Les apparences sont parfois trompeuses [Feat. Jorge Ramirez]

Shelby n'était clairement pas dans son assiette, sans doute le fait de la panne de la voiture qui l'angoissait d'une part, d'autre part cette rencontre fortuite avec cet homme qui n'était autre qu'un de ses clients et pour finir, cette fatigue qui l'innondait un peu plus chaque jour. Elle se donnait à fond pour que son fils pour avoir le meilleur avenir possible, mais dans cette histoire, elle s'oubliait bien trop souvent, et aujourd'hui, elle semblait en payer les frais.

Ce n'était pas une première qu'elle fasse un malaise comme celui-ci. Parfois il s'agissait de simples crises d'angoisse, parfois, un mélange de tout un tas de choses notamment l'énorme fatigue qu'elle ressentait. À force, elle avait appris comment les gérer, même si ce n'était jamais simple. L'allemande avait pour habitude de ne jamais écouter son corps, elle avait toujours repoussé ses limites, et ce, d'aussi loin qu'elle se souvienne. Mais parfois, ce dernier se manifestait et elle était contrainte de prendre en compte ces alertes.

Bien évidemment, quitte à choisir, elle aurait préféré que ça se déroule ailleurs que devant cet homme qui la mettait mal à l'aise. La voir ainsi, lui montrait à quel point elle pouvait être fragile, mais au fond, qu'est-ce qu'il pouvait en avoir à faire ? Ce n'était qu'une prostituée parmi tant d'autres, elle ne devait pas avoir grand intérêt. C'est la raison pour laquelle, elle fut très surprise par sa réaction. Au fond, ils étaient peut-être pareil, en façade, ils ne montrent qui ne certaine face de leur personnalité, et avec leurs amis ou personnes assez proches, ils se laissaient aller à montrer leurs faiblesses.

Intérieurement, la blonde se maudissait de s'être laissé terrasser par cette crise, mais au fond, il n'y avait rien qu'elle pouvait faire, hormis prendre du sucre et se reposer. Sur la proposition du mécanicien, Shelby alla prendre place sur une des deux chaises qu'il lui avait désigné, et lorsqu'elle y fut installé, elle était bien contente de pouvoir se dire que si ses jambes cédaient, elle ne pouvait pas tomber. En attendant le retour de l'homme, elle menait un combat intérieur contre elle-même. Cette situation ne pouvait plus durer, elle devait demander de l'aide, ne serait-ce que pour commencer à vivre pour elle. Mais elle fut rapidement interrompue dans ses pensées lorsque l'homme revient à ses côtés.

D'un simple signe de tête, elle le remercia avant de boire la moitié de la canette d'une traite. Elle prit quelques minutes supplémentaires pour être certaine qu'elle pouvait se lever et rentrer chez elle, après avoir récupéré la facture bien évidemment. Le mécanicien était toujours là, dans la même pièce sans pour autant la fixer du regard, à croire qu'il avait compris que ça m'arrangerait rien à la situation. Soudain, il prit l'initiative de briser le silence du moment. Elle releva la tête vers lui, honteuse et reconnaissante à la fois.

" - Oui je.. Merci.." fit-elle sans trop affronter son regard non plus.

Elle devait cesser d'avoir peur de tous les hommes, oui celui-ci était un de ses clients, mais il ne pouvait rien lui arriver ici, elle n'était pas en service, malgré cette réflexion, elle ne cessait de se dire qu'elle resterait toujours cette prostituée de bas étage aux yeux de tout ces hommes qui venaient la payer contre des prestations sexuelles.

" - Je vais pas vous dérangez plus longtemps.. Pouvez-vous m'indiquer où est le bureau de votre patron s'il vous plaît ?"

Il avait très certainement d'autres choses à faire, et elle, devait rentrer et se reposer un peu avant d'entamer sa soirée. Mais elle ignore si elle est capable de se lever, d'aligner quelques pas et encore moins de conduire jusqu'à son appartement.