No good in goodbye + Léace

Dans un sens elle comprenait qu'il puisse la détester pour ce secret, dans l'autre elle refusait l'éloignement que ça pouvait causer. Qu'il ne finisse que par la voir comme une simple connaissance, alors que ce n'était qu'une activité qu'elle ne cachait. Elle restait la même, timide, elle faisait tout rapidement, pas de double personnalité, pas de masque, qu'un deuxième prénom qui lui servait de couverture au cas où il y avait des problèmes. Ses relations envers les autres, ses sentiments, son amour pour lui n'avait pas bougé, ils n'étaient pas devenus moins importants. Mais c'était toujours délicat d'aborder le sujet, d'estimer la confiance que les autres pourraient avoir envers elle pour garder le secret, pour ne pas la dénoncer ou bien lui en vouloir. Garder le secret lui avait semblé la meilleure option, celle qui ferait la moins mal à Léo, parce qu'il n'aurait dû rien savoir, elle voulait que quand il posait son regard sur elle, qu'il n'y voit qu'une femme rayonnante, rester celle qui était la plus importante, du moins dans son esprit ça se passait comme ça. Elle ne savait pas comment il aurait pris l'information, comment il aurait réagi, l'idée qu'il puisse la quitter et redevenir une inconnue à ses yeux la torturait. La blonde refusait de s'imaginer un avenir sans lui et pourtant elle brisait toujours un peu plus son couple avec ses aveux. « Je … je ne sais pas. » Parce qu'elle lui avait toujours pas avouée qu'elle s'était faite agressée dans la rue non plus. Tout simplement parce qu'elle avait honte, qu'elle était certaine que si Léo avait des choses honteuses dans ses bagages, il n'irait pas les déballer pour elle. Il était toujours préférable de garder des choses pour soi. « Jamais je ne t'ai mentie sur ça. » Elle se répétait pour qu'il se le rentre dans le crâne. Que Grace aimait Léo d'un amour fort, qu'elle l'aimait plus que sa propre personne, qu'il était la première personne à qui elle pensait en se réveillant. Il était un tout pour elle et elle ne voulait pas qu'il se mette à douter sur ça. Le mot criminelle claquait à ses oreilles, elle fronçait les sourcils quand son cœur venait s'oppresser un peu plus. Si elle venait le blesser de par ses révélations, elle n'avait jamais été désobligeante envers lui, alors que lui ne manquait pas l'occasion de le faire. Et une larme s'enfuyait de parmi les autres, celles qui enveloppaient son regard d'une brume, elle la balayait d'une main nonchalante avant de baisser son regard. Elle ne s'en souvenait pas non plus, de quand elle s'était faite arrêter, parce que c'était genre de souvenir qu'elle voulait effacer de sa mémoire, qu'elle préférait cacher aux autres. Sauf qu'elle s'était laissée dépasser par les événements et qu'elle avait bien trop parlé ou du moins assez pour lui donner le fait. De toute façon, chaque information en plus devait être pénible à supporter pour Léo. « Je suis toujours la même, celle que tu connais et puis tu semblais bien l'aimer cette Grace-là. » Celle qui se dévergondait un peu et il n'y avait plus de questions au pourquoi elle se dévergondait toujours plus avec les jours. Ce n'était pas avec la drogue qu'elle consommait, parce qu'elle ne faisait que très rarement, qu'elle n'en touchait pas chaque mois non plus. Mais elle examinait les gens dans les endroits où elle livrait, elle prenait ce qu'il y avait d'intéressant et l'intégrait à sa façon d'être tout en restant des plus gentilles. Du moins, en essayant de l'être. Elle sentait son cœur flancher quand il ne répondait pas à son pardon.« Léo ... » La blonde respirait calmement, pour ne pas finir par céder à la panique intérieure qui lui rappelait qu'elle n'était qu'une bonne à rien. « On ne sort pas avec une personne qu'on ne connaît pas, pas vrai ? » Disait-elle la voix tremblante, ne retenant plus les larmes qui venaient ruisseler sur ses joues rougies. Elle ne savait que dire, si lui promettre de changer pourrait le rassurer, lui faire changer d'avis. De toute manière, elle ne pouvait pas promettre quelque chose qu'elle ne tiendrait pas. « Il est pour quoi ce silence ? » Grace se coupait d'elle-même, penser qu'ils viendraient mettre un point final à leur histoire était bien trop douloureux. « Je ne veux pas que tu me laisses. »

Jamais il ne pourrait la détester, c’était tout bonnement impossible. Parce que Grace était unique aux yeux de Léo, il ne pouvait l’expliquer, c’était à n’y rien comprendre mais c’était ainsi. Alors qu’il pouvait avoir n’importe quelle fille, les plus belles, les plus douces, les plus amoureuses, il la choisissait elle, parmi toute. Parce qu’elle était solaire, parce qu’elle était compliquée, un vrai défi à elle seule, elle le faisait tourner chèvre et c’était une sensation que les autres ne provoquaient pas, un vertige, une perte de tout contrôle qui l’étourdissait. Quand d’autres étaient faciles, dociles, Grace, elle, lui filait entre les doigts, toujours, elle se plaçait là où il ne l’attendait jamais. Elle le surprenait, positivement la plupart du temps et parfois de façon plus grinçante, aujourd’hui elle le décevait. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’une chose pareil arrivait avec cette blonde, la première fois elle lui avait simplement caché son plus gros secret, à l’époque elle était encore none et pourtant elle avait joué avec le feu. Elle s’était essayé au jeu de la séduction avec un tout jeune Léo qui avait la tête qui tournait face à cette fille fragile, inaccessible et donc si attirante. Et pourtant elle l’avait laissé en plan, telle la meilleure des allumeuses, elle avait fui pour ne pas se corrompre, laissant Léo sur la touche sans rien n’avoir compris. Elle était la première qui s’était dérobé face à lui et même s’il avait été déçu et en colère sur le coup, elle lui avait laissé un souvenir impérissable même s’il avait dû attendre leurs retrouvailles un an plus tôt pour avoir le fin mot de l’histoire. Aujourd’hui encore il s’était fait avoir par ses secrets, ses cachotteries et une nouvelle double vie, bien différente que la première et surtout bien moins acceptable pour notre homme.
C’était triste de se dire que ces deux là s’aimaient, indéniablement, mais qu’ils ne se faisaient pas assez confiance, qu’en dehors de l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre il y avait tout un monde, deux mondes même, bien différents, sûrement trop différents. Léo avait voulu croire que c’était une force, qu’ils apprendraient de l’autre et que chacun finirait petit à petit par entrer dans le monde de l’autre, tout au moins le comprendre, c’était une belle utopie. Mais il y croyait si fort que ce soir il était assailli par la désillusion. Il regarda alors Grace avec tant de douceur et de douleur dans le regard, oui il l’aimait cette Grace, celle qu’il pensait connaître. Certainement qu’il avait fait la plus grosse erreur de sa vie en ouvrant la boîte de pandore, en la trahissant. S’il ne l’avait pas suivi, s’il lui avait seulement fait confiance il aurait continué à se bercer d’illusions mais au moins il serait encore un homme heureux. Il aurait aimé avoir un geste tendre envers elle, prendre sa main, caresser son visage, pour lui montrer que rien n’était perdu. Mais malgré toute l’adoration qu’il lui portait, il n’y arrivait pas, c’était devenu un effort presque insurmontable. Léo était comme un éternel gamin qui ne supportait pas qu’on lui mente, qui n’aimait pas être mis de côté. Peut-être qu’il avait peur pour elle, peut-être qu’il était déçu, peut-être qu’il s’en voulait même un peu, sûrement un peu de tout ça à la fois. Peut-être qu’il lui fallait du temps aussi, simplement du temps pour que les choses se tassent, pour qu’il apprenne à nouveau le manque d’elle et qu’il pardonne tout, qu’il revienne. Il n’en savait rien, il avait l’espoir, même si celui-ci se tarissait de plus en plus. Tu me demandes ça ? Durant des mois j’ai cru que je te connaissais. Toi tu sais tout de moi, mes défauts comme mes qualités, je n’ai pas joué la comédie, je n’ai rien caché, pour que tu me prennes comme je suis si tu l’acceptais. Mais toi tu n’as montré que les bons côtés, que ce qui était acceptable selon toi et le reste tu me l’as caché. Alors j’suis pas certain que ce soit la définition même de “connaître quelqu’un”. Il ne s’énervait plus, il était trop abattu, de toute façon crier ne servirait à rien avec Grace, il le savait, elle, mais comment arrivait-elle à rester si calme, si posée alors que Léo aurait envie de tout envoyer valser. Elle n’était pas habituée à ce qu’il se taise, lui qui parlait toujours beaucoup trop, mais ce soir il n’avait plus les mots, ceux pour crier ou ceux pour la rassurer. Il haussa les épaules. Je n’en ai pas envie non plus. Bordel, Grace je t’ai trop dit à quel point tu comptais pour moi pour que ça me laisse de glace. Je t’ai fait confiance. J’peux pas non plus encaisser la nouvelle puis tourner la page comme si de rien n’était. Et puis j’suis pas certain d’accepter cette nouvelle Grace dont j’ignorais tout. Laisse-moi… du temps. Il lui demandait de la patience, comme elle avait pu le faire au début de leur relation. Sauf que lui n’était pas sûr que le temps apaiserait quoi que ce soit. C’était presque reculer pour mieux sauter.

L'entendre dire qu'il ne la connaissait pas lui faisait mal. Parce qu'elle avait tout fait pour se dévoiler, parce qu'il était la seule personne à qui elle s'était réellement ouverte, elle s'était sentie bien à ses côtés. Et si elle n'avait pas avouer son activité c'était principalement pour ne pas le décevoir et ce soir, ce qu'il résultait de ce pseudo-aveu forcé, n'en était que ce qu'elle s'était imaginée pendant des mois. Parce qu'elle avait toujours eu peur, de savoir qu'un jour son bien aimé découvre la vérité de n'importe quelle raison, bien qu'elle arrivait à se convaincre que ça n'arriverait pas parce que là où elle traînait n'étaient pas les endroits où lui aimait se réfugier. Et elle s'en voulait de ne pas lui avoir porté assez de confiance, de ne pas lui avoir avoué tout dès le début, avant même leur relation. Elle restait interdite en le regardant, espérant qu'il puisse voir dans son regard qu'elle implorait le pardon, mais la seule chose qu'il pourrait distinguer était les larmes qui dévalaient chacune leur tour pour embrasser ses joues. « Ce n'est pas parce que tu ne connais pas un détail que je te cache toute ma vie derrière. Je suis toujours la même personne que tu connais. » Elle avait l'impression de se répéter, mais c'était le seul argument qu'elle avait. Son cœur battait pour lui, elle se confiait à lui, pas que pour le bon, mais elle ne lui cachait que son activité de dealeuse parce qu'elle avait peur des répercutions. « Je sais que ce que j'ai fait est mal, mais ce n'est pas ... » Grace soufflait, à quoi servait-il de se battre pour quelque chose qui était déjà perdu ? Elle ne pouvait pas forcer Léo à lui pardonner et l'aimer comme s'il ne connaissait rien. « Laisse tomber, pense ce que tu veux de moi. » Et même si elle ne baissait jamais les bras, elle avait le cœur en morceau, prenait le supplice comme un étouffement, comme s'il lui enlevait une partie d'elle. Mais elle en voulait pas qu'il devienne qu'un souvenir, que leur relation prenne fin sur ce malentendu, cette erreur de sa part. Léo était une personne qu'elle aimait depuis tant d'année, qu'elle avait refoulée cet amour avant de s'enfuir. Il était le seul capable de lui faire ressentir ce sentiment, lui en avoir fait découvert d'autres tout aussi agréables. Il lui avait ouvert un nouveau monde et se détacher de lui ne ferait que l'éjecter de celui-ci. Il n'était pas certain d'accepter. Elle baissait les yeux pour ne pas affronter son regard, parce que ses paroles venaient de l'achever, le peu d'espoir qu'il lui restait s'était envolé. Il aurait dû être capable de dire directement s'il pouvait surmonter ça, dans sa tête, du moins. « Je … je comprends. » Disait-elle, essayant de cacher un sanglot, puisqu'elle ne voulait pas paraître plus pathétique qu'elle ne l'était déjà en pleurant devant lui alors qu'elle était la fautive. La blonde se leva, restant pendant quelques secondes devant Léo. « Je ne voulais pas te décevoir, c'est pour ça que je ne t'ai rien dit. Et du temps, tu en auras autant que tu voudras. » Elle tournait rapidement les talons, inspirant difficilement, comme si tout devenait douloureux. Grace rattrapait ses affaires, avant de sortir de cette maison et craquer complètement.