Fly on + Chaisling

Alors que, courageusement, elle était venu le rejoindre, il se contentait de la regarder ne haussant les épaules. Elle était sûre qu'il n'imaginait l'impacte que ses mots avaient sur elle, sur une gamine de 20 ans, presque 21. Jamais personne ne les lui avait dit en dehors de sa famille. Elle se demandait presque comme cela pouvait être possible qu'il l'aime, elle qui ne faisait que le faire tourner en bourrique, elle qui couchait avec tous les mecs qui lui tombaient sous le nez, elle qui repoussait tous ceux qui s'attachaient.
Aisling le suivit jusqu'à son lit, assez rassurée de le voir s'asseoir. Il fallait qu'il se repose, c'était plus important que des explications. Elle aurait voulu répondre à ses mots mais elle s'en sentait bien incapable. Et puis elle n'eut pas le temps de réfléchir davantage qu'il l'embrassa. C'était loin de ressembler aux baisers habituels. Elle sentait son cœur battre de plus en plus fort. Ses yeux ne quittaient pas le visage de Chase qui s'était rassit sans un mot avant d'observer sa chambre.

-Ne sois pas si indifférent quand tu fais ce genre de choses Chase...

Aisling avait fini par détourner le regard à son tour, essayant de se calmer avant de murmurer doucement.

-Allonge toi, il faut que tu te reposes.

Elle était même prête à jouer à l'infirmière personnelle si ça pouvait le faire rester coucher. Enfin, essayer, parce que vu la vitesse de son rythme cardiaque, il y avait des chances pour qu'elle finisse par faire une crise de panique.

Peut-être étais-je moi même sous le choc de ma propre déclaration? « Ne sois pas si indifférent quand tu fais ce genre de choses, Chase... » Et c’était elle qui me disait ça? Elle qui n’avait pas répondu un traître mot? J’avais des argumentaires plus longs qu’elle là-dessus, mais je confirmais mon silence. « Allonge toi, il faut que tu te reposes. » Je l’écoutais, mais ça confirmait tout... Quelque part entre un cœur qui se brisait peu à peu, une voix qui ne se rétablissait pas. Je me confortais dans ce silence et je fermais les yeux doucement. Comme si toutes ces péripéties me donnaient l’envie de me reposer, de fermer les yeux pour de bon. Je respirais calmement et je me réveillais quelques minutes plus tard. C’était comme si jamais je ne m’étais endormi. Je me relevais doucement et je regardais autour de moi, tentant tant bien que mal d’assimiler toute cette réalité. Je voyais la blonde non-loin. « Tu peux partir, si tu veux. » lui dis-je alors simplement alors que ma gorge récupérait, tout comme ma voix qui semblaient avoir bénéficié de ces quelques minutes de répit. Le soluté m’hydratait davantage et ne pas avoir fait quoi que ce soit dans les dernières minutes m’avait grandement aidé.

Il ne disait rien, plus rien et elle se doutait bien que c'était de sa faute. Mais, au fond d'elle, elle était totalement paniquée et elle ne voulait pas faire comme la dernière fois où elle lui avait dit de sortir sous le coup de l'émotion. Elle ne voulait pas juste s'enfuir, même si ce qu'elle était entrain de faire n'était pas vraiment mieux. Elle le vit fermer les yeux et elle esquissa un doux sourire, un peu rassurée. Il avait besoin de repos, elle ne voulait pas qu'il aille plus mal à cause d'elle, elle en avait déjà assez fait. Aisling avait préféré commencer à s'éloigner alors qu'il semblait dormir, commença à regarder les fleurs qu'on lui avait offert pendant son coma, les mots qu'on lui avait laissé. C'était juste de la curiosité, peut être un peu de possessivité aussi.
Alors qu'elle lisait silencieusement, elle entendit la voix de Chase. Elle le regarda quelques secondes avant de se rapprocher de lui.

-Partir sans avoir parlé de ça ? Même moi je ne suis pas si méchante.


Elle s'assit sur le bord du lit, prenant tendrement la main de Chase entre les siennes, ensanglantées.

-Je... J'ai tellement peur de te faire du mal, je ne suis douée que pour ça...

Tous ceux qu'elle appréciait, elle ne savait que les blesser, même contre son gré. Baissant les yeux, elle sentit une larme rouler le long de sa joue. Elle aurait espérer retenir les larmes pour cette fois, les sentiments aussi, prendre une décision raisonnable mais elle était incapable de le faire.

-J'ai tellement peur qu'il te fasse du mal.

Elle avait soufflé ses mots de façon presque inaudible, plus pour elle-même que pour Chase à vrai dire.

« Partir sans avoir parlé de ça? Même moi je ne suis pas si méchante. » C’était pourtant ce que je voulais puisque je n’étais pas certain d’avoir la force d’encaisser tout ça. Je n’étais pas certain d’être capable et avec l’hôpital pour ruiner le moral, ça allait être d’autant plus difficile. Je secouais négativement la tête. « Ça n’a pas d’importance. » concluais-je avant même d’avoir commencé. Mes yeux s’arrondissaient en voyant ses mains et surtout en les sentant. « Qu’est-ce qui t’es arrivé? » demandais-je avec une pointe d’inquiétude dans la voix. Malgré moi, je ne pensais plus à moi. Je devais faire part d’une certaine maturité et m’inquiéter pour elle aussi. « Je... J’ai tellement peur de te faire du mal, je ne suis douée que pour ça... » J’arquais un sourcil, clairement amusé. « Habituellement, c’est plutôt le contraire. » commentais-je. Je secouais la tête négativement, j’étais capable de tenir bien des choses. Et pourtant, je ne savais pas quoi faire pour faire tenir cette relation ou ce je ne sais quoi. « Ce n’est pas toi qui a fait tombé le viaduc. » C’était la dernière chose qui m’avait fait mal et Aisling n’en était rien responsable. Dû à sa proximité, j’entendais aussi la suite des choses. « Qui pourrait me faire du mal? » risquais-je, intrigué. Je n’avais pas que des amis, j’avais aussi quelques ennemis, mais de là à faire volontairement du mal. Et s’il le fallait, j’étais bien prêt à prendre des cours d’auto-défense et d’arts martiaux. De regarder les films de Bruce Lee et de reproduire le tout en cas de danger... J’attendais pourtant des réponses à des questions étranges.

La réponse de Chase refroidit un peu la blonde. Est-ce qu’il voulait qu’elle s’en aille ? Est-ce qu’il préférait qu’elle ne dise rien ? Elle l’avait certainement déjà blessé… Et pourtant, elle tenait vraiment à en parler, si lui supporterait de rester là-dessus, ce n’était pas son cas. Elle savait qu’elle allait retourner ça dans tous les sens pendant des jours et elle avait déjà été suffisamment mal pendant ces dernières semaines sans avoir besoin d’aggraver les choses.

-Bien sûr que si.

A sa question, elle se contenta juste de hausser les épaules. Ses mains, ses avant-bras, ce n’était presque que des égratignures, surtout comparé à l’état critique dans lequel était Chase, ou plutôt, duquel il venait de sortir.

-C’est rien, c’est le séisme.

Elle n’avait écopé que de ça alors que tant de personnes étaient mortes… Ou d’autres avec des membres en moins, défigurés, bref, elle s’en était bien sorti.
A sa réponse, elle leva les yeux au ciel. Elle ne doutait pas qu’il sache se faire du mal tout seul et que surtout elle n’était pas la cause de son coma mais il ne comprenait pas, ce n’était pas ainsi qu’elle faisait souffrir les autres, c’était bien pire.

-C’est vrai. Mais je sais que j’ai fait beaucoup de mal à Perry.

Il fallait qu’elle voit les choses en face, la façon dont ça s’était terminé ne lui donnait pas envie de s’engager dans autre chose, pas en se sachant comme elle était, pas en sachant qu’elle avait le pouvoir de faire du mal.
Aisling remonta doucement la main de Chase qu’elle gardait contre elle pour la mener jusqu’à sa bouche, pour l’embrasser avec un peu de tendresse. Sûrement ne le sentait-il pas mais elle était perdue et apeurée aussi.

-Il m’a promis qu’il ne te ferait rien mais parfois il me fait peur.

La blonde secoua la tête avant de concentrer son regard vers les yeux de Chase. Ça lui faisait quelque chose, là, au fond de sa poitrine, de le voir dans ce lit d’hôpital.

-Fais comme si je n’avais rien dit.


Elle avait murmuré sa réponse. Elle n’aurait pas dû l’inquiéter, elle n’aurait pas dû le dire à haute voix.

Selon elle, ça avait de l’importance. Et pour moi ça en avait également. Mais je n’allais tout de même pas lui dire la vérité, si? Celle comme quoi je tenais à elle et que je l’aimais plus que je ne voulais bien me l’avouer. À ma question, en guise de diversion, elle ne disait que ce n’était que le séisme. Je soupirais doucement. « Ais... Sois prudente. » J’aurais pu ajouter que je ne pouvais pas veiller sur elle comme je le voudrais, mais ça aurait été insultant. « C’est vrai. Mais je sais que j’ai fait beaucoup de mal à Perry. » C’était sans doute vrai. Je soupirais doucement, comme pour me donner le temps de trouver les bons mots. « Peut-être bien. Mais je ne suis pas Perry. » Première affirmation. Je prenais sa main à mon tour que je tentais de cajoler aux endroits qui n’avaient pas de blessures. Plus ardu que je ne l’aurais cru. « On vit quelque chose de fort, tous les deux... Et j’ai pas envie que ça s’arrête. » Je déglutissais. Difficile d’expliquer des sentiments, c’était déjà si complexe de les ressentir! Mon cœur s’accélérait. « Je ne te demande pas en mariage, Ais. » À mes yeux, pas grand chose ne changeait même... Si ce n’était que l’exclusivité, mais ça on y reviendrait. « Je te dis juste que je t’aime suffisamment pour être avec toi et prendre soin de toi. » Je regardais autour de nous puis je pointais les boîtes un peu plus loin. « Tu pourras aller chercher ça? Je vais me charger de panser ta plaie. » lui dis-je gentiment. « Il m’a promis qu’il ne te ferait rien, mais parfois il me fait peur. » « Je sais me défendre. » lui dis-je en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « C’est à toi que je refuse qu’il fasse du mal. » N’était-ce pas ça l’amour? Prendre soin de l’autre avant soi? Elle me disait de faire comme si elle n’avait rien dit et pourtant, elle n’avait rien dit de bien compromettant. « Laisse-moi prendre soin de toi. » Je voulais qu’elle me laisse tout faire avec elle point à la ligne. Qu’elle me laisse l’embrasser, prendre soin d’elle, lui faire à manger, soigner ses plaies et surtout l’aimer inconditionnellement. Même si ça prendrait du temps. Mon cœur avait envie d’hurler qu’il l’aimait et pourtant, je le laissais être enchaîné.

A son conseil, enfin, si on pouvait appeler ça comme ça, Aisling se contenta de hausser les épaules. Ce n'était pas de sa faute s'il y avait eu un séisme alors qu'elle avait tellement la gueule de bois qu'elle tenait à peine debout. Il n'imaginait pas la chance qu'elle avait que ce ne soit que ça.

-Qu'est-ce que je devrais te dire, à toi ?

Elle soupira doucement avant de se mettre à jouer avec ses doigts.
En entendant sa réponse, Aisling le fixa quelques instants. Certes il n'était pas lui, il n'était pas comme lui non plus. Elle ne pouvait pas nier que les deux hommes étaient différents et pourtant elle ne doutait pas une seconde que la raison pour laquelle Perry l'avait quitté ferait autant de mal à Chase. Elle le laissa prendre sa main non sans quitter son regard du sien. Elle ne pouvait pas nier qu'ils vivaient quelque chose de... spécial.

-C'est difficile à gérer pour moi.

Elle essayait de se justifier. Elle ne voulait pas que ça s'arrête non plus mais c'était difficile à avouer. Quand il lui dit qu'il ne la demandait pas en mariage, elle esquissa un sourire en baissant le regard.

-C'est assez rassurant. Parce que je ne me suis encore jamais imaginée en robe blanche.

Enfin, elle savait bien qu'on n'était pas obligé de se marier en blanc, mais il devait bien comprendre où elle voulait en venir. Doucement, tendrement même, elle glissa la main dans les cheveux de Chase. Prendre soin d'elle, hein ? C'était une chose qu'elle avait tendance à repousser. Elle voulait être indépendante, forte, fière. C'était difficile pour elle d'accepter qu'on s'occupe d'elle, elle avait l'impression qu'on lui retirait peu à peu de sa liberté.

-Ca te causerait bien du soucis de faire ça... Je suis un peu une fille à problèmes.

Elle se pencha un peu plus, venant déposer un baiser sur ses lèvres. Elle ne voulait pas qu'il l'abandonne. Elle s'était toujours sentie incroyablement bien avec lui et aujourd'hui elle était incroyablement inquiète pour lui. Néanmoins, elle décida de ne pas contester et alla chercher les boites de bandages. Elle les lui sortit avant de rapprocher ses avant-bras de Chase.

-Si ça te fatigue, j'irais demander à un médecin... Ce n'est pas pressé.

Elle le laissa toucher ses cheveux, relevant tout de même le regard vers lui. Elle ne doutait pas qu'il sache se défendre mais Ciàran c'était tout de même autre chose qu'un mec lambda qui voulait lui mettre son poing dans la figure. Elle finit par lever les yeux au ciel en l'entendant.

-Il ne me touchera pas.

Enfin si, mais pas comme ça. La blonde finit par s'allonger à côté de lui, essayant de ne pas prendre trop de place, de ne pas trop le toucher non plus pour ne pas lui faire mal.

-Vu l'état dans lequel tu es, c'est moi qui devrais dire ça.

« Qu’est-ce que je devrais te dire à toi?» Touché. Je haussais les épaules. « Tu peux pas empêcher un pompier d’aider les gens. » commentais-je simplement. Elle me laissait la toucher alors qu’elle m’expliquait que c’était difficile à gérer pour elle. J’opinais. « Pour moi aussi, Aisling. » lui avais-je alors admis. J’avais tendrement admis que je ne la demandais pas en mariage, bien qu’au fond de moi je l’eu désiré quelques instants. « Je suis persuadé que tu serais magnifique avec une robe blanche.... Ou sans. » commentais-je, retrouvant ce sourire narquois d’options un peu plus coquines qui me plaisait. « Ça te causerait bien du soucis de faire ça.... Je suis un peu une fille à problème. » Je le savais profondément et je haussais les épaules simplement, comme si ce n’était pas réellement un problème. Argument invalide, même selon moi. À son baiser, je lui rendais sagement. Elle m’apportait le matériel nécessaire et je regardais ses mains que je commençais à désinfecter sans trop de mal jusqu’ici. Elle me disait de ne pas me fatiguer et qu’il n’y avait pas urgence. « Tu demandes à un futur médecin. » lui dis-je alors en continuant de soigner la première main pour m’attaquer ensuite à la deuxième lentement. Je les pansais toutes les deux. « Alors, s’il ne te touche pas, tout ira bien. » C’était pas compliqué. Elle s’allongeait près de moi et je ne tardais pas à me bouger un peu pour la blottir contre moi. Tous ces mots, ils étaient si implicites. J’embrassais son front doucement. « Chut, sois mignonne, tu veux? » avais-je donc conclu alors qu’elle ne voulait pas que je prenne soin d’elle. « Et j’suis capable de prendre soin de moi. Et de toi. » C’était d’ailleurs pour ça que j’étais toujours en vie, j’en étais persuadé.

Certes, elle ne pouvait pas faire ça. Mais si son état était dû à un accident de voiture, alors finalement ça n'avait pas grand chose à avoir avec son métier de pompier.

-Tu ne peux pas empêcher une gamine d'être imprudente.

Après tout, c'était ce qu'elle était, une gamine. Peut-être pas aux yeux de Chase, ou peut-être que si justement. Enfin, de toute façon, elle ne voulait pas lui avouer la véritable raison pour laquelle elle était dans cet état. C'était à cause du séisme, évidemment, mais aussi parce qu'elle avait tellement bu la veille de la catastrophe qu'elle avait une sacrée gueule de bois et que la première secousse l'avait faite s'écraser au sol. Heureusement que Ciàran était là pour éviter que sa tête ne tape contre le béton.

Pour lui aussi, oui, elle était stupide. Enfin, égoïste surtout. Elle ne voyait que sa difficulté à elle s'accepter, de comprendre, de vivre avec ça, mais elle ne pensait pas une seconde à l'effort qu'il avait dû faire pour lui avouer. Égoïste, oui, elle l'avait toujours été, ce n'était pas une surprise. Elle s'était donc contenté de baisser les yeux à sa remarque.

La sourire de Chase lui rendait le sien et avec ses mots, elle se retrouvait un peu plus dans son élément. Se rapprochant un peu de lui, elle vint murmurer tout contre son oreille.

-Je suis sûre que le nu me sublime.

Peut-être qu'elle commençait à un peu trop fréquenter Jackson.
Il ne fit pas de remarque sur son argument alors la blonde ne dit rien, se contentant d'aller chercher les bandages pour les lui donner. En l'entendant, la blonde releva la tête vers lui, arquant un sourcil, pas vraiment sûr de comprendre.

-Un futur médecin ? Tu vas changer de voie ?

Elle avait toujours connu Chase pompier alors l'imaginer autrement était un peu étrange pour elle. Enfin, vu son dévouement vis à vis des autres, pompier et médecins étaient deux métiers qui lui correspondaient tout à fait, même si ça lui faisait bizarre de l'imaginer en blouse blanche à opérer des enfants plutôt que de les sauver des flammes.
Elle le laissa continuer de la panser sans broncher, elle n'était pas du genre chochotte, ou plutôt elle savait prendre sur elle. Elle laissa sans réponse ses paroles sur Ciàra, elle ne voulait pas se prendre la tête avec lui maintenant.  Parce que non, elle n'était pas d'accord, tout n'irait pas forcément bien. Mais bon, c'était à elle de gérer le mafieux, elle se débrouillerait.

Après ses soins, la blonde finit par s'allonger contre Chase, esquissant un sourire discret mais heureux quand il la blottit contre lui et lui embrassa le front. oui, elle était heureuse qu'il soit envie, heureuse qu'il soit prés d'elle. Elle ne put cependant s'empêcher de lâcher un petit soupire alors qu'il lui disait d'être mignonne et qu'il pouvait prendre soin d'eux deux. Lâcher prise c'était tellement difficile.

-D'accord.

Elle avait juste capitulée, ce qui lui arrivait bien rarement et il devait le savoir. Elle nicha doucement son visage contre son cou, fermant les yeux.

-Qu'est-ce que tu attends de moi ?

« Tu ne peux pas empêcher une gamine d’être imprudente. » « T’as une conscience que la gamine a pas. » lui répliquais-je du tac-au-tac. De toute façon, je pouvais pas m’imaginer en train de baiser une gamine, d’assouvir ces mêmes pulsions. La simple idée ne faisait que me répugner davantage. En attendant, je la faisais de nouveau sourire parce que putain qu’elle était belle avec ce sourire. Sa phrase me faisait doucement ricaner. J’allais devoir travailler fort pour regagner ces qualités érotiques. « Parait que c’est quand tu sais monter et descendre un escaliers que t’es prêt. » lui confiais-je donc. Comptez sur moi que j’allais me pratiquer dans ces escaliers, une marche à la fois. J’étais beaucoup trop têtu. À cette nouvelle confession, Aisling me demandait si j’allais changer véritablement de voix. Je hochais la tête positivement. « Cet accident me fait réaliser l’impact que je pourrais avoir auprès des gens. » lui confiais-je alors. C’était une nouvelle décision qui passait maintenant au conseil mental. Elle capitulait finalement en sachant que j’allais prendre soin d’elle. Je lui donnais un nouveau baiser sur le front. Elle avait déjà un tas de bénéfices! La blonde me demandait ce que j’attendais d’elle. Je fronçais les sourcils, dubitatif. « J’suis sensé attendre quelque chose de toi? » lui demandais-je. Puis, j’me doutais bien qu’elle faisait référence aux sentiments et je soupirais. « J’suis pas le pro des sentiments, Ais. J’suis plus le pro des relations, non plus. » Avais-je seulement été le pro de quelque chose? Ah si... Je murmurais à son oreille : « Et tu perds rien pour attendre que j’sois vraiment sur pieds. » Je lui donnais un baiser rapide sur le front en caressant sa chevelure blonde. « On trouvera nos propres arrangements. » commentais-je donc en haussant les épaules, comme s’il ne s’agissait que de détails. Des détails essentiels, mais des détails quand même.

Aisling baissa les yeux à sa remarque. Ouais, elle avait une conscience, et c'était pour ça qu'elle avait aussi peur de lui faire du mal.

-Malheureusement.

Elle aurait préféré ne pas avoir de conscience, se foutre royalement de blesser les gens ou non. La vie aurait été bien plus facile.
A sa remarque sur les escaliers, la blonde ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire. Elle n'avait même pas encore penser à ça. Même si c'était quelque chose qui, on peut le dire, la passionnait beaucoup, l'état de Chase ne l'avait pas préoccupé pour cette raison là.

-Je préfère encore attendre que tu sois vraiment rétabli.

Attendre... C'était un concept parce qu'Aisling n'avait pas réellement l'intention de pratiquer l'abstinence pendant sa guérison. Enfin, pas tant qu'il ne lui demanderait pas clairement en tout cas. Maintenant qu'elle y pensait, pas une seule fois dans sa vie elle avait tenté de le faire, être exclusive à une seule et unique personne. C'était peut-être ça qui lui faisait encore le plus peur.

L'impacte qu'il pourrait avoir auprès des gens ? C'est vrai, Chase se préoccupait tellement du sort des autres... Il avait un peu ça en commun avec Isaiah, qu'elle était loin d'avoir. Les autres, c'était loin d'être sa principale préoccupation.

-Je te souhaite de ne pas m'avoir en patiente alors.

Parce qu'elle devait bien être la patiente la plus chiante du monde et son médecin pourrait en témoigner.
Dans ses bras, Aisling se laissait aller. Elle ne serait jamais capable d'avouer à quel point elle appréciait ses baisers, même chastes. Elle resta contre lui alors qu'il soupirait. Peut-être n'aurait-elle pas dû poser la question. Ce n'était pas le moment mais elle avait besoin de savoir ce qu'elle devait faire. Il n'imaginait pas à quel point elle avait peur de le blesser.

-Et moi je ne l'ai jamais été.

Elle avait doucement murmuré. Les sentiments, les relations et elle ce n'était vraiment pas une histoire d'amour, bien au contraire. Elle avait tenté de repousser ça toute sa vie, mais maintenant qu'elle devait y faire face elle était totalement désemparée. Elle ne put, encore, s'empêcher de sourire quand il changea habilement de sujet, l'empêchant de phaser plus.

-C'est une menace ?

Taquine, elle vint l'embrasser dans le cou avant de lever de nouveau les yeux vers lui.

-Nos propres arrangements hein... Et tu me feras signer un contrat aussi ?

Elle plaisantait, elle l'embêtait, elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas s'angoisser vis à vis de ses sentiments.

« Malheureusement. » « Ça fait parti de la vie. » commentais-je alors en haussant les épaules. Ça n’avait plus réellement d’importance. J’allais vivre avec une non-gamine qui aurait une conscience. Suite à mon commentaire sur l’escalier, elle me disait qu’elle préférait attendre et je levais les yeux vers le ciel. J’était un homme patient, un être patient pour de nombreuses situations. L’abstinence était loin d’être mon truc. Et puis elle non plus de ce que j’en savais... Suffisait de regarder les Writers pour le comprendre rapidement. Comprendre également que je ne pourrais pas la garder dans une relation. Pour elle, ce serait être dans une cage et elle n’apprécierait pas. Peu à peu, je réalisais la chose et je souhaitais m’éloigner de tout ce bordel. J’aurais besoin de support avec les études de médecine ou bien, je pouvais bien être seul et ramener une fille d’un bar un soir, puis un autre. Elle n’était pas la pro des relations, elle ne l’avait jamais été. Quant à moi, j’étais bien penaud avec toutes ces pensées diverses. En attendant, elle m’empêchait de penser avec ses baisers dans mon cou. « Je ne menace jamais. » avais-je donc grogné. Aisling parlait de contrat et je levais les yeux au ciel. « Non, oublie l’contrat. » Oublie le contrat, oublie les règles. Contente-toi de me suivre avais-je été tenté de lui dire. J’caresse son bras doucement. « Mais au fond, malgré tout... Ce ne serait pas mieux de ralentir la cadence? » Ralentir la cadence pour pas que j’aille trop mal tôt ou tard, même si le mal semblait déjà avoir été fait.

Ouais, mais la vie parfois c'est nul. C'est ce que se disait souvent Aisling en ce moment.
Elle s'était blottie contre lui. Elle était perdue, elle se demandait s'il s'en rendait compte. Oui sûrement. Mais il n'était pas dans une situation plus confortable qu'elle malgré ce qu'elle voulait en penser. Elle se mordit la lèvre alors qu'il grognait. Elle comprit rapidement qu'elle n'était pas censée faire ce genre de chose : l'embrasser en le laissant dans le doute. Mais ce n'était pas intentionnel. Enfin, elle se sentait stupide et cruelle. Elle se redressa lentement, tournant son regard vers la fenêtre.

-C'est difficile de ne pas fixer de règles.

Et elle savait ça en connaissance de cause. Si sa relation avec Perry avait été un échec, c'était sûrement en grande partie à cause de ça. Elle le laissa caresser son bras sans pour autant tourner le regard vers lui. A ses mots son cœur se serra un peu. Elle savait bien ce que ça voulait dire. Elle reconnaissait le sous-entendu.

-Si tu veux que je m'éloigne je le ferais.

Elle le laisserait tranquille, avec quelqu'un de mieux, quelqu'un qui valait le coup. L'espace de quelques secondes les mots d'Isaiah lui revinrent à l'esprit. Elle passait sa vie à se mettre ses barrières et s'empêcher d'accéder au bonheur pour ne pas sortir de sa zone de confort. Il avait raison et là encore c'était un bel exemple.

-Mais j'peux aussi essayer, enfin j'veux dire...

Elle secoua la tête. Non, c'était trop dur de prononcer ces mots, trop dur de faire une promesse qu'elle n'était pas sûre de tenir.

-Laisse tomber.

Elle se mordit la lèvre sentant qu'elle n'allait pas tarder à craquer. Elle n'avait pas l'habitude de gérer ses sentiments, de devoir prendre des décisions en fonction, de prendre en compte les autres...

« C’est difficile de ne pas fixer de règles. » Je la regardais sans rien dire. « Qu’est-ce que tu veux dire? » lui demandais-je finalement, incertain de réellement vouloir savoir cette vérité alors que ma voix s’éteignait. Elle me demandait si je souhaitais qu’elle s’éloigne, c’était comme ça que je le percevais. Et bien que j’avais envie d’hurler que non, ma voix était toujours silencieuse. Ma gorge me faisait mal, mes yeux me piquaient davantage. Fatigue, tristesse. Je ne savais plus quoi blâmer, si ce n’était que moi-même. « Mais j’peux aussi essayer, enfin j’veux dire... » J’fronce les sourcils, puis j’en arque un. Je tousse un peu parce qu’au lieu de parler, c’est la sècheresse qui le fait pour moi. « Laisse tomber. » C’était bien ce que je pensais. Je la serrais doucement contre moi et je frottais son bras. Parce que parfois, le silence valait mieux que tout le reste. Parce que parfois, on t’inflige le silence dans des moments où le choix ne te revient pas. J’regarde autour de nous à la recherche de papier et d’un crayon. J’en trouvais sur ma table de chevet, comme si les infirmières avaient prévu le coup. Je l’attrapais et j’écrivais un simple point d’interrogation que je tendais à Aisling.

Aisling avait tourné ses yeux bleus vers ceux de Chase. Elle trouvait pourtant que c'était clair, enfin peut être parce que la dernière expérience qu'elle avait vécue s'était mal terminée à cause de ce genre de choses.

-Je veux dire que si tu ne me dis pas clairement ce que tu ne veux pas que je fasse, je te blesserais.

C'était assez inévitable. Aisling restait Aisling, elle n'avait aucune notion de psychologie, ni de limite.
Presque imperceptiblement, la blonde vint se blottir contre lui alors qu'il la serrait et qu'il caressait son bras. Auparavant elle n'aurait jamais pensé apprécier les marques d'affections mais aujourd'hui elle se sentait mieux dans ses bras que loin de lui. Elle le regarda écrire sur un bout de papier avant qu'il le lui tende. Elle resta quelques secondes sans rien dire, détournant le regard avant de trouver le courage d'ouvrir la bouche.

-J'voudrais essayer de te rendre heureux.