i'm magnetised - Cam

j'essaye de calmer, d'apaiser, et surtout de me calmer moi. j'essaye de faire en sorte que tout aille mieux alors que cette soirée ne fait que s'empirer et que tout s'écroule. c'est perdu d'avance. j'attrape sa main, elle la retire sans ménagement. je me sens mal, tellement, tellement mal. je baisse les yeux et ramène ma main jusqu'à moi. j'essaye de manger, comme je peux, absolument désintéressé par mon assiette. j'croyais pas qu'on était pressés, moi. elle a sans doute envie de rentrer chez elle, maintenant, elle veut sans doute plus me voir. j'la comprends. oui, j'comprends. j'ai pas atteint le quart de mon assiette quand elle repousse la sienne. je lève les yeux vers elle, étonné. déjà? - ben.. oui, d'accord.. bon, je vais payer et.. tu peux m'attendre dehors si tu veux. j'en sais rien, j'sais pas comment c'est censé se passer. j'croyais qu'on allait prendre notre temps, alors j'suis un peu paumé. je me lève et m'en vais au comptoir pour payer. j'ai mal, très mal de l'addition, pourtant pas salée. trop pour moi. ça va aller cam, tu vas t'en sortir.

y a sa main qui glisse sur mon bras et je frissonne légèrement en essayant de reprendre contenance un minimum. je la regarde pas, j'y arrive pas. j'ai trop honte. j'hoche juste la tête. attends-moi donc dehors, c'est plus sage. je paye avec cet argent qui est beaucoup trop sale pour que je sois au moins un peu fier de l'avoir gagné. j'en suis vraiment loin. j'aurais aimé laisser un pourboire, mais j'peux même pas. je vais en avoir besoin pour mettre de l'essence dans cette voiture qui n'est pas à moi. la grosse honte. je vais vite à la salle de bain, j'ai besoin de me passée de l'eau sur le visage et il me faut au moins cinq bonnes minutes avant d'oser retourner vers bérénice. j'ai les mains dans les poches et les yeux par terre quand je sors a mon tour du restaurant.

j'ai le regard par terre et j'ai trop honte de la regarder dans les yeux, bérénice. évidemment, elle remarque tout. elle sait tout, elle voit tout. elle est tellement loin d'être stupide. j'peux jamais rien lui cacher. j'hausse juste les épaules. oui, oui, j'suis tout pâle, parce que je sais même pas comment je vais m'en sortir, moi, avec tout ça. j'voudrais te rendre heureuse et te faire des milliers de cadeaux, mais j'pourrais jamais. j'pourrais jamais faire mieux que les fleurs arrachées sur le chemin de ta fac, tu sais. jamais mieux que m'affamer pour t'offrir un repas digne de ce nom. elle tient mes mains, elle relève mon visage vers elle, mon coeur bat à cent mille à l'heure. je soupire, un instant, pour me donner le courage de lui en parler. - j'ai.. c'est une fin de mois assez.. compliquée. et un début de mois, et un mois complet, et aussi le mois dernier. - j'vais me débrouiller mais, pour l'instant, je galère un peu, c'est tout..

ses paroles me brisent le coeur. j'ai l'impression de voir de la pitié dans ses yeux, même si au fond de moi, j'sais que c'est pas le cas. elle veut faire tellement pour moi alors que moi j'ai fait si peu pour elle, dernièrement. j'souris légèrement, en coin, même si mes yeux traduisent tout le contraire. je prends son visage dans ma main, ma paume contre sa mâchoire, et colle mes lèvres contre son front, longtemps. j'ai même du mal à m'en détacher, pourtant j'finis par le faire. à peine. juste assez pour pouvoir parler. - t'es vraiment gentille.. je pose mon menton contre le haut de son crâne, doucement. - j'ai déjà un appartement béré, et j'suis obligé de le payer.. mais j'te jure, j'te jure que j'aimerais. un jour on vivra ensemble, pour de vrai, on aura notre propre appartement, quand ça sera tout beau, tout rose. - c'est juste le temps que ça se rétablisse, ensuite tout ira mieux. juste le temps que je trouve comment me faire de l'argent. autrement.

je souffle légèrement, mon menton toujours posé sur son crâne, le coeur chamboulé de cette proximité, de ses mains sur mon corps, qui tiennent mon t-shirt, qui tiennent ma hanche. à ses mots, je craque, glisse ma main de sa mâchoire à l'arrière de son crâne, entre ses cheveux, et l'autre autour de ses épaules, pour la serrer fort, tout contre moi, ma tête toujours sur la sienne. je la serre fort, aussi fort que je peux, sans lui faire mal. - fais pas ça.. reste juste avec moi, c'est tout. j'ai juste besoin de toi, c'est tout. l'argent, j'en ai besoin pour mes factures, pour la bouffe, pas pour mon bonheur. c'est de toi dont j'ai besoin pour mon bonheur.

j'peux plus rien dire, j'peux pas continuer de dire non, de la repousser. j'ai peur qu'elle finisse par pleurer. j'vois bien qu'elle est fragile, aussi fragile qu'une poupée de porcelaine. aussi fragile que moi. j'ai pas envie de la briser un peu plus. elle s'inquiète suffisamment pour moi, je le vois, et si je ne veux pas lui imposer le fardeau que je suis, j'veux pas non plus lui imposer un surplus d'inquiétude en reprenant des distances. plus jamais. je la serre, encore plus fort, embrasse sa tempe. - juste quelques jours, bérénice. pas plus. d'accord? tu peux faire ça, mais ne dis pas ça comme si j'étais le petit chiot dont on s'occupe au refuge. ne m'offre pas des repas, fais-moi à manger avec amour. ne me donne pas ce qu'il me faut, donne-moi des baisers et de l'attention.

elle sourit. j'le vois pas, non, je l'entends dans sa voix, plutôt. j'ai trop l'habitude, je l'entends sa joie. je la reconnaîtrais entre mille, sa voix, elle et toutes les émotions qu'elle peut contenir. - j'en doute pas une seule seconde. pas besoin d'essayer de me convaincre, j'en suis deja persuadé. ça sera pas une bonne chose, c'est certain, mais jamais j'aurais envie de quitter ton appartement une fois que j'y serais installé, jamais j'aurais envie de quitter tes bras une fois que tu m'y auras accueilli. je t'aime trop pour ça. bérénice je t'aime trop pour te lâcher. j'ai des frissons à ses doigts dans mon dos, j'soupire d'aise. t'arrête jamais.

elle relève la tête vers moi, je baisse la mienne vers elle. adorable. son sourire d'ange et ses yeux dans lesquels je me noie volontiers. happe-moi, et m'laisse jamais m'échapper. je souris, alors que ma main glisse dans ses cheveux, sur toute la longueur, encore et encore et encore. non, dis pas ça bérénice, m'tente pas. après tout, remarque, on dit bien jamais deux sans trois, n'est-ce pas? mais j'peux pas, non j'peux pas. j'dois pas. on doit pas. - faut qu'on aille chercher mes affaires, dans ce cas.. j'peux pas rester avec le même boxer deux jours d'affilée, j'peux pas rester sans me brosser les dents. j'le sais, que je vais craquer, alors qu'elle continue de me sourire comme ça, maintenant qu'elle a reculé. mes deux mains glissent et attrapent les siennes pour les serrer. t'es tellement belle, béré.