Awake my soul + Grace

Elle écoutait encore, ses paroles, ne disant plus rien parce qu'elle avait l'impression de se répéter alors s'il voulait penser ça, il pouvait le penser, elle ne se débattait pas. S'il pensait qu'elle n'avait pas fuit parce qu'elle avait peur, si ça lui faisait plaisir de penser ça. Alors qu'il le fasse. Elle, elle savait qu'elle n'avait pas fuit parce qu'elle ne voulait pas l'abandonner une deuxième fois, elle ne voulait pas tout rompre, elle gardait cet espoir au fond d'elle-même qui disait qu'eux-deux ce n'était pas terminés, qu'ils étaient bien ici pour une raison, peut-être autre que ce qu'il disait. Elle ne voulait pas mettre de point à leur histoire. Et aujourd'hui, ça semblait leur avoir réussi. Et elle n'avait pas envie de fuir Léo, au contraire, elle n'en avait pas peur. Ses gestes déplacés étaient uniquement crée par l'alcool selon elle, c'est pour ça qu'elle restait à côté de lui. C'est pour ça qu'elle ne l'avait pas gifler avant de prendre la fuite. Elle se demandait à comment ils étaient tombés dans cette conversation, pourquoi ils étaient là, maintenant. Elle détestait parler d'elle, qu'on cherche à l'identifier, elle aimait bien être l'ombre des gens, celle qui ne parle pas de sa vie, qui écoutait. Pendant un bref instant, elle regrettait d'avoir parlé d'elle à Léo. L'australienne voulait garder sa vie entre ses mains, avoir quoi en faire, ne pas la donner aux autres pour qu'ils la façonnent comme ils en avaient envie. Qu'ils essayent de décider de ses pensées. « Si je suis une menteuse alors ... » Elle haussait les épaules en baissant la tête. C'était plus la conclusion de ce qu'il disait, elle ne voulait pas en savoir plus. Elle répliquait une dernière fois quand il disait qu'elle n'avait peut-être pas changé finalement, une phrase qui venait lui démanger son coeur. Si, elle avait changé. Ça ne se voyait peut-être pas, peut-être que pendant ce voyage, elle n'avait pas eu l'occasion de le prouver.Mais rien que le rapprochement qu'il y avait eu entre les deux était une preuve de son changement. Parce que oui, elle aurait fuit dès ce troisième jour. Dès l'instant où ils ne s'entendaient plus. Si Grace n'avait pas changé, elle ne serait pas venue à l'aéroport, elle aurait laissé Léo seul du début à la fin, malgré n'importe quelle explication qu'il pouvait donner, malgré le fait qu'il aurait pu toucher sa pitié. La blonde relevait les yeux vers Léo avant de froncer les sourcils. « Tu peux pas me dire ça ! T'écoutes ce que tu dis ? » Disait-elle en secouant la tête, riant un peu. « Et désolée, mais dis comme ça, ça ne me donne pas envie. » Peut-être parce qu'elle trouvait que c'était de trop, simplement qu'elle était gênée, le rouge avait sûrement dû lui monter aux joues. Elle n'arrivait pas à s'imaginer approuver ce qu'il disait, elle ne voulait pas s'imaginer ça, d'ailleurs. Puis enfin, ça s'adoucissait entre eux, elle finissait par lui dire que lui était tout ce qu'elle voulait, méritait du moins. Parce qu'il n'y avait jamais d'autres hommes dans ses pensées que lui, qu'elle se verrait mal tout arrêter maintenant pour un faux pas qui avait sûrement été créer par sa faute. Léo hantait son coeur depuis un moment déjà et les retrouvailles n'avaient fait que déterrer ce qui était enfoui dans les décombres de son esprit, ravivant le tout. « Et je t'ai déjà dit que je ne voulais pas qu'un autre homme prenne cette place. » Son doux sourire refaisait surface. « Je me sens bien avec toi Léo. » Sur l'instant, elle n'avait plus trop envie de voir du monde, elle avait envie d'être seule un peu, mais ça n'empêchait pas qu'elle ne se sentait mieux avec personne qu'avec Léo ici. Il venait prendre entre ses mains le visage de la blonde avant d'y déposer un baiser doux, agréable. Et après ça, elle disait vouloir s’en aller, ne plus rester parmi les gens, parce qu’elle n’avait plus le cœur à rien, pas qu’il avait tout gâcher, c’était juste qu’elle n’avait pas l’habitude de tout ce qu’il se passait, les soirées non plus, elle n’arrivait pas à s’y faire pour le moment. Elle ne le forçait pas à rester avec elle, parce qu’elle ne voulait rien gâcher, mais il semblait vouloir rester avec elle. Elle hochait la tête quand il disait revenir et elle avait l’impression de déranger, légèrement. Elle ne savait pas si c’était faux. Quelques minutes après, les pas entraînaient ceux de Grace pendant quelques mètres jusqu’à une voiture qui les ramenaient au camp. Arrivés, elle laissait l’homme tranquille, profitant d’être seule quelques petites minutes pour réfléchir, méditer. Puis elle se résignait à le rejoindre dehors, parce qu’elle semblait ne pas aimer cette solitude soudaine. Pendant quelques secondes elle restait le regarder, elle détestait ça les gens qui fumaient, même si elle faisait pas mieux, seule. Et elle venait doucement se blottir dans ses bras. « Ça ne va pas ? » Son ton était calme, elle lui demandait juste ça parce que pour elle, les gens fumaient quand ils n’allaient pas bien ou étaient angoissés. Un cliché sans doute, mais elle ne voulait pas fouiller plus loin. « Je n’ai pas trop été décevante du début à la fin ? » Elle se mettait à rire doucement, juste histoire de lui donner une sortie s’il ne voulait pas répondre à sa question précédente.

Elle avait l'impression qu'ils avaient déjà eu cette conversation tous les deux, celle où elle disait qu'il était le seul pour l'instant qu'elle avait besoin, lui qui parlait de nouveau de mériter alors qu'elle avait pensé être claire. Sans doute pas assez, mais la conclusion était la même. Grace voulait de Léo dans sa vie et ce n'était pas son dérapage de ce soir qui allait changer quelque chose, sans doute la faire réfléchir plus pour ne pas lui donner d'autres faux-espoirs, d'autres accidents, elle ne savait pas comment appeler ça. Elle n'avait jamais vécue ça à vrai dire. Léo devait bien être la première personne à montrer qu'il voulait d'elle et elle ne savait pas si elle devait être inquiète ou flattée. Elle préférait ne même plus y penser et oublierait ce qu'il s'était passé ce soir bien vite, du moins elle essayerait. De retour au campement, la blonde s'occupait les pensées, comme tout le temps, elle ressentait souvent le besoin d'être seule, parce qu'elle l'avait été pendant des années et que tout changeait. Sa solitude, ce dans quoi elle était le mieux parce qu'elle n'avait jamais été douée avec les rapports humains, quand il s'agissait d'elle, seulement écouter et aider. Si seulement on l'avait aidé à sortir de là plus tôt, elle réagirait sans doute autrement à tout. Mais elle ne pouvait pas en vouloir aux autres, elle avait eu l'impression de s'y plaire avant qu'elle se rende compte il y a quelques mois qu'elle souffrait seule. Et lui l'aidait à sortir de là bien qu'indirectement. Dehors, elle souriait doucement avant de venir se caler dans ses bras. « Je disais ça parce que tu fumes. » Elle s'inquiétait un peu, parce qu'elle ne concevait pas que quelqu'un fume sans but, il devait bien avoir quelque chose dans la tête de Léo et elle détestait ne pas savoir quoi. Mais elle se disait aussi qu’elle pouvait se tromper, que ça se trouve, c’était simplement un fumeur normal, mais que vu qu’elle s’était bien trop éloigné de lui avant de venir ici elle n’aurait pas pu le savoir. Même si elle l’avait déjà vu faire une fois et qu’elle l’estimait courageux de ne pas l’avoir fait pendant toute la durée du séjour. Qu’importe. Grace venait à la conclusion qu’elle avait été décevante par rapport au fait qu’elle n’avait rien dit tout à l’heure, mais elle s’en voulait déjà puis aux embrouilles qu’ils avaient eut au début parce qu’elle était jalouse pour un rien — alors qu’ils ne se passaient encore rien entre-eux. Tout devait être décevant, surtout de ne pas savoir l’issue de cette histoire, parce qu’elle n’en savait rien au fond elle. Ce que lui voudrait en retournant à Bowen. Il reculait et leurs regards se croisaient de nouveau. À ses paroles, elle ne pouvait qu’esquisser un sourire timide. Puis quand il s’éloignait un peu, elle commençait à parler. « Menteur. » Son léger rire se fondait dans les bruits qui les entouraient. « Jamais je te déçois ? Sérieusement ? Je ne te lâcherai pas si tu me dis que je t’ai déçue. » Et ça recommençait, elle restait le regarder avec un sourire en coin des lèvres. Elle pourrait lui citer des fois où elle s’était sentie maladroite et où lui aurait pu lui en vouloir.  « Eum … Je ne suis pas trop fatiguée … je voulais juste m’éloigner des gens. » Elle haussait les épaules, faut dire qu’avec cette soirée, le sommeil viendrait que dans un moment.

Elle haussait les épaules pour simple réponse. Ça ne la dérangeait pas tant que ça le fait qu'il fume, c'est plus qu'elle avait peur qu'il y avait un message derrière, elle se demandait si elle avait quelque chose à se reprocher ce soir, même si elle avait une vague idée en tête et qu'elle s'en voulait de l'avoir énervée parce qu'elle n'avait rien dit. Mais il fallait sans doute qu'elle arrête de s'inquiéter pour rien et tout abuser, s'il faisait ça parce qu'il avait envie, elle n'avait qu'à le croire, du moins s'efforcer de le faire. Quand il s'éloignait d'elle, elle finissait par lui dire qu'il mentait, Grace était une déception à elle-même, ses choix étaient toujours mauvais, elle était maladroite que ce soit dans les gestes ou les paroles. Et elle avait toujours préférée l'honnêteté, alors si Léo lui disait qu'elle l'avait déçue à un moment, elle ne ferait pas la tête, ça ne changerait rien à ce qu'elle ressent pour lui. Et si jamais elle finissait par lui le faire, elle pardonnait à chaque fois et si elle ne pardonnait pas, elle passait au-dessus. C'est ce qu'elle se faisait croire à elle-même, parce qu'ils étaient loin de tous les autres. Lui était loin d'Andrea et elle avait peur que de retour à Bowen, il se retourne vers elle, la laissant encore avec un goût amer et sa jalousie qu'elle n'arrivait pas à faire passer. Pendant qu'il parlait, elle restait interdite, peut-être parce qu'elle se rendait compte que finalement c'était plus sérieux que ce qu'elle ne pensait ou même ce qu'elle voulait depuis le début. « Alors je ne te décevrais pas. Je nous fuirais pas. » Ça ne serait pas de lui qu'elle aurait honte, seulement d'elle seule, mais ça devait bien être ça qu'il disait. Elle aurait aimée tout contrôler sur ce que disaient les gens d'elle, mais elle ne pouvait rien faire. Avec le temps elle fermerait les yeux dessus. Après lui avoir avoué qu'elle n'était pas fatiguée, sûrement parce qu'elle voulait se dire que si elle le faisait, ça voulait dire qu'elle perdait un peu de temps passé dans ce pays, elle rentrait dans la tente à son tour. Pour ne pas rester sans rien faire, Grace s'approchait de sa valise, si au début du séjour, elle faisait tout pour garder tout en place, c'était sans doute plus fouillis vers la fin. Et pour ne pas sentir la fin du voyage, elle n'avait pas pensée recommencer à faire de l'ordre. Un frisson parcourait l'échine de la blonde quand les doigts de Léo venaient de balader dans sa nuque. « C'est ... un test ? » Elle riait doucement avant de tourner son regard. « Léo ... » Grace se retournait se mettant face à lui. « Je n'aime pas te rejeter. » Disait-elle dans un souffle presque inaudible.

De nouveau ces questions lui venaient en tête, elle ne savait pas quoi faire, comment réagir. Et elle ne voulait pas le vexer en l'arrêtant, pas une deuxième fois. Et en même temps il l'avait bien dit qu'il fallait qu'elle l'arrête, qu'il n'avait pas répondu au fait que c'était un test, donc elle n'en savait rien. Peut-être qu'il jouait, c'est ce qu'elle aurait préférée ce dire sur l'instant, il s'arrêterait tout seul, comme l'autre fois, pour ne pas qu'elle ait à s'emmêler les pinceaux. Grace ne savait même pas de quoi elle avait envie maintenant, elle le regardait avec un sourire écorché aux lèvres. Elle restait une nouvelle fois sans rien dire, laissant Léo prendre les devants. « On pourrait quoi ? » Disait-elle dans la foulée, accentuant sans doute son inquiétude. Elle avait l'impression qu'il faisait tout pour la déstabiliser comme si ce qu'il s'était passé au mariage ne comptait plus dans sa tête à lui. Mais ça faisait deux fois dans la même soirée, deux fois qu'elle se demandait toujours quoi faire. « C'est ... c'est ... » Trop tôt.Quinze jours, elle ne pouvait pas ne tenir que quinze jours. Elle avait toujours résisté à la tentation jusqu'ici, elle faisait tout pour ne pas flancher pour lui. La blonde se reculait, elle n'osait pas le regarder, elle ne voulait pas le décevoir, lui. « Je sais que tu as dit que ... Mais ... Je peux être sûre que tu ne m'abandonneras pas à Bowen ? » Elle ne savait pas comment lui dire, elle avait l'impression que ses paroles n'avaient aucun sens. Et lui-même lui avait dit quelques mois plus tôt d'attendre le bon, c'est ce qu'elle se disait tout le temps aussi. Alors, elle ne voudrait pas lui offrir quelque chose pour qu'après il la rejette ou qu'il l'oublie. Et même s'ils n'allaient pas trop loin, elle se sentirait abusée. Elle aurait aimée savoir ce que ferait les autres, si elle n’était tout simplement pas bizarre, la seule à ne pas savoir quand c’était le bon moment. « Je ne veux pas que ça refasse le coup une deuxième fois, je ne saurais pas quand te dire stop, tu le sais. » Grace baissant la tête, soupirant.

« Profiter ... Je vois. » Et elle aurait voulu savoir comment lui aurait profité de cette dernière nuit. Autrement. Elle ne l'avait pas forcée à venir avec elle au campement, elle lui avait même dit qu'il pouvait rester que ça ne la dérangeait pas. Dans le monde où Grace avançait doucement, celui où se trouvait Léo et tout les autres, profiter d'une nuit ne devait pas ressembler à ce qu'elle attendait elle. Ici il n'y avait rien à faire, ils n'allaient pas sortir en ville, ils devaient simplement sentir leurs corps se frôler et c'était ça profiter. Mais Grace en avait une peur énorme de ça, elle n'avait pas attendu des années pour céder au bout de quelques jours, même si Léo était une tentation qui était présente dans son esprit depuis plusieurs années. Elle avait peur qu'à Bowen, les tensions reviennent, parce qu'ils ne seraient pas que deux et elle ne voulait pas se sentir abandonner une nouvelle fois pour une autre. Elle aurait préférée attendre voir ce qu'il se passait, elle aurait préférée qu'il attende encore un peu. Même tout ça semblait anodin pour Léo, ce qu'elle avait pu faire pendant ce séjour, ça ne l'était pas pour Grace qui avançait peu à peu, il fallait juste du temps et elle espérait que Léo lui en donnerait un peu pour ne pas que ce séjour s'arrête sur une nouvelle déception. La blonde soufflait, s'éloignant de lui pour éviter qu'il se donne trop d'espoir, Grace ne ferait rien de plus. Elle n'avait pas peur de lui, mais plus de la suite de l'histoire, de la leur. Mais lui venait la prendre dans ses bras une nouvelle fois et elle ne savait pas vraiment interpréter ce geste, parce qu'elle ne voulait pas voir le mal chez Léo. Et elle n'aimait pas ça, remettre en question ses gestes à lui, avoir peur qu'il veuille toujours plus. Ce n'était pas sur ça qu'elle voulait baser une relation, dans la peur de ne pas donner assez.« Tu dois avoir plus de femmes qui te tournent autour que moi pour les hommes ... je ne veux juste pas que tu m'abandonnes pour l'une d'elles. » Disait-elle en le serrant un peu plus dans ses bras, comme si elle voulait ne le garder que pour lui. « Je ne me serais pas rapproché de toi ces derniers jours pour t'abandonner au retour. » Ce n'était pas son genre de jouer avec les gens, elle ne savait pas le faire de toute manière. Ce qu'elle ressentait pour lui était bien trop réel et ça lui ferait sans doute plus de mal à elle de le quitter qu'à lui, parce qu'il en avait d'autres pour oublier. Et elle s'inquiétait plus quand lui disait qu'elle venait de lui dire d'arrêter et s'en allait. Ce n'était pas ça qu'elle voulait dire. Du moins pas maintenant. Elle ne savait plus. La blonde soufflait avant de s'avancer vers sa couchette. Et quand il lui demandait de s'approcher de lui, elle restait hésitante. Et après tout, elle ne voulait pas le fuir ou le faire se sentir coupable de ses envies. Après tout, peut-être que n'importe quel homme aurait pu les avoirs, ces envies-là. Elle finissait par le rejoindre. Grace venait doucement poser ses lèvres sur la commissure des siennes avant de se caler auprès de lui, sans dire un mot.