#5129 — i'll wake from this dream | xavier

Une semaine qu’elle avait quittée l’hôpital pour rejoindre sa maison vide de tout bruit, elle y était seule. Abygaël ne pourrait sans doute plus revenir avec ce qu’il s’était passé, ce qu’elle avait vu, il y avait trop de danger autour d’Adilyn et ils l’avaient bien compris. Elle n’aurait pas dû faire d’erreur après sa prison, parce que c’était inhumain de donner la garde d’un enfant à une femme qui avait fait de la prison et qui était maintenant suivi par un meurtrier.  Elle n’était pas sortie de chez-elle, elle n’avait pas non plus envie d’ouvrir aux gens, même à sa famille. Sans doute qu’elle était parano qu’une personne arrive devant elle pour essayer de la descendre pour de bon. C’était sans doute qu’un avertissement, elle n’en savait rien. L’homme qui avait lui fait ça devait être plus bon en médecine qu’en tire, il savait manier les aiguilles et savait déguiser un meurtre en mort naturelle. C’était pour ça, qu’elle avait hâte de quitter l’hôpital, pour ne pas se retrouver morte un matin comme cette vieille femme presque un an auparavant. L’australienne tournait en rond chez elle, elle commençait par se dire qu’elle allait s’en rendre folle si elle ne sortait pas, si elle ne parlait pas à quelqu’un. Et même si elle avait un tas d’amis qu’elle pourrait appeler si ça n’allait pas, elle décidait de se déplacer pour se rendre chez Xavier. Elle ne savait pas vraiment pourquoi c’était lui qu’elle voulait voir, elle ne savait pas quoi lui dire, mais ça lui viendrait sans doute. Il devait sans doute avoir une présence rassurante, sécurisante, bien qu’elle l’évitait tout le temps à cause de se qu’il avait fait. Mais sans doute qu’elle n’était pas pire. Devant chez lui, elle hésitait, sa gorge se nouait et elle avait l’impression que son cœur allait exploser dans sa poitrine. Il n’y avait pas de raison de paniquer, elle le connaissait. Au fond, elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que si personne ne venait ouvrir cette porte, ça ne serait pas plus mal. Mais peut-être qu’Aby était avec lui, elle n’en savait rien, parce qu’elle n’avait pas voulu se renseigner. Quand la porte s’ouvrit la blonde essayait de cacher tant bien que mal son malaise ou une expression de peur.  Elle détournait le regard, les traits du meurtrier venaient s’incruster sur le visage de Xavier. Son imagination, ses hallucinations. « Xavier ... » Elle se reprenait rapidement, plongeant son regard azur dans celui de l’homme. « Je ne te dérange pas ? » Elle aurait pu trouver mieux, largement. « J’essayerais de faire rapide ... »

On pouvait dire que pour toi les choses étaient rentrées dans l'ordre. Tu avais mis de côté l'alcool, tu suivais chacune de tes réunions méticuleusement, tu voyais un psy à côté pour parler de la mort de Teresa, pour enfin mettre tout ça derrière toi, pour avances dans ta vie et être enfin prêt à pouvoir accueillir ta fille. Tu pourrais bientôt lui faire la promesse qu'elle attendait, permettant ainsi de renouer les liens avec elle. Pour le moment, tu travaillais à domicile sur ta collection. Tu t'étais donné un but, fixé un objectif pour ne pas sombrer. Tu essayais aussi de travailler chaque jour sur la décoration de la chambre d'Aby, voulant que chaque détail vienne de toi. Lorsqu'on sonna à la porte, tu hésitais un instant à aller ouvrir. Tu ne voyais pas qui pouvait venir te rendre visite à cette heure. Pourtant, ça pouvait être important, ça pouvait être Abygaël. Cette pensée te réjouissait et tu filais ouvrir la porte. « Ad.. Adilyn ! » soufflais-tu en la voyant dans l'encadrement de ta porte. Pour une surprise, ça en était une, tu ne t'y attendais pas le moins du monde. Et pourtant, tu ne pouvais t'empêcher d'esquisser un sourire, c'était une vision qui t'enchantait beaucoup. « Je.. Non, entre ! » Tu te poussais de la porte pour la laisser passer. Soudainement curieux de savoir ce qu'elle faisait là. Tu avais su pour le tireur, tu avais hésité à aller la voir à l'hôpital, ce n'était pas l'envie qui te manquait mais plutôt le courage. Tu t'étais dit qu'il était mieux que tu restes loin d'elle pour le moment. Mais tu espérais qu'elle se rétablirais vite pour qu'elle puisse reprendre la garde de ta fille. Le foyer ne lui allait pas et encore moins à toi. Elle prit la parole pour dire qu'elle allait faire vite et en une seconde tu pensais déjà au pire. « Il se passe quelque chose de grave avec Aby ? Elle a encore fugué du foyer ? » demandais-tu inquiet, lui coupant presque la parole. Tu priais pour que ce soit autre chose, après tout, s'il y avait un problème avec Aby, tu aurais déjà été appelé par la directrice. Comme lorsqu'elle n'était pas rentrée le jour du séisme. Tu avais eu si peur pour elle, la cherchant dans toutes la ville après avoir déposé Théia à l'hôpital pour finalement la retrouver aux mains d'une vieille cliente. Tu avais fait plusieurs robes pour sa fille.

Elle se persuadait que de voir Xavier allait lui faire du bien, même si elle ne savait pas vraiment comment ça allait se dérouler, si elle réussirait à lui dire ce qu’elle avait à dire. Elle attendait devant sa porte avec une boule au ventre, le cœur battant à mille à l’heure. En voyant sa tête, elle tentait de lui montrer un beau sourire, pour lui prouver qu’elle allait bien, mais elle avait l’impression que ça n’aidait en rien, parce qu’elle voyait en lui le meurtrier qui lui avait tiré dessus, qui avait tué cette femme, alors qu’il n’était en rien dans l’histoire. Ils avaient juste le pire point commun. Et elle-même ne savait plus si elle était dans l’histoire ou non, si elle n’était pas si différente que lui dans le fond. Adilyn s’avançait, faisant un geste de la tête pour le remercier de ne pas lui avoir fermé la porte au nez. Parce qu’a final, peut-être que de sa part elle le méritait. Elle ne connaissait en rien l’avis qu’avait Xavier sur elle, mais avec tout ce qu’elle lui avait dit, ça ne devait pas être très positif. Même si parfois il lui trottait encore dans son esprit les paroles qu’il lui avait dit, bien qu’il avait sans doute trop bu et sans doute que lui ne se souvenait plus. Elle, elle s’en souvenait, un peu trop bien. La blonde se mise à rire nerveusement en pensant à Aby, elle ne savait pas si elle avait fugué, ils auraient sans doute prévenu le père, pas celle qui n’avait rien à voir avec elle. Elle n’était qu’une tutrice, une mère de remplacement, ils avaient le pouvoir de faire en sorte qu’elle ne soit plus rien et elle ne doutait pas que ça arrive dans les jours à venir. Juste lui laisser le temps de se remettre de ses émotions avant de l’annoncer. C’est comme ça qu’elle voyait les choses et si ça n’arrivait pas, alors elle serait sans doute la femme la plus joyeuse du monde. « Non, non, ce n’est pas pour ça que je viens ! » Elle lui souriait de plus belle. « Je pense qu’Aby va bien. » Au fond, elle ne savait pas si cette petite irait parfaitement bien un jour, mais elle préférait le dire pour rassurer le père. « Je venais seulement parce que ... » Elle soufflait, passant une main légère dans ses cheveux. « Je me disais que … je connaissais pleins de choses sur toi, mais tu ne sais rien de moi. Simplement que je suis la tutrice d’Abygaël. » Ce n’était que très peu, comparé à ce que lui avait eu le courage d’avouer, alors qu’elle, elle n’était capable de rien. Parce qu’elle avait toujours cette peur d’être rejetée et l’être par Xavier ne lui ferait que du mal, elle en était certaine. « Et justement … Je ne pense pas que je pourrais l’être de nouveau. » Elle baissait la tête, tentant de faire cesser les battements trop puissant de son cœur. La peur, l’angoisse, un tas d’autres sentiments qui ne lui faisaient pas du bien.  

Aby allait bien, du moins c'est ce qu'elle pensait. Pour le moment, tu n'avais pas vraiment de raison de t'inquiéter non. Mais alors que voulait-elle ? Peut-être qu'elle avait une maladie grave ? Un besoin urgent de quitter la ville ? Plus les secondes passaient et plus tu te faisais des idées, les plus affolantes et les plus délirantes les unes après à les autres. Ça n'allait pas dans ta tête, mais ça faisait déjà un moment que rien ne tournait rond là dedans. « Oh.. » Elle était venue pour te parler d'elle, pour te faire des confidences et tu devais avouer que ça te faisait presque aussi peur que tout ce que tu avais pu imaginer. « Justement Adilyn, je n'ai besoin de savoir rien de plus. » Tu lui avais un peu coupé l'herbe sous le pied, l'empêchant presque d'aller plus loin dans sa démarche. Pourquoi un soudain revirement ? Tu semblais avoir peur de ce qu'elle pourrait te dire. « Tu es la tutrice d'Abygaël, le reste de ta vie ne me regarde pas. Tous les deux on est pas vraiment amis, je ne pense pas qu'un jour on soit plus que ça - même si le baiser la plage me laisse parfois rêveur - mais je sais ce que j'ai fais, je sais ce que je t'ai dit et je comprends parfaitement ton choix. » Tu avais esquissé un sourire à l'évocation de la plage. C'était peut-être le plus beau moment qui avait marqué ta vie en trois ans de présence à Bowen. Peut-être parce que l'instant d'un soir tu t'étais senti revivre, que tu avais pu passer une nuit à dormir paisiblement, pouvant mettre ton passé de côté avant qu'il ne te rattrape. Avant que tu ne lui déballes tout, l'éloignant à tout jamais de toi, réduisant à néant la poussière de chance que tu avais pour une histoire avec elle. « Et c'est injuste qu'on te retire la garde d'Abygaël parce qu'un fou s'est levé un matin et a décidé de te tirer dessus. » Tu croisais les bras, t'énervant contre ce genre de personne et non contre elle. Ce n'était pas sa faute, ce n'était pas sa faute. Et tu étais prêt à le crier sur tous les toits. « Dans l'fond, t'es la victime, pas la coupable ! » ajoutais-tu simplement. Ce n'était pas sa faute continuais-tu de ressasser dans ton esprit sans pour autant le dire à voix haute. « D'autant plus que s'il pense agir pour le bien de l'enfant, ils doivent se rendre compte que tu lui fais du bien. Tu es la seule chose positive dans tout ce chaos.. » On ne pouvait pas lui retirer la garde de ta famille, tu avais besoin d'elle, toi. Et Aby aussi.

Il n'avait pas besoin de savoir plus, elle baissait les yeux, un sourire maussade sur le visage. Pourtant, elle avait envie de lui dire, elle ne se sentait prête que pour avouer à lui, peut-être parce qu'il l'avait avoué quelque chose de bien plus grave ou peut-être tout simplement que c'était qu'avec lui qu'elle voulait se confier. Elle n'en savait rien. Les paroles qui suivirent lui faisait mal, elle relevait ses yeux vers lui, tenant de cacher tant que mal son malaise, c'est vrai, ce n'était que de sa faute si ce n'était pas simple entre eux-deux, mais sans doute qu'il avait raison, qu'elle n'était que la tutrice d'Aby, rien de plus. Pourtant, ces derniers temps son avis changeait sur lui, peut-être que ça avait toujours été le même, de sentiment, mais qu'elle refusait tout simplement de se dire que ça pouvait être ça, par rapport à ses anciennes relations et par rapport à ce qu'il avait fait. Elle ne pouvait pas espérer quelque chose avec un tueur, elle ne pouvait pas se dire qu'il ressemblait tellement à tous ceux qu'elle avait côtoyé pendant deux mois. La seule différence avec lui, c'est qu'il avait su le cacher pendant quelques temps, parce qu'il n'était pas en prison. Ça aurait sans doute été différent s'il n'avait rien avoué. Ça aurait sans doute été différent si elle n'était pas comme elle était. C'était pourtant elle qui lui avait dit qu'il ne se passerait jamais rien entre-eux, il avait raison, ce n'était que de sa faute. Elle aurait pu se dire que ce soir-là elle était en colère de ce qu'elle voyait, un Xavier ivre, ce n'était pas agréable. Mais en même temps, lui avait eu le droit de lui raconter les pires moments de sa vie, alors qu'il n'était que le père d'Aby, alors pourquoi, elle n'aurait pas le droit de raconter à son tour ? Peut-être que sa vie lui importait peu. « Oui … mon choix ... » Soufflait-elle avant de continuer en parlant de la garde de la petite. Elle ne voulait pas la perdre, elle se sentirait mal, vide et profondément seule. Pourtant, quelque part, elle l'aurait sans doute mérité. Puis elle l'écoutait s'énerver et ça la touchait qu'il se dise ça. Elle ne lui voulait que du bien à la petite, pourtant elle avait l'impression d'empirer son cas, elle avait redonné dans doute un peu le sourire, mais quelqu'un d'autre le fera sans doute mieux qu'elle. Même si elle refusait de se l'avouer, qu'elle pouvait être avec quelqu'un d'autre. « Ce fou l'a peut-être fait pour des bonnes raisons ... » Elle haussait les épaules, disant ça avec de la douceur pour que ça passe mieux, même si elle savait que la réaction de Xavier n'était pas celle qu'elle souhaitait. « Je t'ai menti Xavier … J'ai menti à tout le monde. » Elle croisait les bras, affrontant son regard. « On n'est peut-être pas si différent, toi et moi. »  

Elle reprenait tes mots comme si elle ne les comprenait pas. Comme si elle regrettait son choix. Peut-être que tu voyais ce que tu voulais voir. Tu aurais aimé l'entendre te dire qu'elle avait fait une erreur de jugement, que ton passé n'avait pas à compter. Mais il comptait pour toi. Tu avais voulu revivre ta vie et tu n'en avais pas été capable. Tu avais voulu trouver l'amour et tu l'avais trouvé. Tu pensais l'avoir trouvé avec Adilyn. Peut-être était-ce juste une illusion, un écran de fumée. Tu voyais en elle une femme douce, une femme aimante et capable de s'occuper de ta fille. Tu avais peut-être tout simplement jeté tes projections sur elle, imaginant une vie de famille parfaite, un couple parfait comme dans un film parfait. Mais la vie n'était pas parfaite. Tu ne pouvais pas refaire ta vie en un claquement de doigt. Tu n'avais pas le droit de favoriser tes sentiments, pas maintenant qu'il y avait Abygaël dans ta vie. Elle devenait ta nouvelle priorité et tout ce que tu devais faire à présent c'est lui rendre son bonheur. Lui permettre d'avancer dans la vie, d'oublier sa dernière année. Pourtant lorsque tu parles d'Aby, lorsque tu prends la défense d'Adilyn, elle ne semble pas d'accord avec toi. Tu l'entends te dire que le fou en question savait ce qu'il faisait et tout ça te rend perplexe. Pendant un instant tu la fixes sans savoir quoi dire lorsqu'elle ajoute qu'elle t'a menti, mais sans en dire plus. Menti sur quoi ? Menti quand ? Tant de questions, si peu de réponses.  « Je ne comprends pas Adilyn... » Tu sentais la confusion te gagner, plissant les yeux essayant de voir où elle voulait en venir en disant que vous n'étiez pas si différent. Elle aussi avait une dépendance à l'alcool ? Elle avait tué quelqu'un en légitime défense ? Elle avait été marié trois fois ? Elle aussi craqué pour toi ? Tout s’emmêlait dans ta tête, tu attendais juste qu'elle prenne la parole, qu'elle mette des mots sur tout, qu'elle t'explique ce qu'elle voulait dire pour qu'elle lève enfin le voile sur tout ce mystère.

Pourtant, elle aurait voulu qu’il comprenne, comme ça elle n’aurait pas à le dire, à sortir ces mots qu’elle finirait sans doute par regretter, parce qu’elle avait tenu que personne le sache pendant proche d’un an et maintenant elle foutait tout en l’air parce que la mort avait posé une main sur elle. C’était sans doute une mauvaise idée, mais elle ne pouvait plus faire marche arrière, la seule fois qu’elle avait dit qu’elle avait fait de la prison, ça c’était mal passé, elle avait perdue une amitié qui lui était cher, même si aujourd’hui, Alex avait tout oublié. Xavier lui n’oublierait pas. « J’ai fait de la prison. » C’était rapide, elle tournait le regard, son cœur battait jusque dans son cerveau. Elle se mordait la lèvre en appréhendant sa réaction. Elle savait qu’il pouvait râler que sa fille ait été à côté d’une ancienne prisonnière pendant tout ce temps. Elle comprenait qu’il ne veuille plus la voir dans cette maison plus longtemps, elle l’avait dit de toute façon, elle ferait ça rapidement. Pour ne pas sentir un malaise plus énorme et le laisser le temps de le faire, elle reprenait la parole, même si elle ne savait pas si c’était la meilleure solution. « Pour meurtre avec préméditation, mais …  » Elle ne savait pas comment formuler tout ça d’un coup, ça la remuait elle aussi, elle parlait sans que les mots viennent et ne voulait pas dire n’importe quoi, même si elle ne savait plus si Xavier l’écoutait, maintenant. « Je suis ressortie en février parce que j’ai été innocentée … C'est sans doute ... pour ça que ce type m'a tiré dessus. » Mais la suite ne sortait pas, elle ne voulait pas lui dire qu’elle avait sans doute tuée cette femme, qu’elle n’en savait rien, qu’elle doutait depuis plusieurs temps maintenant et qu’il n’y avait pas de réponse à ces questions. Que simplement elle pensait en prison qu’une fois dehors, tout serait mieux mais que finalement elle s’était battis un monde de mensonge et qu’elle ne savait pas y sortir.

Tu l'avais écouté te dire qu'elle avait fait de la prison. De la prison pour quoi exactement ? Pour outrage à agent, pour conduite en état d'ivresse ? Pour vole à l'étalage ? Tu étais confus parce que tu ne savais pas quoi dire, tu ne savais même pas quoi penser. Elle avait fait de la prison et alors ? Tu avais été mis à nu devant un jury lors d'un procès. Tu n'étais pas mieux au fond. Mais avant que tu puisses demander pour quoi, elle ajoutait que c'était pour meurtre. Mais il y avais un mais et tu la laissais aller au bout de ses mots avant de la couper. Finalement, c'était une histoire assez complexe. Tu ne la quittais pas du regard, cherchant tes mots, il n'y avait ni colère ni déception dans ton regard. Tu cherchais juste tes mots. « Adilyn, ce n'est pas pareil ! » finissais-tu par ajouter doucement. Peut-être qu'elle pensait que vous étiez pareils parce qu'elle aussi avait été condamnée pour meurtre. Pourtant, dans ta tête les choses ne l'étaient pas. Tu ne savais pas qui elle avait pu tuer, c'était sûrement lié à sa carrière d'infirmière, peut-être une erreur médicale. Mais ce n'était pas un détail qui avait de l'importance, le seul qui en avanit c'était son innocence. « Tu as été accusée à tort, innocentée pour un crime que tu n'as pas commis. » Tu n'avais que ça en tête. Peut-être que tu t'inquiétais aussi pour sa sécurité à présent si un fou furieux décidé de la tuer pour se venger. Mais pourquoi se venger ? Pourquoi elle ? « Alors que moi je n'ai pas été condamné pour m'être protégé.. » Tu t'étais fait attaqué, tu avais été la victime d'une agression et tu t'étais juste défendu. Tu n'avais pas cherché à te défendre, tu avais accepté ce que tu avais fait, plaidant même coupable, mais il en avait été décidé autrement. « Nous ne sommes pas pareil.. Nous ne le serons jamais. » Tu haussais les épaules, dans le fond c'était rassurant de voir qu'elle se livrait à toi, de voir qu'elle te faisait assez confiance pour te raconter une lourde partie de son passé.

Elle avait la boule au ventre de savoir ce qu'allait en penser Xavier, elle n'osait même pas le regarder quand elle avouait ça, de manière plutôt lente, c'était plutôt maladroit, mais c'était compliqué à expliquer. Elle l'avait caché pendant tellement de temps, elle s'était dit qu'elle aurait pu le cacher encore plus de temps, mais elle s'en sentait incapable, comme si elle l'avait trahie pendant toutes ces semaines. Elle avait une pression dans la poitrine quand il se mit à parler, comme si c'était la sentence finale et que sa parole était plus importante que toutes les autres, même si ce n'était pas lui qui allait dicter le reste de sa vie, ce n'était pas lui qui allait la remettre en prison. Bien sûr, que ce n'était pas pareil sur le coup, parce qu'Adilyn ne lui disait pas tout, qu'elle avait trop peur de lui dire qu'elle avait reçu pleins de lettres, que les mots qu'il avait vu sur sa maison lui étaient adressée à elle. Elle répétait ces phrases dans sa tête, ce n'était pas elle qui avait commis le meurtre, non, ce n'était pas elle qui avait injecté trop de produits. Pourtant, ils étaient peu à s'occuper de cette femme et elle avait l'impression d'avoir tout foiré, qu'elle était bien la meurtrière. Et si c'était elle qui avait signé l'arrêt de vie de cette femme en lui injectant un produit en trop grosse quantité contre sa volonté ? Si quelqu'un avait trafiqué ses ordonnances et que c'était Adilyn qui avait terminé le boulot ? Elle en frissonnait. « Ils m'ont innocentés, mais je ne sais pas ce que j'ai fait. » Elle soufflait doucement, pour tenter de calmer les émotions qui tonnaient dans sa tête et ne pas craquer. « Je ne me sentais pas attaquée par cette femme, et si c'était moi qui ai fait tout ça ? Et si j'étais un de ces monstres ? La complice du meurtre ? J'en sais rien. » J'ai peur. Elle relevait doucement les yeux vers lui, le cœur se serrant un peu plus. « Tu te sentais comment après … avoir tué cette femme ? »

Tu étais étonnement calme. En repensant à comment c'était passé votre discussion lorsque c'était toi qui avait fait ce genre de confession, tu réalisais que tu le vivais assez bien. Sûrement parce que tu avais beaucoup de mal à la croire. « Si tu ne sais pas, c'est parce que ce n'est peut-être pas aussi simple que toi. C'est tout un engrenage, tu n'étais peut-être qu'un maillon de la chaîne ou alors tu n'en fais pas parti. » Tu ne savais pas vraiment quoi lui dire. Toi les faits avait été clairs, on t'a agressé, tu t'es défendu. Pour son cas, il s'agissait bien d'une patiente, mais même elle n'avait pas l'air de savoir la cause réelle de sa mort. Et si tout ça n'était qu'un simple concours de circonstance ? Et si elle n'avait jamais rien fait de mal, qu'elle avait tout bien fait et que sa patiente avait juste pas eu de chance ? C'était possible après tout. « Mais tu ne peux pas te blâmer si toi-même tu n'es pas fixée. » Tu avais tellement envie de faire un pas vers elle, de la prendre dans tes bras et de lui dire qu'elle se trompait. Elle n'était pas un monstre, à tes yeux elle ne le serait jamais. Mais était-ce vraiment objectif ? Ton coeur te dirait que non, quant à ta raison, tu ne l'écouterais pas. Mais tu étais incapable de bouger, tu te contentais de la regarder sans oser bouger le moindre muscle. « Tu divagues Adilyn. » murmurais-tu doucement. Son absence de souvenir, le fait que les choses n'étaient pas claires, ça la remplissait de doutes. Et le doute, il n'y avait pas pire au monde pour faire chuter une personne dans la folie, dans la peur ou dans une quelconque dépendance. « Je.. Euh.. » Sa question t'avait décontenancé. Tu ne t'y attendais pas, tu ne pensais même pas qu'on puisse te demander un jour ce que tu avais pu ressentir à ce moment là. Toi-même tu n'étais plus bien certain de savoir. Quand tu essayais d'y penser, tu voyais tout en flou, comme si ce n'était qu'un mauvais rêve, qu'une illusion. Avec le temps l'image se déformait, avec l'alcool que tu avais bu après ça, tu ne te rappelais pas de certains détails comme la couleur de sa robe ou encore d'où tu revenais ce soir-là. Mais l'idée d'en parler, d'essayer de te rappeler comment tu avais pu te sentir te donnait la nausée. Tu quittais la pièce rapidement pour gagner au plus vite la cuisine et te pencher au dessus de l'évier. Tu avais les mains qui tremblaient, la tête qui te tournait. Heureusement pour toi que tu te tenais sinon tu serais sûrement au sol à présent. Voilà comment tu te sentais : nauséeux.

Et c'était bien là le problème, elle ne voulait pas faire partie d'une histoire de meurtre et elle s'en pardonnerait jamais assez si elle apprenait qu'elle avait été le pion d'un jeu aussi morbide, même si elle n'avait pas été au courant, qu'elle n'avait pas voulu jouer à ça. Elle avait sans doute tué quelqu'un et ça ne s'oubliait pas. Alors, pourquoi rien ne lui revenait en tête ? Elle en avait peur de ces pensées, elle fuyait ça depuis un an bientôt. Mêmes si en parler lui faisait un certain bien, ça lui faisait poser plus de questions, bien que les paroles de Xavier étaient réconfortantes, du moins si ça ne l'était pas maintenant, ça le serait sans doute plus tard. La blonde ne disait rien d'autre, parce que ça serait toujours le même discours pour le moment, elle voulait croire qu'elle était innocente dans l'histoire et victime d'un fou, mais elle n'arrivait pas à se dire qu'elle avait passé deux mois en prison pour rien. Pourtant, au début, elle se disait ça, ce n'est qu'en prison que ses idées ont commencés à changer, elle avait tout le temps pour réfléchir là-bas et sans doute que son imagination a fait le reste. Peut-être qu'elle aurait moins vécue dans la peur si elle était restée sur la première idée, qu'elle aurait même été plus heureuse en sortant de là-bas. Mais elle ne savait même plus ce qu'elle était depuis sa sortie de prison. Une fille qui se disait bien, mais qui ne l'était pas. Elle aurait voulu rester comme ce qu'elle était avant, elle ne pensait pas qu'elle avait grandie. Elle avait juste changé alors que ce qu'elle était lui plaisait. Puis Adilyn repensait à cette lettre qu'elle avait dû donner pour l'avancer de l'enquête. Et elle finissait par poser une question dérangeante à Xavier, alors qu'elle savait que c'était mauvais de lui rappeler ces souvenirs-là. Et elle s'en voulait sur l'instant. D'autant plus quand il s'en allait. Elle s’approchait timidement, restant à une bonne distance de lui, parce qu’il devait ne plus l’avoir dans les pattes, sans doute. « Xavier ... » Elle sentait son cœur se serrer en posant ses yeux sur lui. « J’ne sais pas pourquoi j’ai posée cette question, excuse-moi. Je m’en fous de ce que tu pensais … c’était trop con. » Elle passait une main dans sa chevelure dorée avant de jouer avec une mèche, parce qu’elle ne pouvait rien faire d’autre. « Je … je vais m’en aller. » Après l’avoir mis dans cet état c’était totalement égoïste et inhumain. À se demander si elle avait un cœur à cet instant.

Elle t'avait appelé mais à présent, tu ne pouvais pas vraiment répondre. Tu avais le regard absent. Plus rien ne comptait autour de toi. Elle te parlait, mais c'était un faible son, comme si elle était sur une île à des milliers de kilomètres de toi. Tu l'avais à peine entendu mais vu ton état à présent et sa question juste avant tu te doutais bien qu'elle devait s'en vouloir un peu. Il n'y avait pas de quoi. « Ce n'est pas grave, Adilyn. Je suppose que c'est une question légitime c'est juste moi.. » Toi qui n'avait pas les tripes pour supporter tout ça, pour repenser à cette nuit là sans avoir peur, sans trembler ou avoir envie de vomir. Cette histoire te retournait vraiment la tête. Autant dire que tu n'étais pas heureux, tu ne te sentais pas bien en sachant ce que tu avais fait. Tu avais envie de retrouver l'amour mais tu n'étais même pas certain de pouvoir toucher à nouveau une femme sans avoir peur. « Je.. » Tu quoi ? Clairement, la situation était mauvaise. Si tu n'avais pas vidé tes tripes dans l'évier il y a quelques instants de ça, tu te serais sûrement jeté à l'eau. Qu'avais-tu à perdre après tout ? Si elle était venue te parler, venue se confier à toi c'est qu'il devait bien y avoir quelque chose. Pourtant, l'instant faisait que tu ne pouvais pas la retenir de cette façon là. Tu ne pouvais même pas la retenir tout court parce que tu n'allais pas jeter dans une déclaration enflammée. Tu te contentais de t'essuyer la bouche, relevant le regard vers elle. Tu devais avoir une tête qui fait peur à voir, mais puisqu'elle partait, ça ne te semblait pas dérangeant. Tu pourrais aller te noyer dans une douche bien chaude, évacuer cette odeur, cette sueur qui te collait à la peau et qui te remontait le coeur. « Merci Adilyn, pour me faire confiance, pour m'avoir parlé ! » Tu te contentais de ça, tu ne pouvais pas avoir plus, ni même faire plus pour le moment. Peut-être que les choses seraient moins tendus entre vous, peut-être que tu pouvais y voir une lueur d'espoir.

Ce n’était pas une question légitime, elle n’avait même pas envie d’écouter la réponse. Ça serait trop bizarre, ça ne l’aurait pas aidé à se sentir mieux. Elle était juste trop étrange aujourd’hui, elle était perdue. Mais elle n’aurait pas aimée recevoir cette question d’une autre personne, alors elle ne pouvait que comprendre la réaction de Xavier, du moins, c’est ce qu’elle croyait. Elle se sentait mal pour lui, elle lui faisait du mal à lui faire ressurgir des souvenirs et elle avait peur qu’il ne retombe dans l’alcool, s’il avait réussi à s’en sortir comme il disait la dernière fois, avant qu’Aby le mette à la porte. « J’voulais pas te mettre dans cet état. Vraiment. » La blonde restait quand même en retard, perdant son regard un peu ailleurs pour ne pas à avoir à l’affronter. Quand il reprit la parole, elle tournait quand même ses iris vers lui pour savoir ce qu’il avait à dire. « Mh ? » Disait-elle faiblement, mais il ne poursuivait pas. Est-ce que c’était pour dire ce qu’il avait ressenti ? Elle ne ressentait plus le besoin de le savoir, loin de là, alors elle préférait qu’il ne dise rien et que les deux restent dans un silence. Avant que la blonde se décide de partir. Parce qu’elle avait dit qu’elle ferait ça rapidement, qu'elle ne voulait pas lui faire perdre plus de temps avec ses histoires. Il finissait par la remercier, elle souriait légèrement, simplement. Que dire de plus ? Elle ne voyait pas en parler à quelqu’un d’autres, en fait, elle l’avait déjà dit à Alex et Tahlia avait fouiné un peu trop dans son dossier, alors ils n’étaient que trois à être au courant, bien qu’une pouvait être soustraite. « Je te demanderais juste de … n’en parler à personne. » Tout comme elle ne disait à personne qu’il avait tuée ça femme, c’était plutôt normal dans sa tête, un secret contre un autre. Ils allaient tout les deux vivres avec ça, un secret un plus pour chacun. « Au revoir. » Pas un mot de plus, elle tournait les talons et parti rapidement de cette maison, ça évitait de lui faire plus de mal, ça la confortait dans l’idée que pour une fois dans la journée elle faisait quelque chose de bien, partir.