Awake my soul | Xavier Black

Ce qu'elle faisait au bord de l'eau à cette heure-ci ? Elle ne savait pas, prendre l'air, sentir le sable sous ses pieds, ça lui manquait. Les lieux étaient éclairés par les reflets de la Lune, un si beau spectacle. Entendre le bruit des vagues c'était tout aussi beau qu'une musique pour elle, malheureusement ça s'arrête là. La jeune femme ne s'approche lui de l'eau depuis sa noyade quand elle était plus petite. La simple idée de ne pas avoir pied lui faisait paniquer, alors la mer, elle se contentait de la contempler avec envie. Les gens se faisaient rare à cette heure-ci, seul certains jeunes avec des bouteilles dans les mains venaient, et les quelques courageux plongeaient dans l'eau, ce qui donnait des frissons à la jeune femme.

Elle voulait être au calme ce soir, parlé le moins possible, se vider la tête. Elle prit ses affaires pour s'éloigner un peu du groupe de jeune, elle ne savait pas vraiment où elle allait se poser. Son regard se posa sur une personne proche de l'eau, elle souriait en la voyant puis lançait. « L'eau est bonne ? » Il était rare que l'eau soit froide, du moins dans ses souvenirs, tous les mois de l'année, l'eau était chaude et il était plaisant de s'y baigner. Même de nuit. La blonde s'installait pas très loin. Elle n'avait pas vraiment l'impression de déranger, elle parlait le moins possible et pensait bien faire en parlant à cette personne ; peut-être qu’inconsciemment elle rassurait quelqu'un.

Spoiler:

Tu avançais dans la nuit étoilée de Bowen, tu aimais la plage, et la nuit. La quiétude de la nuit, Bowen était une ville tellement calme passé un certaine heures et tu était du genre à vivre la nuit et dormir la journée. On dit que c'est mieux de travailler à la lumière du jour, mais tu avais ton atelier éclairé de manière à ce qu'on croit que c'était le jour en plein milieu de la nuit. C'était ton habitude, tu avais toujours fonctionné ainsi, du moins du plus loin que tu te souviennes. Sur la plage, à part un petit groupe de jeunes attroupés devant un feu en buvant de  la bière bon marché pensant être libres, il n'y avait pas un chat. Tu te glissais dans la nuit, pour rejoindre la mer. Tu avais envie de faire un plongeon. C'était l'automne et pourtant la température était encore pas mal étouffante. Sans trop réfléchir, tu te déshabilles et tu cours à l'eau. Tu plonges la tête et tu respires enfin. Tu te sens la pression se relâcher. Une voix attire ton attention, mais tu n'as pas les yeux d'un chat, tu ne distingues pas grand chose dans la pénombre, tu retiens juste que c'est une voix douce, une voix de femme, tu souris bêtement. « Un peu fraîche, mais pour la saison, c'est pas mal du tout ! » Tu finis par sortir et rejoindre la serviette que tu avais déposé un peu plus tôt avant d'aller dans l'eau. Te mettre au bord, de manière à ce que tes pieds puisse continuer de barboter quand les vagues remontent.

La silhouette qui se reflétait sur l'eau l'intriguait vraiment. La blonde plissait les yeux pour essayer de distinguer ne serait-ce qu'une partie de cette personne. Elle reconnu une voix masculine, ce qui la rendait plus heureuse encore ; sans aucune réelle raison. « Pas peur de se faire dévorer par des requins ? » Elle riait doucement avant de rependre. « Plus sérieusement, vous n'êtes pas obligé de sortir pour moi, si je dérange, je peux encore marcher un peu, la plage est assez grande. » Mais une présence la rassurait quand même. Elle jetait un regard aux groupes de jeunes quand il sorti de l'eau, la jeune femme ne voulait pas passer pour une voyeuse si jamais celui-ci avait décidé de faire un bain de minuit. Les jeunes faisaient beaucoup trop de bruit à son goût, elle préférait regarder l'homme qu'elle ne distinguait pas vraiment, mais une conversation à l'aveugle lui semblait tout aussi amusant. Adilyn passait sa main sur le sable, hésitante à l'idée de faire un tour dans l'eau, mais effrayée à l'idée de ne pas avoir d'aide si jamais il lui arrive des problèmes. Avant de reprendre la parole, elle préférait attendre la réponse de son mystérieux interlocuteur, elle ne voulait pas insister si jamais il avait décidé qu'être seul c'était mieux pour lui ; ce qu'elle comprendrait après tout, elle s'est incrustée pour discuter.

C'était une voix vraiment douce, et claire, malgré la bruit que pouvait faire le groupe de jeunes juste à côté, tu avais l'impression qu'ils étaient à des années lumières de vous. « Je n'en ai pas peur, mais peut-être que le jour où j'aurais un membre un moins, je commencerais à m'en méfier » Tu riais avec elle. Elle avait une répartie à laquelle tu ne t'attendais pas. « Oh, ce n'est pas à cause de vous, je voulais juste faire un petit saut, me rafraîchir un peu, votre compagnie n'est qu'un petit bonus pour cette soirée. » Tu étais charmeur. Tu aimais bien ça, séduire les femmes, et les épouser aussi. Mais c'était une autre histoire. Et ça devait au moins faire 3 ans que tu n'avais épousé personne, ce qui était un exploit pour toi. Même si au fond tu cherchais sans cesse à fuir toute relation depuis le drame. Tu avais peur de voir une telle chose se reproduire. Tu avais tes limites, alors tu faisais le beau, draguant un peu, couchant à droite à gauche, mais sans vouloir te pousser dans un truc sérieux. Et tu en avais laissé passer des femmes qui te faisaient vibrer. « Et vous, vous n'avez pas envie de vous mouiller un peu ? A moins que vous essayez le bronzage du nuit ? J'ai ouïe dire que ce n'est pas très efficace. » lui dis-tu amusé. Après tout, venir à la plage, souvent c'était bien pour se mouiller un peu.

Elle riait de plus bel, ravie d'être tombé sur un homme qui avait plus d'humour qu'elle ne le pensait. « Ça serait dommage de se faire amputer par un requin. Vaut mieux rester entier. » Adilyn essayait d'imaginer la tête de cet homme, elle aurait bien voulu s'approcher de lui, mais elle ne voulait pas paraître bizarre et douteuse. « Je vois. » Un bonus, c'était plutôt sympathique de sa part, et au moindre compliment, les joues de la femme prenaient des couleurs. « Vous serrez le bonus de ma soirée, dans ce cas. » Elle jouait le jeu, ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas pris le temps de s'amuser un peu, même sortir c'est ce qu'elle faisait tous les week-ends, généralement elle ne prenait pas le temps de parler aux hommes de peur que quelqu'un dévoile son douloureux passé. À sa question elle rigolait tout en se sentant gênée ne sachant pas quoi répondre, dire à un homme qu'elle avait peur de l'eau n'était pas bon pour elle et elle préférait le garder pour sois. « J'essayais de persuader les scientifiques du contraire. » Un sourire se dessina sur son visage. « Et je n'ai pas vraiment une tenue pour me baigner.» L'infirmière essayait de détourner le plus possible la question. Se faire juger, très peu pour elle, en prison, ses camarades de cellules se moquaient déjà car elle n'avait pas le “physique” d'une meurtrière. « Si vous me garantissez que vous me protégez de tout danger, je peux toujours changer d'avis. »

Les attaques de requins dans le coin n'étaient pas monnaie courante. En 3 ans, tu avais entendu 2 ou 3 cas, et c'était vraiment spectaculaire, les corps avaient été déchiquetés.« Je dois vous avouer que si je perdais un bras, ma carrière professionnelle serait entachée, et si ce n'est pas la cas, ça fera de moi, le meilleur ! Mais je préfère rester entier oui. » En même temps, tu t'imaginais déjà coudre un costume à une main. Prendre les mesures, poser les épingles faire les retouches. Passer le fil dans une aiguille, à une main, si tu y parvenais, on pourrait te décerner une médaille. « Vous me volez ma réplique, mais tout le plaisir est pour moi. » Tu aurais aimé te rapprocher d'elle, voir son visage, associer sa douce voix à un regard, un sourire. Quelque chose d'autre qu'une forme informe dans la pénombre. Tu te l'imaginais, grande, mince, des yeux bleus ou noisettes, et des cheveux foncés. Et une peau assez claire, par blanche, mais pas non plus très halé. Elle n'a pas de tenue, pas de problèmes, tu avais la solution pour ça, tu étais un homme à solution. Dans ton métier, il fallait toujours que tu uses d'astuces et de trucs, tu avais fini par développer un don pour ça. Après, ça ne voulait pas forcément dire que ta solution était la meilleure, ou la plus appréciée. « Vous pouvez être dans le plus simple appareil, je vous promets de pas trop regarder, juste un peu parce que je reste un homme. » Tu lui souriais, même si tu te doutais bien qu'elle ne pouvait pas le voir. Tu rigolais, ou peut-être pas. Mais si ça la gênais, tu saurais être un homme respectueux. En plus elle semblait prête à changer d'avis. « S'il vous faut un preux chevalier pour vous protéger des dangers de l'eau et des requins, alors je suis votre homme ! » Tu te levais pour poser une main sur ton torse, comme pour lui faire une promesse. Tu étais ridicule, mais tu le vivais bien. C'était le plus important pour toi. Et elle semblait bien rire de toi.

Sa remarque attisait la curiosité d'Adilyn, le métier qu'il faisait avait donc un rapport avec les bras ou les jambes, mais elle opta quand même pour les bras, peut-être était-il mécanicien, chauffeur ou pompier. « Ça peut toujours se faire remplacer, il y a de grandes avancées médicales, aujourd'hui. » Elle était bien placée pour le savoir, elle avait déjà dû s'occuper de plusieurs patients victimes d'amputation. « Je crois que si c'est pour faire un compliment, je peux vous la volez ? » Un énième doux rire fit écho. La jeune femme s'allongeait quasiment s'accoudant pour toujours regarder les vagues. Puis elle tourna les yeux vers les étoiles, s'allongeant de son long sur le sable et passant une main sur son ventre. Puis à sa remarque, elle se retenait de glousser. « Les bains de minuit, ce n'est pas tellement mon genre. » Surtout avec une personne dont elle ne connaît que la voix. Peut-être qu'il est en vieux pervers en manque d'affection, bien qu'elle espérait le contraire. Mais la nuit n'aidait pas vraiment à se faire une idée sur qui il était. Au mouvement de l'homme, elle se redressait puis éclatait de rire. « Un gentilhomme tel que vous ... j'ai presque du mal à vous dire non. » Adilyn se levait ensuite, restant à sa place mais retirant sa veste, elle ne comptait pas aller dans l'eau, mais donner un faux-espoir à son interlocuteur pouvait être marrant d'après elle.

Tu hochais doucement la tête pour approuver ses propos, mais tu n'avais pas réalisé qu'elle ne le verrait peut-être pas. C'était compliqué cette pénombre, tu avais l'impression que vos relations étaient bloqués du fait de ne pas pouvoir voir les gestes, les sourires de l'autre. « Il est vrai, mais je suis pas sûr d'apprécier un bras robotique pour la couture. » Une question de point de vue, mais tu t'imaginais mal devoir compter sur un bras robotisé, autant te débrouiller avec la seul main valide qu'il te resterait. Et puis, ça aurait plus de mérite, plus de gueule. Et même si tu n'aimerais pas qu'on t'affiches dans la une d'un journal, tu aimerais qu'on parle de toi comme l'homme mystère capable de coudre à une main. Tu acquiesçais son propos, encore une fois trop rapidement, sans trop réfléchir au fait qu'elle ne le verrait pas. Tu pouvais être un vrai tête en l'air quand tu t'y mettais, mais bon, tant pis pour maintenant. Elle était passé à autre chose, autant continuer, l'air de rien. « Dans ce cas, il ne faut pas vous forcer, c'était juste une idée comme ça, vous pouvez aussi vous baigner toute habillé » En voilà une autre solution. Si après ça, elle ne voulait toujours pas le faire, c'est qu'au fond, elle ne le voulait pas, et tu n'étais pas du genre à mettre la pression, au contraire. Tu laissais les autres faire leurs choix, après tout c'était leur vie et tu n'avais pas de grande raison d'y mettre ton grain de sel. Mais tu pouvez laisser une chance de la convaincre du contraire. Tu avais presque l'impression de gagner. « Vous me flattez, mais si je suis un criminel qui tente de vous amadouez ? » Tu l'avais vu se lever, et tu attendais, le cœur fébrile, qu'elle fasse un pas vers toi. Un pas vers l'eau, mais elle semblait se raviser et se remettre à sa place. Sûrement à cause de ce que tu venais de dire. Ou parce qu'elle aimait être contradictoire. Trouble-fête, plutôt, elle semblait jouer avec toi, et tu aimais bien ça. C'était gentillet, rien de trop provocant au final.

Elle avait faux sur toute la ligne, mais elle préférait vraiment le savoir couturier, c'était plus intéressant et moins banal que les autres métiers qui lui avaient traversé l'esprit. Elle se contentait de sourire, il n'était pas amputé pour le moment alors elle n'avait pas insisté plus. C'est que coudre avec un bras mécanique ne devait pas être pratique. « Habillé ou en sous-vêtements d'ailleurs. » Elle ne faisait pas partie du genre de personne qui ne portent rien sous les vêtements, non, pour une question d’hygiène et de bien-être, tout était sur elle. Si Adilyn devait se baigner, ce n'était pas avec ses vêtements, dans tous les cas, sinon sa voiture serait remplie d'eau, ce qui ne l'enchanterait pas. Puis un frisson parcouru son corps en entier, une sensation de chaud puis de froid en une fraction de seconde, un pas en arrière. Un criminel. Il pouvait être le criminel qui l'avait envoyé une prison, mais sa voix ne lui disait rien. La blonde ferma les yeux, inspira un petit coup, ce n'était pas tant l'idée qu'il soit criminel qui l'inquiétait, mais c'est juste son mauvais souvenir qui refaisait surface. « Si vous saviez, la mort ne me fait plus vraiment peur, alors si vous êtes réellement un criminel, qu'importe. » Adilyn ne semblait pas vouloir bouger pour autant, comme si une barrière s'était formée entre les deux personnes.

Tu avais bien senti que quelque chose avait changé. Son ton ou son attitude, malgré la pénombre. Comme si une barrière venait de se former entre vous. Et ça te faisait de la peine, toi qui plaisais avec elle à l'instant, qui faisait le beau pour l'impressionner un peu, tu avais l'impression d'avoir tout ruiné. « Je plaisantais.. » Pas tout à fait, puisque dans les faits, tu étais un criminel. Mais tu ne pouvais pas l'avouer ainsi à une charmante inconnue. Oh non, c'était le coup pour les faire fuir à toutes vitesses. Tu étais bien content que toute cette affaire ne s'était pas ébruitée, tu avais mis les formes pour ça mais tout de même. Mais tu tentais de reprendre avec plus de légèreté. « Je dois être aussi agressif qu'un mouche, alors je suis désolé, je ne voulais pas vous faire peur ou autre. » Tu t'étais reposé sur ta serviette, fixant les étoiles. Passant doucement une main dans tes cheveux, pendant le silence qu'il y avait entre vous, tu écoutais à moitié le bruit des jeunes derrières qui se calmait doucement.

Il plaisantait, quelque part, elle le savait, mais ça lui avait jeté un simple froid, et elle s'en voulait d'avoir réagir comme ça. Bien qu'il ne l'a voyait pas plus qu'elle, elle le voyait, il avait réussi à décrypter la jeune femme et gâcher un moment pareil la mettait mal, tout semblait si bien partie. Elle bredouillait. « Oui … excuse. » Elle soupirait, regardant sa veste au sol, comment rattraper la situation ? Elle avait l'impression d'avoir tout gâcher avec sa phrase. Elle qui positive toujours tout, avait l'impression d'être perdue et déstabiliser devant cet homme qu'elle ne voyait même pas. Adilyn se remise à rire après la remarque de son interlocuteur. « Ce n'est pas grave, je dois être juste un peu … bête. » Elle n'aimait pas dire ça d'elle-même, mais elle le méritait sur le coup. « Je vois, j'me défendrais des requins, seule ! » Toujours sur le ton de l'humour.

Elle essayait de recoller ce qu'elle avait casé, et profitait du fait qu'il se mit assit ;elle n'arrivait à distinguer que les mouvements, pour retirer son débardeur et son short. Peut-être que pour arranger les choses, il fallait qu'elle combatte sa peur. La blonde commençait à avancer vers la mer, puis jetait de nouveau un regard vers le mystérieux homme. « Vous avez changé d'avis ? Vous ne venez plus ? » Ses pieds étaient maintenant dans l'eau, et elle sentait un frison traversé de nouveau son corps. Les profondeurs de l'eau. Elle avait réussi à vaincre sa peur du sang, alors pourquoi pas cette peur ? Elle s'enfonçait toujours un peu plus dans les vagues puis se tournait de nouveau vers la rive. « Je vous attends, preux chevalier ! »

Elle s'excusait à son tour, son ton était redevenu plus léger. Ça te rassurait, dans un sens. Mais tu riais doucement sur sa remarque concernant les requins. Ils avaient intérêt à se tenir à carreau parce qu'il était clair qu'elle ne se laissera pas arracher un bras ou quoique ce soit sans se défendre. Tu imaginais un requin se prendre un coup sur le nez, et partir en pleurant, ce qui avait le don de t'amuser. « Je ne pense pas que vous soyez bête, c'est juste que j'ai un humour un peu trop décalé parfois, c'est difficile à vivre vous savez. » Et ce n'était des propos en l'air. Tu poussais les choses toujours trop loin, et il t'es déjà arrivé d'avoir du mal à rattraper les choses. Ça te rappelait ta première femme, qui avait eu du mal avec ça, et pourtant, tu l'avais épousé, et elle avait accepté. Bon ce n'était pas comme si vous aviez divorcés moins d'un mois après ça, mais bon. Peut-être que pour être heureux, il fallait te trouver une femme qui partageait les mêmes délires que toi. Et aujourd'hui, ça semblait difficile à trouver, ou alors tu ne côtoyait pas les bonnes personnes. Ton regard toujours fixé sur les étoiles, tu n'avais pas réalisé qu'elle s'était levée et qu'elle avait approché de l'eau. Tu reposais ton regard sur cette femme dans l'ombre, souriant jusqu'aux oreilles. « Me voilà ! » Tu te levas d'un bond, faisant un pas pour la rejoindre. Tu étais près d'elle plus que jamais, et tu pouvais commencer à distinguer les traits de son visage, mais rien de bien fou. La pénombre n'allait pas disparaître parce que tu trouvais à côté d'elle.

Pas le même humour, c'était une raison valable, mais pas pour Adilyn. Si seulement l'inconnu savait la moindre information sur la vie de la blonde depuis ses quatre derniers mois, il ne serait pas resté très longtemps à ses côtés. « Avec le temps, les gens s'habituent, non ? » Il faut dire que l'ex d'Adilyn avait un humour assez douteux parfois, mais elle supportait et puis après tout, tout le monde ne peut pas être pareil. Dans un autre contexte, Adilyn aurait rit à sa blague, beaucoup, c'était le genre d'humour qu'elle avait avant d'aller en prison. Toujours à faire douter les autres sur qui elle était vraiment. Mais maintenant, elle ne sait pas vraiment ce qu'elle est, se sentant en partie responsable de la mort de la vieille femme, mais en même temps, certaine qu'elle n'a rien fait. L'infirmière se remettait souvent en question. Ce soir, elle était là pour oublier, et le charmant inconnu était tombé au bon moment.

L'eau montant jusqu'en dessous de son buste, Adilyn se sentait encore capable de ne pas paniquer. Son cœur s'affolait uniquement quand une vague venait se heurter à elle. Ce qu'elle redoutait le plus, c'était que le bel inconnu se mette à la pousser au fond de l'eau. Elle n'était pas à l'aise, mais sentait que l'homme était moins bloqué. « Je reste proche de vous, on sait jamais. » Dire un jour son secret ? Ce n'était pas dans ses plans. Puis ses phrases à double-sens lui plaisaient, ça lui faisait presque rire à chaque fois. Ils étaient bien proches à présent, et ses yeux bleus essayaient de distinguer les moindres détails de son visage, sans pour autant y arriver. Elle s'éloigna un peu, profitant du temps clément. « Dites. Vous venez souvent nager de nuit, ou vous étiez juste motivé ce soir ? »

S'il y avait bien une chose sur laquelle tu avais un avis défini, pour le moment, c'était bien ton sens de l'humour. Sans doute parce que tu n'avais toujours pas trouvé une femme qui semblait l'apprécier tel quel mais ce n'était pas la fin du monde, ce n'était qu'un petit défaut et quand tu savais que ça faisait chier, tu devenais bougon et fermé à l'humour. « Pas sûr. » Ton regard ne la quittait, tu aimais tout ce mystère qui vous entourez. Si tu la croisais dans la rue, tu ne pourrais pas la reconnaître, mais le son de sa voix, ça ne serait pas un problème. D'aussi loin que tu te souviennes, tu avais toujours eu une mémoire auditive. Tu essayais de trouver un détail, le détail qui te permettrait de la trouver parmi la foule. Le seul qui te sautait aux yeux, c'était sa taille. « Je vous imaginez un tout petit peu plus petite, je ne sais pas pourquoi mais du coup je me sens moins viril » Viril n'était pas le mot que tu cherchais mais tu n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. C'était surtout que tu pensais faire deux têtes de plus qu'elle et qu'elle serait comme une petite créature que tu pourrais porter d'un doigt et défendre. Sans vraiment savoir pourquoi, sa grande taille gâchait tout l'effet. « Finalement c'est agréable non ? J'aime bien venir me baigner le soir, il fait bon vivre et en général c'est calme. » Certains aimaient courir pour se vider la tête, toi tu aimais nager. La course n'était pas un sport que tu portais dans ton cœur, il y avait peu de sport en général que tu aimais bien en fait. Tu devais faire parti de cette rare espèce d'hommes qui ne passait pas du temps en caleçon devant un match quelconque une bière à la main.Tu barbotais doucement dans l'eau, d'habitude tu aurais été plus taquin mais comme tu n'y voyais rien, tu ne voulais pas prendre le risque de la blesser. « Et vous, vous venez souvent bronzer la nuit ? » lui dis-tu, amusé.

« Je suis certaine qu'une personne s'y habituera. » Elle, par exemple, si les deux sont amenés à se revoir, sinon, elle passera à côté d'un certain type d'humour. Après sa remarque sur la taille de la jeune femme, elle se remise à rire.  « C'est vrai, j'vous voyais plus grand. Mais vous devez faire un mètre quatre-vingts à … vu d’œil. »  Dire qu'elle voyait était un mensonge, elle ne voyait pas grand-chose dans le noir, mais ça pouvait encore se distinguer. « Alors pour les autres femmes, ça doit être pratique ! » Adilyn ne se disait pas super grande, mais généralement les femmes qu'elle côtoyaient étaient plus petite qu'elle, de quelques centimètres. « Je vous laisse imaginer avec des talons. » Elle en avait une tonne chez elle, mais ne pouvait pas toujours les mettre quand elle sortait en rendez-vous avec un homme, car des hommes de plus de deux mètres, elle en avait rarement croisé, et ses talons sont souvent très longs ; les deux ensembles font un très mauvais mélange et elle peut comprendre que les hommes ne sont pas à l'aise. « Je vous promets, que vous êtes plus viril que moi, ceci dit. » Son rire reprit de plus bel.

« Agréable … quand on est plusieurs. » Si elle était seule dans l'eau, elle serait sûrement morte noyer. Personne pour la voir et l'aider au loin, et ce n'était pas les jeunes sur la plage qui allaient aider une femme au loin. Il faudrait la voir. « Puis de nuit, c'est quand même plus bizarre. » Bien qu'il ne pouvait pas le voir, elle haussait les épaules, venir la plage le soir ? « Pas vraiment, je voulais me changer les idées. » Après ce qu'elle a vécu pendant deux mois, il allait falloir plus qu'une heure à la plage pour s'en remettre, d'ailleurs, elle ne pense pas s'en remettre un jour. Remonter la pente, oui, oublier, jamais. Elle regardait l'étendue de la mer, éclairée par le reflet de la lune, elle avait envie d'y nager puisqu'elle se sentait en sécurité, mais toujours avec une boule au ventre. Alors petit à petit, elle revenait vers là où elle avait pied.