Awake my soul + Grace

Elle attendait son excuse sans vraiment l'attendre. Il n'y avait pas de raison de trouver ça dommage, c'était son mode de vie, et bien qu'elle l'avait quitté, elle avait aimé vivre comme ça pendant des années, sinon elle ne serait jamais restée comme ça, elle aurait fait comme Jude, se trouver un travail qui n'avait pas de rapport, pas vraiment. Mais lui pensait faux et elle bizarrement, elle comptait y retourner dans ses chaînes, une fois qu'elle aurait vu ce qu'il y avait de si beau à voir d'après ce que pensait les autres. Même si un jour elle prenait goût à la vie qu'elle s'était offerte, elle sait qu'elle finirait par tout lâcher et retourner dans son ancienne vie, plus chiante aux yeux des autres, mais plus sécurisante pour elle. C'était stupide de sa part de faire ça, ouvrir les portes de la liberté en sachant qu'elle avait toujours une chaîne qui la ramènerait derrière elles. « Je te laisse imaginer. » Elle haussait les épaules avec un léger sourire. L'écoutait de nouveau, alors qu'elle était persuadée avoir raison pour cette crise, du moins, elle ne trouvait pas d'autres mots pour qualifier ça. Elle resta dans le silence quelques secondes. Est-ce que Grace était plus heureuse maintenant ? Elle n'en savait foutrement rien, elle a toujours été une fille qui n'avait besoin de rien pour être heureuse, alors ce changement ne devrait rien changer, pourtant elle faisait tout pour s'éloigner des gens de sa famille, par honte. Est-ce qu'être heureux se résume à fuir sa famille ? Elle soufflait. « Un potentiel pas exploité ? Je ne vois pas … ce qu'il y avait à exploiter en m'aimant. » Les seules pensées qui lui venaient était bien trop malsaines, alors elle osait espérer mieux de lui pour l'instant. « Qu'importe, pas la peine de répondre à cette question. » Elle faisait un geste de la main, puis essayait d'oublier vite fait tout ce qui se passait par la suite, ce baiser, le fait qu'il lui prenne la main. C'était sans doute trop pour elle, lui avait déjà été en couple, ça devait lui sembler plus que normal. Elle, elle n'y connaissait rien et il était le seul homme dont elle était proche. Si c'était le bon mot, parce qu'elle ne savait même plus quoi penser de leur relation maintenant. Dans tous les cas, ils devaient faire semblant par sa faute, maintenant. Une fois qu'ils seront seuls, les choses reprendront leurs cours. Il ne fallait pas que Léo se fasse trop d'idées. La blonde attrapait le verre qu'il lui tendait puis bu rapidement une gorgée, ce qui avait le don de l'amuser lui, elle lui rendait son verre, sourire amusé aux lèvres. « On sait tous que je m'y connais en maçonnerie, alors … facile. » Disait elle pour rire avant de reprendre. « Je crois que je vais rester faire mes trucs moins physiques. » Elle préférait largement rester faire ça que ne rien faire avec eux, parce qu'elle savait qu'elle ne ferait pas quelque chose de productif. Quand elle le regardait, elle avait l'impression que c'était de sa faute qu'il était fatigué, parce qu'elle faisait que des caprices et ça devait le peser, l'énerver. L'australienne ne voulait pas lui faire de mal, elle voulait juste se protéger elle en premier lieu. C'était peut-être ce qui faisait souffrir le plus tout le monde. « Parce que c'est ce que je fais de mieux ? » Ce n'était pas une question, fuir c'était vraiment son unique talent. « Mais te t'inquiète pas pour ça. Je finis toujours pas rentrer, non ? » Elle riait un peu, elle n'avait pas prévu de partir ce soir, de toute manière. Elle lui en voulait toujours, mais elle n'allait pas le fuir tout du long. La preuve, elle lui parlait comme si de rien n'était. Et elle ne savait même pas si c'était pour la comédie. « On n'est pas dans un camp, Léo. » Il ne devait pas se tuer au travail non plus. Elle sortie rapidement de ses pensées après avoir écouté le jeune homme, elle restait outrée deux secondes, comprenant pas c'était quoi son jeu, avant de se rappeler que c'était le sien. Qu'elle ne pouvait rien lui dire, sinon les autres trouveraient ça trop bizarre. Elle ne lui lançait qu'un léger regard un peu trop sérieux avant de continuer à l'écouter puis son sourire s'élargissait. « Ça ne m'étonne pas de toi. » C'était son métier après tout, sa passion. Alors c'était plutôt prévisible. Grace elle, n'aurait pas la chance de prendre des photos, parce qu'elle avait tout oublié chez elle, tout ce qui pouvait faire la moindre photo. Ils finissaient de manger dans le silence puis Grace voyait ensuite les gens partirent avant de se dire que c'était bon. Fin de la comédie. Elle se tournait vers Léo quand il lui parlait, puis haussait les épaules. Si ça lui aurait plu de marcher, maintenant ce n'était pas vraiment le cas. « Je ne sais pas … Je crois que je commence à fatiguer aussi. » Mentait-elle, encore. Elle ne voulait juste pas se rapprocher de lui encore une fois, se dire qu'elle avait faux sur toute la ligne sur lui, parce qu'elle ne savait même plus qu'est-ce que lui faisait. Et ça devenait plus un casse-tête. Mais elle ne voulait plus laisser parler son cœur pour lui, pas maintenant. « Tu peux y aller, toi … Je ne t'empêche de rien, tu peux voir le ciel sans moi. » Disait elle avant de tourner le dos. Au fond, elle allait s'ennuyer dans sa tête le temps de trouver le sommeil. Elle se sentait bête de refuser pour une simple histoire. Elle commençait à prendre la route vers la tente, essayant de se convaincre que c'était la meilleure chose qu'elle avait pu faire de sa journée.

Sur l'instant elle s'en voulait de penser ça de Léo, lui n'était peut-être pas comme tous les autres, d'ailleurs elle ne connaissait pas tous les autres, elle se faisait simplement une idée avec ce que ses amies qui avaient été en couple auraient pu lui dire au fil des ans. Sa phrase ne faisait que la mettre plus mal davantage, mais elle ne pouvait rien dire, il voulait passer à autres choses lui aussi. Elle espérait que la conversation serait bien moins oppressante par la suite, parce qu'elle avait l'impression que chaques paroles qu'elle sortaient étaient mauvaises. Comme si la haine qu'elle lui portait sur l'instant ressortait, alors qu'elle essayait de s'apaiser. Mais ça semblait plus fort qu'elle, quand elle parlait de ses fuites à répétition, elle était encore sérieuse bien qu'elle camouflait ça de l'humour, après tout, elle ne faisait que le fuir tout le temps, il y a sept ans, à leur retrouvaille, à l'anniversaire de Lily puis l'autre nuit. C'était toujours la même histoire et elle finissait par se demander comment il pouvait s'accrocher autant. Surtout s'il se servait d'elle, ça n'avait pas de logique. Même lui finissait par le dire, qu'elle mettait du temps, ça lui arrachait un petit sourire, bien que triste. « Il fallait bien que je me trouve un talent dans quelque chose. » Elle riait une nouvelle fois, un rire qui sonnait un peu faux, plus nerveux qu'autre chose. « Je suis revenue, c'est tout ce qu'il y a à retenir. » Elle quittait ensuite le regard de Léo, faisant un sous-entendu comme quoi, il travaillait trop. Mais elle semblait s'inquiéter de la santé du jeune homme plus que lui-même le faisait. Elle refusait de se dire qu'il pouvait se blesser ou même s'effondrer après avoir trop travaillé. Mais elle psychotait un peu, elle ne voulait pas qu'il lui arrive du mal, même s'il voulait se rendre utile. Il n'était pas dans un camp de travail, il n'était pas obligé de faire autant. La blonde ne disait rien de plus sur ça non plus, elle lui avait fait assez comprendre ce qu’elle ne voulait pas qui arrive. Elle ne disait rien non plus quand il l’appela chérie, qu’un regard qui le faisait rire, une nouvelle fois, si elle finissait par ouvrir sa bouche à chaque fois qu’il disait quelque chose comme ça devant eux, alors son mensonge serait vite découvert. Elle ne voulait pas passer pour une menteuse, même si elle l’était vraiment sur le coup, mais il n’y aurait que Léo à le savoir.

Une fois que le repas était fini, que les gens commencèrent à se disperser, Léo proposa à Grace de se balader pour voir les étoiles. L'envie était là, mais elle celle d'être avec Léo, comme un tête-à-tête ne lui plaisait pas. Elle n'avait qu'à se souvenir la dernière fois qu'ils s'étaient baladés seuls pour se dire que c'était une mauvaise idée, qu'elle ne voulait pas s'éloigner de lui encore plus. Alors la meilleure chose à faire était de le laisser partir seul. Une fois seule dans sa tente, elle s'en voulait encore une fois. Elle semblait toujours s'en vouloir de faire toujours les mauvais gestes, les mauvais choix. Grace se préparait puis s'allongea, attendant quelques minutes pour s'endormir. Parce qu'elle n'était pas fatiguée, mais aussi parce qu'être seule dans la tente l'inquiétait. Mais les minutes passaient et toujours rien de lui. Elle finissait par s'endormir, se réveillant parfois entre quelques minutes de sommeil. Pas longtemps, qu'il disait. La jeune femme se levait de son lit de camp, finissait par mettre quelque chose de plus convenable pour sortir puis s'aventurait en dehors de la tente, avec une boule au ventre. Elle n'aimait pas la nuit, elle n'aimait pas être seule. Les deux associés étaient un calvaire sans nom, ne s'éloignant pas trop loin et ne l'ayant toujours pas en vue, elle finissait par rentrer, déçue, inquiète. Et même si elle ne tenait pas en place, elle parti continuer sa nuit. Ne se réveillant qu'en même temps que le soleil, faisant exactement la même chose que le matin précédent, préférant se balader plus que déjeuner. Peut-être qu'elle croiserait Léo en route, qu'elle pourrait le réprimander par qu'il l'avait inquiétée. Mais non. Elle passait sa journée sans avoir de nouvelle de lui, puis à la fin de celle-ci, elle zieutait discrètement son retour pendant qu'elle parlait avec la population locale, du moins essayer, elle avait juste suivi quelques femmes qui lui avaient dit de la suivre. Puis quand elle aperçut sa tête, elle ne perdit pas une seconde pour s'enfuir discrètement de la conversation et diriger vers lui, lui sautant presque dans les bras. « Ton lit n'est plus assez confortable ? » Disait-elle en se blottissant un peu plus dans ses bras. Elle était bien trop soulagée pour lui en vouloir de quelque chose. « J'ai été inquiète toute la nuit, quand je te disais de me lâcher, je ne le pensais pas. » Grace ne savait même pas si elle s'excusait là, pour ses paroles qu'elle avaient dite l'autre nuit, alors qu'elle s'était jurée de ne pas lui pardonner. « Tu as intérêt de passer ta nuit dans la tente ce soir … plutôt que la passer dans celle d'une autre. » Elle riait, elle ne savait pas comment il allait le prendre, parce que la journée précédente, elle avait insinué que c'était un pervers. Alors, elle préférait le préciser, plutôt que se faire détester. « Le prend pas mal … c'est une blague, Léo. » Enfin, elle osait espérer que s'en soit une.

Elle était contente de le voir, parce qu’elle avait attendue toute la journée, que même si elle savait que ses valises étaient là, elle s’inquiétait qu’il soit parti, lui qui la retenait, qui ne voulait pas partir d’ici sans avoir tout terminé. C’était impossible, mais elle y pensait et ça l’effrayait. Peut-être qu’avec ça, elle comprenait ce qu’il avait ressenti quand elle était partie des années plus tôt, sauf que c’était encore différent, parce qu’elle, c’était vrai, elle n’avait rien laissé, elle ne l’avait pas prévenu, elle avait été égoïste jusqu’au bout. Elle aurait pu arriver vers lui, lui faire des reproches parce qu’elle en avait pleins, mais c’était plus fort qu’elle. Grace préférait se blottir contre lui pour s’avoir qu’il était vraiment là et parce qu’elle était mieux dans ses bras que loin de lui. Elle s’en fichait des regards qu’on pouvait lui porter maintenant, elle ne jouait pas la comédie cette fois. Aussi parce que quand elle est inquiète, ce n’est pas à moitié. « Tu n’as plus que quelques jours à supporter ta couchette, courage. » La blonde parlait, encore et toujours, même si ce n’était pour rien dire, puis quand elle s’éloignait de lui, elle se mise à sourire avant de rire de sa phrase ou bien de lui. « Mh sûrement oui … tu t’endors vraiment n’importe où. J'espère que les étoiles étaient belles et que qu'elles valaient le coup pour s'endormir là-bas. » Son rire filait encore entre ses lèvres, elle n’arrivait presque pas à croire qu’il avait réussi à s’endormir à même le sol, parce qu’elle, elle ne s’endormait que dans des lits. « Je pensais te croiser en me baladant, mais j’ai raté mon coup. » Grace haussait les épaules, maintenant il était devant elle, elle n’avait plus à s’en faire. Son sourire s’étirait quand il déclara qu’il ne voulait pas passer ses nuits dans une autre tente. « D’accord, d’accord. Mais sait-on jamais, il y a des jolies femmes ici. » Elle le taquinait encore, même si cette fois elle le pensait, dans tous les cas, s'il s'amusait avec une d'entre elles, elle lui en voudrait encore, parce qu'elle passerait pour la femme trompée par son copain pendant un voyage. Même si cette comédie partait d'elle, elle comptait quand même sur Léo. Les deux se mirent à marcher, elle ne saurait trop dire si c'était le soulagement de le voir aujourd'hui ou simplement qu'elle avait tourné la page, parce qu'elle finissait toujours par pardonner, mais elle ne ressentait plus aucune colère contre lui. Peut-être que ça reviendrait, encore un peu, parce qu'elle restait jalouse malgré tout. À sa question, elle se sentie mal-à-l'aise, la blonde fuyait du regard, essayant de prendre un air détaché. « Me man-  ?… pff … non. » Elle tournait la tête, pensant à autre chose pour ne pas sentir ses joues devenir pourpres, mais c'était une mission impossible. « Tu m'as dit que tu revenais vite … normal que je panique. » C'était plus facile d'admettre ça que d'admettre qu'il lui avait sans doute manqué. Qu'elle ne s'était pas sentie bien tout du long, qu'elle aurait fini par faire un caprice. Son regard azur se posait sur Léo.  « Tes cheveux ont disparu pendant la nuit aussi ? » Ça lui allait bien, mais elle préférait ne rien dire et se donner des raisons de ne pas le trouver plus attirant. Parce que pour ne pas espérer, il fallait trouver quelque chose qu'elle détestait chez lui. Mais elle ne trouvait pas pour le moment. Sauf le fait qu'elle avait l'impression de ne pas être elle-même avec lui. La blonde ne saurait pas expliquer comment ni pourquoi. Elle se tournait un peu pour regarder derrière discrètement, ils quittaient encore la civilisation. Et la sainte essayait de se persuader que rien n'allait se passer, qu'elle ne serait pas jalouse cette fois et qu'elle éviterait l'unique sujet qui fâche. Grace ne voulait pas tout foirer avec lui, pas une énième fois.

Elle cherchait à capter le regard de Léo quand il se mettait à parler, lui proposant d'aller voir les étoiles à deux, encore une fois. Elle se sentait trop mal de lui dire non une deuxième fois, elle ne verrait même pas pourquoi elle refuserait cette fois, quitte à ce qu'ils soient tous les deux à l'autre bout du monde, qu'ils passent du temps à deux, qu'ils profitent de leurs solitudes. « On peut y aller ce soir, si tu as envie … et si tu n'es pas trop traumatisé par le fait de t'endormir dehors une nouvelle fois. » Pendant qu'elle ne lui en voulait d'une chose au hasard, qu'elle ne boudait pas comme une enfant qui n'avait pas ce qu'elle voulait. L'esquisse d'un sourire timide revenu sur son visage, même si elle ne voulait pas être seul avec lui parce qu'elle faisait toujours n'importe quoi, c'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire pour avoir l'espoir qu'il n'y ait rien de brisé définitivement. « Puis si tu m'as promis qu'on ne dormirait pas par terre, ça me va. Je ne tiens pas à avoir le dos en broyé au réveil. » Bien que son boulot soit moins compliqué que lui, mais ça le faisait ressortir un peu en courageux héros. Elle s'amusait à l'embêter encore, lui parlant des femmes, sans virer sur Andrea, parce qu'elle savait que ça allait tout fissurer de nouveau alors qu'elle voulait mettre un pansement sur cette plaie, que tout aille mieux. La blonde caressait l'espoir que ça redevienne comme avant entre eux-deux, mais elle savait que c'était elle qui bloquait tout, parce qu'elle était bien trop jalouse pour se dire qu'elle partageait sa place avec une autre. « Elles ont de la chance alors, si elles sont rares. » Elle en avait sans doute de la chance, mais elle ne voulait pas se mettre dans cette liste, qu'elle ne voulait être mise dans aucune. Parce qu'elle voulait faire partie de sa vie, mais elle ne savait pas comment, ni qui être. Grace ne voulait pas faire une croix sur Léo. Elle releva ses yeux vers lui, ne sachant pas quoi lui dire d'autres, comme si chaque parole qu'elle pouvait mener à quelque chose de mal. Alors que c'était clairement l'inverse qui se passait, c'est toujours elle qui prend mal ses phrases, qui s'emballait pour rien. Elle soufflait, baissant les yeux après avoir regardée derrière elle. Elle tentait tant bien que mal de cacher ses rouges qui devenaient pivoine au fur et à mesure que la conversation allait. Est-ce qu'elle lui aurait manqué à lui ? La jeune femme secouait la tête, passant une main dans ses mèches blondes. Elle ne trouvait rien de mieux que parler de sa coupe pour changer de conversation, mais il lui demandait son avis, elle qui ne voulait rien lui dire. Son cœur s'emballait comme si on venait de la demander en mariage. « Eum … Tu n'as pas l'impression que cette conversation est un peu trop féminine pour toi ? » Comme s'il y avait besoin d'un sexe particulier pour parler de tout et n'importe quoi. Mais c'était la seule excuse qu'elle avait trouvé pour esquiver la question. « Oh parce que tu sais faire des tresses ? » Elle se moquait doucement, riant un peu, elle ne voulait pas qu'il le prenne méchamment. La sainte tournait son regard sur l'homme. « Mais ça va aller, ça à l'air trop long à faire puis je peux me contenter de queue-de-cheval ou chignon. » Elle abordait un maigre sourire, continuant de marcher, sentait la main de l'homme frôler la sienne. Mais elle ne savait pas quoi faire et, elle avait l'étrange impression qu'il était bloqué aussi, peut-être que c'était à cause de ça qu'il y avait cette conversation étrange. Comme si tout ce qu'elle avait pu dire ou faire lui faisait peur. Elle sentie sa poitrine se compresser, elle manquait d'air, ce n'était pas ça qu'elle voulait, du tout. Grace était bien trop timide pour entreprendre n'importe quoi, elle avait bien trop peur de faire n'importe quoi . Puis se tenir la main ce n’était fait que pour les couples, d’après lui, non ? Elle laissait de côté sa conscience pour glisser sa main dans celle de Léo puis entremêler ses doigts avec les siens. Tant pis si ça ne lui plaisait pas, au pire des cas, il la prenait une pour aguicheuse, encore une fois et au meilleur des cas, il ne se passait rien. « Je ne recommencerais pas. » Son cœur tambourinait à l’idée qu’il ne comprenne pas de quoi elle voulait parler, qu’elle se fasse une nouvelle fois des idées. Comme elle lui avait dit, elle ne voulait pas le perdre, elle ne se louperait pas.

Elle ne pouvait enlever de ses iris l'image de Léo, elle avait un sourire stupide figé aux lèvres, ne prenant pas vraiment conscience dans quel jeu elle s'embarquait de nouveau. « Pourquoi est-ce que je m'éloignerais ? » Elle ne se rappelait sans doute pas de la conversation qu'elle avait pu avoir avec lui le soir précédent, où elle disait qu'elle fuyait pour rien, que c'était son penchant à elle. Aujourd'hui elle disait tout le contraire, pensant qu'elle ne voulait pas s'éloigner de lui tout en gardant une bonne distance en faisant attention pour ne rien dire. Grace ne savait pas ce qu'elle faisait, suivre le mouvement, avancer doucement vers lui pour retrouver cette confiance presque perdue. Disait-il princesse pour se moquer ? Elle essayait de ne pas trop y penser, elle reportait son attention sur ce qui les entourait, pour ne pas se vexer à chaque parole qu'il disait, parce qu'elle était facilement vexée ces derniers jours, sans doute tout le temps, elle n'en savait rien. C'était peut-être un effet secondaire d'être en sa présence, elle se retenait de pouffer de rire rien qu'en pensant à cette option. Qu'elle se trouvait stupide. La trentenaire se concentrait plus quand elle chance d'avoir Léo, puis sa réponse à lui fut bien plus dérangeante, elle ne savait plus trop quoi dire, est-ce que c'était adressé à elle ? Elle se perdait sans doute elle-même, peut-être l'espoir qu'elle avait, revenait, elle ne voulait pas le libérer cependant. Elle s'était fait trop de fois des films pour lui et ça menait toujours à l'échec. Peut-être qu'ils ne sont tout simplement pas fait pour s'entendre, ou peut-être que le problème vient seulement d'elle, dérangé par tout. Elle ne peut pas l'empêcher d'avoir d'un passé et pourtant elle ne faisait que lui reprocher de ça quand elle lui parlait. « À toi de voir si c'est une chance. » Pour elle, son avis était bien tranché, être avec Grace se résumerait à de l'ennui total et même si elle ne pensait pas à ça depuis qu'elle avait quitté l'Église, parce qu'avant elle disait qu'elle avait donné son cœur à Dieu. Depuis qu'elle se retrouvait sans personne, elle se disait qu'avec tout ce qu'elle faisait à côté, ça serait bien trop stressant, de cacher ce qu'elle faisait, ce qu'elle était vraiment. Puis si c'était avec lui, qu'est-ce qu'il dirait si un jour il découvre de la drogue chez-elle ? Elle inclinait la tête, fermant deux secondes les yeux, balayant ses idées tordues. Léo ne découvrira rien parce qu'il n'y aura rien. « Je vois, il y a autre chose de ton côté féminin dont tu voudrais me parler ? »  Elle était gênante, sur le coup elle en avait conscience qu'elle disait tout pour plaisanter, mais ça pouvait le contrarier au bout d'un moment. « J'aime bien tes cheveux, longs ou courts. »  Elle l'écoutait de nouveau, se mettant à réfléchir un peu, pour prouver que toute connaissance était utile. « Ça pourrait te servir, si un jour tu as une fille … ou si justement tu te laisses pousser les cheveux … vraiment longs. Mais je ne garantie pas aimer, cette-fois là. »  Elle avait du mal à l'imaginer et elle ne l'imaginerait pas comme ça. À son compliment, elle passait une main légère dans ses cheveux, gênée des compliments. Elle aurait été tentée de redemander s'il aimait vraiment, juste pour entendre encore ça de sa part, mais c'était stupide, elle se contentait de sourire en sa direction. Après un silence où les deux hésitaient sans doute à sauter le pas, elle faisait taire l'ange à sa droite qui lui disait qu'elle ferait sans doute une bêtise en prenant la main de Léo, que dans tous les cas, ça ne mènerait à rien, mais c'était plus fort qu'elle. Mais son deuxième talent, celui de tout gâcher, revenu au galop lui aussi. Brisant de nouveau tout, même si elle ne voulait pas croiser le regard de Léo, elle finissait par le faire, parce qu'il semblait perdue par la phrase de Grace. Normal, elle-même ne savait pas où elle voulait en venir. Elle essayait de tout caler ce qu'il avait dit dans un coin, elle ne savait pas ce qui était vrai, faux. La sainte réfléchissait sans doute trop, elle se jugeait elle-même, c'était vrai. Elle ne voulait pas rater ce qu'elle faisait, mais faisait toujours tout l'inverse. Lui, il voulait dire quoi par “faire tellement mieux ?”, c'est sûr qu'ils pouvaient faire mieux que se battre, se chercher puis s'en aller pour toujours tout recommencer. Et alors qu'elle sentait sa gorge se nouer à l'idée de dire ce qu'elle pensait, elle soufflait, baissant son regard, commençant à faible ton, par honte. « Je suis désolée de te voir comme tu ne voulais pas que je te vois. »  Son prince, il n'y avait que lui dans sa tête. Plus elle l'effaçait, plus il lui manquait. « Et d'être jalouse de tout. » Elle serrait sa main plus fort, comme pour l'interdire de la lâcher, elle était égoïste et naïve. « J'en ai marre de me prendre la tête avec toi, de vouloir toujours m'éloigner alors qu'au fond, c'est tout l'inverse que j'espère. Je ne suis pas en colère contre toi, je le suis seulement contre moi, j'idéalise tout. »  Il devait s'en douter, il devait commencer à la connaître mieux maintenant. « Et ça m'épuise de pas savoir ce que tu représentes pour moi. » Elle s'excusait aussi pour ça, ses paroles inutiles, celles qui faisaient fuir les autres.

Un rire filait une nouvelle fois, elle aimait bien parler avec lui, elle aimait sa présence. Elle réussissait à se demander pourquoi elle avait voulu l'éloigner de sa vie ces derniers mois. Et pourquoi elle avait fuit finalement, il y a des années. Mais le passé restait le passé, elle se contentait d'essayer de tout recoller aujourd'hui, voir quel tableau ils pourraient faire maintenant. « Je vois, monsieur est égoïste. » Elle prenait un faux air vexé, roulant des yeux avant de rire. La blonde finissait par parler d'enfant, oubliant complètement l'existence de l'enfant de Léo avant qu'il lui rappelle qu'il avait un fils. Faut croire que même maintenant, elle ne faisait que des bourdes et se mordait l'intérieur de la joue, comme si se faire mal pouvait faire en sorte qu'il lui pardonne. Pendant deux secondes, l'idée d'avoir un enfant l'effleurait l'esprit, mais c'était bien trop loin d'être réalisable, alors elle passait à autre chose, écoutant le jeune homme. Elle faisait un léger sourire avant de se retenir de pouffer de rire une nouvelle fois. « Hé ! Mon père me coiffait parfois … d'accord, ça se voyait, mais quand même, l'effort était là. » Faut dire qu'elle était une petite fille qui avait toujours les cheveux parfaitement coiffés, jamais rien ne dépassait, il ne fallait pas que Grace ait l'air miséreuse. Il fallait montrer une bonne image, pas qu'ils aient spécialement de l'argent, une réputation à tenir, mais c'était pour faire plaisir à Lui. Toute sa vie se résumait à cette personne qu'elle estimait n'être rien, qu'elle essayait de se dire qu'elle se mentait à elle-même. Mais elle chassait ça de son esprit, elle en avait marre de se torturer, surtout qu'il n‘y avait pas lieu d'avoir ce débat avec Léo.

Et encore Grace venait tout briser, à ce silence qui rendait ce duo si beau, cette complicité qu'elle pensait retrouver enfin. Elle disait ne pas vouloir recommencer tout, toutes ses erreurs qu'elle avait pu faire pour se séparer de lui à nouveau. Parce qu'il était comme un aimant pour elle, elle ne pouvait pas s'éloigner. Il comptait bien plus que ce qu'elle pensait, mais elle ne pouvait rien lui dire parce qu'elle ne voulait qu'il la rejette. Elle buvait les mots de Léo, casant ça dans un coin de se tête, parce qu'elle n'était pas en état de lui répondre, parce qu'elle ne savait pas quoi lui répondre. Ce qui venait de dire lui avait glacé le cerveau, réchauffé son cœur qui palpitait jusque dans sa tête. Elle restait interdite en le regardant. Où voulait-il en venir ? Comment ça, il ne jouait pas la comédie, qu'il aimerait qu'ils fassent mieux ? La blonde ne parla pas plus, elle se mordait la lèvre. Ne pouvant pas répondre à ça. Elle ne voulait rien gâcher, elle avait peur de mal comprendre, parce que ce ne serait pas une première. Alors, elle l'écoutait encore parler et se rendait compte qu'elle l'avait juger. Elle qui n'avait aucun droit de juger les autres, qui s'était interdit de le faire pendant plusieurs années. Grace s'en dégoûtait presque. Elle ne serait pas restée innocente toute sa vie, il ne l'aurait pas protégé tout ce temps. « Je ne regrette pas d'être rentrée dans ce monde. » Si c'est pour l'avoir retrouvé lui. Lui ne savait pas bataille qu'il y avait dans la tête de Grace, si seulement c'était simple, si ça se faisait naturellement, mais elle s'empêchait tous les droits. « J'aimerais que ce soit simple. » Elle plantait ses iris dans les siens avant de rire nerveusement. « Mais tu ne m'aides pas. » Grace restait le détailler, le souffle court, elle ne savait plus quoi dire, pas quoi faire. Elle pataugeait un peu, peut-être qu’il était encore temps pour fuir, même si elle n’en avait pas envie, qu’elle ne voulait pas quitter Léo. Mais c’était tellement facile de faire ça, l’oublier serait plus difficile, mais elle n’aurait pas de choix à faire. Elle se laissait prendre par sa vague de sentiments, la seule idée qui lui traversait l’esprit était de goûter ses lèvres une nouvelle fois. Mais elle ne se contenta que de bredouiller quelques mots. « Qu’est-ce … qu’on pourrait faire de mieux ? Qu’est-ce que tu voulais dire par là ? » Qu’il efface ses doutes, bien que le message semblait assez claire.

Si les choses étaient si simples, si elle arrivait à s'en sortir de ce monde si facilement qu'il le pensait lui, mais ce n'était pas le cas, elle se sentait toujours liés à ce qu'elle était avant. Elle n'arrivait pas à se décrocher, faire fuir certaines pensées qui voyaient le mal partout ou au contraire qui disaient que tout irait bien, qu'il ne lui arriverait jamais rien parce qu'en haut, quelqu'un veillait sur elle. Grace qui avaig parlée tant d'années en son nom, qui ne vivait que pour lui, elle se foutait le doigt dans l'œil. C'était un bordel sans noms dans sa tête, elle ne savait plus écouter et ne savait même pas si elle avait parfois son mot à dire. Elle ne s'était jamais sentie aussi prisonnière d'elle-même que depuis quelques mois. Elle profitait de sa déchéance en se posant des questions inutiles, comme toujours, elle ne changerait pas. C'était trop compliqué de se dire qu'elle pouvait faire le vide de tout, elle n'arriverait pas à arrêter de se poser des questions. « C'est dans ma nature, dans celle des Hommes, je suis certaine que tu t'en poses aussi. » Pas autant qu'elle, mais personne ne pouvait pas la battre sur ce point. La simplicité, ça ne devait pas être son truc. Tout aurait été plus beau si ça avait été simple et épuré dans son esprit. Et ça aurait été sans doute plus simple qu'ils ne se retrouvent pas, mais maintenant elle ne voulait plus le lâcher, même si elle voulait la place d'une autre, elle ne pouvait pas se résigner à le supprimer de sa vie. Léo comptait et, il avait toujours compté. « Comment tu pourrais savoir ce qui est bien pour moi, si même moi j'en ai aucune idée ? Et non, ne me laisse pas tranquille, je ne veux pas te voir partir de ma vie. »  Elle ponctuait sa phrase d'un sourire timide. Qu'est-ce qui serait bien pour tous les deux ? Elle ne savait pas non plus, elle se faisait une idée, mais à chaque fois qu'elle avait l'impression d'en faire des tonnes, de trop vouloir. Vouloir ce qu'elle ne pouvait pas avoir, surtout. Grace laissait la main de Léo se balader dans ses cheveux parce que c'était agréable de recevoir des gens gestes parfois, qu'elle ne le rejetterait pas tout le temps. Sa question semblait embarrasser Léo, elle s'en voulait un peu, mais cette fois elle ne dirait pas qu'il pouvait laisser ça de côté, elle était trop curieuse de voir ce qu'il pouvait dire, s'ils pensaient pareil cette fois. Mais ses paroles donnaient le souffle court à la sainte, elle souriait misérablement, ne savant pas vraiment que dire. Et plus il parlait, plus il se rapprochait, plus elle frémissait d'émotion, d'impatience. C'était trop beau pour qu'il n'y ait pas quelque chose qui cloche. Il faisait surgir en elle des émotions qu'elle ne connaissait pas, dont elle en avait peur et maintenant qu'il se trouvait si près d'elle, elle ne pouvait plus se battre contre ses craintes. Elle se retrouvait dans la même situation qu'il y a sept ans, bien que ce ne soit pas tout à faire la même chose, elle avait le choix de partir, s'enfuir ou rester et l'embrasser, céder à la tentation qu'elle frôlait toujours. Cette fois, elle voulait y plonger dedans, pas question de laisser Léo loin, elle n'y arriverait pas. « Je n'ai pas envie que les autres hommes se comportent avec moi comme toi. » Ça ne lui avait même jamais traversé l'esprit, parce que Léo occupait une trop grande place. Trop grande sans doute, il était l'unique. « Tu sais que j'en ai envie. » Elle n'attendait pas plus longtemps pour oser s'emparer des lèvres du bel homme, cédant au désir bien plus fort maintenant. Elle l'embrassait avec une douce passion, se laissait perdre de nouveau. Grace passait une main dans la douce barbe de Léo avant de lui passer dans sa nuque.