(#454) guess who's back -r.

Tu poussais le bouton de la sonnette, attendant qu'on vienne t'ouvrir. Tu hésitais à pousser toi-même la poignée parce que ton attente fut supérieur à quelques minutes, mais au final, lorsque la porte s'ouvrit pour laisser une blonde apparaître, tu étais ravi d'avoir attendu. « Bonjour Aino ! » Tu affichais un grand sourire sur ton visage. En plus de six mois, elle n'avait pas changé, toujours aussi blonde, toujours aussi tatouée. Tu te demandais même si il y en avait pas des nouveaux tellement tu ne l'avais pas vu depuis longtemps. Pourtant, tu tendais les bras, pensant qu'elle viendrait te faire un énorme câlin, bien que ce n'était pas trop son genre. « Je suis rentré, pour de bon cette fois. » affirmais-tu. Tu allais avoir des enfants à superviser bientôt. Tu étais aussi là pour l'aider, tu te doutais bien qu'avec cette grande maison, elle devait travailler comme une forcenée pour la garder. C'était son héritage, la maison de votre enfance lorsque vous passiez chez vos grands-parents. D'ailleurs, tu pouvais noter quelques différences mais l'âme de la maison semblait avoir été conservé. Tu ne pensais même pas qu'elle se lancerait dans des travaux de rénovation, ou de décoration, mais tu aimais bien. Ça donnait une petite touche de moins vieux. « Tu vas bien ? » demandais-tu en allant t'asseoir dans la cuisine. Bien plus moderne que dans ton souvenir, mais tu n'avais pas mis les pieds dans cette maison depuis trop long. Depuis la mort de ton grand-père, tu l'avais un peu évité parce que voir ta grand-mère triste, ça te brisait le cœur, alors tu y allais moins souvent. Aujourd'hui, tu le regrettais un peu.

La sonnette retentissait dans toute la maison, je me pressais pour descendre, je n'attendais pas de la visite, je n'en avais pas envie, j'avais envie d'être en repos de partout, que personne ne vienne me parler et encore moins si ce sont des religieux qui viennent me vendre leur bible ou que sais-je encore, ce n'était pas Dieu qui allait entretenir ma maison. Je soufflais avant d'ouvrir la porte, tirant la gueule, comme à mon habitude. « Oua- …  »  Je clignais des yeux, fronçant des sourcils. J'sais pas si c'est le joint que j'avais fumée l'autre soir qui faisait toujours un effet mais c'était beaucoup trop pour moi. « Merde, Max ! »  Un sourire apparaissait presque sur mon visage quand il reprenait la parole, ça faisait si longtemps j'avais l'impression que c'était une blague. « Ouais … eum … J'suis contente tu vois, mais tu me connais, j'suis pas trop câlin, un autre jour, peut-être. »  Je faisais un geste de la main pour qu'il arrête d'ouvrir les bras, zieutant les alentours. « Pour de vrai ? Genre … tu restes ici ? À Bowen ? »  J'avais l'impression d'être une abrutie de deux ans avec mes questions, mais j'avais un peu du mal à me dire qu'il allait venir ici, y rester, la dernière fois qu'un membre de ma famille m'avait dit ça, il avait fini par repartir quelques semaines après. Alors même s'ils sont jumeaux et différents, j'voulais pas qu'il finisse par me fuir lui aussi pour aucune raison. Je me poussais pour le laisser rentrer, puis j'affichais enfin un sourire bien qu'un peu gênée parce que j'n'avais jamais dit à ma famille que j'avais fait de cette maison un véritable foutoir avec tous les locataires que j'ai. Une chance qu'il n'en croisait aucun, une chance qu'il ne croisait pas CJ. Mais il ne posait pas de questions, alors je n'allais pas en parler, simplement éviter d'en parler, d'en faire référence dans notre conversation. « Je vais comme une Aino un jour de repos et qui voit son frère pour la première fois depuis des mois. » Je riais avant de reprendre la parole. Je n’allais pas bien, mais je n’allais pas mal non plus. C’était un peu compliqué puisque mon humeur variait en fonction des événements de la journée. « Et toi ? C’était bien là-bas ? »

Sa surprise avait été agréable, tu n'avais pas pu t'empêcher de rire. Elle ne s'attendait pas à toi, ça c'était certain. Tu ne t'attendais pas non plus à un air si surpris. C'était comme si elle ne t'attendait plus. Pourtant, tu lui avais bien dit que tu reviendrais. Tu avais juste mis plus de temps que prévu. « Dis-moi jamais, ça ira plus vite tu sais. Puis ça va, j'suis ton frère, j'vais pas essayer de te tripoter les fesses ou quoi. » ajoutais-tu en rigolant, reposant tes bras le long de ton corps. C'était un peu informel pour dire bonjour à sa sœur, mais tu devais t'y réhabituer. Ou alors te calmer sur ta tendance à faire des câlins à tout va. « Je vais être un des nouveaux instituteurs de l'école primaire, ça en jette non ? » Tu lui fis un petit clin d'oeil. Tu avais l'impression d'avoir des spams, comme si tu cherchais à lui montrer que tu étais devenu différent. Pourtant, tu n'avais pas grandement changé. C'était peut-être le trac de la revoir après toutes ses semaines d'absences, tu avais peur qu'elle t'en veuilles d'avoir voulu suivre ton chemin, au moins pour un temps. « Je me souviens que quand j'suis partie, t'avais l'air d'un zombie. Ça commence à aller mieux là. » Tu te trouvais drôle mais si tu savais qu'elle apprécierait peu. Ce n'était toujours pas un jour facile à vivre pour elle, alors que toi, tu revenais vers elle, la bouche en coeur pensant que les choses sont différentes, qu'elle arrêterait d'être triste dès la première seconde avec toi Tu n'allais pas non plus t'amuser à faire trop allusion aux raisons de vos départs respectifs. « C'était enrichissant. » ajoutais-tu le plus naturellement possible. Il n'y avait pas grand chose à dire et tu n'allais pas raconter toutes tes aventures à ta soeur, elle avait sûrement autre chose à faire que t'entendre te plaindre sur tes histoires amoureuses foireuses. « Si tu devines ce que j'ai pour toi, je te le donnes direct, sinon ça attendra quelques jours » Tu esquissais un grand sourire diabolique. C'était taquin, mais c'était ta soeur. Tu étais un des rares avec qui ça passait. Il y avait Mickey aussi. De toute façon, tu serais plus impatient qu'elle de lui offrir.

Je grimaçais à sa réplique, ce n'était pas le fait qu'il me touche les fesses qui m'inquiète, en fait je n'y avais même pas pensé, mais plus faire un câlin, c'était quelque chose d'impensable, bien trop niais pour moi. « C'est comme ça qu't'fais des câlins aux filles ? En leurs touchant les fesses ? »  Je me retenais de rire pendant quelques secondes, mais l'image de Maxwell câlinant une autre nana rendait la tâche difficile à accomplir. Mais c'était glauque d'imaginer mon frère comme ça et, il avait plus qu'intérêt de me donner une réponse négative. « Euh … avec des enfants ? »  Vraiment, je ne sais pas si depuis son arrivée il me faisait une bon gros lot de blague, mais là, c'était impensable. Je déteste les enfants et s'il se met à travailler dedans et qu'il veut me raconter sa vie après, ça va tourner autour de ces monstres. L'horreur. « Tu comptes leur apprendre quoi ? À ne pas manger de la colle, ne pas se mettre les crayons dans le nez ? »  C'était l'image que je me faisais des gamins aujourd'hui, moi quand j'avais l'âge d'être dans les petites écoles, je m'amusais plus à griffonner sur des feuilles, même si c'était moche. Puis le reste, je ne veux même pas le savoir, ma mère doit bien garder ça dans ses souvenirs, tellement elle doit regretter le bébé que j'étais. « Ah. M'oui. »  Je haussais un sourcil à sa phrase, je ne vois pas comment j'aurais eu l'air de quelque chose de potable il y a des mois de ça, et la mort de grand-mère m'attriste toujours même si j'essaye de passer au-dessus. Le fait que Max se mette à parler de ça, bien qu'indirectement, me fendait un peu le cœur, il n'était pas là pour m'écraser, mais il savait bien qu'il n'y avait des sujets plus sensibles. « C'est tout ? Génial ... » Je le regardais avec une petite bouille pour le faire craquer pour qu'il m'en raconte plus, mais ce qu'il me disait par la suite m'enlevait directement cette idée de la tête. « Oh … euh … je sais pas … »  Disais-je rapidement, cherchant ce qu'il m'aurait ramené.  « Han. T'es parti à Rio, t'as fait comme tous les touristes en achetant une micro statuette du type qui écarte les bras ? Merde … j'sais plus son nom. »  Je haussais les épaules, tournant le regard. « Puis de toute façon, d'un, j'suis nulle en devinette, deux, tu n'avais pas à me ramener quelque chose. »  Il n'était sans doute pas comme moi question argent, mais moi je ne pourrais jamais lui ramener un cadeau si je vais quelque part. Et encore, ça je ne pourrais jamais le faire non plus.

Sa réaction était celle que tu attendais. Heureusement que non, tu n'étais pas du genre à tripoter les fesses, tu étais djà bien trop timide pour offrir un verre à boire, alors pour toucher une fille, fallait pas rêver. « Juste à celles qui sont pas de ma famille ! » avais-tu ajouté en rigolant. Ton humour était parfois douteux, parfois flippant. Mais c'était Aino, elle te connaissait depuis le temps. Même si elle manquait souvent d'humour. Parfois tu t'étais même demandé si elle était vraiment ta soeur tellement elle semblait si différente de toi. Mais la réponse restait toujours oui. « Non, avec des lapins… Bien sûr avec des enfants. » Lequel de vous deux était le plus naïf ? Elle ou toi ? Sûrement toi, mais sa question t'avait beaucoup amusée. Elle t'avait demandé ça comme si elle avait eu un doute, pourtant elle savait que tu avais durement étudié pour ça. Elle était présente lors de tes études, à moins qu'elle ait mis tout ça dans un coin de sa tête, pensant que c'était une lubie et que ça te passerait. Ce qui n'était pas le cas. « S'ils ne sont pas sages je viendrais te les montrer et tu pourras leur faire peur ! » Tu la taquinais bien sûr, mais peut-être que tu y allais un peu fort. Elle n'aimait pas tant ça et que tu sois son frère ne changeait pas vraiment la donne. En plus elle aurait sûrement plus peur des enfants que eux d'elle. « Tu veux que je te racontes chaque relations amoureuses en détails peut-être ? » demandais-tu en fronçant les sourcils. Dans ton souvenir, moins tu t'épanchais, plus ça lui allait, alors tu ne comprenais pas trop sa réaction. Elle était peut-être ta soeur, mais tu ne te voyais pas lui raconter ton voyage. Surtout la partie concernant Rio. tout ce qui concernait cette ville devait rester enfoui, tu ne voulais plus y penser. Tu préférais te concentrer sur sa réponse, rigolant quand elle décrivait la statue du Chris. Le pauvre, se faire qualifier de type qui écarte les bras. Heureusement que tu n'étais pas croyant, ça aurait été un bon critère pour la jeter au bûcher. « Et pourquoi donc ? » Tu étais du genre à acheter les babioles pour les touristes, à envoyer des cartes postales et à tout fêter. Sauf peut-être la saint Aino parce qu'elle n'était pas vraiment trouvable dans le calendrier des saints. Mais tu ne voyais pas pourquoi tu ne lui aurais pas ramener un petit quelque chose. « Je t'ai ramené trois pairs de lunettes pour compléter ta collection ! » ajoutais-tu en sortant les trois écrins de ton sac. Une aux couleurs de Rio, une autre aux couleurs des USA et une dernière, plus sorbe avec des oreilles de chat.

Je grimaçais avant de rire à sa phrase, fort heureusement qu'il ne tripotait pas les fesses des femmes de la famille, je pense qu'il ne serait déjà plus de ce Monde, le pauvre p'tit frère. Enfin, toujours est-il que l'imaginer en train de poser ses mains sur le derrière d'une femme était plutôt bizarre. Je secouais la tête, essayant de voir s'il me faisait une blague, je ne pensais pas que c'était sérieux quand il disait vouloir travailler avec les enfants, c'était sans doute la pire chose à faire. Il allait entendre des gamins chouiner à longueur de journée, il y avait quoi de plaisant dans ce boulot ? Bon, dans le mien j'entends des alcoolos chouiner pour avoir des bières en plus que je ne peux pas leur donner, je ne sais pas si c'est mieux. « Ha. Ha. Max. » Je roulais des yeux avant de le regarder, esquissant un léger sourire amusée. J'étais juste choquée, j'avais le droit ? Il avait choisi une mauvaise filière, je suis certaine qu'il pourrait faire mieux, enfin maintenant que c'était fait, je n'y pouvais plus grand-chose et moi je n'étais pas mieux sans diplôme parce que j'préférais qu'un de mes frères en aient un, qu'ils fassent quelque chose bien. « Hé, je ne suis pas un monstre, je suis certaine que les enfants m'adorent ! » Répliquais-je, même si je n'aime pas ça, ça ne m'a pas empêché d'en garder de temps à autre pour me faire de l'argent au début, quand j'étais encore à Perth. « Ben ouais, pourquoi pas ? » Je roulais des yeux, non, j'avais aucunement envie de savoir ce qu'il faisait avec les filles là-bas. « En vrai, je m'étais dit que tu avais fait autre chose que collectionner les filles, donc que tu avais potentiellement quelque chose à me raconter. » Si c'était beau ou non, me faire rêver un peu quoi, moi je n'avais jamais quitté le pays, j'avais juste fait l'allée de Suède jusqu'en Australie. Quand il me disait avoir ramené quelque chose, je tenais plus en place. Je ne savais pas si j'aimais les surprises, en fait, je détestais avoir des surprises de ma famille. « Parce  que j'ne pourrais jamais t'en faire. » C'était ça, être la plus pauvre de la famille, bien que les parents n'étaient pas beaucoup mieux, au moins, ils avaient deux salaires, vivaient avec ce qu'ils avaient et ça allait. Moi aussi j'aimerais en faire autant. Je continuais de chercher ce qu'il pouvait m'avoir ramené, encore une fois mais c'était plus voué à l'échec. « Aaaaah ! Maxwell ! C'est génial, merci ! » Je lui offrais un beau sourire avant de prendre les lunettes de chat et les mettre sur mon nez. Je devais être la seule personne à devoir m'extasier autant sur des lunettes de soleil, je devais sans doute passer pour une folle. D'ailleurs y'en avait bien un qui me prenait pour ça, Isaiah, mais bon, puisque je le voyais qu'une fois à chaque événement que cette ville pouvait faire, il ne m'énervait pas trop avec ses remarques. « Tu as ramené quelque chose pour les parents ? » Simple question, pas de jugement. « D'ailleurs, sans rapport, si tu as soif, tu connais la maison. » 

Elle avait ri jaune et tu n'avais pas pu t'empêcher de vraiment rire toi, en voyant sa tête. Elle semblait pourtant toujours aussi surprise de ta décision. Tu ne voyais pas pourquoi elle réagissait ainsi, après tout c'est elle qui avait posé une question qui t'avait semblait idiote. Ce qui n'était pas vraiment dans sa nature, d'habitude. « En même temps, c'est quoi cette question aussi ? » demandais-tu en plissant les yeux. Tu laissais passer tout ça derrière toi, autant parler d'un autre sujet, d'avoir une conversation un peu plus passionnante. Riant de plus belle lorsqu'elle ajoutait qu'elle n'étais pas un monstre et que les enfants n'auraient pas peur d'elle. Sûrement pas oui, il en faudrait sûrement plus pour les effrayer. Peut-être la voir quand elle crie et qu'elle frappe quelqu'un. Elle n'avait pas toujours été tendre avec toi lors de votre enfance, mais au moins elle te faisait assez vite comprendre quand tu ne devais pas l'embêter. Avec le temps, tu avais un peu oublié, passant ton temps à la taquiner, à lui faire des petites blagues. Surtout pour essayer de la faire sourire, mais aussi pour lui changer les idées. Pour qu'elle ne passe pas son temps à broyer du noir, parce qu'elle avait le droit d'être heureuse et de ne pas être plongée la tête la première dans les soucis des autres.  « Très bien, alors j'ai rencontré cette fille sur la plage de Rio et ... » Tu laissais ta phrase en suspens. Tu l'avais commencé parce qu'elle avait dit oui, mais très vite elle s'était ravisé. « J'ai fait le parfait touriste oui. Je me suis promené, j'ai visité et j'ai profité de la vie en sortant, draguant. Je me suis laissé porté par la vie tout simplement. Mais j'ai vu le gars avec les bras ouvert comme tu dis, j'ai vu la statue de la Liberté, j'ai marché dans les rues de New-York, j'ai donné à mangé aux écureuils de Central Parc. Rien de bien folichon tu vois ! » Tu haussais les épaules. Tu avais juste fait ce que font tous les gens. Tu avais visité, goûtant les produits locaux et profitant de le vie. Rien de plus. Bon, si il y avait toute la partie à Rio avec le cartel de drogue mais ça, c'était tes problèmes et comme tu le pensais avant, elle n'avait pas à être au coeur de tes problèmes. « Je veux pas que tu m'fasses de cadeau, No ! Tant que tu aimes les miens, moi ça m'va ! » Tu affichais un grand sourire satisfait en la voyant mettre la dernière paire sur le bout de son nez. Elles lui allaient bien et son sourire était gratifiant pour toi. Tu savais que tu avais fait le bon choix en choisissant de lui offrir ça. « Je.. Non, j'ai pas prévu d'aller les voir pour tout te dire.. » Tu te pinçais les lèvres. Tu leur avais quand même envoyé deux cartes postales, la première de Rio, la seconde pour annoncer que tu allais rejoindre Aino et que tu les embrassais. De simples mots sans trop t'épancher. « T'inquiète pas pour moi. Malgré quelques trucs de déco, j'reconnais assez bien, je devrais pas trop m'perdre. » ajoutais-tu en riant, te demandant si les chambres aussi avaient subi quelques transformations et si toutes les pièces avaient été touchées.

Quand il commençait son histoire avec cette fille sur la plage de Rio, je passais rapidement au sujet qui m’intéressait, je ne m’intéressais pas à la vie sentimentale des autres et encore moins celles de mes frères, même si c’était toujours intéressant de savoir qui pourrait être ma belle-sœur un jour, juger si c’était la bonne ou non, même si je n’avais pas à choisir pour mon frère. Simplement de la curiosité et si cette fille n’était pas avec lui aujourd’hui, alors c’est que je n’avais pas à m’inquiéter d’un mariage dans l’année à venir. Je l’écoutais parler de ce qu’il avait fait avant de froncer les sourcils, qu’est-ce qu’il me parlait de New-York alors qu’il était censé être à Rio. Je n’en savais rien,  j’avais sans doute loupé un épisode dans l’histoire, mais s’il avait voyagé plus loin, alors c’était bien pour lui. Mes frères avaient la chance de pouvoir aller là où le vent les emmenait et je trouvais ça plutôt cool pour eux. Ça me faisait même plaisir qu’ils se remplissent de souvenirs et qu’ils aient des choses à raconter. Quoi que sur le dernier point j’avais un doute pour Maxwell. « J’avais, ça craint ton histoire. » Je grimaçais avant de rire. Second degrés, toujours. « T’as pas fait du jet ski ? Un truc plus amusant ? » Même si ça devait être assez impressionnant de voir des statues, ça m’aurait ennuyée. Parce que je n’avais pas les mêmes centres d’intérêt que lui, sans doute. Je ne voulais pas faire des trucs de touriste, juste parce que j’en étais une. « Tu as puisé toutes tes économies du coup, mon pauvre ! Ou alors tu as trouvé un boulot là-bas ? » Peut-être que nous avions eu la même conversation il y a des mois, mais je devais être plus dévastée par la mort de grand-mère que par l’argent que possédait mon frère. Il passait rapidement à ce qu'il m'avait ramené et j'eus un pincement au cœur, parce qu'il me portait une attention que je ne pourrais jamais lui rendre, sauf si par miracle je gagnais de l'argent d'un coup ou que j'épousais un homme riche. Ce qui ne risque pas d'arriver. Mais ses cadeaux étaient géniaux et ça me réchauffait le cœur, je lui souriais, lunette sur le nez, parlant des parents, qui devaient aussi être content qu'un de leur fils chéri soit revenu de voyage. Pourtant, sa réponse me mettait vite mal à l'aise. « Quoi ? Tu t'es embrouillé avec eux ou quoi ? » Mon rire résonnait nerveusement, je n'étais pas au courant d'une dispute familiale, peut-être parce que j'étais à des milliers de kilomètres de la maison et qu'ils se disaient qu'Aino en avait rien à foutre. Si c'était ça, ils font chier. « Je voulais rénover la maison … elle me faisait trop penser à grand-mère. Et quitte à passer ma vie ici, autant ne pas passer des années à me dire qu'elle habite toujours là. » Même si je n'avais pas les moyens de tout faire comme je le voulais, je voulais quand même rénovée. « Donc j'te présente mes économies ! » J'écartais les bras, lui montrant un peu toute la décoration derrière moi, mais ça s'appliquait aussi pour les autres pièces à l'étage. « Puis ta chambre et Mickey n'ont pas été touchés par ce changement. J'ne voulais pas … enfin … je ne savais pas si vous vouliez garder votre ancienne chambre comme un souvenir ou quoi … » Je ne savais pas vraiment m'expliquer sur le coup. « En fait, c'n'était pas du tout prévue que vous veniez habiter avec moi. Mickey est venu pour quelques semaines, mais ça lui manquait trop le grand air, il aime bouger, alors … voilà. » Je haussais les épaules, j'aimais bien être seule aussi. « Puis ne t’inquiète pas pour … ma solitude, maintenant j’ai … des … colocataires. » Disais-je doucement et mâchant mes mots, pour ne comprenne pas trop la fin. J’avais honte, mais c’était la seule façon de garder la maison.

Tu t'étais mis à rire en entendant sa remarque. En quoi ça craint ? Si toi tu étais heureux d'avoir fait tout ça, c'était le plus important non ? Tu haussais doucement les épaules à sa question, tu te demandais si elle était vraiment sérieuse et comme elle en avait l'air, tu n'allais pas la tourner en dérision. Ou essayer au moins. « Du jet-ski ? Tu m'as pris pour un sportif de haut niveau ? » Ce qui te plaisait toi, c'était l'histoire, les anecdotes. Tu aimais apprendre des choses, tu voulais toujours en savoir le plus possible sur tout, pour ensuite l'apprendre aux autres, même si souvent tu gardais tout pour toi. C'était ton plaisir personnel d'enrichir tes connaissances, tu t'en foutais pas mal de faire du saut en parachute, de grimper des montagnes. Tu avais visité tous les musées de la ville, t’émerveillant devant chaque objet que tu avais pu voir mais tu savais bien que ce n'était pas trop le truc d'Aino ça. « J'ai fait de l'aide à la personne, un peu de baby-sitting, mais pas grand chose pour être franc. » Tu n'étais pas non plus un très grand dépensier, peut-être parce que tu avais été habitué à vivre dans la pauvreté depuis toujours, à compter chaque cents que vous aviez pour voir ce que vous pouviez vous permettre ou non d'acheter. Tu n'avais pas la folie des grandeurs, tu ne l'avais jamais eu. Déjà que mettre de l'argent dans certaines choses t'embêtait parfois, tu prenais toujours le temps d'y réfléchir à deux fois pour savoir si c'était nécessaire et si tu en avais vraiment besoin. Tu ne comprenais pas les gens qui changeaient de téléphone tous les deux mois dès qu'un nouveau modèle sortait, ni même ceux qui changeait un objet parce qu'il était cassé ou abîmé sans même essayer de les réparer. Tu étais du genre à les user jusqu'à ce que ce ne soit plus vraiment possible. Peut-être parce que tu n'avais pas les moyens d'être un gros consommateur ou parce que tu n'aimais pas le gaspillage. Quoiqu'il en soit, tu n'avais pas dépensé plus que nécessaire lors de tes voyages. Déjà que partir à Rio était un coup de folie. « Non. C'est juste qu'ils faisaient un peu la tronche quand j'ai pris la décision de partir à Rio au lieu de te suivre à Bowen alors on s'est pas vraiment reparlés depuis. » Ce n'était pas grand chose, rien de quoi s'inquiéter, quand tu serais bien installé, tu prendrais la peine de les appeler et puis quand tu aurais un week-end assez long ou tes premières vacances scolaires, tu irais leur rendre visite. Pour le moment, tu te souciais d'Aino et tu voulais être là pour elle. « Je trouve que tu as fait du bon boulot, j'aime beaucoup comme ça ! » Tu jetais un nouveau coup d'oeil autour de toi, admirant le travail qui avait été fait, les meubles qui avaient changés ou juste été mis à une autre place, mais il restait quelques cadres photos. Des souvenirs d'enfances qui te faisait sourire parce que malgré tout, ça resterait toujours la maison de votre grand-mère. Bien que tu avais envie de monter à l'étage maintenant et voir toutes les autres chambres, ainsi que celle de ta grand-mère, te demandant si elle avait osé la toucher. « Oh.. D'accord. » Tu aurais du te douter que Mickey ne serait pas resté très longtemps à Bowen, mais au moins il avait fait l'effort d'être présent pour Aino, le temps de quelques jours. Maintenant c'est toi qui reprend le relais. Même si l'entendre dire que ce n'était pas prévu que vous veniez vivre avec elle t'offusquait un peu. En plus, elle ne vivait pas seule. Que s'était-il passé pendant les six mois de ton voyage ? « Attends ! J'ai bien entendu là ? Toi, des colocataires ? Mais t'en as combien au juste ? » Tu faisais un rapide calcul des chambres disponibles dans la maison, te demandant si elles étaient toutes prises ou si par colocataires elle voulait dire une seule personne en plus d'elle.  

Je riais en imaginant Maxwell sur un jet-ski, finalement, c'est vrai que ça lui allait plutôt mal comme activité, mais je ne voyais pas ce que les gens pouvaient faire de plus en vacance, mit à part bronzer, mais encore une fois, je trouvais que c'était une perte de temps. Même si je n'avais pas beaucoup de choses à faire de mon temps, à moi. « Pourquoi pas ! » Peut-être que c'était de famille, on n'était pas très sportif, même si j'essayais de faire des efforts depuis mon arrivée ici. Je n'avais rien à perdre et j'étais certaine de ne jamais n'avoir de muscles avec la génétique dont j'avais héritée. Je l'écoutais ensuite, pour savoir ce qu'il allait fait de ses semaines dans le monde, mais ce n'était pas plus palpitant que ça ou alors c'était sans doute sa manière de raconter, je ne savais rien. Mais je ne voulais pas être méchante avec lui ou le forcer à me dire des trucs s'il ne voulait pas se confier à sa sœur, après tout moi je ne lui disais pas tout, alors je pouvais très bien vivre sans trop d'informations. «  Bon, d'accord. » Je haussais les épaules puis après avoir enfilé les lunettes sur mon nez, je me demandais ce qu'il avait bien pu ramener aux parents, peut-être plus d'histoires, de mots. Peut-être qu'eux ne demandaient rien non plus, juste que leur fils reste en vie. Je pris un air étonné quand il me disait qu'ils faisaient un peu la gueule quand il était parti. « Ouais, ils me prennent pour une gamine quoi. » Je riais, quand je les avais au téléphone, ils me parlaient toujours de la solitude, parce qu'ils avaient peur que je déprime. De toute faon, je ne me sentirais jamais plus seule que quand grand-mère nous a quittée, alors maintenant, je m'en fichais bien d'être seule ou non. Je savais m'entourer de gens qui savaient me supporter, d'autres non. « Ça doit être passé avec les mois, je pense. Ils n'sont pas bêtes et toi non plus, vous pouvez passer au-dessus. J'sais très bien me gérer toute seule. » J'dois avouer que ça grattait à la porte de la colère dans mon cerveau, mais je n'allais pas m'énerver pour ça. « Moi je suis heureuse que tu aies choisi de partir plutôt que venir t'emmerder avec moi dans cette ville. » C'était beaucoup moins intéressant que Perth ici, je n'avais pas beaucoup de connaissances ici quand j'étais arrivée. « Ouais bon, c'n'est pas vraiment moi qui ai fait ça, mais … bon. » Je lui disais ensuite qu'à l'étage les chambres n'avaient pas vraiment changé, c'était stupide, mais de toute façon, ça m'aurait coûté trop cher pour le peu qu'ils restaient avec moi, ces frères. Ça ne m'étonnerait même pas qu'il s'en aille dans quelques semaines, mais je jugeais sans doute trop vite. « Oui, oui, tu as bien entendu. Fais pas cet air choqué. Je sais vivre en communauté. » Je le regardais amusé avant de lever les yeux au plafond. « Oh j'en sais rien … y'en a … quatre je crois. Deux filles et deux gars, les filles sont insupportables mais j'peux pas les virer d'ici, même si l'envie ne manque pas. » CJ, je n'avais rien à dire sur lui, j'le trouvais chiant, drôle et cool à la fois et Oliver était sympa, même s'il n'était pas la personne avec qui je communiquais le plus. « Enfin, c'est vraiment une colocation bizarre ici. » C'était tendu avec les filles, elles faisaient tout pour m'énerver, comme tout le monde ici en fait. C'est peut-être parce que j'y tiens trop à cette maison que je suis aussi facilement en colère. « Ils t'aimeront sans doute plus que moi. » Je ne demandais pas à être aimée non plus, ils n'étaient là uniquement parce que je ne voulais pas perdre ma maison, ils me servaient de porte-monnaie, pas de potes. Malgré que l’inverse ne m’aurait pas déplut, une maison remplie de personnes que j’appréciais. « Bon ça te tente de poser tes valises dans ta chambre plutôt qu’à l’entrée ? »

Tu avais ri lorsqu'elle s'était exprimé sur le fait que tu aurais pu être un sportif de haut niveau. Tu n'arrivais pas à courir plus de cinq minutes sans avoir une douleur dans les côtes, alors le jet-ski c'était sûrement pas pour toi. Il te fallait un truc plus relax, plus simple à pratiquer, mais quand il s'agit de sport, rien n'a jamais aussi simple qu'il n'y paraît. Pourtant, tu allais essayer le surf. C'était dommage d'être sur la côte australienne et de pas en profiter. L'avantage, c'est que tu pouvais surfer dans le sable, au moins, t'aurais l'air con, mais il ne t'arriverait rien de très dangereux. « Ils se faisaient surtout du soucis pour toi. Toi, seule dans la maison de nos grands-parents, ils avaient peur que tu tiennes pas le coup. Mais de ce que j'vois, j'peux dire que t'es plus forte qu'ils ne le pensent. » Et si elle avait eu l'occasion de parler avec eux pendant les derniers mois, elle avait du leur montrer aussi qu'elle s'en sortait pas si mal que ça au final. Tu n'étais pas impressionné parce que d'aussi loin que tu pouvais t'en souvenir, tu l'avais toujours trouvé débrouillarde. A s'en sortir comme elle pouvait et avec ce qu'elle avait. Ce qui n'était pas trop ton cas parce que toi tu te laissais parfois imaginer à ce que tu pourrais faire avec ça ou ça. Avant de retomber sur terre en réalisant que ça n'arriverait jamais. « Je vois ça, une nouvelle maison, des colocataires. T'as un boulot et un copain aussi ? T'as vaincu ta peur des chiens ou c'est trop dur ça ? » Tu allais pouvoir la taquiner un peu plus maintenant que tu avais de la matière. « Cette ville est prometteuse d'un bel avenir alors j'risque pas de me faire chier. » C'était bien Aino ça. Toujours à broyer du noir, à voir le négatif avant tout le reste. Heureusement que vous n'étiez pas tous comme ça dans la famille. Pour toi, c'était la possibilité de faire ta carrière, de trouver une femme, de fonder une famille dans une ville charmante, comme Perth avec le souvenir de votre grand-mère grâce à cette maison. Et aussi de renforcer ta relation fraternelle avec Aino. Même si pour cette partie, ça semblait encore compliqué. « J'ai hâte de tous les rencontrer alors ! » Rien que la description qu'elle t'avait faite te laissait rêveur. Elle n'aimait pas les filles, pas étonnant, elle avait toujours eu du mal à te lier d'amitié avec les filles, peut-être par peur que l'une tombe amoureuse d'elle. Au fond, tu ignorais ce qui la bloquait vraiment dans tout ça, mais le contraire t'aurait surpris. Quant aux hommes dans cette maison, tu espérais qu'ils ne la malmenaient, même si pour ça aussi, ils auraient beaucoup de mal à la faire tourner en bourrique. Mais c'était des garçons, elle avait un cœur et tu te faisais un peu de soucis, ça te semblait normal. « S'ils ne t'aiment pas, ce sont des idiots. » C'était peut-être ta sœur, c'était peut-être pas très objectif tout ça, mais pour toi, il n'y avait pas meilleure personne au monde qu'Aino. Bon, si peut-être un peu, mais elle passerait toujours devant tout le monde pour toi. Mickey comme elle. Ta famille c'était le plus important et tu n'imaginais pas une seule seconde que vous puissiez vous fâcher et ne plus jamais vous parler comme ça pouvait arriver parfois. Tu étais bien trop collant pour ça. « Elles te gênent ou t'as peur que j'file à toute vitesse si je les monte pas de suite ? » demandais-tu en rigolant. Tu ne risquais pas de t'en aller d'aussi tôt. Tu en avais au moins pour 10 mois de présence après peut-être que pendant les vacances d'été tu pourrais profiter un peu pour prendre le large, visiter l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou partir un peu plus loin, comme la France. De toute façon l'année allait commencer, tu avais encore le temps de voir, de prévoir.

Je baissais les yeux en soufflant, je n'aimais pas qu'on me plaigne et quand c'était mes parents, ça m'énervait un peu. « J'vois, t'es là uniquement sous ordre des parents, en fait ? Parce que j'te force pas à venir habiter ici, tu peux continuer de faire ce qui te plaît. » Et le fait qu'ils fassent la gueule à Maxwell juste pour ça me saoulait un peu aussi, mais j'étais certaine que maintenant ils étaient passés au-dessus, de toute façon, je leur disais bien que j'allais bien. Je n'avais pas besoin d'un frère espion pour venir me surveiller et dire aux parents que je vais bien. Ça ne servait à rien de gâcher la vie de Max pour vivre ici, cette ville n'était intéressante qu'uniquement parce que les grands-parents avaient habités ici, même si les gens y étaient sympa — parfois bien trop — je préférais de loin Perth où la plupart de mes amis. « Et oui, je suis plus forte que la mort de grand-mère et du fait de vivre dans cette maison. » Même si au début c'était difficile, je ne voulais pas lui dire. J'étais simplement vexée, mais ça allait passer. J'écoutais la suite de ce qu'il avait à me dire en riant et secouant la tête. N'importe quoi. Un copain. « Heureusement que j'ai un boulot, ouais ! Puis pour le copain, désolé, t'as pas de potentiel beau-frère. » De nouveau un haussement d'épaule, comme si à allait l'affecter. Je n'étais pas du genre à faire dans les sentiments depuis Blake, alors, pour me voir marier, il allait falloir attendre des années si ce n'est la vie. Puis je n'étais sans doute pas une femme à marier, en fait. « Plus, ce n'est pas une nouvelle maison. J'ai juste redécoré, faut pas s'emballer. » C'était juste histoire d'être présentable ou oublier un peu, sinon je m'en fichais bien de la décoration, ça m'a juste fait perdre de l'argent. Et je ne pourrais jamais dire que c'était plus beau, parce que j'aimais comment c'était avant. Mais j’nie pas que Lily a fait un bon travail. « Et j’ai pas peur des chiens. » J’n’avais pas peur que de ça en tout cas et pour les autres, je disais seulement que j’étais allergique, c’était plus simple et on ne me faisait pas chier. « Prometteuse ? Si tu veux. » Peut-être que les enfants qui habitaient au bord des côtes étaient plus intelligents. Mais à Perth c’était la même. Je continuais en parlant de nos colocataires, racontant que j’avais du mal avec les filles ici, mais c’était normal dans un sens, j’avais toujours eu plus de mal à me lié d’amitié avec le sexe féminin, y’avait pas vraiment de raison, c’était juste un fait. « Si tu le dis ... » J’trouvais aussi, mais même si ça m’arrangerait qu’il n’aime pas les femmes de cette maison, je ne pouvais pas le forcer de se faire un avis. Puis je changeais de nouveau de conversation, parce que je n’allais pas m’étaler sur des gens que je n’aimais pas, la conversation allait devenir chiante. Je baladais mes yeux dans la maison avant de tomber sur les valises, le sujet n’était pas mieux. « Au pire de te surprendre Maxwell … j’aime l’ordre dans cette maison. Donc poser deux valises dans l’entrée, ça craint. » En fait, l’ordre je m’en foutais un peu, tant que la maison devenait pas un foutoir. Je voulais juste garder un peu cette maison comme elle l’était avant la mort de notre grand-mère, donc, propre. « Mais c’n’est pas grave, j’vais pas regarder, c’est tout ! »

Tu roulais des yeux en l'entendant dire que tu obéissais à tes parents. Ce n'était pas le cas. Mais de toute façon, tout ce que tu pourrais dire n'entrerais sûrement pas dans sa petite tête blonde parce qu'elle était la plus têtue de vous deux. Ça ne t'empêchais pas d'essayer mais tu savais que ça finirais par un 'si tu l'dis' ou quelque chose dans le genre. « J'ai reçu aucun ordre. Je suis là parce que j'ai un boulot et que j'avais envie d'être là. » Elle avait beau croire le contraire, Aino était ta soeur. Et pendant ces sept mois loin d'elle, elle t'avait manqué. Elle aurait dû venir avec toi, pour voir un peu de pays et te mettre un bon coup de pied aux fesses à chaque fois que tu aurais parlé d'aller visiter un musée. Tu n'allais pas le cacher, tu t'étais fait du soucis pour elle. Mais la voir là, dans la maison avec un boulot et des colocataires, tu pouvais bien avouer que tu t'étais trompé. Elle n'avait jamais eu besoin de personne et certainement pas de toi. Même si elle allait pas te jeter à la rue maintenant. « Parce qu'ils sont trop cons ou parce que ça t'intéresse pas assez pour le moment ? » demandais-tu avec un fin sourire sur les lèvres. Ce n'était pas souvent que tu pouvais parler avec elle de sa vie sentimentale. Ce n'était pas pour autant que tu irais lui demander si elle a vu des mecs depuis son arrivée ici. Sa vie privé resterait privée, tu n'étais pas assez curieux pour vouloir tout savoir. « A d'autres. » Elle pouvait mentir à qui elle voulait, mais ce n'était pas à toi qu'elle allait la faire. « On peut y faire du surf, il y a un super programme historique, et puis j'suis certain que les autres profs sont aussi jeunes que moi et à coup sûr charmantes ! » Tu riais doucement à ta bêtise. Une ville était prometteuse pour toi dès le moment où tu pouvais trouver une femme. Tu n'allais pas chercher plus loin que ça. Tu écoutais sa remarque, te levant dans la foulée. Elle aimait l'ordre. Tu n'étais pas vraiment maniaque et encore moins à te soucier des choses qui pouvaient traîner par-ci ou par-là. On va pas s'mentir, tu étais assez bordélique. Mais pour Aino tu étais prêt à faire des efforts au moins dans les parties communes. Fallait pas non plus qu'elle vienne te parler de l'état de ta chambre un de ces jours parce que là, elle pouvait toujours se mettre le doigt dans l'oeil. « Contente ? » demandais-tu une fois de retour vers elle. « Y a quelque chose à manger ? J'commence à avoir une faim de loup moi ! » Tu souriais avant de t'en aller vers le frigo. Si tu voulais manger, c'était encore le meilleur endroit pour satisfaire ce besoin. Après vu qu'elle ne mangeait pas beaucoup, est-ce que le frigo serait au moins rempli, c'était une autre question à laquelle tu aurais bien vite une réponse.

Je le laissais discuter du fait qu’il n’était pas là parce que les parents l’avaient demandé. Mais n’empêche qu’ils faisaient la gueule parce que justement, il n’était pas là quand eux l’avaient voulu. C’était bizarre. Et pourquoi chercher du travail dans cette ville précisément ? Je ne pense pas que Maxwell soit autant attaché à moi, ou peut-être que j’me trompe, mais j’avoue que j’étais un peu dégoûté sur l’instant pour avoir toute une ouverture d’esprit.  J’me contentais de faire un geste de la main avec un faux-sourire niais rapide pour passer à autre chose. Mais la conversation ne tournait pas vraiment dans mon sens, dans ce qui me faisait le plus plaisir. Parler de la mort de ma grand-mère ou tout simplement d’elle me refroidissait toujours. Elle me manquait, même si j’essayais de me persuader du contraire pour avancer dans la vie, aller mieux et tout simplement vivre à mon tour. Et aujourd’hui je regrettais même de m’être laisser prendre pendant les premiers jours. Mais je n’ai jamais su combler le manque de quelqu’un, j’ne sais pas comment effacer ce sentiment. « Parce que j’en ai pas envie. » Je ne vois pas ce que je pouvais dire de plus, je n’allais pas m’étaler sur ma vie sentimentale, c’était un chaos parce que je l’entretenais. Je n’avais envie de personne parce que j’en avais pas besoin. C’était qu’une prise de tête et je ne voulais dépendre de personne, me faire manipuler par personne et tout ce qui suivait. « J’suis très bien seule. » Puis je ne pense pas trouver quelqu’un qui me supporterait assez longtemps pour envisager un couple de toute manière, parce que j’avais un caractère de merde et que les gens me saoulaient vite. Un miracle que j’sois encore dans cette ville. « Si une ville est prometteuse grâce aux femmes qui s’y trouvent. Alors t’es à la bonne place ! » Même si je ne jugeais pas le physique des autres femmes, j’m’en foutais du monde, tant qu’elles m’approchaient pas pour des trucs que je ne voulais pas. « Tu sais faire du surf, toi ? » Puisqu’il s’en était pris à moi sur mes peurs, j’voulais bien l’voir lui, faire du surf. J’suis certaine qu’il ne tenait pas plus de deux secondes sur une planche ou alors il le faisait à plat ventre. Suite à mes remarques sur la propreté d’la maison, il se levait pour aller bouger ses valises. Quand j’habitais seule dans mon appartement à Perth, je m’en foutais bien de savoir si c’était bien rangé ou non, mais là c’était juste une question de respect pendant un temps. Parce que je ne comptais pas demander à ce que ce soit clean toute ma vie. Et ce n’était pas vraiment super propre non plus, pour montrer quand même la vie dans cette maison et ne pas avoir l’impression de se balader dans une galerie Ikea. Certes, une vieille galerie, mais quand même. « Ouais, ça va. » Je tournais ensuite ma tête vers le frigo, haussant les épaules en le regardant. « Tu peux piquer un peu tout, j’m’en fous, j’aurais qu’à casser la gueule des locataires s’ils font une remarque, mais compte pas sur moi pour te faire ta bouffe. » J’en faisais que très peu pour moi même et je ne mangeais pas beaucoup. Et loin de moi l’idée de ne pas vouloir faire plaisir à mon frère, mais j’allais sûrement pas satisfaire ses papilles aujourd’hui. C’était pas son anniversaire, c’était pas Noël non plus.

Tu avais mis de côté toute la première partie de votre conversation, parler de vos parents ne servait à rien. Tu étais là parce que tu le voulais et tu t'en foutais pas mal de si elle te croyait ou non. Le plus important était que tu faisais ce que tu voulais, sans te sentir forcé de le faire. Et si elle se sentait mieux en étant seule, c'était aussi son choix. Vous ne pouviez pas tous tomber amoureux de la première personne qui croise votre regard. Toi tu étais une vraie guimauve et pas elle. Si elle se sentait bien comme ça, alors ça t'allait aussi, de toute façon ce n'était pas toi qui allait te mêler de sa vie amoureuse. « Ça t'impressionne, non ? » Tu haussais les sourcils, accompagnant le tout d'un immense sourire. Ce n'était pas vraiment une peur, mais un manque d'envie. Tu n'étais pas vraiment sportif et le sport ne t'avait jamais fait envie mais était-ce une raison suffisante pour ne pas changer d'avis ? « La brochure disait aussi que les monitrices étaient charmantes. » Peut-être que c'était sur ce point là que tu te faisais avoir. Pourtant tu appellerais quand même pour prendre un cours ou deux de surf, au moins pour vérifier la véracité de l'informations et aussi parce que c'était bien l'occasion d'essayer de surfer. L'été approchait, pour la plage la saison serait parfaite. « Je sais m'débrouiller, t'en fais pas pour moi. » Tu n'étais pas bien compliqué quand il s'agissait de manger, tu pouvais même paraître étrange lorsque tu faisais des associations dont on ne pensait pas possible. Tu aurais pu être l'inventeur à l'origine du cronuts puisque tu avais eu l'idée aussi, tu ne l'avais juste pas exploité et maintenant c'était un peu tard. D'autant plus que l'effet de mode était passé assez vite et ils y avaient eu d'autres expériences dans le même genre. « Si tu menaces de leur péter la gueule j'peux deviner facilement pourquoi ils t'aiment pas. » Tu rigolais, Aino n'était pas la douceur incarnée. Au contraire, elle pouvait même être plus brutal que toi, à croire qu'on avait échangé vos personnalités à la naissance, qu'il y avait erreur sur la personne. Elle dégageait quelque chose de froid, repoussant assez vite les personnes, ce qui changeait quand elle souriait vraiment parce que son visage devenait alors vraiment différent, plus doux, plus abordable.