explorers (alfie)

Rares sont les fois où Alfie prend le temps de s'intéresser réellement à une personne qu'il ne connait pas encore. Trop peu habitué à devenir l'ami de quelqu'un, il a toujours été plus du genre à survoler ses relations, certain qu'il ne les reverra probablement jamais. Après tout, ces dernières années, il ne passait jamais assez de temps au même endroit que pour réussir à sympathiser avec les habitants. Tout a été différent à Bowen pour lui. Il a rencontré certaines personnes, s'est habitué à leur présence, et à même fini par les trouver plus qu'intéressants. C'est le cas d'August, ce type qui vient à l'instant de lui faire une frayeur en simulant il ne sait quelle attaque de monstre marin. Alfie, avant d'être le type sans coeur et sans attache que l'ont fait devenir ses voyages, avait un coté sur-protecteur qui agaçait parfois Manu. Ce devait être à cause de son coté "grand-frère", cette peur qu'une personne qu'il apprécie puisse être en danger. « Ouais, c'est surtout parce que j'avais pas envie de ramer tout seul sur le retour, » réplique-t-il avec un nouveau sourire amusé aux lèvres. Peut-être qu'il n'aurait pas risqué sa vie dans la bouche d'un monstre de plus de plus de quinze mètres, mais il avait au moins assez de bonté de coeur que pour aller aider son camarade des mers. Aux différentes énonciations d'August, Alfie se tourne vers lui. « Super, merci pour ces paroles encourageantes ! Au moins maintenant, je sais que si quelque chose me touche la jambe, ce ne sera pas toi. » Alfie n'est qu'en Australie depuis deux ans, il n'a pas encore vraiment eu le temps ni l'envie de se renseigner sur tous les animaux qui vivent sur ces terres. Une fois sur le sol, il regarde autour d'eux tout en écoutant August avec nouveau sourire. « Ca te fera une super histoire à raconter à tes petits-enfants. » Il se tourne vers lui. Alfie le verrait tellement bien avec trois petits marmots assis devant lui, sa barbe grisonnante plus longue que jamais.

Suite à la mauvaise – mais ô combien si drôle – blague d’August, Alfie se défendit en disant qu’il avait réagi de la sorte surtout parce qu’il n’avait pas envie de ramer tout seul pour le chemin du retour. Cette réponse amusa August, puisque de toute façon le sourire sur les lèvres de son ami témoignait bien de l’humour derrière sa réplique. « J’avoue, à ton rythme, la nuit serait bien vite tombée et tu te serais peut-être perdu. » Nouveau sourire espiègle. August secoua finalement la tête de droite à gauche, en soupirant tout en disant : « Aaaah, que ferais-tu sans moi ? » Sans doute beaucoup de choses, parce que jusqu’à maintenant Alfie se débrouillait bien alors qu’August venait à peine de débarquer dans sa vie, un peu sans prévenir. Un peu comme un intrus, aussi. Aucun lien antérieur, aucun passé commun, juste deux hommes qui étaient tombés l’un sur l’autre au hasard d’un festival et qui étaient rapidement devenu des genres de potes. Bref, alors qu’ils s’enfonçaient dans la grotte, August prévint son ami de toutes les bestioles qu’ils pourraient rencontrer sans même le savoir dans la pénombre. Il ne sembla pas du tout rassuré. Il lui dit qu’au moins, si quelque chose touchait sa jambe, il saurait que ce n’était pas lui. « Ou peut-être que siiii … » Dit-il en se frottant les mains l’une contre l’autre avec un ton de voix trop aigu et trop enjoué pour la situation. Dès qu’ils atteignirent la terre ferme, bien que toujours sous les rochers, Alfie lui affirma que ça ferait une histoire super à raconter à ses petits-enfants. « Ah pour ça, faudrait d’abord que je revienne vivant d’ici. J’ai pas encore répandu mes semences, moi. » Façon horrible de parler des futurs enfants qu’il pourrait avoir, d’autant plus qu’August était loin de parler de la sorte, habituellement. C’était l’effet Alfie. Ce dernier sortait en lui les répliques les plus dégueulasses, mais hilarantes – enfin, à leur avis à eux. Sans doute que Willow ou les petites amies d’Alfie ne partageraient pas cette idée. Un sourire aux lèvres, August continuait à marcher dans le noir, se fiant aux parois pour se guider. Puis, sans prévenir, son pied s’enfonça dans une sorte de petite crevasse à son prochain pas. « Oh fuck ! » Cracha-t-il, alors que sa jambe était coincée jusqu’à la moitié de son mollet. « Euh, problème ! » Lança-t-il en regardant la silhouette d’Alfie par-dessus son épaule. Pitié, pas un remake de 127 heures.

Heureusement qu'Alfie n'est pas susceptible, quelqu'un d'autre dans la même situation aurait certainement pu se vexer pour les remarques lâchées par August. Sauf que lui, ça l'amuse plus qu'autre chose. Ca lui donne envie de rire, même lorsqu'il fait sembler de se vexer de temps en temps pour ne pas faire croire au barbu que son humour lui fait de l'effet. Pour rentrer dans son jeu, il a cependant lâché un « rien, évidemment, » avant de marcher dans l'eau jusqu'à la terre ferme, les bras relevés au-dessus du niveau de l'eau. Autour d'eux, ils peuvent entendre le bruit des gouttes d'eau venant du plafond qui s'écrasent sur ce qu'il reste de la mer dans la caverne, autour d'eux. La réponse d'August à la réflexion d'Alfie l'a fait se tourner dans sa direction das un geste brusque mais ralenti par l'eau. « Est-ce que tu me dragues ? » Il le regarde d'abord très sérieusement, sourcils froncés, puis hausse les épaules pour montrer que la réponse ne l'importe au final même pas. Il profite qu'August ne puisse plus voir son visage pour sourire d'un air un peu trop sadique. La question qu'il lui a posé pourrait mettre mal à l'aise, mais il a fini par assez cerné qui il est que pour se douter qu'il va réussir à en rire à la place. Quand il lui lâche cette anecdote sur ses possibles petits-enfants, Alfie le regarde d'un air mi-amusé, mi-perturbé. « Tu parles de ça comme si t'étais un avion prêt à répandre son pesticide sur un champ de fleurs. » Alfie et ses réflexions à la con, il ne peut qu'être ravi d'avoir trouvé quelqu'un dont l'humour est au même niveau que le sien. Soit très bas. Il fait quelques pas, tord le bord de son t-shirt pour en retirer l'eau qui s'est engouffrée dans le tissu, puis entend August l'appeler à l'aide encore une fois. « Si c'est encore une de tes blagues de merde, je repars en te laissant tout seu... oh. » En se retournant, Alfie ouvre des yeux ronds quand il voit la jambe d'August dans la crevasse. « Sérieusement dude ? Ça fait trois minutes qu'on est là et tu menaces déjà de te casser la jambe ? » Alfie s'approche de lui et s'accroupit pour regarder sa connerie de plus prêt. « Bon, je vais devoir te secourir. Encore. »

Quand Alfie se tourna vers August pour lui demander, très sérieusement, s’il était en train de le draguer, le trentenaire arbora un air tout autant sérieux, fronçant à son tour les sourcils. Il se donna un air confus, désemparé. « Ce n’est pas ce qu’on fait depuis le début ? » Demanda-t-il avec une fausse inquiétude dans la voix. Comme s’il venait de se faire briser tous ses rêves d’un jour être avec Alfie. Il était rare qu’August se permette autant d’humour de ce genre en compagnie d’un autre homme, mais Alfie lui inspirait ce délire, et honnêtement il avait beaucoup de plaisir. Heureusement que personne n’était là pour être témoins de toute la merde qu’ils étaient capables de dire ensemble. Des filles, Alfie n’en aurait peut-être plus à la pelle. Finalement, un sourire à la limite du sadisme éclaira le visage de son nouvel ami et August rigola de bon cœur, encore. Lorsque le professeur d’histoire eut parlé de ses semences, donnant une image très peu glorieuse du processus de procréation, Alfie lui en donna une pire en tête lorsqu’il parla d’un avion. August secoua la tête avec un rire amusé et choqué à la fois, voulant comme chasser cette pensée. « Pas mon pesticide, quand même. Ce serait de l’engrais, de l’engrais de très bonne qualité. » Aussi bien être encore plus vulgaire et déplacé, tant qu’à en être rendus là. Malgré tout, ils continuaient leur expédition et plus ils parlaient, plus ils s’enfonçaient dans la grotte au même rythme. Jusqu’à ce qu’August se prenne le pied dans une petite crevasse et qu’il soit incapable d’en ressortir. À force d’avoir crié au loup, évidemment, Alfie croyait plus ou moins à son petit incident. « Non, non, j’te jure ! » Et Alfie s’était de toute façon retourné et stoppé net dans sa phrase en voyant la silhouette d’August accroupit sur lui-même, tentant de tirer sur sa cheville pour l’en sortir. Le jeune homme vint à son secours, tout de même exaspéré de sa maladresse. « Fuck, on voit rien ici, j’pouvais pas savoir que l’entrée vers le monde de Narnia se trouvait sous mes pieds. » Il n’avait aucune idée de ce qu’était le monde de Narnia, il pensait juste que ce trou était trop random pour n’être qu’un simple trou ne menant pas à une autre dimension. « S’te-plaît, trouve un moyen soft. On a beau être des pirates, j’aimerais bien ne pas être celui avec la jambe de bois. » Lâcha-t-il. La situation était quand même drôle, alors il pouvait bien avoir un ton de voix léger encore, mais August n’avait tout de même pas envie d’avoir son pied coincé là longtemps. Ça ne faisait pas du bien, disons-le.

Ca le fait rire toute cette mise en scène, leur jeu stupide avec August, car Alfie sait très bien qu'il n'est pas sérieux. Ça se voit et ça se ressent à sa façon de parler que tout ça, ce n'est que pour déconner. Encore heureux d'ailleurs, il serait bien mal à l'aise de devoir avouer à August que lui n'a jamais intéressé par le sexe masculin, préférant les longues jambes des filles et leurs yeux de biche. Sa fausse mine triste le fait rire. « Ne me fais pas culpabiliser de te briser le coeur, » dis Alfie tout en s'enfonçant dans la grotte. Cette phrase sur l'avion qu'il a ensuite lâchée bien trop naturellement l'a fait rire lui aussi. En général, ça n'étonne plus personne connaissant Alfie ce langage tellement cru venant de lui, sauf qu'il a déjà oublié qu'il ne connait August que depuis quelques heures. Celui-ci semble d'abord surpris, mais il enchaîne avec une réflexion du même type qui fait sourire Alfie. « Je vois que Monsieur est un homme de qualité. » Il hausse un sourcil sans perdre son sourire. Une fois dos à August, Alfie l'entend pousser un cri de surprise. Découvrir sa jambe totalement enfoncée dans cette crevasse lui a fait l'effet d'un poing en plein torse qui lui a coupé la respiration. Lui qui n'a jamais été très doué quand il s'agit de prendre des responsabilités, voilà qu'il se retrouve avec un potentiel unijambiste à qui il doit sauver la jambe. La blague d'August arrive à le rassurer. « Bon, dès que t'es sorti de là on s'en va, je voudrais pas avoir à porter ton cadavre. » Il se pince les lèvres et se penche en avant pour regarder l'étendue des dégâts. Rien de bien grave, juste une jambe dans un trou. « Arrête de paniquer, tu me stresses ! Et puis tu vas la garder ta jambe, parole de secouriste. » Mensonge, Alfie n'a jamais été secouriste. Il se met derrière August et se met à le tirer sous les aisselles, mais sa jambe reste coincée. Alfie tombe sur le derrière. « Bordel, il nous faudrait carrément un savon géant. Ou alors, on reste ici et on tape discut jusqu'à ce que le sol s'effondre autour de ta jambe. » Il se penche vers August pour lui offrir un sourire immense, bien qu'un peu mal à l'aise.

Après leur délire sur les avions de semences et d’engrais, Alfie souligna qu’August était un homme de qualité, lui qui avait insisté pour qu’on parle d’engrais de qualité, justement. « La crème de la crème ! » Renchérit-il, pas sérieux pour un sous mais s’amusant beaucoup trop pour mettre fin à ces rôles qu’ils se donnaient. Enfin, il ne savait pas si Alfie jouait réellement un rôle, il pensait bien que oui, mais dans son cas il était totalement quelqu’un d’autre. Pas qu’il se montrait faux en compagnie de son nouvel ami, non. August considérait que ses actes et ses paroles montraient très franchement le côté humoristique de la conversation. Il se décrédibilisait constamment. Sauf quand il se coinça la jambe dans un trou ; là, la situation était beaucoup moins drôle, tout d’un coup. Et la tension était montée d’un cran. Pas entre eux deux, non, mais en général. Si seulement ils avaient pu continuer à faire les cons, un peu. August tenta d’alléger l’atmosphère malgré les parois de la crevasse qui égratignaient sa peau à chaque tentative de sortie qu’il faisait. « Quoi ? Tu recules dès le premier danger ? » S’indigna August quand Alfie affirma qu’ils partiraient d’ici dès que sa jambe serait sortie. En réalité, il était plutôt d’accord avec cette décision. Qui sait quelles grosseurs de crevasses les attendaient plus loin. Si tous les deux tombaient, c’en était fini pour le magnifique duo qu’ils auraient pu former. Quand August éleva un peu la voix pour le mettre en garde qu’il aimerait bien garder sa jambe, Alfie le gronda aussi mais le rassura en disant qu’il était secouriste. « T’as ta carte qui le prouve ? » Demanda-t-il, dubitatif. Bon, en même temps, comme Alfie était en maillot de bain, le professeur d’histoire ne voulait même pas s’imaginer où il pourrait traîner sa carte de secouriste. Dans une ultime tentative, le jeune homme prit August sous les aisselles et tira de toutes ses forces, en vain. August avait beau lui aussi participer à l’opération en poussant contre la paroi de sa jambe libre, rien n’y faisait. « Va attraper un poisson avec tes mains, et on frottera sa peau visqueuse contre la mienne, ça fera comme du savon. Cap ? » Proposa August, bien décidé à ne pas se laisser abattre par ce contretemps.

Bien sûr qu'il plaisante, Alfie a toujours eu un humour assez décalé, voir même parfois trop poussé que certains lui ont déjà reproché. Il est capable de rire sur tout, de n'importe quelle situation et même de sujets sur lesquels il ne devrait pas plaisanter. Sauf que là, à voir August coincé dans ce trou, c'est un rire nerveux et non sincère qui lui échappe de manière incontrôlable. Il ne lui faut pas longtemps pour se rattraper et retrouver son sang-froid, à présent accroupi à coté du barbu qui se trouve dans une bien belle position. Sa question le fait lever au ciel. « Bah ça va, ok, on continuera jusqu'à tomber dans un trou qui fait sept fois la taille de celui-là et qu'on meurt à petit feu de faim et de soif. Toi en premier bien sûr. » Il hausse un sourcil provocateur, un nouveau sourire amusé au coin des lèvres. Alfie a toujours eu le goût de l'aventure, ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il a passé les dernières années de sa vie à parcourir le monde à la recherche de nouveautés. Sauf qu'évidemment, il n'en est pas au point où il veut risquer sa vie ou celle d'un autre. Et puis, il l'aime bien August. Il n'a pas réellement envie que ce dernier meurt de faim, de soif, ou de peur. Quand il lui demande si il a se carte de secouriste sur lui, Alfie plisse les paupières. « Et je la range où ? Dans mon cul ? » Il ne peut s'empêcher de rire à ses propres paroles lancées beaucoup trop sérieusement par rapport à la situation. N'arrivant pas à la sortir de ses mains, Alfie se laisse tomber et écoute la proposition d'August qui lui tire un nouvel éclat de rire. « Ton idée me paraît très ingénieuse, mais on va la garder en plan Z. » Il se frotte le menton, toujours assis sur son derrière, puis se redresse d'un bon. Alfie s'éloigne d'August pendant plusieurs secondes avant de revenir vers lui, muni d'une branche d'arbre qui a dû atterrir là un jour de tempête. « Tu bouge pas, sinon t'es unijambiste, » dit-il avant de commencer à casser le sol autour de sa jambe.

Sans doute Alfie avait-il raison, à parler de façon aussi sarcastique de ce qui les attendait s’ils continuaient leur petite aventure dans les recoins les plus sombres de la crique. C’était probablement un avertissement, cette jambe coincée dans ce trou. Une alerte en rouge et en gras surligné pour les dissuader de continuer sur cette voie inconnue. August avait beau aimer relever les défis, il ne cherchait évidemment pas à se donner la mort d’une manière aussi imbécile. Ou de toute autre manière, d’ailleurs. « Boooon, ok, t’as raison. C’est peut-être pas une brillante idée de continuer. » Ils ne savaient pas ce qui les attendait quelques mètres plus loin. Si August n’avait pas vu ce trou venir, que les dimensions changent n’empêcherait pas que cette fois-là il le contournerait. « C’est dommage, j’pensais vraiment qu’on rencontrerait un dragon à combattre et qu’après on y trouverait Excalibur … Ou Daenerys Targaryen. » Plaisanta-t-il en haussant rapidement les sourcils, même si Alfie ne voyait sans doute même pas cette mimique semi-perverse. Quand ils se concentrèrent de nouveau sur la rescousse d’August, ce dernier demanda à son ami s’il avait sa carte de secouriste. « Outch, je te souhaite que non. Ça doit trancher les parois, ça. Un papercut d’anus. » Il grimaça. Ils cherchèrent à voix haute des solutions, August ne manquant pas d’ajouter une remarque pour alléger l’atmosphère en parlant d’un poisson visqueux à lui frotter sur la jambe. « Z ? Ok, trouve-moi 26 alternatives ! » Le jeune homme s’éloigna un moment, avant de revenir avec ce qui semblait être un long bout de bois, et commença à gratter et casser le sol autour. « Oh, pas mal, pas mal, j’avoue. On se sent vraiment comme dans Survivor. » Quand la terre et la roche commença à laisser assez de place à sa cheville, August entreprit de la tortiller dans tous les sens afin de trouver un angle de sortie. Après quelques essais, il arriva à se dégager. « Hallelujah !!! » Il se releva, Alfie aussi, et le professeur d’histoire prit son ami dans ses bras. « Tu me sauves la vie. Comment te remercier ? » Demanda-t-il avec humour, mais une pointe de sérieux aussi.

Face à August qui finit par abandonner en avouant qu'il a raison, Alfie sourit fièrement en levant les yeux vers le plafond de la caverne, prenant un air trop confiant comme si c'était une évidence, qu'il avait toujours raison. Et pourtant, rares sont les fois où ce dernier a été capable de raisonner dans une situation sérieuse. Peut-être une ou deux fois à tout casser, des situations d'urgence, mais d'habitude il est plus le Shaggy de la bande et non Velma. « Je voulais aussi tu sais, mais bon. Je me sens pas prêt à y laisser ma vie même pour une belle blonde et trois dragons. » La remarque d'August sur sa carte de secouriste imaginaire le fait rire malgré la situation presque dramatique dans laquelle ils se trouvent. Ne trouvant pas de quoi redire dessus, Alf s'éloigne pour prendre son bâton et découvre avec joie que son idée n'était pas si ridicule que ça. La terre commence à se casser tout autour de la jambe de son compagnon d'aventure, et celui-ci arrive finalement à s'extraire de ce piège. En même temps ravi d'avoir été l'homme de la situation et soulagé de voir qu'August n'en plus en danger, Alfie laisse tomber son bâton et essuie son front perlant de sueur du revers de la main. L'étreinte d'August le surprend dans un premier temps, mais Alfie finit par s'y laisser aller avant de donner un petit coup dans son épaule, comme pour dire "y a pas de quoi" mais sans les mots. « Un verre suffira, je pense qu'on en a bien besoin tous les deux. » Il hoche la tête pour appuyer ses paroles et regarde une dernière fois la grotte, bras croisés. « Au revoir Batcave, » souffle-t-il avant de retourner en direction de leur canoë.

Une fois August sorti de son trou et la décision quant à l’abandon de leur quête prise, les deux hommes entreprirent un retour vers la lumière. Le professeur d’histoire prit quand même le temps de remercier Alfie parce que quand même, sans sa présence, il aurait pu crever de faim à l’intérieur de cette grotte peu passante. Ils étaient sans doute les deux seuls abrutis en ville à oser s’aventurer dans un endroit pareil. Honnêtement, la ville aurait même dû en bloquer l’accès, parce qu’avec la noirceur totale et les crevasses imprévisibles, n’importe qui pourrait se blesser bien plus gravement. Qui sait, des enfants pouvaient peut-être se retrouver jusqu’ici. Si eux avaient réussi à pagayer jusqu’à cette crique, n’importe qui le pouvait, vu leurs talents de kayakistes. « Un verre ce sera, alors. Mais si ça t’dérange pas trop, ce sera pas pour tout de suite. J’vois pas très bien mais j’ai comme l’impression que ma jambe est pas dans un super état et que je devrais peut-être aller la laver et la guérir un peu. » August sentait effectivement des gouttes rouler contre sa jambe et il s’imaginait bien que ça devait être du sang. Enfin, c’aurait aussi pu être de l’eau tout simplement, mais comme c’était le seul endroit encore mouillé, c’était louche. En route vers la sortie, Alfie se tourna une dernière fois vers les profondeurs de la caverne et lui adressa un au revoir solennel. August fit de même. « Merci pour cette belle aventure. » Dit-il à la cave, avant de se retourner et de marcher vers le kayak. Une fois sous le soleil australien, August laissa ses yeux s’habituer au changement de lumière et regarda sa jambe, légèrement égratignée. Rien de bien grave, mais les folies allaient devoir se terminer pour aujourd’hui. Il rinça rapidement ses blessures à l’eau salée, grimaçant face aux picotements, et reprit sa place dans le kayak. « Bon tu nous pousses ? » Il faisait son paresseux, comme si Alfie n’avait pas assez donné de lui-même dans ce périple.

Bien que ce ne soit pas de sa faute, Alfie ne peut s'empêcher de se sentir un peu coupable de ce qui est arrivé à August. Si ils n'étaient pas venus jusqu'ici, si il ne l'avait pas poussé à jouer les aventuriers, jamais il n'aurait été blessé. Enfin si, peut-être totalement autrement en glissant sur une flaque d'eau devant chez lui par exemple, mais au moins, dans ce cas-là, Alfie ne se sentirait pas responsable. Après, il doit bien avouer être plutôt satisfait de cette balade en kayak avec August. Malgré la tournure qu'ont pris les événements, il a trouvé leur périple plutôt amusant. Si c'était à refaire, il n'hésiterait pas à crier un immense oui. « Je comprends totalement. D'ailleurs, tu veux un taxi pour aller à l'hosto ? » demande-t-il en tentant de voir l'état de sa jambe, en vain à cause de la pénombre. Déjà, August arrive à marcher, il suppose que c'est positif. « Parce que je peux t'en appeler un. » Ils arrivent à l'extérieur de la caverne, là où le soleil brille encore haut dans le ciel, ce qui force Alfie à plisser les yeux. « Je déconne, je peux t'amener avec ma voiture. » Il tourne la tête vers August, un oeil fermé à cause de la luminosité. De retour au kayak, il le laisse s'installer en premier et lance un rapide coup d'oeil à sa jambe amochée. Au moins, elle n'est pas déchirée en deux morceaux qu'il aurait du porter. Dégueu. À la question d'August, il lève les yeux au ciel et soupire. « C'est bien parce que tu me fais de la peine, mais n'y vois pas un rapport de force là-dedans. » Il pousse le kayak, beaucoup plus lourd à cause d'August qui se trouve déjà dedans, puis grimpe à son tour. Retour à la vie en société.

Encore plongés dans la pénombre, Alfie proposa à August de lui appeler un taxi pour se rendre à l’hôpital. August semblait être capable de marcher sur sa jambe sans trop de mal, mais c’était peut-être l’adrénaline, aussi. « J’te dis ça dans trente secondes. » Il voyait la lumière approcher, et qui pénétrait doucement à l’entrée de la caverne. Là, il pourrait mieux juger de l’état de sa jambe. Une fois sortis, ils tentèrent tous les deux de s’habituer au changement de luminosité. Ils avaient l’air de deux hommes des cavernes, à sortir de celle-ci avec leurs yeux plissés comme s’ils n’avaient pas vu le soleil depuis dix mille ans avant Jésus-Christ. Alfie lâcha finalement qu’il pouvait l’amener à l’hôpital avec sa voiture. August baissa les yeux vers sa jambe. « Non, j’crois que ça ira. Pas besoin de points de suture, c’est juste une … grosse égratignure. J’vais juste la désinfecter et ça ira, je crois. » Répéta-t-il. Au moins, il y croyait ! Et puis si demain sa jambe avait l’air de s’être empirée, alors August se rendrait à l’hôpital. Les deux hommes regagnèrent donc le kayak et s’installèrent un en arrière de l’autre. C’est Alfie qui les poussa, à la demande d’August. Il rit face au commentaire de l’homme. « J’n’oserais jamais. » Une fois dans l’eau, ils pagayèrent jusqu’à la sortie de la crique, puis vers la plage, après qu’August ait crié : « Terre en vue !!!!! » Comme un navigateur du temps des explorations. Ils accostèrent l’embarcation tout près du centre nautique, et sortirent de celle-ci, les pieds dans le sable. « Ce fut une chouette aventure, Alfie. Si t’as d’autres idées folles comme ça, tu me passes un coup de fil, hein ? » August réalisa que c’était là le fameux moment où il allait devoir lui demander son numéro de téléphone, ce qui était toujours embêtant face à un autre mec. Mais puisqu’il l’appréciait, ça en vaudrait la peine ou l’humiliation passagère. « Pour ça … faudrait qu’on s’échange nos numéros. » Dit-il en haussant les sourcils, comme s’il le draguait – mal, d’ailleurs. Avec une pointe d’humour, ça passerait mieux, surtout avec eux.

Effectivement, à force de plisser les yeux devant l'extérieur illuminé de la caverne, Alfie a l'impression d'être tout droit sorti d'un épisode de Lost. La jambe d'August ne semble pas trop en mauvais état, du moins il n'a pas la soudaine envie de redonner tout ce qu'il a mangé dans la journée à la vue du peu de sang qui s'échappe de sa blessure. D'un coté, ça le soulage. August ne finira pas avec une jambe de bois, tel le pirate qu'il n'est absolument pas. « Je vois, tu fais ça à la Indiana Jones. » se désinfecter lui-même, tout ça. Alfie l'imagine déjà avec son flacon d'alcool et ses bandages sortis de nul part, pleins de poussière. L'image le fait sourire. Il se met à pagayer, un peu fatigué par toutes ces péripéties et donc plus lent que lorsqu'ils ont fait le chemin de l'allé, mais ressent une soudaine pulsion d'adrénaline grâce au commentaire de son co-pilote. Une fois arrivés, ils quittent leur navire et Alfie doit bien avoué que ça lui fait du bien de retrouver un peu de civilisation. Il se tourne vers August. « Je n'y manquerai pas. Quand j'aurai envie de découvrir la cité engloutie d'Atlandide, je te ferai signe. » Il plaisante, et pourtant il serait ravi de revoir Barbe Noire un de ces quatre. Ce qu'il lui dit ensuite suffit à le faire rire. Il finit par hocher la tête. « Bien vu. Par contre j'ai pas de papier sur moi et mon téléphone est avec le reste de mes affaires, donc t'as intérêt à avoir une mémoire de dingue. » Il hausse ensuite les épaules. « À moins que je te raccompagne jusqu'à ton portable, » ajoute-t-il en haussant à son tour les sourcils, prenant plaisir à jouer à ce petit jeu stupide qui s'est rapidement installé entre eux deux.

Un sourire s’installa sur les lèvres d’August quand Alfie lui parla de sa mémoire. Et si seulement il savait à quel point sa phrase pouvait avoir un impact sur l’homme ! Le trentenaire avait une mémoire de dingue, certes : il retenait les dates de tous les événements historiques, il connaissait les capitales de la plupart des pays, il se souvenait des détails de plusieurs livres lus. Malheureusement, depuis son accident, il lui arrivait d’oublier certains moments de ses journées. De se réveiller un matin avec un trou de mémoire total concernant tel ou tel moment de la veille, ou alors il passait d’un mouvement à un autre en oubliant ce qu’il venait de faire quelques minutes auparavant – ça, c’était plus rare. Tout cela pour dire que la mémoire d’August avait subi pas mal de dégâts, et qui sait, peut-être ne se souviendrait-il pas du numéro d’Alfie une fois à sa voiture. Il ne prendrait pas le risque de ne pas savoir comment rejoindre ce nouvel ami. « Raccompagne-moi, ça vaut mieux, on sait jamais quand on peut développer nos premiers signes d’Alzheimer. » Lâcha-t-il d’un ton léger, pour ne pas gâcher ce merveilleux après-midi qu’ils avaient passé ensemble. August marcha – ou plutôt boita – donc jusqu’à sa voiture, suivi du jeune homme, et une fois son portable récupéré dans la boîte à gants, il se tourna vers Alfie. « Ok, j’t’écoute. » L’homme lui enligna les chiffres l’un après l’autre, et August hochait la tête au même rythme afin de bien suivre. Il enregistra le nouveau contact et tendit finalement sa main vers l’homme. « Bon, à la prochaine alors, j’te passerai un coup de fil quand j’aurai enfin trouvé les coordonnées exactes d’Atlantide. » Ils se serrèrent la main, se sourirent, et August monta dans sa voiture, conduisant tant bien que mal – malgré sa blessure – jusqu’à chez lui.

Et comme le ferait un gars qui ramène sa petite copine jusqu'à son chez-elle, Alfie suit August en direction de sa voiture. La remarque le fait rire, encore une fois, et il en vient à se dire que peut-être il a trouvé son premier ami de sexe masculin qui ne voudra pas l'écorcher vif pour il ne sait trop quelle raison. Ou peut-être que si, peut-être qu'il apprendra plus tard qu'une des filles qu'il a fréquentées est en réalité la petite soeur d'August, et qu'il devra s'exiler dans une autre ville pour éviter ses menaces de mort. Mais en attendant, Alfie préfère profiter du moment où le barbu ne connait pas encore tout son passé pas toujours glorieux. Après s'être débarrassé de tout leur matos sur le chemin, ils arrivent jusqu'au véhicule où August prend de quoi noter, et où Alfie lui dicte son numéro de téléphone en essayant de se remémorer l'ordre des chiffres. Lui au contraire n'a jamais été doté d'une excellente mémoire, mais il a assez répété son numéro que pour réussir à s'en souvenir. Alfie serre la main tendue dans sa direction, sourire aux lèvres. « Parfait, je l'attendrai impatiemment. » Il hausse les sourcils. Une énième taquinerie, la dernière avant leurs au revoirs. Ils se lâchent la main, et Alfie s'éloigne de la voiture avant de l'entendre démarrer derrière lui. Il rejoint la sienne, l'ouvre dans un bruit de vieille carrosserie, et s'en va vers son appartement.