i'm magnetised - Cam

ça me rassure, que tout lui convienne du moment que ça me convient aussi. j'avais vraiment peur de ne pas être à la hauteur et que ça ne lui plaise pas. vraiment. j'suis vraiment soulagé, du coup, de voir que l'endroit lui importe peu, finalement. installés, l'un en face de l'autre, j'suis un peu gêné qu'elle me regarde de cette façon, aussi intensément. je passe mes mains sur mes cuisses, comme pour lisser mon jean, juste pour essayer de me dé-gêner un peu, et essuyer mes mains qui sont un peu moites. - ben.. ça m'arrive de temps en temps.. la bouffe est plutôt pas mal en plus.. j'y viens plus souvent que de temps en temps, en vérité. je connais bien tout le monde, et j'ai de la chance que les personnes présentes soient pas celles avec qui je fais la fête habituellement. ils me foutront pas la honte. à moins qu'ils arrivent plus tard. j'espère pas. - j'suis content d'être là aussi. je relève les yeux, petit sourire timide. j'suis super content, même, t'as pas idée béré. un serveur vient vers nous, grand sourire. - salut cam! salut mademoiselle! ça va comme vous voulez? vous prendrez quoi à boire? j'attends que béré choisisse, puis j'demande de l'eau. j'aurais bien pris un petit shot de tequila ceci-dit, pour le courage.

elle est belle, bérénice. ses cheveux lâchés me font un peu trop d'effet, et je me surprends à l'observer longuement, alors qu'elle passe sa commande au serveur, un sourire au bord des lèvres. elle est belle, elle est si belle. je me rends compte à quel point j'ai de la chance de pouvoir être ici avec elle alors que des tas d'autres garçons en rêveraient, des garçons qu'elle a repoussé, qu'elle n'a pas voulu; et moi, elle m'a voulu. je suis sans doute le gars le plus chanceux sur terre. très certainement. je souris à sa commande. je ne m'attendais pas franchement à ce qu'elle prenne quelque chose d'alcoolisé, encore moins d'aussi fort. c'est mignon. elle va être mignonne. elle est tout le temps mignonne. le serveur repart, j'hausse les épaules, un peu intimidé, un rire léger. - c'est bon pour la santé, l'eau, c'est tout. je passe ma main dans mes cheveux, vite fait, à l'arrière de mon crâne, gêné. c'est juste que l'eau, c'est gratuit, béré. j'aurais bien pris de l'alcool moi aussi tu sais. mais ça me coûtera moins cher. je me redresse un peu, pose ma main sur la table. prends-la, si tu veux. - je.. je me posais une question.. hem.. est-ce que ça se pose, comme question? tant pis, j'me lance. - t'as vraiment rencontré un garçon, comme tu m'as dit?.. ou bien t'as dit ça juste pour me faire souffrir? dis-le moi, ça arrête pas de me hanter.

non, t'as raison bérénice, je ne m'en souciais pas, avant. je m'en foutais royalement, c'était le cadet de mes soucis. la vérité, c'est que c'est toujours le cadet de mes soucis, aujourd'hui. mais la différence c'est qu'avant, sans rouler sur l'or pour autant, j'avais plus de moyens que maintenant. je pouvais quand même me permettre de dépenser sans compter. c'est fini, maintenant. j'peux plus, c'est terminé. elle tient mes doigts avec les siens et mon coeur s'emballe. il bat la chamade et tambourine ma poitrine, le tout dans un vacarme assourdissant. et même quand elle me lâche enfin, ça continue, par l'angoisse de sa réponse. oui. elle avait dit la vérité, elle a bel et bien rencontré un garçon. je déglutis, la gorge nouée. je la regarde droit dans les yeux pour tenter de garder un minimum de contenance quand je ne rêve que de regarder par terre. - et.. il s'est passé quoi, entre vous?.. il s'appelle comment? quel âge il a? qu'est-ce qu'il fait dans la vie? pourquoi t'es avec moi, au lieu d'être avec lui?

rien de vraiment sérieux. ses mots résonnent dans ma tête. qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, au juste, rien de vraiment sérieux? à partir de quand, est-ce que ça devient sérieux, pour bérénice? est-ce que nous deux, c'était sérieux, ou pas vraiment? je soupire un peu. je suis peiné, tellement peiné. j'aurais dû m'en douter. - qu'est-ce qu'il s'est passé, bérénice?.. vous.. vous vous êtes embrassés?.. ou.. t'as.. hm.. t'as couché avec lui?.. le dire me fait tellement, tellement souffrir bon dieu. c'est la pire chose au monde. je refuse que ça soit le cas, je refuserais d'entendre raison si ça l'est bel et bien. je refuse de savoir qu'elle a couché avec un autre que moi. encore moins avec alfie. putain, pas lui, pas alfie. j'hoche la tête en silence, le noeud dans ma gorge qui se serre. je suis à mi-chemin entre l'envie de vomir et celle de pleurer. j'ai plus aucune chance, c'est foutu. j'fais pas le poids, moi, à côté d'alfie. mais c'est de ma faute, si je lui avais parlé de bérénice, peut-être que j'aurais pu la garder pour moi. j'suis con, c'est tout.

comment est-ce qu'elle peut faire ça, bérénice? comment est-ce qu'elle peut me regarder, voir dans mes yeux tout ce qu'on y voit, et me dire que ça n'a pas d'importance? j'ignore quelle magie elle utilise pour pouvoir tenir le coup et être aussi froide par rapport à ça, moi je n'y arrive pas, et peut-être que j'en aurais un peu besoin, de sa magie, j'en sais rien. - ça a de l'importance, pour moi.. je baisse les yeux et me racle un peu la gorge. j'suis mal, j'suis vraiment mal. je veux savoir, ce qu'elle a fait avec alfie, ce qu'elle lui a trouvé, pourquoi elle s'est laissée aller avec lui, alors que moi elle a été me dire que c'était une grosse erreur. est-ce qu'elle lui a dit, à lui aussi, que c'était une grosse erreur? est-ce qu'elle lui a brisé le coeur? j'en doute fortement. - dis-le moi, qu'on en finisse.. qu'on finisse de détruire le peu de vivant qu'il reste en moi, et qu'on n'en parle plus.

ça tombe. comme une bombe sur mon coeur. tout est dévasté, mis en poussière. je ne suis plus rien. je ne suis même pas capable de pleurer, même si j'ouvrais les vannes de mes canaux lacrymaux. ça serait impossible. je ressens un énorme vide à l'intérieur de moi. cameron, complètement brisé. oui, elle a bel et bien couché avec alfie, et à la regarder comme ça, elle a l'air de ne rien regretter. rien du tout. - ok, hm.. ok. parfait.. une seconde, bérénice.. je reviens.. non, j'irais pas pleurer dans les toilettes, j'irais pas frapper dans un mur non plus, ça m'a servi de leçon hier, déjà, j'ai des énormes bleus sur la main. non, j'ai besoin d'autre chose, j'ai besoin d'un remontant. je me lève et rejoins le bar. je me fais servir trois shooter que je bois les uns derrière les autres. un petit, un gros remontant, même, pour réussir à affronter ça, sans m'écrouler. mon amour, avec alfie. affronter ça, au moins jusqu'à ce qu'il soit temps de la ramener. je retourne m'asseoir à ma chaise, les joues rougies par l'alcool, déjà. - d'accord, on va faire comme si je ne savais rien.. tout va bien.

ça tape, ça tape fort dans ma tête, j'ai l'impression d'entendre les battements de mon coeur jusque dans mes oreilles, trop rapides pour que ça soit encore normal. l'alcool, ingurgité si rapidement, commence à prendre la place de mon sang dans mes veines. il me faut un autre verre, voir bérénice pleurer comme ça ne fait qu'empirer les choses. j'voulais pas la faire pleurer, moi. j'veux pas partir en bad non plus. j'suis désolé. mais là, comme ça, on aurait pu se mettre à tout oublier, à passer à autre chose, à changer de sujet. le but n'était pas de continuer d'en parler. - avec lui, tu craques, c'est normal, avec moi c'est la plus grosse erreur de ta vie, hein? pardon, je l'ai encore un peu en travers, que tu m'aies balancé comme ça que c'était une erreur, ce qu'on a fait. pour moi c'en était pas une, c'était la plus belle chose au monde. - j'ai jamais dit que c'était la fin du monde, bérénice, calme-toi. j'ai même rien dit du tout, j'ai dit 'tout va bien'. te mets pas dans cet état, j't'ai rien dit, moi, que tu te sois laissée sauter par alfie. pourtant, j'en ai des choses à dire, si tu savais.

j'ai plus qu'une envie terrible maintenant, c'est de me soûler jusqu'à la mort. la petite mort lente et douce. le délicat coma éthylique. ne me soucier de rien, ne rendre compte de rien. boire, boire, boire, jusqu'à en crever, jusqu'à en dégouliner. m'imbiber au plus complet et oublier. je serais triste d'oublier bérénice, mais finalement, est-ce que je serais plus triste ou moins triste que maintenant? j'hausse les épaules. comment est-ce que je peux savoir? peut-être que t'es là parce que tu as pitié de moi, de me voir seul, de ne pas m'aimer. peut-être que c'est un défi lancé entre alfie et tout pour me détruire jusqu'au bout. je pense vraiment que c'est la pitié, la raison pour laquelle t'es là avec moi et pas avec lui. - c'est pas ce que j'ai dit, non. je t'ai pas traitée de pute. maintenant si c'est ce que tu comprends, c'est pas de ma faute. - tu veux bien te calmer maintenant, et arrêter de pleurer s'il te plaît..