healing ⁂ feat. Noam Fawkes

Invité

Alana avait pris son courage à deux mains et avait décidé de se rendre à l'hôpital afin de faire examiner les blessures causées par sa dernière fréquentation à Paris. Sans être la pire victime de violence conjugale au monde, disons qu'il ne l'avait pas manqué non plus. Elle portait un t-shirt gris à manches courtes et des jeans noirs accompagnés de ses fameux botillons bruns. Elle avait décidé d'y aller seule, ne voulant pas être un boulet pour son frère Alek.

L'hôpital était énorme et elle n'était pas certaine où se trouvait la clinique sans rendez-vous. Avec son sac à dos sur les épaules, elles déambulait dans les couloirs de l'hôpital à la recherche d'un panneau indiquant les différents pavillons. Plus elle cherchait, plus elle se disait qu'elle devrait retourner chez elle, n'ayant pas envie de devoir montrer ses blessures et raconter son histoire. Elle avait peur qu'on la blâme ou qu'on ne l'aide pas. Le stress commençait à monter et elle sentait une crise de panique venir. Arrivée au bout d'un couloir, un vrai cul de sac, elle décida de s'asseoir un instant sur un banc. Elle n'avait aucune idée d'où elle était.

Un jeune homme, quoique plus vieux qu'elle, qui semblait être un médecin puisqu'il portait un sarrau blanc sortit d'une salle et vit Alana presqu'en panique sur le banc. Elle croisa son regard et lui fit un sourire afin qu'il ne s'inquiète pas et la laisse tranquille. Elle regrettait de plus en plus d'être venue ici et avait juste une envie : retourner chez elle sous sa couverte au chaud et en sécurité. Il s'approcha d'elle et lui demanda si elle attendait quelqu'un. Elle vit son regard se tourner sur le haut de ses bras qui laissaient voir quelques hématomes bleus/noirs. Elle tenta de descendre ses manches rapidement le plus possible afin qu'il n'en voit pas trop. Elle se leva d'un bond.

Non tout va bien. Je pensais rencontrer quelqu'un ici, mais c'est ailleurs dit-elle en réalisant que son explication n'avait aucun sens lorsqu'elle vit un panneau qui indiquait qu'elle était dans le pavillon de la morgue.

Elle s'empressa de retourner sur ses pas et tenter de trouver la sortie afin de retourner chez elle, là où elle aurait dû rester aujourd'hui.

Invité

L'autopsie de ce matin était d'une difficulté sans nom. Il s'agissait d'un enfant et plus particulièrement d'un petit garçon de 6 ans, complètement inerte et couché sur ta table d'autopsie. Ce n'est pas la première fois que tu es confronté à une telle mort mais ça n'en est pas plus facile pour autant. Dans ce genre de moment, tu voudrais faire un métier des plus banales où ta simple préoccupation est de savoir combien de photocopies tu dois réaliser. Mais ton métier est une réelle vocation et tu te sentirais incapable d'en changer. C'est pourquoi, quand tu sens que ça devient trop difficile, tu vas prendre l'air et tu fais un point sur les plus belles choses de ta vie. Souvent, c'est libérateur et ça te permet de reprendre le cours de ton travail sans trop réfléchir. Mais lorsque tu quittes la morgue afin d'aller prendre l'air, tu repères une jeune femme à quelques mètres de toi. Elle est assise sur un banc et semble totalement perdue. Peut-être doit-elle venir identifier un proche ? Mais si c'est le cas, tu n'as pas été mis au courant. Du coup, afin d'être fixé au plus vite, tu t'approches, lui demandant si elle attend quelqu'un. Lorsque tu es assez proche d'elle, tu ne peux que remarquer ses bras, martelés de bleus. Tes sourcils se froncent, essayant d'analyser la situation qui se présente à toi. La jeune femme te donne une explication des plus inattendues et tente de s'enfuir au plus vite. Elle a sûrement dû voir ton regard insistant sur ses bleus et a préféré fuir plutôt que d'affronter le problème. C'est compréhensible mais tu n'es pas décidé à la laisser partir si facilement. Même si tu es médecin légiste, ça ne t'empêche pas d'avoir l'instinct de médecin et donc de vouloir sauver les gens à tout prix. Tu restes médecin après tout. « Attendez, ne partez pas... » Cries-tu afin que la jeune blonde t'entende. Tu n'es pas certain qu'elle t'écoutera mais tu es obligé d'au moins essayer. « Je connais peut-être la personne que vous attendiez. » Tu préfères calmer le jeu dans un premier temps avant d'être trop intrusif parce que si c'était le cas, la jeune femme prendrait sans aucun doute ses jambes à son cou et tu ne la reverrais plus jamais.

Invité

L’homme en sarrau blanc l’avait interpellé et lui avait demandé de revenir. Semblerait qu’il savait qui elle cherchait. Alana s’était arrêtée directe et se sentait maintenant piégée dans son mensonge, même si elle savait qu’il voulait simplement l’aide. Clairement il avait vu les bleus sur ses bras, elle n’avait pas réussi à les cacher assez rapidement. Sans se retourner elle dit :

Ah oui vous savez qui je cherche?

Puis elle se retourna et elle vit qu’il hocha la tête. Elle regarda par terre un peu honteuse. Même si elle avait encore une envie, presqu’une urgence de rentrer chez elle, elle savait qu’elle avait besoin d’aide et qu’il était peut-être celui-lui qui pouvait l’aider. Elle s’avança vers lui tranquillement, comme un chat qu’on essaie d’apprivoiser il lui laissait sa distance. Elle rabaissa mécaniquement les manches de son t-shirt, comme si le mal n’était pas déjà fait.

En fait je cherchais la clinique d’urgence...mais à voir le panneau sous ma tête je crois que je suis loin d’être à la bonne place dit Alana en regardant le panneau qui indiquait la morgue. Elle sourit un peu, trouvant l’affaire bien drôle malgré la tristesse de l’histoire. Elle observa subtilement l’homme qui se tenait devant elle. Il semblait un peu plus âgé qu’elle. Il était aussi plus grand. Le calme qu’il dégageait la calmait un peu. Elle vit une inscription sur son sarrau : Dr. N. Fawkes. Joli nom de famille pensa-t-elle.

Dr. Fawkes donc...vous pensez pouvoir m’aider? Pouvez-vous m’amener voir la personne que j’attends? dit-elle doucement, espérant qu’il allait lui dire ou elle devait se diriger. Après ce sera bien son choix si elle décide de s’y rendre ou si elle retourne chez elle. En ce moment elle voulait simplement se sortir de cette situation épineuse sans avoir à mentir davantage ou se mettre les pieds dans les plats comme elle venait de le faire. Elle se demandait tout de même ce qu’un médecin faisait ici, à la morgue. Les médecins ne sont-ils pas supposés guérir les vivants? Elle connaissait honnêtement peu le milieu médical. À part être allée voir sa mère à l’hôpital après son accident qui fut mortel, elle n’avait jamais mis les pieds dans un centre d’urgence. Et c’était très bien ainsi.

En passant je m’appelle Alana. Pas que ce soit important, mais bon... dit-elle en regardant encore ses pieds. Elle était terriblement gênée de la situation et n’osait pas croiser le regard du médecin.

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