Awake my soul + Grace

La blonde se sentait plus mal, elle culpabilisait presque d'avoir dormi à ses côtés. Même s'il affirmait que ça ne l'avait pas dérangé, avec ce qu'il disait par la suite, elle ne pouvait pas se résoudre à le croire. Et finissait par penser que ça aurait mieux pour tout le monde qu'il la sorte de son sommeil pour lui dire de retourner dans son propre lit. Sans doute qu'elle aurait été mal, au début, mais si c'était pour lui éviter cette sensation dès le matin, alors ça lui aurait été. D'un autre côté, elle se disait qu'il ne disait pas ça au sérieux, qu'au fond, elle n'avait pas été trop dérangeante, mais elle se disait que ça serait faux de penser ça et se mentir à elle-même n'était pas bien. Elle essayait de passer rapidement à autre chose, pour ne pas se dégoûter plus de ses gestes. En le voyant préparer son matériel, elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander s'ils étaient là pour son boulot ou pour aider les autres. En visualisant l'image de piquer quelqu'un pour lui administrer un vaccin, la blonde ne put s'empêcher de penser à sa sœur qui devait sans doute faire ça puisqu'elle était infirmière. Mais au fond, elle ne connaissait que très vaguement la médecine, elle n'était pas tombée beaucoup malades dans sa vie et n'avait pas non plus eut besoin de passer des heures à l'hôpital pour une blessure ou une fracture. Elle se serait bien demandé le pourquoi Jude avait décidé de devenir infirmière parce qu'elle ne s'y était pas penché dessus ou alors elle avait tout simplement oubliée, mais ça devait faire partie de sa famille encore, le fait de soigner les autres, aider son prochain. Jude soignait le physique et Grace tentait de raisonner le mental des gens. Du moins, c'était avant qu'elle lâche tout pour se concentrer que sur elle-même. « J'aurais pu me vanter à ma sœur que j'ai réussi à faire une piqûre dans ma vie ! » Elle riait un peu,  puis ses pensées furent plus triste quand elle se rendait compte que ça ne faisait qu’une semaine, mais que sa famille lui manquait déjà un peu. Parce qu’elle avait toujours été accrochée à Bowen et que partir du jour au lendemain en envoyant qu’un simple message, c’était décevant de sa part.  L’australienne finissait de se préparer doucement, puis parti en compagnie des autres vers le village. Le moment avec le garçon passait rapidement, parce qu’elle ne pouvait rien lui dire, si ce n’est que des paroles maladroites et ce n’est pas ce qu’elle voulait maintenant. Juste lui remercier d’un enlacement, ça lui allait. Elle s’amusait de la phrase de Léo, il n’avait aucune raison de s’inquiéter, mais elle jouait le jeu, se disant que comme ça, elle pourrait se sentir un peu importante. Elle lui piquait un baiser sur sa joue avant qu’un sourire timide se dessine sur son visage. Puis elle se retournait, rejoignant les autres, bien qu’elle serait rester seule avec Léo quelques minutes de plus. Mais la blonde n’était pas là pour se lover dans les bras du jeune homme, elle voulait bosser pour les bonheurs des autres, pas le sien. Pour le début de journée, elle faisait comme tout le monde pour préparer l’arrivée des habitants. Quand ils seraient là, elle aurait préféré donner des conseils, parce qu’elle en avait l’habitude avec son passé, mais elle se portait volontaire pour préparer les seringues et tout le reste.

Pendant que les autres donnaient de leurs esprits et énergies au travail, la blonde continuait doucement, en regardant les piqûres, jusqu'à ce que l'idée de l'héroïne lui venait en tête et à partir de là, tout ce qui se passait autour d'elle devenait un bourdonnement, des bruits infernaux des sons des autres, ils parlaient tous et ça commençait à l'épuiser légèrement, étrangement. Elle ne cessait pas son activité, faisant tout comme un automate. Elle ne voulait pas se dire que c'était du manque. Ça ressemblait à quoi, ça au juste ? Elle n'en savait rien, mais elle ne voulait pas que l'image de la drogue lui revienne dans la tête tout le reste de la mission humanitaire. De plus, elle ne s'était jamais piquée, alors ça ne pouvait pas être ça pour elle. Des paroles un peu plus forte la sortir de ses pensées, quand elle relevait les yeux, elle affichait un sourire défensif. Honteuse que Léo arrive quand elle pensait à tout, sauf ce qui était sain. « Hein … ? Tu as dit quoi ? » Elle passait une main sur son front, la faisant remonter vers ses cheveux pour les remettre en place, essayant de montrer un air assuré. Robe, mariage, “on”, elle ne comprenait pas au début où il voulait en venir, parce qu'ils étaient très loin de se marier ces deux-là, elle plissait les yeux, essayant de se remémorer ses mots, mais rien n'était certain dans sa tête. « Mariage ? De qui ? Quelqu'un se marie dans le campement ? Je n'étais pas au courant … Je ... » Elle soufflait, se rendant compte qu'elle paniquait pour rien, car jamais un mot concernant la drogue ne lui était sortie de la bouche, elle ne pensait pas à voix haute, donc pas de raison de paniquer. Elle en oubliait la première question de Léo. « Quand ça ? Aujourd'hui ? C'est peut-être un peu tard pour prévenir. » Elle cherchait à sortir de ses pensées, encore une fois, parce que tout était devenu flou à l'intérieur maintenant, comme si elle ne voulait pas qu'on lise dans ses pensées. Ce qui était impossible. « Excuse-moi, je pensais à … Bowen … ça me manque un peu. » Son excuse pouvait marcher après tout, le matin-même, elle s'était perdue dans ses pensées à cause de ça. Lui avait l'habitude des voyages, elle non. Pas qu'elle n'était pas heureuse d'être là, pas qu'elle ne voulait rentrer, non. Elle n'avait juste pas l'habitude qu'on l'arrache de ses habitudes, de son environnement. « Enfin ce n'est rien ! » Elle lui offrait un sourire chaleureux. 

Penser à la drogue alors qu'elle était loin de tout, qu'est-ce qu'elle faisait ? Elle sortait rapidement de ses pensées, honteuse que Léo arrive à ce moment et ça se faisait ressentir dans ses paroles, elle ne savait pas ce qu'il lui avait dit, elle ne l'avait pas écouter une seconde parce qu'elle était trop obnubilée par son imagination et elle avait de la peine, parce que ça se voyait dans le regard de Léo qu'il se posait des questions. Ou c'est peut-être elle qui se faisait trop d'idées, encore une fois. Pour tenter de camoufler ses pensées, elle disait que c'était Bowen qui lui manquait, même si sur l'instant, elle n'avait pas envie de rentrer. Elle était bien ici, elle était bien avec ces gens, elle aimait bien sa relation avec Léo ici, le seul point négatif était qu'il n'y avait pas sa famille. Même si pour le moment, elle pouvait s'en passer, parce qu'elle les fuyait ces derniers-temps. Elle se mordait les lèvres, ce qu'elle disait ne reflétait pas ce qu'elle pensait, ça faisait mal de mentir à Léo. Mais elle ne pouvait pas lui dire qu'elle se droguait, qu'elle vendait. Elle ne pouvait pas prévoir sa réaction, mais elle ne serait pas positive et elle ne voulait pas tout gâcher, alors aussi longtemps qu'elle le pourra, elle lui cacherait ça. Sa question lui donna un frisson, elle le regardait attristée parce qu'elle venait de faire, créer une situation aussi gênante, lui faisant remonter sept ans en arrière, même s'il n'avait pas eu le temps de lui poser la question. Mais cette fois elle ne voulait pas partir, elle comptait bien faire en sorte pour que le reste se passe bien et que sa valise reste aussi longtemps que voulu à sa place. Grace se blottissait contre lui, relevant les yeux en esquissant un doux sourire. « Ça me ferait plaisir de tenir ce rôle. » Elle lui poserait les questions plus tard sur la personne qui se mariait, comment ils se connaissaient et tout le reste. Parce qu'elle restait curieuse de tout.

Les journées défilèrent et le jour du mariage arriva, elle avait hâte. Elle n'était pas souvent invitée à des événements pareils, mais trouvait difficilement plus beaux que deux personnes qui s'unissaient pour la vie. Parce que dans le meilleur des Monde, deux personnes ne pouvaient pas divorcer, c'était un geste inconscient que de briser des promesses. Et c'était surtout ça qui l'effrayait la blonde, parce qu'elle avait peur de s'attacher à quelqu'un et de se rendre compte qu'elle s'était trompée. Alors pour ne pas prendre ce risque, elle avait préférée rester seule pendant tout ce temps, parce que ça ne la dérangeait pas au début ne rien vivre. La solitude l'avait toujours accompagnée alors autant qu'elle le fasse jusqu'à la mort. Mais ses idées changeaient vite et elle ne voulait pas finir sa vie seule, bien qu'elle pensait pas qu'elle trouverait une personne à s'accrocher pour l'éternité. Elle divaguait sans doute trop dans ses pensées, mais elle cessait de réfléchir quand Léo apparu dans la tente. Elle faisait un geste de la tête. « On peut y aller ! » Elle réarrangeait sa robe et ses cheveux rapidement avant de venir agripper le bras de Léo et suivre le mouvement. Là-bas, elle fit rapidement connaissance de la jeune mariée et d'autres personnes. Si au début elle avait du mal à se fondre dans la masse, parce qu'elle n'avait pas l'habitude d'être entourée d'autant de personnes et de prendre part à des fêtes, elle se laissait aller petit à petit. Après tout, l'endroit était idéal, les gens étaient tous de bonnes humeurs, ça faisait scintiller ses yeux et ça rendait le tout un peu spectaculaire à ses yeux, parce qu'elle ne reverrait pas ça un jour, autant profiter. Elle se détachait de la conversation qu'elle tenait avec un petit groupe de personnes pour porter son attention sur le jeune homme. Elle prenait le verre entre ses mains avant de l'écouter et étouffer un rire. « Pourquoi est-ce que tu ne parles pas de toi dans ce “discours” ? » Parce qu'elle ne se trouvait pas sublime, elle. Elle aurait voulu se préparer pour être plus jolie aux yeux de tous. Mais elle trinquait quand même, prenant une gorgée de la boisson qu'il avait ramené avant de grimacer. « Tu attends le dernier moment pour m'achever, c'est ça ? Je te laisse mon verre ! » Elle allait se contenter de ne pas boire et laisser ce boulot à ce qui aimait vraiment le faire. Parce que la sensation désagréable qui lui restait dans la gorge lui semblait terrifiante pour la suite du verre. Puis ça sonnait enfin dans sa tête, c'était la dernière soirée qu'ils passaient ici, après c'était le retour pour Bowen et le retour à la vie normale, ça l'attristait sur l'instant de quitter Bénin, mais elle revitalisait vite. « Je suis plus amusante que tes amis ? » Elle esquissait un fin sourire, jetant un regard amusés aux gens qui dansaient. « Cette dernière soirée ici te plaît ? La mariée est vraiment magnifique, j'suis contente d'avoir vu ça ! » Au fond, elle ne le remercierait jamais assez de l'avoir embarqué avec elle pour la faire vivre tout ça, mais elle ne saurait pas lui dire correctement qu'elle avait été tout simplement heureuse ces derniers jours et encore plus ce soir, que ça la changeait complètement de ses habitudes et que ça ne lui déplaisait pas. Il avait toujours été le seul à lui permettre de voir le monde autrement, à lui faire découvrir d'autres cultures. Et enfin que ça avait permis qu'ils ne séparent pas sur une dispute stupide.

Elle lui sourirait doucement posant son regard dans sa direction, elle aurait pu en dire des choses sur lui, si lui n'y arrivait pas. Mais elle était bien trop timide pour ça et elle n'acceptait déjà pas le compliment qu'il lui avait pas, alors elle n'allait pas s'y lancer. Elle laissait donc le silence prendre place avant de boire une gorgée de la cette boisson qu'elle trouvait infâme. Peut-être que le goût l'était ou bien c'était le fait qu'elle ressentait ça tout le temps quand elle buvait de l'alcool. Elle ne s'y ferait sans doute jamais à ce goût, elle voulait quand même montrer qu'elle était comme tout le monde qu'elle buvait comme tout le monde au lieu d'être à l'écart. Mais si ce n'était que ça, elle savait que c'était une idée stupide, pourtant elle s'en créait chaque jour. Grace fit une petite mine vexée avant de rire du commentaire de Léo. « C'est toi qui a chercher à me saouler. » La blonde secouait légèrement la tête avant de tourner son attention vers le groupe d'où venait le jeune homme. Il allait sans doute plus s'amuser avec eux qu'avec elle, elle avait encore dû mal avec l'idée des fêtes avec des gens qu'elle ne connaissait pas. Elle n'avait que Léo comme accroche ici. Elle pouvait bien parler à toutes les femmes ici, elle ne se sentirait jamais aussi à l'aise qu'être à ses côtés. « Ce n'est pas faux ... » Une main rapide dans ses cheveux en soufflant un peu. Elle l'écoutait puis hochait la tête, d'accord sur tous les points. La fête semblait magique et ça se ressentait dans le comportement des gens ici, elle avait rarement vu ça chez les gens et c'était bien une scène qu'elle aimait voir, elle savait qu'elle ne se lasserait pas se voir ça un jour. « Oui ! » Elle s'amusait peut-être moins que lui, mais la blonde était plus douée dans les paroles que les mouvements, la danse, les fêtes en général. Elle ne s'y sentait pas à l'aise à cause de sa trop grande impression que les regards se posaient sur elle quand elle déniait faire “comme les autres”, alors elle restait dans son coin à parler avec les gens qui faisaient de même. Et elle voulait passer une bonne dernière soirée ici, pour ne rien regretter, si le début du voyage avait été compliqué alors elle espérait que la fin soit plus belle. Et il n'y avait pas de raison qui pourrait tout gâcher dans ce pays. Vivi arriva vers eux pour finir par trinquer, même si la blonde avait juré qu'elle ne prendrait plus une goutte de cette boisson, qu'elle laisserait Léo finir tout gentiment à sa place, elle ne se sentait pas vraiment à l'aise de ne pas boire avec eux. Alors, elle prise une gorgée de plus dans le mal, mais camouflait quand même toutes ses expressions. Ici personne ne savait son passé alors, elle n'allait pas tout foirer au dernier moment. Le rouge montait aux joues de la blonde quand Vivi recommanda d'aller danser pour la soi-disant flamme. Elle n'était pas mieux maintenant, en jetant son regard vers les autres, ça ne faisait que conforter son idée qu'elle aurait préférée être dans un grand bal entouré de personnes qui s'en fichaient de si elle existait ou non. Là, tout le monde allait la voir. Clairement. « Euh ... » Elle regardait Léo une nouvelle fois, tentant de ne rien montrer de son malaise. Parce qu'elle ne voulait rien gâcher même si ce n'était pas son truc, elle ferait des efforts. Même si elle en avait fait beaucoup. Peut-être que simplement il n'y avait que la solitude qui était faite pour elle. Elle soupirait de ses pensées avant d'esquisser un sourire. « Oui … oui. Si ça te fait plaisir. » Elle pensait lui avoir dit, elle n'aimait rien d'autre que le classique, elle avait l'impression d'être stupide dans les autres. Pas que la danse le soit, simplement elle. « Oh et … je n'y crois pas trop, que la danse ravive une flamme. » Grace riait légèrement passant devant lui pour se fondre dans la masse. Elle cachait toute sa détresse derrière un large sourire. Ça passait mieux pour tout le monde, puis une fois qu’elle serait dans la foule et que personne ne ferait attention à elle, elle pourrait enlever toute cette masse qui pesait sur tout son corps, peut-être qu’elle se sentirait plus elle-même, libre de ses mouvements. Elle lançait un regard amusé à Léo. « Tu te lances dans la gueule du loup ? » Lâchait-elle en regardant ensuite les gens qui dansaient au centre. « La “scène” est toute à toi. » Un petit coup d’épaule avant de rire, elle devrait sans doute pas dire ça, parce qu’elle même n’aurait pas le courage de se faire zieuter par tout le monde.

Lui donnant son verre, la blonde hochait la tête, pas une goutte de plus. Elle le gardait entre les mains uniquement pour ne pas passer pour la femme ennuyante, même si personne ne pourrait y prêter attention. Mais c’était sans doute pour cela qu’elle ne rechignait pas quand Léo lui disait d’aller rejoindre les autres, bien que l’envie n’y était pas, elle devenait même anxieuse à l’idée d’être observée. Ce ne serait sans doute pas le cas, c’est ce qu’elle se disait pour surmonter un peu ça. Ses yeux se tournèrent vers Léo alors que son sourire s’élargissait. « Moi ça me va. » La blonde passait devant lui en lui faisant un commentaire sur ce qu’avait dit Vivi, c’était sans doute vrai ici pour la flamme, mais la blonde n’y croyait pas. Puis elle soufflait en roulant des yeux quand il rabâchait que c’était son histoire, c’était vrai, elle ne voulait pas tout faire capoter maintenant. « Oui, bon d’accord. » Elle se retournait de nouveau, elle ne voulait pas discuter sur ses mensonge,s il y en avait tellement ces temps-ci que si elle se mettait à se les remémorer, la blonde allait perdre le goût de la soirée. Et elle ne voulait pas passer ses heures à réfléchir et appréhender le retour, elle aurait tout ce temps-là dans les avions. Une fois près des autres, la blonde regardait amusée les gens qui dansaient, ce n’était toujours pas son style à elle, elle aurait vraiment du mal à danser parmi eux. L’australienne lançait un regard à Léo avant de lui dire deux-trois mots, même si c’était Vivi qui voulait que les deux dansent, lui n’y était pas contre. Alors sans attendre, elle donnait à Léo la chance de faire ce qu’il voulait en le poussant au centre. Et elle était fière d’elle, elle riait en le regardant, bien qu’il avait l’air déstabilisé au début. Il lui lançait un regard alors qu’elle, ne faisait que sourire pour l’encourager. Elle ne se moquait en aucun cas, parce qu'elle était mal placée pour le faire et parce que ce n'était pas son genre. Puis sans s'y attendre vraiment, elle fut jetée aussi dans l'arène, elle jetait un œil au coupable avant de porter son regard sur Léo. Son regard voulait tout dire et elle aurait préférée fuir que rester au milieu de la troupe. Mais il lui venait vite en secours et elle ne faisait rien d'autres que se laisser guider. Elle n'aimait pas être dans les devants et préférait se concentrer sur lui plutôt que sur les autres. Sur son visage se dessinait un léger sourire quand elle l'écoutait. Elle y repensait à cette soirée, mais cette fois elle n'arrivait pas à faire abstraction des autres, même si elle avait pu, elle était loin de chez elle, personne ne pourrait la juger pendant longtemps puisque le lendemain, elle s'en allait. Mais son cœur se serrait quand même avec le stress. Pourtant elle voulait lui faire croire l'inverse, elle voulait faire comme si elle était à l'aise maintenant, mais ce n'était le cas qu'uniquement parce qu'il y avait lui et elle dansait comme l'autre soir, avec le même entrain, elle portait ces mêmes rires, ces mêmes regards. « Tu dis n'importe quoi. » Mais elle souriait quand même, elle n'aimait juste pas les compliments qu'il lui faisait, ce n'était pas nouveau. Quelques petites minutes s'écoulèrent et les deux finirent par s'en aller du cercle, Grace ne faisait plus attention à personne cette fois-ci, elle voulait juste s'éloigner. La blonde s'adossait avant de sourire plus sincèrement, puis elle balançait la tête. « Je n'ai pas été parfaite du tout, je ne me fiais qu'à toi. » Elle haussait les épaules, c'était plus lui qu'on devait féliciter pour la danse qu'elle. « Oui, oui, c'était amusant ! » La blonde parlait vite, lâchant un rire nerveux. Elle ne savait pas si elle s’était vraiment amusée, elle s’était juste sentie bien quelques secondes, mais gênée, un mélange étrange. « Alors, ça a changé quelque chose de danser, d’après-toi ? » Une nouvelle fois, elle riait.

Le temps semblait long au milieu de ces regards qui étaient tous braqués sur eux. Elle essayait de faire comme si de rien était, dansant comme elle pouvait parce qu'elle se laissait guider par le jeune homme, mais intérieurement, elle était en alerte. C'était impossible de n'avoir que la musique en tête et Léo face à elle, rien que ça, ne penser à rien d'autres. Elle sentait le poids des regards, même si les autres ne jugeaient pas, qu'ils n'étaient là que pour s'amuser. Pour elle, il y avait forcément quelqu'un qui aurait quelque chose à redire et elle était trop habituée à essayer d'être la femme parfaite pour être jugé, elle ne pouvait pas se défaire maintenant de cette image. Aucun trait de sa panique était retranscrit sur son visage, il était souriant et chaleureux, comme celui de tout le monde. Mentir sur ce qu'elle ressentait, elle savait le faire, si ça n'impliquait pas qu'elle ait besoin de parler. Elle essayait d'apprécier le moment malgré toute la contrainte autour d'eux. L'heure de la fuite ne fût plus qu'agréable, ce moment où les regards se détachaient d'eux pour se planter sur d'autres malheureux qui seront sans doute plus à l'aise qu'elle. Parce que l'attention n'était jamais quelque chose qu'elle avait recherché. Être sur le devant de la scène, devant les autres, elle fuyait toujours. Elle était la discrète, la silencieuse Grace, dont on ne remarque pas forcément la présence si on ne s'intéresse pas à elle. Peut-être qu'il aurait été mieux de refuser l'invitation à danser, mais elle ne voulait rien gâcher. Alors, elle aurait dû se contenter de regarder les autres danser. Elle aurait trouvé ça fascinant quelques minutes mais s'en serait vite lassée. Finalement, elle essayait de faire taire ses pensées qui étaient bien trop négatives. Elle était heureuse d'être là, elle était heureuse d'être aux côtés de Léo maintenant. La blonde finissait par lui dire que c'était amusant avec peu de conviction, ça aurait été mieux autrement, ça aurait été parfait si elle n'était pas ce qu'elle était, au fond. Elle s'adossait contre le mur, son regard tourné vers l'homme avec un léger sourire qui trônait ses lèvres. Il semblait avoir déjà bien entamé sa bouteille, ce qui arrivait à surprendre l'australienne qui pour elle, il était toujours difficile de finir ne serait-ce qu'un verre en une soirée. Pour continuer sur leur conversation, Grace décidait de revenir sur la phrase de Vivi, parce que ça la faisait toujours aussi rire. Elle ne s'attendait pas vraiment à quelque chose pour la réponse, juste un rire tout au plus, mais ça prenait une tournure bien différente. Ses joues venaient se tinter puis lorsqu'elle allait trouver quelque chose à redire — comme d'habitude — Léo venait déposer ses lèvres sur les siennes, puis sans doute que ça allait trop vite trop loin, qu'elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, elle arrêtait ce baiser rapidement. Mais son souffle venait caresser son cou et il prononçait des mots qui la désarçonnaient. « De ? » Elle n'était pas sûre de vouloir entendre la suite, elle l'aurait repoussée s'il ne s'était pas retiré puis son regard se fit plus confus, troublé. Puis elle eut le souffle court au flot de paroles qu'il sortait, elle ne savait trop quoi dire. Elle ne savait pas quoi penser sur l'instant, c'était un mélange qui la perdait. Puis il y avait une grosse partie d'elle qui lui disait de ne rien faire, partir. C'était sans doute le meilleur moyen. Lui dire qu'elle revenait, puis s'évader pour des années, espérant que les choses passent, c'était stupide, il fallait qu'elle pense à autre chose, mais elle ne pouvait pas le faire languir indéfiniment. Et comme si elle n'avait pas assimilé les informations, Grace venait de nouveau l'embrasser. Juste pour ne pas qu’il y ait ce silence, pour qu’elle puisse réfléchir. Sans même penser que ça pourrait lui donner un faux espoir. Est-ce que c’était l’alcool qui faisait dire ça à Léo ? Et ne pas pouvoir être patient, voulait dire quoi au juste ? Qu’il ne voudrait plus la voir pour ne pas céder ? Elle n’en savait rien, elle essayait de se trouver des raisons à tout ça. Mais c’était trop rapide, c’était trop tôt. Deux semaines auparavant, elle le prenait pour un homme qui jouait avec les femmes. Aujourd’hui elle ne savait même pas ce qu’il représentait, même si elle ressentait quelque chose de fort, un sentiment qui lui rongeait le cœur, qui ordonnait à son cerveau de ne penser qu’à lui, mais ce n’était pas la première fois. Tant bien même que Léo la faisait fondre à chaque fois, qu’il bouleversait ses pensées à chaque fois qu’ils se voyaient et qu’elle n’arrivait pas à résister à son charme, à lui. Elle saurait l’arrêter s’il allait trop loin. Au fond, elle ne comprenait rien à ce qu’il voulait en venir, ou alors elle mettait un voile sur son esprit pour ne pas comprendre.

Son geste était stupide, mais elle n’aurait pas pu rester dans son silence, son regard plongé dans le sien. Elle ne savait pas non plus dans quoi elle s’engageait en l’embrassant, c’était sans doute pour ça qu’elle se laissait aller une nouvelle fois. Elle donnait un faux espoir à Léo que deux puissent aller plus loi sans vraiment s’en rendre compte, parce qu’elle avait tendance à voir l’innocence partout. Mais la tournure ne l’arrangeait pas, ça la compressait de l’intérieur, elle ne savait pas quoi dire et tant bien qu’elle aurait voulu l’arrêter, il n’y avait qu’un léger souffle qui sortait d’entre ses lèvres, pas un mot. Elle aurait voulu penser qu’elle pouvait lui dire quelque chose, mais il n’y avait que ses yeux qui montraient son message, sauf que le regard de Léo ne se portait pas là. Et elle se demandait bien jusqu’où il irait lui, même si elle avait une petite idée et rien que ça, elle n’avait pas envie. Elle ne voulait pas penser de Léo qu’il était impalpable d’attendre, pourtant c’était ce qui était en train de se passer. C’était sans doute sa faute et alors elle se mettait en tête qu’elle n’aurait pas dû faire certains gestes. Mais rapidement et sans doute pour ne pas jeter toute la faute sur elle, elle se demandait depuis combien de temps, il avait envie de ça, lui. Depuis combien de temps il avait ce regard sur elle ? Finalement, elle ne préférait pas y penser pour ne pas le voir comme un pervers. Deux semaines, à peine. C’était donc après ce temps que les gens ne résistaient plus ? Un film venait embrumé son regard qui devenait plus triste. Elle était déçue. Mais elle ne pouvait rien lui dire à lui, rien lui reprocher. Parce que tout le monde n’avait pas sa vie à elle qui résistait à toute tentation. Puis le temps semblait plus long maintenant, il sentait sa main se balader dans son dos, atteignant la fermeture puis ce n’est qu’à ce moment-là qu’il relevait son regard vers elle. Il s’arrêtait brusquement et elle ne savait pas si c’était bien ou non, elle ne se rendait pas compte de la bêtise qu’elle avait fait elle pour qu’il fasse ça, mais elle ne voulait pas lui donner le mauvais rôle. Elle estimait que tout ce qui lui arrivait était de sa faute, que ça arrivait pour une raison de toute manière. Et elle n’arrivait pas à décrocher ses iris de lui, c’était sans doute un regard accusateur, le regard qu’elle n’aimerait pas recevoir, mais elle n’arrivait pas à s’en défaire. Il continuait de boire et   Grace se disait que c’était sans doute la pire idée qu’il avait eu. Parce qu’elle remettait ça sur la faute de l’alcool, elle ne voyait pas d’autre explication et elle protégeait bien trop l’image qu’elle avait de lui. Léo était quelqu’un de bien, l’alcool était mauvais pour tout le monde. Le jeune homme finissait par briser le silence qui devenait bien trop pesant, et ça se sentait dans sa voix qu’il était en colère. Contre elle ? Comme d’habitude, qu’elle pensait. Rien que pour éviter cette scène, elle aurait voulu ne rien faire, mais il n’aurait pas fallut qu’elle s’en veuille toute sa vie pour ça. La blonde estimait que c’était pourtant le pire péché, celui qui ne pouvait pas être rattrapé. Non, au fond, elle préférait subir la colère de Léo. « Parce que … j’allais … tu ... » Elle aurait voulu le lui dire, mais dans tous les cas, il s’était arrêté à temps. Elle préférait se dire que pour l’instant il n’y avait pas mort d’homme, même si peut-être que l’égo de Léo avait été touché. Tout comme elle était blessée avec les dernières paroles qu’il lui sortait. Est-ce qu’il la traitait de menteuse à l’instant ? Elle fronçait les sourcils, bien qu’on pouvait voir un peu de tristesse sur son visage. « Arrête de me dire ce que je mérite à chaque fois, j’en ai peut-être même pas envie de tout ce que tu dis ! Puis je ne mérite rien du tout comparé aux autres, je n’ai rien de plus qu’eux, faut que tu t’enlèves l’image de la Grace parfaite en tête. » Elle avait l’impression qu’il serait le genre de personne à l’arrêter dans sa démarche de se rendre plus libre de ce qu’elle avait, mais il s’était déjà énervé quand elle avait évoqué l’idée la première fois. Mais Grace n’était pas une poupée, elle avait déjà été conditionnée, maintenant elle voulait faire ce qu’elle voulait et être comme elle voulait. « Et ça fait déjà un moment que j’ai arrêté de te mentir. » Elle ne l’embrassait pas parce qu’elle était obligée, bien parce qu’elle en avait envie, elle ne lui montrait pas des gestes de tendresses parce qu’il fallait rester crédible parce que cette histoire de faux-couple, elle l’avait déjà balayer. Mais ça devait bien être à sens unique. « Je suis certaine que tu es tout ce que je “mérite”, mais si tu refuses de l'admettre ... je préfère que tu me le dises vraiment, au lieu de continuer tout ça. » Soufflait-elle en baissant les yeux, si ce n'était pas la première fois qu'il lui disait ça, c'était peut-être qu'elle n'était qu'un boulet.

Est-ce qu'il attendait vraiment quelque chose d'elle, quelque chose vrai, pas qu'une simple aventure histoire de passer le temps à Bénin ? Parce que plus il parlait de mérite, plus qu'elle avait l'impression qu'il s'était jouée d'elle. S'il savait tout ça, pourquoi avait-il voulu se rapprocher d'elle, encore ? Elle ne pouvait même pas affirmer elle-même qu'elle l'aurait détesté, parce qu'il restait Léo et qu'elle ressentait quelque chose pour lui, ce n'était juste pas le moment, pas de cette manière. Rapidement, elle déviait le regard pour ne pas le gêner plus, il était vrai qu'elle n'aurait jamais voulu ressentir ce regard sur elle. Mais c'était plus fort qu'elle, ce qu'il venait de faire, ce qu'il pensait d'elle, ça lui donnait juste des frissons. « Comment tu peux prétendre savoir ce qui est bon pour moi ? » Elle détestait ça, qu'on lui dise ce qu'il était bon de faire ou d'avoir, elle n'avait pas quitté l'Église pour qu'après on lui rejette toujours les mêmes questions, elle en avait marre des questions pour elle-même. Elle voulait juste laisser les choses faire et ce qui allait le mieux, c'était ce qui se passait avec Léo. Quand elle ne se posait pas de questions, parce que lui ne lui rabâchait pas qu'elle pourrait avoir mieux. Pour le reste des questions, elle préférait rester silencieuse, parce qu'elle était sûre que lui pouvait tout lui donner, même s'il n'y pensait pas. Qu'il n'était pas un horrible homme même si ses gestes montraient le contraire. Elle trouvait ça plus normal maintenant, sa réaction. Parce que sans doute que d'autres femmes ne l'auraient pas arrêté, parce qu'elle avait la chance de ne pas avoir le caractère de Grace qui arrêtait toujours tout. Parce qu'il était toujours beaucoup plus simple de partir quand la peur arrivait. Puis elle culpabilisait encore une fois en l'écoutant et tout ça se mélangeait à un mélange de colère quand il disait qu'elle n'avait pas changé. Est-ce qu'il disait ça uniquement parce qu'elle avait refusé de continuer ? C'était stupide. « Est-ce que j'ai fuis, cette fois ? » Elle ne savait pas si emmerdante était un compliment pour le coup, mais elle se sentait presque mal de l'entendre. Elle ne voulait faire ressentir ça à personne. « Je ne mens pas sur ce que je ressens, je suis trop mauvaise pour cacher mes émotions et je suis une horrible menteuse. » Mais il ne connaissait plus grand-chose de sa vie, de ce qu'elle faisait maintenant, c'était sans doute pour ça qu'il disait qu'elle n'avait pas changée. Parce qu'elle, elle ne parlait plus de religion, elle n'embêtait plus personne avec ses histoires et les contraintes qui allaient avec. Elle laissait son cœur diriger plutôt que la bible, elle décidait elle-même de ce qui était bien ou non, ce qu'elle avait le droit de faire. « Ce n'est pas parce que je ne couche pas avec toi que je n'ai pas changé. » Elle effaçait rapidement ça de son esprit, lui disant qu'il était sans doute ce qu'elle méritait, même s'il refusait de se l'avouer, sans doute. Peut-être même qu'il ne le voulait pas, vivre quelque chose avec Grace devait sans doute être ennuyant. C'était ce qu'elle se disait, elle. Léo finissait par se lever et revenir vers elle. Doucement, elle relevait les yeux vers lui même si elle avait peur que son regard montre un message qu'il ne devrait pas retranscrire, que Léo interprète mal, puisqu'il disait qu'elle ne savait même plus quand elle mentait. Un léger sourire s'affichait sur ses lèvres quand elle l'écoutait parler. « Tu veux dire quoi par là ? » Elle lui accordait un doux regard, effleurant de sa main celle de Léo. « Tu connais déjà ma réponse et je ne décide pas pour les autres, tu le sais. » Elle haussait les épaules, elle, elle avait suffisamment confiance, il lui avait prouvé ces derniers-jours et elle ne voulait pas se dire que c’était parce qu’ils n’étaient pas à Bowen qu’ils avaient agit ainsi. « Je n’ai pas envie de retourner avec les autres … mais je ne te force pas à rester avec moi. Puis je pense que Vivi sera contente de te voir rester. » Lui s’amuserait plus sans elle, puis elle n’avait plus vraiment le cœur à la fête, elle se sentait de trop, de toute manière. Elle avait déjà gâchée une partie de la soirée elle ne voulait pas tout rater.