Comme chien et chat. { Lisandro}

Lisandro a toujours été quelqu'un de sociable, une oreille attentive pour ceux qui auraient besoin de se confier. Aujourd'hui, rien de tout cela n'a vraiment changé, simplement qu'il se fait un peu moins sociable, préférant sa solitude et le silence à une conversation à laquelle il ne prendrait pas vraiment part. En revanche, il a toujours une oreille attentive, voilà pourquoi il avait demandé à Wyatt ce qui l'avait conduit ici.

Se confier dès le premier jour ? Il n'y croyait pas vraiment, mais il voulait essayer. Peut-être qu'il aurait pu le faire s'ils ne s'étaient pas tapés dessus quelques instants auparavant, mais Lisandro en doutait fort. Wyatt est comme lui, il est caché sous le masque de la souffrance qu'il porte mais qu'il n'arrive pas à partager avec qui que ce soit. Il est certain que la situation de Lisandro paraît moins importante que celle dans laquelle se trouvait son voisin, mais ce n'était pas pour autant qu'au niveau psychologiquement, ça n'avait pas le même impact sur leur quotidien. La preuve avait été sous leurs yeux il y a peu.

L'italien était resté évasif quant à la date depuis laquelle il était là. Arrivé en 2012 suite à la préparation pour un championnat, il avait cru qu'il avait toute la vie devant lui. Cet accident lui en rappelé que rien n'était jamais acquis dans la vie. Il était resté un an dans le coma et n'avait quasiment aucun souvenir de cette période. Bonne ou mauvaise chose ? Il n'en avait aucune idée.

" - Et bien, pour être franc, j'ai eu un accident de voiture et je suis resté un an dans le coma. Enfin c'est que les médecins m'ont dit, je n'ai pas vraiment de souvenirs de cette époque.. Du coup, ça fait deux ans que je suis comme ça, mais seulement un an que je me suis réveillé. Et quelques mois dans ce ... truc." fit-il en désignant son fauteuil.

Tout avait été bouleversé dans la vie du sportif au moment où son ancienne petite amie l'avait quitté, ça avait été la goutte de trop et c'est à ce moment qu'il a changé du tout au tout.

" - Non je ne suis pas marié, je ne suis pas en couple ou en concubinage, rien de tout ça. Et je n'ai aucune famille ici ou ailleurs." dit-il d'une voix assez ferme pour faire comprendre qu'il n'en dirait pas plus sur le sujet.

Il n'avait pas vraiment envie de s'étaler sur ce sujet, bien qu'il aurait pu ajouter qu'il n'avait jamais connu ses parents, qu'il avait erré de familles d'accueil en familles d'accueil, mais dans l'immédiat, il préférait le taire, pas encore totalement prêt à évoquer le sujet avec qui que ce soit, sauf ce psychologue qui essayait toujours de savoir le moindre détail de son passé.

Lisandro n'était jamais très bavard en temps normal, ce n'était pas le genre de personne à vous tenir la jambe une heure devant chez vous simplement pour vous parler de la pluie et du beau temps. Non, l'italien est plutôt du genre discret et assez mystérieux. Il a énormément de mal à accorder sa confiance en quelqu'un. En effet, ces quelques années à côtoyer des grandes personnes dans le football lui ont permis d'apprendre la véritable définition de l'amitié.

Pour avoir été ce qu'on peut appeler une poule aux yeux d'or, jeune joueur prometteur, beaucoup le voulaient dans leur club, c'est à ce moment que Lisandro a été approché par simple intérêt. Encore un peu naïf à l'époque, il a été épaulé par son coach qui lui a montré le véritable visage des gens. Ceux qui se disent copains simplement parce qu'ils y trouvent leur beurre, mais dès le premier obstacle qui vous lâche. Finalement ce n'était pas plus mal qu'il ne soit plus dans ce milieu où les gens n'hésitent pas à se servir de vous et à vous manipuler comme bon leur semble.

Sans vouloir vraiment répondre à Wyatt, le jeune basané se contenta de hocher la tête pour lui signifier que oui, c'était définitif. Selon les médecins en tout cas, car le jeune sportif n'avait pas dis son dernier mot, il était persuadé qu'il arriverai à remarcher à jour, mais quand ? Ça il était incapable de le prédire.

Depuis sa sortie du coma, la vie de l'italien n'avait rien de rose. Son ex petite amie l'avait quitté en apprenant qu'il allait finir ses jours dans un fauteuil, ne pouvant pas retourner chez lui directement, il avait passé plusieurs mois à l'hôpital, à devoir passer des examens et des examens tous les jours, shooté aux médicaments, il n'était que très rarement pleinement conscient. Mais aujourd'hui, il avait réussi à retourner chez lui, mais à quel prix ? Une aide à domicile s'occupait de lui au quotidien tandis qu'il avait des visites hebdomadaires à l'hôpital pour voir l'avancée de son état.

" - Hormis faire des aller-retour entre chez moi et l'hôpital, pas grand chose.. Et toi, tu es devenu militaire par envie ou par obligation ?"

Ce n'était pas compliqué de deviner qu'il était militaire, avec les propos que le psychologue avaient tenu quand Wyatt avait fait preuve de violence envers lui. Un sujet à éviter ? Peut-être après tout, si jamais Wyatt se braquait, Lisandro saurait à l'avenir que le sujet de l'armée est à éviter lors de leurs prochaines discussions. Parce que oui, les deux hommes allaient devoir se revoir s'ils voulaient tous les deux pouvoir continuer leur vie avec cette sensation de liberté qu'ils éprouvaient.

HRP:

Lisandro n'avait toujours pas accepté son statut de personne handicapée, et pourtant cela faisait officiellement an qu'il se trimballait avec où qu'il aille. Le plus dur, c'est d'accepter d'être réduit à ... rien surtout après avoir été un grand sportif, il ne se voyait pas réduit à passer le restant de ses jours assis. L'idée est dure à assimiler pour quelqu'un qui aime se balader, qui aime faire du sport mais il allait devoir s'y faire puisque visiblement c'était définitif.

Finalement, le jeune italien posa une question qui lui brûlait les lèvres dès lors qu'il rencontrait une personne militaire ou peu importe le métier. Était-ce par envie ou obligation ? Wyatt lui dit que c'était un mélange des deux, peut-être une enfant turbulent envoyé de force dans une école militaire, et au bout du compte, le bien fait était tel qu'il a apprécié et a continué sur cette voie là.

Après plusieurs minutes d'échange, le psychologue vient vers le binôme formé par les deux hommes et les propos qu'il venait de tenir étaient tout bonnement iréels. Une activité devait être faite une fois par semaine, jusque là tout allait bien, enfin à peu près étant donné l'atmosphère un peu tendue entre eux, mais le pire, c'est que comme s'il ne les croyait pas capable de respecter les règles, il fixa une autre chose, à savoir de prendre une photo à chacune d'entre elle afin d'avoir une véritable preuve de leur activité commune.

Lisandro s'apprêtait à répliquer quelque chose, mais il se rendit compte que c'était inutile. Quoiqu'il arrive, les deux hommes étaient désormais liés qu'ils le veuillent ou non. L'air renfermé, l'italien se contenta de secouer la tête lorsque le psychologue demanda s'ils avaient d'autres questions, puis il partit vers les autres pour s'assurer que tout s'était bien passé.

En son for intérieur, Lisandro ne put s'empêcher de soupirer. C'était vraiment de trop, après tout, il pouvait toujours voir Wyatt, prendre une photo et basta, mais quelque chose lui disait que si ça finissait par se savoir, il risquait de passer un mauvais quart d'heure et surtout, de devoir retourner à l'hôpital.

À la question du militaire, Lisandro haussa les épaules ce qui traduisait nettement sans manque d'entrain pour la suite des événements, mais ils n'avaient pas le choix, l'un comme l'autre.

" - J'en sais trop rien.. Peut-être que ce serait la meilleure solution oui ça nous laissera le temps d'y réfléchir."

Parce que là dans l'immédiat, il n'avait aucune idée du type d'activités qu'ils pourraient faire. La proposition de Wyatt était une bonne idée, pour ça fallait-il encore qu'ils apprécient le même genre de films, et puis, comme il le lui a si bien fait comprendre, au moins c'est une activité qu'il pourra faire malgré son fauteuil. Est-ce que c'était volontaire ou non, il n'en savait rien, mais ça n'empêchait que les propos tenus par son binôme ne mit pas Lisandro en confiance pour autant.

Le plus compliqué c'était surtout de trouver une activité où le jeune homme pourrait "participer" malgré son handicap, et vu qu'il n'avait plus goût en la vie depuis de longs mois, il avait tout bonnement envie de rien et encore moins de faire des efforts pour un type qui ne l'apprécie pas..