Maxim ◘ Run run

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Run run

AVEC MAXIM T. FLANDRE

A chaque soirée où tu travaillais, tu sortais du bar apaisé. Le piano avait un effet identique à ceux des pilules que tu avalais matin, midi et soir depuis des années. En bien moins cher. Même quand Astra ou quelque chose comme ça, une chanteuse connue apparemment, mais surtout, pour toi, la fille qui forçait pour que tu lui composes un morceau t’agressait presque quand tu t’apprêtais à rentrer chez toi ou avant que tu ne commences à jour, voire entre deux morceaux, tu restais relativement calme. Là était toute la complexité du cerveau humain, enfin, si on pouvait dire que le tien était encore humain. Mais bon, c’était une autre histoire, ça, histoire dont tu n’avais pas ou presque de souvenirs. Et comme Ryoku le disait : tu n’avais aucune envie de la connaître. Ce fut donc d’humeur relativement joyeuse que tu quittas ton lieu de travail et partis en direction de l’endroit où tu avais garé ta voiture. En chemin, tu croisas le chemin d’un ado taggant un mur. Après un instant d’hésitation, tu t’arrêtas et retiras tes écouteurs. Tu devrais bouger d’ici, y a les flics qui trainent souvent dans le coin à cette heure, lui conseillas-tu, mains dans les poches. Tu étais d’humeur altruiste ce soir, chose extrêmement rare, il avait de la chance.

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J’étais livré à moi-même depuis un peu plus d’une semaine. Partir de chez Eibell n’avait pas été un choix difficile à faire. Nous étions totalement incompatibles et vivre sous le même toit était devenu impossible. J’en étais arrivé à l’insulter et elle a devenir menaçante. La décision avait été rapide, clair et aussi limpide que possible. Je devais partir. N’ayant nulle part ou aller je me débrouillais comme je pouvais. J’avais trouvé refuge dans le vieux phare de Bowen, sur la falaise surplombant la plage.

Il faisait encore bon, j’utilisais donc les douches publiques de la plage pour me laver rapidement le soir tard ou le matin tôt. Pour manger, j’avais de la chance d’avoir de l’argent sur mon compte, notamment les assurances vies de mes parents. J’aurai pu largement me trouver un appartement et y vivre aisément avec l’argent que j’avais, mais je n’en ressentais pas le besoin et n’avait pas l’envie de dépenser cet argent. J’utilisais donc le stricte minimum. Ayant repris le chemin du lycée, j’essayais de me débrouiller comme je pouvais. Mais malgré une certaine « maturité » au niveau financier, j’en étais pas moins un petit con qui ressentait le besoin de faire des conneries. Peut-être parce que j’attendais que quelqu’un me recadre comme mes parents l’auraient fait ?

Ce soir là, j’étais sorti me défouler un peu, faire un tour en ville. Quelques jours auparavant, j’avais tagué un garage pour faire chier le supposé propriétaire. Sauf que je m’étais trompé de cible. Mais j’avais pris gout au tag, sauf que je voulais faire quelque chose que d’emmerder un mec. C’est donc avec mon sac en bandoulière rempli de quelques bombes que je me retrouvais face à ce mur. Je commençais le travail, dessinant un chamois sur un rocher, sur le mur passant. J’avais presque fini, taguant le rocher sous les sabots de l’animal lorsque je fus interpelé par un homme qui me fit sursauter.

L’homme était asiatique et il avait l’air jeune. Je regardais autour de nous, voir si quelqu’un d’autre était dans les parages. Pour le moment, rien à l’horizon, mais l’homme me prévins que des policiers patrouillaient un peu plus loin. J’haussais les épaules, un peu indifférent à l’idée de me faire prendre entrain de taguer. Au pire, ça emmerderait Eibell.

« - Merci pour l’info, mais… » commencais-je avant d’être interrompu.

« - Hey ! Vous deux ! Ne bougez plus ! » Hurla-t-on à votre encontre.

Je ne voyais pas les personnes qui avaient hurler ça, mais je me doutais qu’il devait s’agir des policiers en question. Et ils avaient probablement mis l’asiatique dans le même panier que moi. Dommage pour lui.

« -Cours ! » lui conseillais-je en me mettant à courir vers une autre ruelle en tentant de mettre la bombe de peinture dans mon sac en même temps…

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AVEC MAXIM T. FLANDRE

Attendant qu’il réponde, tu jetas un oeil à son tag, t’attendant à y voir de banales écritures, un ACAB ou ce genre de trucs que faisaient souvent les jeunes qui taguaient. Rien de tout ça. Un chamois sur un rocher. Pourquoi pas. T’avais beau parfois essayer, tu étais insensible aux arts visuels. Voire même à toute forme d’art. Littérature et musique exclues, évidemment. L’adolescent commença à répondre, mais fut rapidement interrompu. Hey ! Vous deux ! Ne bougez plus ! Tu sursautas lorsque les hurlements arrivèrent à tes oreilles. Et bah voilà ce que ça fait de vouloir rendre service. Pestant en japonais, tu te mis à courir derrière lui, enfin, à essayer. Non pas que tu n’étais pas sportif, enfin, tu ne l’étais pas, mais c’était surtout que ta force physique était déjà à peine suffisante pour te permettre de tenir une journée entière et que le cortex moteur de ton cerveau avait un peu disjoncté à force de subir des électrochocs trop forts. Tu jetas un coup d’oeil derrière ton épaule ; vous étiez bel et bien poursuivis par la police dont tu l’avais mis en garde quelques minutes plus tôt. C’était bien la peine. Le voyant galérer à ranger sa bombe de peinture dans son sac, tu l’attrapas et la fourras dans ta poche pour éviter qu’il la fasse tomber et ainsi laisser une trace du chemin que vous aviez empruntés. Apercevant un muret, tu attrapas la manche de son manteau et l’y tira, avec l’espoir que la cachette sera suffisamment bonne pour que vos traqueurs passent sans vous voir. Au cas où, il y avait une ruelle dans le sens opposé où vous pourriez reprendre la fuite. T’as intérêt d’avoir un plan pour nous sortir de là, j’ai eu assez d’emmerdes avec les flics comme ça, pas besoin d’en avoir d’autres, assuras-tu en lui tendant la bombe de peinture pour qu’il la range dans son sac avant que les policiers n’arrivent à votre niveau.

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L’adrénaline me pousse à courir, heureusement que je suis un sportif j’ai une excellente endurance. J’ai couru un moment dans les dédales de ruelles sombres et peu engageantes, l’asiatique sur mes talons, parfois à ma hauteur. Il a d’ailleurs la brillante idée de stopper notre course en m’attrapant le bras, m’attirant par surprise derrière un muret à l’abri des regards. Heureusement que je n’ai pas eu le réflexe de crier de surprise, par contre je tombe lourdement sur les fesses, ne m’attendant pas à cet arrêt brutal. « aïe » grincais-je en me massant le côté de la cuisse à défaut de mes fesses toujours contre le sol dur et sale. J’ai pas le temps de réalisé tout ce qui vient de se passer que la voix du ‘chinois’ retentit.

Juuzõ a écrit:: T’as intérêt d’avoir un plan pour nous sortir de là, j’ai eu assez d’emmerdes avec les flics comme ça, pas besoin d’en avoir d’autres

Je grince des dents, agacé et j’attrape la bombe qu’il me tend pour la glisser enfin dans mon sac sans même lui adresser un merci. Malpoli. Je réponds à sa volonté, faisant complètement abstraction de la suite de sa phrase. Si j’avais été plus attentif, j’aurai pu m’interroger sur les emmerdes qu’il a déjà eues. Sauf que ce n’est pas vraiment le bon moment là.

« - J’en avais un. Sauf que tu as stoppé la course. » balançais-je agacé, un peu de mauvaise foi.

En réalité, j’avais espéré les semer en courant. J’étais plutôt rapide, mais surtout, endurant. Le but étant de me réfugier ensuite jusque dans mon antre, là ou personne n’irait chercher. Je reste silencieux un moment, guettant le moindre signe de présence, en vain. J’en profite donc pour murmurer quelques mots à mon compagnon d’infortune.

« - Suis-moi. » souffles-tu en te redressant doucement, regardant par-dessus le muret si une silhouette de policier se profiler à l’horizon. Rien en vue, j’en profitais donc pour me redresser complètement et je restais de ce côté du muret, parcourant une certaine distance à grande enjambée avant d’arriver à la fin de la ruelle. C’est à ce moment là que les deux policiers en patrouilles nous repérèrent à nouveau. « Et merde ! Grouilles-toi ! » lançais-je en me mettant à courir en contrebas vers la plage.

Nous courûmes plus difficilement sur la plage, le sable ralentissant notre course. J’entraînais l’homme avec moi vers le haut de la plage, longeant les bois derrière et je l’invitais rapidement à me suivre, en m’enfonçant à travers les arbres. J’avançais rapidement, entendant encore les policiers sur la plage, nous ordonner de nous montrer. Quelques minutes plus tard, nous étions au pied du vieux phare, sur la falaise. Je souris soulagé, conscient que les flics ne viendront jamais jusqu’ici.

« - On est tranquille là au moins ! » riais-je doucement, l’adrénaline s’envolant peu à peu.

J’ouvris la porte du vieux phare ou Lokhen, mon chien des Pyrénées en sortit aussitôt, me tournant autour pour fêter mon retour, comme chaque jour.

« - Au fait, je m’appelle Max. Merci de m’avoir prévenu pour les flics. Et … Désolé pour t’avoir mêler à tout ça. » soufflais-je, un peu plus reconnaissant envers lui à présent.

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AVEC MAXIM T. FLANDRE

J’en avais un. Sauf que tu as stoppé la course. Il pensait être en droit de faire l’innocent, de dire que c’était toi qui était fautif ? Il était sérieux ? Tu ne répondis rien, ça n’en valait pas la peine. Mais t’avais bien envie de lui mettre ton poing dans la figure quand même, histoire de bien lui faire comprendre qu’on ne t’accusait pas sans raison. Et même avec une raison. Surtout que tu voyais pas trop quel plan il pouvait avoir, hormis continuer de courir. Sauf que t’aurais pas pu suivre longtemps. Il jeta un oeil derrière le muret, probablement pour s’assurer que vous aviez réussi à semer les flics. Obéissant, tu commenças à le suivre. Vous aviez l’air de leur avoir échappé, mais tu préférais ne pas crier victoire trop tôt. Les policiers et autres militaires étaient une espèce coriace, dure à exterminer. Et tu les détestais, même si, techniquement, tu étais toi aussi employé par le gouvernement. Sans l’avoir demandé. Contre ton gré. Donc autant dire que t’en avais un peu rien à faire. Au loin, tu revis vos poursuivants. Tu accéléras le pas, mais l’adolescent parla trop fort et attira leur attention. C’est malin, tu aurais rien dit ils ne nous auraient probablement pas vus !, soupiras-tu en reprenant la course, tentant de rester à peu près à sa hauteur pour ne pas le perdre. Vous arrivâtes sur la plage, aussitôt tu accéléras, malgré le sable te rendant la tâche compliquée. Instinct de survie. Vous passâtes par un espace remplis d’arbres, jusqu’à arriver en haut de la falaise. Tu entendais de loin les policiers continuer de s’égosiller. Bah ouais, fallait courir plus vite, dommage ! Des aboiements te tirèrent de ta contemplation du sable encore visible au loin. Tu écarquillas les yeux, surpris. C’était quoi ce truc ?? Un chien ? Ca pouvait être aussi grand que ça, un chien ? On en apprend tout les jours. Tu te demandas ensuite ce que son chien faisait là. Il vivait ici ? A son âge ? Il se présenta, et te remercia enfin. Mieux vaut tard que jamais. Juuzô. Et ouais, j’espère bien que t’es désolé. J’vais encore avoir des problèmes, je devrais être chez moi vu l’heure. Les joies de la liberté conditionnelle. Tu doutais du fait que tu risquais réellement d’être renvoyé en prison si tu ne respectais pas tes heures de sortie, mais fallait pas tenter le diable non plus.

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Juuzõ a écrit:: C’est malin, tu aurais rien dit ils ne nous auraient probablement pas vus !

Sur l’instant, je le regarde avec agacement, l’envie de lui remettre les idées en place me traverse même l’esprit. Sauf que ce n’est pas le moment et que le plus important, c’est de leur échapper. Alors j’ai tourné plusieurs fois ma langue dans ma bouche, et j’ai rien dis.

Finalement, nous sommes arrivés au phare sans difficulté. Les policiers ne viendront certainement pas nous chercher ici. On est suffisamment loin de la plage pour que personne ne nous trouve. Lokhen est content de me retrouver, comme toujours. Faut dire que j’ai avec lui une relation fusionnelle. Pour beaucoup, ça peut surprendre, mais après ce qu’on a traversé, ce n’est pas aussi étonnant que ça. Je m’abaisse un peu, caressant mon chien à la taille immense.

Juuzõ a écrit:: Et ouais, j’espère bien que t’es désolé. J’vais encore avoir des problèmes, je devrais être chez moi vu l’heure.

Mon regard agacé se pose sur le prénommé Juuzõ. Je sais que je suis mal placé pour parler puisque je suis un peu pareil que lui niveau caractère, mais merde, je l’ai quand même sorti de l’impasse alors que les flics et c’est comme ça qu’il réagit.

« - Si t’as un problème tu peux toujours retourner en ville. » balancais-je sur la défensive.

Par contre, il me paraît un peu âgé pour avoir un couvre-feu, mais je peux me tromper.. Je fronce les sourcils et me redresse pour être le mieux possible à sa hauteur, n’étant pas très grand.

« - T’es sérieux ? » demandais-je, les sourcils froncés « T’as famille t’attends ? » demandais-je, me demandant s’il ne vivait pas encore chez ses parents. A moins qu’il était lui-même un père de famille. C’était difficile à dire et je ne voulais pas dire de connerie. « Tu devrais attendre un peu que les flics abandonnent, on ne sait jamais s’ils traînent encore dans les parages. Enfin comme tu veux. » Lui dis-tu en rentrant dans le phare, « tu veux boire un soda ? » proposes-tu ayant pas grand-chose malheureusement à lui proposer. Tu restes sur le pas de la porte du phare, attendant sa réponse.

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AVEC MAXIM T. FLANDRE

Tu levas les yeux au ciel à sa remarque. Ouais c’est ça, tu vas rentrer, croiser les flics, les accompagner au poste et encore avoir des problèmes car la parole d’un criminel bien qu’officiellement innocenté, ça n’a aucune valeur. T’es sérieux ? Ta famille t’attends ? Ah, l’innocence de la jeunesse. Sa question t’arracha un sourire amusé. Ca faisait longtemps que tu ne pouvais plus dire avoir de la famille se souciant de toi. Ta mère ne voulait plus entendre parler de toi et tu détestais ton père. Le reste de ta famille, tu ne les connaissais pas vraiment, donc personne ne pouvait t’attendre. Et tant mieux, la liberté était bien plus intéressante que ces relations humaines. Sauf que justement, le problème était que tu n’avais pas ta liberté en intégralité. Non, c’est juste que je suis censé être en liberté conditionnelle et donc ne pas traîner dehors à n’importe quelle heure. D’ailleurs, ça te faisait penser qu’étant trop facilement localisable, t’allais sûrement avoir le double de problèmes, si les flics faisaient le lien entre ta localisation, ton retard et les deux “délinquants” en fuite. Tu devrais attendre un peu que les flics abandonnent, on ne sait jamais s’ils traînent encore dans les parages. Enfin comme tu veux. Tu veux boire un soda ? Ouais non, ça ira, je préfère ne pas les croiser. Et ouais je veux bien, merci, répondis-tu en entrant à ton tour. Tu jetas un oeil curieux à l’intérieur du phare, tu n’avais jamais mis les pieds dans ce genre de lieu.

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Je m’approche doucement de la falaise, et je vois deux lumières au loin, c’est certainement les policiers qui sont encore entrain de nous chercher sur la plage, Heureusement, ils sont bien trop loin pour nous voir et même imaginer qu’on ait pu se rapatrier ici. Nous sommes donc tranquille.

L’intérieur du phare est plutôt simple. La pièce est circulaire un escalier au fond qui monte jusqu’en haut du phare. A mi-hauteur, il y a une autre pièce. Mais en général, je reste en bas pour plus de facilité, surtout que je n’ai nettoyé que cette partie là. Le confort y est très sommaire. J’y ai installé mon sac de couchage dans un coin avec mon sac à dos et une valise avec des vêtements. Au pied du sac de couchage, mes livres de cours. De l’autre côté de la pièce, les gamelles de Lokhen et les quelques provisions que je fais au fur et a mesure, sans rentrer dans l’excès, et tout est parfaitement ranger, pour le peu que j’ai. J’ai juste le nécessaire pour tenir trois jours tout au plus. Ça ne sert à rien d’avoir plus, surtout que je ne sais pas comment les choses peuvent tourner pour moi. C’est une situation précaire mais qui me convient pour le moment. C’est mieux ça que de retourner vivre chez Elle.

Alors qu’il rentre dans le phare et qu’il observe l’environnement, il m’avoue être en liberté conditionnelle, et je me fige, stupéfait. Je le dévisage un moment, me demandant même s’il ne se fout pas de ma tête. Il a pas la tête d’un délinquant pourtant, et puis la conditionnelle…. Il devait avoir fait quelque chose de grave pour avoir fait de la prison. « En conditionnelle ? » demandais-je pas certain que ce soit bien ce que j’imagine. Après tout, peut-être que l’idée que je m’en faisais à travers les séries télés américaines que je regardais auparavant est fausse et que c’est rien d’important. « Qu’est-ce que t’as fais ? » demandeais-je en lui donnant un soda, sans prendre de gants dans mes questions personnelles.

J’étais intrigué, mais je n’étais pour le moment, pas effrayé. En général, je suis plutôt confiant et apaisé en compagnie de mon chien, je n’aurai certainement pas réagis avec autant de calme s’il m’avait dit ça dans la ruelle ou nous nous sommes rencontrés.

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AVEC MAXIM T. FLANDRE

Après avoir entendu ta réponse, il se mit à te dévisager bizarrement, avant de répéter tes mots. C’est sûr que c’est moins commun que de devoir rentrer à une certaine heure pour retrouver sa famille. Paraît que tu devais éviter de parler de ton passage en prison, que tu devrais t’en vouloir de ce que tu avais fait. On t’avait volé suffisamment de liberté entre tes hospitalisations et ton emprisonnement pour que tu écoutes ces conseils à deux balles.

Tu attrapas la canette qu’il te tendait avant de répondre à sa question. Oh, rien qui aurait pu me faire éviter la peine de mort, si je n’avais pas eu de circonstances atténuantes, déclaras-tu, ponctuant ta réponse du pschit de l’ouverture de la canette. Ca, c’était une certitude que tu avais échappé de pas grand chose à la peine de mort. Probablement car il n’y avait pas eu de condamnation depuis plusieurs années, et surtout grâce à l’expertise médicale.

Parler de meurtres comme si tu parlais de ce que tu avais fait le week end dernier était tout à fait normal pour toi. L’adolescent n’avait pas l’air choqué, effrayé ou autre donc peu importe. Et même s’il l’avait été, ça n’aurait pas été ton problème. Tu repris ton observation des lieux, localisant par automatisme les sorties possibles.

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Nous étions à présent dans le phare, à l’abri du vent marin qui s’était levé dehors. L’éclairage était sommaire, tu avais quelques lampes Led et des bougies pour éclairer la pièce à défaut d’avoir de l’électricité ici. Il devait probablement y avoir un moyen pour la réactivée, mais j’y connaissais fichtrement rien là-dedans et je n’allais pas tenter le diable.

Je m’étais assis sur mon « lit » d’infortune, à même le sol. L’installation sommaire pouvait surprendre, mais par chance, j’avais une bonne faculté d’adaptation grâce au camping sauvage que j’avais l’habitude de pratiquer en France. Lokhen est allongé à côté de moi, ça tête reposant sur ma jambe que je caresse en geste de réconfort. Le pauvre, je lui en fais subir des choses depuis la mort des parents. Sans cérémonie, je lui ai demandé ce qu’il avait bien pu faire pour être en liberté surveillée. Sa réponse fait froid dans le dos, et j’écarquilles les yeux de stupeur. Le silence s’installe alors que je le dévisage avant de me laisser aller à ricaner.

« - La peine de mort ? Ouais c’est ça ! » balançais-je cynique. J’étais persuadé qu’il se foutait simplement de ma gueule. Je ne savais pas que j’avais une tête de naïf, mais même avec mon jeune âge, c’est un peu gros pour que je le crois. « T’es pas obligé de dire des conneries hein. Si tu ne veux pas répondre, ne réponds pas plutôt que de dire des trucs aussi stupide. » soufflais-je, vexé qu’il le prenne pour un idiot, montrant qu’il n’était pas dupe et qu’il ne le croyait pas.

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AVEC MAXIM T. FLANDRE

Assis sur son sac de couchage, il écarquilla les yeux, probablement plus de surprise que de choc, avant de commencer à ricaner et t'accuser de mentir. Il ne te croyait pas ? T'aurais été de plus mauvaise humeur, tu lui aurais sûrement fait regretter ses paroles. Mais tu ne bougeas pas d'un pas. Peut-être parce que t'avais pas envie de ressortir, de prendre le risque de tomber sur les flics, et surtout que ton regard se pose sur l'horizon. Tout le monde a des faiblesses. Toi compris, même si tu ne l'avouerais sous aucun prétexte. Plus que des faiblesses, tu avais des peurs. Même une phobie. Et l'avouer, c'était inenvisageable.

Tout comme prendre le risque que ton regard se perde sur l'étendue d'eau dehors. Prendre le risque que la soirée parte en crise d'angoisse en quelques secondes était hors de question. Tentant de ne plus penser à tout ça, tu balayas le sol du regard. Pas de trace de son portable. Tant pis, tu allais devoir utiliser tes données mobiles. Tu ouvris youtube, tapai le nom sous lequel tes meurtres étaient connus et tombai sur une qui avait apparemment déjà été visionnée, d'une chaîne que tu suivais. Consacrée aux serial killers. Tu balançai le portable à l'adolescent, suivi de ton passeport pour attester de ton identité. Vérifie toi-même, alors. Tu portais la canette à tes lèvres. Attention, si ça se trouve il a été embauché par la CIA pour t'empoisonner… Obéissant à ton hallucination auditive, tu te ravisas.

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Pourquoi un meurtrier serait-il en liberté ? D’accord, je n’avais que quinze ans, presque seize, mais je n’étais pas aussi stupide que je le laissais paraître. Je n’allais pas croire ses affabulations et je ne comprenais pas quel était l’intérêt de passer pour un tueur. Il voulait se foutre de ma gueule, je lui riais donc ouvertement à la sienne.

Je l’observais à la dérobé, prendre son téléphone, et pianoter dessus rapidement tout en continuant à caresser la tête de Lokhen. Quelques secondes plus tard, il me balança son mobile que je réceptionnais à la hâte, manquant de le faire tomber sur le sol. Je regardais l’écran ou une vidéo parlait d’un tueur en série qui ressemblait étrangement au mec devant moi. Pour le coup, je commençais à flipper un peu. Le nom du tueur défilait sur l’écran et le passeport du mec s’échoua à côté de toi. Après un regard inquiet en sa direction, tu pris doucement le passeport et l’ouvrit à la page d’identité. Oh merde. Je blêmis sans même m’en rendre compte. Ce gars que j’avais invité dans mon antre était un vrai psychopathe, un tueur en série. Mais bordel, que faisait-il ici à Bowen au lieu d’être sur la chaise électrique ? « Bordel » soufflais-je sans pouvoir me retenir, complètement sonné par le choc de la nouvelle. Je me relevais doucement sous le regard de mon chien, sans quitter Juuzõ Wamuro – puisque c’est visiblement son nom- des yeux. Je dois admettre que pour le coup, j’ai qu’une envie, c’est de détaler comme un lapin, très loin d’ici, sauf qu’il est toujours prés de l’entrée, et que je préfère garder mes distances, par précaution. « Ce… C’est toi qui a fait ça ? » soufflais-je complètement abasourdi par cette découverte hors-norme.

Pour la première fois depuis la mort de mes parents, je me sentais vivant. Peut-être parce que je me sentais bougrement en danger maintenant. J’attrape doucement le collier de Lokhen pour le forcer à se lever aussi et à bien rester à côté de moi. D’habitude, la présence de mon chien me rassure, mais là, rien y fait, je suis à la limite de me pisser dessus. Lokhen doit sentir ma peur parce qu’il me donne des légers coups de museau dans la main ou je tiens le téléphone du tueur. Je reste figé sur place, terrifié et silencieux, sans quitter mon regard de mon invité plus tellement le bienvenu.

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AVEC MAXIM T. FLANDRE

Ton sourire s'élargissais tandis que son visage semblait se décomposer. C'est lui qui avait voulu savoir. Tu n'avais fait que répondre à sa question. Puis prouver tes dires. Et puis ça va, c'est pas la mort non plus d'être coincé avec un tueur en série. Hormis ton psychiatre, t'avais jamais tenté de tuer un homme. Ils en parlaient pas de ton type de victime de prédilection dans la vidéo ? Tu étais sûr que si, c'était l'un des points essentiels de Satan Strangler.

Vos regards se croisèrent. Il finit par attraper ton passeport et l'ouvrit. Tu restas impassible, même si tu mourrais intérieurement de rire. Il t'avait entraîné avec lui dans sa fuite, tu n'avais rien fait. Ce… C'est toi qui a fait ça ? Wow. T'es vraiment lent cérébralement toi, soupiras-tu. Dix minutes auparavant il aurait sûrement mal réagit à ta remarque, mais ça t'étonnerait qu'il réponde quoi que ce soit, maintenant.

Tandis qu'il se relevait, tu posas ta canette au sol et te rapprocha de lui. Je ne fais que ramasser mon passeport et mon portable, déclaras-tu en le voyant s'agripper au collier de son chien géant. Tes affaires récupérées, tu reculas, et t'assis contre le mur. C'est bon détends-toi, t'es pas une femme, si ? Le seul homme que j'ai essayé de tuer c'est mon psychiatre. Et c'était à cause de la schizophrénie. Donc tu peux respirer, le pire qui pourrait t'arriver c'est que je parte en délire car je ne suis plus sous traitement, ou qu'une de mes personnalités sorte et commence à te draguer. Toi tenter de détendre l'atmosphère, qui plus est avec un inconnu, ça devait être la première fois que ça arrivait.

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J’étais ni plus, ni moins, en compagnie d’un taré psychopathe qui tuait des gens et qui avait été libéré pour je ne sais quelle raison. Il fallait dire que j »avais bugger sur son identité associée au mot sérial killer et que je n’avais pas vraiment fait attention à tout ce qui ce disait dans la vidéo. Maintenant, je devais me dépêtrer de cette merde et changer tout bonnement de refuge.

Juuzo a écrit:: Wow. T'es vraiment lent cérébralement toi

Il est sérieux ? Je le dévisage, silencieux. Il a une case en moins ou quoi ? Il me balance que c’est un sérial killer, tranquille. Il s’attend à quoi au juste ? Que je lui paie un verre et que je papote sur ses pulsions meurtrières, genre à la cool ? Tiens ça me fait penser… Si j’ai bien saisi la vidéo, il tue des femmes blondes. Je pourrais peut-être lui présenter Eibell ? Oh j’suis vache là. Okay, je peux pas me la voir, mais je vais pas lui foutre un tueur dans les pattes quand même ! Quoique…

Enfin, je m’abstiens de répondre à sa réplique, ne voulant pas lui faire changer de type de victime malgré moi, ce serait con quand même. Tu t’accroches à Lokhen, pour te sentir un peu plus en confiance et te donner du courage alors qu’il s’approche de toi. Il tente quelque chose comme pour te rassurer, mais ça échoue lamentablement. Je vais le croire ouais.

Juuzo a écrit:: C'est bon détends-toi, t'es pas une femme, si ? Le seul homme que j'ai essayé de tuer c'est mon psychiatre. Et c'était à cause de la schizophrénie. Donc tu peux respirer, le pire qui pourrait t'arriver c'est que je parte en délire car je ne suis plus sous traitement, ou qu'une de mes personnalités sorte et commence à te draguer.

Schizophrénie ? Non mais il a raison le mec, je vais pouvoir me calmer maintenant. Me voilà totalement rassurer. Je garde l’ironie dans mes pensées, et j’évite de les partager avec lui, j’ai beau paraître suicidaire, je ne veux pas passer l’arme à gauche pour autant. « Le prends pas mal hein, mais… Pourquoi t’es pas en taule ? » demandes-tu hésitant, masquant comme tu le pouvais ta peur.

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AVEC MAXIM T. FLANDRE

Il te regardas comme si tu avais une case en moins. Tu ris intérieurement. Ah, si seulement il ne t’en manquait qu’une… c’était tout un carton qui n’avait pas été livré. Entre la schizophrénie, le TDI, la psychopathie, ta relation et surtout tes sentiments plus que malsains envers ta mère, y avait de quoi faire en psychothérapie. Tu partis ramasser tes affaires, tu le sentis plus que tendu, et ta tentative de le détendre un peu échoua.

Il finit par te demander ce que tu faisais en liberté. S’il savait… Enfin, même toi tu ne savais pas vraiment, en fait. Ca, c’est une toute autre histoire. Et puis, ma place serait plus en HP qu’en taule, en fait. Retiens juste qu’officiellement, j’ai été innocenté et qu’il y en a un autre qui est à ma place. On m’a dit de la fermer et de m’en tenir à la version officielle, c’est ce que je fais… quand je suis en présence de représentant de l’autorité ou que j’ai l’impression d’être surveillé. Une si grande fierté, je vais quand même pas ne pas m’en vanter ! Certains étaient fiers de leurs diplômes, toi de tes meurtres… En même temps, tu n’avais pas de diplômes dont être fier, vu qu’on t’avait volé ta jeunesse. Même le temps que tu as tenu en médecine ne peux pas te rendre fier de toi.

Détends-toi, je t’assure que je vais pas te tuer. Qu’est-ce que je peux dire pour te rassurer ? J’ai été tellement shooté aux médocs que j’ai plus de force physique, je peux à peine courir. Et puis… C’est qu’un gamin, il ira rien répéter, et tu lui as trop foutu la trouille pour qu’il songe à le faire. C’est peut-être la seule chose qui pourrait détendre l’atmosphère. Tu comptais ne jamais en parler à personne, mais pas le choix. Et puis t’es clairement en position de force par rapport à moi. Non seulement physique, mais je suis très sérieusement mal à la simple idée de penser au fait qu’on est juste à côté d’autant d’eau. Ta voix trahit la difficulté que tu eus à prononcer ces quelques mots. Il avait intérêt de déstresser, que tu ne te sois pas humilié toi-même pour rien.

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