Glitter in the Air (Maxwell)

Les premiers jours à Bowen semblait être plus facile que ce que tu ne pensais. Aino était heureuse de te revoir. L'école se présentait bien, même si tu avais une enfant à surveiller et tu avais même réussi à trouver un plan si jamais tu voulais fumer un peu de temps en temps. Il y avait juste la maison de tes grands-parents qui te rendait un peu triste puisqu'elle te rappelait trop de souvenir, mais tu arrivais à faire avec. En marchant dans les rues du la ville, tu passais devant un magasin de musique, qui exposait un merveilleux Stradivarius. Le violon de tes rêves. Tu avais appris le solfège en autodidacte, mais tu n'avais pas encore la folie d'acheter un violon et d'essayer de suivre des cours sur internet, en regardant des gens expliquer comment en jouer. C'était ta façon de faire. Pour l'admirer un peu plus, tu décidais d'entrer dans le magasin, relativement vide, il n'y avait qu'une jeune femme qui contemplait une partition, tu t'approchais d'elle, doucement. « Vous sauriez la jouer ? J'ai toujours aimé cette partition même si l'adaptation au violon est magnifique ! » ajoutais-tu un grand sourire aux lèvres. Tu allais trop facilement vers les autres, certains n'étaient pas toujours à l'aise avec toi. Si elle t'envoyais balader, tu le prendrais bien, au contraire, tu ne pouvais pas toujours être aimé. Contrairement à toi qui aimait tout le monde, enfin, dans la limite du possible. Si on te prenait pour un con ou qu'on te parlait méchamment, tu ne te laissais pas marcher sur les pieds. Pour ça tu devais remercier le caractère un peu ronchon de ta sœur.

Tu lui avais fait peur. Elle ne s'attendait peut-être pas à ce que tu vienne lui parler, mais tu ne pouvais pas t'adresser à quelqu'un d'autre puisque vous n'étiez que tous les deux dans le magasin. Ta demande la laissait perplexe, elle devait hésiter, mais l'idée d'être prise sur le coup devait lui faire peur. « Je couvre vos arrières ! » affirmais-tu dans un grand sourire. Oui, tu allais faire le guai au cas où quelqu'un se pointerait. Après tout vous étiez quand même dans un magasin de musique, non pas dans un café ou un bar avec un accès libre au piano. Tu avais déjà connu plusieurs endroits comme ça aux States mais pas encore ici. Après, tu n'arrivais que maintenant et tu n'avais pas encore pris la peine de faire le tour de la ville. Elle s'installait au piano, jouant quelques notes pour commencer et reproduisant la partition à l'identique. « C'était si mélodieux.. » déclarais-tu doucement, te laissant glisser à ses côtés. Tu ne savais pas où était le gérant, ou la gérante, mais le bruit ne semblait pas l'avoir fait apparaître, peut-être l'occasion

Tu étais toujours assis à côté de la jeune femme, ne la quittant pas du regard alors qu'elle semblait s'emporter contre elle même pour ne pas avoir été à la hauteur de ce qu'elle attendait. Tu ne comprenais pas trop ce que ça pouvait lui apporter de râler ainsi mais ça te faisait sourire. « Je n'ai pas dit parfait à ma défense, il est difficile même pour les plus grands d'avoir une représentation parfaite ! » Tu savais que les plus grands noms du piano avait déjà fait des erreurs. Tu ne pouvais pas dire que ça leur arrivait souvent, mais c'était possible. Un peu de trac, un mauvaise nuit de sommeil. Il y avait plusieurs facteurs possibles, après tout on était immunisé contre toutes distractions. « Moi j'en suis satisfait. » Tu lui offrais un sourire, elle ne devait pas se mettre dans tous ses états pour si peu. Ce n'était pas la fin du monde pour toi et malgré les fausses notes parfois, tu étais pleinement satisfait de sa mélodie. Si elle te voyait jouer du piano elle serait sûrement fière d'elle, mais puisque tu ne savais pas jouer, on ne pouvait pas dire que c'était quelque chose de difficile. « Enchanté Ania, je suis Maxwell Eklund et vous pouvez m'appeler Max ! » Tu lui tendais la main pour attraper la sienne. Déposant un rapide coup d'oeil sur ses ongles. Tu n'étais pas un fétichiste des mains, tu aimais les voir peinturées de manière original. Ce n'était pas Aino qui s'amuserait avec tout ça et ce n'était pas toi qui lui proposerait une idée pareil. Elle te prendrait soit pour un fou, soit pour un homo, même si c'est très cliché et probablement vexant pour eux.

Ta main était toujours dans la sienne. Tu ne quittais pas son regard et tu n'arrêtais pas de sourire. C'était troublant pour toi, tu avais envie de te perdre dans son regard. Elle avait de très beaux yeux, ainsi qu'un doux visage. « Ce n'est rien ! » Tu t'étais mis à rire en reposant ta main sur ton genou. Elle avait l'air toute gênée de la situation. D'habitude c'était toi qui te retrouvait dans cette situation. C'est toi qui était timide, toi qui était gêné par tes gestes, par tes mots. Toi qui pensait beaucoup trop de choses en quelques fractions de secondes. « Très bien alors ! » Ça n'allait pas être trop difficile pour toi, tu étais même encore étonné de la vouvoyer, alors que tu avais tendance à être beaucoup trop familier très rapidement. « Non, à vrai dire j'aime beaucoup le piano, ainsi que le violon. J'ai l'oreille pour ça mais je n'ai jamais eu l'occasion d'apprendre à vrai dire. » expliquais-tu doucement. Tu aurais aimé apprendre, mais tu n'avais jamais eu les moyens. Et quand tu avais travaillé, tu t'étais dit que tu attendrais de gagner plus encore. Bientôt peut-être que tu prendrais des cours, mais tu n'étais pas encore certain pour le piano alors que le violon, tu n'attendais que ça.

Elle s'était levé et tu ne l'avait pas quitté du regard, curieux de savoir où elle se dirigeait, reconnaissant le petit livre qu'elle attrapait. C'était celui qu'elle parcourait quand tu étais entré dans le magasin. « Je serais ravi d'apprendre alors ! » Il ne fallait pas te le dire deux fois. Si tu avais l'occasion d'apprendre quelque chose qui te faisait envie, alors tu fonçais et tu profitais. Ce n'était pas tous les jours que tu pourrais prendre des cours, autant profiter tant qu'elle était motivée et que le vendeur était absent. Tu ne savais pas si ici aussi il y aurait des pianos en libre service comme tu avais pu en voir à New-York. « Ha oui ? » demandais-tu naïvement. Tu ne savais pas pourquoi tu lui avais demandé si c'était vrai, elle n'avait pas de raison de mentir sur ça. Mais tu trouvais ça attachant de partager un de ses souvenirs d'enfance. Tu n'avais pas eu la chance d'avoir d'aussi beaux livres. Les tiens venaient des vieux magasins, souvent en très mauvais états. Mais tu avais toujours fait avec. Elle se replaçait à côté de toi, remerciant le fait que tu connaissais le solfège. Effectivement c'était un atout pour toi. C'était bien pour ça que tu avais l'oreille musicale et éviter une perte de temps et d'argent dans des cours. Le solfège avait un certain coup, même si aujourd'hui, tu aurais sûrement dépensé toutes tes économies pour le connaître. Tu regardais ses doigts glisser sur les touches en mémorisant chaque place. Après quoi elle ouvrit le livre pour prendre une partition. Au clair de la lune, tu avais su la jouer à la flûte. Un classique. Mais au violon et au piano, tu ne connaissais pas. Mais tu allais vite apprendre, pour ça, tu avais un très bon pressentiment. « Très bien. » Tu hochais la tête, posant ton regard un instant sur elle pour lui faire un joli sourire. Après quoi, tu posais tes doigts sur les touches, les enfonçant une à une pour reproduire la mélodie voulue. Pas sans difficultés. C'était une questions de coordination, il fallait retenir une suite de note pour ne pas trop regarder la partition, se souvenir de l'emplacement et de rendre ça fluide. C'était moins beau s'il y avait un battement d'une minute entre deux notes. « Alors ? » demandais-tu en relevant ton regard vers elle, gardant tes doigts en suspension au-dessus du clavier.

Ce n'était pas parfait. Tu le savais, par rapport à elle tu manquais d'assurance, de pratique. Tu mettais du temps à regarder la partition, à te souvenir de l'endroit de la touche et à appuyer dessus. Autant dire que la fluidité ce n'était pas encore ça. Mais elle t'encourageait, te disant que ce n'était pas trop mal, que tu te débrouillait assez bien. Tu esquissais un sourire, assez fier de toi. « J'ai une bonne mémoire visuelle, par contre demain j'aurais tout oublié ! » Bon peut-être pas demain, tu exagérais un peu. Mais il était clair que si tu ne pratiquais pas assez souvent, tout finirait par s'effacer de ta mémoire. Elle était assez mauvaise, pour ne pas dire celle d'un poisson rouge, parce qu'il te fallait plus d'un tour de bocal pour oublier. Après, quand tu étais amoureux, c'était différent. Tu t'emballais, tu t'imaginais de grand film et bien sûr tu n'oubliais jamais les femmes auxquelles tu t'étais attachée. Tu les traînais avec toi comme des casseroles. « Oh.. » Tu fis un sourire amusé à sa remarque. Tu n'avais pas eu le sentiment d'appuyer si fort que ça mais tu n'avais pas son toucher, tu n'avais pas son expérience non plus. « Je vois. » Sa remarque était amusante, comme si tu caressais un chat. Tu ne savais pas d'où lui était venue cette comparaison, mais elle semblait gênée à présent. Ce qui la rendait d'autant plus charmante à tes yeux. « Comme ça ? » demandais-tu en appuyant sur les notes qui suivaient dans la mélodie qu'elle avait entamé pour te montrer.

Tu ne quittais pas son regard, absorbé par elle, par sa beauté, par ce qu'elle dégageait. Un sourire ne quittait pas ton visage et il était encore plus large que le précédent à chaque fois que tu regardais ses yeux. « Pour ça, il faut posséder un piano. » ajoutais-tu doucement. C'était assez compliqué de pratiquer quelque chose sans le posséder. Et tu n'avais pas de piano chez toi. Tu aurais aimé en avoir un, mais ce n'était pas tellement dans ton budget. Puis ce ne serait pas possible de venir s'entraîner tous les jours dans le magasin. Tu te demandais encore où pouvais bien se trouver le propriétaire, en priant pour qu'il traîne encore afin de passer un peu plus de temps avec la jeune femme présente. Tu appuyais sur les touches, en même temps qu'elle, délicatement comme elle te l'avais expliqué quelques secondes plus tôt et elle approuvait ton geste. C'était de mieux en mieux. Tu appréciais vraiment le moment que tu passais ici et encore plus quand tu avais une jeune femme avec toi. « Alors ne t'arrêtes pas ! » soufflais-tu, un fin sourire aux lèvres, tournant les pages du livre à la recherche d'une autre mélodie dans le même ton que la première. Si vous étiez dans un film romantique, ça aurait été un parfait moment pour échanger un baiser avant que le gérant ne revienne et que vous preniez chacun une route différente. Mais vous n'étiez pas dans un film et la réalité faisait que tu étais timide. Tu avais le sentiment de perdre tous tes moyens. « Profitons pendant que le gérant n'est pas là. » Ton choix s'arrêtait enfin et tu glissais tes doigts sur le piano pour en jouer les premières notes, prouvant ainsi que tu avais bien retenu les premières leçons données par la jeune fille.