lennox ∇ allez viens j't'emmène au vent, je t'emmène au-dessus des gens (hot).

Andreas s’était brusquement arrêté, forçant Lennox à en faire de même puisque sa main le tira afin de le garder en place. Il tourna vers lui un visage assez confus, et sans doute un peu nerveux aussi, parce qu’il eut soudainement peur d’avoir fait une gaffe. Après tout, Lennox ne pouvait pas constamment gérer les situations avec son argent. Si Andreas avait refusé que le notaire l’aide dans ses finances dans le but qu’il n’ait plus à être escorte, peut-être qu’il refuserait également que Lennox achète ce chalet juste pour qu’ils puissent s’y rendre sans avoir à le louer. Pourtant, le norvégien devait comprendre que de l’argent, Lennox en avait, plus que pour ses besoins, et que s’il pouvait l’utiliser pour d’aussi belles choses qui lui promettaient encore plus de magnifiques moments comme ce week-end s’annonçait – malgré la dispute de la veille -, alors il le ferait. Mais un sourire se dessina bien vite sur les lèvres de l’ambulancier. La réaction d’Andreas valait de l’or, et elle confortait Lennox dans sa proposition qui deviendrait sans doute très bientôt une décision. Il avait tiré le trentenaire contre lui pour l’embrasser, et Lennox posa ses mains contre le dos de l’homme pour le presser contre lui. Il ne pourrait plus se passer de lui. « Alors je vais voir ce que je peux faire. » Avait annoncé Lennox, confiant pour tout le reste. Il faudrait parler au propriétaire, voir s’il était prêt à vendre pour un autre prix. Sinon, peut-être arriverait-il à trouver une propriété non loin d’ici, peut-être un terrain sur lequel ils se feraient construire leur propre havre de paix comme ils le désiraient.

Dans un silence provoqué par leurs rêves diurnes, Lennox et Andreas marchèrent autour du lac, main dans la main. En regardant de l’autre côté, on voyait le chalet, qui s’élevait fièrement entre les arbres. Le norvégien proposa au notaire de s’arrêter un moment, le temps de se reposer avant de reprendre la moitié du chemin qui leur restait à franchir avant de retrouver le confort. Lennox acquiesça et vint s’asseoir entre les jambes d’Andreas, posant son dos contre son torse, et sa tête du côté gauche de la sienne. « J’te laisserais ici tout seul, plutôt. T’aurais qu’à venir me rejoindre demain matin. Ça t’apprendra à douter de mon endurance physique. » Il sourit. Ce n’était pas dans la personnalité de Lennox d’être aussi malin, mais avec Andreas, il avait l’impression d’être un tout autre homme. Il ne se sentait pas paralysé par la peur de ne pas être aimé, parce qu’il savait qu’Andreas l’aimait. Comme il était. « Je blague. Tu sais bien que je le ferais. » Souffla-t-il, caressant le bras de son petit ami du bout de ses doigts. Ils se relevèrent au bout d’un moment, après avoir profité de ce petit coin de paradis perdu en nature, et terminèrent le rond imparfait du lac qui les ramena au point de départ : le chalet. Ils avaient marché des heures et l’heure du lunch était passée. « Je vais nous préparer quelque chose à grignoter question qu’on tienne jusqu’à ce soir et après, on pourra aller dans l’eau ? » Projet accepté. Lennox se rendit donc à la cuisine et prépara un repas vite fait bien fait avec ce qu’Andreas avait mis au réfrigérateur. Ils s’installèrent à la terrasse, comme la veille, et dégustèrent le tout côte à côte, face au lac.

Cette douce idée de devenir propriétaire faisait son chemin et sa place dans la tête du notaire, mais il n’en parla pas davantage. Au pire, s’il arrivait à acquérir leur petit coin de paradis, ce serait une surprise à réserver pour Andreas. Sans doute n’oublierait-il pas si facilement cette idée folle lancée impulsivement, mais peut-être n’oserait-il pas aborder de nouveau le sujet avec Lennox. Il avait déjà hâte que tout cela se concrétise, mais n’en montra rien. Il se cala au creux des bras de son homme et profita du moment, et de leurs plaisanteries. Tout était tellement plus simple avec lui. Quand le norvégien parla du fait que Lennox ne s’endormirait pas sans lui, il ne savait sans doute pas à quel point ses paroles étaient vraies. Le trentenaire ne répondit rien, souriant en regardant droit devant, jusqu’à ce qu’ils reprennent la route vers le chalet. Il prépara le lunch – réservant le côté nu pour ce soir - et ils mangèrent à la terrasse, au soleil. « Alors je tâcherai de cuisiner le plus souvent possible pour toi. » De toute façon, cuisiner n’était pas une corvée pour Lennox, loin de là. Il appréciait découvrir de nouvelles saveurs, essayer des recettes plus complexes, revisiter des classiques. Après tout, il avait toujours vécu seul après son départ du nid familial, alors il avait appris à se débrouiller assez rapidement. Et puis, ce serait plus motivant de cuisiner pour deux que pour lui seul ; il fallait avouer que dans les derniers mois, pendant que Lou était à l’hôpital, Lennox avait assez négligé son alimentation.

Quand ils eurent tous les deux terminé leur assiette, Andreas se leva avec un regard coquin dirigé vers Lennox, et enleva un à un ses vêtements, avec quelques mouvements soulignant le côté sexy de l’ambulancier. « Mais qu’est-ce que tu fais ? » Demanda Lennox en riant. Le notaire, inconsciemment, se recula un peu dans sa chaise comme pour avoir une vue d’ensemble sur le spectacle, avec un sourire mi-amusé mi-excité. Une fois Andreas complètement nu, Lennox prit enfin le temps de le regarder de bas en haut, sous toutes ses coutures. Il n’avait jamais vraiment pris le temps d’admirer le corps d’un homme, même pas le sien, parce qu’il avait honte dès qu’il voyait son reflet dans le miroir. Andreas était un magnifique modèle. Ses muscles découpés faisaient rêver le notaire, qui n’eut qu’une seule envie lorsqu’Andreas monta sur la rambarde : le rejoindre. « Attends ! » Le norvégien était toutefois déjà disparu, ayant sauté directement dans l’eau du lac que le balcon surplombait. Lennox se leva et s’approcha de la rambarde, regardant par-dessus afin de vérifier qu’Andreas était bien. Son petit ami remonta à la surface et lui ordonna de le rejoindre. Lennox rigola, avant d’enlever ses vêtements dans un empressement qui ne ressemblait en rien à ce qu’Andreas venait de lui offrir comme vue. Nu et certes très gêné, Lennox monta tout de même sur la rambarde à son tour, et plongea tête première dans l’eau. Quand il remonta à son tour à la surface, il se tourna vers Andreas en riant et en poussant des cris de surprise à cause de la température. « Fuck mais elle froide cette eau ! » Pour un corps nu, c’était effectivement frisquet. Il s’approcha d’Andreas, nageant lentement. « Réchauffe-moi. » Demanda-t-il en approchant son corps un peu plus du sien, et posant ses lèvres sur les siennes.

L’idée d’avoir un infirmier personnel, rien que pour lui, était plutôt alléchante. Malheureusement, Lennox avait des clients dès lundi et il ne pouvait se permettre de réellement tomber malade et de manquer ses rendez-vous. Sa réputation avait été gravement touchée par sa tentative de suicide, parce que même si le mot ne s’était pas forcément répandu chez tous ses clients, il avait quand même été absent pendant plusieurs semaines. Et puis, avouons-le, Lennox n’avait pas été au sommet de sa forme à son retour non plus, avec tout ce qui s’était passé avec Lou. Sans doute que sa relation avec Andreas aurait des répercussions positives sur plus d’une sphère de sa vie, et que la sphère professionnelle serait positivement touchée à son tour. Du moins, il l’espérait, parce que s’il voulait continuer à faire de l’argent comme il le faisait actuellement, il allait devoir se remettre sur la bonne voie. « Je ne dirais pas non à ça … » Releva Lennox, mettant de côté toute la logique derrière et se laissant aller à ce fantasme. De toute façon, l’homme ne tombait que très rarement malade. Quand il n’allait pas, c’était parce qu’il s’était infligé à lui-même les maux. Il s’était dit à lui-même que ça n’arriverait plus. Lennox désirait réellement faire changer le vent de direction. Revirer sa vie de côté. Du bon côté. C’était en se rapprochant d’Andreas que tout commencerait, et d’ailleurs il le fit, à ce moment précis. L’ambulancier ne tarda pas à faire glisser sa main jusqu’aux fesses du notaire, qui frissonna légèrement de surprise. Leur étreinte dura encore un moment, pendant lequel son petit ami lui avoua être content qu’ils soient ensemble, là, maintenant, mais aussi dans la vie. Lennox sourit ; cette fois, il ne fuirait pas d’une quelconque façon. « Je suis content aussi … T’es ce qu’il m’est arrivé de meilleur depuis bien longtemps. » Certes, Lou avait été un cadeau du ciel, elle aussi, au moment de leur rencontre. Mais au final, ce cadeau s’était avéré empoisonné. Lennox l’avait compris trop tard. Il espérait ne pas se tromper cette fois-ci. Étrangement, il avait le sentiment que non. Que cette fois, il aurait le droit d’être heureux. Véritablement heureux.

Ces douces démarques d’affection ainsi que quelques allers-retours à la nage prirent fin quand, tous les deux ayant bien trop froid pour rester une seconde de plus dans l’eau, décidèrent de rentrer. Lennox ramassa les vêtements d’Andreas et les siens au passage, question de les rentrer et d’éviter qu’ils passent la nuit sur le bois de la terrasse. Il les déposa sur une chaise en rentrant et alla chercher des serviettes à la salle de bain, pour qu’ils se sèchent. Il en rapporta une à Andreas qui attendait dans l’entrée, et proposa : « Ça te dirait qu’on regarde un film ? » Après avoir marché et nagé, ils méritaient bien de se poser un peu. « J’vais chercher la couverture dans la chambre et j’fais chauffer le popcorn pendant que tu choisis le film. » Décida Lennox avec un sourire, s’exécutant sans attendre. Il mit un sachet de maïs à éclater au four micro-ondes et s’en alla à la chambre, où il traîna la grosse douillette afin qu’ils puissent se réchauffer sous celle-ci, collés l’un à l’autre. Une fois le popcorn prêt, il le versa dans un bol et revint s’asseoir auprès de son homme. « Qu’est-ce qu’on regarde ? » Demanda-t-il en mangeant une poignée de popcorn.

Dès que Lennox demanda ce qu’ils regardaient, Andreas afficha un sourire des plus enfantins et faussement coupable, souriant de toutes ses dents, pressant sur le bouton de départ du film sur la télécommande, s’exclamant qu’ils regardaient Hercule. Face à cette réponse et surtout devant cette gueule que lui offrait son copain, Lennox rigola de bon cœur. « Alors toi quand tu parlais de regarder des Disney ensemble, tu déconnais pas ! » En même temps, il était vrai que la proposition d’Andreas s’appliquait à tous ces moments où Lennox déprimait et aurait besoin d’un peu de légèreté pour oublier ses tourments. Comme il n’était pas encore guéri de son éternelle déprime, n’importe quel moment semblait approprié pour ce type de film. « Je ne l’ai jamais vu … » Avoua-t-il alors, coupable, après qu’Andreas ait pourtant bien cru le contraire. Il haussa les épaules. « En fait, je n’ai vu que les principaux Disney comme le Roi Lion, la Belle et la Bête, Cendrillon, et … quelques autres. Mais c’est à peu près ça. » Expliqua-t-il. Même dans son enfance, Lennox n’avait pas été un gamin normal. Il était décalé par rapport aux autres. Une note au-dessous, comme toujours, dans sa recherche du bonheur. Il ne courrait pas dans les rues avec des épées en styromousse avec les enfants du voisinage. Il n’échangeait pas des billes ou des cartes de Pokémon dans la cour de la petite école. Il s’inventait un monde bien à lui, dans sa tête, où il se réfugiait dès qu’il le pouvait afin de s’évader de la pesanteur de la réalité.

Là ce petit monde, cette échappatoire, c’était Andreas et ces films qu’il se plaisait à lui montrer pour la toute première fois. Il était ce qui lui permettait de respirer sans s’intoxiquer de son propre venin qui semblait tourbillonner autour de lui. Andreas le sauvait, en quelque sorte, jour après jour. Ils débutèrent donc ce fameux film et, au bout de trois quarts d’heure environ, il sentit la respiration d’Andreas changer et, quand il le regarda discrètement, il constata que l’homme s’était effectivement assoupi sur son épaule. Lennox sourit, se repositionna doucement, et le laissa paisiblement dormir contre lui alors qu’il tentait de bouger le moins possible, les yeux rivés sur l’écran. Quand le générique arriva finalement, le notaire hésita à bouger afin d’aller les mettre au lit. Finalement, il décida de s’allonger à même le divan, tirant son Andreas endormi sur lui pour qu’il soit à son tour étendu, et ramena la couverture sur eux. Il ferma la télévision, posa le bol de popcorn sur la petite table basse, et enroula un bras autour de l’homme avant de fermer les yeux à son tour. Si Andreas se réveillait bientôt, ils pourraient aller dans la chambre, plus confortables, mais d’ici-là Lennox veillerait sur lui et son sommeil, ne le perdant pas du regard, de peur qu’il lui échappe aussi rapidement qu’il était venu à lui. De toute façon, à cette heure, le notaire n’était pas prêt de s’endormir, aussi bien fut-il contre le norvégien.

Avant qu’Andreas ne se réveille, Lennox repensait justement à Hercule, et même au premier Disney regardé avec lui, soit Wreck it Ralph. Dans les deux films, Lennox avait eu l’impression de se reconnaître à quelque part, comme si son copain avait fait exprès de lui montrer des films dans lesquels il pourrait s’identifier à certains personnages et avancer avec eux. Malheureusement, Lennox était un être bien trop complexe pour s’inspirer des leçons de vie de Disney. Dans le premier film, c’était surtout à Vanellope von Schweetz, ou le glitch, que Lennox s’était identifié. Parce que lui aussi avait l’impression d’être une erreur, d’être mal conditionné, de ne pas être comme les autres. Il était dysfonctionnel, tout comme elle. Mais le personnage, à la fin du film, réalisait qu’elle n’était pas une erreur, que quelqu’un de mal intentionné l’avait effacée du monde dans lequel elle évoluait. Ce n’était pas le cas de Lennox, ou du moins, si quelqu’un l’effaçait, c’était lui-même. Le fait de gagner une course ne changerait rien à sa dysfonction. Dans le second film, c’était évidemment Hercule avec qui il s’était comparé. Lennox avait toujours eu l’impression de ne pas vivre dans le bon monde, de ne pas se retrouver dans les personnes qui l’entouraient. Cependant, Hercule avait toujours gardé espoir, même dans la chanson Go the Distance, les paroles étaient pleines d’expectative face à la vie qu’il aurait un jour avec un peu d’efforts. Lennox n’avait pas cet espoir d’un monde meilleur et puis, de toute façon, il n’était pas un Dieu. Rien ne le rapprochait de ce personnage fictif, au fond. Bref, étant la cause perdue qu’il était, Lennox rejetait toutes les morales de ces films pour mieux se conforter dans son malheur, comme il le faisait toujours. Le statut quo était bien moins anxiogène que le changement.

C’est alors qu’Andreas se réveillait, peu de temps après leur changement de position. Lennox lui sourit, un peu gêné d’avoir été pris en flagrant délit de contemplation. « Mais non … t’avais l’air si bien, si paisible … Je suis même désolé de t’avoir réveillé, j’ai essayé d’y aller le plus doucement possible mais … t’es plus lourd qu’une femme. » Dit-il avec un petit rire. Tout ça était nouveau pour Lennox, il ne fallait pas le perdre de vue. « J’ai bien aimé le film. C'était drôle et léger, mais ça fait aussi réfléchir. » Peut-être que cette réponse conforterait un peu Andreas, s’il avait pour but d’apaiser la conscience de Lennox par ce genre de film. Et puis, il ne mentait pas. Il avait réfléchi. Les conclusions n’étaient simplement pas celles auxquelles on aurait pu s’attendre, ou souhaiter. « Tu veux qu’on aille se recoucher, dans le lit ? » Ils ne passeraient pas la nuit ici et, si Andreas s’était assoupi durant le film, c’était sans doute parce qu’il était fatigué.

Attendri, Lennox posa un regard doux et ému sur Andreas quand ce dernier lui avoua avoir pleuré sur la fin du film. Enfin, il ne l’avait pas explicitement dit, mais le notaire avait assez de déduction pour l’avoir compris, même s’il avait parfois du mal à lire entre les lignes. Plus il apprenait à connaître cet homme, plus Lennox réalisait à quel point il était la personne la plus humaine qu’il ait eu la chance de rencontrer au cours de sa vie. Et c’était sans doute ce côté humain qui sauverait Lennox, avec un peu de patience et de volonté. Les deux hommes éteignirent finalement la télévision et le lecteur DVD afin d’aller retrouver le lit. Il avait beau être assez tôt, ils avaient eu une journée assez active, et puis Lennox devait s’assurer de se lever avant Andreas demain matin afin de lui préparer le petit-déjeuner. Cette seule raison suffirait à convaincre son corps de s’endormir malgré ses problèmes d’insomnie. Du moins, il l’espérait. De toute façon, ils ne fermèrent pas les yeux tout de suite et profitèrent du calme pour parler, s’embrasser, se serrer l’un contre l’autre. Après l’épisode de la veille, aucun des deux ne tenta un rapprochement quelconque, et sans doute était-ce mieux ainsi pour le moment. Il ne fallait pas forcer les choses, et Lennox ne voulait pas qu’Andreas pense qu’il voulait lui faire l’amour rien que pour se faire pardonner. Ça arriverait plus tard, quand la tension serait retombée. Totalement retombée.

Quelques heures de sommeil tranquille plus tard, Lennox sentit son téléphone vibrer à côté de son oreiller. Il se dépêcha de fermer le cadran qui causait la vibration, de peur de réveiller Andreas. Sa respiration sembla avoir changée, et pourtant il n’ouvrit pas les yeux. S’il faisait semblant de dormir, il était doué. Lennox s’extirpa de sous les couvertures et marcha sur la pointe des pieds – ou presque – jusqu’à la cuisine, prenant bien soin de ne pas faire trop de bruit en sortant les assiettes et les casseroles. Il prépara des œufs Bénédicte, ayant trouvé tout ce dont il avait besoin pour en improviser une recette. Ce n’était pas ce qu’on retrouverait dans un restaurant, mais ça ferait l’affaire. Il coupa des fruits qu’il disposa à côté dans les assiettes, prépara du café, et déposa le tout sur un plateau de service, avec les ustensiles nécessaires. Il revint à la chambre et sourit en voyant Andreas, les yeux toujours fermés. « C’est bon tu peux arrêter de faire semblant. » Il sourit en croisant le regard d’Andreas. Il posa le plateau sur la table de chevet à côté de lui et se pencha vers l’homme pour l’embrasser. « Bon matin … » Le cœur de Lennox se serra à l’idée que ce matin soit le dernier passé ici. Enfin, pour le moment. Il n’avait toujours pas chassé l’idée de devenir propriétaire de cet endroit, ou d’un endroit du genre. Mais ce week-end tirait à sa fin déjà, et c’était bien trop tôt selon l’homme. Avec leur dispute lors de la première soirée, Lennox avait l’impression d’avoir perdu un précieux temps auprès du norvégien, ainsi que des moments intimes qu’il leur avait volés en agissant comme un idiot. Bref, le trentenaire s’assit à côté d’Andreas, releva ses oreillers afin de s’appuyer le dos, et amena le plateau face à eux. « Bon appétit ! Et je suis désolé si c’est pas à la hauteur, promis que chez moi, où je connaîtrai ma cuisine et mes ingrédients, je te prouverai que je sais me débrouiller … » S’empressa-t-il de dire, toujours pour ne pas s’humilier ou perdre la face.

Malgré les doutes et les inquiétudes de Lennox quant à ses talents culinaires, Andreas mangea avec appétit le petit-déjeuner qu’il leur avait concocté avec tout l’amour qu’il lui restait à offrir en ces temps plus sombres – encore plus sombres que d’habitude. Heureusement que le norvégien était là pour lui apporter la seule source de lumière qu’il se permettait de laisser se faufiler à travers les craques. Le notaire sourit quand son petit ami releva le fait qu’il l’inviterait à passer quelques nuits chez lui. Le notaire se cala un peu plus contre l’homme. « Bien sûr que j’vais t’inviter. Et pas que quelques nuits, j’espère … » Chez lui, et la nuit au surplus, ils auraient la paix, ils seraient tranquilles, ils seraient invisibles aux yeux du monde. Ils pourraient s’aimer librement entre les murs du logement de Lennox, où sa solitude autrefois si pesante jouerait enfin en sa faveur. Il n’y aurait personne pour les déranger. Chez Andreas, bien que ce soit chaleureux comme endroit, deux autres hommes vivaient sous le même toit et Lennox ne se sentait pas forcément prêt à affronter le réseau social d’Andreas. Ça viendrait, avec le temps, oui … mais pas pour le moment. Toutefois, cette conversation rappela au notaire qu’à son retour à Bowen, il aurait bien du ménage à faire chez lui. Sans pour autant désirer éliminer toute trace de la présence de Lou chez lui, il voulait au moins faire en sorte que son appartement se transforme, se renouvelle, afin d’y accueillir le nouveau chapitre de la vie de Lennox. Il n’oubliait pas les pages précédentes, mais il avait bien hâte de tourner les prochaines. Pour cela, il devait faire un peu de place à Andreas.

Les deux hommes étirèrent leur matinée au lit pendant quelques instants avant de se lever, de faire le ménage de l’endroit pour que le propriétaire retrouve son chalet tel qu’il était, puis ils allèrent faire une toute dernière balade en forêt. Andreas insista pour prendre une photo d’eux deux, et Lennox capitula après un moment. Sur le moment, il était trop gêné, mais il se promit de demander à Andreas de lui faire parvenir cette photo, pour que lui aussi ait ce souvenir à portée de la main. Quand ils furent de retour au chalet, au point de départ, ils rangèrent leurs bagages dans la valise et prirent la route en direction de Bowen. « C’était un week-end parfait. Merci Andy … Ça m’a fait du bien … plus que tu ne peux l’imaginer. » Il lui sourit. Tous les deux étaient bien moins enthousiastes, tout d’un coup, et c’était compréhensible. Ils quittaient leur petit nid d’amour pour un dur retour à la réalité. Lennox ne savait pas encore comment il affronterait les prochains jours, mais il le ferait. Quand ils furent bientôt à Bowen, Andreas lui offrit de le déposer chez lui. Lennox hocha la tête. Une fois devant l’immeuble à condos, Lennox regarda furtivement autour d’eux avant de déposer un baiser sur les lèvres du norvégien. « À bientôt … » Dit-il avec un sourire, avant de sortir de la voiture, de prendre son sac et de jeter un dernier regard à Andreas en le saluant. La voiture d'Andreas disparut au coin de la rue, et Lennox derrière la porte d’entrée.

FIN