#346 keep on moving - ezra

Callie avait presque cru qu'il ne l'appellerait jamais. Non elle ne parlait pas d'un amant d'un soir mais d'Ezraël. Depuis qu'elle l'avait soigné à l'hopital il s'était passé plusieurs jours sans qu'il ne se soit présenté à l'hopital ou du moins n'était pas passé la voir elle. Alors quand il l'avait appelée et lui avait dit de passer en fin d'après midi, elle avait rapidement empaqueté quelques affaires médicales, mis le harnais de son chien, enfourché son vélo et accroché la laisse au guidon puis ils étaient partis tous les deux voir Ezraël quelques pâtés de maison plus loin d'après ce qu'il lui avait dit au téléphone. En plus d'être un examen de routine pour sa blessure, cela allait permettre à leurs deux boules de poils de se rencontrer, ce qui allait sans doute être plutôt drôle. Une fois arrivée à l'adresse qu'il lui avait indiqué, elle monta les quelques petites marches qui permettaient d'accéder au perron de sa maison puis tapa quelques coups contre la porte, accompagnée de Sparky qui grimpait et grattait lui aussi à la porte. « C'est Callie ! »

Plusieurs jours se sont écoulés depuis sa dernière visite à l'hôpital, depuis que Callie lui a donné son numéro et qu'il n'a pas osé l'appeler de peur de la déranger. Il l'a fait ce matin-là, a pris son courage à deux mains et a inscris les chiffres écrit sur ce bout de papier sur l'écran de son portable. En l'attendant, il s'amuse à jouer quelques accords au pif avec sa guitare pendant que, devant lui, Lana semble l'écouter d'une oreille tout en mordillant dans un jouet. En entendant toquer, il s'arrête de jouer et son petit chien se redresse, oreilles relevées. Ezra lui fait signe de rester assise bien sagement, dépose sa guitare sur le coté, puis se lève avant de se diriger vers la porte d'entrée. Il ouvre, découvrant Callie et son chien bien plus grand que Lana. « Hey, t'as réussi à trouver, » dit-il avant de caresser le haut de la tête de celui qui doit être Sparky. Il lève à nouveau vers Callie et se dégage de l'entrée pour la laisser passer. « Tu veux quelque chose ? À boire peut-être ? » Ezra la guide jusqu'à son salon, là où Lana se met à aboyer en voyant l'autre chien arriver. La petite labrador se dirige vers Sparky et se met à lui tourner autour comme pour lui demander de venir jouer avec elle, ce qui fait doucement sourire son propriétaire. Il est totalement fou de cette petite boule de poils, son bonheur à elle est devenu le sien.

Ce n'est que lorsque la musique s'arrêta qu'elle remarqua qu'elle avait été là. Alors comme ça Ezra jouait de la guitare ? Elle ne s'en serait jamais doutée. Elle suivit son hôte jusqu'au salon où elle déposa sa veste et son sac. Bien sûr qu'elle avait trouvé. Ses indications avaient plutôt été précises et puis des maisons au numéro 346 il n'y en avait pas des masses dans le coin ! « Parce que tu doutais réellement de mon sens d'orientation ? » Elle ne put retenir un petit sourire. Elle aimait vraiment bien l'embêter. Alors qu'elle réfléchissait à ce qu'elle allait demander comme boisson, elle fut absorbée par le petit manège des deux chiens. Elle s'empressa de détacher le harnais de son petit golden - pas si petit que ça face à Lana - puis les laissa tous les deux aller se découvrir. Pas une once d'aggressivité, c'était bon signe. Le premier contact était toujours le bon, presque comme chez les humains. « Je vais prendre un thé vert si tu as. » Le laissant préparer leurs boissons, elle explore un peu la pièce et se penche à travers la fenêtre pour admirer le petit jardin. C'était ça qu'elle voudrait elle aussi pour Sparky. Elle l'aurait un jour sa maison avec jardin, elle en était sûre. « Va falloir que tu songes à tondre la pelouse un de ces jours tu sais ! »

Il y a bien des choses que Callie ignore sur Ezra, des choses que très peu de gens savent puisqu'il n'est pas du genre à s'étaler sur sa propre vie devant qui que ce soit. Même si la musique est une passion qu'il a depuis qu'il est gamin, il n'est pas vraiment du genre à se vanter par rapport à son talent pour la guitare et préfère en général jouer pour lui, ou avec d'autres musiciens. À la réflexion de Callie, il secoue négativement la tête. « C'est vrai que si t'es capable de trouver un poul, tu dois bien savoir trouver une maison. » Il rit de sa propre blague, puis s'évade dans la cuisine à la recherche d'une boîte de thés. Ezra allume la bouloir, sort une tasse et un sachet de thé vert, puis vint s'appuyer contre le mur liant la cuisine au salon. « Je viens à peine d'emménager dans cette maison, laisse-moi le temps de défaire tous mes cartons avant de penser à la pelouse. » Il fronce les sourcils, mais a toujours un sourire accroché aux lèvres. Cela va bientôt faire un mois qu'Ezra a commencé à emménager, seul, sans aide. Il a l'impression que jamais il n'arrivera à voir le bout de tous ses cartons. « Et puis, Lana l'aime bien comme ça. Elle sautille dans les hautes herbes comme un kangourou, je ne voudrais pas lui enlever ce plaisir. » Il lève les yeux au ciel, se mordille la lèvre, puis fait demi-tour vers la cuisine. « Excuse de paresseux ! » lâche-t-il avant de plonger le sachet de thé dans la tasse et de la poser sur la table basse du salon.

Elle ne peut s'empêcher de rire à la blague d'Ezra. Elle était plutôt bonne quand même ! C'est vrai qu'elle y avait été un peu fort sur la pelouse. En fait, n'ayant jamais eu à entretenir un jardin, elle ne se rendait pas rééllement compte du travail que ça pouvait entraîner. Mais un jour elle aurait son propre jardin. Elle travaillerait pour et aurait son petit coin de bonheur où bronzer l'été ! « Les cartons je sais ce que c'est... D'ailleurs si jamais t'as besoin d'aide, je pourrais passer et ça me fera un excuse pour t’ausculter ! » Elle accompagne le tout d'un clin d'oeil, bien décidé à lui faire comprendre qu'il pourrait compter sur elle. D'un point de vue médical ou non. L'argument du chien, il savait que ça passerait forcément. Elle ne pouvait qu'être d'accord. Même si oui en même temps ça relevait d'un peu de flemme. « Tu crois qu'on peut lâcher les loupiots dans le jardin du coup ? » Ils avaient l'air de bouillir d'énergie et prendre un peu d'air ne pourrait pas leur faire de mal. Et puis eux leur laisser un peu de calme. Elle quitte la fenêtre et va s'asseoir au salon où Ezraël avait déposé son thé. « Bon et sinon, comment tu vas le grand blessé ? Parce que je suis venue un peu pour ça à la base ! » Bon, pas que pour ça en réalité, un peu pour prendre de ses nouvelles en dehors de sa blessure. Elle voulait creuser plus sur les raisons qui pouvaient le pousser à prendre tout ces risques, hormis l'accident de vélo bien sûr.

Ezra sourit, fier d'avoir réussi à faire rire Callie. De retour dans le salon, il jette un coup d'oeil à son jardin par la porte-fenêtre et découvre qu'effectivement, elle n'a pas tort. L'herbe est haute, mais heureusement pour lui elle ne semble pas avoir été trop mal entretenue par le passé. Il n'a jamais eu la main verte, cependant il devrait savoir se débrouiller si son boulot ne se limite qu'à pousser une tondeuse. La proposition de l'infirmière le fait hocher la tête. « C'est gentil de proposer ! C'est vrai que je dirais pas non à un petit coup de main. » Il se tourne vers elle, tout souriant, ravi de pouvoir un peu plus compter sur Callie comme étant une amie pour lui. Lui qui a toujours été trop solitaire, trop timide avec les inconnus, il a toujours eu du mal à se trouver des personnes en qui il peut avoir confiance. Callie semble heureusement pour lui être une de ces personnes, et ça lui fait du bien au jeune homme. « Libérez les Krakens ! » s'exclame Ezra en tirant sur la poignée de la porte fenêtre, faisant évidemment référence au film Le Choc des Titans. Une fois l'accès au jardin libéré, les deux chiens partent tels deux fusées en direction de l'extérieur, laissant derrière eux un calme plat dans la maison. Il ferme derrière lui pour ne pas refroidir la maison, puis va s'asseoir à coté de Callie. « C'est vrai, »répond-il. « Je pense que ça va, ça se soigne. C'était douloureux la première nuit, mais ça a vite commencé à cicatriser. » La brûlure sur son visage est toujours visible, mais beaucoup moins impressionnante que lorsqu'il se l'est faite. Il relève le pan de son t-shirt pour laisser Callie accéder au pansement.« Si tu veux jeter un coup d'oeil, » dit-il en tenant le bord de son haut d'une main, en hauteur.

Elle sourit à nouveau, heureuse qu'il ait accepté sa proposition. Elle espérait simplement que ça ne soit pas des paroles polies et qu'il l'appellerait vraiment. Elle aussi avait besoin de compagnie et faire le tri dans les cartons des autres pourraient aussi l'aider à faire le tri dans les siens. Surtout avec l'arrivée de Campbell à la coloc. Lorsqu'il ouvre la porte aux deux monstres elle ne peut qu'exploser de rire. « Bon on va pouvoir être tranquilles un petit moment le temps que ces deux fusées se déchargent ! » Et il allaient être tranquilles un petit bout de temps. Elle avale une gorgée de son thé avant de se pencher sur l'état du flanc d'Ezra. Le pansement était beau d'extérieur, c'était déjà bien. Mais c'était plutôt ce qu'il y avait en dessous qui l'interressait. « Attends moi j'arrive. » Elle se lève d'un bond pour aller se laver les mains et aller chercher le sac qu'elle avait emmené avec elle. Elle le déposa sur le canapé et commença à sortir une paire de ciseau, de quoi faire un nouveau pansement et du désinfectant. « Bon, tu connais la rengaine, ça va piquer ! » Elle retire l'ancien pansement et découvre une plaie beaucoup moins impressionnante que la dernière fois. Tant mieux. La taille du pansement allait même pouvoir être réduite. Elle désinfecta quand même par acquis de conscience la zone puis replaça précautionneusement un pansement neuf avant de terminer par le coller, un air satisfait sur son visage. « T'as vraiment de la chance tu cicatrises super vite ! » Avant de se raviser, non pas sans une idée derrière la tête.« Mais que ça ne te donne pas des idées encore plus folle ! »

Il l'attend sagement comme il l'a fait à l'hôpital, son t-shirt relevé frottant contre son pansement. Une fois Callie de retour à coté de lui, Ezra se concentre sur la tasse de thé posée sur la table afin de ne pas penser au produit qu'elle répand sur sa plaie. Sur le moment, il se sent presque stupide. Il est comme un enfant dont la maman s'occupe après qu'il n'aie fait une grosse chute, un petit môme tombé à vélo. Il repense à cette scène, au camion qui a manqué de l'écraser et qui l'a forcé à se jeter sur le bord de la route pour ne pas finir en bouillie. Il ne peut pas promettre à Callie de ne plus jamais mettre sa vie en danger, l'adrénaline a pris une place bien trop importante pour qu'il passe sous silence ses envies de saut en parachute, vol en montgolfière, balade en moto, etc. Cependant, il peut au moins lui certifier qu'il ne tentera jamais de finir encore une fois entre les deux roues avant d'un véhicule. « Je ferai plus attention. » Il la regarde avec un sourire au coin des lèvres avant de laisser retomber le pan de son t-shirt. « En tout cas, merci de te déplacer pour un cas désespéré comme moi. T'es un peu comme une super-héroïne à mes yeux. » Son sourire grandit un peu plus et ses yeux se plissent légèrement. Il est sincère, Ezra a toujours eu une image très positive de Callie. Il la trouve courageuse, si compréhensive et remplie de bonne volonté. Il ne la connait pas bien, mais il a toujours aimé analyser chaque geste et chaque parole afin de mieux connaître une personne.

Il était vrai que la scène ressemblait trait pour trait à la situation de la semaine passée si ce n'est que cette fois, son t-shirt ne finirait pas à la poubelle ! « Je t'ai à l'oeil ! » Certes, elle ne pouvait pas vraiment le surveiller mais elle avait vraiment envie de l'aider. Envie de se rendre utile en somme. Et cela passait par garder un peu plus le contact et venir le voir plus souvent. Elle espérait y arriver en tout cas. « Ouah carrément ? Enfin, il vaut mieux être la wonder woman des pansements que d'être une simple infirmière, je ne vais pas me plaindre ! » C'était un compliment qui lui faisait vraiment plaisir. Ce genre de compliments qui la poussaient à continuer son métier encore quelque temps, mais sans jamais savoir jusque quand. Elle se dirigea vers la cuisine à la recherche d'une poubelle pour jeter le vieux pansement et se laver à nouveau les mains. Le dos tourné, elle demanda :« Tu crois que même si je n'étais plus infirmière je resterais une super héroine pour toi ? » La question était venue comme un cheveu sur la soupe. Mais elle avait bizaremment besoin de son avis, d'un avis plutôt neutre qui pourrait l'aider à faire un choix. Certes il ne la connaissait presqu'à travers son boulot, mais elle espérait qu'avec son regard totalement extérieur il pouvait peut être l'aider dans son questionnement.

Par le passé, le genre de relation qu'il a aujourd'hui avec Callie aurait certainement pu être un grand avantage pour lui. Ezra, il ne se souvient encore que trop bien de cette période de sa vie où il ne faisait que broyer du noir. Dépression sur dépression, pensées morbides, l'envie de tout arrêter. Elle, elle l'a toujours soutenu pour il ne sait quelle raison. À chaque fois qu'il se ramène à l'hôpital à cause d'une autre de ses bêtises, elle agit avec lui comme l'amie dont il a toujours eu besoin. Le genre de personne qu'il aurait autrefois repoussée, car il a toujours eu peur de l'inconnu. Sa remarque le fait rire. « Ça ferait un super nom pour un super-héros, wonder woman des pansements, » dit-il avec un sourire en coin alors qu'elle s'éloigne vers la cuisine. Pendant ce temps, il en profite pour jeter un coup d'oeil à sa blessure. C'est sa chair qui est brûlée, et pourtant il a l'impression de ne rien sentir. Ça ne l'impressionne même pas tout ce sang séché, il est juste étonné de voir à quelle vitesse sa peau arrive à se régénérer. La question de Callie le laisse perplexe. Il lève les yeux vers elle, sourcils froncés. « Je pense que oui. » Il réfléchit quelques secondes, sauf que les mots sortent de sa bouche avant qu'il ne s'en rende compte. « T'es une fille bien, ça change. Tu ne juges pas les autres et c'est une grande qualité. Enfin, moi tu ne m'a jamais jugé alors que t'as eu pleins de fois l'occasion de le faire. » Ezra a toujours été très observateur. Il aime prendre note de la personnalité des autres rien qu'en observant leur attitude, leur manière de parler. « Pourquoi ? » finit-il par demander en laissant retomber le bord de son t-shirt.

Elle ne pu s'empêcher de pouffer et manqua presque de renverser son thé en retournant s'asseoir. « Mouais, pas sûre que ça sonne très bien en nom de film ça ! » Mais qu'est ce que ça pourrait être drôle mais pas forcément très varié comme film. Et ça ressemblerait plus à un film sur les médecins qu'autre chose finalement. Elle plongea ensuite son regard dans sa tasse de thé, se perdant au milieu au milieu du tourbillon de son thé.  « Oh, c'est trop gentil ce que tu dis ! » Elle était vraiment touchée. Certes, elle savait qu'elle avait une relation particulière avec Ezraël, un peu plus qu'un patient lambda, mais elle ne s'était jamais imaginée à ce qu'il la décrive aussi bien. Elle lui adressa un petit sourire un peu gênée mais reconnaissante. « Mais c'est vrai que ça me semble normal, enfin je sais pas, je vois pas pourquoi je jugerais les gens, j'aimerais pas que ça soit le cas des autres envers moi. » C'était ça qui était naturel pour elle, ce qui l'avait poussé dans ce métier sans doute. Son pourquoi semble raisonner dans sa tête. Elle déposa sa tasse sur la table basse et plongea ses yeux dans ceux d'Ezra, le regard grave. « Je crois que je vais démissionner. » Ca y est, c'était dit. Il fallait qu'elle se convainque que c'était la bonne idée, et cela passait par avoir le soutien des personnes qui comptait pour elle. Et Ezraël faisait partie de ceux qui comptaient, et notamment dans sa vie d'infirmière.  

Ezra a toujours été un grand fan des films de super-héros, même si ce n'est pas vraiment quelque chose qu'il aime crier sur tous les toits. Lui qui a souvent passé son temps chez lui, devant son pc ou sa télévision, il serait incapable de compter tous les films qu'il a pu voir en un court lapse de temps. « T'as raison, c'est carrément naze, » dit-il en riant avant de poser son regard sur Callie. Il l'imagine avec une cape et des collants, et il ne peut s'empêcher de rire. Il la trouverait plus amusante que rassurante, peut-être pas très crédible même. Après lui avoir ouvertement dit ce qu'il pense d'elle, Ezraël remarque bien la sincérité dans les mots de sa nouvelle amie. Il ne s'attendait pas à une telle réaction de sa part et ses joues se mettent à légèrement rougir, sans qu'il ne sache trop pourquoi. « C'est sincère. » Très même, rares sont les fois où Ezra se permet de dire ouvertement ce qu'il pense de quelqu'un. Surtout qu'il n'a pas souvent été assez proche de quelqu'un que pour pouvoir le faire. « Tout le monde ne pense pas comme toi tu sais, » ajoute-t-il sans la regarder tout de suite, jouant avec le bord de son t-shirt avant de relever les yeux vers son visage. En voyant celui-ci devenir de plus en plus sérieux, Ezra fronce les sourcils. Sa révélation lui fait presque un choc. « Sérieusement ? » demande-t-il en appuyant son épaule contre le dos du canapé, son regard toujours rivé dans celui de Callie. « Pour faire quoi ? » Ça l'étonne réellement, il trouvait justement que ce métier lui collait si bien.

C'était cela qu'elle appréciait chez Ezra. Sa sincérité et son honnêteté envers elle. Alors ses yeux écarquillés et ses sourcils froncés, elle s'y attendait presque. « Oui, j'y pense très sérieusement. » Mais sa question suivante, c'était cela son plus gros problème. Pour quoi faire ? Elle cumulait un peu les essais en ce moment, en ayant fait son stage chez Tessa et ses quelques heures par semaine au Quaterly ou alors ses envies d'être pédiatre, elle n'était pas beaucoup plus fixée sur le choix qu'elle allait faire. Il lui faudrait un peu de tout en fait. Pire qu'une enfant qui ne sait pas quel cadeau elle voudrait à Noël. Sauf que là, c'était sa vie qui était en jeu. Elle soutient le regard d'Ezra, et soupire avant de répondre : « Je sais pas vraiment en fait. Mais ce dont je suis sure c'est que ça ne me convient plus comme ça. » Parce que oui, les soirées rentrées à déprimer, la boule au ventre en arrivant certaines journées, elle en avait ras le bol. Et ça arrivait bien trop souvent. « Trop de contraintes et trop de cas qui me rappelle mon passé. J'ai besoin de renouveau. Je pensais que venir à Bowen suffirait, mais ça passe aussi par le boulot je pense. » Enfin c'était les dernières conclusions auxquelles elle était arrivé. Elle souriait timidement, comme pour chercher son soutien, son aide. En fait, les rôles s'inversaient.

Il trouve la situation amusante, car lui aussi ne se plait plus dans le travail qu'il exerce actuellement. Devoir se rendre tous les jours à la bibliothèque l'embête plus que ne le passionne, alors il ne peut que trop bien comprendre dans quelle situation se trouve actuellement Callie. Il l'écoute attentivement, hoche la tête pensivement, cherche à comprendre ses paroles sans pour autant connaître toute son histoire. Il ne sait pas ce qu'elle veut dire quand elle dit que son métier lui évoque trop son passé et il n'ose pas le lui demander. Il se contente donc de se pincer les lèvres, continuant d'hocher la tête pour l'encourager à continuer. Une fois qu'elle a terminé, Ezra lève les yeux vers elle. Il lui sourit. « Je te comprends. » Et c'est vrai, il sait exactement ce qu'elle traverse. Enfin, pas exactement, plutôt en résumé. « Mais si tu n'aimes plus ce que tu fais, tu vas clairement devoir arrêter. Je suis peut-être mal placé pour dire ça vu que je me coltine un boulot qui m'emmerde vraiment, mais sache que je te soutiens totalement. » Il n'est peut-être pas son ami le plus proche, mais Ezra reste touché qu'elle aie partagé avec lui ses envies de changement. Il se sent soudainement proche d'elle, en confiance. « T'as déjà des idées ? Ou tu préfères faire une pause glandage ? » demande-t-il en riant légèrement.

Elle gratifia Ezra d'un sourire. « Merci. » C'est ce qu'elle espérait, être rassurée, être soutenue. Et malgré le fait qu'ils ne se connaissaient pas beaucoup, elle savait qu'il était sincère. Elle ne savait d'ailleurs pas qu'il détestait à ce point son boulot. « Et t'as jamais eu envie de changer non plus ? » Pour Callie, ce n'était pas le boulot en lui même qu'elle détestait, mais c'était tout ce qu'il lui rappelait. « Remarque, j'adore les livres mais je ne pourrais pas faire ton boulot, j'aurais trop peur de m'en dégouter je crois ! » Et ça serait vraiment dommage de ne plus pouvoir profiter de son échappatoire, elle n'aurait vraiment plus rien auquel se raccrocher. Et même si maintenant elle écrivait aussi un peu, son coeur balançait toujours vers un bon livre, toujours plus immersif. Cependant, elle n'avait pas le courage de suivre ces héroines de livres qui plaquent tout pour voyager et faire ce qui leur plaisait vraiment. Si seulement la vie était aussi simple que dans les livres, ça se saurait. Elle soupira en secouant négativement la tête. « J'ai pas l'argent pour ! Le déménagement a déjà bouffé toutes mes économies. J'ai déjà fait un stage en tant que masseuse en ville mais ça me convient pas non plus. » Tessa avait vraiment été très gentille et les patients tous aussi gentils les uns que les autres face à son inexpérience mais elle n'avait pas eu le déclic. Et changer de boulot pour plonger dans un autre qu'elle voudrait quitter d'ici quelques mois, ce n'était pas la peine. Cependant, elle avait un espoir. Grâce à Nolan. « Mais là j'ai décroché un job occasionnel dans une revue littéraire en tant qu'écrivaine. » Ce dont elle n'était pas peu fière.