| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| we saw brilliance when the world was asleep (andeana) | |
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Auteur | Message |
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Invité | Sujet: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Mar 15 Aoû 2017 - 18:27 | |
| Cinq heures et trente minutes, le matin, les premiers rayons de soleil apparaissaient à l’horizon, avant que cette boule de feu ne sorte complètement de cette ligne au bout du paysage. Ce moment unique où la nuit bascule pour laisser place au jour. Cet instant d’incertitude, où la noirceur se confond à l’espoir. Naveen regardait par la fenêtre, quelques minutes de contemplation avant de se rendre sur le toit pour le sobh. C’était la seule prière de la journée qu’il pouvait accomplir là-haut, au-dessus de la ville qui dormait encore. Personne ne s’y trouvait, contrairement aux quatre autres moments de la journée où les gens venaient en solo pour lire un livre, en couple pour s’embrasser comme deux rois debout devant le monde, ou entre amis pour boire un verre – ou plusieurs – à la tombée de la nuit. Naveen profitait de ce moment de silence, de cette paix intérieure qu’il avait si longuement cherché à retrouver. Elle était bien moins solide qu’avant, cette paix. Elle tanguait en raison des vagues de mauvais souvenirs qui fracassaient l’esprit de Naveen à chaque fois que ce dernier fermait les yeux. Mais, peu à peu, son esprit se troublait de moins en moins face au vide. Ce ne serait jamais facile, mais ce serait plus simple, un jour. Amenant avec lui son tapis, il sortit de son appartement, verrouilla à clé, et prit le chemin vers les escaliers menant au toit. Une fois arrivé, il déroula son tapis à l’endroit le plus propre, aligné vers la Kaaba, et prit un moment pour penser à sa famille avant de débuter sa prière. « Allahu Akbar. » Et alors qu’il allait redescendre ses mains, jusque-là tout près de ses oreilles, il entendit la porte du toit s’ouvrir à nouveau. Il tourna la tête vers l’entrée et aperçut une jeune femme, le regard loin, le regard absent et endormi, s’avancer sur le toit, ses pieds nus se souciant guère des toutes petites roches qui parsemaient le sol. « Mademoiselle ? » Demanda Naveen, curieux face à cette jeune femme qui ne semblait même pas s’apercevoir de sa présence. Le syrien s’était souvent senti invisible, depuis son arrivée en Australie, mais jamais comme ça. |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Mar 15 Aoû 2017 - 23:59 | |
| Quand Andeana était invitée quelque part, il était rare qu'elle refuse de venir, elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour voir ses amis. Elle avait longtemps été séparée de la plupart d'entre-eux à cause de ses voyages qu'elle avait finit par se sentir mal, surtout après les confidences de son meilleur ami qui lui avait rappelé qu'elle avait pu le blesser de par ses absences. Sa présence actuelle ne remplacera jamais le manque qu'ils avaient pu ressentir pendant qu'elle n'était pas là, mais elle espérait que ça faisait plaisir aux autres, qu'elle soit-là le temps d'une soirée. Que sa folie encombre les pièces de leurs appartements. Et même si ça la dérangeait de laisser Jude seule à la maison parce qu'elle n'aimait pas savoir une personne seule, elle décidait de prendre son vélo pour traverser la moitié de la ville pour rejoindre ses amies qui devaient sans doute l'attendre depuis plusieurs longues minutes. Andeana avait toujours quelque chose, de pas vraiment important, qui la mettait en retard. Mais comme la blonde exagérait chaque moment de sa vie, arroser ses multiples plantes avant de partir semblait bien plus important que la faim dans le monde. Et elles avaient parlée la moitié de la nuit d'un peu de tout, passant de la maladie qu'on lui avait découverte à ses fiançailles, au fait qu'elle avait appelé une de ses plantes comme son père parce qu'elle semblait la plus forte d'entre toutes. Si elle pouvait avoir des conversations sérieuses, quand elle était avec ses amies, ça ne volait pas bien haut, puis elle racontait toujours ses histoires avec un sourire aux lèvres, bien qu'elles pouvaient être dramatique, Andeana n'arrivait pas à voir le mal, il y avait toujours pire partout. La tristesse ne l'aiderait pas à avancer dans tous les cas. Pourtant, une conversation semblait bien l’avoir remué le cœur de la vénézuélienne. Parce qu’avoir un sourire aux lèvres ne s’associait pas toujours au bonheur, parce que ça l’empêchait pas de souffrir. Et elle, elle se voilait la face sur ses problèmes, ce qui n’était pas toujours judicieux. Que c’était dans ses moments qu’elle ne devrait pas s’endormir. Cinq heures trente. Ses pieds touchaient le sol, son esprit était toujours endormi. Elle parcourrait les couloirs de l’immeuble comme si elle les connaissait par cœur, comme si elle savait où elle allait. Doucement la porte s’ouvrait, laissant l’air frais frapper son visage avant de se fondre complètement dans cet espace. Ses pas se répétaient, tandis que ses oreilles semblaient ne recevoir aucun message, pas même les paroles de l’homme qui se trouvait à ses côtés. Andeana était dans son monde endormie. Et elle se balançait au-dessus du vide comme si le danger n’existait pas. |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Mer 16 Aoû 2017 - 1:27 | |
| Sa tête ne se tourna même pas vers la sienne quand Naveen l’appela. Ses yeux demeurèrent rivés devant elle, comme si rien ni personne ne pouvait venir perturber sa trajectoire. Elle avançait, d’un air presque mélancolique qui troubla le syrien, incapable de détacher son regard d’elle. Alors qu’elle se trouvait au centre complètement de la surface du toit, le réfugié hésita à reprendre sa prière dans un murmure, à la laisser errer dans les premières lueurs du soleil, dansant entre les rayons qui arrivaient à se frayer un chemin jusqu’à la surface. Toutefois, il remarqua bien vite que la demoiselle n’arrêtait pas son chemin, qu’elle s’approchait du bord du toit pour mieux le longer, ses pas menaçant de la faire basculer à tout moment. Il ignorait dans quel état elle se trouvait, jusqu’à maintenant. Était-elle si paralysée par le désespoir qu’elle en perdait peu à peu sa vitalité, au point de ne devenir qu’un spectre à deux doigts de se laisser chuter ? Était-elle sous l’emprise de substances illicites et aveuglantes, plongée dans un univers artificiel et dangereux ? Délaissant son tapis bien étendu sur le sol, Naveen s’approcha lentement vers la grande blonde. « Mademoiselle … » Répéta-t-il, en vain, parce qu’encore une fois ses paroles ne semblèrent pas atteindre son interlocutrice. Elle ne remarquait même pas qu’il n’était plus qu’à un mètre ou deux d’elle. Elle ne remarquait même pas qu’il s’approchait d’elle comme on s’approche d’un animal sauvage, par peur de l’effrayer. « Mademoiselle, faites attention. Un pas de plus vers l’avant et vous risquez de tomber … » Lui dit Naveen d’une voix douce. Il arriva à faire face à la demoiselle alors qu’elle se trouvait une nouvelle fois dans une allée et venue, allant cette fois dans sa direction. Elle s’arrêta face à lui, sans doute parce que sa présence devant elle l’empêchait de continuer sa trajectoire qui semblait si bien tracée et pourtant, si dangereusement aléatoire. C’est en regardant droit dans ses yeux que Naveen réalisa qu’il était bel et bien invisible, pour elle. Mais pas parce qu’elle ne voulait pas le voir. Elle ne le pouvait pas. La jeune femme n’était pas de ce monde, pas présentement. Elle était ailleurs, dans un imaginaire auquel Naveen n’avait pas accès, dans une réalité toute autre qui l’avait transportée jusqu’ici pour une raison qui l’échappait. Si on avait toujours répété aux enfants de ne jamais réveiller un somnambule, Naveen n’écouta plus ces conseils qui provenaient d’on-ne-sait-où, parce que cette jeune femme risquait bien plus en tanguant entre le vide et la vie, qu’en se faisant réveiller au beau milieu d’un rêve à demi-éveillée. Il posa d’abord doucement sa main sur l’avant-bras de la blonde. « Réveillez-vous. » Dit-il une première fois. Il serra un peu plus son poignet, simplement pour créer une sorte de signal pour son cerveau, sans pour autant y mettre une force suffisante pour lui faire mal. « Je vous en prie, réveillez-vous. » Le regard de Naveen se plongea dans le sien, tentant de deviner le moment où elle reviendrait à elle, à eux. |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Mer 16 Aoû 2017 - 22:37 | |
| Rien aux alentours, seule dans son monde, dans son cauchemar qui guidait ses pas, la faisant valser aux bords du vide. Son corps dansait avec le danger et pourtant, tout avait l’air si paisible dans sa tête, elle n’y voyait rien, pas de vide. Le filtre qui lui brouillait la vue lui était efficace, l’homme qui se plantait en face d’elle était hors-décor dans le film qui tournait dans sa tête. Et cette séance, elle ne savait pas quand elle allait se terminer. Les bruits pourtant si proche lui était si lointain. En une seconde tout se mettait sur pause, un bruit se rapprochait, elle sentait quelque chose la toucher mais ne voyait personne. Pendant ses quelques secondes, son souffle profond s’apaisait. Elle ressentait la chaleur du soleil levant caresser son visage. Et un long bruit retentissait dans ses oreilles, la vénézuélienne ouvrait difficilement les paupières. Sa tête tournait, sans doute à cause de sa terreur nocturne. Ses yeux vacillaient, toujours un peu endormie, ils se perdaient vers le bas, le vide. Et une sensation de vertige lui prenait alors au cœur. Le même vertige qu’elle ressentait quand son accident s’était passé, le même vertige quand on lui apprenait des mauvaises nouvelles. Son cœur devait avoir loupé d’un battement en raison du choc, elle se sentait partir sur le côté pourtant ses membres étaient bloqués. Andeana paniquait tellement qu’elle avait l’impression de ne plus rien contrôler. Elle attrapait le premier brin de ludicité qui lui passait, s’accrochant un peu plus à l’homme qui se tenait devant elle. Elle n’avait aucune idée de qui il était, mais elle avait l’impression que sa vie était posée en lui à l’instant. La vénézuélienne s’y accrochait un peu plus, se redressant comme elle pouvait avec un peu de son aide sans doute. La tête blonde n’arrivait pas à distinguer de si elle était toujours dans un cauchemar ou si elle était bien dans la vie réelle et ça la rendait presque malade. Ces réveils des plus affreux. Crise de somnambulisme ou non, elle avait toujours eu du mal avec les réveils, elle était le genre de personne à ne se réveiller que quand elle avait fait son compte de sommeil. Instinctivement elle venait se glisser contre la personne devant elle, sans même l’avoir regardée, sans même se poser la question de si c’était lui qui l’avait emmené là, s’il détestait ça au plus au point d’avoir un contact humain. Puis au fond elle savait bien ce qui s’était passée et elle détestait bien son esprit pour ça, elle détestait son sommeil. « Mon dieu. Merci à vous d’exister. » La blonde se retirait rapidement, pour ne pas être trop gênante. « Désolée pour ça ... » Elle était gênée, gênée que quelqu’un l’ait vu pendant une crise, elle aurait préférée se réveiller seule, mais elle savait que si elle l’avait été quelques minutes de plus, son corps aurait épousé le sol plusieurs mètres plus bas et elle ne se serait jamais réveillée. Sa tête se basculait vers le sol pour ne pas croiser le regard de l’homme. « La vache … j’allais … Merci. » Mourir. C’est le mot. Elle avait soufflée son dernier mot qui passait presque dans les airs, comme imperceptible. |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Ven 18 Aoû 2017 - 0:57 | |
| Les yeux de la jeune femme semblaient perdus entre deux mondes, n’existant ni dans le rêve, ni dans la réalité. Elle était sur un fil de fer, tentant de garder un équilibre entre deux dimensions qu’elle ne contrôlait plus, qu’elle ne voyait plus. Naveen restait là, devant elle, droit et fort comme pour devenir son point d’aplomb. Elle s’accrocha d’ailleurs à lui, à sa main qui entourait son poignet, et la voyant ainsi vaciller le syrien décida de porter son autre main à son bras, tenant son épaule, la stabilisant du mieux qu’il le pouvait. Son corps était crispé et pourtant elle semblait prête à tout lâcher. Heureusement, ses doigts fins se refermaient de plus en plus autour de Naveen, et ses yeux revenaient lentement à la réalité. Il tenta un sourire en la regardant, ne voulant pas l’effrayer alors qu’elle se réveillait de ce qui était sans aucun doute une crise de somnambulisme. Ou alors une drogue vraiment forte qui lui avait enlevé toute lucidité, momentanément. Sans jamais que leurs regards ne se soient même croisés, elle se laissa glisser vers lui, contre lui, et le réfugié passa un bras autour d’elle pour l’appuyer un peu mieux contre son torse, pour la retenir aussi, elle qui pourrait bien continuer sa chute jusqu’à ses pieds. C’est alors qu’elle le remercia, en même temps que de faire appel à son Dieu, d’exister. Ces paroles, peut-être bien anodines pour elle, ou lancée d’une manière irréfléchie sous l’émotion, venaient de frapper Naveen droit au cœur, pour qui l’existence avait pris une toute autre tournure depuis des années, et surtout depuis la mort de toute sa famille. La jeune femme se retira bien rapidement de cette sorte d’étreinte dans laquelle ils se trouvaient, et s’excusa. « Je crois que vous n’aviez pas vraiment le contrôle là-dessus, alors … Ne vous excusez pas. » Il lui sourit de nouveau. Par chance il avait été là, oui, au fond. Qui sait de quel côté du toit elle se serait retrouvée, s’il n’avait pas été là ? Et quelle chance elle avait eu, puisque cet endroit était normalement désertique, jusqu’à ce que Naveen y arrive pour l’habiter de ses prières. C’était un coup de chance, ou un coup du destin. « C’est terminé, maintenant. Vous êtes là, avec moi, qu’Allah soit loué pour ça. » Il se recula doucement, lui laissant son espace, pour qu’elle retrouve ses esprits.
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| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Ven 18 Aoû 2017 - 16:32 | |
| Calée contre le torse de l'homme, elle soufflait doucement, essayant de retrouver sa conscience perdue dans ce cauchemar à moitié-endormi, qu'elle arrête de faire des siennes. Les battements de son cœur résonnaient dans sa tête, sauf s'ils appartenaient à celui de son sauveur. Pendant quelques secondes ça la calmait, l'aidait à reprendre ses esprits, la faire revenir dans ce monde qu'elle avait perdue pendant ces quelques minutes d'égarement. Un pas en arrière et le contact entre les deux corps étaient coupés, il en avait déjà assez fait pour devoir en plus réconforter la blonde dans le tracas qu'elle s'infligeait presque volontairement. Elle aurait pu tomber, mourir, ça lui faisait une sensation bizarre en y pensant. Qu'elle aurait ri une dernière fois hier soir, que tout allait bien dans sa vie et pourtant, on aurait dû annoncer à sa famille qu'elle avait trouvée la mort par suicide. Un suicide. Ce dont Andeana n'y pensait pas une seconde. Heureusement son corps n'avait pas heurté le sol, son cœur battait toujours, il n'y avait pas de quoi être triste, au contraire. Et elle ne pouvait que remercier cet homme d'avoir été là, de ne pas l'avoir ignoré, parce que même si elle n'a aucune idée de ce qu'elle faisait avant d'ouvrir ses yeux au bord du vide, le poignet accroché à un inconnu, elle se doutait bien qu'elle devait avoir eu un moment étrange. Elle levait les yeux, lisant son visage en détail, ses expressions, ses fossettes quand il souriait. Non, cet homme n'aurait pas pu vouloir du mal à quelqu'un ou il le cachait vraiment très bien. Il resterait tel un héros malgré tout, même si peut-être qu'elle s'était fait un film et qu'elle n'avait pas voulu sauter, que c'était lui qui l'avait traîné là. Andeana n'était pas le genre à en vouloir aux gens de toute manière, si ça arrivait. « Pas vraiment, non. » Confessait-elle en baissant la tête, de toute façon, ça se saurait si les somnambules avaient le contrôle de leurs esprits. Ils l'utilisaient tous d'une manière ou d'une autre, mais ce n'était pas toujours comme ils voulaient, certains utilisaient leurs créativités en dessinant tel les plus grands peintres, d'autres comme Andeana se mettait en danger. « Je suis juste désolée que peut-être que vous auriez pu assister à quelque chose de plus grave ... » Elle relevait la tête et doucement un doux sourire se dessinait sur son visage. « Mais vous avez raison, ça va aller. Et ça vous fera quelque chose à raconter aux gens, vous êtes devenu un sauveur. » Elle riait légèrement, elle se sentait mieux maintenant, le stress était tombé d'un cran. Son côté bavard ressortait, pour tout et rien dire. Et même si être à côté du bord ne la rassurait pas totalement, elle savait qu'au pire, quelqu'un la rattraperait encore. Ses yeux finissaient par se perdre dans le ciel. « Je ne veux pas vous déranger plus mais, vous savez quelle heure il est … par hasard ? » |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Lun 21 Aoû 2017 - 0:04 | |
| Depuis longtemps maintenant Naveen avait appris, d'une manière radicale, qu'une vie ne tenait qu'à un fil. Qu'on tanguait constamment entre la vie et la mort, entre le fil de fer et le vide. Et il ne suffisait que d'un coup de vent trop fort, ou un faux pas, pour sombrer jusqu'à ne plus voir la lumière. Jusqu'à ce qu'elle s'éteigne complètement. Qu'il s'agisse de facteurs internes ou externes, la vie était constamment menacée, et jour après jour le hasard pouvait faire des siennes. Dans le cas de Naveen, c'était surtout la main du mal qui avait elle-même extirpée certains Hommes de leur confort, la faucheuse qui fauchait par centaines. Affamée. Jamais repue. Vile créature, mais pas aussi vile que les humains qui l'aidaient à arriver à ses fins, larguant des bombes sur des écoles, des hôpitaux ou des maisons. Pas aussi vile que ceux qui, tourmentés par des convictions irraisonnées, arrachaient des vies innocentes sans les compter. Dans le cas de cette jeune femme toutefois, c'était son propre corps qui lui avait presque joué un tour, le tour ultime, le tour final, en lui voilant l'esprit le temps de guider ses pas aléatoires et inconscients jusqu'au bord du vide, au bord du rien. Il n'y avait pas plus interne que de mourir sous le contrôle de ses rêves, qui se termineraient dans un cauchemar duquel on ne se réveille plus, plus jamais. Heureusement, Naveen avait pu assister à ce dangereux jeu d'équilibre, et il avait pu ramener la demoiselle à la surface de la réalité. Elle regagna peu à peu le contrôle sur elle-même, d'abord en s'appuyant sur Naveen le temps de retrouver sa force, puis elle se détacha de lui pour plonger son regard dans le sien. Ce contact chaleureux si rapidement brisé laissa tout de suite un vide en Naveen, qui n'avait pas eu de contacts humains aussi rapproché depuis deux années maintenant. Une étreinte, une simple étreinte, lui avait procuré une affection depuis trop longtemps perdue. « Nous avons seulement tous les deux eu la chance que j'aie été là au bon endroit, au bon moment. » Il accompagna son léger rire féminin de son rire un peu plus retenu. Il ne riait pas parce qu'il était heureux, ou parce qu'il trouvait la situation amusante. Il riait parce qu'elle riait, et parce que le stress retombait. « Et puis, je n'aurais pas un grand auditoire pour cette histoire. Ce qui n'est pas très grave ... je n'ai pas le besoin d'être vu comme un sauveur. » Sauver des vies, Naveen ne l'avait jamais fait pour la gloire ou la reconnaissance. Du temps qu'il était avec les casques blancs, il sauvait des vies parce que chacune de celles-ci comptait, contrairement à ce que les militaires ou les rebelles pouvaient croire. Il sauvait des vies parce qu'elles méritaient de l'être. Ça ne faisait pas de lui un héros, ça faisait de lui un altruiste. « Il est près de six heures, je crois. » Il laissa aussi son regard se perdre dans le ciel, vers le soleil levant, puis ses yeux se posèrent sur son tapis soigneusement étendu sur le toit. L'heure de la prière était passée, mais le motif de son écart était plus que suffisant.
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| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Mar 22 Aoû 2017 - 1:53 | |
| « Alors, je serais la seule à vous voir comme mon sauveur. » Un sourire accompagnait sa phrase, elle restait le regarder avant de laisser s'évader un léger rire, de nouveau. Ça ne semblait pas être grand-chose pour un inconnu, cette phrase venant de la bouche d'une fille qui avait faillit mourir. Mais elle n'y pensait pas moins, sa vie avait encore trop d'interrogations, elle avait tellement à découvrir, en termes de paysages, d'humains. Puis même si elle avait tout mis en pause à cause de sa maladie, elle comptait reprendre les voyages, faire rêver son regard, travailler son esprit avec les souvenirs, sa collection n'en regorgeait pas encore assez et il lui faudrait bien plus d'une vie pour qu'elle se satisfasse de ce qu'elle avait. En découverte, il lui fallait toujours plus, c'est pour ça qu'elle avait choisie sa vie de nomade. Tout arrêter à vingt-neuf ans, rien que l'idée la chamboulait. Le cœur de sa famille aurait été brisé, le chagrin aurait sans doute rempli leur âme pendant quelques temps, le temps de faire de deuil, mais la tristesse, elle ne voulait en voir sur aucun visage, surtout pas celui de sa famille. Et même si elle, elle ne pouvait assister à ça après la mort, elle pouvait s'empêcher d'imaginer. Alors, cet homme serait son sauveur, qu'il le raconte ou non. « Si tôt. » Il était tôt pour elle, parce qu'elle pouvait se permettre de rester longtemps dans son lit, ce qu'elle ne loupait pas de faire, en temps normal. « Qu'est-ce que vous faites levé si tôt. » Disait-elle dans un rire, ce n'était pas une question sérieuse, elle s'étonnait juste de voir des personnes qui aimaient voir les dorures du soleil caresser doucement les parcelles du monde, elle aussi ça l'amusait pendant quand sa maison n'était que ce que la Terre lui offrait. Maintenant qu'elle avait un toit, des volets et pas d'horaire, ça changeait. La blonde suivait le regard de l'homme avant de comprendre. « Je suppose que ce n'est pas pour faire du yoga ... » En religion, elle n'y connaissait pas grand-chose, mais elle n'était pas totalement stupide. Peut-être, finalement et elle se faisait un tas d'idées débiles. Puis elle parlait trop, c'était le genre de question qu'elle devrait garder pour elle pour ne passer pour une folle ou une personne gênante mais elle ne pouvait pas s'empêcher de parler, ce moulin à parole. « ... j'espère que je ne vous ai pas trop dérangé longtemps. » Et elle ne voulait pas savoir combien de temps son cauchemar l'avait entraîné ici. « Je devrais arrêter de vous déranger. » Elle tapotait la robe qu'elle portait, comme si elle avait pu se rouler au sol entre-temps, on ne sait jamais. Puis son regard se perdait encore sur le visage de l'homme avant de souffler doucement. |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Ven 25 Aoû 2017 - 0:25 | |
| Aux paroles de la jeune femme, Naveen aurait bien voulu répondre qu'elle-même ne devait pas le considérer comme tel, comme un sauveur, tout comme chaque personne rescapée durant les violentes explosions en Syrie ne devaient pas le voir ainsi non plus. Sauf qu'il ne répondit rien, se contenta de sourire doucement et d'hocher la tête. Il pouvait bien leur laisser ça à tous les deux. Ce réconfort, cet espoir, cette reconnaissance l'un pour l'autre. La demoiselle lui demanda alors quelle heure il était, et même s'il avait un peu perdu la notion du temps depuis son arrivée bouleversante sur ce toit, il lui donna une approximation. Elle sembla surprise de la réponse. Si tôt. Il sourit. Lui avait l'habitude, ça avait été comme ça à tous les matins de sa vie, d'aussi loin qu'il se souvienne. « C'est là que la ville est la plus belle. » Répondit-il. Il n'avait pas tout dit, mais il avait dit une partie de la vérité. De toute façon, son regard qui s'éloigna lentement jusqu'à son tapis eut bien vite fait de révéler la véritable justification derrière sa présence. Quand la jeune femme fit référence au yoga, un sourire amusé, et non pas moqueur, s'échappa presque silencieusement d'entre ses lèvres. Il avait perdu l'habitude de rire, Naveen, alors quand il le faisait, c'était presque imperceptible. « Non, non. Si vous verriez ma flexibilité. » Releva-t-il en la regardant avec un sourire, avant de baisser doucement les yeux. Il savait que la religion était source de conflits, elle l'avait toujours été. Encore plus depuis cette vague de violences revendiquées par des gens qui agissaient pour le même dieu que lui. « C'est la première prière de la journée, pour les musulmans. Avant le lever du soleil. » Mais voilà que le soleil avait déjà bien entamé sa course contre l'horizon, et Naveen lui avait bien pris trop de retard. Relevant sans doute cette subtilité, la jeune femme s'excusa de l'avoir dérangé, et espéra ne pas l'avoir fait trop longtemps. Il secoua la tête, et plongea son regard dans celui de la blonde pour s'y perdre un moment, jusqu'à retrouver ses esprits pour lui répondre. « S'il-vous-plaît, non. » Se surprit-il à répondre. Non, il ne voulait pas qu'elle arrête de le déranger. De toute façon, elle ne le dérangeait pas, alors il n'y avait rien à cesser. Et puis, l'heure de sa prière était terminée, alors aussi bien attendre la prochaine avant de s'y remettre. « Je ... je n'ai pas souvent l'occasion de discuter avec qui que ce soit. Malgré ce qu'on en dira, les gens ont peur, ou se retiennent de parler. Ça ne semble pas être vos cas. » Constata-t-il. La solitude se faisait lourde pour l'homme qui, après quelques mois passés en Australie, ne comptait toujours personne dans son entourage mis à part Cleo qui le parrainait. « À moins que vous ne vouliez retourner dormir, récupérer. » Après un sommeil aussi agité, il n'aurait aucun mal à le comprendre.
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| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Lun 28 Aoû 2017 - 23:20 | |
| « Vous aimez le silence ? » La blonde, elle aimait les gens, elle aimait entendre les échos des rires dans les rues, que tout s’emballe sur les routes. Si elle voulait du calme dans son esprit, elle n’appréciait que bien mieux les bruits ambiants, ce qui la rappelait qu’elle n’était pas seule. Seul dans sa maison, le silence pouvait être roi quand elle méditait, quand elle créait, quand elle jouait. Mais même au fond, Andeana n’était pas une personne calme, même quand elle s’allumait un film, elle ne pouvait pas s’empêcher de montrer qu’elle était dedans, elle n’arrivait pas à se taire. Un rire s’échappait d’entre ses lèvres quand il parlait de sa flexibilité. Elle revoyait les images des contorsionnistes dans sa troupe de cirque et elle-même était impressionnée par elle, puis finissait par complexer. « Moi je m’inquiète pas sur ma flexibilité ! Je pourrais vous apprendre si on se recroise un jour où je serais plus réveillée ! » Son sourire bien que mince s’élargissait un peu, puis elle comprenait le double sens de sa phrase. Non, elle n’était pas le genre de personne à se vanter de la souplesse qu’elle pouvait avoir avec ses partenaires, d’ailleurs, rien que l’idée la faisait rire. « Je veux dire … je suis ancienne acrobate ... » Pour faire des numéros plus ou moins originaux, il fallait bien un peu de souplesse, se montrer gracieux, que les gens aient l’impression qu’elle vole quand elle faisait ses spectacles. Elle ne voulait surtout pas donner l’impression qu’elle était un animal ôté de toute aisance. Alors, en racontant tout ça, en se rendant compte qu’elle gênait peut-être bien une personne qui n’en avait rien à faire de ses histoires, elle se sentait de trop, comme mal d’avoir pu déranger une personne en pleine prière. Peut-être qu’il lui en voudrait longtemps pour ça, peut-être qu’il la maudirait. Et ce n’était pas ce qu’elle voulait, loin de là. Si elle était bavarde, elle était aussi respectueuse envers les gens, envers tout à vrai dire. C’était un des pilier de son esprit. Alors qu’elle allait tourner les talons, s’enfuir pour ne pas être un poids pour lui, il la retenait avec des mots. « Oh … Pourquoi les gens auraient peur de vous parler ? » Disait-elle dans un sourire. Andeana, elle parlait à n’importe qui, qu’importe le sexe, les croyances, les occupations. Elle était amoureuse des gens, la connaissance des autres ne remplissaient que des cases libre de sa conscience et elle se nourrissait de leurs histoires pour assouvir son appétit d’en savoir plus. La découverte du monde se faisait aussi dans le dialogue, elle ne pouvait pas tout savoir de ses yeux. « Les gens sont abrutis parfois. Je suis certaine que vous êtes une personne adorable. » Elle saisissait son regard une nouvelle fois. « Je dois avouer que j’ai un peu peur de me rendormir avec ce qu’il s’est passé. » Qui sait, peut-être qu’elle pourrait rentrer dans l’appartement et finir par perdre les pieds de terre, de la mauvaise des façons. |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Mar 29 Aoû 2017 - 13:57 | |
| À sa question, les yeux de Naveen fuirent pour se poser sur la ville, qu’il contempla un moment, réfléchissant à sa réponse. La vraie réponse. « Je ne sais même plus. » Avoua-t-il dans un léger rictus, comme étonné de lui-même. Les dernières années avaient été bouleversantes, et même de retour à une certaine stabilité, Naveen n’avait pas trouvé un équilibre entre ses souvenirs traumatisés et la nouvelle réalité qui s’offrait à lui. « Il peut à la fois être paisible et angoissant. » Paisible, parce qu’il chassait loin les bruits d’explosions, de pleurs d’enfants, de cris d’hommes, de mitraillettes et de frappes. Angoissant, premièrement parce que c’était toujours le calme avant la tempête, et deuxièmement parce qu’il avait été habitué à une maison pleine de vie, à un quartier animé, à des chants musulmans dès les premières heures du jour. De se retrouver face à un tel silence était déstabilisant. Pourtant, oui, Naveen trouvait la ville sous son plus beau jour quand elle n’était frappée que de quelques rayons de soleil et habitée par les plus lève-tôt, comme eux. Même si dans un des deux cas, c’était involontaire. La jeune femme posa finalement ses yeux sur le tapis de prière de Naveen et s’interrogea à son sujet, pensant d’abord au yoga. Sans doute à des kilomètres, mentalement, de cette ouverture et de cette pensée, le syrien n’avait même pas songé qu’il y aurait pu y avoir un double-sens à sa remarque sur la flexibilité. De toute façon, pour lui, faire l’amour n’avait jamais été question d’acrobaties. Son épouse s’était toujours montrée conservatrice. « Oh, vraiment ? Vous étiez artiste dans des spectacles ? » Demanda-t-il, intéressé. Il n’avait jamais rencontré d’acrobates. « Je ne dis pas non à une démonstration, pour apprendre à mon tour quelques positions de yoga. » Il sourit. S’il désirait un jour s’intégrer à ce nouveau monde, Naveen allait devoir se mettre à certaines activités prisées des habitants de la ville. Finalement, la blonde comprit qu’il s’agissait de son endroit pour prier, et s’excusa de l’avoir dérangé. Le réfugié tenta du mieux qu’il le put de la rassurer. Il fronça légèrement les sourcils quand elle se demanda pourquoi les gens auraient peur de lui parler. Ne voyait-elle réellement pas ses différences ? « J’ai le profil de ceux qui sèment la terreur. Et c’est parfois plus facile de généraliser, pour certains. » Le nombre de fois où Naveen s’était rendu sur la place de la ville, seulement pour se promener et découvrir, et qu’il s’était frappé à des regards effrayés de voir un homme musulman seul dans un bain de foule. Le nombre de caissiers de magasins qui passaient en vitesse sa commande sans même lui adresser un seul regard, une seule parole. Le nombre de personnes dans les transports en commun qui avaient préféré se lever et faire le trajet debout plutôt que d’être assis à côté de lui. La jeune femme, elle, ne prenait pas le côté de ces gens-là, et lui assura même qu’il devait être une personne adorable. Cela décocha un rire à Naveen. « Visiblement pas autant que vous. » Elle était sans doute, avec Cleo bien sûr, la personne la plus gentille qu’il ait rencontrée jusqu’à maintenant. « Oui, je comprends. Je reste ici jusqu’à la fin du lever du soleil, si vous voulez y assister avec moi. » Il ne restait pas bien longtemps, mais Naveen avait envie de regarder les couleurs du ciel changer encore un peu. De basculer vers la lumière, complètement.
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| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Dim 3 Sep 2017 - 18:59 | |
| Elle essayait de comprendre son point de vue. La blonde ne trouvait pas un silence angoissant, peut-être parce qu’elle n’était pas dans une situation où le danger pouvait la prendre au coup. Si elle se faisait poursuivre par un psychopathe peut-être que le silence l’angoisserait parce qu’elle faisait beaucoup de bruits et qu’elle se ferait repérer rapidement. « Je pense qu’ici, il n’y a un rien à craindre. » Son sourire s’illuminait plus, elle posait son regard sur la ville, Bowen, elle ne voyait pas vraiment ce lieu comme un endroit mouvementé. C’était pour ça qu’elle faisait son repos ici, parce qu’elle n’avait pas le cœur qui battait à chaque fois qu’elle posait un pied dehors. Elle s’y baladait librement, ne pensant au mal nulle part. Cette ville lui tenait à cœur pour ça, elle y avait grandi pendant des années en idolâtrant cette qualité et ça l’avait fait revenir. « Après, mes amis disent que je vois le bien un peu trop partout. » À croire qu’elle vivait dans un monde parfait pourtant, elle prenait conscience de tout ce qui allait mal, mais seule, elle ne pouvait pas vraiment changer grand-chose, elle agissait seule dans son coin. Cet homme-là, il pouvait simplement profiter de ce silence sans ressentir de l’angoisse, parce qu’en ressentir même dans ces moments, ce n’était tout simplement pas une vie. C’était comme ça qu’elle voyait les choses d’un œil extérieur, d’un œil ni ne connaissait rien à sa vie. Par sa maladresse, elle en venait à parler de son ancien boulot, celui qui lui tenait au cœur plus que n’importe lequel. Un peu de nostalgie venait s’installer, un jour, elle reprendrait. Elle en était persuadée et quand elle avait un objectif, on ne pouvait que difficilement lui faire changer d’avis. Mais elle était heureuse quelque part, parce qu’il semblait intéressé, du moins c’est ce qu’elle voulait deviner chez-lui. « Oui, pendant des années ! Je fais une légère pause, mais je compte bien reprendre dans quelques temps. » Ce temps allait s’écouler en année sans doute, le temps qu’elle s’y remette, qu’elle se soigne et aussi qu’elle passe sa sorte de vertige qui lui donnait envie de craquer. « Han, ouais ! J’ai toujours rêvée d’être professeur pour quelqu’un. » Elle semblait enthousiaste mais en même temps, ça la paniquait, pas dans le mauvais sens du terme. La blonde avait parfois l’occasion d’aller aider une de ses amies qui était professeur de gymnastique donc elle supposait que c’était la même chose à peu près. « La prochaine fois qu’on se revoit, je vous kidnappe pour ça ! » Disait-elle en riant une nouvelle fois. Puis elle déviait encore la conversation, parce qu’elle se sentait de trop et que c’était pas vraiment dans sa nature de déranger les gens pendant des moments en rapport avec la religion. Mais lui la retenait, disant qu’il n’avait pas parlé à quelqu’un depuis un moment. Un profil de terroriste ? Elle fronçait les sourcils, maudissant intérieurement tous ces gens qui pouvaient penser ça. Il n’y avait pas de profil pour un terroriste, le fils d’une famille un peu trop coincé pouvait l’être, son boulanger pouvait l’être aussi. Aujourd’hui, tout le monde était un terroriste. « Oh ... Vous dites ça à cause de l’accent ? » Elle en avait un aussi, moins prononcé qu’un autre parce qu’elle avait vécue en partie avec son père, mais pendant plus de quatorze ans, elle ne parlait que très peu anglais. Avec ses voyages, elle avait simplement à camoufler un accent par un autre. « Ou du physique ? » Le problème n’était pas lui, le problème était les autres qui manquaient cruellement d’ouverture d’esprit, qui passait leur vie plantée dans des clichés. Andeana était heureuse de passer à côté d’eux, d’esquiver de tomber dans ce trou. « Un jour ça changera. » Un sourire qui se voulait doux s’incrustait sur son visage. Elle osait croire avec les générations qui arrivaient, qu’il y aurait plus de personnes avec sa mentalité à elle. « Si ça ne vous dérange pas, pourquoi pas ! » Bientôt ce spectacle serait fini, il faudrait attendre une journée pour le revoir et elle, elle ne le reverrait pas avant quelques temps, avant qu’elle se décide à se lever tôt. « Vous le voyez chaque matin, vous, alors ? » |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Mer 6 Sep 2017 - 23:44 | |
| Il hocha la tête. Il était certain qu’il y avait moins à craindre ici que chez lui, en Syrie. La situation était bien loin d’être la même. Mais à voir comment Daech arrivait à semer la peur, la terreur, dans des pays européens, Naveen en venait à se demander si on pouvait réellement se sentir en sécurité où que ce soit. Si on pouvait vraiment n’avoir rien à craindre, de nous-mêmes comme des autres. C’était exactement ce qu’ils voulaient, ces radicaux. Affaiblir la population par la peur, séparer les peuples en isolant certains groupes. Créer cette tension, au niveau mondial, comme si le temps était en arrêt, en attente du pire. Quand Naveen regardait Bowen, si paisible, il ne pouvait que souhaiter que le calme y règne à perpétuité. Qu’on ne touche pas à cet endroit qu’il tentait de faire sien, cet endroit qu’il désirait pouvoir un jour appeler chez moi. Malheureusement, que ce soit en raison de la nature ou de l’homme, cette douce paix n’était sans doute que le calme avant une tempête. La jeune femme disait vraiment, ou plutôt ses amis disaient vrai. Elle semblait voir le bien autour d’elle, peu importe ce qui se passait vraiment sous ses yeux. Naveen sourit. « Ce sont de gens comme vous dont ce monde a besoin. » Après tout, si tout le monde était comme elle, si tout le monde ne voyait que la lumière et la bonté, on en viendrait à bout du mal. La noirceur disparaîtrait. Mais ce serait trop facile, c’était utopique de se dire qu’un jour la race humaine en viendrait à bout de ses gens cruels, que les Hommes se réveilleraient enfin tous pour comprendre qu’on ne construit un monde idéal qu’ensemble. Non. Il y en aurait toujours pour semer le doute, semer l’horreur. Vouloir plus, toujours plus. Pour l’instant toutefois, Naveen se contenterait de cette femme pleine de vie malgré ses yeux fatigués, de son sourire optimiste et de ses anecdotes rafraîchissantes. Elle n’allait peut-être pas régler tous les conflits du monde, mais elle pourrait au moins combler la solitude de Naveen et pour le moment, il ne pouvait espérer mieux. « Vous prenez une pause pour reposer votre corps ? Ce doit être exigeant, comme métier. » Demanda-t-il, naïvement. Il ne connaissait pas grand-chose au cirque, aux entraînements stricts qu’il fallait suivre à la lettre. Il ne connaissait rien non plus à cette femme et ce qu’elle avait pu vivre pour la retirer du monde du cirque pendant un moment. « Il faudra vous montrer patiente. » Releva Naveen quand elle accepta de lui enseigner quelques positions de yoga. Il rit doucement quand elle parla de le kidnapper la prochaine fois qu’ils se verraient, pour qu’ils puissent s’adonner à cette activité. C’était la première fois que Naveen faisait des plans avec quelqu’un d’autre que Cleo, depuis son arrivée à Bowen. C’était la première fois que quelqu’un voulait bien le revoir et, même, le proposait. Cela pouvait sembler comme un petit pas, une invitation anodine, mais Naveen venait carrément de traverser le gouffre de la complète solitude de par cette rencontre inopinée. Elle se montrait même intéressée à ce qu’il était, à ce qu’il vivait et ce qu’on pensait de lui. « L’accent, le physique, et puis aussi parce que je suis un arabe, musulman, homme, célibataire. Vous savez, certains pays d’accueil refusent d’accueillir les réfugiés syriens masculins qui demandent l’asile seuls. Parce qu’ils représentent un danger, un trop gros risque. Je ne suis arrivé ici que parce que c’était un partenariat privé, et qu’une jeune femme d’ici a bien voulu me laisser ma chance. » Et Naveen la chérissait, cette chance, et il n’en ferait pas n’importe quoi. Il faisait bien attention à ses actes, ses gestes, ses paroles. Parce que si quelqu’un se plaignait de son comportement ou de la manière dont il regardait les autres, alors peut-être le ramènerait-on en détention, peut-être lui refuserait-on sa résidence permanente. On ne pouvait pas le renvoyer là-bas, mais on pouvait ne pas l’accepter ici, jamais totalement. La blonde lui dit alors qu’un jour, ça changerait. « Il faut garder espoir. » Pourtant, cela faisait maintenant plus de quinze ans que les musulmans étaient tous mis dans le même panier, traités comme des extrémistes, des terroristes. Ils étaient le peuple de la peur. Heureusement, certaines personnes voyaient au-delà de ça. Et il avait eu la chance qu’une somnambule inconsciemment suicidaire en soit une. Ils s’installèrent pour regarder la fin du lever du soleil, qui s’achevait déjà pour laisser place au grand jour. « Oui, à tous les matins. C’est un peu comme … ma récompense. » Il sourit. Se lever tôt et se coucher tard pour les prières pouvait se révéler contraignant mais, au moins, il pouvait assister à de tels spectacles.
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| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Ven 8 Sep 2017 - 3:08 | |
| Un monde rempli d'Andeana, des personnes bien trop positives, ça finirait sûrement pas déconner quelque part. Si ses yeux se remplissaient de merveille à chaque coin de rue, que sa tête était un monde décoré de beauté, il y avait bien des moments où la blonde laissait ses tristesses, ses colères ressurgirent. Jamais elle ne les dévoilaient au monde, elle gardait tout pour elle, mais restait qu'elle finissait toujours par craquer. « Un monde de somnambule suicidaire. » Un rire accompagnait sa phrase pour rendre le tout moins dramatique. La vénézuélienne ne voulait pas réfléchir aux causes qui l'avaient poussé à faire ça, mais elle avait peur que sa recommence que ses démons ressurgissent dans ses cauchemars pour faire de son sommeil un calvaire. Bientôt elle aurait même peur de fermer l'œil. Et si elle voulait soigner le mal, elle allait devoir s'en infliger, du mal. Quand il posait sa question, bien qu'innocemment, un pincement lui venait au cœur. « C'est ça ! Je crois que j'ai vu un peu trop grand la dernière fois. » Impressionner, essayer d'imaginer les yeux du public ébahis devant ce qu'elle faisait au-dessus du sol. Elle avait eu l'impression de voler, danser dans le ciel, que le monde aérien lui appartenait, elle s'était sentie un peu trop confiante et elle avait commis une erreur. Si elle pouvait dire que ça arrivait à tout le monde, tout le monde ne s'en tirait pas avec ce qu'elle avait. Dans sa malchance, elle était heureuse de ne pas être morte. Sa chute n'aura entraîné que des fractures sur son corps frêle, des heures dans un sommeil que personne ne pouvait lui retirer. Et maintenant, elle était privée de faire ce qui l'avait toujours animée, elle était réduite à faire son second choix, à rester dans une ville. Si ça lui faisait plaisir de pouvoir épanouir son imagination dans la maison de couture de son père, elle ne pouvait nier que voyager aux quatre coins du monde pour faire ses spectacles lui manquaient, qu’elle se pressait d’aller mieux pour y retourner. Même si s’en était presque de la folie. Des mois à des années pour qu’elle finisse par guérir, tout dépendait de comment elle prenait ses traitements, comment elle voyait les médecins. « J’ai toute la patience du monde dans ma tête, ne vous en faites pas pour ça ! » Elle esquissait un doux sourire dans sa direction. La blonde finissait par lui dire qu’elle allait le kidnapper, pour ça, il fallait qu’elle puisse le recroiser quelque part dans la ville. Bowen était une ville moyenne, il y avait un certain nombre d’habitant. Au final, elle avait plus de chance de le recroiser en forçant le destin, venant ici vers les alentours de six heures du matin.
Elle essayait de comprendre ce qui clochait chez les gens, pourquoi ils avaient un esprit qui accueillait si peu de gens, pourquoi il y avait une norme qui s’installait pour pouvoir exister, vivre comme on était. Un accent, un physique, c’était très peu pour Andeana, elle découvrait le mental des gens, aimait les qualités, les défauts. Elle y passait du temps sur la connaissance des personnes, parfois elle finissait par être déçue, mais le plus souvent, elle était ravie de ce qu’elle découvrait et en voulait toujours plus. « Dans certains pays, ils mettent n’importe qui aux commandes, ce sont eux les dangers, pas vous. » Dans un pays andeanien, il y aurait du monde partout, de toutes les origines, avec toutes les pensées possibles, une sorte de sympaland. « Un homme comme vous, célibataire ? Hm, sérieusement !? » On pourrait croire à de la vieille drague bien lourde, mais la blonde n’était pas totalement consciente pour comprendre où était le mal dans sa phrase. Les personnes un minimum gentilles devaient être en couple dans sa tête. Mais elle était bien trop stupide au réveil, toujours, même sa colocataire en aurait marre si elle n’était pas portée disparue à chaque fois que le réveil d’Andeana sonnait. Une chance pour elle, d’ailleurs. « Vous êtes comme … clandestin ? » Elle ne savait pas ce que partenariat privé voulait dire dans ce cas-ci, qu’est-ce que ça pouvait bien changer. Faut dire, qu’elle avait beau vouloir le bien pour la planète et les humains, elle n’avait pas encore fait le tour de tout ce qui pouvait se faire. Elle se contentait de prendre soin de sa santé, essayer de prendre soin de celle de Jude, faire tout ce qu’elle pouvait contre la pollution et tout le reste, mais c’était un peu près le maximum qu’elle pouvait faire. Elle s’installait à ses côtés pour observer le spectacle naturel qui s’offrait à eux, bien que la scène allait bientôt prendre fin. « Vous n’êtes pas trop fatigué, après ? Pour votre boulot, enfin, si vous en avez un. » Elle connaissait une tonne de chômeur qui rêverait de pouvoir exercer quelque chose. Ce n’était pas un problème qu’elle avait connu, puisque quand elle mettait sa vie en pause, elle gardait toujours le mannequinat comme occupation. « Je crois que j’deviendrais une larve en fin de journée si je me levais tous les matins si tôt ! » |
| | | Invité | Sujet: Re: we saw brilliance when the world was asleep (andeana) Dim 10 Sep 2017 - 2:18 | |
| Naveen esquissa un sourire, amusé par sa réponse. « Ce n’était pas ce que je voulais dire. » Se contenta-t-il de répondre. Elle devinerait sans doute la suite. Que ce n’était pas de somnambules suicidaires dont il parlait mais bien de personnes positives, qui s’efforçaient de voir le beau même là où il ne semblait n’y avoir que noirceur et disgrâce. Peut-être n’était-elle pas toujours optimiste, mais elle ne le laissait pas paraître, du moins pas devant Naveen. Et c’était parce que les gens exprimaient leurs doutes, leurs peurs et qu’ils baissaient les bras que le monde était sur le point d’exploser. Il fallait garder espoir, il fallait se lever et parler de la beauté de monde, pour que les autres la remarquent à leur tour. En tout cas, Naveen voyait la beauté qui résidait en cette femme, et il aurait voulu que son sourire puisse imprégner bien d’autres qui n’avaient plus autant foi en l’humanité. Lui-même ne savait plus trop où il se situait à ce niveau, mais quand il croisait des personnes comme elle sur son chemin, il osait croire que le monde irait mieux un jour. Qu’il serait soigné de ses malades, qu’il serait guéri des maux infligés par les hommes les plus vicieux, les plus cruels. Elle lui parla alors de son ancien métier d’acrobate, ce qui attira tout de suite l’attention et l’intérêt du syrien, qui n’avait jamais personnellement connu d’artiste de ce genre d’arts. Pourtant, le cirque, le spectacle sensationnel, l’avait toujours bien impressionné. Il hocha tout simplement la tête quand elle lui affirma avoir vu un peu trop grand, la dernière fois. Ça semblait être un trait de sa personnalité, à elle, de voir trop grand, trop beau. Peut-être que sa détermination, son désir de repousser les limites, du monde et les siennes, avait eu raison d’elle. Il l’ignorait, et ne se voyait pas trop dans l’autorisation de le lui demander. Il préféra revenir sur son offre de lui enseigner quelques pratiques du yoga, la prévenant qu’elle aura besoin de bien de la patience pour qu’ils arrivent à quoi que ce soit. « Très bien. » Il hocha la tête en souriant. Il ne songea même pas au moyen de la contacter pour la revoir, il la croyait résidante de ces logements, alors il avait tout simplement déduit qu’ils se recroiseraient, tôt ou tard. Ou qu’ils conviendraient du moment opportun avant que leurs chemins ne se séparent avant qu’ils affrontent la journée chacun de leur côté. Elle aurait sans doute un tas de personnes à rencontrer, à qui parler. Lui allait sans doute retrouver sa solitude, renouer avec le silence. Il lui expliqua d’ailleurs ce qui justifiait, aux yeux des autres, de l’isoler ainsi. « Vous avez raison … » Et Naveen était bien placé pour le savoir, Bashar al-Assad ayant transformé des manifestations pacifiques en des rébellions armées et sanglantes. Refusant d’écouter, refusant qu’on se soulève face à son régime. « J’étais marié, mais ma famille n'a pas pu me suivre jusqu’ici. » Répondit-il tout simplement, ne voyant même pas la drague dans la question de la jeune femme, parce qu’il n’avait jamais entendu une femme oser de telles paroles si elles avaient un sens un tant soit peu séducteur. Il avait simplement imaginé qu’elle devinait son âge, et qu’à la fin de la trentaine, la majorité des hommes étaient mariés, autrement quelque chose clochait. Du moins, c’était comme ça dans sa tête, avec les mariages arrangés qui se formaient très tôt. Ils n’attendaient pas forcément tous après l’amour pour aller de l’avant. « Non, non. L’État est au courant de ma présence, j'ai le statut de réfugié, mais pour me laisser rentrer officiellement au pays, j’ai dû passer bien du temps en détention, en attendant qu’on valide mon identité, qu’on s’assure qu’il était sécuritaire de me recevoir … Et si je me suis rendu jusque-là, c’est seulement grâce à Cleo, celle qui m’a accueillie ici. Autrement, je serais encore là-bas. » Et jamais on n’aurait seulement même considéré son dossier. On l’aurait condamné sur une base purement discriminatrice. Son sexe, sa religion, son statut marital. Il n’était un danger que parce qu’il ne répondait pas aux critères de ce qu’on considérait comme un réfugié sécuritaire. Les deux s’installèrent finalement un peu plus confortablement sur le toit, regardant le lever du soleil achever son spectacle. Ils parlèrent rapidement des prières de Naveen, qui lui permettaient d’assister à ce paysage à tous les matins. « C’est mon rythme de vie depuis que je suis tout petit, je n’ai jamais connu quoi que ce soit d’autre. » Et maintenant, cette routine était son confort, sa constance. Naveen rit doucement en l’entendant parler de ce qu’elle aurait l’air si elle devait adopter ces horaires. « Vous vous habitueriez, vous aussi. Et puis, vous ne pourriez pas dormir si tôt, il y a la al-'icha, la prière du soir. » Il esquissa un léger sourire. Il savait que ça pouvait paraître strict et demandant.
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