it's hard to wake up from a nightmare if you aren't even asleep (thylane)

Vendredi soir. C'est devenu un genre de rituel pour toi, de finir ici, à la boîte de nuit de Bowen, un vendredi soir. Gabriel était avec Lou et Alek, tu avais donc la soirée pour toi. Une soirée loin de tout, libre. Ce soir, contrairement aux autres soirs, tu as un sachet de drogue sur toi. Tu n'en portes jamais mais un collègue t'a demandé de le dépanner et de lui apporter le sachet durant la soirée. Ce que tu ne manques pas de faire. Entre collègues, vous êtes tout à fait loyaux. Toujours là pour aider les autres sauf dans le cas où tout part en vrille mais ça, c'est un autre sujet. Bref, tu restes dans la boîte durant une heure, accoudé au bar, avant de ressentir le besoin de prendre l'air. Et en plus, ton collègue n'est même pas encore là. Contrairement à la plupart des gens présents à l'extérieur, tu ne fumes pas. Tu restes donc appuyé contre le mur à observer toutes les personnes qui t'entourent. Ça va du groupe de copines hystériques au mec complètement ivre. Un vrai panel de diversité. C'est plutôt intéressant d'ailleurs et plutôt divertissant, même. Après quelques minutes, tu vois une jeune femme s'approcher de toi et ralentir à ton niveau. Tu la détailles de haut en bas sans t'en cacher, le regard sombre. « Je peux t'aider ? » Demandes-tu finalement avec un rictus aux lèvres.

Vingt minutes qu'elle débattait avec le videur pour la laisser entrer. Ce n'était pas le colosse habituel, celui-ci était beaucoup moins agréable et surtout il ne l'avait jamais vue. « Pas de carte d'identité, pas d'entrée. » avait-il répété froidement. Thylane avait parfois le tour à cause de son âge. Dans ce cas, deux choix se présentaient généralement à elle : rentrer à la maison, ou continuer sa soirée devant la boîte en espérant qu'une connaissance passe par là et puisse la faire entrer. Elle allait se résoudre à la première option lorsqu'un homme franchit la porte pour sortir. Un grand brun, petite barbe, plutôt carrément canon, trentenaire. Attendez, ça lui rappelait vaguement quelque chose... « Tu verras il est grand, cheveux courts bruns, des yeux marrons et un peu de barbe. Tu le remarqueras sûrement, il a plutôt la dégaine d'un mannequin qu'un mafieux en vérité. Il va souvent à la boîte de Bowen le vendredi soir. » C'était ce que lui avait dit son ami quand elle lui avait demandé s'il connaissait quelqu'un vendant de la drogue. Ça faisait un moment qu'elle avait envie de tenter autre chose que le cannabis, le jour était peut-être venu...
Thylane laissa enfin le videur en paix et s'avança vers l'inconnu, qui ne se gêna pas de la scruter de haut en bas. Ça la fit sourire. « Ciàran ? » demanda-t-elle en plongeant ses yeux bleus dans l'obscurité des siens. Il n'y avait pas mille hommes qui revêtaient ce prénom. « On m'a envoyée vers toi, t'aurais pas un truc à me filer ? »  

Lorsque la brune prononce ton prénom, ton corps se fige et tes sourcils se froncent. Tu n'as pas l'habitude d'être abordé par une femme qui te connaisse sans que ce soit le cas de ton côté. Ce n'est jamais bon signe en général. « Et toi tu es ? » Demandes-tu sans nier le fait qu'elle s'adresse bien à la bonne personne. Lorsqu'elle te demande si tu n'as pas quelque chose à lui filer, tu arques un sourcil. Tu vois bien où la brune désire en venir mais tu fais semblant de ne pas savoir. Ce n'est pas le lieu pour lui filer de la drogue en douce et en plus, tu ne fais pas ce genre de boulot. Toi, en général, tu es bien plus haut dans le réseau. Tu t'occupes de faire fonctionner le réseau, de faire travailler les dealers. Pas d'en être un. « A te filer ? » Tu prends un air faussement interrogateur pour voir si la brune ira plus loin dans sa démarche ou non. « Tu dois avoir quoi, dix-huit ans ? T'es trop jeune pour ce genre de choses. » Dis-tu pour piquer un peu la brune et voir si elle a du répondant. Tu n'es pas certain de son âge, à vrai dire, mais elle n'est pas âgée en tout cas. La vingtaine tout au plus.

Sa réaction ne se fit pas attendre. Sa silhouette sembla se raidir et la courbe de ses sourcils dévoila ce qui semblait être de la méfiance vis-à-vis de cette inconnue qui connaissait son prénom. « Thylane. » répondit-elle simplement. Prénom qui ne signifiait sûrement rien aux yeux de Ciàran puisqu'ils ne s'étaient jamais rencontré. Son prénom pouvait sonner familier aux oreilles des étudiants de sa fac auprès de qui elle avait parfois une réputation de fille de joie, mais l'homme qui se trouvait devant elle était bien loin des bancs de l'université et il y avait peu de chance qu'il ai connaissance de son identité. Pour lui, elle devait juste être une banale étudiante en manque de sensation. Ses paroles confirmèrent bientôt cette impression : « A te filer ? Tu dois avoir quoi, dix-huit ans ? T'es trop jeune pour ce genre de choses. » Elle écarquilla les yeux et répondit presque avec dédain : « J'en ai vingt-trois en fait. » En réalité, Ciàran était tombé dans le mile, mais il était bien rare qu'on lui donne l'âge qu'elle avait. Était-ce sa grande taille, les traits de son visage ou sa gestuelle ? En tout cas elle arrivait sans mal à faire croire au nombre vingt-trois. Beaucoup tombaient dans le panneau, dont certains amants beaucoup plus vieux qu'elle qui s'engageaient dans quelque chose qu'ils ne soupçonnaient pas. Il arrivait tout de même parfois que ça ne fonctionne pas, comme avec le videur de ce soir par exemple. « Et puis plus jeune ou plus vieille, qu'est-ce que tu risques de plus après tout ? Ça revient au même, tu ramasses du fric et tu fais plaisir à quelqu'un que tu ne recroiseras peut-être jamais. »

Tu hoches légèrement la tête, les sourcils toujours froncés, lorsque la jeune femme te donne son prénom. Peut-être un faux, qui sait ? Dans ce genre de situations, on ne sait jamais sur qui on tombe. D’ailleurs, Thylane ne sait sans doute pas qui tu es réellement sinon elle ne t’aurait sans doute pas abordé de cette façon. Dans le milieu, tu n’es pas quelqu’un de fréquentable, tu es plutôt quelqu’un qu’on fuit. A qui on a peur de demander une faveur, un service. Mais la brune n’a pas faillit devant toi. Au contraire. Et pour ça, tu la respectes du moins un peu. « Vingt-trois ans, hein ? » Dis-tu sans réellement attendre une réponse. Tu ne sais pas si tu y crois ou non. Mais tu t’en fous, au fond. Ca ne t’intéresse pas tellement. C’est juste qu’habituellement, tu n’es pas dealeur, ou du moins, tu ne t’occupes pas de la clientèle de cette façon. « Je ne suis pas en manque d’argent. » Réponds-tu pas pour te vanter mais parce que c’est vrai. Ce n’est pas cette petite vente qui va changer quoi que ce soit à ton portefeuille. Mais cette insistante chez Thylane t’amuse, tu ne peux le nier. « Qu’est-ce que j’y gagne à faire plaisir à une inconnue que je ne reverrai peut-être jamais ? » Ajoutes-tu pour reprendre ses mots, un léger rictus au coin des lèvres. Tu te demandes bien ce qu’elle trouvera à répondre à ça mais quelque chose te dit que la brune continuera à te surprendre malgré son jeune âge.