue en une après-midi.

Au fond, elle n'a jamais vraiment su si elle pouvait être fière d'elle. Après tout, les études qu'elle a choisies seront un peu une sorte de tout ou rien. Soit elle y arrive et elle peut se permettre de vivre de sa passion, soit elle ne perce jamais et devra se contenter d'un petit boulot sans diplôme comme serveuse, ou caissière en grande surface. L'idée ne lui plaît pas vraiment. Sauf que comme lui dit Zoey, Théia est dotée de beaucoup de courage et de détermination. Jamais elle n'a baissé les bras, que ce soit devant la mort comme la maladie. Ce n'est donc clairement pas devant ce genre d'épreuve qui risque de déterminer toute sa vie qu'elle va commencer à abandonner. « Merci, ça me touche beaucoup, » dit-elle en ressentant la sincérité des paroles de Zoey. Celle-ci lui propose à boire, et Théia doit bien avouer qu'elle commence à avoir soif à force de parler. « Pourquoi pas un thé, oui ! » s'exclame-t-elle avec un grand sourire, regardant sa grande soeur se lever pour aller chercher de quoi faire dans ce qui doit être la cuisine. Curieuse, Théia en profite pour regarder autour d'elle. Elle voit une porte presque fermée, et ne peut s'empêcher de penser que c'est peut-être dans cette pièce que se trouve Louane, la fille de Zoey. Petite princesse qui serait donc sa nièce. Elle essaie d'imaginer à quoi peut bien ressembler la petite, essaie de la visualiser et la voit comme une Zoey miniature avec des élastiques roses dans les cheveux. Une fois Zoey de retour, Théia la remercie pour le thé avant de prendre la tasse entre ses mains. Immédiatement, celle-ci lui réchauffe les mains pendant que de la vapeur chaude se dégage de l'intérieur. Elle questionne ensuite Théia sur sa maladie, et celle-ci lui offre un sourire pour lui faire comprendre que ça ne la dérange pas d'en parler. « En réalité, c'est plus une déformation qu'une réelle maladie. Mon coeur s'est arrêté de grandir prématurément, j'ai donc vécu toute ma vie avec cette organe trop petite pour supporter mon corps d'adulte. Je suis toujours en vie grâce à quelques cachets qui régulent ses battements et souvent, je dois aller faire des visites chez mon médecin pour voir si tout est en ordre. » D'ailleurs, elle se souvient encore très bien des mots prononcés par ce dernier lors de leur rendez-vous de la semaine passé. Il lui a parlé de chirurgie, dangereuse mais peut-être nécessaire. Théia n'a pas voulu en entendre plus, sauf que de plus en plus elle songe à cette éventualité. Vivre avec le coeur de quelqu'un d'autre, quelqu'un de mort qui revivrait à travers elle. Elle parle ensuite de Wallace et, comme à chaque fois qu'elle évoque ce sujet, sa gorge se sert. Elle ne va pas pleurer, cela fait déjà longtemps qu'elle arrive à ne plus être aussi triste par rapport à la mort de son meilleur ami. Cependant, la douleur reste présente et ne partira peut-être même jamais. « C'était difficile, mais je ne pouvais pas le laisser tomber. » Zoey semble soudainement mal à l'aise face à l'état de Théia qui s'empresse de secouer négativement la tête. « Ne t'en fais pas, tu ne m'y obliges absolument pas. C'est juste que... si tu l'avais connu, tu comprendrais à quel point la vie peut être plus ennuyeuse sans lui. » Un sourire nostalgique étire ses lèvres quand elle repense à Wal. Vient ensuite le sujet Sam, peut-être aussi délicat que de parler de Wallace. À la question de Zoey, Théia ne peut s'empêcher de rire doucement. « Pas vraiment. On s'est vus une fois, on est sortis en boîte, et c'est tout. Je ne crois pas qu'il aie une copine mais, tu sais, il appartient au passé. » Elle se contente de hausser les épaules avant de boire une gorgée de son thé. Et puis, elle repense à la porte entre-ouverte derrière elle. « Tu penses qu'un jour je pourrais peut-être voir Louane ? » demande timidement Théia.

Zoey était sincère lorsqu’elle encouragea Théia dans la poursuite de ses études et ses paroles bienveillantes touchèrent cette dernière qui remercia sa sœur. Zoey avait vu dans son regard toute sa détermination et si Théia était prête à l’accepter, elle serait derrière elle à présent pour l’épauler. Elle sourit à sa sœur et se leva donc pour préparer un thé à toutes deux qui l’avaient plus que bien mérité après tant de paroles et d’émotions. Zoey s’affaira donc dans la cuisine, laissant ainsi quelques instants de temps libre à Théia. La jeune maman fit rapidement chauffer de l’eau et prépara sur un petit plateau deux tasses, un assortiment des thés qu’il lui restait, du sucre et quelques petits biscuits pour agrémenter le tout. Une fois l’eau chaude, elle la transvida dans une petite théière et vint apporter l’ensemble qu’elle déposa sur la table basse du salon, faisant signe à Théia de se servir. Puis la jeune fille répondit aux questions de la maman concernant sa maladie. Elle lui expliqua ainsi en quoi consistait réellement cette déformation et ce qu’elle engendrait pour le reste de sa vie : la surveillance, la prise de cachets, … Zoey ne pouvait que comprendre la situation de Théia, l’ayant elle-même vécue au travers de la petite Maëlys. C’est ainsi, que tout naturellement, sans même imaginer les pensées qui habitaient la jeune fille, elle lui demanda « Il n’y a pas un autre traitement alternatif ? Tu es obligée de prendre ses cachets à vie avec tout ce que ça entraîne ? Il n’y a pas d’opération possible ? » Evidemment, elle pensait à une greffe, comme elle l’avait elle-même espéré jadis pour Maëlys sans que celle-ci n’arrive jamais. « En tout cas, si tu me le permets, sache que désormais, je serai là pour t’épauler et t’aider à traverser tout ça. » Elle avait prononcé cette phrase sans réfléchir, c’était une évidence pour elle. Zoey avait en effet toujours été dotée d’une grande compassion pour les personnes qui l’entouraient ; et savoir qu’elle avait à présent une sœur, qui plus est, malade, signifiait pour elle qu’elle se devait d’être là pour elle, ce rôle qu’elle n’avait jamais eu à jouer jusqu’à présent, lui apparaissait à présent comme une évidence. Théia se confia ensuite un peu plus sur son défunt ami, rassurant Zoey sur le fait que ça ne la dérangeait pas d’en parler. Elle ressentait tout simplement un manque que jamais personne ne pourrait combler, voilà tout. Là encore, Zoey savait exactement ce que sa petite sœur pouvait ressentir. « Je comprends… J’ai tellement ressenti la même chose moi aussi tu sais… » Elle la regarda, les yeux emplis à la fois de nostalgie mais aussi d’amour et de tendresse. « J’aurai sincèrement aimé entrer plus tôt dans ta vie tu sais. J’aurai aimé être là pour toi, pour t’aider à traverser tout ça… » Les deux sœurs avaient en effet plus de points communs qu’elles n'avaient pu le croire au début de leur rencontre. Même si elles n’avaient pas vécu exactement la même chose, les faits étaient bien malheureusement similaires pour que l’une et l’autre soient conscientes de leurs passés respectifs et des souffrances endurées. « Je suis sûre que c’était un garçon adorable! » lui dit-elle. Elle but une gorgée de son thé tout en regardant distraitement un portrait de famille et reprit à mi-voix « La perte d’un être cher, c’est une étape tellement dure à traverser… A ton âge, on ne devrait même pas avoir eu à connaître ça… » Le regard de Zoey se perds une fraction de secondes avant qu’elle ne se retourne avec un sourire timide vers Théia qui lui parla à présent du retour de ce jeune homme qu’elle ne semblait pas prête à laisser réellement rentrer à nouveau dans sa vie. « Pourquoi au passé ? Tu ne veux plus le revoir ? Il ne te plaît plus ? » Elle lui souriait à nouveau comme une grande sœur sourit en questionnant sa cadette sur ses premiers amours, contente de pouvoir partager cela avec elle. Même si la situation ne semblait pas des plus simples, elles avaient besoin toutes deux d’un peu de légèreté. Théia la questionna ensuite sur Louane, lui demandant si elle pourrait la voir un jour. Zoey tourna machinalement la tête vers la porte de la petite fille qui dormait toujours, ce qui étonnait d’ailleurs Zoey, et sourit instinctivement en pensant à sa petite princesse endormie. « Bien sûr ! Je n’y vois aucun inconvénient ou problème. » Elle se tourna de nouveau vers Théia avant d’ajouter « J’aimerai juste lui expliquer les choses avant qu’elle ne te rencontre réellement pour qu’elle comprenne qui tu es, mais au contraire, je suis sûre qu’elle sera ravie d’apprendre qu’elle a une tata ici, loin de ses mamies et papy. »

À mesure que le temps passe en compagnie de Zoey, Théia réalise à quel point l'avoir comme soeur aurait pu lui être bénéfique. Elle a réussi à faire sans jusque là, elle a survécu à toutes ces épreuves dans sa vie, parfois accompagnée et parfois seule. Sauf qu'aujourd'hui, elle se rend compte qu'avoir quelqu'un à qui parler lui fait du bien. Ça la soulage, ça enlève ce lourd poids qui a trop longtemps pesé sur ses épaules. D'ailleurs, c'est tout naturellement qu'elle arrive à parler de sa propre vie à Zoey alors que quelques heures plus tôt, elles ne se connaissaient même pas. Théia ne saurait l'expliquer, elle se sent tout simplement à l'aise dans cette maison. Elle a l'impression de connaître Zoey depuis bien plus longtemps, comme si inconsciemment, elles avaient toujours été liées. Et puis, elle apprécie de plus en plus la personne qui se trouve face à elle. Si douce, si gentille, le genre de personne capable de soigner les plaies laissées par le passé. Théia n'a même plus envie de partir, elle voudrait rester sur ce canapé à écouter Zoey parler pendant des heures. À sa question par rapport à son opération, la brunette se pince les lèvres. « Si, il y a une opération possible, mais elle est assez risquée. » En effet, le corps de Théia pourrait refuser ce nouveau cœur. Développer de l'infection, puis la tuer à petit feu. Quitte à devoir prendre des médicaments, elle préfère attendre de voir où son état la mène avant de penser à la grande opération qui pourrait lui coûter la vie. Elle lève à nouveau les yeux vers Zoey quand celle-ci lui dit qu'elle sera là pour la soutenir. Théia se met à sourire. « Merci, vraiment. Ça me vraiment plaisir de te savoir à mes cotés alors qu'au final, je suis encore une étrangère pour toi. » Elle s'en veut presque, de parler de sujets si tristes comme la maladie ou la mort alors que pour leurs retrouvailles, les deux soeurs pourraient évoquer de bien plus beaux sujets. Leurs réussites par exemple, la naissance de Louane ou encore le futur diplôme de Théia. Cependant, elles semblent l'une comme l'autre ressentir le besoin de lâcher toutes ces confessions qu'elles n'ont jamais pu faire. Parler de leurs peines qu'elles ont toujours gardées pour elles, apprendre à faire confiance. À Théia, ça lui fait tellement de bien de ne plus se savoir seule. Lorsque Zoey évoque indirectement la perte de son compagnon, Théia ne peut s'empêcher de se sentir triste pour elle. « Moi aussi, j'aurais aimé être là pour toi. Tu ne méritais pas d'être seule pendant cette épreuve. » Personne ne mérite d'être seul face au deuil. Théia a eu son père, mais sa relation avec ce dernier a toujours été assez compliquée. Et puis, personne n'arrivait à comprendre pourquoi elle était si mal de perdre un "simple ami", comme ils disaient. Pour elle, Wal' était tellement plus que ça. « Il était extraordinaire, du genre à se faire remarquer en critiquant tout haut les acteurs d'un film en pleine séance au cinéma. » Elle rit à ce souvenir, repensant à la fois où ils sont allés voir Twilight et où Wallace ne pouvait s'empêcher de pester contre Edward, lançant des pop-corns sur l'écran géant. Elle pense ensuite à Sam. Lui était différent de Wallace, plus hétérosexuel déjà. Le genre mauvais garçon qui cache en lui une grande sensibilité. « Je ne sais pas trop. Ça me fait un peu peur en fait, de le voir resurgir de nul part après un an sans nouvelle. Je ne sais même pas quoi en penser en réalité. » Elle se contente de hausser les épaules. Ça a toujours été compliqué avec Sam, passant du tout rose au tout noir sans que ni l'un ni l'autre ne sache vraiment pourquoi. Théia se dépêche donc de passer au sujet "Louane", de plus en plus impatiente de voir sa nièce. « Je comprends totalement. La pauvre, je ne voudrais pas lui faire peur, » ajoute-t-elle avec un demi-sourire amusé. Théia a toujours adoré les enfants. Elle les trouve attachants, si innocents, et remplis de sincérité. Plus tard, elle aimerait en avoir rien que pour pouvoir les voir grandir, être heureux. Sauf qu'elle a peur que l'un d'eux n'hérite de son problème cardiaque et qu'il ne vive les mêmes horreurs auxquelles elle a eu droit.

(désolée du retard )