-hot- when you touch me, it's so powerful (ruby)

Et pendant tout ce temps, lui dormait. Il en avait besoin, le décalage horaire entre l'Espagne et l'Australie avait suffi à totalement dérégler son cycle de sommeil au point qu'il n'arrivait pas à fermer l'oeil avant au moins trois heures. Il se contente dans un premier temps de hocher la tête tout en laissant ses doigts remonter le long de sa cuisse dénudée, jusqu'à son short. Il suit son mouvement de main du regard, apprécie la douceur de sa peau, mais finit par relever les yeux vers son visage avec un sourire amusé. « C'est vrai ça, franchement, tu devrais penser à contrôler ta consommation. » Sauf qu'il sait que ce n'est pas à cause de l'alcool qu'elle a été malade. Il la sait enceinte d'un autre type disparu dans la nature, pour peu de temps heureusement. Bien vite, Alfie s'empresse d'effacer cette pensée de son esprit et plisse légèrement les paupières lorsqu'elle pose la question de ses souvenirs. Rares sont les fois où il a eu affaire à des trous de mémoire, du moins avec l'alcool. Ses souvenirs sont flous, certes, mais au moins ils sont toujours présents. « Je me souviens avoir marché dehors, longtemps, très longtemps. Puis... je suis arrivé ici, et t'avais ton chat sur l'épaule. Je m'en souviens parce que j'ai d'abord cru que c'était comme ces écharpes à poils qu'ont les stars, tu vois ? » Il sirote une nouvelle gorgée de son café avant de se mettre à fixer le vide. « Puis je suis allé prendre une douche, non, on est allés prendre une douche, » ajoute-t-il avec un sourire en coin. « Puis on a regardé la télé, non ? Des vidéos, c'était des vidéos. » Il se tourne vers Ruby à la recherche de son approbation.

J’ai toujours été très active dès le matin. Avec ma grossesse, je dormais trop peu mais je m’en fichai. J’avais besoin de mon endorphine pour aller bien. C’était une sorte de drogue. Assise sur ce plan de travail, je la sens couler dans mes veines comme après une séance de sexe. L’odeur en moins. Alfie est lui tout seul, un appel au sexe. Et avec mes envies, mes pulsions, rien n’était facile à contrôler. Enfin, je pourrais dire que c’est de la faute de la grossesse mais le contraire était tout autre. C’était uniquement à cause de lui. car même avec un coup dans le nez, il restait sexy. Je souris lorsqu’il se rapproche de moi. « Que veux-tu, je suis une alcoolique née et une droguée. » J’esquisse un petit sourire niais lorsque je sens le contact de ses doigts sur moi. il me fait un effet de dingue. C’est pas honnête. Surtout qu’il n’avait pas encore totalement décollé ses yeux. « Tu as récupéré ton bar et tu voulais que je sois la première personne à le savoir. Mais tu sentais trop fort l’alcool. » J’esquisse une grimace en pensant à l’épisode dans l’évier. « Tu es allé prendre une douche et je t’ai rejoint pour te laver. » Ma main caressait doucement son bras nu pour remonter jusqu’à son épaule tandis que ma jambe se relève un peu pour venir caresser la sienne. Mais mon sourire s’efface lorsque je constate qu’il ne se souvient pas m’avoir dit qu’il était amoureux de moi. Peut-être ne le pensait-il pas ? « Oui, nous avons regardé des vidéos de ma famille. Je t’ai présenté à mes parents et à mes sœurs. » J’ai un petit sourire triste en passant une main dans ses cheveux. « Rien d’autre. Ah si on a mangé de la pizza et je suis allée chercher le petit déjeuner. »

Il aime qu'elle entre dans son jeu aussi naturellement, sans avoir besoin de réfléchir avant de parler et sans jamais plus bégayer. Elle est si fraîche de si bon matin, lavée et réveillée alors que lui doit plus donner l'impression qu'il est encore en train de rêver. Et pourtant, même avec un pied hors de la réalité, Alfie arrive à sourire et même à rire face à Ruby. Elle aura été la première à l'avoir de bonne humeur dès ses premières minutes de vie. Elle résume à son tour la soirée d'hier et, comme un enfant pris en pleine bêtise, il hausse les épaules quand elle lui rappelle qu'il a trop bu. Il continue de l'écouter, frissonnant légèrement en sentant les doigts de Ruby effleurer sa peau. Et bien sûr, comme il ne l'a pas quittée des yeux un seul instant, il remarque ce sourire radieux qui s'efface petit à petit. De son coté, celui d'Alfie ne fait que s'agrandir. Il sait, évidemment. Il sait, mais il attend. « Et j'ai aimé rencontrer ta famille, même si je doute avoir fait bonne impression. » Il sait que la rencontre n'était pas réelle et que jamais il n'aura l'occasion de faire face pour de vrai à ceux qui ont vu Ruby grandir. Mais découvrir son univers a été pour lui un moment important, certainement les images les plus nettes stockées dans son esprit encore engourdi. L'allusion au petit-déjeuner est le détail qui suffit à le réveiller entièrement. Dans un geste de victoire, il sert le poing avant de murmurer un "yes" peu discret. « T'es la meilleure, » lui dit-il avant de se décoller d'elle, rompant tout contact pour aller déposer sa tasse à présent vide dans l'évier. « Oh, au fait. » Alfie s'immobilise, tournant le dos à Ruby dans un premier temps avant de faire un demi-tour sur lui-même. « Ce que je t'ai dit hier, le truc hyper niais. » Il s'avance jusqu'à elle, récupère ses vêtements toujours posés sur son épaule, et enfile son t-shirt avant de reprendre sa phrase. « J'étais conscient, c'était pas l'alcool. » Un rictus vient étirer le coin de ses lèvres et, délicatement, il vient déposer un baiser sur le front de Ruby avant de claper dans ses mains. « J'ai faim ! » s'exclame Alfie.

Je ris à sa remarque sur ma famille. Puis, je décide de ne pas répondre, croisant mes bras sur ma poitrine. J’étais contente de notre premier matin ensemble même s’il avait la gueule de bois. Je ne perds pas une miette de son corps dénudé. Je pense que tous les jours je m’émerveille devant son corps d’Adonis. Sa peau mate, ses abdos parfaitement sculptés. Je me mordille la lèvre inférieure, refoulant la vague de désir qui monte en moi. je ris de plus belles en le voyant brandir le poing en l’air. « c’est la même réaction que j’ai eu après qu’on se soit embrassés pour la première fois. » je brandis un geste victorieux. « Yes ! Enfin ! » L’atmosphère était détendu. Je lui montre le sac de viennoiseries avant de descendre du comptoir. Je hoche la tête avant de le voir prendre son tee-shirt pour l’enfiler. Je m’approche de lui pour passer une main dessous le vêtement et effleurer son ventre musclé. « C’est pas très sympa de m’ôter une vue pareille. Je m’y étais habituée, moi ! » Je ne rebondis pas sur le truc hyper niais même si mon petit cœur est content. Il bondit tout seul dans ma poitrine. Avant qu’il ne commence à manger, je l’embrasse à pleine bouche. Comme si ce contact était devenu ma nouvelle drogue. Je me fous qu’il me le dise ou non. Je le dirai assez pour deux. Je murmure donc un faible « je t’aime » dans un espagnol grotesque avant de m’écarter pour choper une gourmandise, en couper un morceau et aller me mettre dans le canapé en tailleur. Je ne tarde pas être rejoint par le plus inattendu des animaux. Le Chat. Mon énorme chat angora noir qui a décidé de sortir guidé par son estomac. « Je te présente Le Chat. » je caresse l’imposant félin qui s’approche en ronronnant pour avoir un morceau que je lui donne. « Désolée, je pense que tu devras t’habituer à ce que ça soit une animalerie ambulante chez moi. »

Il ne peut s'empêcher de rire suite à ses mots, amusé qu'elle puisse réagir ainsi mais aussi touché, en quelques sortes. Alfie sait que Ruby s'est plus vite attachée à lui que ça n'a été le cas dans l'autre sens, mais elle n'a cependant pas eu cet handicap des sentiments qu'il a traîné durant son existence toute entière. Elle ne s'en rend peut-être pas vraiment compte, mais le fait qu'il soit encore là, dans son appartement, à ne regarder et à ne vouloir qu'elle, cela signifie beaucoup pour lui. C'est un pas immense, un changement d'univers tout entier. Une part de lui-même qu'il n'a jusque là encore jamais expérimenté. Et c'est peut-être ça le plus effrayant, de se dire qu'il est à présent incapable de prédire comment il pourrait réagir avec elle. Alors qu'elle caresse son corps sous son t-shirt, il se contente d'enrouler une de ses longues mèches de cheveux rousses autour de son index. Si il la touche comme elle le fait, il ne pourrait s'empêcher de skipper le petit-dej', afin de passer directement au dessert. « Oh mais je te rassure, t'auras l'occasion de le voir auuuutant de fois que tu le voudras, » lui dit-il en insistant bien sur le mot "autant". Puis vient la sincérité, l'aveu quant-à ces mots qu'il ne préfère par répéter mais qu'il affirme avoir été sincères. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle l'embrasse si soudainement et avec autant de passion, mais ce n'est pas lui qui risque de s'en plaindre. Même si il ne répond pas à son "je t'aime", Alfie a le regard rempli d'un mélange d'admiration et d'affection à chaque fois qu'il le pose sur Ruby. À son tour, il s'empare d'une viennoiserie et mord une bonne fois dedans avant de rejoindre Ruby dans le salon. Il est surpris de découvrir un second chat, différent de Mr. Moustache. Celui-ci est noir, sorti de nul part, et appelé Le.. Chat ? Serait-ce du français ? « Ça me dérange pas, » dit-il en continuant de manger son petit-déjeuner. « Je préfère plus les chiens aux chats, j'ai d'ailleurs toujours voulu en avoir un, mais je pense pouvoir m'habituer à la présence de tes tigres miniatures. » En référence à leur taille, parce que jusque là Alfie n'avait connu que les petits chats errants des rues d'Espagne.