-hot- when you touch me, it's so powerful (ruby)

La remarque d’Alfie me trouble et je me tourne vers lui. mon sourire a disparu cette fois-ci. j’étais persuadée d’avorter avant d’en ressentir les effets. Lorsque tout n’était pas réel. Et puis, je me suis mise à penser à mes parents. A ce que dirait ma mère si jamais je prenais cette décision. Elle avait le même âge que moi lorsqu’elle nous a eus ma sœur et moi. Je sens ce flot de culpabilité alors je reste muette. Je décide de rester muette. Je n’ai pas envie de répondre et je le sais encore un peu saoul malgré l’intensité de ce rapport. Je doute qu’il débourre comme ça d’un coup de baguette magique. « Le patchouli, c’est une senteur de gel de douche. » Je prends la petite bouteille rose pour lui faire sentir. « c’est ce que je sens avec la rose de temps en temps. » Je lui souris avant de commencer à le laver. Tout en douceur ce qui contrastait avec l’ébat d’il y a quelques minutes. Mes doigts et la fleur de douche courent sur sa peau et je continue de le regarder comme fascinée. « Je crois que je me lasserai jamais de ce spectacle. » J’ai un petit sourire avant de me mettre sur la pointe des pieds pour déposer un baiser beaucoup plus doux et affectueux sur ses lèvres. Je finis par sortir de la salle de bain pour me blottir contre lui. je lève alors un regard interrogateur sur lui. « Il faut que je te montre quelque chose. » je baisse alors le regard, sentant les larmes me monter aux yeux. « Je ne sais pas si je serai assez forte. Je ne sais pas si j’en aurai le courage… » Je m’écarte alors avec tristesse de lui pour enfiler un peignoir et aller me mettre dans le salon. Là, je sors les films que ma sœur m’avaient offerts une année. Qu’elle avait fait mettre sur un DVD pour moi. je mets le premier dans le lecteur pour rester devant tandis que l’on peut voir ma mère avec deux têtes rousses identiques à l’écran. Ma mère avait les mêmes cheveux que moi, les mêmes yeux, on se ressemblait trop toutes les trois tandis que Larà était le portrait craché de mon père. Je m’approche pour toucher l’écran tandis qu’une larme roule sur ma joue.

Effectivement, il reconnait bien son odeur lorsqu'elle appuie sur le flacon afin de lui faire sentir le gel douche. Il se contente de hocher la tête sans avoir ni l'envie ni le courage de débattre pendant une demie-heure sur des produits pour le corps. Mais malgré le mélange de vodka et de whisky qui court dans ses veines, Alfie arrive à sentir ce changement à peine perceptible dans la voix de Ruby. Elle complimente son corps et pourtant, il a l'impression que quelque chose vient de changer. Elle installe une distance qu'il ressent probablement plus que si il était sobre, ou que si il ne venait pas de partager un moment intime des plus intenses. Il la veut proche de lui alors qu'elle, elle commence à s'éloigner. « Ça peut attendre si t'as besoin de temps. Mais sinon, je suis là si ça devient trop pénible pour toi. » Après l'avoir libérée de sa prison, il la regarde enfiler un peignoir avant de quitter la salle de bain, prenant la direction du salon. Alfie enfile à nouveau ses vêtements en espérant qu'ils ne sentent pas trop l'alcool mais heureusement, ceux-ci ont été épargnés des effluves du bar. Il rejoint Ruby et lève les yeux vers l'écran de la télévision. Sur celui-ci, il peut y voir une femme en compagnie de trois petites filles. Deux rousses, une blonde, et il devine que l'une d'elle doit être Ruby. Immobile, sa main posé sur le canapé, il ne peut détacher ses yeux de l'écran pendant qu'il fait la rencontre de sa famille. Il se souvient à quel point la perte de sa soeur a été une épreuve terrible pour elle, il ne s'en souvient que trop bien puisqu'elle a introduit la soirée où a eu lieu leur premier baiser. Il se remémore la tristesse dans ses yeux lorsqu'elle en parlait, cette souffrance dans sa voix qu'elle tentait pourtant de cacher, la recouvrant à l'aide de paroles bien plus confiantes, comme un masque qu'elle avait enfilé pour l'empêcher de voir ses fêlures. Pris de remords, il ne peut empêcher à son cœur de se serrer. Il aurait voulu être là pour elle, être capable de remplacer ses idées de mort par des envies de vivre. Il aurait aimé combler son chagrin à l'aide de moments légers comme ceux qu'ils ont déjà vécus, ne pas arriver trop tard pour pouvoir empêcher à ses larmes de couler. Sans faire un bruit, il s'approche de Ruby et enroule ses bras autour de ses épaules avant d'appuyer sa joue contre la sienne. « Je suis désolé, » lui souffle-t-il, sincère. « Je suis désolé qu'ils ne soient plus là pour voir la personne extraordinaire que t'es devenue, désolé qu'ils ne pourront pas assister à ta remise des prix de la meilleure actrice, et à celui de miss... monde, univers, jesaisplusquoi. » Il s'écarte d'elle et la tire pour la main pour qu'elle puisse lui faire face. « Mais moi je serai là, et je serai ton plus grand supporter. Le plus bruyant sûrement, et le plus casse-pied. Celui qui criera dans le public "hey regardez, c'est ma copine". Mais tu vas devoir faire avec parce que... Je suis attaché à toi. Nan, pire. Je suis amoureux de toi, Ruby Phelps. »

Il ne se passait pas un jour sans que j’y pense. J’étais de ces filles niaises très proches de sa famille. Ma mère était une véritable mère poule. Elle accueillait toujours toutes mes copines à grands bras ouverts. Lorsque j’ai vu Harry Potter pour la première fois et que j’ai vu Molly Weasley, elle m’a rappelé ma mère. Certes ma mère était comme moi. Grande, mince, des yeux clairs et le même nez que moi. on aurait pu nous prendre pour des triplés avec Sally. Puis lors du décès de Larà survenue un an plus tôt, quelque chose est mort en elle. Est mort en nous tous. Lorsque je suis entrée dans cette chambre et que j’ai découvert le corps inerte de ma petite sœur, mon corps a cessé de battre pour la première fois. C’est Freja qui m’a ramenée à la vie. Avec son rire, sa tendresse, sa gentillesse. Elle était la quatrième femme du clan McPhelps. Ma vie n’était qu’une série de morts et de désolation. Et je ne voulais plus de ça. Lorsque j’avais vu les traces de piqûres sur les bras de ma meilleure amie, ça m’a rappelé ma petite sœur. Et j’ai peur de la perdre elle aussi. Je portais la vie en moi et je m’apprêtai à l’ôter. J’étais un monstre. Lorsque je vois ma mère avec nous trois dans notre jardin, je me rends compte que je n’y arriverai pas. Mes parents ne me verront jamais marcher jusqu’à l’autel, avoir des enfants. Ils ne sont plus là. Mon père était avec moi lors des Golden Globes l’année dernière et il avait applaudi si fort que ça m’avait gêné. Et maintenant, je pensais à ces moments volés, ces moments que je ne vivrai plus. Je sors de ma torpeur lorsque les bras d’Alfie viennent m’entourer et je me laisse aller contre lui. Je me laisse faire lorsqu’il me tire vers lui pour que je le regarde dans les yeux. je l’écoute me parler et un petit sourire niais commence à naitre sur mes lèvres. « Je suis amoureux de toi, Ruby Phelps. » Cette phrase me pétrifie sur place. Comme si la foudre venait de me frapper. Mon cœur loupe un battement pendant un quart de seconde et je le fixe sans comprendre. Alors, je romps la distance entre nos corps pour venir caresser doucement sa joue du bout de mes doigts. « Dès l’instant où t’as joué les sauveurs j’ai su que je t’aimais, dis-je d’une voix douce, pas un amour d’adolescente ou une passade. Juste que je t’aimais. » Je prends une profonde inspiration. «je sais que t’as eu plein de filles. Je sais que t’as eu des moments assez sombres mais t’es la lumière dans ma vie. c'est toi, c'est devenu une évidence. » Les larmes me viennent aux yeux. il est ma lumière comme Freja l’a été avant que je ne le rencontre. J’attrape ses deux mains avant de venir les poser sur mon ventre plat. « Tha mi gad ghràdh, murmurai-je du bout des lèvres en baissant un instant le regard. » Puis, je me mets à plonger dans ses yeux noirs d’encre, son regard chaud comme un chocolat en plein hiver. « ça veut dire « te quiero » mais dans ma langue natale. » Derrière nous un éclat de rire se fait entendre et l’on voit une petite fille jouer avec un cerf-volant. « C’est moi, dis-je en lui montrant la petite fille, j’avais huit ans. »

Probablement qu'il ne pourra jamais vraiment comprendre cette souffrance par laquelle elle est passée, celle même qui doit quelques fois la maintenir dans cette torpeur de mélancolie qui ajoute un air de tristesse à ses si beaux traits. Alfie n'a jamais eu de bonnes relations avec ses parents. Ils ont toujours été si différents, dans deux mondes totalement opposés qui ne pourront jamais se rencontrer. Il a osé partir, quitter ses terres natales en ne pensant jamais se retourner. Il l'a fait pour sa soeur, la seule et unique capable de rompre sa promesse de non-retour adressée à une mère qui ne l'écoutait de toute façon pas. Alors pour ça, pour cette amour inconditionnel qu'il porte à ses deux cadettes, il peut essayer d'imaginer le quart qu'elle doit ressentir en cet instant pendant qu'elle visionne des images de son passé. Les mots qu'il a prononcés ne sont pas sortis grâce à l'alcool. Un Alfie bourré est un Alfie qui parle beaucoup pour ne rien dire, un assemblage de conneries sans queue ni tête qu'il finit bien rapidement par oublier. Mais ça, ses mots, ce n'est pas une connerie. C'est un sentiment qui s'est éveillé en lui lorsqu'il a croisé son regard en retournant au Hendrix, minuscule pressentiment qu'il a laissé grandir jusqu'à ne plus savoir le garder pour lui. Dans d'autres circonstances, il se figerait en s'entendant prononcer de tels aveux. Il se souvient de ce sentiment désagréable qui lui avait retourné les tripes quand il avait dit à Jordan qu'il était attaché à elle, de la peur grandissante que ça ne suffise à la faire partir à nouveau. Sauf qu'avec Ruby, il arrive à ne plus être effrayé. Il se fout de tout, des autres, du monde, tant qu'il est avec elle. Et sûrement que l'alcool aura rendu ce moment de confession prématuré, mais il aurait fini par arriver un jour ou un autre. Elle le dit elle-même, il en a connu des filles durant ces périodes de sa vie où son coeur était fermé à la moindre once de sentiment. Et pourtant, Ruby est sa première. C'est étrange, effrayant. Exaltant. Il laisse ses mains prendre place contre son ventre plat tout en l'écoutant parler encore une fois dans sa langue dansante. « Faudra que tu me l'écrives, parce que j'arriverai jamais à le retenir sinon. » Un sourire en coin vient illuminer ses traits avant qu'un rire n'attire soudainement son attention. Alfie se tourne vers l'écran et s'attendrit devant une Ruby de huit ans, si petite et si innocente. « J'aurais tué pour un cerf-volant comme le tien. À la place, je devais me contenter d'une salle d'arcade de le sous-sol pour ne pas traîner dans les pattes de mon père. » Il s'empare de sa main et l'attire en direction du canapé avant de s'y laisser tomber. « Fais-moi découvrir ton monde, j'ai toujours voulu voir l'Ecosse, » ajoute-t-il en l'attirant un peu plus contre lui jusqu'à ressentir le confort de cette bulle qui se met à lentement les entourer, les plongeant dans un univers où le temps ne passe plus, et où l'Espagne et l'Ecosse ne font qu'un.

Lorsque je suis face à lui, je suis encore une fois de plus frappée par sa beauté. Sa beauté exotique. Je le regarde avec des yeux éveillés lorsqu’il me parle. Ses mots sont maladroits, sa voix mal assurée et pourtant le message est clair. Il est amoureux de moi. Mon tout petit cœur meurtri se réveille peu à peu. Déjà grâce au retour de ma meilleure amie en ville, grâce au retour de l’homme de ma vie aussi. Car il était l’homme de ma vie, j’en étais certaine. Je n’étais pas le genre de femme qui donnait son cœur à tout le monde. Je ne le donnais qu’à une personne que je jugeai bon de le mériter. Et il le méritait cent fois. je viens caresser son visage et je souris lorsqu’il me parle de ma langue natale. L’écossais. Nous ne l’employions pas beaucoup lorsque nous étions entre nous avec ma sœur car nous avions un langage secret. Un peu comme avec Freja. Mais j’avais envie de parler cette langue qui me brûlait la langue jusqu’à ce soir. Le sentiment était si beau tout comme l’instant et je voulais le capturer, le mettre dans une petite boite pour éviter qu’il ne s’envole. Je me mets contre lui pour soupirer d’aise. « Promis, je te l’écrirai et je l’épinglerai sur ton frigo pour que tous tes colocataires voient que t’as une amoureuse. » Voilà que je parlais comme une enfant. Je caresse doucement le bas de son dos lorsqu’il se tourne vers l’écran. On me voit avec mon beau cerf-volant en courant. Avec ma sœur, nous avons faits les 400 coups. « mon père passait son temps dans la distillerie familiale donc on ne le voyait pas beaucoup. Je ne sais pas par quoi tu es passé, mon cœur mais je te promets que notre futur sera plus radieux que notre passé. » J’avais dit ceci en caressant sa joue pour venir déposer mes lèvres sur les siennes à nouveau. J’étais accro à ses baisers, à son corps et à lui tout entier. Je retire ma main avant de faire la moue. « Pour regarder des films, il faut à manger et j’ai fait de la pizza un peu plus tôt dans la journée. » Je me dirige vers la cuisine avant d’aller chercher à manger et de me lover contre lui comme un gros chat. « Mon véritable nom c’est McPhelps et j’ai grandi dans les highlands. Un véritable clan. Nous étions des vrais clichés, enfin nous sommes car j’ai encore de la famille. » Je me penche pour attraper la télécommande et avancer à un autre passage. Nous étions maintenant adolescentes. Sally était à mes côtés. Des copies conformes. Notre mère nous bassinait pour nous prendre en photos avant notre bal de promo. Sally posait toute fière devant l’objectif tandis que je me cachai derrière la porte d’entrée pour ne pas oser entrer. « J’ai fait reconstruire le manoir. Et je compte m’y rendre dans pas longtemps. » je lève alors les yeux vers lui pour lui poser la question. « tu voudras venir avec moi ? Découvrir l’Ecosse de tes propres yeux ? »

La réflexion de Ruby arrive à lui tirer un sourire amusé. Sur ses trois nouveaux colocataires, il est certain qu'une est déjà bien au courant de leur histoire et que les deux autres n'en ont pas vraiment grand chose à faire. Lui qui n'a jamais été du genre à parler de sa vie même à ses plus proches amis, il y a cependant une personne qu'il se devra de mettre au courant avant qu'elle ne l'apprenne par quelqu'un d'autre que lui. Nevaeh. Il imagine déjà sa réaction malgré ses idées toujours embrouillées, il la voit bondir sur place avant de lui cogner le bras pour ne pas lui en avoir parlé plus tôt. Car c'est qu'il commence à bien la connaître sa meilleure amie, qu'il est même capable de prévoir ses réactions à force d'avoir dû y faire face. Il ne répond d'abord pas, se contentant de regarder l'écran pendant que, petit à petit, l'effet de l'alcool sur ses neurones laisse place à un grand état de fatigue. Mais à ce qu'elle ajoute par la suite, il ne peut s'empêcher de sourire. « Je n'en doute pas. » Il ne peut qu'être mieux leur futur, qu'il soit bref ou en longueur. Alfie tourne la tête pour pouvoir croiser le regard de Ruby et, en la voyant se hausser sur la pointe de ses pieds, il se penche en avant afin de capturer ses lèvres dans un baiser doux, innocent, presque fragile. Il l'attire jusqu'au canapé, sauf qu'elle s'extirpe de son emprise afin d'aller leur chercher de quoi manger. « Oh oui, de la pizza ! » s'exclame-t-il en laissant tomber sa tête sur le dos du canapé. « T'es parfaite, j'ai tellement la dalle. » Il n'a plus mangé depuis midi, et il doit déjà être dans les environs de quatre heures du matin. Quand elle revient vers lui, il continue de fixer l'écran en attendant qu'elle remette play, l'entourant de son bras tout en s'en laissant un libre pour la pizza. « McPhelps, vraiment ? T'es une sorte de... lord, ou quelque chose comme ça ? » ajoute-t-il avant de rire à ses propres bêtises. Il regarde Ruby adolescente dans l'ombre de sa soeur, sûrement Sally. Les deux gamines se ressemblent et pourtant, la confiance qui se dégage de celle en premier plan contraste avec la timidité de Ruby. Il la trouve adorable, même à cet âge. Quand elle lui pose la question de savoir si il voudrait l'accompagner en Écosse, dans son manoir de lord, Alfie fait rouler sa tête sur le coté pour pouvoir une nouvelle fois contempler la Ruby du présent. « Je peux pas dire non à un manoir, » dit-il dans un premier temps avant de recouvrer son sérieux. « Ça me ferait plaisir, sincèrement. »

Je me rends compte que je suis sans doute trop niaise pour lui. J’ai toujours été comme ça, depuis toute petite. J’étais comme la petite Raiponce qui regardait les lumières s’envoler dans le ciel. Je voulais croire en l’amour. Celui de mes parents était pur. Ils se sont toujours aimé malgré les épreuves et j’ai toujours voulu ressentir le même amour. Le fait que ma mère levait les yeux vers mon père et on pouvait voir qu’il n’y avait qu’eux sur Terre. Sally n’était pas pour moi. pour elle, l’amour ne se résumait pas à une seule personne. Mais pour moi, si. « Désolée, je suis sans doute trop niaise encore. » J’éclate de rire avant de me coller sur la pointe des pieds pour venir à la rencontre de ses lèvres. C’est si doux, si naturel que je voudrais garder l’instant en tête. Même s’il est saoul. J’aimais bien le Alfie saoul, presque autant que le Alfie sobre. En un sens, le voir dans cet état ne put qu’accroitre ma confiance lui et les sentiments que j’avais à son encontre. « C’est ce que j’ai dit à Orson lorsque j’ai emménagé, j’adore faire la cuisine. Je fais tout le temps des gâteaux, plein plein de trucs à manger. Vous allez finir par grossir avec moi. » Comme moi en fait. Puisque j’avais plus ou moins prise ma décision. J’attrape un morceau de pizza que je mange par le côté bien cuit de la pâte. J’ai toujours mangé mes pizzas à l’envers. Toujours aussi bizarre cette fichue Ruby. « hm, non, non pas un Lord. Un laird. Lorsque mon père a ouvert sa distillerie, il a abandonné son véritable nom. Il était le chef du clan des MacPherson. Mais comme ma mère était une coigreach, une Irlandaise, il a dû abandonner ses fonctions et l’a épousé quand même. Le manoir était dans ma famille depuis des générations. Mais comme Murtagh –mon père- a eu trois filles, il revient maintenant à son frère la charge de chef de clan. Ainsi en devenant McPhelps mais en continuant à abhorrer le blason, le tartan et la devise des McPherson, nous sommes restés protégés et nous devions payer nos rentes au chef comme un droit de rester sur leurs terres. » Le système était sans doute trop compliqué pour Alfie. Alors, je dénude mon poignet pour l’ouvrir paume vers le haut et lui montrer mon tatouage. « Le crest est le symbole de notre clan. Le nôtre il s’agit d’un chat assez féroce. « Touch not a cat bot a glove, murmurai-je avec l’accent écossais. » J’allonge mes jambes tout en regardant les images. Puis tout naturellement, je lui propose de venir avec moi lorsque le manoir sera reconstruit. Je lui fais mon plus beau sourire. « Cool. On se fera ça un peu plus tard. Le temps que je finisse Anastasia et que toi, tu reprennes tes marques ici. Ça ferait mauvais genre pour le patron de récupérer le bar et se tirer à l’écossaise avec une rouquine pour aller voir son pays. » Je dépose un baiser sur sa joue avant de me coller un peu plus à lui. « tu sais que jusque-là, on n’a jamais fait l’amour dans un lit. Ça doit être trop classique pour nous ! »

Il n'est pas romantique, Alfie. Il n'a jamais pensé à ce qui peut faire plaisir à une fille lorsque ça dépasse le domaine du charnel. Il n'a même jamais su trouver les mots qu'il faut afin de les faire rester parce qu'il n'en avait pas envie, qu'ils partaient toujours d'un commun accord que ce n'était pas fait pour durer. Il ne doute pas qu'un jour, Ruby finisse par trouver sa présence comme étant insuffisante. L'idée ne lui a jamais traversé l'esprit jusqu'à présent et pourtant, dans cet état désagréable qu'est le moment où l'alcool quitte son corps comme une âme quitterait la chair d'un homme, il se met à penser qu'il ne pourrait pas être assez bien pour elle. Elle mérite tellement mieux qu'un pauvre barman sans argent qui a passé des nuits et des matinées bourré, drogué, perdu dans des ruelles. Et pourtant, dans toute cette horde d'hommes parfaits qu'elle pourrait facilement avoir à ses pieds, cette fille aux multiples talents et au charme incontestable l'aura choisi lui. « Ça me dérange pas, j'aime bien quand tu l'es. Ça me donne l'impression d'être quelqu'un de bien. » Il sourit sans penser qu'en disant ça, il pourrait la laisser croire qu'il manque de confiance en lui. Ce n'est pas tant un complexe qui l'anime, plus un sentiment que face à une fille comme Ruby, il ne vaut pas grand chose. Il l'écoute parler de son amour pour la cuisine, pour qu'ensuite elle ne se mette à divaguer sur toute cette histoire concernant sa famille et leurs titres de noblesse. Tout en restant attentif, Alfie attrape une part de pizza et la dévore en seulement trois bouchées. Lui aussi pourrait lui servir un récit du même genre sur sa famille, sauf qu'il ne s'inclurait pas dedans. Ses parents sont des personnes à bonne réputation dans son pays et pourtant, peu sont au courant de toutes les affaires foireuses dans lesquelles ils sont fourrés. Il n'a même pas envie d'en parler à vrai dire, il préfère essayer de déchiffrer tous les mots prononcés par Ruby et de comprendre quel est au final son véritable nom de famille. « Ton père avait l'air d'être un homme bien, » se contente-t-il de dire, fixant l'écran sans écouter le son qui se dégage de la télé. Mais lorsqu'elle lui tend son poignet pour lui montrer le tatouage encré dans sa peau, Alfie détourne son attention de l'enregistrement et effleure le dessin à l'aide de son pouce. « J'aime beaucoup, » décrète-t-il avant de faire retomber sa main entre ses jambes. Aller en Écosse serait une première pour lui mais, même si l'idée le tente, il se voit mal partir alors qu'il vient à peine de revenir. Heureusement pour lui, Ruby semble l'avoir compris. « C'est vrai, j'ai pas envie de perdre mon bar pour de bon. On trouvera bien un moment. » Il s'enfonce un peu plus dans le canapé et laisse sa tête s'appuyer sur celle de Ruby. Sa remarque le fait rire. « C'est vrai, trop conventionnel pour nous. » Il commence à machinalement lui caresser l'avant-bras, sentant ses paupières devenir de plus en plus lourdes. « On peut régler ça si tu veux mais pas avant demain alors, je serais incapable de te fournir une bonne performance actuellement, » ajoute-t-il avec un sourire amusé.

Je le regarde avec incompréhension. Il me l’avait déjà dit que j’étais soi-disant trop bien pour lui. mais je m’en fichai. Je ne suis qu’une personne normale tout comme lui. Alors, je lève les yeux au ciel avant de venir l’embrasser. De la manière la plus douce qui soit. Je caresse tendrement sa joue avant de le forcer à me regarder. « Hé, t’es quelqu’un de bien. Arrête d’en douter sinon je ne serai pas tombée amoureuse de toi, Alfie. » Une tendre sourire vint naitre sur mes lèvres et j’enfouis pendant un instant ma tête dans son cou avant d’aller chercher à manger. Puis, je lui parle de mon pays et de notre drôle de hiérarchie. Mon père avait fui ses engagements pour épouser ma mère et en avoir trois enfants. Ce qui faisait de nous des parias un peu comme les Weasley dans Harry Potter. Mais au moins, nous étions heureux en notre sens avec notre scotch, nos animaux et notre petite famille. Comme toutes les familles, elle n’était pas parfaite mais je m’en fichai. Et il me manquait de plus en plus chaque jour. « mes parents étaient des gens bien. Et puis, tu l’aurais adoré. Il aimait le bon alcool. Nous faisions l’un des meilleurs scotchs d’Ecosse. » J’éclate de rire. Je devrais perpétuer la tradition mais mon oncle s’en chargeait. Je ne voulais pas retourner vivre de manière permanente en Ecosse. Je ne voulais plus. Lorsqu’il caresse le crest de ma famille, je me lève pour défaire mon peignoir. Je sais qu’il n’y avait jamais vraiment fait attention. Je lui montre alors mon aine où trônait une Sally. Celle de l’Etrange noël de M. Jack. « Ce tatouage-là, il est pour ma sœur. Nous avions le même. C’est assez drôle car elle s’appelait comme elle mais j’étais celle qui lui ressemblait. » Puis sur mon épaule, on pouvait voir une plume, magnifique, parfaitement bien dessiné. « il est pour Larà car elle s’est envolée comme la plume à la fin de Forrest Gump. » Je finis par poser ma jambe sur la sienne avant de dévoiler ma cheville. Un Zéro parfait était retracé avec son nez rouge. Toujours dans l’univers de Burton. « pas besoin de te dire d’où vient celui-ci. » Toujours aussi doucement, je dévoile mon autre poignet où trône trois petites pattes qui remontent le long de ma paume pour s’arrêter en-dessous de mon pouce. « Pour monsieur moustache et pour finir… » Je tends mon doigt où trône le symbole de l’infini. « Pour Freja. » je sais que pour certaines personnes, je gâche mon corps mais en un sens, il y avait une partie de mon histoire dessus. Je voulais leur rendre hommage de bien des façons. Je remets mon vêtement avant de me coller un peu plus pour lui avant d’aborder l’Ecosse. « j’ai pas envie que tu perdes ton bar, non plus. C’est mon endroit favori de Bowen, après tes bras bien sûr. » j’esquisse un sourire en le regardant. Son rire grave résonne dans l’appartement et je suis contente qu’il soit là. Je me redresse alors pour me mettre à califourchon sur ses genoux. Il était en train de s’endormir. Je ne réponds pas à sa demande, je me contente de le fixer avec intensité. Puis, je me penche pour venir sceller nos lèvres à nouveau. Avec la tendresse dont j’étais capable et tous les sentiments que j’avais pour lui. Je voyais bien qu’il était fatigué et moi aussi suite à ma grossesse. Doucement, je chuchote contre ses lèvres. « Mo ghaol, demain, après-demain, le jour suivant, celui d’après, je suis à toi toute entière. » Je ne sais pas pourquoi je voulais lui dire maintenant. Ni pourquoi je le dis d’ailleurs. Puis, je me lève avant de prendre Monsieur Moustache dans les bras. Ce dernier grimpe le long de mon avant-bras pour venir trouver sa place sur mon épaule. D’un geste, j’éteins la télé et je tends la main vers Alfie. « tu viens, mo ghaol, il est l’heure pour toi d’aller se coucher et pour moi de venir me blottir dans tes bras. Ne m’en veux mais mon petit bonhomme dort tout le temps avec moi. donc il risque de venir dodo au-dessus de ta tête en ronronnant. » Je me penche pour lui faire un sourire lumineux. « ça atténuera le mal de crâne du lendemain matin. »

Il s'est toujours foutu d'être une bonne personne. Un gamin turbulent, un adolescent en décalage avec les valeurs de ses parents. Un jeune adulte trop rêveur, qui ne tenait pas en place. Il a connu les rumeurs sur lui, les insultes dans son dos qui rebondissait sur lui sans que ça ne lui fasse le moindre effet. Et pourtant, ce soir, Alfie aime à penser qu'il est une bonne personne pour Ruby. Il n'en a rien à faire qu'il le soit pour les autres, il veut seulement l'être pour elle. Ce soir, demain, les jours qui suivront. Elle a amené dans sa vie une étincelle qu'il n'avait jusque là jamais connue, d'abord aveuglante puis finalement apaisante. Elle se disait être l'ombre, il se souvient même qu'elle l'avait qualifié comme le soleil et ses rayons. Et pourtant, elle est celle qui amène la lumière dans son obscurité. Un nouveau sourire naît sur ses lèvres quand elle lui parle de ses parents, de leur scotch. Sa voix est si douce quand elle parle d'eux, un brin nostalgique. Elle ne méritait pas de perdre cette partie de sa vie, et jamais Alfie ne pourra combler ce manque qu'elle ressentira probablement à jamais. « J'aimerais un de vos scotchs à servir au Hendrix, on l’appellerait... » Il tend ses mains en l'air et mime un titre d'affiche. « Le McPhelps. » Il ne sait pas si ce serait possible, mais il en serait ravi. Il le vendrait plus cher que les autres, ne le recommanderait qu'à ses meilleurs clients. Lorsque Ruby commence à énumérer ses différents tatouages, il se tourne vers elle et les admire un à un avec l'envie de tous les retracer du bout des doigts. Il a toujours aimé les tatouages, trouvant que c'est une sorte d'art qu'on trace de manière permanente sur la peau. Lui-même en possède un à l'arrière de son bras droit, mais celui-ci n'a pas vraiment de signification contrairement à ceux de Ruby. « J'aime tes références, elles me rappellent les films que je regardais avec mes deux petites soeurs. Mais mon préféré, c'est lui, » dit-il avant de poser son doigt au niveau de ses côtes, sous sa poitrine, avec un sourire malicieux qui étire ses lèvres. Elle revient ensuite sur l'Ecosse, mais aussi sur le Hendrix. « Je suis assez fier de ce bar. Et puis si il n'avait jamais été mien, je ne t'y aurais pas trouvée. Je serais passé à coté, et peut-être qu'on aurait continué à se rater de près sans arrêt. » Il se fait tard, son corps entier le lui fait comprendre en se faisant de plus en plus lourd. Avoir Ruby assise sur ses genoux suffit cependant à le réveiller. Il sourit à ce qu'elle lui dit et glisse ses mains au niveau de ses hanches avant de redresser la tête pour pouvoir l'embrasser. « J'aime ce plan. » Il quitte le canapé, attrape cette main tendue, et se dirige avec elle jusqu'à sa chambre. « C'est bon, on est ok lui et moi maintenant, n'est-ce pas buddy ? » Alfie regarde le chat qui ne lui répond évidemment pas. Il s'empresse de retirer son pantalon, son t-shirt, et se blottit dans les couvertures de Ruby qui lui font le même effet que si il venait de se coucher sur un nuage. « Je suis content de t'avoir là, dans mes bras, » dit-il d'une voix endormie, ses paupières déjà fermées pendant qu'il emprisonne Ruby dans ses bras. « Dans ma vie, » ajoute-t-il avant de définitivement sombrer, son dernier souffle avant qu'il ne tombe dans les bras de Morphée.

Avec Alfie, rien n’était gagné, n’était acquis. Alors que je suis blottie contre lui, partiellement réveillée, je m’en rends compte. Mes doigts caressent doucement son torse dénudé et je me rends compte de la chance que j’ai de l’avoir auprès de moi. cette nuit, demain, après-demain. Je me rends compte qu’il désormais la personne la plus importante dans ma vie. Me détachant un peu de lui tout en délicatesse, je me levai pour aller faire mes tâches matinales. Il avait besoin de repos, il avait besoin de sommeil. Il était arrivé tard et dans un état. Le pauvre. Je le regarde et il a l’air si paisible lorsqu’il dort. Alors, je tends le bras pour attraper mon téléphone et le prendre en photo. Puis, sur la pointe des pieds, je quitte la chambre. J’attrape ses vêtements éparpillés dans l’appartement pour les mettre dans la machine à laver en programme rapide. Ils sentaient l’alcool. Il ne pouvait pas remettre ça. puis, après avoir reçu un accueil chaleureux de Zéro, je nourris toute ma famille animalière avant de m’habiller pour aller faire mon footing. Le bébé avait l’air de se tenir tranquille. Peut-être dormait-il encore ? J’espère. J’enfile mes baskets, mets mes écouteurs et je file courir vingt minutes. Je ne vais jamais très loin de toute façon. Appâtée par l’odeur d’une boulangerie, j’entre nous acheter des viennoiseries avant d’en grignoter une sur le passage. J’ai tout le temps la dalle de toute façon. Une fois rentrée, je mets la cafetière en marche. J’ai toujours besoin d’un bon café le matin. Je défais mes vêtements de sport, vide la machine qui est terminée avant de coller les affaires dans le sèche-linge, les remplacer par mes fringues sentant la sueur. Une fois dans la salle de bain, je mets mon téléphone en symbiose avec mon enceinte bluetooth waterproof pour me glisser sous le jet d’eau chaude. Puis, je commence doucement à fredonner Journey to the past du show Anastasia avant de me mettre à chanter tout en lavant mes cheveux. Pour une fois que la vie était belle, je comptais bien en profiter et laisser mon passé derrière moi.

Il serait capable de compter les fois où il s'est réveillé aux cotés d'une fille tant elles sont peu nombreuses. Souvent, soit elle quittait son appartement avant le réveil des autres, soit lui le faisait lorsqu'il n'était pas chez lui. Et il s'en portait bien jusqu'à présent, il n'a encore jamais connu la douceur d'un café au petit matin en compagnie de celle avec qui il a passé la nuit. À la place, il se réveillait aux cotés de Nevaeh et Grace. Ils les écoutait sans les entendre, souvent encore saoul de la veille. Ou encore, il passait la matinée entière à dormir jusqu'à ce que l'appartement soit vidé de toute présence. Ce matin pourtant, il ne reconnait pas le plafond de sa chambre. Il lui faut un moment avant de réaliser qu'il a déménagé, un autre encore avant de se rappeler qu'il est chez Ruby. Alfie tente de se redresser, sauf qu'un puissant mal de tête le force à rester coucher encore quelques minutes. Ses paupières toujours fermées, il tâtonne l'autre coté du lit et découvre que celui-ci est vide. En dépit des marteaux piqueurs qui s'acharnent actuellement sur chaque neurone de son cerveau, Alfie s'extirpe des couvertures et cherche après son t-shirt, une main portée à sa tête. Introuvable. Il se lève, marche jusqu'à la porte, et l'ouvre avant d'entendre une mélodie en direction de la salle de bain. Un sourire vient étirer ses lèvres quand il reconnait la voix de Ruby superposée sur une chanson qu'il ne connaît pas. Sans trop savoir quoi faire, il continue en direction du salon et repère immédiatement la cafetière dans laquelle coule le miracle des anti gueules de bois. « Amen, » souffle-t-il, pourtant non croyant, avant de chercher après une tasse pour s'en servir une. Il pourrait faire comme la veille, rejoindre Ruby tout comme elle l'avait fait lorsqu'il se trouvait sous la douche. Mais vu son état, Alfie a plus besoin d'un café et d'un silence total que d'une seconde partie de jambes en l'air.

Je ne pouvais jamais rester bien longtemps inactive. Je devais sans cesse me mettre en mouvement. Déjà quand j’étais petite. J’avais donc eu le temps de mettre les vêtements d’Alfie au sale, de sortir Zéro, partir courir, aller chercher le petit déjeuner et de me mettre sous la douche pour détendre mes muscles. Naturellement j’en viens à chanter les musiques que je répétais pour mon film. Puis, je sors, les cheveux humides pour enfiler un débardeur et un mini-short. C’est à ce moment-là qu’une nouvelle nausée m’assaille et que je me retrouve à vomir mes tripes dans les toilettes. J’en ai marre. Si c’est ça être enceinte, je ne veux jamais d’enfants. Je me redresse, contente que la musique ait couvert le bruit de mes vomissements avant de me brosser les dents, les cheveux et quitter la salle de bain. Tout en chantonnant légèrement pour ne pas réveiller Alfie, je vais jusqu’au séchoir pour en sortir les vêtements encore chauds. Je lisse le tee-shirt du plat de ma main pour qu’il ne soit pas fripé. Balançant les vêtements sur mon épaule, je fis un nouveau détour par la pharmacie pour en sortir un doliprane. Après et seulement après, je vais dans la cuisine. C’est là que je vois Alfie. Et je le trouve magnifique. Même pas réveillé, il est beau. La vie est injuste. Doucement sans bruit, je passe doucement mes bras autour de sa taille pour coller ma tête contre son dos. Cherchant sa main vacante, j’y glisse le médicament avant de m’éloigner. Puis, sans bruit, je me verse une tasse de café avant de grimper sur le plan de travail et de croiser les jambes en souriant. « Bonjour, murmurai-je de ma voix la plus douce, j’ai lavé tes vêtements. Ils sentaient trop l’alcool. » je bats des cils, n’osant poser la question car si ça se trouve il ne se souvenait de rien. Ni de sa déclaration, ni du reste et je ne voulais pas passer pour une idiote finie.

Il a toujours été doté de ce métabolisme solide qui l'empêche de ne pratiquement jamais être malade, même après avoir bu jusqu'à ne plus savoir debout. Ce n'est rien d'autre qu'une migraine, un mal de tête qui finira par passer quand il l'aura oubliée. Appuyé contre le meuble de la cuisine, Alfie fixe sa tasse sans vraiment la regarder. Il est à mi-chemin entre la lune et ses pensées, des débuts de songes qui n'ont pas de fin et qui finissent par s'évaporer telle la fumée qui s'échappe de sa tasse. Il ne bouge pas et pourtant, sentir la peau de Ruby se coller à la sienne suffit à remettre en marche tout son corps en entier. Un frisson lui parcourt le dos, un sourire étire ses lèvres, et son regard absent s'éveille à nouveau pour venir regarder ce qu'elle vient de glisser dans sa main. Oh toi, doux paracétamol, héros de tous les aventuriers nocturnes. Sans attendre plus longtemps, il glisse le médicament entre ses lèvres et l'avale à l'aide d'une gorgée de café. Après une longue expiration, Alfie redresse la tête et son regard croise les grands yeux brillants de Ruby. « Bonjour, » lui répond-il de son air toujours endormi, la caféine n'ayant toujours pas fait le tour de son système sanguin. Malgré ça, il lève naturellement une main jusqu'à son visage, effleure sa joue de ses doigts pour venir les poser dans le creux de son cou, puis se penche brièvement afin de pouvoir capturer ses lèvres dans un rapide baiser. « Merci, je crois que j'aurais préféré sortir à poil dehors que de ré-enfiler ce que j'avais hier. » Il fait retomber sa main avant de prendre place entre les jambes de Ruby, caressant sa cuisse d'une main tandis que l'autre tient toujours sa précieuse tasse. « Je m'excuse, j'étais vraiment une épave, je crois que j'avais plus autant bu depuis... wow, facilement un an. J'espère que je n'ai pas été une plaie, » ajoute-t-il en la regardant avec des yeux de chiot.

Lorsqu’il m’embrasse, je sens mon petit cœur qui s’emballe. Je lui souris de manière niaise sans réellement y faire gaffe. Lorsqu’il effleure ma joue, je suis prise d’un frisson. J’ai toujours ses vêtements sur mes épaules et il est toujours en boxer devant moi. Je pense que je ne me lasserai jamais de ce spectacle. Du fait d’être auprès d’Alfie. « C’est normal. J’allais faire une lessive comme je suis allée faire mon footing donc autant faire d’une pierre deux coups. » Je lui fais un petit clin d’œil lorsque je me mordille la lèvre inférieure, sentant ses doigts qui caressent ma cuisse. « Non ça va. T’étais pas une épave. C’est pas toi qui as fini par vomir dans l’évier, murmurai-je en riant, c’est moi. » Une question me trotte toujours en tête et j’en viens à me mâchouiller nerveusement la lèvre. « tu te souviens de quoi ? » Faites qu’il fut sincère, faites qu’il fut sincère. J’attends sa réponse, mon petit cœur affolé au bord des lèvres.