| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| (manu&alf)- hey brother | |
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Invité | Sujet: (manu&alf)- hey brother Sam 6 Aoû 2016 - 18:28 | |
| Quelques semaines que Manu se trouve à Bowen. Pour Alfie. Son grand frère. Ayant pris la décision de ne pas le prévenir. Pour le prendre par surprise. Et qu’elle puisse voir la tête qu’il fera quand il reverra sa petite sœur. Petite sœur qui a voyagé en trimbalant dans sa valise le terrible sentiment d’avoir été délaissé par un être cher à son cœur. Néanmoins, ça aurait pu être facile si elle connaissait son adresse. Tout aurait pu être si simple, a vrai dire mais rien ne l’est jamais, malheureusement.
Quelques semaines alors que Manu s’impatiente de le trouver. De le croiser. A n’importe quel coin de rue. A n’importe quel carrefour. Dans n’importe quel lieu populaire. Elle a déjà fréquentée les bars et les boîtes branchées de la ville mais pas d’Alfie en vue. Trouver une personne sur 7000 habitants, c’est pas si compliqué que ça,si ? Le destin finira par se mettre en notre chemin, se convainc-t-elle.
Elle décide alors de se faire une après-midi shopping. Manu n’a emmené que le strict nécessaire, elle a besoin de fringues, deux semaines qu’elle met pratiquement la même chose, elle en a marre. Arpentant les ruelles commerçantes, elle rentre dans une petite boutique mixte ayant vu un joli t-shirt dans la vitrine. Son regard vient se poser sur l’allée gauche. Et un jeune homme avec une chemise en main. Son cœur se serre. Son visage se fige. Ses mains trembles. Alfie, c’est bien toi. Elle reste quelques secondes sans bouger. Oui, elle était ici pour lui. Oui, des jours, des semaines, des mois, des années qu’elle attendait ce moment. Le revoir. Le retrouver. Pouvoir le serrer dans ses bras. Même si ce ne serait pas pour tout de suite. La rancœur et la fierté était bien trop tenace.
Elle le fixe encore, de longues secondes. Elle ne sait pas comment l’approcher. Que dire ? ‘Salut, Alfie’ ? Non trop bateau. Le gifler ? Lui déverser toute sa colère ? Trop rude. Le serrer dans ses bras ? Non trop tôt on a dit. Ne tout simplement rien dire, rester silencieuse ? Il va me prendre pour une attardé se dit-elle. Elle prends son courage à deux mains et finit par décider de son approche « Sois tout simplement toi-même, Manu » s'encourage-t-elle tout en s’approchant d’Alfie d’un pas décidé. Arrivée derrière lui, elle finit par articuler « Je vois qu’on a pas changé, toujours des goûts de chiottes en matière de chemise » . Il se retourne. Elle le toise. Attendant une réaction. Le souffle coupé.
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| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Dim 7 Aoû 2016 - 15:30 | |
| Alfie n'a jamais aimé faire les magasins. C'est une corvée pour lui, un geste qu'il ne peut faire qu'en traînant des pieds. Sauf que depuis qu'il a un boulot, le voilà forcé de porter autre chose que ses habituels t-shirts et polos qui s'entassent déjà en masse dans ses armoires. Il s'est donc rendu dans cette boutique qui vend pratiquement tout ce qui est possible de trouver en matière de vêtement, et son regard s'arrête sur une simple chemise blanche. Alfie la prend en main, la retourne, sans réussir à lui trouver le moindre intérêt. Ce n'est qu'une chemise blanche après tout, sans motif. Il a du mal à comprendre comment le prix peut être si élevé. Alors qu'il s'apprête à faire acquisition de ce simple bout de tissu, une voix bien trop familière qui s'exprime dans son dos lui fait l'effet d'une douche froide. Ses doigts serrant la chemise, il se retourne et pose son regard surpris sur elle. Elle, sa petite soeur, la personne qu'il s'attendait le moins voir ici. D'abord, il croit rêver. Alfie reste donc béat pendant un moment, la bouche entre-ouverte, et inspecte les traits du visage de la jeune fille pour se confirmer qu'il ne la confond pas tout simplement avec une autre lui ressemblant. Sauf que c'est bel et bien Manu. Il reconnaîtrait ce regard malicieux entre milles car, malgré les années, elle n'a pas changée. Elle est cependant devenue plus jolie, et une pointe de jalousie saisit Alfie quand il pense à toutes ces années où il n'a pas pu la protéger de crétins dans son genre à lui. « T'es pas sérieuse, » lâche-t-il avant, qu'enfin, un immense sourire étire ses lèvres. Jamais personne n'a vu une telle joie dans les traits d'Alfie. C'est une face de lui qu'il ne réservait qu'à elle, cette joie de la revoir mélangée à l'envie de la taquiner encore et encore. Sauf que là, il est plus tentée par l'idée de la prendre dans ses bras et de ne plus jamais la lâcher comme si il ne craignait qu'elle ne s'envole. « T'as le droit de me détester, mais laisse-moi le temps d'apprécier la surprise avant que tu me fasses une scène. » Alfie attire Manu contre lui et profite des quelques secondes de surprise où il peut l'avoir contre lui avant qu'elle ne le repousse. |
| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Dim 7 Aoû 2016 - 23:02 | |
| Ce qu’elle attendait depuis longtemps, elle l’avait enfin devant elle. Le visage d’Alfie, sa réaction de découvrir sa sœur après toutes ces années. Surpris, il parait halluciné avant d’exploser de joie. Un pincement au cœur submerge Manu. Instinctivement, elle veut lui sauter au cou. Montrer à quel point elle est heureuse de le voir, de le retrouver. Les souvenirs s’entassent, reviennent à la surface. Leur complicité d’enfants, d’adolescents. Leurs conneries. Leurs confidences. Ils ont partagés tellement de choses ensemble. Bons. Comme mauvais. Mais toujours ensemble. Frère et sœur. Sans secret. Inséparable. Oui. Elle aimerait montrer le bonheur absolu de revoir le sang, comme elle aime si bien dire. Pourtant, elle se restreint. Elle étouffe ce sentiment de joie, d’excitation. Elle ne peut pas exploser de joie, pour exploser de colère après. Impossible. Ce serait trop facile. Rester logique. Les souvenirs s’entassent, entachées par les dernières années. Où le manque est devenu un mal. L’abandon et le peu de considération, une souffrance. Alfie t’a fais une putain d’erreur, tu ne peux pas t’en tirer comme ça. « T'as le droit de me détester, mais laisse-moi le temps d'apprécier la surprise avant que tu me fasses une scène. » C’est tes actes que je déteste, pas toi. La pensée traverse l’esprit embrumée de Manu sans jamais arriver vers les cordes vocales. Elle préfère se taire. Pour le moment. Le détester ? Jamais, elle ne le pourra. Il a tellement fait pour elle, tellement été présent, à donner tellement d’amour pour palier à la carence parentale. Elle ne peut oublier ces 5 dernières années, comme elle ne pourra oublier les 16 premières. Ambivalence de sentiments. Amour, Haine. L’amour triomphe. Tendresse, amertume. L’amertume persiste. Alfie l’étreinte quelques secondes, Manu se laisse faire ne peut s’empêcher d’apprécier ce geste fraternel. Elle profite de cette proximité pour murmurer-cassant ce doux moment- « T’es qu’un crétin, Alf’ ». Elle lui refait face en soupirant « Sincèrement, je suis contente de te voir. » Elle se montre froide. Elle sent un nœud dans son ventre, incapable de se dénouer. « Je suis contente de voir que ça te fais plaisir de voir ta petite sœur s’être bouger le cul pour ta tête de fion, je t’avoue que j’en doutais » dit-elle le visage fermé, une pointe de sarcasme dans sa voix. Si il savait tout ce qu’elle avait traversé ces derniers temps, à quel point elle aurait voulu qu’il soit là, putain ça lui fout la haine à la Manu.
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| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Lun 8 Aoû 2016 - 16:10 | |
| C'était prévisible, car sinon, ça aurait été bien trop facile. Elle n'est plus la gamine de seize ans à peine qu'il a connue, et ça se remarque rien qu'à sa façon de lui parler. Malgré la joie qui le submergeait quelques secondes plus tôt, Alfie ne peut s'empêcher de ressentir une pointe au cœur quand elle lui murmure à l'oreille ces mots qui blessent. Blessent, oui. L'insensible, le sans coeur, celui qui donne l'impression que tout n'est que superficiel et que rien n'arrive à l'atteindre, cette part de mensonge ne marche pas avec elle. Et au fond, l'explication est assez logique. Il a commencé à joué à ce petit jeu une fois qu'il les a quittés, histoire de se prouver qu'il est assez fort pour ne pas s'en vouloir pendant des années. Sauf que malheureusement pour lui, la vérité a rattrapé les mensonges, et il s'en veut. Face à Manu, il laisse tomber le masque qu'il porte devant chaque autre personne qu'il a fréquentée. Pas comme elle, cependant. Contrairement à lui, elle se braque, lui montre qu'elle est en colère contre lui et le lui fait clairement comprendre. Il ne peut que la comprendre, Alfie aussi aurait mal réagi si sa petite protégée lui avait fait un coup pareil. Sauf qu'il y avait trop chez eux qui le poussait à partir, et pas assez pour l'inciter à rester. Manu était trop jeune, elle ne sait pas toute l'histoire et ne la saura certainement jamais. Il préfère lui laisser penser que son frère est un connard plutôt que de lui mettre en tête que ses parents sont des êtres imbuvables. « Viens, » soupire-t-il en la tirant hors du magasin. Une fois dehors, il se tourne vers elle et glisse ses mains dans les poches de son pantalon. Si il ne peut pas être affectueux envers elle malgré tout ce temps passé, il ne sait plus comment agir. « Ça a pas été facile pour moi tu sais, je pense pas que tu réalises. Je t'aurais emmenée avec moi si j'avais pu, mais t'étais encore si jeune. » Alfie regarde sa petite soeur des pieds à la tête. « T'as tellement grandi, j'ai l'impression d'avoir raté toute ta vie et ça me les casse. S'il te plaît, dis-moi que tu vis maintenant ici et que tu vas pas repartir bientôt. » Ses paroles sont déplacées, il est celui qui a abandonné et non elle. Mais Alfie ne peut s'empêcher, il a déjà fait cette erreur de la laisser derrière lui et ne veut plus la perdre, pas maintenant qu'elle est à nouveau près de lui. |
| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Jeu 11 Aoû 2016 - 12:28 | |
| Ce qui aura pu extérieurement s’apparenter à des retrouvailles tendres commençait à s’apparenter à un affrontement. Manu têtue, Manu blessée, Manu peinée. Alors Manu s’enflamme. Plus les jours, les mois, les années passent plus l’absence se fait sentir, plus la frustration et la colère grandit. Devenant presque dominant sur la nostalgie positive. D’abord perturbée de le voir là, et le plaisir inavouable de le retrouver, la tempête de rancœur reprend et s’abat sur Manu. Les muscles tendus, le regard vil et confrontant. Par messages, c’était si simple de mentir, contourner la vérité ou simplement ne pas répondre. En chair et en os, face à elle, il ne pouvait lui mentir. Devant n’importe qui, oui. Mais pas elle. Elle en avait la profonde certitude. Comprendre, elle ne demandait que ça.
Alfie l’entraîne vers la sortie, elle se laisse faire sans broncher. Maintenant qu’elle est là, elle ne le laissera plus s’en aller. Et vraisemblablement, l’inverse s’avérait vrai également. « Ça a pas été facile pour moi tu sais, je pense pas que tu réalises. Je t'aurais emmenée avec moi si j'avais pu, mais t'étais encore si jeune. » La hargne monte. Manu lève les yeux aux ciel, exaspérée. Manu soupire, désabusée. Elle ne comprends pas. Ou plutôt au fond, refuse de comprendre. « T’a raison, je réalise pas. » elle est froide, intransigeante. « 16 ans. J’avais 16 ans. J’étais plus une enfant. Mais tu m’as traité comme telle. Comme une enfant devenue invisible à tes yeux » rétorqua-t-elle. Elle mordille sa lèvre inférieur, commence à baisser les yeux. La franchise a toujours été la qualité première de leur relation, du moins à l’époque où ils vivaient sous le même toit. Cependant, Manu commençait à se demander si il y avait pas des limites à la franchise. Elle avait envie de tout déballer mais se retenait, sans pourtant nécessairement peser l’impact de tous ses mots. « T'as tellement grandi, j'ai l'impression d'avoir raté toute ta vie et ça me les casse. S'il te plaît, dis-moi que tu vis maintenant ici et que tu vas pas repartir bientôt. » C’est dingue comme la magie des mots peut à la fois faire du bien et à la fois faire mal. Manu entrouvre la bouche, mais rien ne sort. ‘T’a raté tant de choses que j’aurai aimé partagé avec toi ‘ . « T’a rien raté . » voilà ce qui sort au final de sa bouche, les pensées déformées. Manu est plus fébrile, ne tiens pas en place. On sent qu’elle a perdue de sa sincérité. Un sourire non dénué de sarcasme finit par apparaître sur ses lèvres. Bien sûr qu’elle avait prévue de s’installer définitivement ici mais elle n'a pas envie de le lui avouer, de voir son visage trop satisfait sur ce bougre d'idiot. « Dans tous les cas, je me suis pas tapé autant d’heures d’avion pour partir directement »
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| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Jeu 11 Aoû 2016 - 14:39 | |
| C'est difficile. Difficile de voir cette haine sur son visage, difficile d'écouter ses paroles remplies de colère sans pouvoir répliquer avec autant de piquant qu'elle. Alfie a peur que, si il hausse le ton, elle lui tourne le dos et fasse une croix sur lui a tout jamais. Il sait comment elle est, il sait a quel point elle a un fort caractère et qu'elle est capable d'envoyer bouler quiconque la dérange. Ce qu'il ne sait par contre pas, c'est si elle serait capable de le faire avec lui. Son grand frère, le seul membre de leur ridicule famille qui ne l'obligeait pas à être qui elle n'était pas, et qui l'aimait quoi qu'elle fasse. La Manu devant lui est tellement différente de la jeune ado qu'il a connue, qu'il prenait dans ses bras et qu'il charriait sans compter car ça les faisait rire, et qu'elle ne manquait jamais d'imagination pour répliquer. Enfin, ce n'est pas elle qui a changé. C'est leur relation. Alfie sait qu'il a brisé quelque chose entre eux en partant, et peut-être même qu'il a tout foutu en l'air. Il a cassé l'incassable, a séparé l'inséparable. Et aujourd'hui, les mots qui sortent de la bouche de sa sœur lui rappellent à quel point il a pu être un abruti. « Justement, t'avais seize ans. T'avais pas besoin de savoir que tes parents passaient leur temps à rabaisser leur fils, que ton père était un homme violent et sans scrupule et ta mère une femme aveuglée par son stupide statut. Ils avaient honte de moi Manuela, ils pouvaient pas me blairer. » Alfie appelle rarement sa soeur par son prénom entier. Sauf que là, il a l'impression qu'il n'a pas le droit de lui attribuer ce surnom qu'il lui donnait quand tout allait bien. Quand il ne l'avait pas abandonnée pour une vie de nomade. Sa mâchoire se serre, mais il essaie de rester calme malgré tout. Son regard se perd dans la foule de gens qui passent à coté d'eux, et il écoute les nouvelles paroles de Manu remplies d'un sarcasme qui ne lui plait pas. Avant, elle ne lui parlait pas comme ça. Mais avant, elle n'avait pas déjà vingt-et-un ans. « Tu crois peut-être que je t'ai oubliée ? T'étais la seule raison qui me faisait hésiter, la seule personne qui me rattachait encore à l'Espagne. Là-bas, j'avais juste pas ma place. Puis tu sais, j'appelais souvent maman pour prendre de tes nouvelles. Je crois qu'elle m'a jamais pardonné mon départ, parce qu'elle a fini par bloquer mon numéro. Tu vois jusqu'où c'est allé à cause d'eux ? » Alfie pousse un soupir. Il pose ses mains sur les épaules de Manu et la regarde dans les yeux. « Je m'en faisais pour toi. Je me disais que si à dix-huit ans tu supporterais plus toi non plus cette ambiance à la maison, je te payerais un billet d'avion pour venir ici. Mais c'était difficile de savoir comment t'allais vraiment, j'avais l'impression que t'avais fini par retourner à ta vie, tes amis, tout ça. Et que t'y étais trop attachée pour tout plaquer. Pas pour moi. » |
| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Jeu 11 Aoû 2016 - 18:33 | |
| Les maux dépassent les mots. Tout n’est parfois pas descriptible. Manu ne pourrait d’ailleurs décrire tout ce qu’elle a ressenti durant ces dernières années. Et surtout ce qu’elle ressentait en ce moment même. Une chose est sur, c’était déplaisant. «Justement, t'avais seize ans. T'avais pas besoin de savoir que tes parents passaient leur temps à rabaisser leur fils, que ton père était un homme violent et sans scrupule et ta mère une femme aveuglée par son stupide statut. Ils avaient honte de moi Manuela, ils pouvaient pas me blairer. » Elle a du mal à accepter ce qu’elle entend. A s’avouer la vérité. Les parents, un vaste sujet. Manu sait à quel point ses parents sont imparfaits, néanmoins elle n'a jamais pu s’empêcher d’avoir de l’affection pour eux, même si ils ne lui rendaient pas l’appareil ou du moins n’étaient pas suffisamment démonstratifs. Chacun est comme il est, voilà la devise de Manu. Manu secoue la tête, baisse son visage de poupon, son regard scrutant ses baskets usées. Baisser la tête. Pour ne pas faire face à la réalité. « T’exagère » lança-t-elle avant de regretter automatiquement ce qu’elle venait de balancer. Etait-il possible que durant toutes ces années elle était aveugle et ne se rendait pas compte de l’impact physique et psychologique avaient leurs parents sur Alfie ? Elle sait que son père était un homme autoritaire, dur, intransigeant. Elle en a toujours eu un peur, ne l’a jamais contredit pour quoi que ce soit. « Pourtant ces parents infâmes que tu décris, tu les a laissé avec nous sans problème. ». Le « nous » faisait référence à elle et sa sœur. Alfie à l’époque s’en était tout autant occupé que Manu même si Manu et Alfie ont toujours été plus proche, plus fusionnel. « Tu crois peut-être que je t'ai oubliée ? T'étais la seule raison qui me faisait hésiter, la seule personne qui me rattachait encore à l'Espagne. Là-bas, j'avais juste pas ma place. Puis tu sais, j'appelais souvent maman pour prendre de tes nouvelles. Je crois qu'elle m'a jamais pardonné mon départ, parce qu'elle a fini par bloquer mon numéro. Tu vois jusqu'où c'est allé à cause d'eux ? » Le visage de Manu se décompose. Elle lève enfin son visage, regarde son frère dans les yeux. Pour vérifier. Si il ment. Mais dans son regard, elle ne voit qu’une chose : de la sincérité. « A chaque que je lui demandais si elle avait des nouvelles de toi, elle me certifiait que non » souffla-t-elle. Manu a ce sentiment d’avoir à nouveau été trahie, bafouée, manipulée. Le pire sentiment qui puisse exister pour elle. Surtout quand ça concerne sa propre mère. Elle est en colère, triste à la fois. A envie de chialer mais sent les regards des gens sur eux. Ce frère et cette sœur lavant leur linge sur la place publique. Par pudeur, elle se retint, difficilement. Le visage crispée, à nouveau baissé. « Je m'en faisais pour toi. Je me disais que si à dix-huit ans tu supporterais plus toi non plus cette ambiance à la maison, je te payerais un billet d'avion pour venir ici. Mais c'était difficile de savoir comment t'allais vraiment, j'avais l'impression que t'avais fini par retourner à ta vie, tes amis, tout ça. Et que t'y étais trop attachée pour tout plaquer. Pas pour moi. » Il avait eu faux, sur toute la ligne. Son discours, beaucoup trop simpliste au goût de Manu. « L’impression n’est malheureusement pas une réalité, Alfie. Tu étais une grosse partie de ma vie. Tu m’as tout appris, pratiquement. Plus que mon frère, tu étais mon meilleur ami, la personne que je pensais je pourrais toujours compter, enfant, adolescente, adulte. Toujours. Mais je me trompe, souvent. Alors oui sache que le départ de ta petite personne et de ta putain de tête d’idiot n’a pas représenté une goutte en moins dans ma vie mais tout l’océan. Comme on enlève une partie de moi. Ca parait trop con ce que je dis mais c’est comme ça que je l’ai ressenti. Oui, Alfie, j’ai fini après un certain temps par l’accepter, ou du moins essayer de l’accepter. Oui j’ai continué ma vie, à vivre avec mes amis, ma famille. Ce n’était pas pour ça que j’étais heureuse, ce n’était pas pour ça que je n’avais pas besoin d’une oreille à qui parler, de la seule personne qui pouvait jouer ce rôle, d’une aide, d’un frère. C’est facile de dire que Maman te répondait pas, mais il y avait d’autres moyens de me contacter. D’autres moyens de te rendre compte que non, ça n’allait pas ».
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| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Sam 13 Aoû 2016 - 17:42 | |
| Il a fini par lâcher le morceau, la raison finale qui l'a poussé à partir sans se retourner. Évidemment, Alfie reste très évasif et il y a beaucoup de détails qu'il ne mentionne pas, mais il n'en peut plus de ce silence. Mentir à Manu, c'est la perdre. Et ça, c'est une idée qu'il ne peut pas concevoir. Il a déjà passé trop de temps loin d'elle sans savoir si elle avait fini ou non par l'oublier, la voir disparaître de sa vie une seconde fois serait bien trop douloureux. Petit à petit, la carapace d'Alfie se met à craquer. Pendant qu'elle est de plus en plus sûre d'elle, de ses mots et de sa façon de les lui balancer en pleine face, lui se sent devenir minuscule. Il ne peut pas faire le fier devant elle, car Manu sait comment il est et elle remarquerait directement qu'il s'est éloigné de sa réelle nature. Il n'a jamais rien pu lui cacher, à cette petite brune trop maligne à son goût. Encore et encore, elle se sert de chacune des paroles qu'il prononce et les lui renvoie de manière à enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, jusqu'à ne plus en voir la lame. « Il ne vous aurait rien fait, ce crétin a quand même un honneur à tenir. » Car même si les relations entre son père et lui ont toujours été plus que tendues, il sait que jamais il n'aurait été jusqu'à faire du mal à ses filles. C'était un homme qui se respectait, même si Alfie ne sait pas vraiment si il l'est toujours puisque cela fait déjà plus de cinq années qu'ils ne se sont plus adressé la parole. Enfin, elle semble réaliser qu'il ne lui ment pas. Évidemment qu'il dit la vérité, Alfie se verrait mal lui raconter des cracks après tout ce qu'ils ont ensemble traversé. Il pousse un léger soupir avant de secouer négativement la tête. « Et elle me disait, avant de bloquer mon numéro, que tu ne voulais pas me parler. » Car au fond, il se doute bien que leur mère avait peur qu'il n'influence sa sœur. Elle aimait leurs enfants, ou plutôt l'image qu'elle avait d'eux. Le discours de Manu résonne aux oreilles d'Alfie comme une suite de reproches, d'insultes, comme si elle s'amusait à lancer des poignards dans sa direction avec les yeux bandés. Sauf que tout cela n'est pas un jeu, c'est même, au contraire, bien trop réel. Au fond de lui, un tourbillon d'émotions positives et négatives submerge Alfie qui ne sait plus où donner de la tête. Il aimerait tellement retrouver leur complicité d'avant, pouvoir à nouveau l'écouter parler de ses histoires d'adolescente pendant que lui lui apprend comment faire le mur sans se faire repérer. Ses traits du visage ne laissent passer aucune émotion, mais il a une boule dans la gorge qui l'empêche de respirer correctement. « Mais tu ne t'es pas trompée, bordel ! Je suis là, je suis vivant, debout juste devant toi, et je serai toujours là pour toi comme je l'ai été depuis que t'as vu le jour. Contrairement à toi, j'ai jamais accepté l'idée de plus jamais te voir. Ça me rongeait de l'intérieur, et ça me faisait sentir plus minable chaque jour si ça peut te rassurer. J'arrivais pas à me faire à l'idée que j'avais abandonné ma petite sœur en chemin, mais c'est tellement plus compliqué que ce que ça en a l'air. Je pourrais tout t'expliquer si tu m'en laisses l'occasion. » Il plonge ses yeux noisettes dans ceux de sa sœur, un détail physique qu'ils ont d'ailleurs en commun. « Je veux que ça redevienne comme avant, Manu. » Sa voix se brise sur la fin, comme si toute la sensibilité qu'il avait gardée enfuie en lui pendant cinq ans venait enfin de s'échapper des tréfonds de son être. |
| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Lun 15 Aoû 2016 - 11:59 | |
| Perdue. C’est exactement comme ça que se sentait Manu à cet instant même. Embrouillée. Comme si une bombe venait d'être posée dans sa boîte crânienne et venait de tout détruire. En une fraction de seconde. Pas que Manu idéalisait ses parents mais elle a toujours tenté de les voir comme des parents certes pas parfaits, mais tentant de faire de leur mieux. Ils avaient un travail, des obligations à tenir hors de leur milieu familial. Trouver une excuse, toujours une. Parce qu’ils restaient leur géniteurs, ceux grâce à qui ils sont nés, qui les ont éduqués – à leur manière- , nourris, logés, imposés leurs règles et leurs valeurs. Sauf que là, Manu ne pouvait leur trouver d’excuses. Alfie commençait à peigner une image d’eux que Manu qualifierait d’ignoble au-delà de ses propres valeurs. Une image. Ou du moins une esquisse. Car elle savait que ce n’était que le début des révélations. Après la destruction de l’image paternelle, voilà qu’on s’attaquait à la mère. « Et elle me disait, avant de bloquer mon numéro, que tu ne voulais pas me parler. » Elle a toujours eu confiance en Alfie, elle savait qu’il ne lui mentait pas. Il était incapable de lui mentir, ou du moins elle le décelait toujours. Malgré les 5 ans passés sans se voir, Manu voulait gardé cette certitude que cet aspect de leur relation restait inchangé. Qu’elle pouvait toujours lui faire confiance. « C’est complètement faux ! » s’offusqua-t-elle. Comment sa mère avait-elle pu la trahir, lui mentir comme ça ?
« Mais tu ne t'es pas trompée, bordel ! Je suis là, je suis vivant, debout juste devant toi, et je serai toujours là pour toi comme je l'ai été depuis que t'as vu le jour. Contrairement à toi, j'ai jamais accepté l'idée de plus jamais te voir. Ça me rongeait de l'intérieur, et ça me faisait sentir plus minable chaque jour si ça peut te rassurer. J'arrivais pas à me faire à l'idée que j'avais abandonné ma petite sœur en chemin, mais c'est tellement plus compliqué que ce que ça en a l'air. Je pourrais tout t'expliquer si tu m'en laisses l'occasion. » Manu, toujours tiraillé entre deux émotions. D’un côté, ça lui faisait du bien de l’entendre dire qu’il sera toujours là pour elle, qu’il a toujours été, à qu’elle point il en était rongé de cette distance. Ca la rassurait. De l’autre côté, elle avait envie de réagir à certains mots maladroits qui provoquaient en elle de la fureur. C’est tellement plus compliqué. Elle voulait bien le croire mais pour elle, il y avait d’autres solutions. Il y en a toujours. On ne choisit juste pas les bonnes. Bien entendu, que les explications elle les attendait. Des questions, elle en avait. Des centaines. Néanmoins, elle restait là, immobile devant lui, muette. Ce n’était ni le lieu, ni le moment. « Je veux que ça redevienne comme avant, Manu. » Le regard d’Alfie ne lâche pas celui de Manu. Elle entend sa voix se briser en prononçant son prénom. Bien sûr qu’elle a envie que ça redevienne comme avant. Plus que tout. Mais il ne l’entendra pas lui dire. En une fraction de seconde, c’est comme si tout lui revenait à la gueule. Comme si elle avait enfin conscience d’où elle se trouvait. Qu’elle était là. Devant son frère. Qu’elle le retrouvait enfin. Après 5 ans. Et elle au lieu de profiter ça. Elle lui crachait à la figure toute sa haine qui était enfoui au plus profond de ses viscères et qu’elle attendait de dégueuler au moment où il lui ferait face. Elle s’en veut. Tout comme elle lui en veut. Entendre ses mots de sa bouche, sortant d’un être là, enfin présent devant elle, lui fait sortir toutes ses émotions. Ces minutes à essayer de retenir ses larmes. Larmes de joie, de colère, de tristesse. Mais elle n’y arrive plus. A les stopper. Une larme coule de sa joue. Elle l’arrête d’un revers de main tout en jurant « Putain, tu fais chier ». Parce que Manu déteste pleurer. Signe de faiblesse. Faiblesse humaine. Alfie était le seul avec qui elle laissait les larmes coulées. Le seul à qui elle dévoilait toutes ses faiblesses. Sauf que là, ils n’était pas seuls dans cette ruelle. Elle se sentait dévisagée. Manu envoie son poing sans contrôler sa force en direction du bras d’Alfie, comme pour lui dire que c’était de sa faute si elle pleurait, comme pour le punir. Un rire nerveux s’échappe de sa bouche. L’impression d’avoir redonné vie à leur chamaillerie d’enfance. Une esquisse d’un vieux souvenir mais, néanmoins, où la rancœur reste tenace.
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| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Mer 17 Aoû 2016 - 18:27 | |
| Sa relation avec leur mère a toujours été si complexe. Contrairement à ses deux petites sœurs qui avaient fini par se plier à toutes les moindres de ses envies, Alfie a toujours l'enfant rebelle. Celui aux cheveux décoiffés, qui avait de la boue sur ses pantalons à trois-cent dollars, et enfin celui qu'on ne présentait pas à ses amies toutes aussi riches. Alfie était le vilain petit canard, celui qui tournait mal, le déshonneur de la famille. Sauf que malgré tout, sa mère plus que son père était attachée à son premier venu, et elle lui en avait elle aussi tellement voulu d'être parti même si jamais elle ne s'est excusée pour ce qu'ils lui ont fait vivre. Alfie, il a fini par se dire qu'elle lui en voulait seulement de ne plus s'occuper de ses sœurs, et qu'il les lui laissait sur les bras. Il se disait qu'elle ne le voyait que comme une utilité, pas comme un enfant qu'on aime. Et puis, elle lui parlait de Manu, parce qu'elle savait que la plus petite avait toujours été le point faible de son crétin de fils. Elle essayait de le manipuler, de le faire se sentir coupable. Elle le traitait de lâche, de crétin, d'erreur de la nature. Elle n'avait pas tort au final, Alfie a toujours été loin d'être le garçon idéal et, encore aujourd'hui, il peut s'avérer être un parfait crétin. Pas qu'avec sa famille, mais aussi avec un bon nombre de personnes qu'il a blessées, abandonnées, la plupart du temps sans se retourner. On le dit sans cœur, mais Alfie n'a juste jamais été prêt à affronter leurs sentiments qui ne feront que lui rappeler comment il a lâché ses sœurs. Son coeur se fissure quand il voit les yeux de Manu s'embuer, puis il finit par se briser quand les larmes se mettent à couler sur ses joues. Elle se dépêche de les effacer car, comme lui, elle n'a jamais aimé montrer ses émotions en public. Ils sont pareils elle et lui, et c'est pour cette raison qu'encore aujourd'hui ça chauffe entre les Bartholomew. Ils ont des caractères de feu, et que Manu soit calme et sereine l'aurait d'ailleurs étonné. Au moins, ça lui rappelle qu'elle n'a pas tant changé que ça, et que sa petite sœur est toujours bel et bien là. À son coup de poing, il lâche un hey avant de commencer à masser son épaule puis esquisse un fin sourire. Elle lui a tellement manqué, bordel. « Sérieux, gère ta force, t'as plus quinze ans, » dit-il alors que son sourire grandit petit à petit. Elle ne lui a pas vraiment fait mal, mais peut-être que cette simple réflexion pourrait raviver un peu la flamme de leur ancienne complicité. Et même si retrouver Manu signifie avoir enfin un point sensible, il s'en fiche. Il veut la garder, l'entendre rire, vivre de nouveaux moments avec elle et l'écouter parler d'elle et de sa vie. « On pourrait pas passer chez moi ? Je commence à en avoir marre de me sentir comme une bête de foire. » Parce qu'autour d'eux, les gens jugent celui qui fait pleurer la jolie demoiselle qui ne mérite pas un crétin pareil. |
| | | Invité | Sujet: Re: (manu&alf)- hey brother Sam 3 Sep 2016 - 21:00 | |
| Manu baisse les yeux, focalisés sur une dalle instable sous ses pieds dont elle ne pouvait s’empêcher de faire bouger poussant dessus frénétiquement, tel un toc incurable. Elle se sentait mal face à l’image parentale qui venait de s’écrouler tel un château de sable. Système fragile dont l’équilibre ne tenait qu’à un fil, un membre de ce système. L’un défaille, tout tombe. Après le départ d’Alfie, la famille Bartholomew avait continué de vivre comme avant, comme si cela ne changeait rien. Que des apparences. L’absence était lourde, pesante. Alfie était devenu ce qu’on pouvait appeler le sujet interdit. Le sujet que personne n’osait aborder. Par gêne, par honte, pour éviter d’envenimer les choses, de faire plus de mal encore. De rappeler la souffrance. Même si Manu n’avait pas un jour cessé de penser à lui. Pas un jour ne se passait où elle se demandait ce qu’il était en train de faire, si il était heureux, malheureux, s’il était bien entouré, si il avait grossi, maigri, si il s’était coupé les cheveux, si il pensait à elle. Si il était vivant. Oui, vivant. Et voilà qu’en un instant toutes ces questions qu’elle se passait en tête chaque jour, durant 5 années, trouvait enfin une réponse. Le revoir, était presque devenu un pur fantasme, une illusion, un rêve qu’à force elle pensait devenir impossible. Alors oui, les émotions prennent le dessus. Manu craque. Elle essuie ses larmes, ravalent les suivantes. Ca la gêne, ça la met mal. « Sérieux, gère ta force, t'as plus quinze ans, » , le coup est parti tout seul. Des coups comme elle lui en avait donné pleins quand ils étaient gosse. Chamailleries, taquineries de gamins. Souvenir qui montrait qu’au fond ils n’avaient pas changé. Certes leur relation fraternelle restait emplie d’anciennes fissures. Des fissures récentes pas encore bien bouchés. Mais la relation restait entière, présente. « Rolalala j’oubliais que Monsieur était fragile. Excuse-moi, crevette » dit-elle esquissant un sourire mesquin. . « On pourrait pas passer chez moi ? Je commence à en avoir marre de me sentir comme une bête de foire. » C’était pareil pour elle. Ces regards, elle ne les supportait pas. Comme si ils étaient le spectacle de la rue, le reality show de la place publique. Manu était censé bouder, montrer qu’elle n’acceptait pas aussi facilement la frustration et le sentiment d’abandon qu’elle a vécu pendant 5 ans. Pourtant elle n’a pas hésité une seconde. Elle a acquiescé sans broncher. Elle voulait continuer à lui parler, lui poser toutes les questions qui lui trottait dans la tête et surtout rester auprès de son frère. Elle attendit Alfie, de voir vers quelle direction aller, ignorant où il créchait. |
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