Aaah je vois ! Il se fait pas chier le poto ...

Spoiler:

Une belle journée en perspective, encore un jour de repos. La vie avait pas mal changé, tu avais enfin déménagé, ton chien était en cours d'adoption et bientôt, il serait avec toi. Lorsqu'il serait là, tu profiterais sûrement un peu moins de la moto pour ne pas le laisser enfermer toute la journée tout seul, ce n'était pas une vie pour un chien ça. Surtout que tu allais le laisser seul lors de tes journées de travail. Par chance, tu savais que Jazz pourrait prendre le relais parfois, surtout lors de tes déplacements professionnels. Tu ne te voyais pas lui infliger le trajet, pour le garder après enfermé dans une chambre d'un motel miteux. Pour le moment, tant que tu avais encore un peu de temps devant toi, tu en profitais pour monter ta modo et rouler dans la ville. Puis en dehors de la ville un peu. La paysage défilait tranquillement, aujourd'hui il n'y avait pas de course, c'était une simple balade. Un homme arrêté sur le côté. Peut-être qu'il faisait juste une pause. Après tout il n'avait pas l'air d'être dans le besoin. Et toi aussi tu avais besoin d'une pause. Tu venais te garer non loin du jeune homme. Retirant ton casque, tu jetais un coup d’œil au paysage. Tu te rappelais la fois où tu avais défié Aaron, vous vous étiez arrêté dans un petit spot comme celui là. Ici, la vue sur l'océan n'était pas aussi belle que l'autre jour mais c'était tout de même agréable. Ton attention se portait alors sur le jeune homme à côté de toi. « Vous êtes en panne ? » demandais-tu doucement. Tu n'étais pas une grande bricoleuse, mais tu avais appris deux-trois trucs grâce à Nate alors selon le problème, tu pourrais peut-être lui venir en aide. Et si jamais tout va bien, tu pourrais rester là quelques minutes et profiter de ce que pouvait t'offrir la vie.

Tu t'étais engagée pour t'arrêter sans même voir le jeune homme dans un premier temps et lorsque c'était le cas, tu t'étais posé une question. Est-ce que tout allait bien ? C'était ce que tu avais demandé, on pourrait croire que tu faisais le coup de la panne, mais si la réponse avait été positive, c'est lui qui te l'aurait fait. Mais tout allait bien à priori, il avait fait comme toi. « Non, je m'arrêtais pour faire une petite pause aussi et je m’interrogeais parce que la ville c'est pas la porte à côté ! » Tu lui offrais un léger sourire, tu t'extirpais enfin de là pour te dégourdir un peu les jambes. Tu attrapais alors ta bouteille d'eau qui se trouvait dans ton sac à dos. Tu l'ouvris pour en prendre quelques gorgées tandis qu'il réengageait la conversation. Tu secouais la tête négativement le temps de finir d'avaler avant de le regarder à nouveau. « Pas vraiment, y a plus de chances que je fasses pire que mieux mais en effet, j'ai deux adresses vers lesquelles j'aurais pu vous aiguiller. » La première était celle de Nate, celui avec qui tu passais parfois du temps pour qu'il puisse t'apprendre des petites astuces de mécaniques, même si tu n'avais pas encore eu l'occasion de les mettre en pratique. Quant à la seconde adresse, c'était celle d'Aaron, un gars que tu avais rencontré dans un bar et avec qui tu avais fait une course de moto, vous aviez rapidement discuté de vous et tu savais que lui aussi tenait un garage mais à côté de ça, tu ne savais pas ce qu'il valait. « Après, si vous êtes du coin, je suppose que vous les connaissez aussi, surtout quand on est motard parce que y en a pas tellement dans le coin. » ajoutais-tu doucement avec un léger sourire. Tu t'appuyais contre ta moto, glissant tes mains dans tes poches en jetant un coup d'oeil au paysage. C'était vraiment agréable, l'air frais te faisait le plus grand des biens.

Il était d'accord avec toi sur le fait que ce n'était pas le meilleur endroit pour tomber en panne, loin de la ville, loin de la civilisation. Et encore, il avait peut-être de la chance, parce qu'il n'y avait pas toujours de réseau et pas souvent de la circulation par ici donc il pourrait tout aussi bien se retrouver coincé et sans avoir la moindre possibilité de se sortir de ce mauvais pas. Au final, s'il avait été en panne, ton passage aurait pu être une bénédiction. Peut-être une autre fois. « Bah si c'est les deux petits problèmes que j'ai appris à régler, ça ira mais sinon, oui, ne comptez pas sur moi ! Au mieux je peux vous déposer en ville, appelez une dépanneuse si y a du réseau ! » ajoutais-tu en rigolant doucement. Tu n'avais même pas besoin de penser à tout ça. Tu te contentais de l'écouter en hochant doucement la tête. Au contraire, tu pouvais parfaitement comprendre cette façon de raisonner. Pour toi, c'était plus comme ça avec ton corps qu'avec le matériel. « C'est peut-être vous qui allez me trouver bizarre parce que je n'accorde pas autant d'importance à ça. J'aime faire de la moto mais je ne la considères pas comme un bijou ! » Ton corps avait nettement plus d'importance à tes yeux, c'était ton outil principal pour profiter des loisirs et notamment du sport alors sans ça, tu ne pourrais rien faire, même pas de la moto donc il était plus important, à tes yeux, de prendre soin de toi. « J'aime bien partir aussi souvent que possible, j'en profite tant que je le peux. » En réalité, tu ne le faisais pas aussi souvent que ça mais tu essayais de le faire au moins une fois toutes les deux semaines, parfois seule, parfois avec un peu de compagnie. Tu n'avais pas tellement d'amis motard donc ça restait assez limité pour toi mais maintenant qu'il y avait Aaron, ça pouvait être différent. Quoique, il semblait te regarder avec méfiance par moment, comme s'il avait peur de toi. Sans la moindre raison apparente. « Vous faites quoi comme boulot ? » demandais-tu, curieuse, il avait parlé de bosser sur Bowen et que son boulot semblait être prenant alors forcément, tu avais envie d'en savoir plus, en tout bien tout honneur. Tu ne voulais pas lui donner l'impression d'être une grosse curieuse, une commère ou tout autre chose de ce genre là.

C’est vrai que là il marquait un point, tout le monde ne se serait pas arrêter pour vérifier que tout allait bien. Même si à la base, tu ne t’étais pas arrêtée parce que tu l’avais vu mais parce que tu voulais faire une petite pause, prendre le temps de boire un peu de d’eau, de profiter de la vue qui se dégagerait de là. Et c’est losque tu l’avais vu, que tu avais simplement demandé si tout allait bien. Ce qui était son cas. « C’est vrai, mais l’entraide entre motards est quand même bien plus concrète que celle entre les autres moyens de transports ! » Tu voyais souvent les automobilistes passer plus facilement leurs chemins sur la route lorsqu’une voiture était sur le bas côté, surtout parce qu’ils n’avaient pas le temps de s’arrêter, ils étaient pressés à cause du boulot, des enfants ou de tout autre chose et la personne qui attendait avait plus de chance de voir la dépaneuse arriver qu’une âme châritable. En moto, tu n’avais pas connu ça une seule fois mais tu n’avais jamais été en panne en dehors de la ville. Mais tu étais toujours venue vers les autres comme aujourd’hui, pour être sûre que tout allait bien et si jamais tu pouvais donner un coup de main, retard ou pas retard, tu faisais ton possible. Ca ne tuait personne d’arriver en retard une fois dans sa vie. « Je dois être de ceux qui pensent que ça mène d’un point A à un point B plus rapidement qu’une auto et tout en pouvant profiter du paysage ! » C’était un moyen de locomotion rapide, pratique et glissable dans pas mal d’endroits, surtout lorsqu’il fallait passer à travers les files de bouchons parce que même pour ça, les voitures faisaient souvent en sorte de vous laisser passer. A croire qu’avoir une moto offrait certains privilèges et tu ne te privais pas de les prendre, ce serait bien bête de passer à côté. « Oh, un sauveur de cette ville ! Moi je ne suis que dentiste. » Un grand sourire venait se dessiner sur tes lèvres, c’est sûr que comparé à lui, tu n’étais sûrement pas aussi courageuse que lui. Pourtant tu avais essayé de sauver des personnes pendant le séisme et tu t’étais vite retrouvée blessée. Le pauvre, il avait dû voir des gens tellement paniqués et affolés ce jour là. Tu avais un peu du mal à supporter ça, alors tu te demandais comment faisaient les autres. Peut-être que c’était ça que Jaeden pourrait t’apprendre : supporter les autres. « Tiffany, ravie de te rencontrer ! » Il semblait garder sa position et tu gardais la sienne. Peut-être qu’il avait une phobie, une peur des microbes ou quelque chose dans ce genre là, qui l’empêchait de faire le moindre pas vers toi mais ça ne te dérangeait pas tellement plus que ça.

Pour les camionneurs, tu ne pouvais pas dire, c’était un monde qui ne te parlait pas vraiment et tu ne connaissais personne dans le métier pour pouvoir avoir un témoignage concret et tu ne regardais pas assez la télé pour avoir vu une émission sur ça. « Ça c’est bien vrai ! Comme si en voiture on était plus pressés qu’en moto. » Prendre la voiture quand il y avait des bouchons, ça ne ferait que nous arriver encore plus en retard. C’était pas mal de pouvoir doubler tout le monde dans la file, de passer parmi les petits trous et ne pas se sentir enchaîner dans une boîte de métal. Il n’y avait pas la possibilité de laisser son véhicule sur place et de faire le reste à pied. Il était bien du même avis que toi. Tu ne faisais qu’hocher la tête pour approuver tout ce qu’il venait de dire. Toute fois, tu n’avais pas grand-chose à dire de plus sur ça. « Quand on s’fait au caries, il n’y a plus rien qui puisse nous surprendre dans mon métier alors que pompier, je pense qu’on vous appelle pour tout et n’importe quoi, vous avez déjà bien dû sauver un chat d’un arbre ou emmener à l’hôpital une personne avec quelque chose de coincé dans le vagin ou l’utérus. » Et tu ne voulais même pas imaginer quoique ce soit, pourtant tu avais une image d'une bouteille de bière coincée et tu imaginais la souffrance qui pouvait être ressentie à cause du verre si jamais il venait à péter. « Quoi ? J’ai un truc sur le visage ? » demandais-tu un peu froidement. Tu ne savais pas ce qu'il se passait mais son regard était très étrange. Pendant un instant, tu avais eu le sentiment d'avoir Aaron juste en face de toi. Lui aussi parfois te regardait de cette façon mais tu t'étais habituée. Tu allais finir par croire que quelque chose clochait avec ta tête. « Il suffit de trouver le bar en dehors de la ville et vous en verrez par dizaine ! » Tu y avais passé plus d'une soirée pour bien le connaître. D'extérieur il fait un peu mal famé et quand on y rentre, on a parfois l'impression d'être au milieu des membres d'un gang mais une fois la première bière avalée, on fini par s'y faire. « Après c’est sympa d’en avoir un ou deux pour faire une petite balade sur le littoral, ou même pour une petite course parce que la vitesse, ça nous prend vite. » Surtout pour toi. Tu adorais ça, pouvoir te confronter à quelqu'un comme tu l'avais fait avec Aaron des semaines de ça.

« J’avoue qu’aujourd’hui, je n’ai pas de voiture et soit je me déplace à pieds, soit j’ai la moto donc je ne connais plus ça. » Aujourd’hui tu serais vraiment incapable de dire ce que ça pouvait te faire d’être coincée sur la route à cause des bouchons puisque tu n’avais plus cette contrainte. Le fait d’avoir un deux roues te permettait de zigzaguer à ton bon vouloir et de ne pas être coincée. « Ah j’imagine bien. Sinon c’est plus pour les petits chatons coincés dans un arbre ou des incendies ? » demandais-tu avec un fin sourire. Tu ne t'intéressais pas assez à la presse local ou aux infos pour savoir s'il y avait beaucoup d'incendies à Bowen. Et puis c'était aussi dans les moeurs, on appelait les secours pour tout et n'importe quoi, surtout pour n'importe quoi dans 70% des cas. Ce n'était pas un métier toujours facile. « Vous venez de loin, c’est pas la porte à côté. Si c’est pas indiscret, c’était une mutation ou une décision personnelle ? » S'il ne tenait pas à te répondre, tu ne lui en tiendrais pas rigueur, il était assez rare qu'une personne se mette à raconter sa vie à la première personne qu'elle croise dans sa journée. Toi-même tu parlais, tu parlais, mais c'était plutôt des banalités, tu n'allais pas lui parler de ta famille, de tes amours, de tes amis. « Je sais pas, vous m’avez regardé étrangement lorsque je me suis présentée alors je me disais que je devais avoir un truc sur le visage. Mais passons. » Tu préférais passer à autre chose parce que sinon - te connaissant - tu allais vouloir pousser les choses très loin et ce n'était pas une bonne façon de te présenter. Tu ne voulais pas te montrer insistante, agressive et peut-être même insultante parce que tu avais le sang assez chaud. Il te suffisait d'un rien pour démarrer au quart de tour. « Un gang n’a jamais bonne réputation mais si on les fait pas chier, on a aucun problème. » ajoutais-tu doucement. En tout cas, tu n'en avais jamais eu. Tu n'avais jamais rien fait de mal à part prendre une bière, faire une pause pipi parce que ça pouvait s'imposer à toi parfois et tu ne cherchais pas forcément à discuter. C'était bien le seul endroit où tu ne jouais pas à la forte tête et où tu te faisais aussi petite qu'une souris. Tu tenais à ta vie tout de même. « Je pense qu’une fois qu’on est de l’autre côté dans ce genre de métier, on a plus de difficultés à se laisser aller. Pour la vitesse je me laisse porter mais pour manger n’importe quoi ou me gaver de sucreries, là je ne peux pas parce que quand je vois les dégâts sur les dents j’ai pas envie de m’infliger ça. » Déjà parce que tu tenais à avoir une très bonne santé et tu évitais très souvent la mal bouffe, il était rare de te trouver dans un fast-food à manger que des lipides. Parce qu'à part de la graisse et du sucres, il n'y avait pas grand chose. Donc tu comprenais très bien que lui avait du mal à jouer avec le feu et risquer de se cartonner à cause de la vitesse. Surtout que les accidents de la route pour les motards étaient relativement mortels.

Tu allais dans les extrêmes et pourtant tu pensais toucher vachement plus le milieu de son métier mais non, tu en étais vraiment très loin. Tu semblais même assez surprise par cette révélation parce que tu n'imaginais pas que tu puisses être aussi loin de la réalité. Mais s'il n'intervenait pas pour ça, pour quoi le faisait-il ? « En même temps, je crois que c'est l'image qu'on a des pompiers aujourd'hui, je ne suis pas certaine de trouver un cas dans le juste milieu, mis à part peut-être les accidents de la route ? » demandais-tu, curieuse d'en apprendre plus sur les actions des pompiers dans la ville de Bowen. Il y avait très peu d'infos relatant des incendies mais tu avais aussi l'impression qu'il y en avait très peu qui relataient des accidents de voitures ou tout autre véhicule. Il y avait quelques attaques de requins, mais même ça, ça devait pas faire plus de dix cas par an donc ce n'était pas non plus excessif. C'était peut-être plus pour tous les accidents de la vie, ceux qu'on ne voit pas, qu'on entend pas trop parler comme les brûlures, les chutes, les fractures. Même si tout ça dans ta tête, relevait plus des ambulanciers que des pompiers. « C'est souvent ce qui arrive. On finit par faire des rencontres, trouver des gens avec qui on se sent bien et puis l'envie de repartir n'est plus là même si c'était que pour quelques jours, semaines ou mois. » Tu disais ça avec tellement de facilité, qu'on pourrait croire que tu avais souvent voyagé mais la seule fois où tu avais quitté Bowen, tu n'avais pas été aussi captivé que lui et tu voulais rentrer au plus vite. « Oh ça oui ! » Des cons il y en aurait toujours et il y en aurait partout. Ce n'était pas toi qui allait faire une généralité là-dessus puisqu'elle était déjà existante. Et lui là, qui te semblait sympa pour le moment, pouvait cacher un gros con abjecte à qui tu aurais envie de péter les dents. Si c'est le cas, il cachait bien son jeu. « Peut-être mais pour le brossage de dents, c'est là que vous vous trompez. J'ai opéré plus de dents cariés de gens qui avaient une hygiène dentaire que de gens qui n'en avait pas du tout ! » Parce qu'on n'utilisait pas les bons outils, qu'on les utilisait n'importe comment et qu'au final, on faisait plus de dégâts sur l'émail qu'autre chose et qu'une fois parti, c'est la porte ouverte à toutes les bactéries. Après tu ne disais pas non plus que ne pas se brosser les dents étaient une meilleure option parce que tu avais déjà dû arracher toutes ses dents à une personne qui n'avait même pas atteint la trentaine et ça n'avait pas été une partie de plaisir.