toi, moi et ce futur bébé (shawn&tala)

T’attendais ton tour. T’avais rendez-vous dans une dizaine de minutes. T’étais terrifiée. Quelques jours. Juste quelques jours que tu l’avais annoncé à Shawn. Ton amour. Dur et longue soirée. Qui s’était fini calmement. Dans les bras l’un de l’autre. T’pouvais pas lui en vouloir de ne pas être là aujourd’hui. Là. Assis à tes côtés. Comme ce couple juste en face de toi. Le sourire jusqu’aux oreilles. Le ventre déjà bien rond. Ils se disputaient presque déjà pour le prénom du bébé. Un autre couple de l’autre côté. Moins grosse. Plus jeune. Et pourtant ils étaient là tous les deux. Ils avaient l’air si heureux. Et toi. T’étais là. Toute seule. Shawn n’était pas là. Tu lui avais laissé le choix. Tu lui avais donnée la date, le lieu et l’heure du rendez-vous. Il avait le choix. Venir ou pas. Ton nom qui résonne dans la pièce. Tes mains qui tremblent. T’as envie de prendre tes jambes à ton cou. Partir. Partir. Retrouver les bras de ton amour. Mais non. T’devais rentrer dans cette salle. Cette salle blanche. Trop lumineuse. Trop joyeuse. Cette salle qui accueillait des dizaines et des dizaines de mère chaque jour. Tu trouvais pas ta place ici. On te demande de t’allonger là sur ce lit. Tu t’exécutes. Silencieuse. On te demande si tout vas bien. Oui. Tu parles rapidement. Des nausées. De ton appétit augmentait. Elle prend note. « vous voulez qu’on attende deux minutes encore le papa ? ». Comme pour remuer un peu plus le couteau dans la plaie. « non il viendra pas ». Que tu murmures. Non il viendra pas. Elle pouvait commencer. Le gel froid sur ton ventre. Ton ventre à peine bombé. Si léger que seulement toi est réellement capable de t’en apercevoir. Elle te dit des trucs. T’comprends pas. T’comprends rien. Tu t’en fiches. T’veux pas regarder. T’veux pas regarder, cet écran. Où ton bébé apparaît. Encore si petit. Encore si peu rien. Premier ossement qui apparaît. Il ressemble à un p’tit quelque chose. D’après le médecin qui te fait l’échographie. Tout va bien à ce qu’il paraît. Mais toi. Toi. Tu regardes pas. Ta tête tourner de l’autre côté. Tes larmes qui coulent doucement en silence. Tout vas bien qu’elle te demande. Non ça va pas. Tu t’essuies le ventre. Elle te donne les images. Ce papier brillant. Un truc contre les nausées. Et te voilà repartit. Un message à Shawn. T’as fini. T’espère qu’il viendra au moins te récupérer. Les images dans ton sac. T’as même pas voulu encore les regarder. Mais t’sais que tu finiras par craquer. T’essaye de te mettre en tête. Que tu le portes seulement. Qu’il ne sera pas à toi. T’en convaincre. Pour arrêter de t’y attacher trop. Tu passes les portes de l’hôpital. Et tu attends. Quelques minutes. Et bientôt t’vois sa voiture apparaître. Tu fonces. Tu t’engouffre dans le véhicule. Tes lèvres se posent sur sa joue. Doux baiser. « merci d’être venu me chercher... ». Que tu lui murmures.

Quoiqu’on puisse dire, tu avais appris la survie dans l’égoïsme. Dur hun ? Du coup, oui tu étais égoïste. Un égoïsme bien à toi. Tu te souviens ce soir où elle t’avait annoncé être enceinte. Elle t’avait parlé d’un rendez-vous. D’emblée tu avais su que tu n’irais pas. Pire, tu n’avais même pas pensé devoir y être, pouvoir y être. Alors vouloir y être c’était tout autre chose. Tu avais donc simplement pris l’information. C’était le rendez-vous de Tala. Pas le votre. Le temps passait. La crainte de la décevoir te rongeait. Tu le savais, avec un autre, ça aurait été différent. Mais avec un autre ça n’aurait pas été aussi intense qu’entre vous deux, non ? Plus le temps passait depuis cette fichue annonce, moins que tu arrivais à te conforter dans tes faits et gestes. Impulsif que tu étais tu avais fini dans ta voiture direction Tala. Ou plutôt l'hôpital où Tala avait rendez-vous. C'était mieux énoncé comme ça. Pourtant, toi tu roulais vers elle. Tu te ne savais pas vraiment si elle t’en voulait de ne pas être venu. En attendant tu espérais la rattraper. Ton téléphone vibrait. Tu as aperçu un message d’elle. Elle venait de finir. Tu étais dans les temps. Plus très loin. Pourquoi étais-tu là ? Quitte la décevoir autant ne le faire qu’à moitié. Certainement. Tu ne voulais pas la laisser seule. Aussi. Tu étais inquiet. Mort de trouille. Tu voulais la surprendre, lui faire plaisir. Toujours. Tout ça à la fois. Perplexe tu n’as même pas eu le temps de voir les traits de son visage que déjà elle s’était installée près de toi. Elle t’a embrassé à ta joue. Elle n’était pas furieuse contre toi. A sa voix tu savais que ça n’allait pas pour autant. Tu as coupé le contact. « Ça va aller ? » Ça faisait tellement longtemps que tu ne l'avais pas vu heureuse, pétillante. Tu avais échoué de ce côté-là. Tu n'aidais en rien. Tout était trop nouveau pour vous certes mais tout de même ! Tu as pris sa main, entremêlé tes doigts aux siens, laissant ton pouce caresser le dos de sa main.

T’sortais de l’hôpital. Echographie de passer. T’savais même pas à quoi il ressemblait. T’voulais pas voir. Non. Tu te refusais de le voir. Il n’était pas à toi. Il ne sera pas à toi. Tu le portais. C’est tout. Dur pensée et pourtant présente. Il n’était pas là. Pas là à tes côtés. Et t’lui en voulais pas. Non t’pouvais pas lui en vouloir. Cela t’était impossible. Il avait fait son choix. Et tu l’acceptais au fond de toi. Même si t’aurais aimé l’avoir avec toi. Puiser un peu de courage en lui. Être rassurée. Terrorisé comme tu l’étais. Mais vous n’étiez pas un couple de parent heureux. Vous n’étiez pas ce genre de couple que t’avais eu en face de toi ou à côté. Vous étiez deux. Toi et lui. Et il y avait juste ce bébé au milieu. Vous n’étiez pas trois. Vous étiez deux plus un. Toute la différence. Ce n’était qu’une âme de plus pour quelques mois. T’allais pas bien. T’le savais. Et pourtant t’essayer de faire comme si ça allait. Tu sors. Ton message envoyé à Shawn. T’espérais au moins qu’il sera là. Là pour te récupérer. T’avais peur. Et t’voulais pas rentrer toute seule. Non. T’voulais rentrer avec lui. T’l’aime. Trop. T’as tellement besoin de lui. Sa voiture qui t’apparaît. T’es heureuse. Il te fait plaisir. Il fait ce pas que tu voulais qu’il fasse. Ce geste vers toi. Tu grimpes dans la voiture. Un baiser sur sa joue. Il coupe le contact. Sa voix dans l’habitacle. Qui arrive à tes oreilles. Non. Oui. T’sais pas. T’hausse les épaules. Un soupir de plaisir qui s’échappe de tes lèvres quand sa main prend la tienne et vos doigts qui s’entremêlent. Un sourire au coin de tes lèvres. « oui, non, j’sais pas… ». Tu marques un temps de pause. Tu le regardes pas forcément. Mais tes doigts qui jouent avec les siens. Rassurant. T’veux qu’il sache tout. Même s’il n’en a pas envie. S’il ne le désire pas. « je…j’ai pas regardé, j’ai pas voulu regarder cette petite chose, j’avais la tête tournée tout le long… il va bien…je vais bien… ». De ta main libre. T’attrape l’enveloppe dans ton sac, qui contient les images de l’échographie. « là-dedans, il y a les images de notre bébé… ». Tu l’as pas fait exprès. C’est sorti tout seul. T’te mord la lèvre inférieure. Peur d'avoir dit une bêtise.

Oui.  Non. Elle ne savait pas. Toi, tu pensais que ça n’allait pas. Ou plutôt, tu sentais que ça n’allait pas. Elle n’aurait pas hésité sinon. Elle avait plusieurs raisons d’aller mal. A commencer par cette épreuve de la première échographie qu’elle avait vécue. T’excuseras-tu seulement ne pas avoir été là ? Ce n’était pas certain. Tu n’y arriverais pas. Pourtant autant tu avais été certain ne pas vouloir en être, autant tu n’étais pas à l’aise avec l’idée de l’avoir abandonné. C’est ce que tu as fait. Du moins tu avais abandonné cette partie enceinte de Tala. Tu maintenais ta main dans la sienne comme pour témoigner de ta présence. Après la tempête. Oui, mais tu étais là quand même. Tu donnais un sens à ta présence, toi. C’était tout ce qui comptait. Et puis tu voyais bien que ça faisait sens pour elle aussi. Sinon tu te serais certainement pris une gifle. Tu la regardais. Tu l’écoutais. Elle allait bien. Ils allaient bien. Tu ne retenais simplement qu’elle allait bien. Tu étais définitivement trop concentré sur elle. Mais elle était ton tout. « Tu aurais aimé.... regarder ?! » C’était important. Tu connaissais la réponse. Sinon elle ne se serait même pas confiée sur ce détail. Elle était éteinte. Elle en souffrait. Elle avait lutté. Tu le voyais sur ses traits. Elle semblait avoir honte. Tu étais la cause de tout ça Shawn. Elle te montrait une enveloppe. Elle a prononcé des mots forts. Elle venait de passer un quart d’heure avec un médecin qui lui parlait de son bébé. Difficile de ne pas le prendre comme tel. Elle t’incrustait dedans. Elle avait raison. Factuellement c’était le cas. Dans ta tête, ça ne l’était pas encore. « Tu ferais un truc pour moi ? » Tu la regardais, comme si tu n’avais rien entendu de ses dires. Pourtant tu n’en avais pas loupé une miette. Mais tu n’étais pas prêt à voir tout ça. Tu n’y donnerais pas le même sens qu’elle, si tu acceptais d’ouvrir cette enveloppe. Elle y verrait votre enfant. Toi tu ne que du blanc sur fond noir. Ou l’inverse. Tu as pris une inspiration certaine avant de lui dire. « Si on passait le reste de la journée ensemble, rien que tout le deux... sans fœtus, ni boulot. Juste toi et moi. On oublie tout ça, on en parle plus… rien qu'aujourd'hui.. une dernière fois..» Pitié. Oui c’était dur ce que tu lui demandais. Mais elle te manquait vraiment, et tu avais l’impression qu’une fois qu’elle fera connaissance avec ses images tout changerait, une fois encore. On pourrait croire que tu voulais une dernière journée avant de la quitter. Une journée d’adieu. C’était le cas, en quelque sorte. Tu voulais juste être le centre de son monde une dernière fois. « .. tu.. » Ta mâchoire s'est contractée avant de te reprendre. « On les regardera ce soir, si c'est vraiment ce que tu veux. » On selon sa volonté uniquement. Ta volonté à toi, n'y était pas forcément. Mais encore une fois pour elle.

T’as trouvé en Shawn, ton amour. Ton premier vrai amour. Pas le plus tranquille. Pas le plus simple. Non c’est violent mais tendre. C’est digne des montagnes russes. Mais comme des aimants vous vous retrouvez toujours. Rendant votre amour un peu plus fort à chaque fois. Votre passion l’un pour l’autre plus intense. Se détester pour mieux s’aimer. Vous avez passés beaucoup d’étape. Trop peut-être. Mais celle-ci. Celle-ci. T’as eu peur. T’as peur que ce soit celle de trop. Il était là aujourd’hui dans cette voiture. Venant te chercher. Alors que tu viens de passer un moment important en ce lieu que tu déteste. Toute seule. T’as vu des couples unis et heureux là-dedans. Et inconsciemment tu les as enviés. Il est là. Mais sera-t-il encore à tes côtés. Demain. Dans trois mois. Dans neuf mois. Quand tu deviendras énorme. Que tu deviendras de mauvaise humeur. Que tu contrôleras plus tes pleurs et tes rires. Hormones en l’air. Sera-t-il là quand tu le mettras au monde. Tu avais tant besoin de lui. Même si t’savais parfaitement qu’il ne le voulait pas ce gamin. Qu’il tolérait cela juste pour toi. Tu ressentais le besoin de le sentir prés de toi. Présent. Avoir son soutien et son amour. T’sais pas si t’es capable. Capable de continuer s’il t’abandonne. Mais ce sera trop à ce moment-là. Oui t’aurais aimé regarder. Pourquoi lui mentir. Il le sait déjà. Il te pose la question. Mais il connaît la réponse. Hochement de tête positif. « oui shawn j’aurais aimé regarder, mais j’peux pas m’attacher un peu plus à ce bébé… ». Non t’peux pas. Il ne t’appartiendra pas. L’enveloppe qui se pose devant vous. Les images de votre bébé. Tu l’avais mis dans le lot. Dans ta phrase. Inclus dedans. Tu l’interroges du regard. Tout ce qu’il veut. T’étais capable de tout pour lui. Sa main toujours dans la tienne. Précieux contact que tu chérissais. Une dernière fois. Ça sonnait mal dans ta tête. Comme un adieu. Comme un en revoir. Tes sourcils qui se froncent un instant. T’aime pas entendre ces p’tits mots dans sa bouche. Il se rattrapa. On, regarda les photos ce soir. Si c’était ce que tu voulais. Alors oui t’allais lui accorder sa journée. T’ferais tout pour lui. Vraiment tout. Tant que tu le gardes près de toi. Vous deux. Tu poses ton regard sur lui. Un petit sourire naquit sur tes lèvres. Tu lâches sa mains un instant. Le temps d’attraper son visage et de l’embrasser. Tes lèvres sur les siennes. T’en mourait d’envie. Plaisant. Agréable. Doux. Rassurant. T’aimerais ne jamais quitter ses lèvres. Les garder pour toi. Rien que pour toi pour l’éternité. Nouveau souhait égoïste. Tu finis par détacher tes lèvres des siennes. Ton front sur le sien. Tes yeux fermés. « je ferais tout ce que tu veux…emmène-moi où bon te semble…j’te suivrais…on oublieras le temps d’une journée… ». Tu marques un temps de pause. Tu rouvres les yeux. « tant que tu me promets que ce ne sera pas la dernière fois… ». Tu veux qu’il te rassure. Qu’il ne te laisse pas dans le doute de sa présence auprès de toi. Il te fera peut-être une promesse qu’il ne tiendra pas. T’en sais rien en fait. Mais tu gardes l’espoir.

Elle aurait aimé. Elle le reconnaissait et il n’y avait aucun mal à ça. Mais des mots prononcés c’était le meilleur moyen de rendre les choses réelles. Ce n’était plus que dans ta tête maintenant. Tu le savais tu devais te préparer à ce qu’elle garde cet enfant. Tu te demandais même si ce n’était pas ce qu’elle attendait de toi. Que tu la pousses à se battre. La clé c’était peut-être toi. Si elle n’y croyait pas assez tu pourrais certainement renverser la tendance. Mais tu en es incapable. La réalité était là. C’était trop demandé. En à peine une semaine en plus. S’attacher un peu plus disait-elle. Tu n’as pas mis de mots sur ce que tu pensais. Le jour elle le sentira  bouger ce fœtus par exemple. Ne risquait-elle pas de s’attacher encore plus ? Elle était faible tu le voyais bien. Faible comme petit cœur tendre. Comme toute mère, voilà tout. Ses lèvres aux tiennes, tu n’avais pas espéré un tel engouement après avoir énoncé ton caprice. Parce que oui c’était un caprice égoïste. « ..une dernière fois comme avant. Avant toute cette histoire.. » Tu sais les moments où vous n’aviez pas à  vous soucier de ce qu’elle avait en elle, de ce que sera le futur. Oui, à l’époque où seul votre amour tordu et puissant compte. Toi pour elle. Elle pour toi. « Qu’on le veuille ou non ça changera forcément des choses. Ça fait peu de temps, et j'ai déjà l'impression que rien est déjà plus comme avant. » Vous ne parliez que de ça ou presque. Elle était dans un état émotionnel pas très bon. Et tu avais l’impression que tu lui infligeais tout ça. Elle avait l’impression de t’infliger aussi, certainement. Son corps allait changer sous peu. Ce sera forcément difficile de le voir. Le voir se sera le réaliser.  En bref, ce fœtus avait déjà fait sa place entre vous. C’était ridicule quand tu pensais à son stade de développement. Tout ce que tu essayais de lui dire c'est qu'elle te manquait. Plus égoïste tu meurs.

Il savait. Il voyait. Il avait bien conscience dans quel état tu étais. Emotionnellement parlant. En partie en tout cas. T’lui dis oui que t’aurais aimé le voir ce bébé. Ce fœtus. Si petit encore. Si peu rien. Mais ça il le savait déjà. A ta façon d’être. De parler. Il le savait. T’veux juste vivre l’instant présent avec lui. Maintenant. T’sais pas ce qui se passerait dans une semaine. Deux mois. Quatre mois. Neuf mois. Tout un tas de truc va changer en toi. Et t’es terrifié à cette simple idée. Cette simple idée qu’il te regarde changer et te rejette. Qu’avais tu fais. Qu’aviez-vous fait pour que le sort s’acharne ainsi sur vous deux. T’voulais pas t’attacher de plus à ce bébé. Car il n’allait pas être à toi. Il sera le fruit de vous deux. De votre amour. Mais il ne sera pas vôtre. Il sera celui d’un autre. Tu t’étais fait plus ou moins à l’idée. Disons que t’essayais de t’y faire. T’savais ce que lui voulait. T’le savait très bien. Il te voulait que pour lui. Il ne voulait pas de ce bébé entre vous. Et pourtant il était là. Et ton p’tit cœur fragile. N’avait pas pu se résoudre à le tuer. Attachement. D’une mère à son bébé. Seule une femme comprenait. Tes lèvres sur les siennes. T’voulais lui montrer. Lui montrer que tu lui en voulais pas. Que tu l’aimais. L’aimais plus que tout. Il voulait passer un moment avec toi. Cette journée en ta compagnie. Sans penser. Sans parler. De ce fœtus. Tu ferais n’importe quoi pour lui. Alors oui, t’lui permettais cette journée. Il devait juste te promettre que ce ne sera pas la dernière fois. Ces mots qui te terrifient. Tu soupirs à ses mots. T’as bien conscience que cela changera forcément les choses. Mais tu l’aimerais toujours. T’aimera-t-il toujours ? Tes yeux qui se ferment. Doucement. « oui rien ne sera comme avant, on le sait tous les deux…c’est un bébé et un bébé change forcément les choses ! ». Tu rouvres les yeux. Et tu plantes ton regard sur lui. Suppliant. « tu m’as demandé à passer la journée comme avant, je te l’ai accordé alors allons-y ! s’il te plaît ! on en reparle ce soir…je veux juste profiter d’être avec toi d’accord ! s'il te plaît ! ». T’avais aussi besoin de te retrouver avec lui. Oui ce bébé sera toujours entre vous. Il l’est déjà. Ce n’est pas un objet que tu pouvais mettre de côté et le reprendre plus tard. Alors oui il sera au milieu. Mais pour l’instant, il n’était qu’une petite chose qui se voyait pas. Alors avant que tu deviennes une baleine, que ton ventre même devienne un obstacle. Vous pouviez encore faire comme s’il n’était pas là. Profiter de lui tant qu'il veut encore de toi. Avec espoir qu'il veuille de toi encore longtemps. Tu l'espérait oui. Égoïstement.

Comme avant. Avant dans vos jours les plus beaux, les plus roses. Cela allait de soi. Au moins vous étiez d’accord. Un bébé ça change forcément les choses. Elle n’avait pas mâché ses mots. Elle avait raison. C’était peut-être qu’une grossesse en ce moment mais au fond c’était bel et bien un bébé. Elle t’a supplié. Peut-être que ton caprice n’était en fait qu’un besoin partagé ? Contrairement au besoin de Tala de traverser tout ça accompagné. Y’avait-il là un déséquilibre entre vous ? Pourtant tu ferais tout pour elle. Tout sauf ça, on dirait bien. Tu restais un homme et tes peurs étaient immenses. Tu ne voulais pas te poser la question de l’équilibre entre vous. C’était encore une fois te rendre fautif. Du coup, tu l’as simplement embrassé. Glissant ton index sous son menton. C’était ton initiative. Tu étais allé la chercher et ça faisait déjà trop longtemps que tu ne l’avais pas fait. Tu as fini par redémarrer, sans trop savoir vers où. « Squatter la baie.. ça te plairait ? » A l’évidence il vous fallait un endroit où vous pourriez vous retrouver seuls. Tu ne voulais pas des festivités en ville quelles qu’elles soient. Tu n’aimais pas trop ça. Tu as vendu dans ce genre d’évènements, d’ailleurs. Mais ce n’était pas le sujet. « De quoi grignoter, ton bikini, toi et moi.. rien que ça. » Avais-tu dis comme pour préciser ta pensée. Peut-être que ce plan ne lui conviendrait pas. « .. à moins que tu n’aies une autre idée ? » Lances-tu intrigué, avec ce petit sourire malicieux et surtout curieux. Cela faisait longtemps que tu n’avais pas autant sourit. Pourtant si il y en avait bien une pour te faire sourire c’était elle. Il n’y avait qu’auprès d’elle que tu oubliais tes démons. Du moins jusqu’à l’annonce de la grossesse. On n’avait pas dit qu’on oublierait la grossesse pour aujourd’hui ?!

Faire comme avant. Repartir quelques semaines en arrière. Comme si de rien n’était. C’était maintenant qu’il fallait le faire. Maintenant. Avant que tu ne deviennes trop grosse pour faire comme si ce bébé n’existait pas. Comme si tout cela n’avait jamais été. Juste lui et toi. Juste ce moment entre vous deux. T’en avais besoin. Il avait l’air aussi d’en avoir besoin. Ces quelques heures arrêtées dans le temps. Où il ne restera plus que vous deux. Envolés le bébé. Envolé la peur. Les désaccords. Alors oui tu voulais lui accordés cette journée entre amoureux. Cette journée sans parler ni évoquer ce bébé. Vous pouviez le faire. Aujourd’hui. C’était encore possible. Bien que ton ventre commencé à peine à se bomber. A peine visible. Il était possible de l’oublier encore. Tu lui fais comprendre que t’en as besoin. Alors quand il t’embrasse. Lui. Pas toi. Lui. Qu’il faut ce pas vers toi. Ce geste vers toi. Que son index se glisse sous ton menton. T’es heureuse. Heureuse de ce geste inattendu à cet instant de sa part. Un sourire qui naquit timidement sur tes lèvres. La baie. L’endroit idéal pour vous retrouver que tous les deux. Respirer. Loin de l’effervescence de la ville. Loin de vos chez vous respectifs. Juste deux âmes. Deux âmes qui s’égarent. Et qui pour quelques heures ont envie de se retrouver. Tu retrouves ce petit sourire sur ses lèvres. Enfin. Il t’avait tellement manqué. Tes doigts qui caressent ses lèvres doucement. Son sourire. Son si beau sourire. Il est tellement beau. « non, c’est parfait, j’te suivrais n’importe où…tant qu’on peut juste profiter tous les deux d’un moment… ». Tu plantes ton regard dans le sien. Presque un murmure. « tant que je revois encore ce si beau sourire, que je n’avais plus vu depuis bien trop longtemps…tant que je peux encore te rendre un semblant heureux.. ». Un sourire qui se dessine sur tes lèvres. T’le lui offre. A lui. Lui. Ton amour.

Le but était donc de profiter égoïstement, une dernière fois. Vous étiez d’accord là-dessus. C’était confortant. Vous aviez développé en un an une sorte de dépendance de l’un pour l’autre. Malgré les cris, les pleurs, les envolées de vaisselle, les mots blessants, les manquements. On pourrait tous penser que rien ne pouvait se mettre sur votre chemin tant votre relation était spéciale. « Je suis bien, là.. » C’était nul de l’entendre douter de ses capacités à te rendre heureux. Tu n’étais pas un semblant heureux avec elle. Tu étais heureux. Tes périodes moroses n’étaient pas dues à elle. Sauf quand vous vous arrachiez c’était certain. Mais au final elle était toujours celle qui te confortait. Tu as été à deux doigts de lui dire qu’elle ne souriait que très peu, elle aussi. Du moins ces temps-ci. Mais tu n’as rien dit. Tu t’es rappelé votre résolution de la journée, et ça t’a suffit. « T’as b’soin qu’on fasse un saut chez toi ? » Les filles c’était toujours plus pointilleux que les mecs, sait-on jamais. Le programme incluait baignade, alors tu voulais t’assurer que tout se passerait comme elle le voulait. Comme pour te donner bonne conscience. Tu quittais le centre-ville et finalement tu lui as dit. « Je t’y dépose, je nous récupère à manger, et je reviens te chercher ? Qu'est-ce t'en penses ? » Oula ça pouvait sonner comme un faux plan. Tu la déposes et tu ne reviens jamais. Tu fuis loin. Tu changes d’identité, et comme ça elle pourra choisir de garder l’enfant. No way ! Cela dit tu finissais par prendre conscience de ça. Tu as rit légèrement, puis tu as ajouté, taquin. « Je te laisse mes papiers d’identité en otage, si ça peut te rassurer. C’est pas un plan tordu… »  Jamais avec elle. Ce n’était pas possible. Tu finissais perdant quand tu étais loin d’elle. Tu l’avais vite compris. Tu t’étais souvent dit qu’elle avait son jumeau, elle. Toi à part elle tu n’avais personne. Ton tout c’était elle.

Accord sur une journée à deux. Sur une journée à profiter juste de l’instant lui et toi. Vous n’aviez pas la vie de couple la plus tranquille et la plus saine. Non. Parfois les cris résonné entre les meurs. La vaisselle volée à travers la pièce. Les mots partaient plus vite que vos pensées. Blessant. Les larmes coulées. Les ruptures. Un vrai manège à sensation votre histoire. Et le plus important. Oui le plus important dans tout cela. C’était que vous vous aviez. Malgré tout ce que vous pouvez faire pour vous détestez. Vous vous aimiez. Et c’était cela. Cet amour qui comptait. La vie ne vous a fait aucun cadeau. Ni à lui. Ni à toi. Elle a pas fait de vos vies des instants facile. Et vous étiez encore là. Là. Tous les deux. Ensemble. Prêt ou pas à vivre d’autre étape. D’autre obstacle. T’étais heureuse de le voir sourire. T’ne l’avais plus vu sourire ainsi depuis ce fameux soir. Alors t’lui dis. Le rendre un semblant heureux. T’savais pas au fond si tu le rendais complètement heureux. Tu l’espérais. Toi. Il te rendait heureuse. Malgré tout. Malgré tout ce qui s’était passé. Et ce passait. « Je suis bien, là.. »  . Ces quelques mots qui te parviennent à tes oreilles. Réconfortant. Il est bien là. Un sourire qui se dessine sur tes lèvres. Oui tu devais récupérer ton maillot de bain et quelques trucs. Tu hoches donc positivement la tête. Alors qu’il redémarre la voiture. Et quitte le centre-ville. Ton regard se pose sur lui. La manière façon de te laisser à ton triste sort. Non t’y croyais pas. Il était pas capable de t’abandonner ainsi chez toi. En te faisant croire une chose pareille. Il était venu te chercher jusque-là. Ce n’était pas pour t’abandonner à ton triste sort chez toi. Après t’avoir fait croire que vous alliez passer la journée ensemble. Cela devait aussi sonner bizarre dans sa tête car il rit légèrement. Et t’proposes de laisser ses papiers d’identité. Au cas où, que tu doutes. Tu te mets à rire. A rire de bon cœur. Et tu poses un nouveau regard brillant. Brillant de rire et non de tristesse. « j’te fais confiance t’sais ! pas besoin de tes papiers d’identité..j’sais que t’reviendras ! ». Oui t’le sais. Très bien. Vous avez bien trop besoin l’un de l’autre. Vous vous en rendez compte durant vos séparations. Vous ne pensez qu’à l’autre. Alors t’sais qu’aujourd’hui. A ce moment précis il reviendra. Vous arrivez chez toi. Tu poses de nouveau tes lèvres sur les siennes. Et t’quittes la voiture. T’montes rapidement chez toi. T’rassemble quelques affaires dont tu as besoin. Tu choisis un maillot de bain. Tu l’enfiles. T’t’arrête un instant pour te regarder. Et là, à cette seconde. T’ne vois rien que ton tatouage sur ton rein droit. Ce tatouage qui cache la preuve de ton combat. De la force que tu peux avoir. T’as survécu à un putain de cancer. Il t’a pris un rein. Mais il ne t’a pas pris toi. Alors t’as recouvert cette cicatrice d’un bouquet de rose. Hommage à ton nom de famille. T’envisager de le retoucher un peu. Y rajouter une louve qui hurle à la pleine lune. Mais tes plans sont chamboulés. Alors cela reste qu’un bouquet de rose. Le temps passe un instant. Tu te rhabilles par-dessus. T’es prête. T’redescends. D’abord un peu d’angoisse de pas le voir. Le doute d’une seconde. Et puis il t’apparaît. Tu t’engouffres une nouvelle fois dans la voiture. Tu l’embrasse de nouveau. Et tu reprends place. Et puis t’le regarde. Ton doux regard posé sur lui. Et pour la deuxième en si peu de temps. Comme un murmure dans l’habitacle. « je t’aime t’le sais ? ». Il était là. Là. Près de toi. Alors que ces derniers temps tu as été si proches de le perdre. Mais il est encore là. Auprès de toi. C’est tout ce qui compte à l’instant.  

Tu vois même quand tu doutais, elle finissait par te rappeler qu'elle te faisait confiance. Cela dit, on aurait pu croire à une tentative de fuite. Du moins tu craignais même que cette idée puisse lui venir en tête alors tu avais pris les devants. Tu l'as peut-être pas rassurée, mais tu l'as fait rire. Certes, il y avait de quoi rire aux vues de la situation mais ça t'en avait bouché un coin. C'était agréable de la voir comme ça, hun ? Tu ne pouvais que te languir de cette journée à deux. Tu t'es arrête, elle t'a embrassé avant de disparaître. Ne dit-on pas que les meilleurs choses sont celles qu'on improvise ? Oh que si. Tu t'es arrêté face à une boulangerie, commandé des sandwichs et pâtisseries, puis tu as fait un saut au commerce à côté pour récupérer de la boisson, non alcoolisée forcément. Pas que tu n'en avais pas envie, ou que tu craignais de boire près d'elle mais tu ne voulais pas laisser l'occasion à la grossesse de s'exposer dans votre journée. Des fraises pour la dernière fois cet été, certainement et un peu par hasard d'ailleurs. Bref tu voulais faire vite et bien. Tu ne voulais pas la faire attendre. Une fois tout récupéré, tu as casé ça derrière ton siège pour aller la récupérer. Tu t'souviens de vos beaux jours ? Tu avais l'impression d'être en plein dedans ! « Moi bien plus encore.. » Oui tu le savais. C'était bon de l'entendre. Tu te souviens de la première fois qu'elle te l'avait dit. On te l'avait jamais dit avant elle. Peut-être était-ce arrivé de la part d'une autre fille, mais ça n'avait pas eu le même sens pour toi. Tu ne lui disais jamais que tu aimais l'entendre mais elle le savait certainement. Tu t'es approché d'elle. Tu l'as embrassé. Délicatement, amoureusement, simplement. Et joueur que tu étais, tu as légèrement tiré sur son haut. Joueur. Coquin, oui. « Joli choix.. » Ben quoi ? Tu étais bien le seul à avoir le droit à ce genre de geste. Du moins tu l'espérais. Tu as redémarré. Direction la baie en toute intimité. Tu n'avais même encore eu le temps de contacter un ou deux collègues pour te couvrir aujourd'hui et surtout te remplacer. A croire que ce n'était qu'une formalité. Tes priorités n'étaient pas là aujourd'hui. 

T’lui faisais confiance. Evidemment que oui. Sinon pourquoi seriez-vous encore ensemble depuis tout ce temps. Même si douter à ce moment précis aurait été légitime. Avec ce que vous avez traversé ces derniers jours. Il aurait pu avoir envie de fuir. T’abandonner à ton sort. A l’attendre désespéré devant ton chez toi. Espérant qu’il revienne. Non t’savais qu’il reviendrait. Il ne pouvait en être autrement. Attiré comme des aimants l’un à l’autre. T’te change. Il prend de quoi boire et manger. Journée improvisé à la baie. Journée où il n’y aurait encore que vous deux. Lui et toi. C’est tout. Deux contre le reste du monde. Vous aimez comme il se doit. Profiter tant que vous le pouviez encore. Simplement. Sans artifice. Juste lui et toi. T’enfile ton maillot de bain. Si t’es souvenir son bon c’est  un de ses préférés. Et un de tes préférés à toi. Alors t’espérait qu’il apprécierait la chose. Il était là. Il était revenu te chercher. T’en doutais pas. Ton sourire qui s’agrandit quand il te dit qu’il t’aime bien plus encore. T’as l’impression de revenir en arrière. De faire un bon dans le passé. Dans vos bons souvenirs. Ensemble. Il a été le premier que tu as vraiment aimé. Et tu espères au plus profond de toi. Sincèrement qu’aucun autres garçons viendra le remplacer. Au fond t’sais qu’aucuns ne lui arriverait à la chenille. Aucun ne méritait sa place à tes côtés. Il n’y a que lui. Seulement lui. Il s’approche de toi. Tu lui rends sont baiser. Doux. Amoureux. Simple et naturel. Tu savoures la délicatesse de l’instant. Et puis sa main qui tire sur ton haut. Dévoilant ton maillot de bain. Tu peux pas t’empêcher de rire. Coquin. « j’savais que tu l’aimais celui-là, j’ai fait exprès ! ». T’ferais tout pour lui faire plaisir. Pour le rendre heureux. Il a redémarré la voiture. Tu branchais ton téléphone sur son poste radio. Laissant résonner dans l’habitacle vos musiques. Vos musiques que vous aimiez. Ta tête contre la vitre. Ton regard posé tantôt sur lui et tantôt sur le paysage qui défile. Ton sourire accroché sur tes lèvres. Il y avait quelques temps que tu ne t’étais pas sentit aussi bien. « tu as pris des fraises ? ». T’avais envie de fraise. Tu adorais ce fruit. Et bientôt il n’y aura plus. Saison terminé. T’avais envie de t’en régaler encore un peu. Chanson qui passe que tu aimes. Tu pousses la chansonnette. T’es pas vraiment dans le rythme. Les paroles sont pas forcément exactes. Mais tout ce qui compte c’est que tu te sens bien.   

Malgré tout. Malgré vos disputes. Vos séparations. Votre amour résiste encore et encore. Au milieu de mauvais souvenirs. Il y avait ses bons souvenirs.  Cette nostalgie qui te prenait. Au milieu de vos pleurs parfois. T’voyais vos rires. Vous aviez besoin de ce moment. De cette journée. Etre de nouveau ce couple insouciant. Lui vivait cela comme un dernier moment. Toi t’espérais au fond qu’il ne le soit pas. Qu’il y aura après. D’autre instant comme celui-là. Tu ris quand il regarde ton maillot. Lui seul avait le droit de te faire ça. De poser ses doigts là. Le seul qui mérité. Tu ris. Un rire joyeux. T’avais fait exprès de mettre celui-ci. T’savais que cela lui ferait plaisir. Ton rire se termine en sourire. Tu pensais à lui tout court. Tout le temps. Tout simplement. Il était un pilier de ta vie. Même si votre amour était chaotique. T’avais du mal à voir ton existence sans lui. T’voulais même pas y penser. T’regardais le paysage défilait. Quand tu penses aux fraises. Un de tes fruits préférés. Et il n’y en aura bientôt plus. Il rit à ta question. Son rire qui résonne. T’aime l’entendre rire. C’est tellement plaisant. T’aimerais le capturer et le mettre dans une boite. Pour l’ouvrir et te souvenir. Si un jour il décide de t’abandonner. T’oublier. Egoïstement. « t’es le meilleur ! ». T’avais pensé à lui avec ton bikini. Il avait pensé à toi avec des fraises. T’te mis à chanter. En vrai yaourt. Sans le rythme. Ouais t’étais pas la meilleure des chanteuses. Il te taquine. Et t’exploses de rire. Riant ensemble. Comme si le monde c’était arrêté autour de vous. Le temps. Lui et toi. Rien que vous deux. Egoïste ensemble. « mais non regarde j’chante trop bien ! t’dis des bêtises ! ». Tu chantes encore plus fort et faux. Dans un éclat de rire. Hors du temps. Dans votre bulle. T’aimerais arrêter cet instant. Ces instants. Les graver à tout jamais. Vous arrivez enfin à la baie. « j’aime tellement cet endroit ! c’est vraiment une excellent idée que tu as eu ! ». T’es heureuse. Là. Maintenant. En cet instant.