| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) | |
| | Auteur | Message |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4134 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Mar 29 Aoû 2017 - 4:56 | |
| Les années s’écoulaient comme du sable d’un sablier, et Woody voyait la fin arriver, les derniers grains s’échappaient vers le bas, vers la fin. Il ne pouvait rien faire d’autre que de regarder passer le temps, et attendre, attendre sans doute ce qui n’arriverait jamais : un éclat de vie, une motivation à recommencer à vivre, une rémission inattendue qui lui permettrait d’avancer de nouveau avant la prochaine rechute. Depuis deux années maintenant, l’état de Woody s’était stabilisé, stagnait, mais dans une condition qui ne lui convenait absolument pas. Il aurait préféré rester dans cette phase où son corps se fatiguait pour mieux revenir en force des semaines plus tard. Il préférait lorsqu’il s’agissait de poussées distinctes, imprévisibles, mais qui finissaient toujours par partir. Dorénavant, Woody ne pouvait que voir son état se dégrader, sans plus jamais avoir espoir de retrouver l’usage de ce qu’il perdait peu à peu. Au fil des années, il s’était éloigné de ceux qui l’entouraient, avaient repoussé ceux qui voulaient rester, n’endurant maintenant qu’une poignée de personnes qui ne lâchaient pas prise face à lui, qui s’accrochaient malgré son humeur désagréable. Ils se comptaient sur les doigts de sa main, et comprenaient en partie sa famille. Et ne comprenaient pas Théia. Il aurait dû se montrer soulagé, Woody, qu’elle soit partie d’elle-même réaliser ses rêves de réalisatrice de films. Il aurait dû voir sa conscience apaisée qu’elle poursuive sa route sans regarder derrière elle, que leur histoire inachevée, jamais même commencée d’ailleurs, se termine avant qu’il ne soit trop tard pour faire marche arrière. Woody avait passé sa vie à fuir l’amour, pour s’assurer de ne jamais devenir un fardeau pour qui que ce soit lorsqu’il en viendrait à être dans un état trop lamentable pour prendre soin de lui-même. Il en était bientôt à ce stade, Woody, alors il aurait dû se réjouir d’être seul, de ne pas avoir le regard de pitié de Théia posé sur lui. Pourtant, il ne pouvait se l’enlever de la tête, même après près de trois années passées sans elle à ses côtés. Sans trop de nouvelles. Il ne pouvait lui en vouloir ; elle ne lui devait rien. Leur relation n’était jamais allée plus loin que ces piques, ces défis, ces non-dits. Woody n’avait jamais osé lui dire qu’il l’aimait. Qu’il l’aimait plus que de raison. Il avait gardé ça pour lui, comme il le faisait toujours, pour la protéger de ce qu’il deviendrait. De ce qu’il était devenu. Mais il n’y avait pas une nuit où il s’endormait sans songer à elle, sans sentir son cœur s’effriter un peu plus à chaque fois parce que la solitude le pesait. Aujourd’hui, Woody avait pris congé du travail, parce qu’il n’avait pas trouvé la force de se rendre, d’ailleurs ce fut de peine et de misère qu’il descendit de sa chambre pour regagner son fauteuil qui l’attendait au bas des escaliers. Il avait à peine mangé, à peine bougé, et alors que le soleil était bien haut dans le ciel, Woody était toujours là à fixer l’assiette cassée au pied de son fauteuil, qu’il avait échappée par manque de force dans ses mains. Et alors que la rage d’être aussi faible bouillait en lui, on cogna à la porte. Assez fort pour qu’on puisse l’entendre de l’extérieur, Woody cria : « C’est pas une bonne journée, Nev ! » C’était à chaque fois sa manière de la prévenir de ne pas franchir le seuil de la porte, de ne pas ouvrir cette dernière qui était bien souvent débarrée parce que les va-et-vient de ceux qui le supportaient encore se faisaient plus facilement de cette manière. __________________________
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| | | Invité | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Ven 1 Sep 2017 - 22:11 | |
| Pour elle aussi, le temps s'effile. Cinq années de moins sur sa courte espérance de vie, mais cinq années qu'elle a cessées de compter. Théia n'a plus peur de la fin. Elle n'a plus peur de voir le temps passer, de perdre des journées à ne rien faire ou, au contraire, de trop faire et de ne plus avoir de temps pour le reste. Elle vit, de cette si belle existence qu'elle s'est créée et qui sera à jamais éphémère. Elle se plaît à dire que même si elle ne sera peut-être plus là dans quinze ans, elle aura au moins laissée une trace indélébile auprès de ceux qu'elle aura rencontrés. Non, douze ans. Voilà le nombre d'années que lui ont fixées ses différents médecins. Dans douze ans, son coeur s'épuisera. Il aura vécu la vie d'un homme, mais aussi à moitié celle de cette jeune femme aux rêves plus grands que raison. Ce coeur qui est entré dans sa poitrine après un séisme, qui aura connu les palpitations de sentiments nouveaux. Exaltations, enthousiasme, amour. Chagrin aussi. Quelques aurevoirs qu'elle s'est forcée à faire trois ans plus tôt, des mots douloureux qu'elle a pourtant prononcés avec le sourire et ça, sans se retourner. Parmi les plus difficiles, elle ne pourra oublier cette dernière conversation qu'elle a eue avec Woody. Quelques mots pour rires, des sourires qui, pourtant, disent le contraire de cette signification qu'ils voulaient chacun leur donner. Elle a fait semblant en prétendant que quitter Bowen pour un temps ne serait que plaisir, elle n'a pas voulu lui montrer qu'en réalité, ne plus le voir allait être un fardeau. Et le temps a passé. Parfois lentement, au début. Parfois vite, lorsqu'elle a commencé à tourner son propre film. Et trois ans plus tard, à la relecture d'un scénario, son coeur a appris un sentiment qu'elle n'avait jusque là encore jamais expérimenté. Le manque. C'était une histoire de jeux d'enfants, deux adultes qui refaisaient le monde pendant qu'autour d'eux, tout n'était que sombre et sérieux. En lisant ces lignes, Théia a repensé à cette soirée sur le toit d'un bar, cinq ans plus tôt. Elle s'est également revue au gala avec Woody, et elle a été capable de ressentir encore une fois cette joie intense qui lui brûlait les joues et qui animait son être entier. À cet instant précis, il lui a manqué. Il lui a manqué durant le trajet d'avion entre l'Amérique et l'Australie, pendant celui en bus de l'aéroport jusqu'à la maison de Woody. Elle n'a même pas pris la peine de déposer sa valise à sa chambre d'hôtel, l'impatience qui bouillonnait en elle l'empêchait de perdre encore plus de temps. Mais lorsqu'elle toque trois coups, les mots qu'elle entend à peine à travers la porte ouverte font redescendre son enthousiasme. Théia le savait malade. Elle savait qu'il avait quelque chose, elle l'avait vu aller mal, puis mieux. Du bout des doigts, elle pousse délicatement la porte et entre à pas de loups. Il lui tourne le dos, mais elle ne met pas longtemps avant d'apercevoir la chaise roulante dans laquelle il est assis. Elle hésite entre la prudence et leurs habituelles réflexions pendant que, dans sa poitrine, son coeur semble soudainement prêt à défier des records de vitesse. « Pas même pour une princesse déchue ? » demande-t-elle en s'approchant un peu plus. Enfin, elle peut voir son visage. Ses traits marqués par la vie, sa peau plus pâle et son corps plus affaibli. Et pourtant, elle ne peut s'empêcher d'être heureuse. Elle peut toujours sentir ses mains sur ses hanches quand ils dansaient, ou entendre son rire qui la faisait sourire. Il a peut-être changé physiquement, peut-être même qu'il n'est plus le même mentalement. Mais malgré les années passées, malgré la maladie, elle continue de voir en lui cet homme qui l'a tant faite rêver. |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4134 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Lun 4 Sep 2017 - 2:21 | |
| La porte d’entrée grinça, ce qui énerva Woody même si, au fond, c’était bien prévisible. Sa famille, et ses amis, avaient appris à ne plus l’écouter quand il râlait ne pas vouloir de compagnie. Parce qu’il le disait tout le temps. S’ils rebroussaient chemin à chaque fois que le jeune homme prétextait être dans une mauvaise journée, être d’une mauvaise humeur, alors ils ne mettraient plus jamais les pieds dans cette maison. Et comme ils savaient Woody capable de se laisser mourir, à un moment, plutôt que d’avoir à sortir en plein jour dans une condition lamentable, alors ils continuaient. Ils persévéraient. Au fond, Woody était heureux d’avoir des gens sur qui compter, même s’il n’arrivait pas à le dire et même s’il continuait à les repousser. S’il devait un jour se retrouver seul, complètement seul, il ne s’en remettrait pas. Il soupira, donc, tout simplement. Pour une fois, il ne lâcha pas de reproches à Nevaeh d’être rentrée quand même, malgré ses protestations. Au début, il s’emportait, se plaignait de ne plus avoir droit à aucune intimité, à aucun libre-choix puisque les gens allaient et venaient chez lui sans prévenir, sans lui permettre de refuser. Puis il s’était fait à l’idée que s’ils agissaient ainsi, c’était parce que lui-même ne leur permettait pas vraiment le contraire. S’il verrouillait la porte, ce serait pour que plus jamais qui que ce soit y entre. Et ce soir, il aurait grandement regretté cette décision. Ce n’était pas Nevaeh. Ce n’était pas sa voix qui s’éleva dans tout le salon alors que la personne pénétrait à pas feutrés dans la pièce. C’était un fantôme du passé, qui habitait toutefois en permanence les pensées du triste présent de Woody. Théia. Son corps tout entier se figea, corps qui n’avait pourtant plus beaucoup de ces réactions, encore moins aussi soudaines et intenses. Alors qu’elle faisait quelques pas en sa direction, Woody tourna légèrement la tête, le cœur se débattant dans sa poitrine. Ses mains tremblaient, tout légèrement, sous l’effet de la surprise mais aussi de la nervosité face à la présence de la jeune femme. Il ne l’avait pas vue depuis des années. Et la dernière fois, il était encore grand et fort, malgré certaines périodes un peu plus basses, il avait toujours trouvé le moyen de se relever. Plus maintenant. Lentement, Woody porta ses mains vers les roues de sa chaise, puis tourna sur lui-même, afin de se retrouver complètement face à elle. Il avait les yeux brillants, à la fois de bonheur et de tristesse, et ses lèvres d’abord pincées par la honte se retroussèrent en un léger sourire quand il croisa son regard. « T’es là. » Constata-t-il, même s’il était face à cette évidence. « T’es revenue. » Ajouta-t-il, encore et toujours en train d’assimiler l’information. Puis, il eut un rire nerveux, court, faible. Il reprenait ses esprits, il revenait à la réalité, la dure réalité. Il réalisa que Théia, sa Théia, était là devant lui, lui recroquevillé dans son fauteuil. « J’ai … j’ai euh, eu un petit accident. Tu m’connais, jamais vraiment très prudent. J’me suis cassé une jambe mais ça va, j’suis presque guéri. » Lâcha-t-il, dans un mensonge qui ne faisait aucun sens. Cette explication ne justifiait aucunement ses traits fatigués, son corps faible, l’état lamentable de la maison, et de sa vie. Mais si elle n’était à Bowen que pour quelques jours, aussi bien entretenir le rêve, leur rêve, sans qu’il n’ait à révéler ce qu’il lui avait si longuement caché. __________________________
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| | | Invité | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Mar 5 Sep 2017 - 12:04 | |
| Revenir à Bowen lui donne l'impression de faire un bond dans le passé. Cela fait des années qu'elle n'a plus marché dans ces rues, des années qu'elle n'est plus passée devant la boutique de Jake, ou qu'elle n'a plus pris plaisir à se taper l'incrust' chez Nate. Des années aussi qu'elle n'a plus toqué à cette porte devant laquelle elle se trouve présentement. Parmi toutes ses attaches, parmi tout ce qui lui a donné envie de revenir ici probablement pour un long moment, Woody aura été l'élément le plus important. L'impatience se mélangeait à de la nervosité, incapable de savoir ce qu'il était devenu après tant d'années passés sans se voir. Malgré les rumeurs qui ont longtemps couru sur lui, malgré sa réputation, elle ne serait pas étonnée de le savoir casé. Pas non plus d'apprendre qu'il aurait fini par l'oublier, petite brunette insignifiante aux rêves trop grands et aux espoirs sans fin. Peut-être que sa vie à lui aura été plus complète que la sienne, peut-être qu'il aura été capable d'offrir son amour à une fille pendant que, de l'autre coté de la planète, Théia continuait de garder dans son coeur cette place qui n'attendait que lui. Lorsqu'elle franchit le seuil, son ventre se noue jusqu'à lui donner la nausée. Mais lorsqu'elle le voit, elle ne sait pas si elle doit être heureuse ou totalement désemparée. Elle ne l'avait jamais vu dans une chaise roulante. Elle ne l'avait même jamais vu malade, du moins pas au point d'avoir l'air affaibli et meurtri. Physiquement, il différait du Woody qu'elle a connu. Sauf qu'en l'entendant s'émerveiller de son retour, Théia comprend qu'il est toujours quelque part, cet être auquel elle s'est probablement trop attachée. Il est là, sous les traits fatigués et le coté négligé, et cette fois elle n'a plus envie de le lâcher. « J'ai jamais su rester trop longtemps loin de toi. T'empêchais de rendre ma vie ennuyante, » ajoute-t-elle en s'approchant un peu plus, son coeur battant plus fort à chaque pas qu'elle fait dans sa direction. En l'entendant se justifier quant-à son état, prétendant une jambe cassée, elle baisse les yeux vers ses deux membres et ne voit aucun plâtre. Sa gorge se noue à l'idée qu'il puisse être trop malade que pour se lever, mais ses yeux se remettent à briller lorsqu'ils croisent ceux de Woody. « T'es pas capable de te tenir tranquille quand je suis pas là, » souffle-t-elle avant de remarquer l'assiette brisée au pied des escaliers. « T'as essayé de te lancer dans une carrière de jongleur pour un cirque ambulant ? » lui demande-t-elle malgré son coeur serré, malgré le sanglot qui reste coincé dans sa gorge. Parce que Théia n'est pas stupide, elle sait bien plus que ce qu'il laisse voir. Elle a connu les hôpitaux, les malades, les inguérissables. Et si Woody a besoin d'elle pour traverser ces horreurs, elle veut être là. Quoi qu'en réalité, même si il n'a pas besoin d'elle, elle restera. |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4134 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Jeu 7 Sep 2017 - 2:51 | |
| « Ça m’a paru trop long, à moi. Trop longtemps, loin de moi. » Théia s’approcha un peu plus. Elle se tenait droite, elle se tenait fière devant Woody, le fixant avec son regard brillant et son sourire qui semblait ne jamais s’être envolé depuis ces cinq années. Sauf qu’une ombre trahissait la beauté du portrait, une lueur dans ses yeux, un changement dans sa respiration, une contraction dans ses muscles qui restaient tendus, trop tendus. Elle le voyait comme le malade qu’il était, son regard fuyait la chaise roulante sur laquelle il se trouvait en trouvant refuge dans son regard, mais elle luttait sans doute pour qu’ils ne dévient pas jusqu’à la nouvelle prison de Woody. Pris d’une honte incommensurable, il lança la première explication qui lui vint à l’esprit. Un bête accident. Une jambe cassée. Encore son côté un peu trop téméraire. Mais non, ce n’était pas ça, pas cette fois. Ce ne serait pas guéri en un claquement de doigt, une simple attente de quelques semaines ne lui permettrait pas de marcher à nouveau. Plus maintenant. Si Woody avait souvent prétexté avoir d’autres plans ou être trop fatigué pour sortir ou pour se rendre à une séance d’entraînement, autant auprès de Théia que des autres, maintenant Woody ne pouvait plus se permettre de telles excuses. Parce qu’alors il ne verrait plus personne. Sans doute serait-ce préférable, d’ailleurs. Mais certaines personnes ne le laisseraient pas faire. Théia ne le laisserait pas faire, pas maintenant qu’elle se tenait physiquement devant lui. Il esquissa un sourire quand elle lui dit qu’il n’arrivait pas à se tenir tranquille quand elle n’était pas là. « Tu m’aidais à repousser mes limites tout en veillant à ce que ce soit bien fait. Là, y’avait personne pour veiller sur moi. » Dit-il avec un sourire amusé, même si ce dernier lui venait bien moins naturellement qu’avant. Le regard de la brunette se posa finalement sur l’assiette brisée dont les morceaux reposaient encore aux pieds de Woody, ou plutôt derrière lui maintenant qu’il avait pivoté. Il aurait presque pu oublier l’environnement dans lequel il se trouvait. « Haha, non. J’ai euh … » Il déglutit, difficilement. Sa voix restait bloquée. S’il disait un mot de plus, il allait éclater. Craquer. Se briser. Pire que l’assiette qu’il avait laissée tomber. Ses yeux s’embuèrent, et il les baissa bien vite, secouant doucement la tête de gauche à droite. Un rire nerveux s’échappa d’entre ses lèvres. Il aurait voulu gagner du temps. Mais du temps, il n’en avait plus. « J’essaie de penser à une histoire pour t’impressionner, qui me donnerait l’air dur à cuire, tu vois. » Il rit de nouveau, tout aussi nerveux, angoissé à l’idée que Théia sache à quel point il était malade. Sauf que c’était inévitable. À ce stade-là, Woody ne pouvait plus mentir à qui que ce soit, pas même à celle qu’il aurait voulu préserver de tout ça, à tout jamais. « Le truc c’est que j’ai déjà épuisé toutes les histoires possibles pour me défiler de la vérité. » Il haussa les épaules, relevant le visage vers elle en continuant de secouer tout légèrement la tête. La voix brisée, il continua : « J’suis malade, ça fait maintenant quinze ans que je le suis. » Bien avant qu’ils se connaissent, bien avant qu’il tombe amoureux d’elle, et pourtant il s’était laissé aller. Et l’avait entraînée avec lui. __________________________
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| | | Invité | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Ven 8 Sep 2017 - 14:23 | |
| Quitte à ne pas pouvoir l'avoir, elle aurait préféré le savoir heureux plutôt que malade. Elle aurait aimé que ce qu'il lui annonce à son arrivée soit différent de cette réalité dans laquelle elle a remis les pieds à la seconde où elle a franchi le pas de la porte, où elle posée ses affaires dans les deux sens du terme. Derrière elle, son imposant sac l'attend encore dans l'entrée, une bonne partie de ses affaires qui prouvent qu'elle n'a pas prévu de n'être là que pour un court laps de temps. Oui, ça fait longtemps. Elle a l'impression que cette époque où ils pouvaient rire ensemble, jouer au chat et à la souris ou aux enfants remonte à une autre vie. Doucement, un sourire vient flotter sur ses lèvres sans qu'elle ne s'en rende tout de suite compte. Son regard fixe momentanément le sol avant de se replonger dans celui de Woody. « Je ne sais pas si je dois me sentir coupable ou flattée. » Elle aurait pu dire que ça a été long pour elle aussi, même interminable sur la fin. Elle pourrait être sincère, lui avouer que si elle est ici à nouveau, c'est en grande partie à cause de lui. Quitter Bowen aurait été tellement plus simple si Woody n'avait pas fait partie des habitants qu'elle laissait derrière elle. Sauf que Théia n'a jamais été très douée avec la vérité, préférant la cacher derrière quelques remarques parfois pour rire, parfois pas. Son regard est probablement ce qui la trahit le plus. Cette étincelle qui anime ses pupilles, ses yeux embués par l'émotion, menaçant de lâcher une larme qu'elle s'empresserait d'effacer. « Et voilà, maintenant je m'en veux d'être partie, » lâche-t-elle avec toujours ce sourire aux lèvres pendant que son regard se détache de lui pour venir observer le plafond. Même si ces paroles ont été prononcées pour plaisanter, elles cachent malgré tout un fond de vérité. Le voyage aura été beau, un assemblage de paysages magnifiques qui resteront probablement à jamais gravés dans sa mémoire. Et pourtant, elle a toujours eu le sentiment qu'il lui manquait quelque chose dans cette nouvelle vie qu'elle s'était construite. Elle était jusqu'à présent incapable de trouver quoi, mais la vérité lui saute aux yeux maintenant qu'elle se trouve devant cet élément qui lui aurait permis d'être enfin complète. Alors qu'il interrompt sa phrase quant-à l'explication de cette assiette cassée, Théia se penche en avant afin de pouvoir ramasser un à un les morceaux. Elle les pose sur le meuble de la cuisine à l'instant où il se met à rire après lui avoir dit vouloir l'impressionner, mais elle reste gelée sur place quand il prononce les mots qui concrétisent ce dont elle se doutait déjà. Il n'avait pas eu besoin de le dire, Théia connaissait les symptômes annonciateurs d'une défaillance du corps. Elle ne savait pas ce qu'il avait, avait passé son temps à se dire que ce n'était rien de plus qu'un immense coup de fatigue et que Woody finirait par aller mieux. Parce qu'il est Woody, parce qu'il ne peut pas ne pas aller bien. Un picotement au niveau de son index lui fait réaliser trop tard qu'elle serrait trop fort un des morceaux de verre. Une goutte de sang vient se former et, le regard toujours absent, elle porte son doigt jusqu'à ses lèvres afin d'effacer la trace rouge laissée. Le coeur lourd, elle se tourne vers lui. Sa lèvre tremble, mais elle s'empresse de ravaler ce sanglot qui empêche aux mots de franchir le seuil de ses lèvres. « Si c'est ta façon pour me faire fuir, j'ai le regret de t'annoncer que ça ne sera pas très efficace. » Elle va chercher une chaise dans la salle à manger, la porte à bout de bras, puis la dépose devant Woody avant de s'asseoir dessus en glissant ses pieds sous ses fesses. « Donc, ça fait cinq ans que tu me caches ça. T'as pas une autre annonce à faire tant qu'on y est ? Du genre, tu caches une collection de cadavres de vaches dans ton sous-sol peut-être. » Elle ne lui en veut pas. Elle sait ce que ça fait que de vivre malade, de devoir supporter jour après jour le regard rempli de pitié des autres en bonne santé. Et cette touche d'humour, ces bêtises qu'elle sort encore et encore, ça permet à Théia de ne pas perdre les pédales. Ca l'a aidée pour sa propre situation, peut-être que ça l'aidera aussi pour faire face à la maladie de Woody. Son regard se baisse vers ses mains avant qu'elle n'en prenne l'une d'elle entre les siennes. Il a la peau froide, elle chaude. « Mais ça va aller, » dit-elle sans le regarder. « Ça ne peut que bien aller. Je suis revenue pour toi, tu peux pas me laisser, » souffle-t-elle d'une voix plus basse pendant que se doigts se mêlent à ceux de Woody. |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4134 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Sam 9 Sep 2017 - 3:59 | |
| Woody la détailla du regard un moment, un court moment mais qui lui permis de bien voir les changements sur Théia. Elle avait une nouvelle coupe de cheveux, même si c’était à peine perceptible puisqu’elle les portait toujours longs. Son changement capillaire à lui était bien plus notable, il en était retourné à ses vieilles habitudes d’adolescent, avec les cheveux tombant presque à ses épaules, légèrement ramenés vers l’arrière. C’était moins compliqué de s’en occuper ainsi. Pas besoin de se rendre jusque chez la coiffeuse. Continuant de regarder Théia, Woody remarqua que son corps s’était raffermi, aussi, signe qu’elle avait poursuivi les entraînements sans lui. Tant mieux, au fond, si elle avait trouvé quelqu’un d’autre avec qui se motiver. Ses efforts portaient fruits, car son corps semblait fort et fier. Bien plus que celui de Woody qui semblait si fatigué et las de se battre contre lui-même. Et ce n’était pas qu’une impression, au fond, c’était la triste réalité. Mis à part quelques autres détails, Théia n’avait pas changée tant que ça, au fond. Elle ne semblait pas avoir pris une année de plus, même si dans son regard brillait une maturité différente d’auparavant, sans doute la vie d’adulte et les responsabilités qui venaient avec qui lui rentraient dedans. Elle était toujours aussi belle, une énigmatique beauté qui le désarçonnait à chaque sourire. « Les deux, je dirais. » Elle pouvait se sentir à la fois flattée et coupable qu’il ait trouvé le temps aussi long sans elle. Son monde s’était vu si assombri après son départ, parce qu’elle était celle qui lui permettait de voir la vie différemment, de la voir un peu moins lourde que ce qu’elle était. Elle lui avait fait pousser des ailes, en quelque sorte, mais quand elle était partie Woody était tombé en chute libre, et peut-être cela avait-il contribué à laisser toute la place à sa maladie pour se répandre vicieusement dans tout son système neurologique. Le tuant à petit feu. Lui arrachant des parties de lui-même qu’il ne retrouverait plus jamais. Mais d’avoir Théia là, devant lui, Woody avait comme l’impression de retrouver quelques morceaux. « Faut pas t’en vouloir. T’avais ta vie à vivre, ton chemin à tracer. J’ai suivi tes projets, de loin. T’as de quoi être fière. » Il esquissa un sourire. Si lui semblait se résorber dans l’ombre, elle, elle touchait la lumière. Elle brillait de mille feux. La jeune femme s’approcha de lui, mais seulement pour ramasser les bouts de céramique cassés au sol. Cette soudaine proximité n’était pas toutefois pas assez. Ce n’était qu’une torture de l’avoir si près de lui mais si loin, aussi. C’était cruel que de l’avoir là, devant lui, mais d’être trop faible pour se tenir grand et fier comme avant. D’ailleurs, la vérité ne tarda pas à sortir au sujet de son état, parce qu’il aurait beau inventer les histoires les plus impressionnantes pour écarquiller ses yeux de surprise, au fond il ne resterait que l’homme malade, l’homme faible. Théia ne tarderait pas à s’en rendre compte, alors aussi bien que ça vienne de lui. Elle se tourna vers lui après être restée de dos un moment, sans qu’il ne puisse voir sa réaction, sans qu’il ne puisse voir son doigt meurtri par sa propre inattention avec les morceaux d’assiette. « C’est pas ma façon d’te faire fuir, c’est ma façon d’être enfin honnête et qu’tu réalises que j’ai pas grand-chose à offrir, au fond. » Déclara Woody après avoir retrouvé le contrôle sur ses émotions. Sa voix ne sanglotait plus, mais ses larmes parcouraient toujours lentement ses joues. Théia était allée chercher une chaise à la cuisine et l’avait posée devant lui, pour finalement y prendre place et lui tenir tête. Il retint un rire à sa réflexion sur les cadavres dans son sous-sol, trop déboussolé pour en rire davantage. « Tu veux bien me dire où tu vas chercher des idées pareilles ? » Derrière sa beautiful mind se cachaient également des pensées bien étranges. Et c’est ce qui avait toujours fait son charme. Finalement, Woody reprit un visage plus sérieux et soupira doucement. « Je suis désolé de ne pas te l’avoir dit. Je ne voulais pas que ça brise ce qu’on avait de si … spécial. Avec toi, j’avais l’impression de pouvoir être grand, fort, dans tes yeux j’avais l’impression d’être à mon meilleur. J’voulais pas que tu me voies différemment. » Expliqua-t-il, même si ça ne lui pardonnait sans doute pas d’avoir gardé pour lui une condition aussi grave de sa santé, face à une des personnes qui lui étaient les plus chères, les plus proches. Les yeux de Théia se baissèrent sur leurs mains, puisque l’une des siennes s’était glissée dans l’une de Woody. Déjà, elle le réchauffait. « C’est toi qui m’as laissé la première fois. Moi, j’ai nulle part où aller. Je t’attendais. Tout ce temps-là, je t’attendais. » Et maintenant qu’elle était là, et qu’elle savait, il ne comptait pas se défiler, ou la laisser s’éloigner à nouveau. __________________________
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| | | Invité | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Sam 9 Sep 2017 - 22:53 | |
| Malgré les sourires et les faibles rires, malgré qu'il lui dise qu'elle n'a pas à s'en vouloir pour cette vie qu'elle devait mener, la sienne, Théia ne peut s'empêcher de se demander comment les choses auraient pu évoluer si elle n'avait jamais quitté le sol australien. Elle sait qu'elle n'est pas dotée d'une sorte de pouvoir magique, qu'elle n'aurait bien évidemment pas pu soigner Woody de ses maux, de ce qui aujourd'hui l'oblige à être collé à une chaise roulante. Elle sait que, avec ou sans elle, il aurait de toute façon terminé dans cette même situation qu'il le veuille ou non. Mais si elle se sent coupable, c'est parce qu'elle n'a pas été là entre les deux. Elle l'aura connu grand, fier, cet homme aux sourires en coin et aux réflexions qui l'amusaient tant. Elle découvre maintenant un Woody fatigué, aux traits marqués par la vie. À croire que pendant son absence, il avait eu le temps de connaître tant d'horreurs qui avaient réussi à effacer ce rictus qu'elle pensait éternel. Tant de pensées qui se bousculent dans sa tête, qui broient son coeur au passage et pourtant, elle continue de lui sourire. Il y a de fortes chances pour que Théia éclate en sanglots une fois seule dans la chambre d'hôtel qu'elle aura louée, pour que tout son chagrin soudainement s'empare de son corps et expose à la vue du monde ces remords qu'elle aura jusque là cachés. Parce que c'est ce qu'elle fait toujours. Elle fait bonne figure, surtout devant Woody. Elle veut qu'il continue de voir en elle la fille imperturbable, celle au courage plus grand que ses faiblesses. Alors qu'il complimente ses oeuvres, elle baisse un moment les yeux avant de hausser les épaules. Oui, Théia est fière de sa carrière. Elle est heureuse d'avoir atteint ce point culminant qu'elle pensait ne jamais pouvoir toucher et pourtant, aujourd'hui, elle n'a pas envie d'en parler. Elle voudrait remonter le temps, retourner à l'époque où elle n'était qu'assistante. À cette époque insouciante où les échanges de regards se perdaient, où Woody et Théia n'étaient rien d'autres que deux êtres trop maladroits que pour savoir comment s'y prendre avec l'autre. Il arrivait déjà à la déstabiliser alors qu'elle le croyait en pleine forme. Maintenant qu'elle le découvre malade, Théia se sent encore plus perdre pied. Au final, peut-être que ses larmes n'attendront pas qu'elle soit rentrée. Elles bordent ses yeux, menacent de perler le long de ses joues pendant que sa lèvre se met à trembler. Non, elle ne peut pas craquer. Elle sert les poings, trop fort, se coupe à cette fichue assiette aussi brisée qu'elle. « Pas grand chose à offrir ? » répond-elle avant de se tourner dans sa direction. Un rire léger, presque nerveux s'échappe d'entre ses lèvres sans qu'elle n'arrive à le contrôler. « Mais tu m'as déjà offert beaucoup, probablement même sans que tu ne t'en rendes compte. » Une sensation de liberté, l'impression de pouvoir respirer à nouveau. Quel comble que cet homme qui lui aura insufflé un nouveau souffle de vie soit lentement en train de perdre le sien. Alors qu'elle rit de leur court moment non-sérieux, alors qu'il lui demande où elle va chercher toutes ses idées farfelues, ses yeux débordent. Cette larme solitaire vient rouler jusqu'à son menton avant que Théia n'efface la trace qu'elle a laissée du revers de sa main. « J'ai eu le temps de m'entraîner dans l'avion, » lui répond-elle tout en glissant sa main dans la sienne. La froideur de sa peau, pâleur de son corps, les poches sous ses yeux lui donnent l'horrible impression qu'elle est petit à petit en train de le perdre. Elle aimerait lui demander combien de temps. Combien de temps avant qu'il ne soit trop tard, combien de temps avant qu'il ne puisse plus être capable de serrer cette main qu'elle tient. « Je ne te vois pas différemment Woody, » souffle-t-elle en glissant de sa main libre une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je te vois toujours comme... ce type sur la piste. Ou sur le toit d'un bar. Je te vois comme celui qui a réussi à me motiver à faire du sport, et je peux dire que déjà ça c'est clairement un exploit. » Elle rit dans ses larmes. « Je te vois comme... le gars qui arrivait à me faire rire en toute situation, celui que j'aurais clairement pu frapper plus d'une fois mais qui avait toujours ce putain de sourire en coin pour m'en empêcher. Tu sais, je vois toujours en toi le gars qui a réussi à faire tomber mes barrières, à me pousser à revenir sur mes pas. Parce que où que je parte, où que tu sois, y aura toujours un truc qui me ramènera à toi. » Une odeur, un souvenir, une chanson qu'elle aurait entendue en sa présence. « Je suis peut-être partie une fois, mais je le ferai plus. Du moins, pas sans toi, » conclut-elle en levant le regard dans sa direction. |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4134 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Dim 10 Sep 2017 - 3:52 | |
| Des si, des peut-être, il y en aurait toujours entre Théia et Woody. Et si elle était restée ? Et s’ils ne s’étaient jamais éloignés ? Et s’ils avaient continué à entretenir cette relation dans laquelle tous les deux se sentaient vivants, prêts à tout pour leur liberté partagée ? Peut-être ne seraient-ils encore que deux amis, les éternels insouciants défiant la vie, se défiant eux-mêmes. Ou peut-être Woody se serait-il fermé à elle, comme il l’avait fait face à tant d’autres. Qui sait, peut-être se serait-il senti bien trop vulnérable face à elle une fois la maladie l’ayant gagné. Sans doute, oui. Parce que Théia avait toujours été celle qui lui permettait de se sentir capable de battre tous ses démons, même ceux sur lesquels il n’avait supposément aucun contrôle. Elle lui avait toujours permis d’oublier qu’un jour il ne serait plus autant homme, qu’un jour il aurait besoin des autres pour s’en sortir, lui qui avait accueilli à bras ouverts son indépendance dès qu’il avait pu l’avoir. Peut-être alors était-ce préférable qu’ils se soient ainsi perdus, pour mieux se retrouver par la suite. Maintenant que Woody était confronté à elle sans prévenir, maintenant qu’il n’avait plus l’option de fermer la porte sur elle et de lui cacher sa véritable condition, il ne pouvait que lui laisser la place qui lui était toujours revenue. Il avait beau se l’être interdit, il avait beau s’être promis de ne devenir ce poids pour personne, surtout pas pour Théia, les circonstances faisaient en sorte que Woody ne pouvait plus reculer. Et si elle décidait d’avancer, d’aller de l’avant, d’aller vers lui, il n’aurait pas la volonté de l’en empêcher. Ça lui avait tout pris de la laisser partir la première fois, de rompre quasiment tout contact avec elle. Il ne serait probablement pas en mesure de la voir lui tourner le dos une autre fois. Ne voulant plus parler de son départ, ne voulant plus penser à ce temps passé loin d’elle, Woody ne fit que mentionner ses exploits, ses réussites professionnelles. Elle-même ne fit qu’hausser les épaules, comme si tout cela était derrière elle maintenant, comme si ça n’avait plus aucune importance. Était-ce seulement parce que lui avait régressé plutôt que d’avancer ? Avait-elle honte d’avoir monté bien haut alors que lui était en chute libre ? Woody lui fit bien vite comprendre qu’il n’avait rien à lui offrir, qu’il n’était qu’un fardeau. Pourtant, il ne la voulait qu’ici, avec lui, mais il ne la laisserait pas faire tant que ce ne n’était pas de son plein gré, en toute connaissance de ce qui l’attendait. « Oui mais ça, c’était avant. » Releva Woody quand elle lui affirma qu’il lui avait déjà offert beaucoup sans même se rendre compte de l’étendue de ce qu’il avait pu lui donner. S’il avait toujours été l’homme d’il y avait cinq ans, Woody aurait offert à Théia encore plus. Tout ce qu’il n’avait pas eu le courage de lui donner au début de leur relation, il l’aurait donné cette fois. Tout ce qu’il n’avait jamais osé lui dire, il le lui aurait dit. Mais, maintenant, dans son état, ça lui paraissait plus injuste qu’autre chose. Pourtant, la brunette ne baissait pas les bras, et elle vint même se planter devant lui, assise sur une chaise, à recommencer à le faire rire comme avant. En un claquement de doigts magique, les muscles tendus de son visage se déliaient. Elle glissa sa main dans la sienne, l’écoutant justifier ses mensonges, ses omissions de détails pourtant si importants de sa vie. Puis, elle prit la parole, riant parfois malgré les larmes, laissant d’autres fois le sérieux reprendre le dessus, pour lui montrer toute la sincérité de ses paroles. Il n’en avait jamais douté. Les larmes aux yeux, Woody la regardait, déchiré entre la tristesse et la joie, il était ému de ses paroles au point où son sourire se confondait en un chagrin prêt à éclater. « Alors tu n’iras plus jamais bien loin, Théia. » Dit-il quand elle conclut qu’elle ne partirait plus jamais sans lui. « Je t’ai connue comme la fille fonceuse, qui ne vivait que pour sa liberté et son indépendance. La fille qui me permettait de croire que je pouvais moi aussi tout faire, parce que toi t’arrivais à repousser tellement de limites. T’en fais qu’à ta tête, au diable ce que les autres pensent, et c’est ce qui fait de toi la femme extraordinaire que t’es. Es-tu prête à renoncer à ça ? » Demanda-t-il alors, après toutes ses éloges. « Es-tu prête à dire adieu à tout ce qui pourrait t’arriver de tellement mieux, juste pour moi, juste pour un pauvre type qui n’a plus la force de te suivre dans ce que t’entreprends ? » Continua-t-il. Son cœur lui criait de la supplier de dire qu’elle était prête à renoncer, oui, qu’ils pourraient être ensemble ici et s’en contenter. Ils n’avaient jamais eu l’impression d’avoir besoin de qui que ce soit d’autre qu’eux, à partir du moment où ils étaient entrés dans la vie l’un de l’autre. Mais la tête de Woody, elle, posait toutes ces questions à voix haute parce que sa raison l’empêchait de laisser Théia commettre une telle erreur. Perdre sa vie pour la sienne. __________________________
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| | | Invité | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Dim 10 Sep 2017 - 11:59 | |
| Ils n'étaient pas de ceux qui tombaient facilement amoureux. Du moins, c'était ce qu'elle pensait. Ils étaient deux aimants censés se repousser, deux caractères de feu en confrontation qui alimentaient leurs flammes à l'aide de piques, réflexions et autre sous-entendus. Et pourtant, Woody l'a toujours attirée à lui. Il est entré dans sa vie sans un bruit, sans qu'elle ne réalise qu'elle était petit à petit en train de s'attacher à lui avant qu'il ne soit déjà trop tard. Le quitter aurait dû être un mal pour un bien, une façon de leur empêcher à tous les deux de sombrer dans un cercle infernal qu'ils n'auraient jamais pu quitter. Elle ne le savait pas malade malgré ses doutes, mais elle savait ses jours comptés. Elle savait qu'elle finirait un jour ou l'autre par avoir à lui dire adieu, pas seulement au revoir. Elle savait qu'en restant, en continuant de s'attacher à lui, s'en aller aurait été plus difficile encore. Et peut-être qu'ils ne se seraient même plus connus dans douze ans, peut-être aussi que Woody et Théia n'auraient jamais été rien de plus que deux bons amis, capables du pire comme du meilleurs. Elle aurait aimé y croire, elle aurait aimé pouvoir nier ce sentiment qui grandissait petit à petit en elle à chaque fois qu'elle posait son regard sur lui. Tout en la rendant plus forte, elle avait l'impression de devenir vulnérable. Elle qui se vantait de n'avoir peur de rien, elle avait commencé à être effrayée à l'idée de le laisser derrière elle. Elle ne voulait pas le blesser, même si elle savait qu'il aurait très probablement été capable de trouver bien mieux pour la remplacer sur cette petite place qu'elle occupait dans sa vie. Elle ne doutait pas de lui, de son pouvoir sur les femmes, de sa capacité à toutes les faire tomber. Bien qu'attachée à lui et ça même encore maintenant, elle n'aurait pas été jalouse de le voir avec une autre. Au contraire, probablement que ça l'aurait aidée à faire ses adieux sans qu'ils n'en soient trop douloureux. Mais maintenant qu'elle le sait malade, elle a l'impression que tout ce qu'elle pensait contrôler est en train de lui échapper des mains. Elle se sent basculer, aurait même perdu l'équilibre si elle n'avait pas pris place sur cette chaise. « Tu dis ça avant même d'avoir essayé, » souffle-t-elle, son regard à présent planté dans le sien. Si elle ne tenait pas tant à lui, mentir aurait été plus facile. Elle n'aurait eu aucun problème à cacher ses émotions, ses sentiments à son égard, elle n'aurait même pas à eu à prononcer tous ces mots qui ne font qu'amplifier son état vulnérable. « Tu crois que je ne suis revenue que pour toi ? Tu sais, ça a été difficile de me passer aussi longtemps des burgers de cette brasserie sur la place de Bowen, celle au nom imprononçable. » Elle rit doucement avant de reprendre son sérieux, l'écoutant décrire cette femme qu'il voit en elle avant de citer les raisons qui pourraient lui donner envie de partir, de continuer cette aventure qu'elle a commencée. « Cinq ans plus tôt, tu es ce qui m'est arrivé à mieux. Alors je suis prête à refuser des nuits dans des motels minables et des petits déjeuners à coté de motards fumeurs de cigares si ça veut dire pouvoir te revoir aussi souvent que je le veux. » Elle s'appuie sur le dos de sa chaise, récupère sa main afin de pouvoir effacer l'humidité laissée par ses larmes sur ses joues, puis plante une nouvelle fois son regard dans celui de Woody. « Et puis, peut-être que j'ai changé moi aussi. Peut-être que je n'ai plus envie d'être indépendante, peut-être que j'ai simplement envie de me poser dans un endroit qui m'est familier et de casser les oreilles d'un homme avec mes reprises minables de chansons Disney. » Un nouveau sourire vient faiblement étirer ses lèvres. « J'ai plus envie qu'on perde notre temps à tourner en rond, » souffle-t-elle en s'approchant de lui un peu plus. Elle pose ses mains sur les accoudoirs de sa chaise, rompt la distance entre eux, se stabilise à seulement quelques centimètres de ses lèvres. Elle ne sait pas si ils y arriveront. Elle ne sait pas si ils pourraient être heureux en retombant dans ce cercle, là où sa peur de le quitter à cause de son coeur qui la lâcherait sera ajoutée à celle de le perdre lui. Sauf qu'elle n'a pas envie de se projeter trop loin. Elle préfère penser au moment présent, à leurs retrouvailles, à cette impression que malgré tout ce qui a changé, ils soient finalement restés fidèles à eux-mêmes. Doucement, elle vient poser ses lèvres sur les siennes comme pour conclure à un marché. Celui stipulant qu'ils ne se quitteront plus, ou du moins pas avant que l'un ou l'autre ne finisse par être obligé de s'en aller. |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4134 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Mar 12 Sep 2017 - 4:01 | |
| Il haussa les épaules. Woody avait déjà abandonné, oui, depuis bien longtemps déjà. Il n’avait jamais vu l’intérêt d’essayer, il savait fort bien ce qui l’attendait. Il avait participé, de plus en plus, à des rassemblements avec d’autres malades atteints de la sclérose en plaques. Des groupes de soutien, qu’ils appelaient ça. À lui, ça lui avait seulement donné un avant-goût horrible de ce qu’il allait vivre, quand il voyait ces gens presque incapables de se lever, ces gens avec une vie sexuelle carrément éteinte, ces gens qui ne dépendaient que de leur famille, de leurs proches. Ils auraient pu être pris pour morts, rendu là, Woody ne voyait plus vraiment la différence. Ça l’horrifiait de savoir qu’un jour il en arriverait là. Alors face à cette réalité accablante, le jeune homme avait renoncé à tout, même à lui-même. « Ça ne donnera rien, rien d’autre qu’une énième déception. Et j’t’ai déjà assez déçu comme ça par le passé, Théia. » De par ses actes, de par ses décisions imbéciles. Il n’avait jamais été facile à vivre, Woody, alors si à cela on ajoutait sa condition physique défaillante, alors il ne lui restait plus grand-chose. Pourtant, la brunette n’abandonnait pas. Elle revenait à l’attaque, à coup de paroles convaincantes, rassurantes, parfois drôles et parfois tristes. Woody souriait en même temps qu’une vague de tristesse déferlait dans ses yeux. Il tentait de garder le contrôle sur lui-même, mais ces retrouvailles étaient bien le seul moment depuis des mois durant lequel son corps s’était montré vivant. Même dans le chaos, Théia savait le faire vibrer. Elle le ramenait à la vie. « Celle où tu me volais toujours toutes mes frites. » Ajouta-t-il avec un sourire qui s’effaça bien vite, quand elle lui parla de ce qui lui était arrivé de mieux cinq ans plus tôt : lui. Elle compara ses nuits dans des motels miteux à sa présence régulière à lui, choisissant sans hésitation cette dernière situation. « Tu désembellis bien trop cette vie que tu menais ailleurs. J’peux pas croire que ça se limitait à ça, pas avec tous les beaux projets que t’entreprenais. » Elle devait bien être heureuse, dans ce monde-là, dans ses rêves, pas vrai ? L’absence de Woody ne pouvait justifier qu’elle ne s’ennuierait pas de cette vie-là, il ne pouvait pas y croire. Et, surtout, il ne voulait pas qu’elle, elle le croit. Parce qu’elle se rendrait bien vite compte qu’une vie auprès d’un homme atteint de la sclérose en plaques ne serait pas facile, et pas heureuse par moments. Il ne voulait pas lui enlever sa vie, sa liberté. Théia lâcha sa main et vint essuyer ses joues humides, se calant contre le dossier de sa chaise. Déjà, la distance le pesait, alors qu’est-ce que ce serait lorsqu’il la pousserait à repartir ? La brunette continua à insister, au plus grand bonheur de Woody même s’il n’osait pas se l’avouer, et elle parla de cette vie plus tranquille qu’elle souhaitait mener. Elle n’avait plus envie qu’ils perdent leur temps à tourner en rond. Après avoir soufflé ces paroles qui voulaient déjà tant dire, Théia vint sceller ce désir en posant ses lèvres sur celles de Woody. Ce dernier, pris par surprise malgré la lenteur de ce rapprochement, malgré la tension qui avait graduellement montée entre eux, cessa de respirer. Il pleura. De joie, de peine, de soulagement, de peur. Il pleura alors même que leurs lèvres étaient encore saisies les unes des autres. Les larmes roulaient sur ses joues mais lui, il était silencieux. Il embrassait Théia, lui rendait tout cet amour, scellait cette même promesse, ce même marché. Il vivait ce moment qu’il avait si longtemps attendu, si souvent imaginé. Dans sa lourde solitude, Woody s’était toujours accroché à ce rêve qui lui avait échappé. Voilà qu’il n’avait plus à se renfermer dans ses pensées pour revivre. Elle était là, avec lui, et ils s’aimaient. Quand leurs lèvres se détachèrent finalement, quand leurs visages retrouvèrent une certaine distance, bien que moindre, Woody déclara : « Je veux juste que tu me promettes une chose, Théia. » Il plongea son regard brillant – autant par les larmes que par l’incendie qu’elle venait de déclencher en lui -, dans le sien. « Promets-moi que lorsque ça en deviendra trop pour toi, que lorsque je ne t’apporterai que misère, souffrance et inquiétude, promets-moi qu’à ce moment-là, tu partiras. » Il serra les dents, la mâchoire, pour retenir à nouveau la tristesse. Woody s’était promis de ne jamais devenir un fardeau, et maintenant il suppliait Théia de lui promettre de ne jamais le laisser en devenir un pour elle. __________________________
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| | | Invité | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Mar 12 Sep 2017 - 15:07 | |
| Que leurs moments soient éphémères ou qu'ils durent pour l'éternité, Théia n'en a pour le moment rien à faire. Elle n'a jamais été très douée pour se projeter dans le futur, elle qui s'est toujours limitée à son présent sans penser aux journées qui s'arrachaient d'un calendrier qu'elle arrêtera un jour de renouveler. Même si elle se rapproche petit à petit, sa dernière année lui paraît loin. Elle ne veut pas relever les yeux et avoir à la regarder, elle préfère garder le nez plongé dans ces petits bonheurs qui illuminent ses journées et qui lui permettent de garder les pieds sur Terre. Retrouver Woody, par exemple. Son sourire, aussi faible soit-il. Son regard, bien que plus fatigué. Au fond, elle a espoir que tout ne soit pas perdu. Elle se plaît à se dire qu'il finira par redevenir celui qu'il était, et que son décompte n'est pas plus rapide que le sien. L'illusion n'en est que plus belle lorsqu'on se permet d'y croire un peu. « Si tu continues à être aussi défaitiste, je te promets que je viendrai te réveiller tous les matins avec des chants d'église. Et tu sais que j'en suis capable, » lui dit-elle en retrouvant sa joie, sa bonne humeur, cette barrière sur sa tristesse qu'elle s'impose sans arrêt. Elle ne peut pas être triste, parce qu'ils ne peuvent pas l'être tous les deux en même temps. Un doit rester debout afin d'être celui qui relèvera l'autre, et Théia se sent prête à accomplir entièrement ce rôle qu'elle se sera auto-attribué. Elle se fiche du temps que ça prendra, des obstacles qu'elle aura à passer. Elle l'aidera à remonter la pente comme il l'a fait pour elle. Elle ramène un bout de souvenir en mentionnant cette brasserie sur la place, et il en ramène un autre en détaillant encore plus cette image qui se redessine petit à petit dans sa mémoire. Un sourire nostalgique vient étirer les lèvres de la brunette. « Toutes, directement les grands mots. » Et quand il l'accuse de dés-embellir la réalité, Théia hausse les épaules avant de secouer la tête de droite à gauche. « Tu crois que je suis Steven Spielberg ? J'ai jamais eu droit à la télé dans ma chambre, ou alors juste une qui diffusait un seul programme. Des concours de beauté pour chiens. » De toute façon, elle n'était pratiquement jamais à l'intérieur. Théia passait son temps dehors, à filmer la nature et les hommes. Ses films d'auteurs sont quelques fois passés au cinéma, quelques fois à la télé, mais elle n'a cependant jamais eu le mérite d'être interviewée dans une émission ou de voir son visage dans un magasine people. Ça ne l'a pas dérangée au final, elle qui n'a jamais vraiment aimé faire parler d'elle. Le temps d'un aveux, Théia délaisse son humour pour quelques paroles sincères, quelques mots qui la font pleurer et qui semblent ne pas laisser Woody insensible. Et lorsque enfin elle se permet de poser ses lèvres contre les siennes, c'est un artifice de milles et uns sentiments qui explose dans son ventre. À présent, elle ne peut plus revenir en arrière. Elle ne peut pas, mais elle ne le veut pas non plus. Elle se sent prête à braver les tempêtes, à goûter de cette existence qu'ils n'ont jamais pu s'offrir. Et quitte à devoir sacrifier quelques nuits à l'hôpital, quitte à devoir l'aider moralement et physiquement, elle se sent prête à faire ce sacrifice. Alors qu'ils s'écartent légèrement l'un de l'autre, Théia plonge son regard dans celui de Woody afin d'entendre cette promesse qu'il aimerait qu'elle tienne. Elle voudrait dire non, lui assurer qu'elle ne partira pas, sauf qu'elle n'a aucune idée de toutes les conséquences que pourraient engendre ce choix. Alors au lieu de ça, elle hoche lentement la tête avant d'entre-ouvrir les lèvres. « On a qu'à en faire une promesse mutuelle, t'es pas le seul à pouvoir s'avérer être un véritable fardeau, » réplique-t-elle en s'asseyant à nouveau sur sa chaise. |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4134 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Jeu 14 Sep 2017 - 15:33 | |
| Il était vrai que Woody n’avait aucune idée de la vie que Théia avait pu mener pendant qu’elle était là-bas, où que ce soit, loin de lui. Il n’avait vu que ses réalisations mais ces belles images, elles pouvaient en cacher d’autres, des plus sombres, des plus solitaires. Il s’était imaginé une vie pour elle, sans doute parce qu’il lui souhaitait plus que tout au monde d’être heureuse, même si ça devait être sans lui. Alors il s’était accroché à cette idée que si Théia n’était plus près de lui c’était parce qu’elle était partie vivre une vie bien meilleure, bien plus belle, dans laquelle elle s’épanouissait jour après jour. C’était le seul moyen pour lui de ne pas crever d’ennui quand il songeait à elle, à tout ce qu’ils avaient partagé. C’était la seule façon qu’il avait trouvée de taire son envie d’aller la retrouver. Elle était heureuse et accomplie, ailleurs. Il réalisait, aujourd’hui seulement, qu’il s’était bercé de douces illusions. Que Théia, derrière ses beaux projets, avait gardé en elle un trou béant qu’elle n’avait su combler. Tout n’était pas rose, percer dans ce domaine n’était pas facile, et même si certains de ses films avaient été projetés dans des salles indépendantes ou carrément sur les écrans de télévision, elle n’avait pas trouvé la reconnaissance recherchée. À tel point que cette vie sur la route que Woody avait vue pour elle, n’était en réalité qu’une chambre vide et dénuée de tout, même de sens. « Eh bien au moins c’était ton programme préféré. De la chance dans ta malchance. » Déclara Woody en haussant les épaules, réprimant un sourire. Il avait peut-être beaucoup changé physiquement, et peut-être cachait-il encore plus profondément la personne qu’il était réellement, mais ses mécanismes ne changeaient pas, sa façon d’être impulsivement non plus. Quand il avait l’impression d’avoir gaffé, quand il s’aventurait sur un terrain sur lequel il perdrait pied, alors il usait de l’humour pour s’en sortir. Il aurait pu s’excuser à Théia d’avoir eu faux sur toute la ligne, il aurait pu être désolé qu’elle n’ait pas eu droit à tout ce qu’elle désirait, mais au lieu de ça il tourna la situation au ridicule. C’était ce qu’ils avaient toujours fait et là, maintenant, c’était ce dont il avait besoin. Mieux encore, il avait besoin de la proximité que Théia lui offrit tout d’un coup, sans prévenir. Il avait toujours su à quel point son corps et son cœur la réclamaient, mais maintenant qu’ils étaient si prêts de s’offrir enfin ce moment, il avait l’impression que son être tout entier criait et se débattait en lui, pour exploser en une lumière incontrôlable. Ses muscles et ses membres ne bougeaient peut-être plus avec autant de facilité qu’auparavant, mais ses réactions internes n’avaient jamais été autant déchaînées, elles. Il avait l’impression de revivre, de renaître sous un autre jour. D’avoir droit à une seconde chance. Théia posa ses lèvres sur celles de Woody et ils se laissèrent porter par cet ouragan sans doute dévastateur, et qui les entraînait pourtant vers un lieu qui leur semblait sûr, beau, paisible. La tornade calmée, leur permettant de retrouver la terre ferme imaginaire, Woody s’ancra dans le sol pour ne pas perdre de vue ce qu’il s’était toujours promis de garder en tête, même quand cette dernière ne s’écouterait plus elle-même. Alors il demanda à Théia cette promesse, cette douloureuse promesse, celle de partir lorsqu’il deviendrait trop lourd à porter. De partir lorsqu’il ne serait plus qu’un fardeau, une source d’inquiétudes et de tristesse. Ils étaient condamnés à ce que ça arrive, mais Woody avait ce mince espoir qu’ils arriveraient à repousser cette fatalité le plus longtemps possible. À sa réponse, Woody fronça les sourcils. Il aurait pu lui lancer une pique comme quoi oui, elle pouvait être parfois adorablement chieuse et emmerdante, mais que ça ne suffisait pas à faire d’elle un fardeau, mais dans son regard, Woody comprit que c’était bien plus que ça. « Qu’est-ce que tu veux dire ? » Demanda-t-il, s’avança lentement et péniblement sur le bout de sa chaise pour aller faiblement rattraper sa main. __________________________
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| | | Invité | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Ven 22 Sep 2017 - 20:24 | |
| Quitter Bowen semblait à la base être une bonne idée. Elle qui a toujours rêvé de voyager, elle qui voulait découvrir le monde et le moindre de ses secrets. Et puis, ces rues gardaient en elles trop de souvenirs douloureux. Elle pouvait revoir les fissures des pavés durant le séisme qui avait failli arrêter son coeur, visualisait encore le bâtiment en ruines où Oliver travaillait avant qu'il ne disparaisse soudainement, volatilisé après lui avoir annoncé qu'il était l'auteur d'un crime contre des personnes qu'il aimait. Et puis, quitter Bowen signifiait aussi laisser derrière elle les rumeurs, les regards accusateurs de ceux qui la voyaient comme une traînée sans prendre le temps de connaître la véritable histoire et tous ses détails. Un départ difficile pour une vie meilleure, s'était-elle dit. Et pourtant, Théia est de retour. À croire que cette petite ville d'Australie est bien décidée à ne pas la laisser s'en aller, ou du moins pas pour trop longtemps. Les attaches sont trop grandes, les enjeux trop importants. À la remarque de Woody, elle ne peut s'empêcher de rire avant de simplement hocher la tête, un sourire flottant éternellement sur ses lèvres. « Tu connais mes péchés mignons, » lui dit-elle en plissant légèrement les paupières, lui lançant ce regard complice qu'ils avaient cinq ans plus tôt à chaque défi lancé, chaque remarque placée. Ce devait être ça qui manquait à sa vie de bohème, ça qui l'empêchait de pouvoir rire à nouveau de manière aussi sincère. Son humour. Ses blagues, réflexions parfois déplacées et parfois juste bien placées. Un humour léger, comme si rien n'avait d'importance, comme si une simple farce suffisait à faire s'arrêter le temps. Et c'était le cas pour Théia, parce que chaque blague qu'il lançait et chaque sourire qui illuminait le visage de Woody arrivait à faire se stopper les aiguilles des horloges, à interrompre les pas des autres autour d'eux et à simplement mettre le monde entier en sourdine. Tant de souvenirs agréables, toute une bulle de bonheur intense qui enveloppe son corps et qui la pousse à se redresser de cette chaise pour venir l'embrasser avec une douceur qu'ils n'avaient jamais connue, elle et lui. Elle aimerait se laisser bercer par cette illusion de bonheur, se dire que le monde pourrait être beau maintenant qu'il est là, qu'elle est là, et sans qu'aucune rumeur ou aucun événement soudain ne puisse venir se mettre en travers de leur route. Sauf que ce serait trop facile. Il lui fait promettre contre son gré, et elle lui répond sans se rendre compte d'à quel point ses paroles peuvent cacher un double-sens. Elle n'avait pas réalisé tout de suite comme ce qu'elle disait était réel, loin d'une de leurs nombreuses plaisanteries. Elle est un fardeau Théia, une bombe à retardement dont les jours s'écoulent comme les grains d'un sablier. « Woody, » souffle-t-elle en le laissant attraper sa main, le ventre noué par la peur qu'il ne la rejette soudainement. Après tout, il l'a déjà fait. « Il y a quelque chose dont j'aurais déjà dû te parler depuis longtemps, mais je n'ai jamais été capable de trouver le courage nécessaire pour le faire. » Elle lève les yeux vers son visage. « J'avais une malformation cardiaque, je suis née avec. Ce coeur qui bat dans ma poitrine, » dit-elle en prenant la main de Woody pour la poser à niveau de son coeur « Ce n'est pas le mien. Il m'a sauvée, m'a permis de vivre de beaux jours et me fera encore tenir le temps d'être là près de toi, pour toi. Mais il n'est pas éternel, et moi non plus. Un jour je partirai, mais cette fois pas parce que j'en aurai envie. Et quand ce jour viendra, je compte sur toi pour être la dernière image que je verrai avant de dire au revoir à cette ville une bonne fois pour toutes. » Cette fois, Théia ne pleure pas. Elle s'accroche à la main de Woody à l'aide des siennes, repousse de toute ses forces l'idée qu'il ne veule pas d'une fille cassée. Si elle doit à nouveau franchir le seuil de sa porte dans l'autre sens, elle ne sait pas si elle pourra le supporter. |
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Woody Rutkowski MESSAGE : 4134 ICI DEPUIS : 03/10/2014 COMPTES : jackson & isaiah & concho & elmo & oskár & reyansh CRÉDITS : urochrome (a) & yourdailykitsch (g) & beloved (s)
STATUT : ⋄ oh, I wish you were right there to fight off the nightmares. you were the night light on a dark night like the stars. | Sujet: Re: let me take your hand as we walk in the dimming light (théia) Jeu 28 Sep 2017 - 1:52 | |
| Faiblement, Woody s’était approché de Théia, parce qu’il avait senti dans son ton de voix, lu dans son regard, toute la peine et la souffrance qu’elle lui cachait depuis toutes ces années. Visiblement, alors que cinq ans plus tôt ils croyaient se connaître mieux que quiconque, qu’ils avaient l’impression d’appartenir à ce même unique monde dans lequel les autres n’existaient pas, ou existaient moins, les deux se mentaient en pleine face. À eux-mêmes, et à l’autre. Bien sûr, c’était dans l’optique de se protéger, mais à force de vouloir trop agir comme un bouclier pour éviter que la pluie ne se déverse sur leur relation, ils s’étaient perdus. Si seulement l’un ou l’autre s’était levé et avait crié la vérité, peut-être qu’aujourd’hui ne serait pas composé de retrouvailles. Peut-être qu’aujourd’hui ne serait qu’une journée comme une autre, après cinq années à bâtir une vie à deux, une vie dont chaque journée était comptée, une vie dans laquelle les heures s’écoulaient à la fois lentement, à la fois trop rapidement. Surtout trop rapidement. Woody attrapa la main de Théia et leva un regard accablé vers elle, parce qu’il sentait que le pire était à venir. Pour lui, le pire, ça avait toujours été qu’elle apprenne sa condition dégénérative. Il n’avait aucune idée. De tout son discours, le trentenaire ne l’interrompit pas. Il l’écouta, attentivement, sentant son cœur ne devenir que poussières alors que peu à peu, il s’effaçait, tombait en ruines. Lui qui avait toujours porté ce rôle de malade en jouant silencieusement la victime, lui qui s’était toujours gardé de joindre quelqu’un à son triste sort, voilà que celui de Théia était fatal. Et il achèverait sans doute Woody, aussi, par la souffrance psychologique de savoir que bientôt la jeune femme lui filerait d’entre les doigts. Il avait si longuement cherché à la repousser de sa vie, à éviter qu’elle ne souffre par sa faute, maintenant il regrettait de ne pas s’être accroché à elle. Plutôt que de laisser le fil glisser entre ses mains, lui donnant encore et encore plus d’espace pour s’en aller, il aurait dû la tirer, l’attirer, vers lui. Elle était à peine de retour et, déjà, il commençait à la perdre. Sa main dorénavant posée sur la poitrine de Théia, Woody ferma les yeux un moment, inspirant profondément afin de chasser les larmes qui embuaient ses yeux, afin de taire ce flot d’émotions qui lui nouait la gorge. « Non. » Dit-il d’abord tout simplement, sifflé entre ses dents. « Non. » Répéta-t-il, comme si cette négation pourrait annuler tout ce qui venait d’être dit. Comme si son refus d’accepter la situation la ferait disparaître. Si seulement ce pouvait être aussi simple, aussi facile, de chasser le mal. « Pourquoi ? Pourquoi t’as choisi de vivre ces beaux jours loin de moi ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ? T’es de retour et ce ne sera plus jamais pareil. Tu m’es revenue mais on ne sera plus jamais vraiment là, ni toi, ni moi. » Lâchait-il dans une sorte de plainte, son chagrin brisant sa voix, sa souffrance brouillant ses idées et le flot de ses paroles. « Je ne veux pas être la dernière image que tu aies, pas dans cet état-là … » Dit-il en se regardant lui-même, posant ses yeux sur ses jambes inaptes, levant ses mains faibles et engourdies. « Et surtout, surtout : je ne veux pas que tu m’abandonnes. » Pas encore, pas une autre fois, elle n’avait plus le droit de partir, même si ça n’était plus de son ressort. __________________________
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