escape from my dreams | campbell

Il était bien tard, deux ou trois heures dans la nuit, ça n'empêchait pas Andeana de  sortir de son lit pour descendre devant la porte de chez elle, restant bloquée plusieurs minutes avant qu'elle ouvre la porte pour sortir dehors. Jude devait dormir déjà et, ce que faisait Ande pendant la nuit ne devait l'intéresser en rien. La vénézuélienne commençait à marcher, si ses yeux ne faisaient attention à rien autour, son esprit faisait attention à ce qu'aucun problème ne lui arrive par moment, le reste du temps, il rêvait. Il y avait beaucoup de phares dans sa vision, de lumières qui venaient illuminer le visage de la jeune femme, mais qui passaient par coup d'éclair. Dans son rêve ce n'était que des lucioles et elle marchait paisiblement, comme toujours. Dans la vraie vie, c'était des voitures, qui parfois klaxonnaient la jeune femme qui marchait comme un zombie. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait ce cauchemar, ce n'était pas la première fois qu'elle avait une crise de somnambulisme et qu'elle partait flâner sur les routes pour rejoindre un endroit où elle finirait sa nuit ou sinon, elle se réveillerait et chercherait un chemin pour rentrer chez elle le plus rapidement possible. Depuis son retour, ça ne lui était pas arrivée. Plus elle avançait, plus les lumières devenaient violentes pour elle, elle commençait à avoir mal dans tout le corps, sans raison. Elle avait quittée le trottoir pour s'aventurer sur la route, marchant face à personne, si ce n'est que la prochaine voiture qu'elle pourrait croiser finirait sans doute par l'écraser si elle ne l'esquivait pas vite.

Spoiler:

Si elle avait été purement consciente à cet instant, elle aurait fait demi-tour, parce qu'elle n'aurait pas su où est-ce qu'elle allait, malgré ses années qu'elle avait pu passer ici à fouiner dans tous les recoins de la ville avec ses amis. C'était une route qu'elle n'avait prise que rarement, alors retrouver le chemin de sa maison après allait être plus difficile, mais elle l'aurait sans doute connu si elle savait conduire correctement, si les personnes de sa famille ne s'amusaient pas à cacher ses clés de voiture quand elle était plus jeune, de peur qu'elle fasse un accident, parce qu'elle était la pire des catastrophes. Il y eu un bruit strident, puis la fit perdre la tête, elle tournait la tête mais rien et quand elle la repositionnait, il y eut que des phares, qui encore une fois, l'aveuglait. Andeana dans un sursaut se réveillait, le cœur battant la chamade, elle n'avait jamais eu aussi peur de ça. Ses yeux se perdaient dans la nuit, elle tournait sur elle-même histoire de trouver ses repères, mais il n'y en avait aucun. Elle regardait ensuite en face d'elle, puis comprenait mieux la lumière, pendant deux secondes elle avait été proche de la mort et maintenant elle en tremblait. Par reflex, elle posait sa main dessus le capot, malgré que la voiture soit à l'arrêt et qu'elle n'avait pas la force d'Hulk pour l'arrêter si elle était en marche. Puis elle relevait sa main pour la caler au niveau de son cœur, puis recula d'un pas, faut dire que ça ne servait à rien, la personne en face d'elle n'allait pas pouvoir plus avancer que ça. « Oh merde. »  Soufflait-elle, clignant des yeux, elle ne savait pas pourquoi elle sortait ça, ce n'était pas son genre de faire dans les insultes, elle était plutôt calme comme fille, pacifiste, jamais elle ne chercherait les problèmes et pour elle, ces mots étaient sources d'embrouilles. Elle se déplaçait d’un pas sur le côté. « Dé … désolée ... » C’était certain que la personne dans sa voiture n’allait pas l’entendre, mais elle avait quand même prononcé ces mots, on ne pourrait rien lui reprocher. Faut dire qu’elle essayait de parler, mais déjà que ses réveils en tant normal n’étaient pas faciles, alors quand elle se retrouvait là au milieu de nulle part, c’était pire. Mais elle essayait de ne pas trop exprimer sa peur à travers son visage, mais encore une fois, c’était plutôt raté.

Elle n'avait l'impression de n'entendre que son cœur qui battait dans sa poitrine, il n'y avait pas de bruit autour, sauf peut-être celui du moteur qui rugissait encore. Elle ne fit même pas attention à la femme qui sortait de sa voiture, mais bredouillait quand même des mots, au fond, elle avait peur que cette personne lui en veuille parce qu'elle se trouvait là où il ne fallait pas. Quelque part où elle ne savait même pas qu'elle y allait. Au fond, Andeana ne pouvait être que reconnaissante envers cette personne pour l'avoir arrêté dans sa course. La blonde essayait de se contrôler au maximum, des frissons parcouraient son corps, mais ce n'était rien à côté de ce qu'elle voyait. Elle avait bien fait peur à cette pauvre femme puisque celle-ci tremblait et ça mettait la vénézuélienne dans une position désagréable. « Je … euh … non. Je crois pas. » La douleur qu'elle ressentait dans son rêve ne représentait rien de réelle, du moins, après avoir regardé vite fait ses bras, il n'y avait rien. Elle ne lui avait pas dit si elle allait bien, parce que tout simplement elle ne savait pas, elle était toujours un peu perdue, ajouté à ça son réveil des plus fous, elle avait l'esprit ailleurs, encore perdue dans son rêve. Ses yeux se relevèrent vers la femme, elle pouvait identifier sa tête pour la première fois, ne pas regarder que ses mains qui avaient la bougeotte. Cette fois il ne lui était arrivé rien de bien grave, c'était déjà ça. Le nombre de fois où elle se blessait, maintenant elle ne voulait plus les calculer, quand elle était petite cette fille était déjà une vraie catastrophe réveiller, alors endormie, c'était un calvaire. « Je ne veux pas vous déranger plus. Je suis vraiment désolée … pour la frayeur. »  La blonde passait une main sur son front. La gentillesse de l'autre femme la touchait vraiment, elle semblait être une personne adorable, mais elle la dérangeait déjà assez comme ça. « Je vais bien, je vais bien. » Essayait-elle de dire avec un sourire plutôt convaincant, mais ça devait plus ressembler à une grimace. « Il … il est quelle heure ? » Ça ne répondait pas vraiment à l'autre question, si elle devait aller à l'hôpital ou non. Elle ne voulait pas crier sur tous les toits qu'elle était somnambule, bien que ce soit la meilleure solution ici, lui dire au moins à cette femme. Mais c'était comme lui arracher un bras. Ses yeux se reportaient sur des phares au loin puis son cœur s'affolait de nouveau, il ne fallait pas que cette femme ait des problèmes par sa faute. « On … enfin … on peut y aller si vous voulez toujours de moi dans votre voiture … » Andé changeait d'avis très vite, elle était la plus indécise des femmes de ce monde.  

Il se faisait si tard, elle en était presque déboussolée, d'ailleurs son réveil express lui donnait mal au crâne avec une impression de vouloir s'évanouir pour terminer sa nuit, oublier cette phase et se dire que c'était qu'un cauchemar. Mais elle savait que c'était plus que réel, quand elle tournait sa tête pour voir les voitures qui passaient en klaxonnant, elle se disait uniquement qu'il fallait que les gens se détendent un peu, parce que l'autre jeune femme pouvait avoir des problèmes, elle avait mis ses feux de détresse, donc y'avait une détresse. Elle était touchante à dire qu'elle ne pouvait pas la laisser ici, c'est vrai qu'elle aurait sans doute dit la même chose. Mais Ande était grande, elle savait régler ses soucis si elle en créait, elle n'avait pas besoin d'emmener quelqu'un dans sa chute. Pourtant, ça semblait vraiment tenir à l'autre femme, elle se sentirait sans doute plus rassurée, c'était compréhensible. La blonde soupirait, essayant d'ouvrir correctement les yeux, maigre sourire aux lèvres quand elle rentrait dans la voiture avec cette femme, elle ne pensait pas une seule seconde que celle-ci lui voulait du mal. Andeana tourna ses yeux vers sa pseudo-sauveuse, puis eu un coup de stress, elle remarquait qu'elle n'allait pas bien, du moins, physiquement. Qu'elle n'était sûrement pas en état de la conduire quelque part si ce n'est sur le bord de la route. « Oh ... »  Elle qui était d'habitude bavarde ne savait plus quoi dire, elle n'avait pas peur, mais était plus inquiète pour l'autre femme. « Vous êtes sûre que vous pouvez conduire ? Vous avez l'air plus fatiguée que moi. S'en est presque effrayant. »  Disait-elle sur le ton de l'humour pour ne pas qu'elle le prenne mal, elle ne voulait pas la frustrer, la blesser, elle savait que les gens fatigués étaient un peu plus sensible sur les mots. « Je ne pense pas … qu’on est très loin de chez moi … je n’en sais rien. Sinon je vous aurais bien proposé de dormir un peu. » Avoir une mort sur la conscience, très peu pour elle. Elle préférait proposer aux inconnus de dormir chez-elle, ce qui était assez étrange quelque part, mais elle avait vraiment l’air fatigué, ça lui faisait de la peine à la jeune femme émotive. Comment ça se faisait qu’elle conduisait toujours à cette heure-ci ? Ce n’est que maintenant que ça lui percutait l’esprit, elle rentrait peut-être de soirée, elle avait peut-être bu ? Dans quoi Ande s’embarquait si c’était le cas ? Son cœur qui s’était calmé reprenait sa ruade, battant de plus en plus fort, coupant le souffle de la blonde qui se faisait sans doute trop de films.

Pas avoir le choix, c’était dire un peu beaucoup pour la blonde, elle voulait avoir le choix de mourir ou vivre et elle avait l’impression qu’avec chaque personne qui conduisait quand il était fatigué ou bourré ça menait vers la même route. Et la route de la mort, elle ne voulait pas être prête de la croiser. Mais elle avait confiance en cette femme, elle se disait que si elle avait le courage d’enclencher le moteur, alors il y avait une chance pour qu’elle soit suffisamment bien réveillée pour conduire. Même si, Andé savait qu’il y avait des somnambules qui prenaient le volant, elle, elle n’avait même plus de voiture pour limiter les dégâts, parce qu’elle ne savait déjà pas conduire quand elle était réveillée, alors quand elle dormait ça devait être pire. « Oui, vu que je viens de là-bas, je suppose que je dois connaître un petit peu ! » Disait-elle en riant nerveusement, elle ne lui avait toujours pas dit qu’elle était somnambule, c’était étrange de dire de ne pas connaître une route puis d’y venir. Surtout qu’elle allait dans le sens inverse pour y retourner, c’était comme retourner vers ce que l’on fuit. Mais en l’occurrence, elle allait vers ce qu’elle voulait, sa maison, son lit, après tout ça, ce ne serait qu’une mauvaise phase de la journée puis elle n’en sera pas plus triste après, il pouvait tout lui arriver qu’Andeana serait contente. « Ce serait mieux de commencer par-là, oui ! » Son rire reprit de plus belle, elle ne pouvait pas la faire dormir chez-elle, si elle ne retrouvait pas sa maison, c’était d’une logique. La brune rallumait la radio, faisant plaisir à Andeana, au moins s’il y avait des blancs, la musique comblerait ça, surtout que c’était une musique qu’elle adorait, mais elle se retenait de chantonner, même devant des inconnus, elle ne pouvait pas s’en empêcher. La blonde tournait la tête vers la conductrice. Campbell, donc. Elle parlait beaucoup, mais c'était ce genre de personne qu'Andeana appréciait le plus, au moins, il y avait toujours de la conversation. « Oh oui ! Excuse-moi, je tutoie pratiquement tout le monde, mais j'étais … embarrassée, je pense ! Puis pour ton accent, je le trouve magnifique ! » Un faible sourire sur le visage, elle retournait sa tête vers la route avant de reprendre. « Je m'appelle Andeana Joseph ! Mon père est australien, ma mère vénézuélienne, donc … je ne sais pas si j'ai un accent particulier, j'ai si souvent déménagée, mais je suis restée très longtemps au Venezuela, donc l'espagnol revient en force, je présume. »  Elle pourrait parler de sa vie pendant des heures sans s'arrêter, même si ça vie n'était pas des plus intéressantes, il y avait toujours quelque chose à dire. Andé était comme un livre, elle pouvait donner pleins d'informations. « Peut-être que tu as déjà entendu parlé de mon père, il est couturier et directeur d'une entreprise internationalement connu dans la mode. Bon ok, on en entend moins parlé que Christian Louboutin, Karl Lagerfeld et toute la clique, mais assez connu quand même. »  Les mots étaient un peu gros, mais elle ne trouvait rien d'autre à dire. « Et si tu connais pas … bah … au pire, Joseph c'est un nom de famille banal et c'est mon surnom. »  Elle se faisait appeler comme un homme parce que c'était drôle, parce qu'elle se comportait parfois comme, parce que c'était elle, que tout le monde l'appelait comme ça, sans raison valable. « Mais c'est bon, j'ai fini de raconter ma vie ! »  Disait-elle, riant un peu.

La vénézuélienne commençait à parler de sa vie, c'était long et même si elle n'avait pas vécue grand-chose si on enlevait ses deux mariages, elle trouvait toujours quelque chose à dire, parce qu'elle aimait bien raconter sa vie, même aux inconnus. Et elle y arrivait plutôt bien, même après un réveil des plus catastrophiques. Quand elle eut finit, elle écoutait ce que Campbell avait à dire. Elle esquissait un sourire, Andeana avait entendue tellement d'accents que parfois elle les inversait de pays en pays. Mais l'accent américain, elle connaissait, on l'entendait partout alors ce n'était pas vraiment compliqué, elle avait même l'impression qu'à chaque coin de rue, il y avait un américain. Mais Andeana était loin de juger à la nationalité comme certains le faisait et elle était d'autant plus ravie de dire qu'elle connaissait des gens de toutes nationalités et qu'un petit lieu comme Bowen pouvait rassembler autant de monde venant de partout. La brune essayait de se justifier, ce qui faisait rire doucement la petite Joseph, parce que connaître ou non son père ce n'était pas important, elle serait loin de punir quelqu'un ou de lui faire la tête pour ça. Justement, elle appréciait aussi que des gens ne sachent pas de quelle famille elle venait, même si elle venait de lui dire, ça changeait qu'elle n'allait pas la juger à la popularité. « Des études de théâtre ? C'est génial ! J'aurais tellement envie en faire. Tu veux devenir comédienne ? » Sur la scène ou sur l'écran ? Elle avait un tas de questions dans sa tête qui filaient, mais elle ne voulait pas effrayer la conductrice ou la perturber davantage. Bien qu'elle ne savait pas ce qui était le plus dangereux au volant, entendre quelqu'un parler ou parler, elle se posait la question pendant deux secondes avant d'abandonner, dans les deux cas, Andé n'était pas bonne en voiture, la pire des catastrophes. Une famille intéressante et encore, elle n'avait entendue que le côté paternel de l'histoire, elle trouvait la vie de sa mère mille fois plus palpitante, elle enviait sa mère pour la vie qu'elle menait. Pour la première question, elle haussait les épaules, ne sachant pas vraiment quoi répondre. « Je ne saurais trop dire … J'ai toujours vécue avec ça, mais j'essaye de montrer le moins possible que je viens d'une famille influente. Je ne me balade pas avec une voiture de luxe, j'n'habite pas dans une villa et tout ce qui suit. » La blonde ne faisait pas non plus les magasins tous les jours, elle vivait avec le moins de choses possibles. Sans doute parce qu'elle en avait trop eu pendant son adolescence. « Je travaille dans la mode oui ! Je suis designer pour l'entreprise de mon père puis je fais un peu de mannequinat aussi. » Pas besoin de préciser que c'était dans la lingerie, encore moins besoin de préciser qu'elle n'était pas vraiment connue parce qu'elle en faisait assez pour être dans un entre-deux. Pour ne pas que sa famille sache qu'elle se mettait en sous-vêtement et parfois moins et ceux depuis des longues années. « Mh, pour les pays, j'ai dû déménager dans pleins ! J'étais acrobate pour une troupe de cirque avant, ça fait bouger. Mais après le Venezuela je me suis posée aux États-Unis aussi le temps d'une année ou deux, ensuite j'ai été en Angleterre et en France, puis je suis arrivée en Australie et j'y suis repartie ailleurs pour enfin revenir. » Et ça, ce n'était qu'une petite partie de son bordel de vie, elle voyageait très souvent, s'installait souvent aussi, mais puisque le changement la manquait alors elle repartait. Maintenant ce n'était plus le cas à cause de son dos qui la faisait souffrir, mais elle rêvait de repartir. Puis la conversation tournait plus sérieusement, ce qui angoissait légèrement Andeana. Lui mentir ou non ? Ce n’était pas vraiment honnête de mentir à cette femme qui faisait tout pour l’aider. « Euh … bien. » Elle soufflait deux secondes, essayant toujours d’afficher un beau sourire. « À cause d’une crise de somnambulisme. » La blonde passait une main dans ses cheveux avant de jouer avec puis continuait de regarder la route. « Mais ne t’en fais pas ! Je te remercierais jamais assez pour m’avoir arrêté d’ailleurs, même si ce n’était pas de la meilleure de manière, mais c’est de ma faute. » Disait-elle dans un petit rire pour ne pas qu’elle culpabilise, c’était de la faute d’Ande si elle était au milieu de la route. Puis il n’y avait pas de morts, donc tout allait bien. Elle présumait, si on enlevait le fait qu’elles-deux ne savaient pas où elles se trouvaient.

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