✘ Just hold on (Ashlynea)

Il a pris peur. Pas cette peur de le perdre, peur d'être quelqu'un de mauvais. La décision pour deux, il l'a pris seul. Sans être incapable de dormir, il a fini par prendre le strict nécessaire dans un sac à dos. Son chargeur de téléphone, quelques vêtements, ses papiers, son argent, et il est resté con devant l’armoire qu'ils partagent. Ses mains ont pris en otage un tee-shirt de son tendre mari, et les larmes coulent dans un silence qui lui fout presque la chair de poule. Le tee-shirt fini dans son sac à dos, s'il part, il veut au moins avoir son odeur pendant un moment. Parce que la séparation va être difficile. Brooklyn ne réalise toujours pas qu'il a osé commettre le pire geste de sa vie. Cette image hante ses esprits. Comment il a pu lui faire ça ? Comment il a pu s'emporter, pour au final, une chose aussi débile. Parce qu'il était blessé ? C'est même pas une excuse. La douleur qu'il a ressentie à l'absence d'Ashley à l'enterrement est encore plus grande aujourd'hui. Parce que la roue vient de tourner, parce que Brooklyn n'est pas quelqu'un de bien. Oh bon sang que non. Alors il se casse, tout simplement. Où ? Il ne sait pas vraiment. Il marche, un bonnet sur la tête, avec sa capuche, il se cache des regards indiscrets. Aujourd'hui, il ne veut pas jouer à la star. Aujourd'hui, il veut juste qu'on lui fiche la paix, qu'il puisse gambader dans les rues tranquillement. Aujourd'hui, il est discret, regard triste, les yeux dans le vide. Son portable à la main, il est déjà en train de chercher des billets d'avion pour rentrer dans sa ville natale. Parce qu'aujourd'hui, c'est décidé, il arrête cette connerie. Au départ, être chanteur, c'était un rêve. Aujourd'hui, c'est un véritable cauchemar. Il se sent comme une chaussette sale, alors qu'au final, il a juste été manipuler comme une véritable marionnette face à des personnes qui se croient tout permis. Alors ses personnes-là, elles ont gagné. Que Brook reste avec Théa, qu'ils fassent leur couple parfait à eux deux, ils n'ont pas besoin de Brooklyn avec eux. Les larmes coulent doucement, il s'essuie le visage avec rage. Bon sang, il s'en veut réellement. Il s'en veut tellement que c'est en train de lui foutre une douleur atroce à l'estomac. Il regarde autour de lui, il est perdu, il a perdu son sens de l'orientation. Pourtant, il a beaucoup marché, parce qu'il fait presque nuit. Son téléphone vibre dans sa main, et c'est la première fois qu'il remarque que ce n'est pas le premier appel de son mari. Il le met sur messagerie, voir le nombre d'appels manquer lui brise littéralement le coeur et il explose en sanglot.

Brook met la clef sur la porte, la serrure se déverrouille, alors il pénètre dans cette chambre miteuse. Le coeur lourd, il ne met pas plus de trente secondes avant de rejoindre les toilettes et de vider son estomac, littéralement. Ashley lui manque d'une telle force que c'est insupportable de le foutre sur messagerie. Il a besoin de lui, il a tellement besoin de lui. Il gère très mal la distance. Il se rince le visage avec de l'eau franchement froide, se permet de se regarder dans le miroir. Il est tellement pâle que ses cernes ressortent, il se fait peur. Sa main tremble, et dans un besoin insupportable, il appelle sa mère. Il a besoin d'elle, de ses conseils. Un allo s'entend à travers le combiner et les larmes reprennent de plus belles. D'une lenteur immense, il explique la situation à sa mère, lui racontent tout ce qu'il s'est passé dans sa vie, lui raconte les derniers événements qui hantent ses pensées. Il sort dehors, il a besoin de prendre l'air. Puis, les choses se bousculent. Parce qu'il y a cette voix qui le fait se figer, mais cette voix qui lui donne des milliers de frissons dans le dos. « Je te rappelle maman. » Il raccroche sans lui laisser le temps de répondre, et il se retourne. Retourne, pour faire face à l'homme de sa vie, retourne, pour laisser les larmes qui coulent de plus belle. Bon sang. « Ash... » Il y a de nombreuses choses dans sa tête qui se passent, qui défilent. Il doit s'enfuir, il doit lui laisser la vie en paix. Mais si Ash est là, c'est qu'il l'a cherché. S'il est là, c'est que le destin a décidé de les réunir. Alors il fait la première chose qu'il lui passe dans la tête, la seule et unique chose qu'il aurait dû faire dès le début. Il l'attire contre lui et dépose ses lèvres sur les siennes. Il l'embrasse avec tellement d'amour. L'amour qui veut dire pardonne moi. Il se recule, sa main caresse sa joue blessée. « Je suis désolé, je suis désolé. » Désolé de l'avoir blessé, désolé d'avoir fui, désolé de l'avoir abandonné.

En se dirigeant vers ce motel pour y passer la nuit en attendant de pouvoir prendre le bus du retour vers Bowen, Ashley est à dix mille lieues de s’imaginer qu’en réalité, ces cette erreur qui va lui permettre de retrouver son mari et d’arranger les choses entre eux. Alors évidemment, après avoir percuté cet homme, se rendre compte qu’il s’agit de SON homme, qu’il a passé la journée à chercher, c’est le choc pour le bassiste. « BROOK ? » Non, il ne rêve pas, c’est bel et bien son mari qui se trouve devant lui. Son cœur se met à battre plus rapidement, de joie mais surtout de soulagement. Ses nerfs lâchent et humidifient son regard. Ashley, c’est un émotif, il n’est donc pas étonnant de le voir réagir de la sorte. Il n’est pas malheureux à cet instant, loin de là, ce sont des larmes de bonheur de se retrouver dans les bras de Brooklyn. Il a tellement eu peur de le perdre définitivement, que de le sentir contre lui, de sentir ses bras autour de lui et ses lèvres pressées contre les siennes, lui font tomber toutes ces barrières. Il a appris à faire semblant en certaines circonstances, il sait désormais prendre sur lui quand il n’a pas d’autres choix. Mais devant son mari, il peut se permettre d’être lui-même, il n’a pas à se forcer à faire semblant que tout va bien, alors il se permet sans aucune gêne de laisser parler ses émotions et ses sentiments.

Ash frissonne en sentant la main de Brooklyn caresser la joue qu’il avait frappé la veille. Le jeune homme pose sa main par-dessus la sienne et plante son regard humide dans les yeux embués de larmes de son homme. « Me laisse plus jamais comme ça Brook ? » Il ne peut tout simplement pas vivre sans lui et Ashley a déjà pardonné à Brooklyn depuis la veille. Il n’est pas capable de lui en vouloir, il comprend, il est aussi fautif. « J’ai cru t’avoir perdu pour toujours. Promets-moi de plus jamais me laisser comme ça. Je ne m’en remettrais pas. » Le châtain réduit la distance entre eux, se blottissant contre le corps grand, puissant de son mari, la tête posée sur torse, au niveau de son cœur. Ils battent à l’unisson. Ils n’ont jamais cessé de battre à l’unisson, l’un pour l’autre. Il le serre fort un instant, peut-être un peu trop fort. Il s’accroche à lui, comme s’il avait peur de le voir disparaitre à nouveau. « Je ne suis rien sans toi Brook. T’as pas le droit de me laisser. Je t’ai déjà pardonné tu sais. C’était ma faute. J’aurais dû venir avec toi. J’aurais dû les envoyer chier pour t’accompagner, te soutenir. C’est moi qui n’a pas été à la hauteur. C’est à moi de me faire pardonner. » Une boule à l’estomac se forme en lui, les larmes se remettent à couler. Il prend tellement conscience que le management est en train de les détruire tous, littéralement.  Ash frissonne à nouveau. Cette fois de froid. Une brise c’est levée et vu le soleil qui a brillé la journée, il n’a pas grand-chose sur lui, rien qu’un t-shirt et une simple veste en jean. « Tu as déjà une chambre ? Tu… tu veux bien que je reste avec toi cette nuit ? » La question est un peu stupide, parce qu’il ne peut pas rentrer chez eux et qu’il n’a pas envie de prendre une seconde chambre. Il veut profiter de son homme, de l’avoir près de lui. Mais vu comment Brook lui en voulait la veille au point de partir de la maison avec des affaires. Malgré le moment qu’il vienne de partager, il ne peut s’empêcher de douter. Au fond, il comprendrait sûrement un peu si Brooklyn lui demandait de prendre une autre chambre et de dormir séparé. Même si lui, sait d’avance qu’il sera incapable de trouver le sommeil sans les bras de son homme autour de lui, alors qu’il est dans la chambre voisine.