Les apparences sont parfois trompeuses [Feat. Jorge Ramirez]

Shelby vit à Bowen depuis quatre ans. Quatre ans qu'elle doit assouvir les besoins d'hommes pour la plupart mariés. Il lui arrive aussi de tomber sur des clients gentils, qui ne la traitent pas comme une moins que rien, mais au fond, il n'y a pas grand monde qui la respecte. Elle est là pour ça se dise la plupart des hommes qui ont recours à ses services. Il lui ai déjà arrivé aussi d'avoir affaire à des petits jeunes, des inexpérimentés, tout comme elle l'était au début, du moins, avant de perdre sa virginité à dix-neuf ans avec un homme qui avait le double de son âge.

Aujourd'hui, tout est pareil, à une exception prêt, elle a un peut garçon, Noah. Pour lui, elle serait capable de donner sa vie. Certes il est issu d'un de ses clients, mais elle refusait de lui reprocher quoique ce soit, il n'a rien demandé à personne. Elle est prête à tout pour lui offrir le meilleur, même si pour cela, elle doit voir plus de clients, faire des extras, si l'argent qu'elle gagne peut lui permettre de mettre son fils à l'abri alors c'est tout ce qu'elle demande.

Au fond d'elle-même, Shelby est une jeune femme timide, réservée mais qui a son caractère bien à elle. Seulement, lorsqu'elle se retrouve face à ses clients, elle ne peut décemment pas laisser ce trait de caractère exploser. C'est pourquoi, on a parfois l'impression qu'il y en a deux : une femme forte, qui n'hésite pas à dire les choses quand il le faut, et une femme, totalement soumise, docile et brisée lorsqu'elle enfile sa tenue pour aller travailler. Et au fond, c'est la même femme, seulement elle a enfermé ses sentiments à double tour dans son coffre fort qui est son coeur, afin d'éviter que les hommes le détruisent encore plus qu'il ne l'ai déjà.

Depuis quelques jours, la jeune allemande a emprunté la voiture de ses voisins pour pouvoir aller travailler. Les hommes pour qui elle travaille l'ont changé de secteur, si bien qui lui ai impossible de s'y rendre en transports, à moins de partir trois heures avant. Gentiemment, ses voisins lui ont octroyé leur voiture pour la nuit, qu'elle repose devant chez eux lorsqu'elle rentre sur le matin. Sauf qu'aujourd'hui, la voiture ne semble pas d'humeur à vouloir rouler. Heureusement, il y a un petit garage non loin de l'endroit où elle travaille, si bien qu'elle n'a pas vraiment eu le temps de se changer avant d'aller dans ce garage pour voir si quelqu'un pourrait y faire quelque chose. Elle n'y connaissait absolument rien en mécanique mais elle espérait que ce n'était pas trop grave, parce que la voiture ne lui appartenait pas d'une part, et de l'autre, elle n'avait pas des milles et des cents à mettre dans la réparation d'une voiture.

" - Bonjour, il y a quelqu'un ?" fit-elle d'une petite voix timide.

Elle venait juste de garer la voiture devant le garage, en était descendue et avait pénétré dans l'endroit qui était assez sombre. Elle espérait que quelqu'un pouvait l'aider, parce qu'elle ne pouvait pas se permettre de rendre la voiture aux Jefferson dans cet état.

La jolie allemande n'y connaissait rien en voiture, elle avait besoin de quelqu'un qui puisse l'aider, la voiture qu'on lui avait prêté c'était un peu son moment de liberté, où elle ne dépendait de personne, où elle pouvait emmener Noah jouer dehors, mais voilà, son seul moyen de le faire venait de la lâcher. Si ça avait été sa voiture, elle ne s'en serait probablement pas occupée dans l'instant qui suit, mais ce n'était pas la sienne, et Shelby comptait toujours les services qu'on lui rendait et elle tenait à rendre les choses en l'état.

Elle n'avait donc pas d'autres solutions que d'aller au garage afin de la faire réparer, tout en priant pour que ce ne soit pas une pièce maîtresse, qu'il ne faille pas attendre des semaines avant de l'avoir et puis surtout, que la réparation ne dure pas des mois durant. Le montant de celle-ci était aussi un énorme frein pour elle, mais elle n'avait pas le choix, alors elle était allée dans le garage le plus proche, le trouvant vide à son arrivée. Sans doute que les mécaniciens étaient dans l'arrière boutique comme elle l'appelle, à faire leurs réparations. Elle appela une première fois, d'une voix timide, puis une seconde. Sans réponse. Elle s'apprêta à repartir lorsque soudain, une voix se manifestait derrière elle.

Shelby avait un problème quasiment maladif, déjà qu'en temps normal elle n'avait aucune confiance en elle, ce qu'elle est devenue à finir de la réduire au rang de simple esclave sexuelle. C'est la raison pour laquelle elle n'affronte que très rarement le regard des gens. Shelby c'est plus la file discrète qui observe dans un coin et qu'on prend pour une décoration tellement elle se fond dans le décor. Alors forcément, dès lors qu'il s'agit d'avoir une conversation avec quelqu'un, elle n'est guère à l'aise, encore plus lorsqu'il s'agit d'un homme.

La voix, masculine évidemment, qui lui avait répondu raisonnait dans sa tête tandis qu'elle s'approcha de l'homme en question. Un rapide coup d'oeil et il faillit perdre tout ses moyens, même si c'était déjà le cas. Elle le connaissait cet homme, il faisait parti de sa clientèle. Tout ces visages ancrés dans sa mémoire qu'elle préférait oublier à tout jamais, mais non, elle avait la mémoire des visages, lorsqu'elle en voyait un, elle ne l'oubliait jamais, encore moins celui-ci. Elle l'avait croisé une première fois au centre commercial avec Noah, il avait voulu passer devant elle, bien évidemment, elle ne s'était pas laissé faire. Puis, les fois suivantes, il était venu la voir, comme tant d'hommes avant lui. Il avait vu ces deux facettes, mais c'est sans doute la seconde qu'il retenait. Pour préserver le peu qui lui restait, elle utilisait son deuxième prénom pour exercer son métier, ça lui perlettait de garder un minimum de distance avec la vie qu'elle menait avec son fils.

" - Je.. Oui.. En fait.. Ma voiture.. Enfin.."

Ressaissis toi bon sang ! Ce n'est qu'un homme.

Oui mais un homme qui était venu la voir pour ses services.. Essayant de se calmer, elle prit une large bouffée avant de reprendre la parole, sans pour autant affronter son regard.

" - Elle ne démarre plus, enfin si, mais pas à tous les coups.. Je voulais savoir si vous aviez le temps de.. De jeter un coup d'oeil ?"

Comme s'ils avaient le temps. Ils avaient du boulot comme tout le monde et elle n'était pas la première sur liste d'attente très certainement. Cependant, après avoir expliqué son cas, elle hasarda un coup d'oeil en direction de son interlocuteur, c'est alors que leurs regards se croisèrent et qu'elle se sentit envahit par un sentiment de honte énorme. Comme s'il pouvait la voir nue, comme il l'avait déjà vu. Mais, l'avait-il véritablement reconnu ? Si ça se trouve, elle n'était pas la seule à avoir les désirs de cet homme contre de l'argent. Cette situation devenait impossible à vivre, et à ce rythme là, l'espoir qui l'habite diminuait petit à petit, jusqu'à ce qu'il la quitte complètement et qu'elle touche du bout des doigts la fin.

La vérité, c'est que ce n'était pas le visage de cet homme qui l'effrayait à ce point là, bien qu'il est vrai qu'elle aurait pu en avoir peur. Non ce qui l'effrayait c'était que cet homme savait qui elle était, elle l'avait lu dans ses yeux, cet éclair qui avait illuminé son regard lorsqu'il avait croisé le sien. Par courtoisie ou bien simplement parce qu'il s'en fichait éperdument, il n'avait pas tenu à le faire remarquer à haute voix qu'il la connaissait, et elle devait avouer que ça la soulageait.

En temps normal, Shelby essaye de se battre avec ses démons intérieurs pour que la conversation se fasse naturellement, seulement lorsqu'un homme se tenait devant elle, bien souvent elle perdait toutes ses résolutions. Elle était intimidée par ce dernier, mais c'est surtout qu'en le regardant, elle faisait face à la réalité, à ce qu'elle était vraiment : une pute. Cette constatation lui serra le coeur et elle sentait la nausée monter.

Faites que je ne vomisse pas devant cet homme, l'humiliation est déjà assez grande comme ça
"

Afin de partir le plus rapidement d'ici, elle explique son problème en espérant que le tout pourra être réglé d'ici une heure ou deux grand maximum. Comme ça, elle pourra quitter cet endroit où elle se sent opressée et terriblement mal à l'aise, à tel point qu'elle se rend compte qu'elle bloque sa respiration depuis plusieurs secondes maintenant.

Alors qu'elle lui demande s'il peut jeter un coup d'oeil pour voir s'il décèle l'origine du problème, elle croise son regard un brin de secondes mais ne le soutient pas, elle n'en a pas la force, trop honteuse de se retrouver ainsi devant lui de cette manière. Des fois, il lui arrivait de croiser des hommes qu'elle avait pu fréquenter en compagnie de leur femme, mais jamais elle ne s'était retrouvé dans une telle situation, à devoir construire une conversation avec un de ses clients. C'était incroyablement gênant, mais il ne semblait pas s'en préoccuper.

Désignant le véhicule du doigt, elle s'en approche espérant que l'homme lui avait emboîté le pas. Une fois qu'elle fut à côté du véhicule, elle se mit à attendre, peut-être un premier diagnostic à vue d'oeil. Elle laissait tout simplement l'homme faire son travail sans interférer.

" - Je.. En fait.. Ce n'est pas vraiment la mienne, on me la prête de temps en temps.. Donc.. Je ne saurais pas vous répondre.."

Elle qui voulait que ce soit rapide, si elle était incapable d'aiguiller le mécanicien, ça risquait de prendre beaucoup plus de temps. En même temps, elle n'allait pas lui mentir, ça aurait pu fausser le diagnostic qu'il s'apprêtait à émettre, et puis même, elle n'était pas du genre à mentir, et ce pour tous les domaines.

Shelby n'y connaissait rien en mécanique c'est un fait, elle n'avait jamais vraiment trifouiller dans un moteur et ça ne l'intéressait pas le moins du monde. Chacun son métier comme on dit, bien que le sien ne demande de grandes connaissances malheureusement.. C'est donc en indiquant au mécanicien là où se trouvait la voiture qu'elle l'accompagna jusqu'à celle-ci, espérant qu'il puisse trouver rapidement l'origine de la panne, bien qu'elle ne soit pas automatique et qu'elle ne se fasse pas à chaque fois.

" - Non.. Enfin je ne pense pas.."

Ils lui en auraient parlé sinon non ? Oui sans doute, mais dans l'immédiat, elle se retrouvait dans une position encore plus délicate que celle dans laquelle elle était jusqu'à présent. Elle se sentait incroyablement mal à l'aise et n'avait qu'une envie, prendre ses jambes à son goût et déguerpir, même si elle devait rentrer à pied. Mais elle ne pouvait pas se permettre de le faire puisque cette voiture n'était pas la sienne.

" - Oui oui.."

Elle était peut-être complètement inculte dans le domaine de la mécanique, en revanche, elle avait déjà pu assister à des réparations, elle savait donc comment ouvrir un capot, ce qu'elle fit lorsque l'homme le lui demanda. Elle se décala une fois que le capot fut ouvert et laissa l'homme émettre son diagnostic.

" - Euh.. Ça dépend ce que vous entendez par plus tard.. Si c'est quelques heures ça peut le faire, mais je suis rarement disponible en soirée.."

Et lui mieux que quiconque savait pourquoi elle n'était pas disponible, mais elle espérait sincèrement qu'il ne lui demande pas à se justifier. Si la voiture était immobilisée, elle espérait que ses voisins ne lui en voudraient pas. Elle se sentait coupable de les priver de leur véhicule..

" - Est-ce que.. Est-ce que vous avez une idée du temps que ça va vous prendre.. ?"

Elle ne voulait pas le presser ni même lui dire comment faire son travail, mais le plus tôt serait le mieux, aussi bien pour qu'elle puisse rendre la voiture à ses voisins rapidement et surtout, pour quitter ce garage et cet homme qui la mettait mal à l'aise comme pas permis.

Shelby ignorait si la voiture de ses voisins avaient quelconques problèmes, mais s'ils lui avaient prêté le véhicule, elle pouvait en déduire que c'est parce qu'ils étaient certain qu'elle pourrait l'utiliser sans avoir de soucis, comme celui-ci par exemple. S'ils s'en étaient rendu compte, ils auraient sans aucun doute été la faire voir dans un garage afin de connaître l'origine de la panne ou tout du moins, du dysfonctionnement.

La blonde laisse l'homme regarder les différentes choses avant de lui demander d'ouvrir le capot. Chose faite, il regarde l'intérieur de celui-ci. Shelby aurait pu se tenir à côté de lui et faire comme si elle y connaissait quelque chose, mais elle préférait rester dans l'habitacle, il aurait très certainement plus besoin d'elle à cet endroit qu'à ses côtés.

Quelques minutes plus tard, il lui demanda si elle était pressée. Non en soit elle ne l'était pas, mais ça voulait dire que sa journée était fichue, mais ça, elle se cacha bien de le lui avouer. Tant qu'elle récupérait la voiture avant la soirée, ça devrait être faisable, surtout qu'en soirée, elle n'est pas disponible à cause de son service. Le mécanicien sort cette phrase qui, probablement va la marquer un bon bout de temps. Oui je sais. Bien sûr qu'il le faisait parce qu'il faisait partie de ces hommes qui profitaient du corps des femmes contre quelques billets. Elle eut la réponse à la question qu'elle se posait depuis son arrivée. Il le savait, il l'avait reconnu. Heureusement pour le moment, elle n'avait pas eu à lui dévoiler son véritable prénom, et elle ne le ferait qu'en cas de besoin absolu, mais une chose dont elle est certaine, elle ne peut plus rester ici une minute de plus. Elle a besoin d'air, besoin de partir le plus rapidement d'ici, mais sans la voiture c'est impossible.

Sortie de ses pensées par l'homme qui avait toujours la tête dans le capot, elle démarra la voiture. Premier essai. Échec. Deuxième essai. Échec.

" - Non je n'ai rien. Vous pouvez que ça pourrait être le niveau d'huile ou quelque chose comme ça qui ferait que le moteur démarre une fois sur cinq ?"

En soit, la voiture démarrait toujours, mais on ne savait jamais au bout de combien de temps. Parfois c'était du premier coup, des fois c'était au bout de dix minutes d'acharnement. Dans le pire des cas, tant pis, Shelby allait ramené la voiture à ses voisins et elle se débrouillerai à pieds, elle commençait à suffoquer dans cet espace avec cet homme qui connaissait son secret.

Shelby ne savait pas vraiment quoi faire, en réalité, hormis attendre, et espérer que ce mécanicien, aussi compétent soit-il trouve l'origine de la panne et que chacun puisse repartir à ses occupations, comme s'il ne s'était rien passé. Mais elle savait très bien ce qui s'était passé, aussi bien dans ce garage avec cet homme, que ce dernier avec lui un soir. Même plusieurs soirs. Comment pouvait-elle l'oublier ? Non pas avec ses performances sexuelles, mais l'allemande avait une mémoire visuelle qui lui permettait de rarement oublié les visages qu'elle croisait, même si pour le coup, elle souhaiterait de plus profond de son âme, oublier tout ces hommes qui venait la voir dans l'espoir de combler un manque.

Le jeune homme lui demande de démarrer, elle essaye, mais en vain. Les deux premiers essais sont des échecs, inutile de poursuivre si c'est pour avoir le même résultat, alors elle arrête. Elle émet ensuite la possibilité que ce soit le niveau d'huile qui soit trop bas, mais si c'était bel et bien cette possibilité, un voyant aurait dû s'allumer sur le tableau de bord. Mais il n'y avait rien qui indiquait un dysfonctionnement sur le véhicule en question.

L'homme lui explique que c'est peut-être la batterie qui est en cause, après tout, il connaît mieux son travail qu'elle hein ! Alors elle le laisse faire sans s'interposer, espérant que ce soit ça le problème et qu'elle soit enfin débarrassé de sa présence. La situation commence à devenir plus que pesante et elle ne sait combien de temps elle sera encore capable de tenir, de faire semblant face à cet homme qui sait tout d'elle.

Lorsque le mécanicien revient avec tout son attirail afin de tester la batterie, elle le laisse faire, tout en observant de loin. Le verdict tombe, c'est bel et bien la batterie qui est fatiguée. Ce n'est qu'un moindre mal, au moins désormais on sait d'où vient le problème et il peut être réparer rapidement. C'était enfin l'occasion qu'elle attendait tant pour pouvoir quitter ce garage.

" - Oui remettez-en une."

Pas tant pour avoir confirmation, mais plus pour les tenir au courant des réparations de leur voiture, elle appela ses voisins. Immédiatement ces derniers s'inquiétèrent, pensant qu'elle avait eu un accident ou autre. Bien évidemment, ils ne s'opposaient pas au changement de la batterie mais ils insistèrent pour lui rembourser les frais qu'elle allait payer de sa poche. Par fierté et parce que c'était elle qui avait la voiture, elle voulait refuser, mais elle savait qu'elle ne pourrait leur tenir tête très longtemps. Elle finira par accepter, parce qu'elle a besoin d'argent tout simplement.

" - Vous en avez pour longtemps ?" demanda-t-elle toujours au téléphone avec les propriétaires du véhicule.

Finalement, après plusieurs minutes de recherche, et plusieurs jours à craindre que la voiture ne démarre pas quand elle en a le plus besoin, la jeune femme est heureuse d'avoir enfin une piste. Selon le mécanicien il pourrait s'agir de la batterie. Tout simplement. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Peut-être parce que ce n'était pas son boulot et qu'elle ignorait tout de la mécanique, même si elle savait ouvrir un capot et savoir à peu près où se situait les différentes choses comme le moteur, le niveau d'huile, ou la batterie. Ce sont des choses basiques qu'on apprend lorsque l'on commence à conduire.

L'homme se retire pour récupérer un appareil mesurant le voltage de la batterie avant de venir lui confirmer que c'était bien elle qui était à l'origine de la panne, ou de la demi-panne étant donné que la voiture démarrait une fois sur trois. Il lui demanda s'il fallait la changer. De toute manière, que les Johansson soient ou non d'accord avec ça, c'est la seule solution qui s'offre à elle, et même si elle doit payer les frais de sa poche, alors elle le fera, même si cela signifie qu'il ne lui restera sans doute pas grand chose pour acheter de quoi faire le repas de Noah le soir même.

La vie est quand même pas mal injuste, certaines personnes ont de l'argent qu'ils jettent par les fenêtres juste parce qu'ils ne savent pas quoi en faire, alors que Shelby elle, elle en a besoin mais elle n'a pas la moindre pièce en poche pour nourrir correctement son petit garçon. Elle essayait au maximum de lui offrir le meilleur, qu'il ne soit pas dévalorisé par rapport à ses caramades quand il sera à l'école, mais elle ne peut pas non plus faire plus ce qu'elle fait déjà. Elle aurait préféré enchaîner trois boulots plutôt que de devoir vendre son corps pour subvenir à leurs besoins.

Avant de contacter par téléphone ses voisins, elle donne l'autorisation au garagiste de changer la batterie, pendant qu'il s'affairait à sa tâche, elle sortit son téléphone et contacta les Johansson, leur expliquant la situation. Immédiatement, ils s'inquiétaient pour elle et aussi compréhensifs qu'ils étaient, ils demandaient combien de temps allait prendre la manœuvre, d'où la question qu'elle posa à cet homme qui avait percé son secret. Cinq minutes. Tant mieux, cela signifiait que d'ici un quart d'heure grand maximum, elle serait enfin libre, capable de respirer au grand air, loin de cette situation qu'elle espérait ne plus avoir à revivre.

En raccrochant avec ses voisins, le mécanicien revient au même instant, installa la batterie à la place de l'ancienne et lui demanda de démarrer voir si cette fois-ci était la bonne. Je vous en pris, faites que ce soit la bonne.. Le moteur se mit à rugir ! Hallelujah, manquait plus qu'à payer elle est pourrait qutter cet endroit et surtout cet homme qui la mettait mal à l'aise comme pas permis.

" - Très bien je vous suis." fit-elle avant de se rendre compte que le simple fait de se retrouver avec cet homme suffisait à la rendre complètement paniquée.

Ses jambes tremblaient, c'est à peine si elle arrivait à aligner deux pas sans se tenir aux murs pour la soutenir. Non Shelby tu n'as pas le droit, tu es forte ! Tu dois maîtriser ta crise de panique ! Jusqu'alors elle était visible dans le garage par les personnes qui passaient devant ce dernier, mais désormais, elle s'enfoncait dans les entrailles du garage, seule avec pour compagnie cet homme qui ne faisait rien pour qu'elle soit plus à l'aise. Elle pouvait déjà le remercier de ne pas avoir lui avoir fait remarquer à haute voix qu'il l'avait reconnu, même si elle l'avait lu dans ses yeux, il s'était abstenu de tout commentaire. Sauf cette phrase qu'il avait dite qui avait confirmé les soupçons de Shelby. Il ne lui manquait plus qu'à signer la facture et partir, mais son corps en avait décidé autrement, son souffle devient de plus en plus saccadé et sa vue se troublait.

Shelby n'en pouvait plus de mener cette vie. Non seulement, elle ne se sentait pas bien dans sa peau, même si peu de gens en avaient conscience, si tant est qu'ils se préoccupent d'elle. En réalité, les hommes qui la payent n'en ont que faire de savoir si elle aime ou non, elle est payée pour ça. Tout comme n'importe quel employé est payé pour faire son travail. Mais ce qu'ils ignorent sans doute, c'est qu'elle le fait contre son gré. Est-ce que s'ils le savaient ça changerait leur opinion d'elle ? Peut-être une petite poignée, mais pour beaucoup, Shelby n'est qu'une prostituée de bas étage, et s'il lui arrive quoique ce soit alors tant pis, ils iront en voir d'autres. Ce commerce se généralisant de plus en plus et devenait un véritable fléau.

C'est tout cela qui tournait dans la tête de l'allemande quand le mécanicien l'invita à le suivre pour récupérer la facture et ainsi mettre un terme à son supplice. Au lieu de ça, c'était à ce moment précis que la jeune femme décida pour commencer à paniquer, d'abord avec le souffle court, puis se prolongeant dans ses jambes, de sorte à ce qu'elle tenait difficilement sur celles-ci. Elle se tient avec le mur afin d'avancer tant bien que mal quand l'homme devant elle se retourna et la dévisagea. Elle avait bien remarqué qu'il était comme les autres clients, il n'avait aucune considération pour elle, elle était là pour satisfaire les hommes, et c'est tout ce qui comptait, elle aurait voulu le crier sur tous les toits qu'elle voulait se sortir de cette merde, mais personne ne l'aurait écouté.

Se retrouver seule avec ce dernier l'effrayait, à tel point que comme mécanisme de défense, son corps avait déclenché cette crise de panique. Devait-elle lui dire réellement qu'elle n'allait pas bien ou feindre l'indifférence et continuer d'avancer au risque de tomber dans l'inconscient ? Elle jaugea l'homme, hésitant de longues minutes avant d'opter pour la première solution.

" - Je.. J'aurai besoin de sucre.. Vous auriez ça.. ? Sinon c'est pas grave, je vais aller voir votre patron, récupérer la facture et rentrer.."

La belle blonde n'était pas au meilleur de sa forme et d'ailleurs, si elle avait été plus vindicative, sans aucun doute qu'elle aurait envoyé promener le mécanicien quand il lui avait demandé si ça n'allait pas, ça se voyait non ? À moins qu'il soit encore moins humain qu'elle le pensait et qu'il pouvait la laisser crever là, dans ce couloir sans éprouver le moindre sentiment de culpabilité. En même temps, à quoi elle s'attendait ? Elle n'était que prostituée, elle ne méritait pas un grand respect.