i'm magnetised - Cam

T'essayes de te calmer, tu fermes les yeux, la tête baissé, et tu respires un coup tout en essuyant les larmes qui coulent sur tes joues. Tu peux pas t'empêcher de chialer tout le temps, et pour que dalle, c'est dingue ça, t'es beaucoup trop fragile, Béré, tu l'es peut être même trop pour avoir une relation avec quelqu'un. Tu supportes pas la moindre remarque, et tu supportes pas voir une personne que t'aimes souffrir, t'es bonne à être seule jusqu'à la fin de tes jours, peut être même que tu ferais mieux de ne plus avoir d'amis non plus, tu finirais par souffrir à cause d'eux aussi, tellement t'es une fille vulnérable. Tu relèves les yeux vers lui. « Ecoute ... » Fais-tu doucement. Tu ravales ta salive, marque une pause, tes yeux toujours dans les siens. « Je t'aime vraiment bien, Cam, et je veux pas que tu crois que tout ce que je fais avec toi ne représente rien, et pour l'autre fois non plus, c'était pas une erreur, c'était pas rien. »

Toi aussi, t'es perdu, t'es au fond du gouffre, tu sais plus où aller, tu sais plus comment agir avec lui, tu sais plus quoi lui dire. Tu pourrais lui dire tellement de choses, lui dire combien tu l'aimes, combien t'as envie d'être avec lui, combien t'es heureuse de l'avoir retrouvé et que tu regrettes absolument pas que votre amitié ai évoluée de cette manière. Mais t'en es incapable, tu sais pas ce que c'est de dévoiler son cœur à quelqu'un, tu sais pas comment faire, t'es beaucoup trop maladroite pour ça, et tu veux prendre ton temps, avec Cam, tu veux que les choses soient bien faites, dans les règles de l'art. La dernière fois, quand tu t'es donnée à lui, tout est aller trop vite, et ça t'as fait peur, ça t'as fait fuir, t'as pas envie d'avoir à nouveau envie de fuir, t'as pas envie de ressentir à nouveau le besoin d'être loin de lui, parce que t'as trop peur d'avoir le cœur brisé. Tu le connais, Cam, la sagesse et la douceur incarné, mais quand il s'agit de filles, c'est autre chose, et même si il te dit qu'il t'aime comme un fou, que t'es différente, tu peux pas t'empêcher de penser à toutes ces filles qui sont passées dans son lit et à qui il a brisé le cœur. Tu finis par sourire, finalement, face au contact de sa main sur ta joue, qui réchauffe ton cœur instantanément. Tu l'attrapes pour lui faire un petit baisé sur le dos de la main, gardant celle-ci près de ton visage. « C'est pas grave … on oublie, j'ai envie de passer une bonne soirée. » Fais-tu d'une voix douce.

Ce sourire, ce sourire qui entoure ton cœur d'une chaleur apaisante et qui sèche tes larmes instantanément, tu sais que tant que ce sourire demeurera sur son visage, tu ne pourras qu'être heureuse pour le reste de la soirée. Tu fermes les yeux sous le contact de ses doigts avant que le serveur n'arrive pour te sortir un peu de ton bien être, et tu laisses la main de Cam revenir vers lui en adressant un grand sourire au serveur qui vous demande ce que vous voulez manger, tu demandes une simple salade, n'ayant pas réellement faim avec tout ça, tu laisses Cam choisir tout en gardant ses yeux sur lui, un sourire aux lèvres. C'est dingue, comme tu es chanceuse d'être là, avec lui, alors que depuis tout le temps que tu le connais, tu ne l'avais jamais vu sortir sérieusement avec une seule fille, ou alors tu n'étais peut être juste pas au courant, mais tu préfères te retirer cette idée de la tête. Tu te surprends à le regarder intensément depuis un long et lourd moment, en te mordant la lèvre inférieur. C'est fou comme t'as envie de l'embrasser, comme tu trouves que la table entre vous est de trop, mais tu te retiens, t'as dis que tu voulais prendre ton temps, Bérénice, ne précipite pas les choses. Tu t'autorise tout de même à rapprocher ton pied du sien, puis ta jambe, la laissant caresser la sienne doucement, subtilement, avant de la garder immobile, entre ses deux jambes. « Dis-moi, tu ne viens plus au refuge, ces temps-ci ?  Ça fait un moment que je ne t'y vois plus » Fais-tu comme si de rien n'était.

Tu le vois rougir, ça te fais sourire, et t'as presque envie d'en jouer, mais t'es pas ce genre de fille, t'es beaucoup trop innocente et prude pour ce genre de choses, enfin prude, tu ne l'es plus tant que ça, finalement. Coucher avec deux mecs différents en l'espace de quelques semaines, ça n'a rien d'innocent. Tu recommences alors ton geste, montant un petit peu plus, un sourire en coin sur les lèvres. Tu t'étonnes à prendre goût à la provocation, chose qui ne te ressemble pas vraiment. Reprends-toi, Bérénice. Tu cesses d'une traite ton jeu, repliant doucement ta jambe sous ta chaise. Tu attrapes ton verre pour en boire quelques gorgées, à la paille, tout en l'écoutant parler, il a l'air pas vraiment sûr de lui dans ses paroles. « Oui, on ira un de ces quatre, comme au bon vieux temps, tu dois beaucoup manquer ... » Fais-tu en reposant ton verre sur la table, le gardant entre tes mains. Tu sais que ça fait des années que Cam fait du bénévolat au refuge, déjà bien avant que tu arrives, c'était lui qui était chargé de tout te montrer, tout t'apprendre, il devait donc déjà bien connaître les lieux, les petites habitudes de chacun. Tu te souviens encore, la première fois que tu étais sous sa responsabilité, tu t'étais tout de suite dis qu'il était plus à l'aise avec les animaux qu'avec les humains, il était plutôt maladroit dans ses mots et sa façon d'agir, et ça te faisais sourire.

Tu l'écoutes parler et hausse un sourcil. Ils ont l'air de vraiment beaucoup lui manquer, mais qu'est-ce qui l'empêchait d'y aller ? Est-ce qu'il t'évitait ? Peut être, ou peut être pas, t'en sais rien. Tu reprends encore une gorgée de ta boisson, cette fois un peu plus grosse et hausse les épaules. « Mais pourquoi tu n'y allais pas, s'ils te manquaient à ce point ? » Fais-tu, curieuse de connaître la raison de son absence au refuge. Le serveur fini par arriver au bout de quelques minutes, avec les deux plats, la salade pour toi et le poisson pour Cam. Tu le regarde avec des grands yeux. « Du poisson ? T'as horreur de ça, d'habitude. » Fais-tu, étonné. Tu observes longuement ses commandes, te posant mille questions. De l'eau, et du poisson, les deux choses qu'il n'aurait jamais commandé en temps normal, et les deux produits les moins chers du restaurant. Tu te doute de quelque chose, il y a un truc qui va pas, t'en est sûre. « Tu sais, si quelque chose ne va pas, tu peux me le dire … »

Plus trop le temps, il attise encore plus ta curiosité, qu'est-ce qu'il pouvait bien faire de ses journées ? Tu connais la réponse, mais t'as envie qu'il te le dise, tu veux qu'il te l'avoue. Mais tu sais qu'il ne le fera pas, alors tu veux au moins savoir quelle bêtise il va inventer. « Ah oui ? Qu'est-ce qui te prenait autant de temps ? » Fais-tu. Tu le vois déjà se retenir de faire la grimace devant son poisson, tu le connais trop bien pour qu'il réussisse à te cacher ça, et t'es bien trop observatrice, surtout avec Cam, t'as eu le temps de connaître chaque trait, chaque expression de son visage, par cœur. Tu soupires face à ses paroles, comment peut-il oser ? « Arrête Cam, me prends pas pour une conne, je te connais trop bien. » Dis-tu d'un ton franc. Tu commences à culpabiliser un peu d'être là, il manque d'argent, c'est évident, maintenant, c'est évident qu'il manque de fric et qu'il est entrain de se plier en quatre pour te faire plaisir. Tu sais pas si tu dois être touché et accepter ou si tu dois t'énerver et aller régler la note sans qu'il s'en aperçoive, mais ça te fais mal au cœur, tu te donne presque la gerbe d'avoir pris des choses aussi chères.

Bizarrement, t'as du mal à savoir s'il ment ou pas, t'as du mal à savoir si il te dit la vérité. Peut être qu'il dit vrai, mais ce que tu sais, c'est qu'il ne te dit pas tout, oh que non. « Oh … Rien d'autre ? » T'as presque l'air insistante, non, t'as pas presque l'air, tu l'es. Tu te demande si tu peux lui faire confiance, finalement, tu te demandes s'il n'est pas capable de te cacher d'autres choses, aussi. T'as les sourcils froncés, le regard plutôt dur, mais tu fini par lâcher l'affaire en te reconcentrant sur ton plat, tant pis s'il refuse d'être honnête avec toi, tu ne le seras plus non plus. Il te demande si vous pouvez en reparler plus tard, il progresse, parce que ça fera au moins une chose qu'il ne refuse pas de t'avouer s'il se décide à le faire plus tard. Tu le regardes un instant, t'hésite, tu te demande s'il est pas juste entrain d'esquiver dans l'espoir que t'oublies, ou s'il a peur que tu refuses de le laisser payer si jamais tes pensées s'avèrent vraies. « Bon … D'accord. » Fais-tu, sceptique. Tu commences à manger un peu plus rapidement, t'as envie de vite finir, et de vite sortir de là. T'es trop inquiète pour lui pour avoir de la patience.

T'en étais sûre, t'en étais sûre qu'il t'évitait, qu'il faisait tout pour ne pas te croiser. Et le pire, c'est que t'es capable de comprendre qu'il avait tout sauf envie de te voir après ce qui s'est passé, parce qu'il a pas été capable de prendre ses couilles et tout te dire directement, en face à face, sans que t'ai besoin d'aller le chercher. T'as envie d'insister encore un peu plus, par rapport à ses petites occupations, t'as envie qu'il te dise tout ce qu'il a fait pendant ton absence, avec l'alcool, avec la fête, avec les filles, mais tu lâches l'affaire, finalement, t'as pas envie de savoir, ça te fais beaucoup trop mal au cœur de te dire qu'il a regardé d'autres filles comme il te regarde, qu'il en a touché comme il t'a touché, et t'es mal placé pour lui faire la morale. « Oh ... » Lances-tu finalement, tu sais même pas quoi dire, t'es un peu sur le cul qu'il ai osé te le dire, tu t'y attendais pas trop, tu pensais qu'il allait continuer à le garder pour lui encore longtemps. Tu continues de manger, et tu vois sa main prendre la tienne, timidement. Tu relèves tes yeux vers lui. « Si … on l'est. » Fais-tu en écartant ta main de la sienne. Tu veux tout savoir, tout, et rapidement. Tu sais qu'il a des problèmes et ça te fais peur, t'as peur pour lui, pour ce qu'il peut se passer par la suite, t'as envie de l'aider, d'être là pour lui. Tu manges plus du quart de ta salade rapidement et termines ton verre, coup sec, sans trop de mal. Tu poses ton verre sur la table et pousses ton assiettes. « C'est bon, j'ai fini, on peut y aller ? » Fais-tu, impatiente, stressée.