Feeling it all over the air | Jordan

FEELING IT ALL OVER THE AIR ❥
«"the weight of the world is love.
Under the burden of solitude, under the burden of dissatisfaction.» - ALLEN GISNBERG
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J'avais cette incroyable impession que plus les jours s'écoulaient et plus loin demeurait l'essence de ce que je recherchais, de tous les aspects possibles de cette vie émiéttée, ensevelie de pensées tellements dispersées que suivre le fil revenait à un exploit de guerrier. Je n'avais même pas plus où mettre la tête, où poser le souffle d'une idée de peur que celle-ci n'alimente encore de la remontrance, de la culpabilitée accumulée, des envies de fuir jusque dans les montagnes les plus éloignées. Peur chaque jour de mourir, peut chaque jour d'oublier, de cesser d'exister, d'être un mort ambulant qui ne saurait plus penser. Il y avait des voix au loin qui chuchotaient mon nom : Effy, apeurée, des kilomètres away qui maudissait probablement mon nom tout en sachant qu'elle aurait fait pareil que moi, courir contre le vent, tout abandonner sur le chemin de devant. Pourquoi j'arrivais pas à entre content, de suivre mes pulsions comme je m'étais promis auparavant? C'est ce que ce putain de Kerouack avait fait et il avait jamais écrit d'aussi beaux mots. Peut-être que j'étais simplement un paumé désillusionné, que j'arriverais à rien au bout du compte. J'en sais rien.

Jordan. C'était ce soir qu'on était censé picoler, tout oublier, déconner comme dans tous les mouvements qu'on a suivi, côte à côte, comme deux fous qui se délivrent de leur impulsivité. Je l'aimais pour ça, elle m'appréciait déjà et c'était formateur pour mon esprit troublé, de me laisser aller, de graver dans ma mémoire des moments de fureur et de divaguation. Avec Jo, c'était permis et fortement encouragé. Pas besoin de repenser à ses erreurs quand on avait qu'à les engloutir dans les excès interdits. Tard en soirée, je suis sortie déjà éméchée, le coeur tappant contre le vent et j'ai marché jusqu'à ce que je ne sache plus m'arrêter, jusqu'à ce que mes pieds prennent la décision de me mener. À la baie. Dans toute sa noirceur respectée, il y avait le bruit des vagues, la brise qui chuchotait entre les ailes du temps, c'était agréable, l'endroit asigné pour s'éclater en toute respectabilité. Maladroitement, je m'effondrai contre le sable curieusement réchauffé, posais les bières que j'avais trainé et j'attendais. Une cigarette mine de rien, les yeux pendant au bout de l'horizon, l'esprit néant, le coeur impatient. J'attendais l'insiatiable Jordan, ignorant ce à quoi notre virée cette fois allait pouvoir ressembler.

Je capturais le temps. Une bouffée à la fois.

Les mains dans les poches arrières de son jeans, Jordan marchait doucement, le regard s'évadant sur la route. Elle se sentait beaucoup plus légère, depuis quelques jours, comme si la tempête qui s'éternisait sur sa vie était enfin terminée. Comme si elle avait droit à une pause, à un renouveau. Elle rejoindrait Clovis sur la plage, pour une autre de leur soirée. Il était apparu dans sa vie juste au moment où Maisy avait quitté la sienne. Peut-être qu'elle s'était attachée à lui parce qu'il lui rappelait sa meilleure amie un peu folle sur les bords, ou peut-être simplement parce qu'il lui permettait de tout mettre de côté un instant et d'oublier. Oublier tout, sauf de s'amuser. En plein milieu de la nuit, Jordan s'aventurait sur la plage, son sac à dos rempli de bières sur les épaules, elle repéra rapidement le jeune homme. Il était couché sur le sable, comme s'il était échoué. Avec le bruit des vagues, il ne l'entendrait pas approcher. Jordan s'accroupit à ses côtés et alors que Clovis allait porter sa cigarette à ses lèvres, Jordan la lui vola, en inspirant une bouffée. «Salut toi!» prononça-t-elle, un fin sourire sur les lèvres. Elle posa son sac sur le seul, appréciant le bruit des bières se claquant les unes sur les autres, puis se coucha aux côtés de Clovis. Elle ferma les yeux un instant, prête à entendre ses idées pour leur prochaine virée.

J'attendais. La surprise, la tombée de quelque chose qui me surprendrait, me motiverait à oublier le temps qui passait. C'était un soir comme les autres. J'avais écris, ça avait avancé. Y'avait eu les mêmes pensées qu'à l'habitude. Le regard tendu, tenu, les yeux au loin comme perdus, je respirais toute la force qui me restait, la droite pensée qu'il me fallait pour passer à travers cette soirée. Je savais qu'une fois Jordan arrivée, ça allait être plus détendu, que j'allais enfin pouvoir secouer du revers de ma main toutes ces putain d'idées qui me tourmentait l'esprit, qu'une fois bien défoncé à ma façon, j'allais grandir encore plus vivant. Trnaquillement, laisser mon esprit au néant, j'attendais la venue de celle qui réussisait le plus à me compléter tard dans la nuit, dans la prouesse de nos folies. Je respirais patiemment le goût de tabac, j'expirais avec conviction des regrets, laisser de la place à un peu de gaité, maybe. Et comme ça, comme par magie, il y a la belle enfant qui se plaça à mes côtés, sans oublier de piquer ma cigarette au passage, ordre naturelle du début de la soirée, bien sûr. J'arquais un sourire, séduit par son arrivée tout en silence et spontanéité. Enfin, ça allait mieux aller. «Bonsoir le ninja. T'sais que tu m'as fait un peu flipper. » Un sourire de complicité avant que je ne reprenne gentiment ma clope, l'aspirer et la repose entre mes lèvres. En vrai, j'avais rien de prévu, rien d'écrit, ça allait se passer comme on l'avait envie. On m'avait conduit à la plage et je commençais à croire que ça allait être bien. L'air bougeait, les étoiles brûlait, les vagues grondaient. «Bon, j'espère que t'es prête. Ça va être une longue nuit. » Même si tout le reste était encore un secret, j'avais eu une envie, le besoin de me laver l'esprit et je savais que Jo' allait probablement être de la partie. On allait sûrement bouger, mais être à la plage en ce moment s'avérait l'endroit le plus établi pour débuter. Discrètement, entre quelques bouffées, je révélais un petit sac de ma veste en cuir, un petit sachet blanc tout discret, un sachet de secret, un remède pour les jours gris. J'en abusait pas. Fallait pas. Juste par moments, très rares, seulement parce que pourquoi pas. Ça rendait happy. J'aggripais son regard, relevant les sourcil, d'un sourire qui traduisait la faiblesse de mes envies, la lacheté de mon esprit envers un simple amas de poudre qui m'avait malencontreusement conquis. «Dis-moi que t'as pas envie et je te croirai pas.» Jordan et Clo comme de beaux vieux abrutis sous le ciel enneigé réuni. Ça sonne encore bien, non? Ca va résonner dans les tenants de la nuit.