Confidences et propositions. ( Orson

Dure, la soirée d'hier. Orson avait bien du mal à se réveiller, aujourd'hui. Assis sur son lit, il tend le bras jusqu'à sa table de chevet pour allumer sa clope. Son premier geste matinal est de se bousiller la santé, il savait que ce n'était pas bon. Mais l'appétit ne lui venait que quelques heures après le réveil. Généralement, il ne mangeait que trop rarement le matin, se rattrapant sur le repas de midi. Il se rallonge dans son lit et attrape son portable à la volée, pour lire les sms que ses amis lui ont laissés suite à la soirée de la veille. Un sourire se dessine sur ses lèvres, il se souvenait de toutes ces conneries qu'il avait faite en si peu de temps. Et d'ailleurs, il avait même un acolyte aux pieds de son lit, dormant à poings fermés, nu comme un ver. Il ne s'en rend compte qu'en se redressant et soupire sa fumée en secouant la tête. « Debout, grosse larve. Faut que tu te tires, j'ai des choses à faire aujourd'hui. » Il devait voir son cousin. Son cousin qu'il considérait en réalité comme son frère. Car, fils unique, il s'était toujours senti un peu seul dans sa famille. Il aurait voulu avoir un frère pour lui montrer quelle voie suivre, ou quoi faire pour échapper aux punitions quant aux bêtises qu'il faisait. Mais il s'estimait chanceux d'avoir Daemon dans sa vie, il l'épaulait tout autant que ce qu'il aurait voulu. Orson écrase son bâton de nicotine dans le cendrier, et puis face aux relents d'alcool de son ami, se dit qu'il valait mieux aller prendre une douche avant d'aller chez Daemon. Il raccompagne son ami de soirée à la porte de son appartement avant d'aller prendre sa douche le plus tranquillement du monde. Et puis, vu qu'il a un peu de temps devant lui, il en profite pour aller sur son ordinateur et imprimer le chapitre de son livre qu'il a écrit cette semaine. Dans certaines périodes, Orson peut être très productif. La semaine dernière il avait écrit deux ou trois chapitres, cette semaine, seulement un. Mais au moins, il ne s'arrête jamais d'écrire. Quoi qu'il arrive, il écrit toujours quelque chose.

Il finit par s'habiller, le plus simplement du monde. Un T-shirt noir avec le logo de son groupe préféré, un jean gris souris et ses baskets. Ses lunettes de soleil, bien entendu et une veste en jean, Orson décide d'aller chez son cousin à pieds. Il n'habitait pas très loin de chez lui, ce qui lui permettait, dans des situations comme celle-ci, d'éviter de prendre des risques inutiles en conduisant. La clope au bec, il sort de chez lui et se met à marcher, les écouteurs enfoncés dans ses oreilles. Une douce musique pour ne pas avoir trop mal au crâne, et c'est quelques minutes plus tard qu'il se retrouve devant le portail qui s'ouvre déjà. Daemon devait l'avoir vu venir. D'ailleurs, ce dernier se trouvait sur le perron, à l'attendre patiemment. D'un sourire aux lèvres, Orson s'avance vers lui et grimace en sentant ses doigts dans ses cheveux. « Ah, mais fais pas ça, tu vas me décoiffer ! » Tandis que Daemon le prend dans ses bras et l'embrasse, Orson lève les yeux au ciel à sa remarque. « T'inquiète pas Daemon, je vais bien. » Son cousin savait très bien que manger le matin n'était pas dans ses habitudes. Il l'avait souvent rabroué par rapport à cela, mais Orson avait la tête dure. Il n'écoutait que très rarement les conseils qu'on lui donnait, même ceux venant de Daemon. Lorsqu'il entre dans le salon de la maison, il lève un sourcil. Son regard avait été automatiquement attiré par la batterie présente auprès du piano qu'il avait l'habitude de voir seul. « Tu t'es mis à la batterie ? C'est à qui ça ? Oh, je peux l'essayer ? » Autrement dit : je peux te crever les tympans avec ? Si Orson avait une âme artistique et savait jouer avec la beauté des mots, il n'en était rien côté musique. Il suffirait peut-être qu'on lui apprenne, mais pour le moment, il ne savait jouer d'aucun instrument, et avait toujours admiré le don que possédait Daemon pour le piano. Il adorait même observer ses doigts courir sur le clavier. Orson s'avance vers les instruments d'un oeil intrigué, puis se tourne vers son cousin et hoche la tête à sa question. « T'as pas du jus d'orange ? J'ai envie d'un bon jus d'orange bien frais. » Posant sa question, il s'installe dans le canapé en observant les environs. Quelque chose avait changé, il le remarquait parfaitement. Même l'odeur était différente. « Dis Daemon, t'as couché avec quelqu'un cette nuit ? »

Orson était bien content d'avoir été invité chez Daemon aujourd'hui. Disons qu'il préférait largement avoir de la compagnie un lendemain de fête. Mais la famille, c'est beaucoup plus important que les amis ou les conquêtes. Daemon était toute sa famille, et il comptait vraiment sur lui. Arrivé chez lui, il savait qu'il allait avoir droit à certaines choses comme de se faire ébourriffer les cheveux en guise de bonjour. Et même s'il râlait, au fond, il aimait bien ça, parce qu'il s'agissait d'un geste affectueux. « Mes cheveux sont superbes. C'est ça qui attire les gars, tu devrais prendre exemple sur moi. » Les taquineries, il aimait bien en faire à Daemon. Même si lui-même le prenait un peu comme modèle, parfois. Il avait ce côté classe en restant toujours simple, tandis qu'Orson ne savait pas quoi faire de sa chevelure indomptable et détestait mettre des costumes ou autres trucs classes. Lorsque son cousin se met à le charrier à son tour à cause de sa gueule d'après soirée trop arrosée, il lui adresse son majeur en guise de réponse. « Moi et ma sale gueule, on t'emmerde. Cordialement. » Le jeune se met à rire à ses conneries, avant d'entrer dans la maison de Daemon. La batterie l'a fait tiquer, il n'avait donc pas pu s'empêcher de poser des questions sur le pourquoi du comment. Et il attendait bien sa réponse de pied ferme. Quand il prononce son nom, Orson fronce les sourcils. Avait-il bien entendu Devan ? Il n'était pas sûr. Peut-être était-ce juste un défaut d'écoute, il n'en savait rien. Pour le moment, il préférait laisser passer. Parce que c'était un peu à cause de lui si Daemon faisait si souvent des tournées. Il s'était senti abandonné, même s'il soutenait à fond son cousin dans ses démarches musicales. Il ne s'était pas gardé de lui dire, d'ailleurs. De ce fait, il ne touche pas à la batterie et préfère s'installer dans le canapé moelleux de Daemon. Au mot "pancakes", son estomac se met à gargouiller. Il pose une main sur son ventre et soupire. « Oui, je veux bien des pancakes. Mais depuis quand tu cuisines toi ? » C'est vrai quoi. Des pancakes. C'était la chose que préférait Orson quand il revenait de soirée. Enfin, la deuxième, la première étant un bon burger bien gras avec des frites et du coca. Lorsque son cousin revient avec les deux verres de jus, il lève un sourcil en l'entendant exploser de rire. C'est vrai qu'il était assez franc, mais Daemon est censé avoir l'habitude. Mais en se mettant à sa place, il ne peut pas s'empêcher de trouver ça drôle aussi. « Ben la batterie pour commencer. Puis l'odeur est différente et y'a des trucs qu'il n'y avait pas la dernière fois que je suis venu. » Orson l'observe de son regard analytique, il lui cache quelque chose, il en était sûr. Sa réponse ne tarde pas et il comprend dès lors qu'il avait bien entendu Devan, la première fois. Derechef, il fronce les sourcils en tournant son buste vers son cousin. « Ouais, je sais. D'ailleurs je comprends pas comment on peut être autant dingue d'un gars. Tu vas arriver à rester qu'avec lui ? Comment tu vas faire ? » S'il y avait bien une chose qu'Orson ne comprenait pas, c'était cette fixation que les couples faisaient sur la fidélité. On n'est pas dans un magasin, pour lui, c'est comme ça qu'il voyait les choses. « Avoue le, c'est lui qui a fait la pâte pour les pancakes. » Orson sourit. Il préfère rester souriant malgré ses incompréhensions quant à cette relation. Mais de voir son cousin si niais lui faisait lever les yeux au ciel. Attrapant son verre de jus, il en boit presque la moitié avant d'enfoncer son dos dans le canapé. A son tour de raconter un peu sa vie. « Un peu, ouais. On a été en boîte de nuit, on a fait un concours. Celui qui ramène le plus de numéros de téléphone a gagné, celui qui en ramène le moins paye toutes les consommations. » De nouveau, il sourit, cette fois, d'un air malicieux. « J'ai gagné. » D'un rire, il passe une main dans ses cheveux avant d'attraper son chapitre qu'il tend à son cousin. En général, ses chapitres font quatre ou cinq pages, mais celui-ci était l'un des moments clé de son roman. Alors il en faisait sept. « J'ai écrit ça cette semaine. Tu peux le lire et me donner ton avis dessus ? Enfin, quand t'as le temps, hein. »

« Je veux absolument pas savoir ce que tu fais avec tes mains pour attirer les mecs. Garde ça pour toi d'accord ? » Orson savait qu'il parlait de piano. Daemon était très doué dans ce domaine, et Orson savait parfaitement qu'il pouvait mettre des garçons dans son lit grâce à ça. Mais ce qu'il aimait plus que tout, c'était de l'embêter, de le taquiner. Mais il savait bien que son cousin était inquiet quant à son air fatigué. Il devrait pourtant avoir l'habitude, mais c'est vrai qu'il abusait quand même un peu ces temps-ci. Cependant, Orson se trouvait dans une période où il se foutait de tout. Parfois jusqu'à même se sentir invincible, après quelques verres. Pourquoi lui arriverait-il quelque chose, de toute façon ? Ca n'arrive qu'aux autres, n'est-ce pas ? Assis dans le canapé, son cousin lui propose des pancakes, ce qu'il accepte avec grand plaisir. Orson avait faim, il n'avait pas eu faim au réveil mais quand Daemon lui a parlé de pancake, il s'est rendu compte qu'il avait le ventre vide depuis un petit bout de temps maintenant. Il mangeait toujours bien chez Daemon. En même temps, c'était son cousin, et il prenait soin de lui comme un petit frère. Orson y était très attaché, il espérait au moins que Devan prenait soin de lui et qu'il ne le blessait pas. D'ailleurs, il n'attend plus qu'une chose : qu'il lui explique tout ça. « Ouais, tu me connais. » Orson a toujours été très observateur. Il avait ce côté analytique que certaines personnes détestaient mais qui l'amusait fortement. Même s'il y avait bien une chose qu'il ne comprenait pas, et qu'il ne pense pas comprendre un jour. Au final, il explique les explications de Daemon et au fur et à mesure de son récit, Orson affiche une mine un peu perdue. L'alchimie entre deux personnes, c'est quelque chose qu'il ne connaît que dans le sexe, qu'en durée limitée. Pour lui, c'est d'être attiré par une personne et d'apprécier un moment particulier, mais rien de plus. Dans la vie de tous les jours, il ne comprenait pas qu'on puisse ressentir une telle chose uniquement en discutant avec quelqu'un. « Mh.. Je comprends toujours pas mais bon, si t'es bien avec lui, j'ai aucune objection. » Le garçon tentait toujours de prendre soin de son cousin. Ce dernier avait toujours été là pour lui, et Orson tient énormément à Daemon. Alors il voulait qu'il ait une belle vie sans trop de chagrins, surtout à cause d'une chose qu'il ne comprenait absolument pas. Il ne saurait d'ailleurs pas quoi dire, le jour où Daemon se retrouve de nouveau peiné par sa relation. Quand il lui dit que ça lui arrivera un jour, Orson grimace et secoue la tête. « Mordu de quelqu'un, ça, je crois pas. J'aime bien trop ma liberté, tu le sais bien. Par contre, je vais pas refuser d'être mordu tout court. » Son allusion le fait sourire, et même rire un peu. Daemon le comprendrait. Et puis, ils se mettent à parler de la soirée d'Orson. Et ce dernier ne peut que sourire à ces souvenirs. « Ouais, c'est tout à fait ça. Autant te dire que j'étais bien attaqué après. Tu supposes bien, Daemon ! » Il n'était pas adepte que d'alcool, oh non. Il aimait aussi décoller d'une toute autre façon. Bien connue de tous. Les joints étaient son péché mignon, sa faiblesse, celle qu'il ne refusait jamais. « Pas exactement dans mon lit ... Disons qu'un pote s'est invité à dormir chez moi pour pas que ses parents l'engueulent. Lui aussi était lamentable. Mais ouais, j'ai quand même chopé quelqu'un, si c'est ce que tu veux savoir. » Orson sourit de nouveau. Évidemment, c'était ce genre de chose pour lesquelles il appréciait grandement sa liberté. Il finit par lui donner son chapitre, lui demandant s'il pouvait le lire. Et lorsqu'il a sa réponse, il ne peut s'empêcher de froncer les sourcils. Ah oui, c'est vrai, Daemon part à Brisbane bientôt ... Orson se demandait déjà ce qu'il allait pouvoir faire sans lui. Le jeune écrivain grogne de mécontentement, et passe une main dans ses cheveux. Il reprend son verre pour en boire une gorgée puis tourne le visage vers son cousin, souriant plutôt largement. « C'est vrai ? Sérieux, j'peux venir ? Mais c'est géant ! Carrément que j'veux venir ! » Orson pose son verre sur la table basse et vient serrer son cousin dans ses bras. Il est heureux de pouvoir participer à un de ses voyages, bien plus que s'il lui aurait ramené quelque chose de Brisbane. Il s'écarte de lui et lui ébouriffe les cheveux à son tour d'un rire joyeux, les yeux pétillants. « Oh la la ça va être tellement bien ! Je vais t'accaparer. Tu vas même pas pouvoir dormir ! Et pendant que tu enregistres, moi je ferai la sieste. » Bien sûr il le taquine, il ne veut pas non plus compromettre sa carrière pour des bêtises.

La réponse de son cousin le fait rire encore une fois, il se montre des mains comme si l'on présentait un objet ravissant aux yeux des téléspectateurs. « Est-ce que tu crois que j'en ai vraiment besoin, hein ? Non mais sans déconner ! » Bien loin d'être prétentieux, il connaissait ses atouts comme le fond de sa poche et savait jouer de ses charmes pour obtenir absolument tout ce qu'il voulait. Enfin, pas toujours, et cela lui paraissait toujours être un défi de plus à réaliser tôt ou tard. Car lorsqu'Orson a une idée en tête, il est bien trop difficile de la lui retirer. Plutôt crever que d'abandonner son jeu en pleine partie. Vint le sujet du couple de son cousin, sujet qu'Orson ne préférait pas entâcher. Son avis, Daemon ne le connaissait que trop bien. Sa liberté avait beaucoup plus d'importance que ces sentiments incontrôlables. C'était ainsi qu'il fonctionnait : trop peu serein pour s'attacher, il allait toujours voir ailleurs avant même de ressentir ce manque que Daemon pouvait ressentir en l'absence de sa moitié. Juste histoire d'être sûr de ne pas s'accrocher, de garder ce semblant de liberté que lui seul était capable de contrôler. « Parce que c'est la seule dont j'ai le plein pouvoir, et tu le sais bien. Non mais de toute façon, s'il te fait du mal, je serai là, et pour lui botter le fion, et pour te remonter le moral. » Les chagrins d'amour n'apportent jamais rien de bon. A vrai dire, Orson n'en savait rien, puisqu'il n'avait jamais réellement aimé. La seule personne dont il ne pourrait se passer est actuellement dans la même pièce que lui, mais ce n'est pas comparable. C'est la famille, on a toujours sa famille. Et puis, il en avait vu passer des personnes en soirée essayant de noyer leur tristesse dans l'alcool et les produits illicites. Ce genre de personnes qui une fois bien attaquées, sont pris d'assaut de larmes envahissantes qui ne veulent partir qu'au lever du jour. C'est dans cet état-là qu'Orson ne voulait jamais tomber. Cette fierté qu'il avait, il voulait que personne ne la lui arrache un jour. « Oh oui, de la chair, mhhhh de la bonne chair bien fraîche. Pomper du sang, c'est mon dada ! » Il explose de rire sous ces paroles légères, son corps secoué par ces éclats fréquents. Ses yeux fatigués perlent tant il est en joie, alors il essuie brièvement ses yeux pour ne pas troubler davantage sa vue. « Oui papa. Je sais. » dit-il en levant les yeux au ciel. La morale, ça ne lui a jamais plu, même si cela n'était rien de plus qu'un simple petit rappel d'inquiétude de son cousin. Orson ne se modérait que rarement mais il connaissait parfaitement ses limites et savait toujours comment les dépasser. Ce n'était pas très malin de sa part, mais qui a dit qu'il l'était ? Un large sourire fier s'évanouit sur ses lèvres lors des éloges de Daemon à son égard. « Tu vois ? Même toi, tu le dis. Je vais finir par le croire, attention, je ne vais même plus pouvoir passer la porte à force ! » Orson avait fait l'impasse sur la remarque sur ses parents, il préférait ça plutôt que de s'embarquer dans une discussion interminable. Têtu comme un âne, il serait bien capable de se fâcher plutôt que d'admettre que ses parents ne soient pas assez présents pour l'empêcher de faire des conneries.

Au moment où Daemon lui propose de partir avec lui, le gamin ne peut se retenir de lui sauter de joie dans les bras. Il détestait quand Daemon s'absentait trop longtemps de la ville, trop loin de lui, il avait l'habitude d'aller le voir limite tout les jours, pour n'importe quoi. Alors, voyager avec lui est un plaisir qu'il ne peut pas refuser. « M'avoir à l'oeil ? Un programme ? Mais tu m'envoies en camp de vacances ou quoi ? M'enrichir mentalement avec de nouvelles connaissances, hein ... » Le ventre tiraillé par la faim, c'est à cette petite blague qu'il attrape un pancake et mord dedans avec grand appétit tout en écoutant son cousin lui raconter toutes les belles choses qui les attendaient. Ses yeux rivés sur son visage, il buvait ses paroles comme il buvait de la vodka en soirée, sans modération. « Oh la la, ça va être génial. Oui ! Je veux voir l'hôtel. Je veux voir où je peux venir pour t'emmerder quand j'aurais une insomnie. » Peut-être même qu'il passera ses nuits là-bas à ne pas dormir à cause de ça, et à roupiller la journée en attendant le retour de Daemon. Mais il ne manquera pas de l'accompagner en studio, le voir jouer était un réel plaisir dont il se délectait particulièrement.  

Orson comprenait davantage son cousin lorsqu'il trompe son mec plutôt que lorsqu'il lui est fidèle. La liberté, de n'avoir de compte à rendre à personne, pouvoir tanguer vers plusieurs corps, personnes, s'échouer dans différents bras à chaque fois qu'on le désire. Là était le pouvoir dont il parlait, ce n'est pas forcément très bien vu mais il n'en avait rien à faire. Après tout, c'est sa vie, pas celle des autres. Libre à lui d'en faire ce qu'il veut. Mais pour le cas de Daemon, Orson ne comprenait pas du tout ce besoin d'exclusivité. Ca ne s'exprimait même pas comme un besoin d'ailleurs, ça venait naturellement et c'était d'autant plus complexe à comprendre pour Orson qui ne savait rien de l'amour. « C'est pas parce qu'il ne t'a jamais fait souffrir qu'il ne le fera jamais, Daemon. Je veux pas te donner de leçon parce que j'y connais foutrement rien, mais je préférerais que tu prennes tes précautions quand même. » C'était un avertissement sans l'être car Orson sait bien que le premier qui touche à son cousin pourrait le regretter toute sa vie. Il n'est pas violent, mais Daemon est comme un frère pour lui, il est précieux à ses yeux. Il était impensable pour lui qu'on lui fasse du mal. Enfin, entre eux, ils se font toujours des plaisanteries. Orson va jusqu'à le surnommer « papa » car si Orson est protecteur avec Daemon, ce dernier l'est aussi beaucoup. Il cherche seulement à le protéger, et Orson le sait, c'est pour cela qu'il ne l'envoie jamais bouler. Qu'il préfère en plaisanter plutôt que de se disputer avec lui. « Non mais ça va, je suis facile comme gosse. C'est moi qui serais dans le mal si t'étais mon père, ouais ! » Orson rit à la réaction de son cousin, juste avant qu'ils ne passent sur un sujet des plus sérieux.

Le projet de voyage de Daemon plaisait énormément à Orson. Lui qui détestait voir sa famille partir trop loin, il avait l'occasion de voyager un peu, de se changer les idées avec la seule personne qu'il savait aimer du mieux qu'il pouvait. Alors il était heureux, ses yeux pétillent comme ceux d'un gamin à qui on offrirait une glace par surprise. Son rire devient plus léger et même lui se sent plus léger. Il n'en perd pas moins son humour d'adolescent et adresse son majeur à son cousin qui le nargue un peu. « Je vais pas te lâcher, t'inquiète pas. Je viendrais pas à tous tes enregistrements, faut bien que je suive un peu ton programme, mais quand on reviendra, tu en auras déjà marre de moi. » Et ça, c'était quelque chose de fort possible. Quand Orson s'y met, il peut devenir lourd. Attrapant un pancake, il mord dedans avec appétit et hoche vivement la tête à la question de Daemon. « Ex'chellents. » affirme-t-il, se régalant trop pour prendre la peine d'avaler sa bouchée. Il observe son cousin attraper l'ordinateur et attend patiemment de voir les photos de l'hôtel dont son cousin disait beaucoup de bien. Apparemment, ils allaient vivre comme des rois et Orson aimait cette sensation. Il prend l'ordinateur pour contempler et visiter les différents onglets que son cousin avait laissé ouverts, les yeux toujours plus brillants et le sourire aux coins des lèvres. « Ca va, t'as bien choisi l'hôtel ! J'ai l'impression qu'on est des princes. On mangera ensemble à midi alors ? Pas trop tard au lit, ça veut dire. Enfin ... Pour toi, hein. » Il plaisante, mais il sait qu'il n'arrivera jamais à dormir assez tôt pour être en forme à huit heures du matin. Ses yeux observent tout méticuleusement, alors qu'il se met déjà à rêver d'y être. « Oh là là, ça va être tellement génial. Et c'est quand qu'on part, déjà ? On peut pas avancer le temps, là ? »
 

Bon, il fallait avouer qu'Orson dévoilait un peu sa jalousie. En fait, il n'avait pas envie que Daemon soit trop accaparé par son amoureux et qu'ils se voient moins. Ca ne serait certainement pas le cas mais la jalousie est un sentiment qu'Orson ne pouvait contrôler. Jamais il n'était jaloux envers les autres mais là, il s'agissait de Daemon. Et comme il avait vu la batterie de Devan trôner dans le salon comme une relique, à côté du piano de Daemon, il se disait seulement qu'il était possible qu'il perde son cousin à cause de lui. Ce qui n'allait pas arranger ses relations futures avec Devan ... Mais à la limite, ça, il s'en fichait. Il préférait protéger Daemon et c'est ce qu'il lui montre avec ses paroles peut-être un peu trop possessives. « Ouais. J'espère qu'il t'en veut plus et qu'il n'est pas là pour se venger de tes actes précédents. Toute façon s'il te fait mal, je te garantis que je serais là pour lui en faire en retour. » Ses paroles dites avec un certain aplomb, un sérieux implacable qui faisait comprendre à son cousin qu'il était très loin de plaisanter. Mais il ne garde pas son calme trop longtemps, son but n'était pas de plomber l'ambiance mais de profiter de sa famille. Alors il préfère se remettre à rire et à vanner Daemon comme il savait si bien le faire. « Beaucoup mieux ouais ! N'empêche tu dis ça, mais qu'est-ce que tu ferais sans moi, hein ? » Orson lui tend la perche, il sait parfaitement que son cousin allait en profiter pour le tacler encore un peu. Mais il savait que cela ne reste que du domaine des plaisanteries, que ça n'est jamais sérieux. C'est ça qui est bien dans sa relation avec Daemon : ils peuvent s'insulter autant qu'ils le veulent, pour eux ça sera comme des mots d'amour.

Rapidement, ils en vinrent au sujet d'un voyage à Brisbane qui rendait Orson plus heureux que jamais. Déjà qu'il aimait voyager mais si en plus de ça c'était avec Daemon, ça ne pouvait être que du bonheur. « J'te signale quand même que "cette jeunesse irrespectueuse au crâne de piaf" parle quatre langues et écrit des bouquins, alors tu te calmes Monsieur le crâneur ! » Orson lui tire la langue après son majeur en croisant un peu les bras contre son torse, histoire de faire genre de bouder. Mais ça ne dure finalement pas longtemps puisque la discussion se tourne vers quelque chose qui le faisait rêver. « Tu sais bien qu'à chaque fois mon avis est le même, Daemon. Je trouve toujours génial ce que tu composes. Oh, arrête d'être aussi mignon, je vais finir par y croire ! ... Ah, là c'est beaucoup plus crédible. » Bon, il n'a pas répondu à sa déclaration d'amour familiale mais il est persuadé que Daemon sait qu'il l'aime tout autant. En tout cas, Orson avait hâte de partir là-bas pour pouvoir écouter son cousin pianoter sur son instrument, et profiter de lui. Parce que même s'il passe souvent le voir, il était rare de les voir sortir le soir ensemble au restaurant ou dans un bar. Daemon travaillait toute la journée et Orson préférait passer ses soirées dans la luxure plutôt qu'à regarder des films dans son canapé. Cela lui arrivait mais ça n'était pas aussi souvent qu'on pourrait le penser. Alors qu'il déguste un pancake et qu'il lui répond la bouche pleine, il hoche la tête à sa question. « Oh putain ouais ! Ca serait top. Je crois que je vais squatter ici quand il sera là comme ça je pourrais bien manger. » Puis, il se retrouve avec l'ordinateur sur ses genoux à contempler méticuleusement les pages ouvertes. « Attends, je pars en voyage avec toi, tu crois quand même pas que je vais gâcher les seules heures qu'on a ensemble pour des gars que je reverrais probablement jamais ! » Peut-être qu'il se trouvera quelques conquêtes, mais il comptait bien profiter un maximum de la présence de son cousin avec lui. « Promis je ferais pas de bêtises. Puis je comprends, faut pas que tu sois épuisé pour tes enregistrements. D'ailleurs, je viendrais le plus tôt que je pourrais, même si j'ai la gueule de bois. T'as vu comment j'assure, un peu ? » Orson se redresse tout fier de lui puis après avoir tout analysé de son oeil acerbe, il pose l'ordinateur sur la table basse et boit une gorgée de son café. « Ca passe lentement mais une fois là-bas ça va passer trop vite, tu vas voir. Ouais ... Je crois que j'ai quelques chemises dans mon placard mais il faut que j'aille en racheter. Alors c'est quand tu veux pour la session shopping, mais me fais pas essayer trop de trucs non plus hein ... » Non, c'était pas trop sa tasse de thé, de rester longtemps dans les magasins. Il avait un style plutôt simple et savait ce qui lui allait ou pas, ce qui était plutôt pratique pour ne pas mettre trop longtemps dans les magasins.
 

Orson ne souhaitait plus trop déblatérer au sujet de Devan. Après tout, il s'agissait d'une relation qui ne le concernait pas. Bien sûr, Daemon est comme son grand frère et il ne veut pas qu'il souffre, pour autant, il n'allait pas épiloguer là-dessus. Son cousin devait avoir remarqué à quel point Orson était apeuré par rapport à cela. Déjà qu'il se sentait abandonné lorsque Daemon partait en voyage quelques jours, mais alors ne plus pouvoir le voir dès qu'il en avait envie à cause d'une relation amoureuse, c'était inadmissible pour le jeune garçon. « Mh, si tu le dis. » C'est ainsi qu'Orson préfère conclure le sujet Devan. Que pouvait-il bien ajouter de plus, de toute façon ? C'est vrai aussi qu'il est sous le coup de la nouvelle, mais ça ne voulait rien dire pour lui. Il continuerait simplement à y songer, peut-être un peu plus profondément quand il sera au calme. « Bah j'irais certainement faire la fête sans avoir un quelconque sermon d'un certain Daemon. » Orson le dit, mais il plaisante. Daemon est à peu près la seule personne qui se soucie ainsi de sa santé. Même ses parents n'en font pas davantage. « Je plaisante, je les aime tes sermons. Surtout quand ils sont servis avec de la bouffe. » La douce odeur des pancakes parvient à ses narines et il ne peut s'empêcher d'en prendre un avec gourmandise. « Tu te vantes bien sur ce que tu peux faire avec tes doigts, laisse moi me vanter de ma langue, nom de Zeus ! Et interdiction de me la couper, sinon je te coupe tous tes doigts. Et même les orteils. » Puis, Orson fait mine de bouder un peu mais ne peut pas résister. Il ne peut faire longtemps la tête à son cousin préféré. En même temps, il était le seul. « J'aime bien quand on me maltraite quelques fois. » Dit-il en levant les sourcils plusieurs fois, d'un regard qui voulait tout dire, avant de se mettre à rire aux éclats sous les insinuations perverses de sa phrase.

Orson ne faisait que dévorer son pancake en réalité. Il était tellement bon qu'il ne prenait même pas le temps de le savourer à sa juste valeur. Mais d'après les paroles de Daemon, il n'en avait rien à faire puisqu'il allait repartir d'ici avec quelques unes de ces merveilles culinaires. « Tu crois vraiment qu'il va cuisiner pour moi ? Ou alors tu vas pas lui laisser le choix ? » Il est vrai que parfois Orson pouvait être très envahissant. Surtout envers Daemon, il squattait bien souvent chez lui, une façon pour lui de lui dire qu'il l'aime, mais il savait que s'il devenait trop chiant, son cousin n'hésiterait pas à le remettre à sa place. Ils se mettent ensuite à discuter du voyage à Brisbane et Orson promet de passer le plus de temps possible avec lui. Et ça, c'était certain : il n'allait pas cesser de le coller, même s'il a la gueule de bois. « Je suis un gamin responsable, t'as vu. » Tout fier, Orson redresse son dos et affiche un sourire. Puis il secoue la tête et croise les bras. « Non, ça passe toujours trop vite quand on s'amuse. » Il soupire, passe une main dans ses cheveux. Orson sait parfaitement à quel point ça passera trop vite, c'est bien pour cette raison qu'il compte profiter un maximum de son cousin. « Ben écoute je t'enverrai un SMS pour voir quand tu seras libre et moi aussi. C'est les vacances mais j'aimerais bien m'avancer sur mes cours de l'année prochaine pour pas trop me noyer. Enfin, comme toutes les années quoi. Ouais, c'est surtout pour pouvoir faire un max de fêtes ... » Tous les étés, Orson faisait des sortes de devoirs pour s'avancer sur le programme de l'année suivante. Histoire d'être sûr d'avoir son année, et puis d'avoir du temps pour lui en plus, pour ne pas avoir à bosser comme un dingue tous les soirs.