Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: I guess the devil's back |ft Adelaïde Mer 23 Oct 2019 - 4:25
I guess the devil's back
Body noir en dentelle qui cache à peine sa poitrine, fines hanches mises en avant sous ce pantalon noir de cuir, veste à clous qui ne va pas tarder à valser, chevilles surélevées sur ses talons de sorcière, elle est là la belle, enroulant ses deux nattes au bout de ses doigts alors qu’au bord de ses lèvres pend une cigarette volée à un invité qui avait le dos tourné. Adossée au mur au dehors de la maison, elle fixe les étoiles qui semblent danser devant ses yeux, tandis que ses oreilles et son rythme cardiaque s’accordent parfaitement avec la musique à l’intérieur. Cœur de glace ce soir, le sourire n’a pas réussi à pointer sur son doux visage enseveli de noir. Soupir aux lèvres, elle écrase le mégot dans le cendrier et revient parmi la petite foule qui boit et qui discute autour de gâteaux apéros sur les canapés du salon et la table de la cuisine. Des « ça va beauté ? » qui fusent quand elle se fraye un chemin jusqu’au frigo, d’où elle sort une bière, volonté d’oublier les difficultés du début de semaine. La chaleur était revenue, l’été aussi, et elle détestait cette saison autant qu’elle l’adorait. Enfin elle pouvait sortir ses mini short sans que cela ne soit un crime, enfin elle pouvait se promener nue dans son appartement tout en ayant une bonne raison de le faire. Mais la chaleur était un ennemi dans son travail, car elle ne faisait que d’apporter de plus en plus de transpiration, et les enfants étaient moins concentrés. Elle se retourne, va faire un crochet par les WC avant de revenir, cette fois au salon. Elle s’installe sur un fauteuil, avec une allure de bûcheron plus que celle d’une femme, alors qu’elle sirote sa bouteille en regardant le jeu qu’ils avaient mis en place. Un jeu de cartes au centre de la table, tout le monde semblait s’amuser mais elle, elle s’emmerdait, un mauvais présage planant au-dessus de son crâne. On lui demande de jouer son tour, de tirer une carte, de ne pas briser le cercle. Elle joue le jeu, mais juste un tour, puis elle se casse pour les laisser à leurs occupations. Elle retourne dehors, fume une nouvelle cigarette alors qu’un autre homme ne veut pas lui lâcher la grappe. Penché vers elle, bras sur le mur, il espère probablement l’envoûté avec son haleine de whisky, mais pas ce soir, ça ne marche pas. Elle sourit un peu, juste pour faire bonne figure, finit sa bière et discute un peu, au moins ça l’occupe. Puis dans le coin de l’œil, y’a des silhouettes qui passent et qui repassent, et y’en a une parmi eux qui l’intrigue, qu’elle jurerait connaître. Poussée par sa curiosité, elle repousse cet homme, jure revenir à lui plus tard dans la soirée, et retourne dans la maison, à la recherche de cette femme qu’elle avait vue passer. Direction la cuisine, y’a pas cinquante chemins qui y mènent, elle vient se caler près de la porte le temps de la voir passer à nouveau. « Tiens, Adelaïde ? » demande-t-elle, la voix pourtant pleine d’amertume quand elle observe la brune et que son espits s’envole jusqu’à ce passé commun, où les deux filles n’avaient aucun secret l’une pour l’autre, ou presque. Alors, Gretchen pince les lèvres, détourne le regard, commence à douter des raisons qui l’ont poussées à venir vers elle ce soir, ignorant la façon dont cet échange pourrait se dérouler. Cela faisait des années qu’elles n’avaient plus donné signe de vie l’une à l’autre, grande amitié brisée par la naissance d’un couple qui n’avait pas réussir à tenir. « Moi qui pensait ne jamais te revoir. Tu as bien changé, je vois que tu entretiens tes cheveux. » Petite pique qui ne passera sûrement pas inaperçue, mais c’est plus fort qu’elle. La blonde, même si elle ne veut pas l’admettre, n’a jamais pu guérir de cette relation partie en fumée.
Sujet: Re: I guess the devil's back |ft Adelaïde Mer 23 Oct 2019 - 15:40
« Alleeez s'il te plait, viens ! Tu verras, après deux, trois... ou quatre verres, tu vas t'amuser j'en suis sûre ! Tu vas pas me laisser y aller toute seule ? » Voilà ce que j'ai entendu toute la semaine. Mon amie est coriace, je savais qu'elle ne lâcherait pas l'affaire malgré mes nombreux refus. Pourtant, j'ai fini par céder. Pas par envie, seulement par dépit. Les gens qui m'entourent pensent c'est une manière de me changer les idées, d'aller à des fêtes et me bourrer la gueule. Ils pensent que ça me fera aller mieux et moi, à tort, je les laisse se conforter dans cette idée. C'est ma façon à moi de cacher ce qui se passe réellement. De cacher le fait que ma descente aux enfers est réelle et que je n'ai aucun moyen de remonter. J'ai beau avoir toujours eu le courage et la force de gérer les épreuves, j'ai l'impression que celle-ci est insurmontable. Quoi qu'il en soit, j'ai accepté d'aller à cette fête et je ne peux plus faire demi-tour. En plus, elle m'a obligée à enfiler une robe dans laquelle je ne me sens pas du tout à l'aise d'ailleurs. On arrive un peu tard devant la maison de nos amis, j'entends déjà la musique et un bruit de fond qui m'annonce déjà que ce n'est pas la petite soirée tranquille que mon amie m'avait promis. Je lui lance un regard mauvais alors qu'elle fait la fière. Maintenant qu'on est là, on ne va pas repartir. Juste le temps de trouver les hôtes de la fête parmi la foule pour les saluer et je me rends directement dans la cuisine pour attraper une bière. Je sens que je vais beaucoup le faire, ce chemin jusqu'à la cuisine. Je songe même à rester posée ici pour la soirée, mais mon amie attrape déjà mon bras pour m'attirer avec elle vers les autres invités dans le salon. Heureusement, ou malheureusement, une voix se met en travers de notre chemin. Celle de... « Gretchen ? » Mes yeux s'écarquillent lorsque mon regard se pose sur elle. Ce n'est qu'une demi surprise. Je savais qu'elle était de retour à Bowen, merci les réseaux sociaux, mais je ne m'attendais pas du tout à la revoir de sitôt. Ou même à la revoir tout court. Je souris ironiquement à sa remarque sur mes cheveux. « Oui, faut croire que les gens évoluent. Et toi, tu es... toujours vivante. Et tu n'as pas changé. » Une manière de lui rendre la pique qu'elle vient de lancer. Mais sa tignasse blonde et son visage de poupée en témoignent, je l'aurais reconnue entre mille. « T'es revenue à Bowen pour de bon ? » Je ne sais pas quoi penser. Plus je la regarde et plus je me sens submergée par un tourbillon d'émotions que je n'arrive pas à déceler. Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis plusieurs années. A l'époque, notre relation s'est brisée d'un seul coup en brisant une partie de mon cœur au passage et je dois avouer que je n'ai jamais totalement réussi à faire le deuil de cette relation qui était si spéciale.
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Sujet: Re: I guess the devil's back |ft Adelaïde Lun 28 Oct 2019 - 19:24
I guess the devil's back
Les deux jeunes femmes semblaient être à peu près dans le même état d'esprit. Gretchen remarqua la surprise déformer à peine quelques secondes le visage d'Adélaïde tandis que le sien affichait une moue des moins jolies, mais peu importe. Elle essayait actuellement de faire le tri dans son esprit, de se rappeler quand était-ce la dernière fois qu'elles s'étaient vues pour savoir à quel point le commentaire d'Ade était désagréable. Alors comme ça, elle était toujours la petite adolescente blonde de l'époque ? Celle qui n'avait pas encore son propre style et un caractère quelque peu refoulé pour éviter de ne faire fuir le reste de personne à ses côtés ? C'était effectivement vexant comme réplique, mais Greta n'était pas du genre à arrêter de penser après avoir franchi la limite du bout de son nez. Souriante, elle venait de trouver un nouveau divertissement. « On a bien essayé de me tuer mais il paraît que je suis trop coriace. » s’exprime-t-elle, reprenant sa posture droite loin du mur, son air hautain reprenant trop vite le dessus. C’était si facile en même temps quand on passe notre vie à plus d’un mètre quatre-vingt du sol, surplombant sans cesse de pauvres âmes esseulées. Haussant les épaules, son sourire finit tout de même par se perdre légèrement tandis qu’elle se rapprochait de son ancienne meilleure amie. « Pour de bon, oui, c’est ce qu’on dit. » Il y avait bien cet amertume, et en même temps, elle avait envie de pardonner. Deux sentiments contradictoires qui la poussèrent à passer ses bras autour des épaules d’Adelaïde pour lui donner une accolade amicale avant de s’écarter, mettant à nouveau entre elle cette distance instaurée depuis des années. « Et toi, tu n’es jamais partie. » commente-t-elle, son regard fixant désormais la brune de haut en bas, la jugeant ouvertement. Et dire que quand elles étaient jeunes, elles s’imaginaient encore amies, à faire les quatre-cent coups, vivant dans une grande colocation toutes les deux, les petits-amis restant à la porte parce que leur monde à elles était mieux que tout le reste. Gretchen avait mis longtemps à se remettre de leur séparation amicale et brutale. Disons que quand c'est arrivé, elle était persuadée qu'elle ne s'en sortirait jamais sans sa brune, et elle avait remis en question toute sa vie. La seule raison qui l'avait poussée se battre était cet amour inconditionnel pour son ex, mais elle n'avait jamais compris que c'était la raison même de ce lien perdu entre les deux filles. D'ailleurs, rien ne prouvait qu'elle aurait abandonné son couple pour leur amitié, si le choix lui avait été donné. Sa famille avait même essayé de lui faire comprendre ses erreurs, et elle les avait tous cru, sans exception, et avait rompu, perdant tout à tour les personnes les plus chères à son cœur. Certes, après Adelaide il y avait bien eu une ou deux autres amies avec qui elle pouvait parler peines de cœur et masturbation sans avoir honte, mais aucune relation n'était comparable à celle du duo Adelen. « Tu sais quoi ? On devrait prendre un peu de temps pour discuter de nos vies. Je suis sûre que tu as un millier de trucs à me raconter. » lance finalement l'allemande, jetant un clin d'oeil à son amie, bien qu'elle ait le sentiment qu'elles ne parviendraient jamais à recoller tous les morceaux. Qui sait, si elles n'essayaient pas, elles ne sauraient jamais, pensait la blonde alors qu'elle cherchait déjà du regard un coin tranquille où s'installer.
Sujet: Re: I guess the devil's back |ft Adelaïde Dim 3 Nov 2019 - 15:40
Ça fait bizarre de la revoir, qu'elle soit là juste devant moi. Je ne sais pas vraiment comment réagir, tout simplement parce que je ressens des émotions totalement contradictoires qui n'ont aucun sens. Une partie de moi est heureuse de la voir, de pouvoir lui parler à nouveau après toutes ces années sans nouvelles. Et l'autre partie me redonne ce goût amer que j'avais eu lorsque notre amitié a brutalement pris fin. J'ai envie de la serrer dans mes bras puis une demi seconde plus tard, j'ai envie de lui cracher des méchancetés. Oui, c'est étrange et je suis déstabilisée par sa présence même si j'essaie de garder cet air détaché. Je n'ai pas envie qu'elle m'atteigne encore, qu'elle atteigne mon cœur comme elle l'a fait à l'époque sans même le savoir. « Tu m'étonnes, j'imagine que t'en as encore pour longtemps à emmerder le monde. » Une remarque accompagnée d'un sourire plus taquin qu'autre chose, même si je cherche quand même à lancer des piques aussi désagréables que les siennes. Et alors qu'elle s'approche de moi, me surplombant du haut de ses talons, je me sens toute petite mais surtout, je sens mon cœur qui tambourine un peu trop fort dans ma poitrine. Pourtant je ne me démonte pas, je soutiens son regard tout en lui demandant si elle est vraiment de retour à Bowen. Sa réponse laisse s'échapper de mes lèvres un léger rire ironique. Elle finira probablement par disparaître à nouveau, comme elle l'a déjà fait, que ce soit pour suivre quelqu'un ou pour toute autre chose. Puis il y a cette accolade et le temps d'un instant, j'ai cette impression qu'on pourrait tout recommencer, repartir de zéro, se redécouvrir. Impression qui disparaît au moment même où elle réinstaure cette distance entre nous. Je recule d'un pas à mon tour, je me sens étouffée lorsqu'elle est trop proche de moi. Je remarque son jugement lorsqu'elle affirme que je ne suis jamais partie. Mon regard se fait plus noir et je bois une gorgée de bière pour éviter d'exploser. « C'est vrai. Il y a ma famille et mes amis ici, je n'ai aucune raison de m'en aller. » Une façon implicite de lui dire que moi, je n'abandonne pas les gens, contrairement à elle. Parce que oui, j'ai clairement vécu son départ comme un abandon. J'ai été blessée au plus profond de moi lorsqu'elle a choisi l'amour plutôt que notre amitié alors qu'on prévoyait déjà de passer notre vie ensemble. On faisait des plans sur la comète, on se voyait déjà dans cinq ans, dans dix ans et plus. Voilà où on en est aujourd'hui, à se parler avec cette amertume qui plane dans l'atmosphère. Je voudrais fuir, retrouver mon amie et continuer la soirée de mon côté. Oublier qu'elle est là, l'oublier tout court. Pourtant, je hoche la tête positivement lorsqu'elle me propose de prendre un moment pour discuter. Se raconter nos vies, comme si on pouvait passer au-dessus de tout ça et redevenir les amies que nous avons été. Je n'y crois pas une seule seconde, mais j'accepte. Il faut croire qu'elle a toujours un peu de pouvoir sur moi. Alors j'attrape son bras et je l'attire avec moi vers une des chambres de la villa. Voilà un endroit tranquille pour discuter, mais parler de quoi au juste ? Je reste debout près de la fenêtre, dos à elle et silencieuse pendant quelques secondes avant de briser ce silence et laisser sortir ces mots qui me brûlent la langue. « Ça fait combien de temps qu'on ne s'est pas parlé, Greta ? Deux ans, deux ans et demi ? » Je me retourne enfin pour lui faire face, plantant mon regard dans le sien. « Tu penses qu'on va juste s'asseoir tranquillement ici et parler de nos vies comme si de rien était ? » Recoller les morceaux, c'est ça qu'elle veut ? Je doute que ce soit vraiment possible.
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Sujet: Re: I guess the devil's back |ft Adelaïde Lun 23 Déc 2019 - 12:54
I guess the devil's back
Le reproche lui file droit dans le cœur, et même si elle ne veut pas le montrer, son sourire faiblit, son regard affiche une lueur bien différente de ce qu'elle affichait jusque là. C'était donc cette image que tous avaient d'elle, même Adélaïde ? Ce n'est jamais agréable voir que sa présence est pour les autres un parasite, pire, que vous êtes le parasite vous-même. Intérieurement, Gretchen a envie de laisser exploser sa colère, de faire comprendre que non, elle n'est pas là pour emmerder le monde, mais c'est le monde qui fait tout pour l'emmerder. Et bizarrement, prendre conscience de tout ça l'attriste, lui donne envie de baisser les bras encore une fois. Pourtant, elle s'était relevée de toutes les merdes qui lui étaient tombées dessus. « Ouais, même morte j'reviendrais hanter les gens. » Si y'a bien un truc qui est certain, c'est ce même propos. Même morte, elle serait là pour petre insupportable, pour qu'on se rappelle d'elle comme la pire peste pouvant exister sur Terre. A une époque, elle aurait réfuté tout cela, préférant qu'on se souvienne d'elle comme une fille agréable et talentueuse, mais ça n'avait jamais été le cas. Même gamine, elle avait été la pire des garces, à toujours faire des conneries pour attirer l'attention. Les seuls moments où elle était à peu près supportables étaient ceux où elle dormait, ou elle était sur scène, ou quand elle était amoureuse puisqu'elle se retrouvait mielleuse et bien plus sereine pour aborder le futur. Et comme une cause amenait toujours une conséquence, les répliques s'enchaînaient entre les deux jeunes femmes, plus cinglantes les unes que les autres. Et plus ça allait, plus Greta se sentait perdre confiance, redevenant la petite fille qu'elle était à leur époque. Ouais, bien sûr qu'Ade avait une famille, des amis. Qui sait, peut-être même que contrairement à toi Greta, elle a trouvé l'amour et elle a des gosses, ou elle projette d'e, faire après le mariage. Gorge serrée, son regard fuit, elle sent qu'il n'y a plus rien à sauver, ou presque. Elle a déconné, là, et l'amertume de la conversation se transforme peu à peu en tension. C'est peut-être la jalousie, au final, qui lui donne envie de se poser et discuter. Ou peut-être qu'elle espère apprendre que non, c'est pas si simple pour elle, et qu'elles sont sur le même pied d'égalité, leur prouvant que tout était mieux quand elles étaient encore là pour se soutenir. Seulement, elle s'attendait pas à ce que la brune lui attrape le bras pour qu'elles aillent s'isoler. Se moquant bien du regard des autres, elle se mit à la suivre, fermant la porte derrière elles par réflexe, pour éviter qu'on ne vienne les déranger. Après avoir retiré ses talons, la blonde s'assoit sur le bord du lit, trop peu confortable pour elle. Elle sort un chewing-gum de son petit sac, se met à le mâcher alors qu'elle observe la déco, avant de se laisser tomber dos sur le lit, le silence la tuant à petit feu. Seulement, elle se redressa quand Adelaïde se fit plus tranchante dans ses propos, l'instinct de défense se manifestant sur son visage qui affichait une mine fermée. « Y'en a qui y arrivent, à recoller les morceaux. » lance-t-elle d'une voix morne, poussant un long soupir agacé au passage. « Me fais pas la morale sur les deux ans et demi d'absence, Ade. J'te signale que t'as pas non plus cherché à me recontacter. » Si facile de dire ça, de trouver des excuses pour pas prendre toutes les responsabilités de cette relation ratée. Et dire qu'elle pensait qu'elles pouvaient encore s'entendre, était-ce vraiment fichu ? « De toute façon, on aurait fini par arrêter de se parler un jour ou l'autre. »lance-t-elle, amère, ne croyant pas un seul mot de ses propres paroles. Yeux baissés, elle concentrait désormais son regard sur les bracelets qui s'agitaient sur sa peau. « Et dis pas le contraire, tu sais que c'est vrai. » Ses yeux bleus remontent un peu, juste pur entrapercevoir celle qui fut jadis son amie. C'était ridicule, que de nier, et pourtant, elle espérait encore que ça pourrait marcher.
Sujet: Re: I guess the devil's back |ft Adelaïde Dim 29 Déc 2019 - 9:10
Même si je ne le montre pas, ça me fait mal au cœur tous ces reproches et ces piques lancées entre nous. C'est plus fort que moi, c'est comme si j'avais besoin de lui lancer des méchancetés, de la blesser. Par esprit de vengeance peut-être, pour le mal qu'elle m'a fait à l'époque, ou alors tout simplement pour voir si elle accorde encore un peu d'importance à ce que je dis. Pourtant, elle reste plantée là avec son air hautain, perchée sur ses talons, ce regard noir que je connais si bien. Elle n'a pas changé, elle ne montre rien, se contente de répondre à mes remarques et moi, je fais comme si son attitude ne m'atteignait pas alors que c'est tout le contraire. On se retrouve très vite dans une des chambres de la villa, enfermées toutes les deux. Je regrette presque aussitôt d'avoir accepté sa proposition d'aller s'isoler pour discuter parce que je sais pertinemment qu'on a rien à se dire. Pourtant, après tout ce temps passé loin l'une de l'autre, on devrait avoir de quoi faire, mais je n'ai aucune envie de faire comme si de rien était. Si elle veut vraiment discuter, il faut aller directement dans le vif du sujet. Je soupire lorsqu'elle dit que certains arrivent à recoller les morceaux. C'est donc ça qu'elle veut. J'ignore comment elle compte s'y prendre, mais si elle pense que tout pourra redevenir comme avant sans qu'on ait la moindre explication, elle se trompe sur toute la ligne. Les reproches fusent, chacune se renvoie la balle. « Tu t'es barrée brutalement du jour au lendemain, tu croyais quoi ? Que j'allais te courir après ? Avoue juste que t'avais pas envie d'être recontactée. » Je m'appuie contre le rebord de la fenêtre en croisant les bras, déjà agacée par la tournure que prend cette conversation. C'est encore pire lorsqu'elle dit qu'on aurait fini par arrêter de se parler. Ces mots me font l'effet d'un coup de poignard, surtout lorsqu'elle en rajoute une couche en me demandant de ne pas dire le contraire. Je reste silencieuse pendant quelques secondes sans la quitter des yeux. « C'est vraiment ce que tu penses ? C'est comme ça que tu voyais notre amitié ? Comme quelque chose qui se terminerait forcément un jour ? Alors qu'on parlait d'avenir et de toutes les choses qu'on aurait fait plus tard, ensemble ? » Le ton que j'emploie est calme mais beaucoup d'amertume se dégage de mes mots. Je contourne le lit pour aller m'asseoir à côté d'elle et je lui fais relever la tête avec ma main pour qu'elle me regarde, parce qu'elle n'est même pas capable de soutenir mon regard. « Tu penses vraiment ce que tu dis Gretchen ? » Malgré tout, au fond de moi, j'espère enccore qu'elle change de discours, qu'on puisse se retrouver, discuter, partager, comme avant.
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Sujet: Re: I guess the devil's back |ft Adelaïde Lun 13 Jan 2020 - 4:55
I guess the devil's back
Gretchen aurait voulu nier, et d'ailleurs, elle s'apprêtait à le faire avant de se rappeler qu'Adélaïde avait raison. Si elle avait pris ses bagages et volé jusqu'en Allemagne, c'était bien pour fuir le monde, fuir ses amis, même les meilleurs, changer de vie du jour au lendemain pour oublier qui elle était et redevenir une autre. Une autre que personne ne semblait apprécier autant qu'ils auraient dû, parce qu'elle l'a mérité. Voilà comment elle voit les choses et ce dont elle a réussi à se persuader après tant d'années. Et au fond, elle savait qu'elle avait fait les mauvais choix. Dire non à un mariage, ce n'est pas compliqué. Peut-être que ça fout votre couple en l'air, mais ça aurait été moins douloureux que ce départ brutal qui lui avait fait perdre sa meilleure amie. Elle avait beau tenter de se souvenir des bons moments avec elle, elle n'y parvenait pas, parce qu'elle regrettait ces années de joie, où elles étaient sur leur petit nuage, rien que toutes les deux. C'est un grognement de honte qui s'échappe de ses lèvres plutôt que des paroles. Quelle conne. Elle ne voulait pas avouer ses torts à voix haute, préférait continuer à croire que tout était de la faute d'Adelaïde. Mais où avait bien pu passer la Gretchen qu'on aimait pour ses sourires, sa joie et sa voix ? Visiblement partie, envolée dans un monde dont elle ne reviendra pas. Parce qu'elle a tout foutu en l'air, et que ça va mal à cause de ça. Alors elle ferme les yeux, pince les lèvres, respire par les narines pour tenter de se calmer. L'alcool dans son sang est peut-être minime mais il suffit à lui faire perdre les pédales avec la fatigue. La voix d'Ade lui parait lointaine, mais elle rouvre les yeux pour la regarder s'installer à côté d'elle. Un instant, ce rapprochement lui provoque des frissons de peur et de soulagement. Elle regarde la brune, la seule brune qu'elle voulait dans sa vie à cette époque, et se force à retenir ses larmes quand elle frôle son menton pour qu'enfin elle se regarde. D'ici, le brun de ses yeux est plus intense et plus brillant à cause de la lumière de la pièce, en opposition avec le bleu froid des siens, qu'elle détestait souvent face à sa meilleure amie. Non, elle secoue la tête négativement pour dire que non, elle ne pense rien de tout cela. Mais c'est plus facile de repousser les gens qu'on aime. C'est plus facile d'être seule que d'avoir à affronter la vérité. Elle reste immobile à la regarder, à la jalouser sur chacun des traits de son visage. Elle n'a pas l'air fragile, au contraire, elle a l'air forte. Bien plus qu'à l'époque, à moins que tout ça ne soit qu'une immense mascarade. « On aurait rien pu faire ensemble. » Elle souffle cette phrase à demi-mot, amère. Plus contre Ade, mais contre l'amour qui lui avait tant tordu les tripes, cet amour que tous détestaient, parce qu'elle était trop jeune, parce qu'il était trop vieux. Tu mens comme tu respires. Elle lève le bras, emprisonne avec douceur le poignet de la brune entre ses doigts pour s'assurer que tout ça c'était bien réel et pas le fruit de son imagination. « Tu le détestais. Je l'ai toujours vu dans ton regard, mais j'ai jamais compris pourquoi. J'avais mal de savoir que tu pensais comme tout le monde. » Une larme roule le long de sa joue. Elle peste contre elle même et tourne la tête, relâchant la main d'Ade pour venir essuyer sa joue lamentablement. « Je préférais partir que d'avoir à faire un choix entre mon mec et ma meilleure amie. » Sa gorge la brûle d'avouer une telle chose. Elle ne se rendait pas compte que c'était vrai, que si elle avait épousé celui qu'elle aimait, son amitié avec Adelaïde n'aurait pas survécu, et si elle avait refusé cette amitié, c'était pour briser son couple. Partir, c'était briser les deux, mais ne pas avoir à affronter un tel choix.
Sujet: Re: I guess the devil's back |ft Adelaïde Sam 29 Fév 2020 - 10:26
D'aussi loin que se souvienne Adelaïde, Gretchen a toujours été difficile à cerner. Avec le temps, elle avait réussi à la comprendre parce qu'à l'époque, elles se connaissaient par cœur toutes les deux. Aujourd'hui, plus que jamais, elle a l'impression d'être face à une inconnue. Evidemment, elle se sent soulagée lorsque la blonde secoue la tête à la négative pour répondre à sa question, mais elle sent bien que le but de Gretchen est de la repousser. C'est son truc ça, repousser les autres. On aurait rien pu faire ensemble. Ces mots lui font une nouvelle fois l'effet d'un coup qu'on lui assène. Elle savait que ces retrouvailles n'allaient sûrement pas être courtoises, mais elle n'imaginait pas non plus que son ancienne amie serait aussi dure. Elle la regarde emprisonner son poignet dans ses doigts, contact qui la fait frissonner et ravive tout un tas de souvenirs qui viennent s'installer dans son esprit. Les paroles de la blonde prennent enfin sens quand elle parle de sa relation de l'époque, qu'Adelaïde ne voyait pas d'un très bon œil. « J'ai jamais pensé comme tout le monde, tu le sais très bien. » Ce n'était pas le fait qu'elle soit trop jeune pour lui qui la dérangeait et elle est persuadée que Gretchen connaît la vraie raison, même si elle se rend compte aujourd'hui qu'il y a eu beaucoup trop de non-dits dans leur relation. Elle a mal de voir cette larme couler sur la joue de celle qui a été la meilleure amie qu'elle n'a jamais eu, elle a envie de la prendre dans ses bras, de la consoler, mais elle a le sentiment que ce n'est pas son rôle. Plus maintenant. Et quand elle entend la suite de sa phrase, elle se lève pour lui tourner le dos, impossible de rester en place. « C'est trop facile de dire ça. Je t'ai jamais demandé de choisir entre lui et moi. » lance-t-elle sur un ton trop dur, beaucoup plus agressif qu'elle ne l'aurait voulu. « J'avais juste peur que tu me laisses de côté, que tu m'oublies... » Elle finit par se retourner pour lui faire face une nouvelle fois, pour prononcer ces mots gorgés de vérité. « Mais t'as fait pire. Tu m'as abandonnée. » Essuyant à son tour une larme qui descend lentement sur sa joue, elle reprend sa place initiale à côté de la blonde et cède finalement à l'envie de la serrer dans ses bras. « Tu m'as tellement manquée Gretchen. » Et elle resserre son étreinte, submergée par une tonne de sentiments contradictoires, mais surtout par le soulagement d'avoir retrouvé celle qu'elle a autrefois aimé plus que personne d'autre.
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Sujet: Re: I guess the devil's back |ft Adelaïde Ven 20 Mar 2020 - 9:13
I guess the devil's back
Elle ne sait pas quoi répondre, parce qu'évidemment qu'Adélaïde a raison. Elle le sait, et Gretchen ne va certainement pas en débattre tout de suite. Même alcoolisée, elle n'a pas le goût du risque, pas avec la brune. Elle mourrait d'envie de retrouver leur relation d'antan et pourtant, elle avait l'impression qu'à cause d'elle, tout était perdu. Même revenir au point de départ semblait être une mission de trop grande ampleur pour elles deux. T'es fière de toi, Gret ? « Je sais, pas besoin de me le rappeler. » C'était aussi une des raisons pour lesquelles elles s'entendaient bien. Si Ade s'était occupée de ce que les autres pensaient, elle l'aurait laissée depuis bien longtemps, mais elle ne l'avait pas fait. Peut-être parce que l'attachement qu'elles se portaient l'une et l'autre était encore plus indéfinissable que ce qu'il aurait dû être. Meilleures amies, mais pas que. Sauf que Gretchen n'arrive pas à mettre un mot sur cette partie de leur relation, peut-être parce qu'elle a le cerveau trop alcoolisé, peut-être parce que nier est toujours plus simple, et parce que si elle avait vu les choses sous cet angle à l'époque, les choses se seraient déroulées d'une façon bien différente. Alors elle la regarde lui tourner le dos, et prend conscience de la façon dont toutes les deux ont changé. A l'époque, elles étaient deux adolescentes aux idées flous, maintenant elles sont deux femmes avec des convictions. « Je t'ai jamais oublié. » Elle jugeait utile de le préciser, jusqu'à ce qu'Ade avoue la vérité sur ce qu'il s'était passé, et qu'elle eu l'impression d'avoir été plantée d'un couteau dans le cœur. Nerveuse, Greta se demande si ce n'est pas mieux de s'enfuir pendant qu'il est encore temps. Elle pourrait franchir cette porte, ne plus se retourner et aller se consoler de ses peines avec on ne sait qui. Sauf que franchir la porte, c'est abandonner à nouveau Adélaïde, et cette pensée l'émeut à nouveau. Elle s'enfonce un peu plus dans ce matelas, la tête baissée de honte. Elle s'apprête à répondre, à s'excuser, mais il n'y a rien à dire. Au lieu de mots, ce sont les gestes qui parlent. Une étreinte, plus forte que ce qu'elle aurait espéré. La blonde pousse un soupir de soulagement, et après quelques secondes d'hésitation et de tremblements, referme ses bras autour de la brune, comme si tout ce temps ne s'était pas déroulé. Comme si la serrer dans ses bras pouvait les faire se retrouver vraiment. Mais non, elle sait que ce ne sera jamais le cas. Elle l'a abandonnée, elle ne se le pardonnera jamais. Pourtant, elle n'a pas envie de bouger de là. Ses mains dans le dos de son amie se veulent réconfortantes, puis douces quand elles se laissent aller à la découverte de sa chevelure. « Toi aussi, Ade, tu m'as manqué. » Elle observe le mur derrière, les larmes roulant sur ses joues, alors que son cœur bat à un rythme effréné. Et y'a l'alcool aussi qui se promène dans son sang, qui remonte son chemin jusqu'à son cerveau. Sauf qu'elle ne voit pas flou à cause de ça mais à cause des larmes, et ça la fait se sentir ridicule. « J'ai jamais eu l'intention d'accepter mon mariage. J'aurais dit non le jour venu. » Elle dit ça d'une voix plus sûre qu'elle ne l'aurait espéré. Lèvres pincées, elle s'écarte un peu pour regarder son amie dans les yeux en souriant faiblement. Venant lui essuyer une larme sur la joue du bout du pouce, elle est partagée entre la rancœur et le pardon. « J'aurais fini par tous vous décevoir. Je ne pouvais pas combler les attentes de tout le monde. » Elle secoue la tête, sachant pertinemment qu'elle n'aurait jamais dit ça si elle était sobre. « Mais je n'arrive pas à regretter mon départ. L'Europe, ça m'a ouvert les yeux sur beaucoup de choses et j'en avais besoin. Même si ça m'a fait mal d'être loin de toi, c'était mieux. Parce que j'aurais fini par tout renvoyer chier un jour, et je t'aurais fait encore plus mal qu'en prenant l'avion. » Elle parlait, sans réfléchir, sans savoir où elle voulait elle-même en venir. Mais au moins, c'était dit. Et c'était ce qu'elle pensait.