#17 don't let insecure thoughts ruin something amazing (Freja)

Sur la pointe des pieds, Tahlia essayait de faire le moins de bruit possible. Elle rentrait à peine de son service et ne voulait pas réveiller ses colocataires. Elle avait souvent déserté l'appartement ces derniers temps. Perry était parti. Elle croisait Concho de temps en temps. Quant à Freja, depuis la dispute avec Nash, les deux jeunes femmes étaient en froid. Tahlia savait pourtant qu'elle avait tord. Le départ de Nash lui avait ouvert les yeux. Freja avait voulu la mettre en garde, mais la policière n'en avait fait qu'à sa tête, faisant passer un homme avant une amie. C'était donc tendu. Pourtant, ce soir, un premier pas allait être fait. Alors qu'elle avait fini de prendre sa douche, la jeune femme s'apprêtait à retourner dans sa chambre, quand elle entendit du bruit dans la cuisine. Tahlia avança doucement et découvrit Freja, plantée au beau milieu de la pièce. Elle ne semblait pas en grande forme, ce qui confirmait les doutes de Tahlia, qui avait déjà remarqué que sa colocataire connaissait quelques mauvais jours. « Freja ? » l'interpella-t-elle doucement. Sa colocataire se retourna vers elle. Elle avait les traits tirés et semblait angoissée. Tahlia ne pouvait pas rester sans rien faire. Sans un mot, elle s'avança jusqu'au congélateur, au dessus du frigo et sortit deux pots de glace. « Tu sais, quand je ne vais pas bien, il y a deux valeurs sûres pour se remonter le moral : les glaces et Ryan Gosling. » Elle tendit un pot de glace, comme si c'était le calumet de la paix. « ça te dit ? »

Les nuits sont sûrement les pires moments pour toi. En journée, tu parviens encore à contrôler les crises mais la nuit, les cauchemars prennent le dessus sans prévenir. Et malheureusement pour toi, ce n'est pas quelque chose sur lequel tu peux avoir du contrôle. Si on pouvait contrôler ses rêves, ça se saurait. Alors, comme chaque nuit, tu te lèves après la crise pour boire un peu d'eau, regarder un épisode de New Girl puis aller te recoucher. C'est devenu un rituel ces dernières semaines et ce, même avant ton départ. De la cuisine, il te semble entendre la voix de Tahlia qui se rapproche mais tu ne sais pas si c'est qu'une impression ou la réalité. Il faut dire que vos relations étaient plutôt tendues ces derniers temps et vous n'avez jamais pris la peine d'en parler jusqu'ici. Vos échanges sont restés très brefs par la suite et c'est pour cette raison que tu es plutôt étonnée que Tahlia vienne briser la glace. Tu souris, faiblement, en entendant sa proposition. Ryan Gosling et de la glace, tu ne peux refuser. « Go ahead. » Dis-tu en te dirigeant vers le salon, suivie de ton amie. Parce qu'après tout, avant d'être ta colocataire, Tahlia était ton amie. Même si ces derniers mois, ce n'était pas ce que votre relation reflétait. « C'est gentil de proposer en tout cas. » Ajoutes-tu pour souligner le geste de la jeune femme. Tu veux qu'elle voit qu'après tout ce qu'il s'est passé entre vous, ça te fait plaisir.

Tahlia était têtue, il était vrai, mais il y avait bien une chose sur laquelle on ne pouvait pas la blâmer : sa loyauté. Elle se pliait en quatre pour ceux qu'elle aimait. Et Freja - bien qu'elles aient été en froid ces dernières semaines - était l'une des personnes qu'elle appréciait le plus. Seulement, Tahlia n'avait pas su comment l'approcher de nouveau. Du coup, elle avait laissé les choses couler, de peur de voir la situation s'envenimer. Le fait de voir Freja dans un tel état lui avait fait oublier toutes ses angoisses. Elle n'avait pas réfléchi, lui proposant un moment entre filles, sans même se demander si elle allait se faire jeter ou non. Freja aurait pu refuser, surtout après les horreurs que Tahlia avait pu lui balancer à la figure, ce fameux jour où tout avait explosé. Les deux jeunes femmes se dirigèrent jusqu'au salon. Tahlia posa les pots de glace sur la table et entreprit de lancer le fameux "N'oublie jamais" qu'elles pouvaient regarder en boucle, elles, les deux cas désespérés en amour. En entendant les paroles de Freja, la jeune policière tourna la tête vers elle et esquissa un sourire timide : "C'est normal, je n'aime pas te voir dans un tel état." Bien sûr, il fallait se douter que Tahlia allait chercher à en connaître les raisons. Mais d'abord, il fallait qu'elle mette les choses à plat avec elle. "Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais si tu as besoin de parler, tu peux compter sur moi, même si..." Elle prit un temps de réflexion, afin de chercher les bons mots. "... même si j'ai été odieuse avec toi. Je m'en veux d'avoir été aussi bête et d'avoir fait passer Nash avant toi. J'espère que tu me pardonneras un jour. "

Oui, s'il y avait bien une qualité que vous partagiez, Tahlia et toi, c'était la loyauté. C'était même cette fameuse loyauté qui t'avait poussé à mettre en garde ta colocataire vis-à-vis de Nash. Ce n'était pas de la jalousie ni même de l'orgueil, juste de la loyauté. Malheureusement pour toi, la jeune policière avait préféré croire son "amant" plutôt que toi et tu l'avais assez mal vécu. Tu te sentais trahie, en quelque sorte. Tu en avais longtemps voulu à Tahlia et c'était certainement encore le cas aujourd'hui mais tu étais prête à aller de l'avant. Parce que quand tu tiens à quelqu'un, c'est souvent pour la vie. Des amis tu en as peu mais quand tu en as, tu les gardes. C'était le cas de Ruby, Andreas et Woody qui faisaient partie intégrante de ta vie depuis des années. Tahlia en faisait également partie même si les choses étaient un peu différentes ces dernières semaines. La jeune femme lance ce fameux film que vous aimez tant malgré qu'il accentue encore plus vos vies amoureuses pourries. Vous étiez maudites toutes les deux, c'était le mot, oui. Mais en ce qui concerne Tahlia, elle était sûrement plus ouverte que toi à une vraie relation amoureuse. Toi, tu étais persuadée de ne pas être faite pour être aimée. « C'est si moche à voir ? » Demandes-tu avec un faible sourire. C'était pas la joie, dernièrement, tu ne pouvais le nier. Mais tu ne pensais pas que c'était si visible. « J'étais pas jalouse ou quoi Tahl', j'voulais simplement qu'il évite de te blesser comme il avait pu le faire avec moi... Même si moi, au fond, je m'en fichais un peu de lui. J'ai vu à quel point tu étais attachée et j'avais peur qu'il te fasse du mal. Tout simplement. » Réponds-tu en haussant les épaules. « T'es déjà pardonnée. Mais j'veux qu'à l'avenir on se fasse confiance. » Dis-tu avant d'ajouter : « Ça m'a fait mal de voir que tu pouvais remettre en cause notre amitié pour un mec. » C'était la pure vérité. Tu avais eu l'impression de perdre une amie sincère pour un mec qui ne demandait qu'à prendre son pied. C'était dur à encaisser.

Face à Freja, Tahlia perdait de sa superbe. Elle savait qu'elle avait tord dans toute cette histoire et c'était ce qui la gênait le plus. Mais malgré cela, malgré sa fierté et sa mauvaise foi qui la guidait parfois, il y avait un sentiment bien plus fort qui la submergeait à cet instant : l'inquiétude. De nature empathique, elle savait quand les autres allaient mal et c'était sûrement pour cela qu'elle s'impliquait autant dans son travail ou envers ses amis qui avaient eu des soucis, comme Jax ou Jayden, à l'époque. Aujourd'hui, c'était Freja qui avait attiré l'oeil avisé de Tahlia. Elle avait sauté sur l'occasion en mettant ce film qu'elles aimaient tant - étrangement. Un vague sourire vint dessiner les lèvres de la brunette alors qu'elle répondit : "Je ne dirais pas que c'est moche à voir. C'est juste que... que ça ne te ressemble pas." Freja, c'était un peu le rayon de soleil de cet appart', celle qui taquinait tout le monde pour instaurer une bonne ambiance. La voir s'éteindre peu à peu était rude à encaisser. Rude à encaisser, comme ce qu'elle était en train de lui balancer. Tahlia tiqua un peu sur son discours, se permettant juste de reprendre : "Je n'étais pas attachée à lui." Au fond, l'attachement, pour ces deux jeunes femmes, était un bien grand mot. "Je sais que ce n'était pas de la jalousie, tout comme je sais que tu le faisais pour mon bien. Mais je ne sais pas... j'ai vrillé ce soir-là. Même moi, je n'arrive pas à expliquer pourquoi j'ai agi d'une telle manière. Je pense que j'ai pris tes propos comme une attaque futile et vicieuse, envers lui. Je n'ai peut-être pas apprécié que tu compares ton histoire avec mon amitié avec lui." Elle le disait sereinement, non pas pour lancer une nouvelle dispute mais pour expliquer son point de vue. Un nouveau sourire vint se dessiner sur les lèvres de Tahlia : "Je pense simplement qu'il y avait une forte rancoeur entre vous et que je n'aurai pas dû me mêler de ça. Mais tu avais quand même raison dans toute cette histoire." Enfin, tout était relatif : au fond, Nash n'avait pas réellement blessé Tahlia. Il était parti, comme les autres, mais sans perte ni fracas. Freja termina d'achever Tahlia avec sa dernière phrase. "Ce n'est pas mon genre de faire passer des mecs avant mes amis, loin de là, et je pense que tu le sais tout autant que moi. Disons que l'on s'est toujours permis de juger mes relations amicales et sentimentales et ce soir-là, je me suis mise en tête que tu jugeais, toi aussi. Tu as pris pour toutes ces fois où je n'ai pas osé ouvrir ma bouche. C'était stupide de ma part." Elle posa un instant son regard sur la télévision, observant le jeune Noah rencontrer celle qui allait être la femme de sa vie. "Je ne laisserais plus aucun mec nous monter l'une contre l'autre, compte sur moi... Le couvent est sûrement une bonne alternative. " Autant terminer sur une pointe d'humour, n'est-ce pas ?

Tahlia n’a pas tort, être si faible physiquement, ça ne te ressemble pas. Tu avais caché si longtemps aux autres tes tourments qu’ils n’avaient pas l’habitude de te voir si affaiblie. Pendant des années, tu avais lutté contre tes crises d’angoisse sans que personne ne remarque rien mais aujourd’hui, tu n’en étais plus capable. Aujourd’hui, tu te sentais tomber au fond du gouffre petit à petit. Et c’est sûrement pour cette raison que tu t’es dirigée vers la drogue sans réfléchir. Mais tu étais incapable d’expliquer ça à ta colocataire et à qui que ce soit, d’ailleurs. Tu te sentais trop honteuse de ressentir toutes ces émotions que pour l’expliquer à tes proches. « Ouais… Je sais. » Réponds-tu simplement en soupirant. Tu n’avais pas forcément envie de t’étaler sur le sujet alors que vous aviez d’autres choses à régler avec Tahlia, avant ça. A commencer par cette prise de tête que vous aviez eu quelques semaines plus tôt à cause de Nash. C’était carrément stupide, comme dispute. Visiblement, vous étiez toutes les deux d’accord à ce sujet, du moins, tu l’espérais. Tu fronces un peu les sourcils en entendant les explications de la jeune femme. Tu pensais réellement qu’elle était attachée à cet homme et que c’était pour cette raison que tout était parti en vrille mais visiblement, tu te trompais. « Oui mon vécu avec lui n’a certainement pas aidé mais justement, je voulais t’éviter ça… J’aurais sûrement mieux fait de me taire et t’en parler seule à seule mais ce qu’il a dit m’a fait vrillé, moi aussi. » Les attaques de Nash ce jour-là étaient difficiles à encaisser et lorsque Tahlia s’est rangée de son côté, ça t’a littéralement achevé. « Oui je le sais, tu es comme moi pour ça. » Réponds-tu en faisant référence à sa loyauté en amitié. C’est justement cet aspect de la personnalité de Tahlia qui t’avait manqué ce jour-là. Tu avais l’impression d’avoir une inconnue en face de toi, sans exagérer. Lorsqu’elle détourne le regard pour regarder le film, tu ne peux t’empêcher de faire une remarque sarcastique bien que tu adores ce film. « Comme si un « Noah » pouvait exister dans la vie réelle. » Puis, tu te concentres à nouveau sur ton amie pour écouter ses explications. « Je ne cherchais vraiment pas à te juger ou à décider pour toi, j’essayais juste d’être bienveillante parce que tu es mon amie, Tahl’. » Réponds-tu avec un léger sourire. Puis, lorsqu’elle parle de terminer sa vie au couvent, tu ne peux t’empêcher de rire. Tu y as déjà songé, toi aussi, mais tu aimes trop le sexe pour t’en priver. « A la place, on restera coloc’ et on adoptera 10 chats, deal ? » Demandes-tu sur un ton plus léger avant de reporter ton attention sur le sublime Ryan Gosling.

Si Tahlia savait tout, si elle savait à quel point Freja sombrait peu à peu dans une spirale infernale, elle ne serait pas là à évoquer la tête que sa colocataire affichait. Elle ne serait pas là à parler de Nash, à discuter pour trouver une brèche au sein de laquelle elle s'engouffrerait pour exprimer ses plus plates excuses. Mais Freja était un roc qui ne se laissait pas facilement atteindre. Alors les deux jeunes femmes passaient par cette étape difficile, celle où il fallait parler à coeur ouvert pour exprimer ses ressentiments, rancoeurs et remords qui empoisonnaient leur amitié. Tahlia avait évoqué le fait qu'elle ne s'était pas attachée à Nash. Ce n'était que foutaise, évidemment, puisqu'elle adorait cet homme autant qu'elle le haïssait, mais elle savait que ces ressentis n'appartenaient qu'à elle. Alors elle préféra jouer la carte de la neutralité, c'était plus simple. Elle écouta avec attention la réponse de Freja. Tout n'était que stupidité dans cette histoire. La réaction de Freja avait été stupide. La réaction de Tahlia avait été stupide. Et elle avait été stupide de croire que son étrange amitié avec Nash était plus forte que la brève aventure qu'il avait eu avec Freja. Tahlia s'était voilée la face. Elle approuva d'un signe de la tête quand Freja reconnut qu'elle aurait dû lui parler seule à seule. "En parler toutes les deux aurait été plus simple, en effet. Mais je sais aussi qu'il n'a pas été tendre avec toi ce jour-là. Tu ne t'es pas laissée faire et ta réaction était normale. C'était plutôt moi qui aurais dû me taire." Les laisser se disputer et ne pas prendre parti aurait été la solution la plus mature. Mais l'impulsivité avait tout gâché. Inconsciemment, le regard de Tahlia se porta sur la télévision. Freja fit une remarque sur Noah qui arracha un sourire à la brune. "Il est trop parfait pour être crédible. Et puis de toute manière, avec un homme comme lui, on finirait par s'ennuyer, non ?!" Pour cela, Tahlia et Freja se ressemblaient énormément. Elles n'aimaient pas les relations normales, simples. Elles, elles fonçaient vers la difficulté et se prenaient parfois quelques revers difficiles, avant de foncer de nouveau. Tahlia reposa son regard sur Freja et hocha la tête face à ses paroles qui lui faisaient chaud au coeur. Elle savait que Freja l'avait fait pour elle, pour la protéger. "Je l'ai compris un peu trop tard, malheureusement. Avec le recul, j'ai compris que tu l'avais fait pour mon bien. Je t'en remercie d'ailleurs." La conversation avait abouti à ce que Tahlia souhaitait. Maintenant, elle allait devoir faire en sorte que la confiance réapparaisse, mais le ton se faisait déjà plus léger. Au lieu du couvent, Freja parla de leur colocation avec leurs dix chats. "A force d'en parler, ça va vraiment finir par arriver. D'ailleurs... il faut que je t'avoue quelque chose." Elle prit soin de faire planer un mystère avant d'ajouter : "Je déteste les chats." Un rire vint ponctuer sa phrase alors qu'elle reprit une cuillerée de glace. "Mais bon, si ça doit contribuer à notre image de vieilles filles, j'accepterai les chats." Décidément, l'une comme l'autre n'avaient pas une belle image de leur avenir sentimental. Ce n'était pas la première fois qu'elles en parlaient, ni la dernière. Mais à cet instant, il y avait quand même plus important que leur célibat. Freja et son moral au plus bas. "Alors... si tu me disais ce qu'il se passe ?"

Avec des si vous pourriez refaire le monde et surtout changer l'issue de cette fameuse journée où votre amitié avait été mise de côté au profit d'un homme. L'essentiel, là, c'est que vous êtes d'accord pour que ça ne se reproduise pas. Aujourd'hui, vous avez compris à quel point c'était stupide de faire passer Nash avant vos ressentis, avant votre amitié. A l'avenir, tu veilleras à ne plus te mêler des histoires de Tahlia sauf si c'est nécessaire et si c'est le cas, tu iras la voir en tête à tête. Ça évitera tout problème. Mais ce qui serait bien, surtout, c'est que vous arrêtiez de fréquenter les mêmes hommes et ça, c'est pas gagné. Vous semblez avoir les mêmes goûts sur bien des choses. « Disons qu'on a toutes les deux merdé. » Dis-tu avec un léger sourire pour apaiser les tensions. « On devrait se faire une liste avec nos "exs" pour éviter qu'on ne branche les mêmes gars. » Et du coup éviter les problèmes. Tu ris à cette idée folle mais qui serait plutôt à votre image, finalement. Enfin, tu n'es pas certaine que ce soit faisable de ton côté. Tu dévies le regard sur la télévision alors que vous parlez de ce bon vieux Noah, un mec bien trop parfait pour exister réellement. « Clairement. Il nous faut plus de folie, nous ! » Dis-tu en adressant un clin d'oeil à ta colocataire. Pourtant, ça ne vous empêche pas d'adorer ce film. Peut-être parce qu'il est à l'opposé de ce que vous êtes, justement ? Qui sait ? « C'est normal, t'es mon amie Tahl'. » Réponds-tu en toute sincérité. Vous viviez ensemble depuis un moment maintenant, Tahlia et toi, et elle était réellement devenue importante à tes yeux. Et tu protégeais toujours tes proches coûte que coûte. Et malgré cette épreuve dans votre amitié, ça ne changera jamais. Tu ris lorsque ta colocataire répond que cet avenir avec dix chats risque d'arriver à force d'en parler. Ça ne te dérangerait pas au fond, même si tu espères mieux pour Tahlia que finir sa vie avec toi. Puis, tu prends un air faussement horrifié en apprenant qu'elle déteste les chats. Pour toi qui les adores, ça fait un choc. « Ça voudrait dire que je serai la seule à m'en occuper, ça ? » Demandes-tu avec un sourire amusé aux lèvres. Si Tahlia n'aimait pas les chats, elle risquait de ne pas vouloir s'en occuper, ce qui te laissait à toi toute la charge de travail. 10 chats, c'est pas rien. « Des chiens alors ? » Demandes-tu en fronçant légèrement les sourcils. Pas dix, évidemment, mais peut-être cinq ? Tu ne peux t'empêcher de sourire en pensant à cet avenir fictif que vous construisez toutes les deux. C'est un peu comme quand Allen te promet de t'épouser si à 35 ans, vous êtes toujours célibataires. Ce ne sont que des paroles comme ça, mais c'est réconfortant, en quelque sorte. Tu soupires et détournes le regard vers le film lorsque la brune te demande ce qu'il se passe actuellement dans ta vie. Elle sait que tu ne vas pas bien mais tu n'es pas certaine d'avoir envie de rentrer dans les détails. Aussi sordides soient-ils. « Disons qu'il y a une accumulation de choses actuellement dans ma vie qui me mettent au plus bas. Mais ça va aller, j'vais me relever. » Dis-tu avec un sourire peu convaincu. Tu ne pouvais pas vraiment tomber plus bas de toute façon, si ?

Freja sortit la meilleure phrase pour résumer l'histoire avec Nash. Elles avaient toutes les deux merdé. Au moins, cela leur servait de leçon. Elles réfléchiront à deux fois avant de mettre leurs nez dans les affaires de l'une et l'autre. Surtout quand cela concernait les hommes. Il fallait croire que Freja et Tahlia avaient les mêmes goûts, qu'elles empiétaient chacune sur le territoire de l'autre. C'était stupide de se prendre la tête pour des hommes, mais malheureusement, cela restait toujours un sujet sensible. Les histoires sentimentales avaient toujours provoqué d'énormes scandales, peu importe les lieux, les siècles et les personnes qui entraient en jeu. Pourtant, Freja parvint à ironiser sur la situation en parlant d'une liste des ex à éviter. "Tu sais que ce serait une bonne idée ?!" s'amusa Tahlia. "C'est comme le bro code chez les hommes. On ne touche pas aux ex des autres." Dans le cas de Freja et Tahlia, cela s'était fait par un pur hasard. Quel était le pourcentage de chance pour que Freja ait eu une aventure avec Nash, alors que ce dernier n'avait pas mis un pied en Australie durant des années ?! Il fallait croire que la fée de la malchance s'était penchée sur le berceau de Tahlia, quand elle était petite. Son regard se posait toujours sur l'homme qu'il ne fallait pas. Son premier petit ami, Elias, en était l'exemple parfait et le premier d'une liste qui faisait que Tahlia n'avait jamais vraiment réussi à se poser. Mais elle chérissait ces relations, même si certaines avaient été malsaines, parce qu'elle avait réussi à s'en sortir, malgré tout. Un Noah, ce n'était donc pas du tout ce qu'elle voulait. Et Freja affirma les propos de Tahlia. Il fallait de la folie, de la difficulté pour que ces deux femmes daignent réellement s'intéresser à la gente masculine. Sinon, ces hommes ne restaient qu'au stade de la conquête, laissant quelques souvenirs plus ou moins indélébiles. Voilà pourquoi, en dépit de cette dispute, l'amitié entre les deux femmes fut remise en avant, en évoquant de nouveau la dizaine de chats et la vieillesse aigrie qui les attendait. Malicieuse, la jeune policière avoua alors qu'elle n'aimait pas les chats. ô sacrilège ! Mais Freja rebondit, en jouant tout autant qu'elle. "Oui, tu t'en occuperas toute seule. Il faut bien qu'il y en ait une qui se tourne les pouces pendant que l'autre fait tout, voyons." Elles avaient décidément une image de la vie en communauté qui n'était pas réjouissante. Heureusement que leur colocation n'était pas comme cela. Elle fit mine de réfléchir à la proposition de son amie, répondant avec légèreté : "Cinq chiens, cinq chats. On m'a toujours dit qu'il fallait aller au compromis." Un rire franc ponctua cette phrase. Elles étaient dans l'exagération face à un avenir qui allait sûrement être plus rose que ce qu'elles imaginaient. Il fallait se dire que la roue finissait toujours par tourner. Un jour, elles aussi auront le droit au bonheur. Il fallait juste être patiente. Mais après cette interlude humoristique, il était temps de revenir à l'essentiel. Freja et son moral à zéro. La réponse de la brune ne rassura pas Tahlia, qui fronça légèrement les sourcils. "Une accumulation de choses ? C'est-à-dire ?" Elle ne remettait pas en doute la capacité de Freja à s'en relever. Mais si Tahlia pouvait en savoir davantage, peut-être pourrait-elle l'aider un peu. Malgré quelques semaines de discorde, elle tenait à lui montrer qu'elle était là.

Ce ne serait pas complètement con, en effet, de faire cette liste. Il n'était pas nécessaire de mettre toutes vos conquêtes, simplement celles qui poseraient problème. Celles qui vous blesseraient l'une comme l'autre. Cela vous permettrait sans aucun doute d'éviter une situation comme celle avec Nash. Une situation humiliante et qui n'a fait que remettre en question votre amitié. Heureusement, aujourd'hui, après ces quelques explications, les mauvais jours semblaient derrière vous. « Voilà. Pas besoin de mettre tous les noms, juste ceux à éviter à tout prix. Deal ? » Demandes-tu avec un léger sourire aux lèvres. Après avoir eu l'approbation de Tahlia, tu attrapes un bloc notes et de quoi écrire pour les tendre à la brune. Bien décidée à réaliser cette liste. Evidemment, tout en haut de la tienne se trouve un nom que tu ne connais que trop bien : Woody. Mais ça, Tahlia le sait sûrement déjà. Tu n'imagines pas qu'elle puisse faire quoi que ce soit avec lui. Et si c'était le cas, votre amitié prendrait fin à la minute où tu l'apprendrais. Ce serait l'acte de trop. Heureusement pour toi, ta colocataire ne semble pas de ce genre-là. Tu ris en l'entendant parler de votre futur vie de grands-mères entourées de chats. Et évidemment, tu serais la seule à t'en occuper étant donné que Tahlia t'avoue détester ça. « Et toi, qu'est-ce que tu ferais pendant ce temps-là ? Tu mettrais les pieds sous la table ? » Demandes-tu en secouant la tête, faussement mécontente. Tout ça n'est que fantaisie, ce ne sont que des hypothèses qui s'avéreront sûrement fausses dans quelques années. Néanmoins, avoir un plan de rechange en cas d'échec, c'est toujours sécurisant et plaisant. C'est votre façon à vous de vous assurer que vous ne finirez pas votre vie complètement seules. « Bon compromis, en espérant qu'ils ne s'entretuent pas. » Dis-tu avec un sourire amusé et en hochant la tête comme pour assurer la réussite de ce compromis. Puis, après quelques minutes à blaguer sur votre avenir, l'atmosphère devient un peu plus lourde, alors que Tahlia fait référence à tes problèmes. Elle veut en savoir plus et c'est légitime mais tu ne sais pas si tu as envie d'en parler une énième fois. Tu l'as déjà fait avec tes meilleurs amis et c'était assez compliqué comme ça. Alors, avec la policière, tu décides de rester encore un peu dans le flou. « Mon boulot qui flanche, mes cauchemars qui sont de retour, mes relations amoureuses foireuses. Bref, plein de choses qui ne fonctionnent pas dans ma vie sans que je sache pourquoi. » C'était ta faute, sans aucun doute. Le facteur commun à tout ça, c'était toi. Mais ce n'était pas facile à accepter, dans le fond. Et c'est sans doute pour ça que tu as fait appel à la drogue. Pour surmonter cette mauvaise passe à ta façon. Pas la meilleure, évidemment.

Freja semblait bien décidée à faire cette liste. Tahlia l'observa, d'un œil malicieux, en train de rédiger sa liste qu'elle finit par tendre à la brune. La jeune femme la lit avec attention, ses lèvres s'étirant en un large sourire quand elle vit le premier nom. « Woody, évidemment... » Tahlia le connaissait personnellement, puisqu'elle avait partagé la Love Experience avec lui et elle s'était très bien entendue avec lui. En temps normal, elle aurait fait en sorte d'user de ses charmes – parce que le jeune Rutkowski était un homme particulièrement charmant – mais elle avait compris qu'il était chasse gardée. « Quand est-ce que vous allez tenter quelque chose, tous les deux ? Et ne me sors pas que c'est compliqué ou je-ne-sais-quoi... Quand vous êtes ensemble, vous vous dévorez du regard, c'est flagrant ! » C'était aussi son rôle de lui ouvrir les yeux. Tahlia ne comprenait vraiment pas les réticences de chacun. Il fallait dire, aussi, qu'elle n'était pas au courant de la maladie qui rongeait Woody. A son tour, elle prit le stylo et réfléchit aux noms qu'elle pouvait mettre. Là, ce fut le gros blanc. Un gros blanc qui fit éclater de rire Tahlia. « Mince, je n'ai pas de noms à mettre. Ceux que j'envisageais d'inscrire sont, soit partis de Bowen, soit déjà passés dans ton lit, soit les deux. Je crois que je suis définitivement la fautive dans l'histoire. J'ai le chic pour passer après toi, visiblement. » Et c'était peut-être ce qui dérangeait le plus Tahlia dans cette histoire. Dans ses histoires sentimentales, elle avait souvent été bonne deuxième. Comment vouliez-vous qu'elle garde confiance en elle ? Elle garda le stylo en main, la mine songeuse. Bien sûr, elle aurait pu mettre le nom de son premier petit ami, non pas parce qu'il était chasse gardée mais uniquement pour protéger Freja de ce tyran, s'il venait à remettre les pieds à Bowen. Mais elle secoua la tête et préféra poser le bloc-notes sur la table basse, en haussant les épaules. Heureusement, le sujet dévia sur leur vie future, sur laquelle elles déliraient pleinement. A sa réponse, Tahlia répondit naturellement : « Oui, je mettrais les pieds sous la table, je m'affalerais même sur le fauteuil avec une bière en main. Il faut bien une macho dans le couple, attends ! » Elle prit une nouvelle cuillerée de glace, lançant un regard malicieux à sa colocataire. Mais une fois le compromis réglé sur le nombre de chiens et de chats, il était temps de passer aux choses sérieuses et aborder les vrais sujets. Le mal-être de Freja était le sujet inévitable. Elle voulait en connaître les raisons. Tahlia avait tellement confiance en Freja qu'elle ne prit même pas garde qu'elle restait flou, qu'elle la gardait loin de la vérité, de cette drogue qu'elle consommait pour se réconforter. « Je comprends mieux. » Non, ce n'était pas une de ces phrases-types que l'on sortait quand on ne savait pas quoi dire. Tahlia réfléchissait et cela se voyait. « Pourquoi tu ne cherches pas à t'associer pour ton boulot ? Ça pourrait peut-être relancer l'activité et te permettre de souffler en te déchargeant de quelques tâches qui sont pesantes. » Elle essayait de trouver des solutions, peut-être impossible à mettre en œuvre, puisque Tahlia ne connaissait pas grand chose dans l'entrepreneuriat. « Quant aux relations amoureuses foireuses, je t'ai déjà donné mon avis... sans compter que je ne suis pas la mieux placée pour faire la morale » Au moins, elle était honnête. Elle n'était pas cette amie célibataire qui donnait tout un tas de conseils alors qu'elle était incapable de garder un homme pour elle. « C'est une mauvaise passe, Freja. Il y a parfois besoin de ces moments-là pour sortir encore mieux la tête de l'eau. Même si tu es une femme forte – très forte – tu as le droit d'avoir des moments plus difficiles. Mais j'ose croire que la roue finit par tourner, il faut juste tenir le cap... » Et c'était là que c'était le plus difficile, elle s'en doutait bien. « Tu sais quoi ? il faudrait que l'on se prenne quelques jours loin de Bowen, loin des tracas, du boulot, des mecs qui ne savent pas ce qu'ils veulent. Ça te dirait ? » A cet instant, la brune affichait un tel sourire qui montrait à quel point elle voulait aider son amie. Si Tahlia savait... si elle savait que Freja avait trouvé le pire moyen pour s'échapper de la réalité, pas sûr que Tahlia mettrait autant d'énergie à soutenir son amie.

Qui d'autre que Woody en numéro un sur ta liste ? Ce n'était une surprise pour personne, du moins en ce qui concerne tes proches. Tous ceux qui avaient pu assister à vos échanges l'avaient bien compris, il résidait quelque chose entre vous d'inexplicable. Et d'inexploitable, par la même occasion. Ce n'est pas faute de s'aimer, bien au contraire. Il est même là, le problème, vous vous aimez tellement que vous avez peur d'en souffrir, peur de finir plus bas que Terre. Mais personne n'est apte à comprendre la situation dans laquelle vous vous trouvez, même vous, vous n'y parvenez pas totalement. « On a juste peur de gâcher ce qu'on a. Si on décide de se mettre en couple et que ça se termine mal, on aura perdu notre allié le plus précieux. Et ça, on est pas prêt à faire une croix dessus. » Alors, plutôt que de prendre le risque et d'être, peut-être, agréablement surpris, vous ne faites rien d'autre que vivre chacun de votre côté. Parce que votre définition à vous de la vie, c'est sans aucun doute coucher à droite et à gauche et voyager. Le reste importe peu. Du moins, c'est ce dont vous vous persuadez Woody et toi. C'était donc plutôt évident qu'il se retrouve tout en haut de ta liste, en première position. Pour ce qui est de Tahlia, elle semble avoir bien plus de mal que toi à la compléter. Il est vrai que vous avez exactement les mêmes goûts en matière d'hommes et bon nombre de vos exs sont des exs communs. Sans savoir pourquoi, vous êtes toujours attirées par la même catégorie d'hommes. Sans doute parce que vous vous ressemblez beaucoup, elle et toi, finalement. « Mmh y'en a pas un déjà passé dans mon lit que tu ne voudrais plus y voir ? Il doit bien y avoir d'autres hommes, je n'ai pas couché avec tout Bowen quand même. » Dis-tu en riant lorsque tu termines ta phrase. Ta réputation n'est pas des plus belles mais tu l'assumes et surtout, tu as décidé qu'il valait mieux en rire qu'en pleurer. Tu es célibataire après tout, tu ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas coucher avec qui tu veux. Que ce soit un homme ou une femme. « Au moins, pour ce qui est des femmes, j'ai tout le loisir de choisir qui je veux. Sauf si tu as finalement changé d'avis à ce niveau-là. » Ajoutes-tu avec un léger sourire. Tahlia n'aime que les hommes contrairement à toi mais on n'est jamais à l'abri d'une surprise finalement. « Tu n'as pas à te sentir fautive, on a juste les mêmes goûts. » C'était aussi simple que cela. Même si vous avez des codes d'honneur entre femmes, tu ne peux pas empêcher Tahlia de coucher avec tous tes exs. Et surtout, tu n'en vois pas l'intérêt. Il y en a bien certains qui sont chasse gardée mais c'est un nombre très réduit. Pour ce qui est des autres, Tahlia peut les fréquenter ou non, tu t'en fiches pas mal. Elle est assez grande pour prendre ses propres décisions, elle aussi. Après quelques minutes à réfléchir à cette fameuse liste, vous ne pouvez pas vous empêcher de parler de cette future vie que vous avez imaginée ensemble. Dans le cas où vous n'auriez pas trouvé chaussure à votre pied ni l'une ni l'autre. Tu ris en l'entendant se décrire comme le futur macho du couple, c'est une image que tu n'aurais jamais pensé imaginer. « Finalement peut-être que je vais décider d'aller vivre avec Concho'. Au moins il me fera les ongles, lui. » Réponds-tu, taquine. Tu aimais bien embêter Concho' à propos de son petit côté féminin mais ce n'était jamais bien méchant. Vous étiez comme ça dans la coloc', toujours là pour taquiner les autres. Tu suis le mouvement et prends une nouvelle cuillerée de glace, toi aussi, puis reportes ton attention sur la brune qui semble vraiment motivée à l'idée de t'aider. A l'idée de trouver des solutions pour que tu ailles mieux. Si seulement elle savait... Alors, Tahlia ne te regarderait plus jamais de la même façon. Sans doute ne voudrait-elle même plus te parler. A cette idée, tu sens ta gorge se nouer et au-delà du fait que tu ne veuilles pas perdre ta colocataire, tu décides de ne pas lui en parler afin d'éviter de la décevoir, elle aussi. Tu as déjà déçu tes deux meilleurs amis, tu ne veux pas subir le même sort avec Tahlia. Tu ne supporterais pas de voir de la déception chez elle non plus. « C'est pas une mauvaise idée ça. Je vais me renseigner à ce sujet pour voir si c'est possible ou non. » Tu n'avais jamais envisagé la chose sous cet angle, comme quoi, tu as bien fait d'en parler à la brune. « Je sais Tahl'... C'est juste trop d'un coup. J'ai déjà supporté bien pire dans ma vie, je comprends pas pourquoi je m'effondre pour si peu. » Tu avais déjà supporté les coups de ton père durant des années qui étaient bien pires que ce que tu vis actuellement mais c'était sans doute lié à un trop plein. Un ras le bol général. « Carrément que ça me dit. Un petit city trip quelque part en Australie ? » Demandes-tu avec un sourire qui s'agrandit à l'idée de partir prendre l'air avec ta colocataire.

Parfois, il fallait peu de choses pour mettre de côté des conflits. Dans le cas de Freja et Tahlia, leur discussion avait abouti sur l'élaboration d'une liste, une sorte de contrat entre les deux jeunes femmes, où chacune se promettait de ne pas toucher à quelques hommes chers à leurs cœurs. Ce ne fut pas une surprise de trouver Woody en haut de cette liste. Tahlia savait qu'il se tramait quelque chose entre les deux, mais elle ne comprenait pas pourquoi ils ne se jetaient pas à l'eau. Freja lui apporta la réponse. Tahlia esquissa un léger sourire compatissant, en hochant la tête. « Je peux comprendre que vous ne vouliez pas prendre ce risque. Il y a trop à perdre. C'est beau et triste à la fois. » Beau parce qu'ils tenaient à cette relation si belle, triste parce qu'ils ne sauront jamais s'ils étaient capables d'avoir beaucoup mieux. Tahlia les trouvait particulièrement bien assortis, mais la vie de couple était pleine de surprise. Elle pouvait détruire les deux êtres les plus parfaitement assortis. Quant à la liste de Tahlia, il fallait avouer que ce n'était pas fructueux. Même quand Freja lui posa quelques questions, la brune fut incapable de mettre le moindre nom. « Non, je ne vois vraiment pas quoi mettre. Un jour viendra où j'ajouterai un nom sur cette liste. » Ce serait sûrement un miracle venant de Tahlia. Parce que cela signifierait qu'il y avait bien un homme qui comptait pour elle. Bien sûr, elle aurait pu mettre le nom d'Arthur, mais le sujet était trop sensible pour les deux femmes. Face à cet échec grandiose, la jeune Wates parvint à esquisser un sourire quand Freja parla de ses conquêtes féminines. « Non, je n'ai pas changé d'avis sur ce point-là. Mais il ne faut jamais dire jamais. Je ressortirai la liste, si ça venait à arriver. » Tahlia n'avait jamais été attirée par une femme, mais elle ne restait pas fermée à cette éventualité. Elle haussa simplement les épaules quand son amie la déculpabilisa. Elles avaient les mêmes goûts pour les hommes, point. Heureusement qu'il n'y avait pas de compétition entre les deux femmes, sinon ce serait la catastrophe. Même si, soyons honnête, Tahlia était bien moins intéressante que Freja. Freja, c'était la liberté incarnée. Trop libre peut-être, si bien qu'elle avait autant de chances que Tahlia de ne pas trouver chaussure à son pied. Alors les deux jeunes s'amusaient en visualisant un avenir. La brune prit un air outré quand sa colocataire déclara ouvertement qu'elle irait vivre avec Concho. « Ah ouais, tu me laisses tomber pour un léger côté macho ?! Concho te fera les ongles, certes, mais après il faudra supporter son débit de paroles. Nuit et jour. 24H sur 24. 7 jours sur 7.» Elle éclata de rire, si Concho les entendait... Mais il fallait être honnête, la pipelette de la colocation était bien Concho. Mais c'était comme ça que les deux filles l'aimaient. Mais trève de plaisanterie, il était temps d'être plus sérieuses. Tahlia tentait de comprendre pourquoi Freja avait le moral aussi bas. Elle essayait même de trouver une solution, sans se rendre compte que son amie lui cachait une information de taille. C'était peut-être mieux qu'elle ne sache pas toute la vérité, parce qu'il y avait une chose que Tahlia haïssait de tout son cœur : la drogue. Et elle n'était plus apte à s'engager dans une bataille qui lui avait fait trop de mal. Du coup, Tahlia proposait des solutions plus terre-à-terre, plus réfléchies, même. Comme le fait de prendre un associé pour son entreprise. Il fallait prendre en compte toutes les solutions possibles, même si cela n'était pas faisable. Elle esquissa un doux sourire quand Freja lui avoua qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle flanchait pour si peu. « C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, voilà tout. Il suffit de peu pour que toutes les mauvaises expériences vécues auparavant ressurgissent. C'est humain. Comme c'est humain de flancher... il n'y a aucune honte à avoir. » A cet instant, Tahlia se sentait inutile. A part l'écouter avec attention, elle ne pouvait rien faire d'autre. Enfin si, il y avait bien une chose qu'elle pouvait encore faire. Lui proposer une virée hors de Bowen, par exemple. Cela risquait de mettre les problèmes de Freja sur pause, mais si cela lui permettait de penser à autre chose pendant quelques jours, ce serait déjà ça de gagné. « Oui, on pourrait partir à l'aventure, uniquement avec un sac à dos sur les épaules et en laissant les soucis à Bowen. » Sur ces mots, la jeune femme posa la glace sur la table et récupéra son ordi portable. C'était décidé, il fallait se faire ce city trip...